L’OTAN et les élections québécoises

5 juillet 2018

Tout se tient.

En 2014, le gouvernement Harper s’est engagé à doubler les dépenses militaires du pays d’ici 2024.

C’est ainsi que le budget de la Défense passera de 1% à 2% du Produit intérieur brut canadien. En clair, c’est une dépense récurrente de quinze-milliards$ par année.

Comme le défunt contrat des chasseurs F-35, il est à prévoir qu’il s’agira pour le Canada d’acheter du matériel militaire américain pour lequel notre pays n’obtiendra que très peu de retombées économiques.

Pour une famille de quatre personnes, cela équivaut annuellement à 2 000$ de taxes et d’impôts supplémentaires. Et ce, alors que le risque de guerre mondiale est nul (la force militaire américaine étant cinq à dix fois supérieure à celle de la Russie).

Selon toutes les apparences, le gouvernement Trudeau entend respecter les engagements pris par le gouvernement Harper à ce sujet. Cela changera profondément la nature du Canada.

Puisque les États-Unis viennent de réduire substantiellement l’impôt des entreprises, l’État canadien n’aura pas d’autres choix que de diminuer le filet de protection sociale qui constitue une caractéristique fondamentale du pays.

Quel est donc le rapport avec les élections québécoises ?

Peu importe le parti qui remportera les prochaines élections provinciales, celui-ci devra renoncer à une bonne partie de ses projets lorsque le fédéral lui coupera progressivement les vivres d’ici 2024.

D’où la stupidité aberrante de toutes ces promesses de réduction de taxes par les partis de droite du Québec plutôt que de l’investir dans la réfection des écoles et des hôpitaux pendant que nous en avons encore les moyens.

Les compressions devenues nécessaires dans notre système de santé arriveront à un bien mauvais moment.

Le faible taux de chômage actuel au Québec s’explique par la mise à la retraite des babyboumeurs (ce qui rend leurs emplois disponibles à d’autres).

Mais dans cinq ou dix ans, débutera leur perte d’autonomie. D’où l’explosion des couts que leur état de santé requerra.

Un nombre croissant d’entre eux devront être placés dans des centres d’hébergement qui sont déjà en décrépitude et que nous n’auront pas restaurés, préférant profiter de réductions de taxes promises par certains politiciens.

En manque d’argent, peut-être regrettons-nous alors notre négligence à nous intéresser au gaspillage militaire du pays quelques années plus tôt…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Doubler les dépenses militaires et la dénaturation du Canada

25 mai 2017
Le ministre canadien de la Défense, M. Harjit Sajjan

Introduction

Depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis accusent les autres membres de l’OTAN de ne pas faire leur juste part dans la défense du monde occidental en raison de l’insuffisance de leur budget militaire.

En réalité, ce reproche n’est pas nouveau mais le nouveau chef d’État américain s’est fait beaucoup plus instant que son prédécesseur à ce sujet.

Qu’en est-il ?

Les dépenses militaires des membres de l’OTAN

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce qu’en 2024, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de 2% de leur produit intérieur brut (PIB).

Les motifs d’un tel engagement sont obscurs.

D’une part, il est vrai que depuis plusieurs années, la Russie et la Chine augmentent leurs dépenses militaires.

Si on exclut le cas particulier du nombre d’ogives nucléaires (dont la Russie possède un stock vieillissant mais toujours supérieure à celui des États-Unis), la supériorité américaine est écrasante; on estime que la force militaire américaine est de cinq à dix fois supérieure à celle de la Russie.

Conséquemment, même au taux d’augmentation actuel, ni la Russie ni la Chine ne sont en train de rattraper leur retard sur les États-Unis.


 
En 2016, des 28 membres de l’OTAN, seuls six respectaient déjà l’engagement pris pour 2024 : ce sont Les États-Unis, la Grèce, l’Estonie, le Royaume-Uni et la Pologne.

En montants absolus, leurs budgets militaires ne sont pas nécessairement les plus élevés mais ils sont les plus importants relativement à la taille de leur économie.

À 3,6% du PIB, le budget militaire américain est le plus élevé en raison d’une politique étrangère belliqueuse qui les amène utiliser la force militaire et à déclencher des guerres prédatrices sous n’importe quel prétexte. Par la même occasion, cela leur permet de tester l’efficacité et la fiabilité de leur matériel de pointe.

Pourquoi la Grèce, si endettée, est-elle en deuxième position avec 2,4% ? Parce qu’elle inclut le cout de la défense de ses frontières dans le calcul de ses dépenses militaires. Or la Grèce est à l’avant-scène de la crise migratoire européenne.

Ex-république soviétique et pays voisin de la Russie, l’Estonie vit dans la hantise d’un envahissement russe et de la déstabilisation de son économie par des agitateurs à la solde de Moscou. Son budget militaire (2,2%) en est le reflet.

De la troisième place en 2015, le Royaume-Uni occupe maintenant la quatrième en 2016 (avec 2,2%) puisque ce pays n’a plus les moyens de continuer d’être le fidèle accompagnateur des États-Unis dans leurs entreprises guerrières.

De 1990 à 2013, la Pologne a réduit ses dépenses militaires de 2,4% à 1,8%. Elles ont remonté à 2,0% depuis pour une raison précise; ce pays ambitionne de devenir un exportateur d’armement et, entretemps, subventionne massivement le développement d’un complexe militaro-industriel national.

Le cas canadien

Le Canada n’a que quatre voisins : la Russie, les États-Unis, les iles Saint-Pierre et Miquelon, et le Groenland.

La Russie ne se risquerait pas à envahir le Canada puisque cela mettrait en péril l’approvisionnement des États-Unis en matières premières et provoquerait immédiatement l’entrée de ce pays en guerre.

Si devenir un champ de bataille n’est jamais une perspective intéressante pour aucun pays, il est illusoire de penser que doubler nos dépenses militaires changerait l’issue d’un conflit.

Pour ce qui est des Américains, on voit mal pourquoi ils utiliseraient la force afin de s’emparer de ressources qu’ils obtiennent déjà pacifiquement.

Quant à la menace d’une attaque par les milices de Saint-Pierre et Miquelon ou par les Esquimaux du Groenland, notre budget militaire actuel devrait suffire à nos protéger de cette redoutable menace.

La dénaturation du Canada

Ce dont il est question ici, ce n’est pas de hausser de 1% le budget fédéral consacré aux dépenses militaires mais de consacrer à ce poste budgétaire une somme supplémentaire équivalent à 1% du PIB.

Le PIB du Canada est de 1 551 milliards$. Il s’agit donc de dépenser quinze-milliards$ de plus par année à ce sujet.

C’est l’équivalent de l’important contrat de blindés canadiens achetés par l’Arabie saoudite. Sauf qu’il ne s’agira pas d’une dépense étalée sur plus d’une décennie, mais répétée annuellement par le Canada.

De plus, comme le contrat défunt des chasseurs F-35, il est à prévoir qu’il s’agira en bonne partie pour le Canada d’achats d’armements américains pour lesquels notre pays n’obtiendra que très peu de retombées économiques.

Les différents postes budgétaires de l’État sont des vases communicants. Dans la perspective où les États-Unis s’apprêtent à réduire substantiellement l’impôt des entreprises, où donc l’État canadien trouvera-t-il l’argent supplémentaire pour la Défense nationale sinon en diminuant le filet de protection sociale qui constitue une caractéristique fondamentale du pays ?

En somme, que les Canadiens élisent un gouvernement de gauche ou de droite, il suffit de doubler les dépenses militaires canadiennes pour forcer le gouvernement fédéral à virer à Droite, peu importe la volonté exprimée démocratiquement par les citoyens du pays.

Et toute réduction appréciable du taux d’imposition aux entreprises décrété par Washington rendra encore plus inévitable et dramatique le démantèlement du filet de protection sociale canadien, devenu trop onéreux.

Sur les 250 milliards$ de dépenses fédérales, la majorité de cette somme est incompressible. Pour accroitre les dépenses militaires de quinze-milliards$, le choix de l’État fédéral sera entre hausser de beaucoup la fiscalité des particuliers ou effectuer des coupures draconiennes dans les postes budgétaires autres que celui de la Défense nationale.

Sous les motifs obscurs d’engagements internationaux, ce dont il est question est d’obliger le Canada à revêtir volontairement une camisole de force budgétaire qui le condamne à appauvrir son propre peuple pour engraisser le complexe militaro-industriel américain.

Références :
Le Canada prêt à doubler son budget de défense d’ici 2024
Les dépenses de défense des pays de l’OTAN (2009-2016)
Les pays de l’Otan dépensent toujours moins en matière de défense
Les 25 ans de l’OTAN
Ottawa tente de comptabiliser différemment ses dépenses militaires
Sommet de l’OTAN sous pression pour Justin Trudeau
Trump qualifie l’OTAN d’organisation «obsolète»
Quels pays ont le plus augmenté leur budget militaire? La réponse en carte

Paru depuis : OTAN : Le Canada n’atteindra jamais les cibles de dépenses, a admis Trudeau (2023-04-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires au Moyen-Orient en 2014

15 janvier 2016

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a été fondé en 1966 afin de célébrer les 150 ans de paix ininterrompue en Suède.

Cet organisme publie des données relatives aux dépenses militaires.

À partir de ses données, voici les dépenses militaires en 2014 de plusieurs pays du Moyen-Orient et, à titre comparatif, de trois pays : la Tunisie, la France et le Canada.

La première colonne après le nom du pays indique les sommes dépensées en milliards de dollars américains, en pourcentage du produit intérieur brut du pays, par personne, et le pourcentage que cela représente de l’ensemble des dépenses de l’État.

MMM$US PIB /capita Budget
Arabie saoudite 80,8 10,4% 2 747$ 25,9%
Émirats arabes unis 22,8 5,1% 2 421$ 23,9%
Turquie 22,6 2,2% 298$ 5,8%
Israël 15,9 5,2% 2 040$ 13,0%
Oman 9,6 11,6% 2 467$ 25,5%
Irak 9,5 4,2% 273$ 9,1%
Égypte 4,9 1,6% 60$ 5,1%
Liban 2,1 4,5% 424$ 14,0%
Jordanie 1,3 3,5% 169$ 9,0%
Tunisie 0,9 1,8% 82$ 5,3%
France 62,3 2,2% 964$ 3,8%
Canada 17,5 1,0% 492$ 2,3%

On voit donc que l’Arabie saoudite, un pays de 27 millions d’habitants, dépense davantage en équipement militaire que la France, 2,5 fois plus peuplée.

De plus, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et dans la république d’Oman, les dépenses militaires accaparent environ le quart des dépenses publiques, soit beaucoup plus que dans les pays moins menacés par la guerre.

Parce que peuplés respectivement de 81 et 85 millions de personnes, la Turquie et l’Égypte dépensent par personne beaucoup moins que la moyenne même si, en montants absolus, cela représente une somme appréciable.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires en 2009

7 février 2011

Depuis dix ans, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 49%. Pour la dernière année dont les chiffres sont connus avec précision, soit 2009, elles ont augmenté de 5,9% (en dollars constants) en comparaison avec l’année précédente.

En 2009, huit pays effectuaient à eux seuls 70% des dépenses militaires de la planète.
   1 – les États-Unis : 43,2% (661 milliards$)
   2 – la Chine : 6,5% (100 milliards$)
   3 – la France : 4,2% (64 milliards$)
   4 – le Royaume-Uni : 3,8% (58 milliards$)
   5 – la Russie : 3,5% (53 milliards$)
   6 – le Japon : 3,4% (52 milliards$)
   7 – l’Allemagne : 3,0% (46 milliards$)
   8 – l’Arabie Saoudite : 2,7% (41 milliards$)

Toujours en 2009, par habitant, les cinq pays les plus dépensiers étaient…
   1 – les États-Unis (2 100$)
   2 – l’Arabie saoudite (1 603$)
   3 – la France (1 026$)
   4 – le Royaume-Uni (966$)
   5 – l’Australie (892$)

Loin derrière, la Chine dépense 75$ par habitant, soit 28 fois moins que les États-Unis. Toutefois, le budget militaire chinois est en croissance rapide ; il s’est accru de 15% en 2009.

En pourcentage du Produit intérieur brut, cela représente…
   • l’Arabie saoudite : 8,2%
   • les États-Unis : 4,3%
   • la Russie : 3,5%
   • la Corée du Sud : 2,8%
   • MOYENNE MONDIALE : 2,7%
   • le Royaume-Unis : 2,5%
   • la France : 2,3%

De 1988 à 1997, en dollars constants, le Canada a réduit ses dépenses militaires pour les augmenter progressivement par la suite. Si bien que 2008 fut la première année où elles ont dépassé leur niveau d’il y a vingt ans. De plus, le Canada consacre une proportion relativement faible de son produit intérieur brut aux dépenses militaires.


Dépenses militaires de cinq pays (en milliards de dollars de 2008)

  1988 1993 1998 2003 2008
États-Unis 533,6  $ 443,6  $ 362,3  $ 486,0  $ 616,1  $
Chine 20,4  $ 25,9  $ 48,5  $ 86,2  $
France 71,0  $ 69,0  $ 62,9  $ 65,7  $ 66,9  $
Arabie saoudite 17,8  $ 20,1  $ 24,0  $ 22,2  $ 38,2  $
Canada 18,3  $ 16,6  $ 13,5  $ 14,5  $ 19,3  $

 

Dépenses militaires de cinq pays (en pourcentage de leur PIB)

  1988 1993 1998 2003 2008
États-Unis 5,7% 4,5% 3,1% 3,8% 4,3%
Chine   2,0% 1,7% 2,1% 2,0%
France 3,6% 3,3% 2,7% 2,6% 2,3%
Arabie saoudite 15,2% 12,5% 14,3% 8,7% 9,2%
Canada 2,0% 1,8% 1,3% 1,1% 1,3%


 
Références :
Copel É, Des armes à tout prix, La Revue, 2010; 8: 58-61
The SIPRI Military Expenditure Database

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Écrit par Jean-Pierre Martel