Dieu contre les puissants de ce monde

13 mars 2012

Autrefois, ceux qui s’engageaient dans la prêtrise ou dans la vie religieuse consacraient une bonne partie de leur existence à soulager la misère des autres. Ici même au Québec, pendant des siècles, toutes les œuvres de charité ont été mises sur pied à l’initiative du clergé. Tous nos hôpitaux et nos écoles étaient la propriété de communautés religieuses.

Celles-ci pouvaient compter sur un immense bassin de bénévoles — c’est-à-dire tous ces Religieux ayant fait vœux de pauvreté — pour s’occuper des blessés, des analphabètes, des pauvres, des handicapés, et des laissés pour compte.

Mais une révolution sociale, survenue dans les années 1960, a incité de nombreuses personnes à quitter la vie religieuse. De plus, quand la médecine moderne s’est mise à dépendre moins du dévouement du personnel soignant que de techniques sophistiquées et de machines coûteuses, et quand le boom des naissances d’après-guerre a dépassé la capacité d’accueil des écoles existantes, l’investissement nécessaire a outrepassé les moyens financiers des communautés religieuses. Si bien que l’État a pris la relève.

Conséquemment, le rôle social des Églises chrétiennes est devenu microscopique comparativement à ce qu’il était.

Mais les choses commencent à changer, ici comme ailleurs.

Les manifestations les plus importantes qui ont jalonnées le « Printemps arabe » ont eu lieu des vendredis, plus précisément au sortir des mosquées, alors que les Musulmans y avaient été chauffés à bloc par des sermons incendiaires.

Dans de nombreuses villes occidentales, le mouvement des indignés a bénéficié de l’appui de religieux qui leur ont offert l’hospitalité en dépit de déchirements internes de leur congrégation.

Encore plus significatif est le cas de ces prêtres américains qui invoquent Dieu pour s’opposer aux saisies aveugles des banques contre leurs ouailles sans être aussitôt accusés d’être communistes, comme le veut la coutume de ce pays.

Depuis 2005, Ryan Bell est le curé de l’église Adventiste du Septième jour à Hollywood, en Californie. Il a entrepris de lutter en faveur d’une plus grande justice sociale en s’appuyant entre autres sur cette citation de l’Ancien testament (Jérémie 5:26-29) :
   • 26 – Parce qu’il s’est trouvé parmi mon peuple des méchants qui dressent des pièges comme on en dresse aux oiseaux, et qui tendent des filets pour surprendre les hommes.
   • 27 – Leurs maisons sont pleines des fruits de leurs tromperies, comme un trébuchet est plein des oiseaux qu’on y a pris : c’est ainsi qu’ils deviennent grands et qu’ils s’enrichissent.
   • 28 – Ils sont gras, ils sont vigoureux, et en même temps ils violent ma loi par les actions les plus criminelles. Ils n’entreprennent point la défense de la veuve; ils ne soutiennent point le droit du pupille, et ils ne font point justice aux pauvres.
   • 29 – Ne punirai-je point ces excès ? dit le Seigneur, et ne me vengerai-je point d’une nation si criminelle?

Afin de passer des paroles aux actes, ce pasteur protestant a dernièrement retiré les avoirs de son église à la Bank of America (plusieurs centaines de milliers de dollars) pour les placer ailleurs, afin de protester contre les saisies immobilières massives effectuées par cette banque.

Au cours des trois dernières années, plusieurs communautés religieuses américaines ont agi de la sorte. Au total, 16 millions$ ont été retiré des institutions financières jugées les plus rapaces : Bank of America, Wells Fargo and JPMorgan Chase.

Références :
A Hollywood, le révérend veut punir les banques au nom de saint Matthieu
La cathédrale Saint-Paul Inc.
Jérémie 5:26-29
Mortgage Crisis Inspires Churches to Send Lenten Season Message to Banks
Needed: Prophetic Voices for a Just Economy

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Droite prédatrice et la ruine des peuples

6 juin 2011
© 2008 — Wikipedia

Avant-propos : Voici une réplique que j’ai publiée sur le site de Radio-Canada en réponse à un commentaire relatif à la victoire de la Droite aux élections portugaises.

Réflexion2000 écrit :

…la Gauche et les syndicats avaient pris le pouvoir au Portugal,
en Grèce, en Espagne, en Irlande et partout ça a été le même
résultat de désolation…en moins de 5 ans !

La récession actuelle qui frappe l’Occident est le résultat de la déréglementation et du laissez-faire des États envers les milieux financiers.

Le facteur déclenchant de cette crise a été l’éclatement d’une bulle immobilière aux États-Unis. Mais sa cause profonde a été ces centaines de milliards de produits financiers — presque totalement dépourvus de valeur — vendus frauduleusement par des dirigeants de Wall Street.

Ces derniers savaient que leurs produits étaient toxiques mais on soigneusement évité d’en informer leur clientèle. De plus, ils ont obtenu le silence complice de leurs employés grâce à un généreux système de bonus.

Cette fraude, immense, a contaminé tout le système financier Occidental.

Ainsi, ce ne sont pas les syndicats qui ont mené l’Islande à la faillite : ce sont ses banquiers.

Quant à l’Irlande voisine, dont le produit intérieur brut s’est dramatiquement contracté de 15% en trois ans, ce pays paie aujourd’hui pour le beau party néo-libéral qu’il s’est offert pendant quelques années.

Lors de l’éclatement de la crise économique actuelle, qui dirigeait les États-Unis ? Le Parti républicain, au pouvoir depuis 2001. Qui dirigeait la Grande Bretagne ? Un Parti travailliste appliquant des politiques de droite depuis 1997. En Grèce ? Le Parti conservateur qui, entre 2005 et 2009, avait fait de ce pays le cinquième plus important acheteur d’armes au Monde.

Bref, ce ne sont pas des mesures sociales qui ont ruiné ces pays ; c’est plutôt le gaspillage sans limite de milieux financiers totalement dépourvus de scrupules.

D’autre part, qui sont les pays émergents ? La Chine et le Brésil, entre autres, deux pays totalement imperméables au néo-libéralisme qui a dévasté l’Occident.


Dettes nationales en pourcentage du produit intérieur brut


 
Quant à la crise des devises, c’est le résultat d’un assaut spéculatif dirigé par les agences de notation visant à déstabiliser des gouvernements gauchistes en Grèce, au Portugal et en Espagne. Or deux de ces trois pays sont moins endettés que l’Italie et la France (dirigés par des gouvernements de Droite). Les gouvernements de la péninsule ibérique sont même moins endettés que les États-Unis, un pays qu’on ne peut pas qualifier d’État-Providence.

Ici même au Québec, la croissance économique de la province a été supérieure à la moyenne canadienne pendant neuf des dix dernières années du gouvernement Landry du Parti québécois (rappelez-vous : le Fédéral diminuait, à juste titre, les transferts de péréquation au Québec) alors que cette croissance est redevenue pour de bon sous la moyenne canadienne dès la première année du gouvernement néo-libéral actuel.

Bref, la crise financière et la crise des devises sont toutes deux causées par une Droite prédatrice — qui réclame toujours plus énergiquement l’appauvrissement des citoyens à son profit — et non à cause des méchants syndicats.

Références :
Portugal : La droite l’emporte largement aux législatives
Le déclin de la Grèce
Le « Power Trip » des agences de notation

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Écrit par Jean-Pierre Martel