Après un coma de quatre ans, l’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon est décédé samedi dernier.
Le massacre de Sabra et de Chatila
Le 6 juin 1982, alors qu’Ariel Sharon était ministre de la Défense, l’armée israélienne envahit le Liban et s’arrête aux portes de la capitale libanaise.
Le 20 août suivant, les États-Unis obtiennent un accord de cessez-le-feu en vertu duquel les soldats de l’Organisation de libération de la Palestine quittent Beyrouth tandis que l’armée israélienne accepte de ne pas avancer davantage dans la ville.
Le 23 août 1982, Bachir Gemayel (le chef des milices chrétiennes) est élu président du Liban. Le 14 septembre suivant, il meurt assassiné par un militant pro-syrien.
Le 15 septembre, l’armée israélienne répond à l’assassinat de leur allié en investissant Beyrouth-Ouest, contrairement à l’accord de cessez-le-feu signé un mois plus tôt. Israël justifie ce redéploiement par la nécessité de maintenir l’ordre et de détruire l’infrastructure laissée par les terroristes.
Les 16 et 17 septembre, alors que les camps de Sabra et Chatila sont encerclés par l’armée israélienne et que la population y est désarmée, l’armée israélienne laisse entrer les milices chrétiennes qui y tueront hommes, femmes et enfants pendant ces deux jours et ce, afin de venger la mort de Bachir Gemayel. Le massacre fit entre 800 et 3,500 victimes.
Dès les premières heures de la tuerie, de sa chambre de l’hôtel Hilton, l’ambassadeur américain en avait été choqué et en avait informé aussitôt Washington : l’administration Reagan était intervenue promptement auprès du gouvernement israélien mais s’était fait répondre sèchement que les opérations cesseraient lorsqu’elles seraient terminées.
L’implication indirecte de l’armée israélienne dans ce massacre avait fait scandale au sein même de la population israélienne; sur la principale place de Tel-Aviv, des dizaines de milliers de Juifs manifestaient leur indignation contre ces massacres.
Le gouvernement de ce pays avait dû créer une commission d’enquête dont le rapport blâma mollement le ministre de la Défense d’Israël de l’époque, Ariel Sharon.
Toutefois, l’enquête avait révélé que les milices chrétiennes du Liban étaient financées par Israël et que le chef de la milice qui procéda au massacre, Elie Hobeika, recevait ses ordres directement d’Ariel Sharon.
En 2001, Elie Hobeika déclarait que si un tribunal international était institué pour juger Ariel Sharon pour crime de guerre, il serait prêt à témoigner contre lui. Quelques semaines plus tard, Hobeika décédait dans un attentat à la voiture piégée.
Ce matin, à la cérémonie officielle organisée à la Knesset pour rendre hommage à Ariel Sharon, les États-Unis étaient représentés par leur vice-Président (Joe Biden) et la Grande-Bretagne, par un ex premier Ministre (Tony Blair).
À juste titre, le Canada a choisi d’y déléguer un représentant de second rang, soit le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, à l’instar de la France, représentée par la ministre en charge des Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret.
Références
Elie Hobeika
Guerre du Liban
Massacre de Sabra et Chatila
Un «faucon» israélien s’envole