Nombre cumulatif des décès dus au Covid-19 dans les pays scandinaves au 15 novembre 2020

Publié le 15 novembre 2020 | Temps de lecture : 1 minute
Morts par million d’habitants

Que disait-on au juste au sujet du ‘modèle suédois’ ?

Référence : Covid-19 Coronavirus Pandemic

Paru depuis :
Sweden’s frontline health care workers are quitting in worrying numbers as COVID cases spike (2020-12-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : ‘aplatir la courbe’ ne suffit pas

Publié le 4 novembre 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

Un objectif voué à l’échec

Dès le début de la pandémie, les autorités sanitaires du Québec se sont donné comme but d’aplatir la courbe de la contagion au Covid-19.

À Paris et à Genève (à l’Organisation mondiale de la Santé), on utilisait la même expression. Aux États-Unis le célèbre Dr Fauci disait la même chose en anglais. Bref, toutes les autorités sanitaires d’Occident se sont passé le mot.

Mais voyez ce qui se passe en Europe ces temps-ci. Partout où on s’est contenté d’aplatir la courbe — c’est-à-dire de la réduire à un plateau qu’on croit gérable — la pandémie fait rage et les autorités sanitaires ne savent plus où donner de la tête.

En Extrême-Orient et en Océanie, on a plutôt cherché à éradiquer le virus du territoire national. Évidemment, cela est plus facile lorsqu’on est une ile ou un archipel comme c’est le cas du Japon, de Taïwan ou de la Nouvelle-Zélande.

Mais même dans les pays entourés de voisins (comme le Vietnam et la Chine), on ne s’est pas contenté d’aplatir la courbe. On a fait disparaitre complètement la pandémie, quitte à reconfiner sélectivement une ville ou une région si le mal y réapparaissait.

En réalité, dès qu’il ferme ses frontières, tout pays devient comparable à une ile.

Là où on a éradiqué le virus ce printemps, les restaurants sont maintenant pleins, les clients affluent dans les boutiques, les rues sont envahies de flâneurs et l’économie roule allègrement. Et les petits commerçants ne vivent pas dans la crainte continuelle qu’une tuile pourrait leur tomber sur la tête.

Le Covid-19 est comme un feu de broussaille. Si l’objectif des pompiers n’est que de réduire la taille des flammes, ils échoueront. Même s’ils réussissent à étouffer le brasier à l’état de tisons, ce n’est pas assez; l’incendie reprendra dès qu’ils auront le dos tourné.

Les pays riches d’Occident sont condamnés à fermer et à rouvrir leur économie de manière cyclique d’ici un an ou deux, tant qu’ils n’auront pas compris le message.

Les clés de la réussite

Le confinement total — comme celui imposé partout le printemps dernier — est extrêmement efficace. Les raisons sont évidentes; il est impossible d’attraper un microbe auquel on n’est pas exposé.

Toutefois, en lui-même, le confinement est un exercice d’utilité restreinte si on ne se prépare pas au déconfinement. Sinon, tout est rapidement à recommencer. Comme ces pompiers qui abandonnent leur combat prématurément.

Or un déconfinement, cela se prépare. Pour ce faire, il faut des millions de tests et des milliers de préposés pour tester la population et trouver les foyers d’infection.

Les pays qui ont réussi ce combat sont connus.

Toutefois, leur faible nombre de morts par million d’habitants ne signifie pas que ces pays ont sauvé des vies; ils ont plutôt différé des morts.

Le principe est de pelleter les morts vers l’avant jusqu’à ce que la pandémie disparaisse. Parce que toutes les pandémies ont une fin. C’est alors que les mortalités différées deviennent des vies sauvées.

Les autorités sanitaires qui déclarent que nous devrons apprendre à vivre avec le virus ne font qu’avouer leur échec à contenir la pandémie. Laisser se développer l’immunité grégaire n’est pas une stratégie; c’est la résignation de l’impotent.

Tous les pays qui ont excellé dans leur lutte contre la pandémie ont suivi la même stratégie.

Pendant à peine quelques semaines, ils ont confiné leur population.

Ce confinement n’est indiqué que lorsque la pandémie fait rage de partout. Si on s’y prend tôt (comme ces jours-ci en Slovaquie), on peut passer directement à l’étape suivante.

L’étape suivante est le déconfinement.

Vers la fin du confinement ou dès que le déconfinement est proclamé, on doit se lancer à la recherche généralisée des ‘tisons’, c’est-à-dire des foyers résiduels d’infection.

Les pays qui ont excellé au printemps dernier l’ont tous fait avec des moyens rudimentaires; à l’époque, les tests salivaires ou sanguins n’existaient pas encore.

Puis ils ont imposé une quatorzaine draconienne aux personnes atteintes et utilisé une multitude d’enquêteurs pour trouver les personnes qu’elles auraient pu contaminer.

En somme, on a tout mis en œuvre pour déceler et éteindre les foyers d’infection.

S’inspirant de la ‘recette asiatique’, la Slovaquie a dernièrement testé ses 5,5 millions d’habitants en deux (2) jours.

À cette fin, plus de quarante-mille testeurs — travailleurs de la Santé, forces de l’ordre et volontaires — œuvrant dans cinq-mille sites de prélèvement, ont trouvé 25 850 foyers d’infection, aussitôt confinés.

Puisque les tests utilisés en Slovaquie possèdent une efficacité située entre 70 et 90 %, on testera toute la population de nouveau dans quelques jours.

La lutte ‘broche à foin’ du Québec

Ici au Québec, on effectue quotidiennement 28 000 tests. Cela correspond à tester 0,5 % de la population par jour (cent fois moins qu’en Slovaquie).

On ne teste que les personnes symptomatiques, laissant les autres personnes contagieuses libres de propager le virus.

Qui s’étonnera du fiasco prévisible ?

Pour prévenir les contacts, les préposés sont tellement débordés qu’ils suggèrent aux personnes atteintes de le faire elles-mêmes…

Alors qu’il faut un millier de préposés dédiés à la recherche de contacts par million d’habitants (soit 8 500 pour le Québec), on n’en a que 750.

Et les délais pour obtenir le résultat des tests sont tellement longs que ces préposés sont découragés, ayant à contacter en moyenne 73 contacts pour chaque cas.

La majorité du temps, les personnes contactées peinent à se souvenir des personnes rencontrées il y a plus de trois jours.

Alors on compte sur des applications téléphoniques (vouées à l’échec) pour prévenir les utilisateurs qui ont été en contact avec des personnes contagieuses et on prie le Ciel pour qu’apparaisse miraculeusement un vaccin efficace à 100 % (ce qui est impossible avec les coronavirus).

Entretemps, on ferme des pans entiers de l’économie — des bars, des restaurants, des salles d’entrainement, des salles de spectacles, des cinémas, des auberges, des hôtels, etc.— sans que ces établissements soient en cause dans la recrudescence des cas.

En adoptant cette stratégie grossière de lutte contre la pandémie, le gouvernement québécois accule à la faillite des centaines de petites ou moyennes entreprises (PME), alors que les PME emploient la grande majorité de la population du Québec.

Puisque les autorités sanitaires du Québec s’entêtent à s’inspirer des pays qui ont foiré dans leur lutte contre la pandémie (les pays riches d’Occident), on devrait peut-être songer à confier cette lutte à des gens désireux de s’inspirer des pays gagnants, soit ceux d’Extrême-Orient et d’Océanie.

Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus, dit Dr Arruda
China is winning the global economic recovery
Covid-19 : évolution en sept mois
Covid-19 : les outils de recherche de contacts
Half of Slovakia’s population tested for coronavirus in one day
Mythes et réalités des vaccins contre le Covid-19

Parus depuis :
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
I’ve been in Covid quarantine in South Korea – there’s a lot Britain can learn (2021-02-05)
Le plan pour éviter une troisième vague (2021-02-08)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)
How Taiwan triumphed over Covid as the UK faltered (2021-03-24)
Les vaccins seuls ne pourront vaincre les variants (2021-04-14)
La stratégie du «zéro COVID-19» a été plus payante que le «vivre avec» (2021-05-07)
Taipei, capitale du combat réussi contre le Covid-19 (2021-05-10)
Dépistage chez les travailleurs essentiels — une méthode « sûre, acceptable et peu coûteuse », conclut l’étude (2021-06-15)
Le cercle vicieux des vagues de COVID-19 à répétition (2022-07-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une publicité déplorable

Publié le 3 novembre 2020 | Temps de lecture : 5 minutes

Je viens de voir une nouvelle publicité gouvernementale destinée à favoriser le respect des mesures sanitaires.

Elle met en vedette un commentateur sportif qui n’est pas en cause dans la critique qui va suivre.

Sous le thème ‘Évitons les rassemblements’, on y entend :

En ce moment, il faut se serrer les coudes. Il faut juste être discipliné. Et ça, je sais qu’on est capable.

Il suffit juste de suivre les mesures en place :
• éviter les rassemblements en famille ou entre amis,
• respecter le deux mètres.

Plus on va le faire, plus vite on pourra remplir des estrades comme ici.

Pas un mot sur le port du masque. Je n’en reviens pas. En fait, je suis furieux.

‘Éviter les rassemblements’ est une autre manière de suggérer de se tenir loin des gens qui pourraient être porteurs du virus.

Cette publicité est une manière de réitérer les fondements de la lutte sanitaire au Quebec, soit de suggérer le respect de la distance sanitaire et de se laver les mains. En somme, c’est s’entêter à baser cette lutte sur les deux mesures les moins efficaces contre la pandémie.

Personnellement, je passerai la période des fêtes chez moi. C’est mon choix.

Mais nous savons tous qu’un grand nombre de personnes assisteront quand même à des réunions de famille et que d’ici là, des jeunes se réuniront plus nombreux qu’ils ne devraient l’être.

Dans une réunion de famille, il suffit de ne pas servir de boissons ni d’amuse-gueules avant le repas, pour que la plupart des invités soient capables de s’apprécier mutuellement même masqués.

De plus, on évitera toute musique d’ambiance qui aurait pour effet d’inciter les personnes présentes à hausser la voix et donc à émettre davantage de gouttelettes respiratoires et des gouttelettes projetées plus loin.

À table, ce sera différent. Au mieux, les invités mangeront dispersés ou par groupes réunissant des gens qui habitent habituellement sous le même toit.

Imaginez que chaque personne contagieuse soit une fontaine à Covid. En mangeant et en parlant — donc sans masque — elle ne contaminera que ses voisins. Mais si cette personne avait passé la soirée à visage découvert, elle aurait peu à peu contaminé tout le monde qu’elle aurait croisé.

Plus le nombre d’invités est grand, plus cela est vrai.

Voilà comment le masque, en dépit de ses limites, sauve des vies; il peut faire la différence entre contaminer quelques voisins de table ou un grand nombre d’invités.

Pour les irréductibles qui veulent absolument boire une bière et discuter entre amis, on doit faire comme les fumeurs; on met son manteau et on va discuter et boire dehors à bonne distance les uns des autres.

Pendant des mois, les autorités sanitaires du Québec ont mené une campagne rétrograde contre le port du masque. Encore de nos jours, elles préfèrent recommander la distance sanitaire, une mesure bonne mais insuffisante en elle-même pour lutter contre la pandémie.

Au cours du mois dernier (soit octobre), le nombre de morts par million d’habitants a été exactement le triple au Québec que dans le reste du pays.

Dans la lutte contre la pandémie, le Québec est la honte du Canada. On se demande pourquoi…

Je ne connais pas l’identité de celui qui a conçu cette publicité. À mon avis, ce petit génie ne mérite pas de félicitations; son ‘chef-d’œuvre’ devrait être retiré des ondes.

Tout de suite.

Postscriptum du 6 novembre 2020 : Je viens de prendre connaissance d’une autre publicité toute aussi navrante, mettant en vedette cette fois une comédienne québécoise.

De nouveau sous le thème ‘Évitons les rassemblements’, on y entend à-peu-près le même message et les deux mêmes recommandations.

À toujours voir les autorités sanitaires du Québec promouvoir les mesures les moins efficaces contre le Covid-19, on en vient à penser que leur objectif véritable, c’est celui annoncé en avril dernier; laisser se développer l’immunité ‘naturelle’. Une autre manière de dire qu’on veut que les gens attrape le Covid-19.

Postscriptum du 4 décembre 2021 : Pendant des mois, les autorités sanitaires du Québec ont conservé sur YouTube des copies de la publicité télévisée créée pour le temps des Fêtes 2020.

Maintenant que leur gestion de la crise sanitaire est remise en question dans le cadre de trois enquêtes, on détruit les preuves et on tente de réécrire l’histoire.

Voilà pourquoi ces deux vidéos ont mystérieusement disparu.

Le mal est fait. C’est à l’époque qu’il fallait promptement retirer ces publicités trompeuses. Les retirer maintenant relève de la dissimulation.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en sept mois

Publié le 1 novembre 2020 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour de chaque mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Avr. Mai Juin Juil. Aout Sept. Oct. Nov.
Pérou 2 33 149 299 588 880 983 1042
Belgique 73 676 834 842 849 853 863 1002
Espagne 194 532 581 607 608 623 684 767
Brésil 1 29 149 286 440 576 680 751
Bolivie 1 5 27 96 255 430 680 744
Chili 1 14 66 301 498 591 669 743
Québec 4 238 549 651 669 679 689 734
Équateur 6 52 210 259 325 372 646 715
États-Unis 12 199 330 395 477 570 642 713
Mexique 0 37 81 215 362 499 601 709
Argentine 1 5 12 35 79 193 448 687
Grande-Bretagne 35 414 593 647 680 611 621 687
Italie 206 467 554 575 581 587 594 642
Panama 7 44 80 149 335 463 551 624
Colombie 0 6 19 68 203 393 513 617
Suède 24 262 442 532 568 575 583 587
France 53 367 432 457 464 470 490 567
Macédoine du Nord 6 41 70 147 237 290 357 482
Arménie 1 11 46 153 253 297 325 460
Moldavie 1 31 76 136 195 250 331 447
Pays-Bas 68 285 347 357 359 363 374 434
Iran 37 75 98 130 202 257 313 418
Irlande 15 262 343 352 357 359 365 386
Bosnie-Herzégovine 1 21 47 57 100 189 263 381
Roumanie 5 39 66 87 124 192 253 368
Afrique du Sud 0 2 12 46 137 240 283 326
Rép. Tchèque 4 22 30 33 36 40 63 312
Israel 3 24 31 35 57 104 176 278
Costa Rica 0 1 2 3 30 87 180 271
Irak 1 2 5 51 119 176 228 271
Suisse 54 205 224 227 229 232 239 268
Honduras 1 8 21 50 135 189 237 268
Portugal 18 98 140 155 170 179 194 250
Oman 0 2 10 36 88 135 182 242
Rép. Dominicaine 5 28 46 69 106 160 194 207
Guatemala 0 1 6 43 109 155 181 207
Paraguay 0 1 2 3 7 48 121 196
Russie 0 8 33 65 96 119 143 193
Hongrie 2 33 55 61 62 64 81 188
Bahreïn 2 5 11 54 86 112 148 187
Bulgarie 1 10 20 34 56 93 121 187
Koweït 0 7 51 83 105 125 143 182
Albanie 5 11 11 22 56 100 135 180
Slovénie 2 46 54 56 60 67 76 175
Kirgistan 0 5 9 35 151 162 163 174
Ukraine 1 6 16 27 39 60 96 167
Arabie saoudite 0 5 15 49 82 112 137 155
Pologne 1 17 28 39 46 54 67 153
El Salvador 0 2 7 28 71 111 131 151
Croatie 1 18 25 26 35 46 69 137
RoC* 3 51 94 106 113 117 120 135
               
Hong Kong 0,5 0,5 0,5 0,9 4,5 12,0 14,0 14,0
Japon 0,4 3,6 7,1 7,7 8,0 10,0 12,4 14,0
Corée du Sud 3,2 4,8 5,3 5,5 5,8 6,4 8,1 9,1
Singapour 0,5 2,7 4,1 4,4 4,5 4,5 4,6 4,7
Chine 2,4 3,4 3,4 3,2 3,3 3,2 3,2 3,2
Vietnam 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4 0,4
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.


Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la Déclaration de Great Barrington

Publié le 28 octobre 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Il existe autant de différence entre la science et les autorités scientifiques qu’il existe de différence entre Dieu et les autorités religieuses.

Dans le cas de la pandémie actuelle, personne n’est diplômé en Covid-19. Qu’on soit médecin, virologue ou épidémiologiste, chaque personne qui se présente à nous à titre d’expert est en réalité quelqu’un qui apprend sur le tas, au fur et à mesure que la science découvre les secrets du virus.

Et comme ces chefs religieux qui s’excommunient les uns les autres, les experts ne sont pas tous du même avis.

D’où le gouffre qui sépare le succès obtenu par les autorités sanitaires des pays d’Extrême-Orient et le fiasco obtenu par leurs collègues des pays riches d’Occident.

La naissance d’un manifeste

Le 4 octobre dernier, un groupe d’experts internationaux ont signé un manifeste préconisant que la lutte étatique contre le Covid-19 se limite essentiellement à une politique de protection ciblée.

Cette politique consisterait à protéger les personnes vulnérables tout en laissant l’épidémie se répandre dans le reste de la population. Comme on le fait déjà à chaque épidémie de grippe lorsque le vaccin s’avère inefficace.

L’objectif est de limiter le nombre des victimes tout en laissant le pays s’immuniser à la dure et devenir dorénavant réfractaire à toute nouvelle pandémie causée par ce virus-là.

Cette déclaration est dite de ‘Great Barrington’ parce que c’est dans cette ville de sept-mille habitants, située au Massachusetts, qu’elle est née.

Plus précisément, elle fut signée dans les bureaux de l’American Institute for Economic Research, un organisme libertarien qui est lié aux plus importants groupes de réflexion d’extrême droite aux États-Unis.

Le talon d’Achille

Pour qu’on atteigne l’immunité grégaire — soit un taux d’immunité collective qui rende la population réfractaire à la pandémie — il faut que soixante pour cent des gens aient attrapé le Covid-19 et en aient développé des anticorps.

Selon les modélisations les plus plausibles, l’atteinte de cet objectif se ferait au prix de 39 000 à 56 200 morts au Québec.

Cela correspond, en sol québécois, à plus de vingt fois le bilan meurtrier des attentats du World Trade Center de New York. En somme, l’immunité grégaire correspond à une tuerie de masse justifiée, dit-on, pour le bien de l’économie.

Malheureusement, il n’existe aucune preuve scientifique que l’immunité au Covid-19 soit durable.

On possède bien quelques rapports anecdotiques de patients réinfectés des mois plus tard, mais on ne connait pas encore l’importance réelle du phénomène.

Toutefois, une étude réalisée du 20 juin au 28 septembre auprès de 350 000 personnes choisies au hasard a révélé que l’immunité au Covid-19 ne dure que quelques mois.

D’où la question : à quoi ça sert de provoquer la mort de dizaines de milliers de personnes quand l’objectif (laisser se développer l’immunité) est perpétuellement à recommencer au bout de quelques mois ?

De plus, personne ne connait les effets à long terme de l’infection au Covid-19 au sein des groupes d’âge jugés peu à risque. Qu’en est-il cinq ou dix ans plus tard ?

Bref, la Déclaration de Great Barrington est une fumisterie.

Références :
American Institute for Economic Research
Apprendre à vivre sous la menace du Covid-19 : les non-dits de nos gouvernements
As a Covid-19 survivor, I don’t have blind faith in health experts. Here’s why
Covid-19 : la quarantaine ou le laisser-faire ? (4e partie)
COVID-19 : l’immunité « diminue assez rapidement », selon une étude
Des scientifiques lancent une pétition contre le confinement
Herd immunity letter signed by fake experts including ‘Dr Johnny Bananas’
Miser sur l’immunité collective «n’est pas une option», dit l’OMS
The pursuit of herd immunity is a folly – so who’s funding this bad science?
Un Américain devient le cinquième cas de réinfection à la COVID-19
Why herd immunity strategy is regarded as fringe viewpoint

Parus depuis :
Le rêve « utopiste » de l’immunité collective contre la COVID-19 (2022-05-01)
Le cercle vicieux des vagues de COVID-19 à répétition (2022-07-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : le cas de Qingdao, en Chine

Publié le 12 octobre 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Comme tous les pays qui ont éradiqué le Covid-19 sur leur territoire, la Chine doit continuellement demeurer à l’affut de toute nouvelle apparition de la pandémie.

La ville de Qingdao — qu’on prononce ‘tchign-daw’ — est un port de neuf-millions d’habitants situé à mi-chemin entre Beijing et Shanghai.

Le mois dernier, deux débardeurs qui avaient manipulé une cargaison de fruits de mer ont été testés positifs au Covid-19.

Une recherche de contacts a révélé qu’ils étaient le foyer de l’infection et, par la suite, qu’ils ne l’avaient transmise à personne d’autre.

Dernièrement, on a trouvé dans cette ville un autre foyer d’éclosion parmi le personnel de l’Hôpital thoracique de Qingdao. Cet hôpital est spécialisé entre autres dans le traitement des personnes atteintes de Covid-19 qui arrivent de l’Étranger.

Selon un communiqué émis par la commission de Santé publique municipale, on a découvert six travailleurs symptomatiques et six autres asymptomatiques parmi son personnel. De plus, la contagion s’est répandue à huit patients et à un membre de la famille de l’un d’eux.

Puisqu’il y a un risque qu’ils aient contaminé d’autres citoyens, on a décidé de tester toute la ville.

Neuf-millions de personnes seront testées cette semaine. À cette fin, des milliers de testeurs ont été mobilisés.

Depuis ce matin, 114 862 résultats se sont avérés négatifs, dont ceux des travailleurs de la Santé et des nouveaux patients de tous les hôpitaux de la ville.

Afin d’accélérer le dépistage et de réduire les couts, les tests sont effectués sur des mélanges de prélèvements (en anglais, pool-testing).

Lorsque le virus est trouvé dans un mélange, on refait le test individuellement, sur chacune des personnes qui ont fait partie de cette mise en commun.

La stratégie sanitaire qui consiste à trouver et à éteindre sélectivement les foyers d’infection — plutôt que de fermer des pans entiers de l’économie — fait en sorte que la Chine connaitra cette année (selon la Banque mondiale) une croissance de 1,6 % alors que l’économie mondiale se contractera de 5,2 %.

Références :
China is winning the global economic recovery
China To Test 9 Million People For Covid-19 This Week As New Outbreak Emerges
Covid-19: China’s Qingdao to test nine million in five days
Covid-19 : évolution en six mois
Qingdao
Rapid Response to an Outbreak in Qingdao, China

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : le poker et la saignée

Publié le 5 octobre 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Au début de la pandémie au Covid-19, on pouvait blâmer le gouvernement fédéral d’avoir tardé à fermer les frontières.

On pouvait affirmer que si le Québec était plus atteint par la pandémie que le reste du Canada, c’était parce que les vieillards y ont une importance démographique plus grande que dans le reste du pays.

On pouvait accuser l’austérité libérale d’avoir fragilisé notre système de la Santé.

Et on pouvait estimer que la relâche scolaire, survenue plus tôt au Québec que dans les autres provinces, était tombée à un bien mauvais moment.

Tout cela est vrai.

Mais oublions le passé; les autorités sanitaires nous assurent avoir appris leur leçon et se disent déterminées à faire mieux.

Un premier coup de poker

Après un confinement réussi (grâce à l’adhésion de sa population), le Québec est devenu en juin la première province canadienne à se déconfiner. À l’étonnement du reste du pays.

Car à ce moment-là, c’est chez nous qu’on dénombrait le plus grand nombre de nouveaux cas positifs.

En déconfinant prématurément l’économie québécoise, les autorités prenaient un risque.

Entre le premier juillet et le premier octobre, le nombre cumulatif de morts au Québec par million d’habitants est passé de 651 à 689, soit une différence de 38.

Au cours de la même période, ce nombre est passé de 106 à 120 au Canada anglais, soit une progression 2,7 fois moindre.

Cette fois-ci, personne ne peut blâmer le fédéral, le gouvernement précédent, ou une malencontreuse relâche scolaire.

Un deuxième coup de poker

Le pourcentage de tests positifs au Covid-19 est l’indice le plus fiable de la prévalence du virus au sein de la population.

Lorsqu’on réduit le nombre de tests, on réduit le nombre de cas positifs. Mais cela ne change pas leur pourcentage.

Pour prendre un exemple fictif, si la moitié du Québec était contaminé et qu’on effectuait seulement dix tests dans toute la province, on trouverait seulement cinq personnes atteintes (la moitié). Mais le pourcentage de tests positifs demeurerait à 50 %, comme si on en faisait des milliers.

Le 20 aout dernier, le pourcentage positivité était à son plus bas depuis des mois.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, on peut rouvrir les écoles quand, depuis au moins deux semaines, le pourcentage de tests positifs au Covid-19 parmi la population est moins de 5 %.

Certaines autorités sanitaires sont plus exigeantes et estiment que le taux de positivité maximale doit plutôt être de 3 %. C’est le cas de la ville de New York.

Dans tous les cas, le Québec répondait à ces critères.

Malheureusement, la Santé publique décidait de jouer au poker encore une fois.

Première imprudence; la réduction de la distance sanitaire en classe.

Puisqu’un mètre était probablement la distance entre les pupitres avant la pandémie, réduire la distance sanitaire de deux mètres à un seul est l’équivalent d’abolir de facto la distanciation sociale à l’école.

Deuxième imprudence : l’abolition du port du masque avant la cinquième année du primaire et son abolition partielle (et changeante d’un jour à l’autre) chez les adolescents.

Ces deux imprudences auraient été acceptables si on les avait compensées par des mesures tout aussi efficaces pour combattre la pandémie :
• tester tous les élèves du Québec chaque semaine pour les trois premières semaines de la rentrée,
• communiquer les résultats en 24 heures, et
• effectuer la recherche de contacts pour chaque cas positif décelé.

Une fois de plus, la Santé publique a simplement décidé de ‘prendre une chance’.

En décidant de ne tester que les personnes symptomatiques, une bonne partie des enfants atteints passent sous le radar de la Santé publique parce qu’asymptomatiques.

Quant aux mineurs qui ont des symptômes de Covid-19, on demande aux parents de les garder 24 h à la maison.

Si les symptômes persistent, les enfants sont placés en quatorzaine à étudier sur l’internet à partir de la maison. Personne ne sait si la Santé publique les ajoute au nombre de cas positifs. Tout indique que non.

En dépit de ce camouflage, le nombre de cas explose. Les équipes de dépistage sont débordées. Et les responsables de la recherche de contact sont incapables d’effectuer leur travail parce que le dévoilement des résultats positifs prend trop de temps.

Au 5 octobre, 22 % des écoles du Québec sont des lieux d’éclosion du Covid-19 et 822 classes sont fermées. L’Ontario, qui teste davantage que nous, n’a que 7 % des écoles contaminées et toutes les classes y sont opérationnelles.
 

 
Si bien que le taux de positivité dans l’ensemble du Québec a grimpé à 5,34 %. Selon les normes internationales, on devrait fermer nos écoles.

C’est exactement ce que prédisait mon texte ‘Covid-19 : une rentrée scolaire idéale’, publié il y a presque deux mois.


Note : ci-dessus, la courbe en orange est la positivité des tests en incluant ceux effectués plusieurs fois chez la même personne (les travailleurs de la Santé, par exemple). La courbe en bleue représente cas positifs uniques.

Face à ce fiasco, la Santé publique a évidemment blâmé les autres.

Elle a ordonné la fermeture de milliers d’établissements (bars, restaurants, cinémas, salles de spectacles, gyms, etc.) qui n’ont rien à voir avec cette résurgence de la pandémie et qui sont sacrifiés à l’autel de son incompétence.

Fait à noter, on a imposé le port du masque en tout temps à l’école secondaire en zone rouge (là où tout le Québec se dirige).

Toutefois, le Dr Richard Massé — conseiller médical stratégique de la direction générale de la Santé publique du Québec — déclarait plus tôt aujourd’hui :

«  [Il ne] Faut pas voir ça comme ‘En premier lieu le masque’. En premier lieu, on met toutes les autres mesures. Puis là, maintenant, on rajoute le masque aussi. En dernier lieu viennent les équipements de protection personnelle. (…) Donc on ne voulait pas introduire ça [plus tôt] parce qu’en classe, vous voyez que ça a un impact sur la vie étudiante, sur les relations que les jeunes vont avoir entre eux. Etc. On s’est résolu à faire ça parce que là, vraiment, la situation se détériorait.»

Après six mois de pandémie, les dirigeants de la Santé publique placent encore les équipements de protection personnelle au dernier rang des mesures à prendre pour combattre cette pandémie.

On compte sur le lavage des mains et sur un rétablissement temporaire de la distanciation sociale en classe.

Ce que les autorités sanitaires s’entêtent à ne pas voir, c’est que la distanciation sociale est inappropriée chez les enfants (selon tous les pédagogues) et inapplicable chez les adolescents sauf lorsqu’ils sont pensionnaires dans une maison d’enseignement privé.

Maintenant que la population a adopté le port du masque, la balle est dans le camp des autorités sanitaires.

Ceux-ci doivent s’inspirer des pays gagnants contre le Covid-19 et entamer un combat de précision contre la pandémie. Cela signifie trouver et éteindre les foyers d’infection plutôt qu’utiliser aveuglément des moyens brutaux et injustes qui mènent à la faillite d’innombrables petites et moyennes entreprises.

Conclusion

À l’époque de Molière, les médecins croyaient que la saignée guérissait tous les maux.

Alors on saignait les malades. Et quand ce traitement échouait, on les saignait une deuxième fois. Et ainsi de suite.

Et quand le patient finissait par mourir au bout de son sang, c’était la preuve que la saignée n’avait pas été pratiquée suffisamment tôt.

Quatre siècles plus tard, les médecins de la Santé publique sont incapables de voir que le bilan désastreux de la pandémie au Québec est le résultat de leur aveuglément et de leur suffisance.

Exactement comme les médecins à l’époque de Molière.

Références :
Compte Twitter de Patrick Déry
Covid-19 : évolution en six mois
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale

Parus depuis :
Des élèves sans suivi en attente d’un test de dépistage (2020-10-06)
Jusqu’à 10 jours d’attente pour un résultat de test dans la région de Québec (2020-10-06)
Combien coûte votre test de COVID-19? (2020-10-29)
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
We are over-cleaning in response to covid-19 (2020-12-11)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en six mois

Publié le 1 octobre 2020 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour de chaque mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Avr. Mai Juin Juil. Aout Sept. Oct.
Pérou 2 33 149 299 588 880 983
Belgique 73 676 834 842 849 853 863
Québec 4 238 549 651 669 679 689
Espagne 194 532 581 607 608 623 684
Brésil 1 29 149 286 440 576 680
Bolivie 1 5 27 96 255 430 680
Chili 1 14 66 301 498 591 669
Équateur 6 52 210 259 325 372 646
États-Unis 12 199 330 395 477 570 642
Grande-Bretagne 35 414 593 647 680 611 621
Mexique 0 37 81 215 362 499 601
Italie 206 467 554 575 581 587 594
Suède 24 262 442 532 568 575 583
Panama 7 44 80 149 335 463 551
Colombie 0 6 19 68 203 393 513
France 53 367 432 457 464 470 490
Argentine 1 5 12 35 79 193 448
Pays-Bas 68 285 347 357 359 363 374
Irlande 15 262 343 352 357 359 365
Macédoine du Nord 6 41 70 147 237 290 357
Moldavie 1 31 76 136 195 250 331
Arménie 1 11 46 153 253 297 325
Iran 37 75 98 130 202 257 313
Afrique du Sud 0 2 12 46 137 240 283
Bosnie-Herzégovine 1 21 47 57 100 189 263
Roumanie 5 39 66 87 124 192 253
Suisse 54 205 224 227 229 232 239
Honduras 1 8 21 50 135 189 237
Irak 1 2 5 51 119 176 228
Portugal 18 98 140 155 170 179 194
Rép. Dominicaine 5 28 46 69 106 160 194
Oman 0 2 10 36 88 135 182
Guatemala 0 1 6 43 109 155 181
Costa Rica 0 1 2 3 30 87 180
Israel 3 24 31 35 57 104 176
Kirgistan 0 5 9 35 151 162 163
Bahreïn 2 5 11 54 86 112 148
Russie 0 8 33 65 96 119 143
Koweït 0 7 51 83 105 125 143
Arabie saoudite 0 5 15 49 82 112 137
Albanie 5 11 11 22 56 100 135
El Salvador 0 2 7 28 71 111 131
Paraguay 0 1 2 3 7 48 121
RoC* 3 51 94 106 113 117 120
               
Hong Kong 0,5 0,5 0,5 0,9 4,5 12,0 14,0
Japon 0,4 3,6 7,1 7,7 8,0 10,0 12,4
Corée du Sud 3,2 4,8 5,3 5,5 5,8 6,4 8,1
Singapour 0,5 2,7 4,1 4,4 4,5 4,5 4,6
Chine 2,4 3,4 3,4 3,2 3,3 3,2 3,2
Vietnam 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.


Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : statistiques régionales au 29 septembre

Publié le 29 septembre 2020 | Temps de lecture : 1 minute
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À noter :
• les cas de Covid-19 sont en hausse partout au Québec, sauf au Bas-Saint-Laurent,
• la moyenne quotidienne des nouveaux cas au cours des sept derniers jours a été de 161 cas par million d’habitants pour la région de Québec, soit le double de la moyenne quotidienne du Québec tout entier (81).

Référence : Compte Twitter de Patrick Déry

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la cigale québécoise

Publié le 28 septembre 2020 | Temps de lecture : 8 minutes
La Cigale et la Fourmi (gravure de Gustave Doré)

Masques : la cigale et la fourmi

Avant même l’arrivée de la pandémie au Québec, la santé publique faisait campagne contre le port du masque dans les établissements de Santé.

Pendant ce temps — comme la fourmi de la fable de La Fontaine — l’Alberta se hâtait de faire des provisions de matériel de protection en prévision de ce qui allait suivre.

Deux jours avant l’apparition du premier cas de Covid-19 au Québec, le directeur de la Santé publique — comme la cigale de la même fable — partait en vacances au Maroc pour deux semaines (du 26 février au 8 mars).

À son retour, c’était la panique; pas moyen de se procurer des masques sur le marché international. Heureusement, le gouvernement albertain a généreusement offert des gants et des masques au Québec, pris au dépourvu.

En dépit de cette générosité, les réserves québécoises de matériel de protection sont rapidement devenus insuffisants.

D’où la décision, en fin mars, de rationner les masques N95 et les masques chirurgicaux, et de les réserver aux professionnels de la santé qui travaillaient au front à lutter contre le virus.

Parallèlement à ce rationnement, on menaçait de sanctions les employés ‘subalternes’ des établissements de Santé qui réussissaient à procurer du matériel de protection à leurs frais ou qui se fabriquaient un masque artisanal.

Compter sur l’immunité ‘naturelle’

En avril dernier, la Santé publique du Québec annonçait son intention de laisser se développer l’immunité ‘naturelle’ au sein de la population québécoise.

Évidemment, le but n’a jamais été que les gens en décèdent, mais que le maximum de gens l’attrapent et en deviennent immunisés… tout en se croisant les doigts pour que cela n’entraine pas trop de morts.

Dès le 22 avril, sur le site du quotidien Le Devoir, j’écrivais le commentaire intitulé ‘Doit-on s’empresser à faire 250 000 morts ?’.

Une semaine plus tard, je réitérais sur ce blogue cette même critique sévère contre l’immunité grégaire.

Ce qui n’a pas empêché la Santé publique de poursuivre cette politique désastreuse… avec les résultats qu’on sait.

La cigale des tests

Les études scientifiques au sujet du Covid-19 ont prouvé hors de tout doute qu’une bonne partie des personnes contagieuses n’en sont pas conscientes car elles n’en éprouvent aucun symptôme.

On apprend ce matin que le ministère de la Santé a décidé d’optimiser le dépistage.

Que veut-on dire par là ?

Cette ‘optimisation’ des tests consistera à les rationner au bénéfice des personnes symptomatiques et de leurs contacts.

Dorénavant, on laissera les personnes contagieuses qui n’éprouvent pas de symptômes continuer de répandre involontairement l’infection.

Dans toute guerre, le renseignement est la première étape de la stratégie. Et dans une guerre sanitaire, le renseignement c’est le dépistage et la recherche de contacts.

En laissant la moitié des personnes contagieuses passer sous le radar des autorités sanitaires, on effectue un dépistage de façade qui n’a pas la moindre chance de réussir à vaincre la pandémie.

En raison du caractère explosif de la ‘deuxième vague’, on peut anticiper une aggravation des pénuries qui nécessitera une optimisation maximale des tests, réservés aux personnes déjà symptomatiques, en laissant faire leurs contacts.

Puis, lorsqu’il y aura encore trop de monde pour le nombre de tests disponibles, on optimisera à mort (sic) en restreignant encore davantage ceux qui y auront droit.

En avril dernier, le réputé Harvard Global Health Institute recommandait qu’en juillet, les États-Unis en soient rendus à effectuer vingt-millions de tests par jour.

De son côté, The Rockefeller Foundation suggérait aux autorités sanitaires américaines une cible plus facile à atteindre dès novembre 2020, soit six-millions de tests par jour (ou trente-millions de tests par semaine).

Toutes proportions gardées, pour le Québec, cela correspond à effectuer quotidiennement entre 155 000 et 517 000 tests, selon qu’on suit les recommandations de la Rockefeller Foundation ou d’Harvard.

Les autorités de Santé publique ont eu cinq mois pour se préparer à une ‘deuxième vague’ et n’ont rien fait. Si bien qu’aujourd’hui on rationne les tests comme on rationnait les masques au début de la ‘première vague’.

Cela fait pitié.

La cigale de la recherche de contacts

Selon les critères internationaux, les pays doivent consacrer à la recherche de contacts environ mille enquêteurs par million d’habitants.

Au Québec, la santé publique ne dispose que de 750 personnes à cette fin au lieu de 8 500.

La semaine dernière, la journaliste Mélanie Meloche-Holubowsi de Radio-Canada écrivait : « À Laval, les enquêteurs réalisaient 5 à 6 enquêtes par jour durant la première vague. Désormais, ils réussissent à en effectuer seulement 1 à 2 par jour, puisqu’il faut désormais contacter jusqu’à 75 personnes par personne infectée.»

Le nombre actuel de cas positifs au Québec est de 72 651 personnes, soit 97 cas par enquêteur.

Pourtant, la santé publique a eu des mois pour embaucher tout le personnel nécessaire. Elle ne l’a pas fait probablement dans l’espoir chimérique que bientôt les téléphones multifonctionnels feraient ce travail automatiquement.

Dès le début du mois de juin, j’expliquais sur ce blogue que jamais les applications téléphoniques ne seraient capables d’effectuer ce travail de manière fiable.

Quatre mois plus tard, il n’existe pas la moindre preuve de leur efficacité; aucune étude n’a mesuré leur pourcentage de faux positifs et de faux négatifs. On sait seulement qu’ils finissent par signaler des contacts, sans savoir si c’est vrai.

Conclusion

Jusqu’à tout récemment, la santé publique du Québec faisait campagne contre le port du masque en dépit de son efficacité.

Sept mois après la découverte du premier cas de Covid-19 au Québec, on en est rendu à restreindre le nombre de personnes qui peuvent être testées en raison de pénuries.

Quant à la recherche de contacts, la plupart du temps elle est impossible à effectuer à cause du manque de personnel et des délais excessifs à obtenir le résultat des tests.

Presque tous les pays du monde ont eu moins de morts par million d’habitants que le Québec. Cela n’est pas une coïncidence; c’est la conséquence d’une volonté officielle de laisser se développer l’immunité grégaire.

Au début du mois d’aout, notre immunité collective en était à 2,25 %. Et ce, après plus de six-mille morts.

Jusqu’ici, la fourmie albertaine a eu à déplorer 60,6 morts par million de personnes au sein de sa population. La cigale québécoise en a eu onze fois plus, soit 684 morts par million…

Pour savoir ce qui nous attend au cours des prochaines semaines, il suffit de lire La Fontaine : « La cigale ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise — c’est-à-dire le vent froid — fut venue

Références :
Covid-19 et l’hôpital chinois de Montréal
Covid-19 : les outils de recherche de contacts
Covid-19 : l’utilisation ‘judicieuse’ des masques
Doit-on s’empresser à faire 250 000 morts ?
Legault mise sur l’«immunité naturelle» des Québécois
Les Montréalais infectés devront appeler eux-mêmes certains contacts
Près de 3% des adultes auraient contracté la COVID-19 au Québec
Québec modifie ses priorités de dépistage
« Qui avez-vous côtoyé? » 6000 traceurs pour retrouver les contacts des personnes infectées
Tests Covid-19: l’embouteillage se confirme dans le monde
Traçage : le quart des contacts refusent de collaborer
US needs to conduct 20 million coronavirus tests per day to reopen fully, Harvard report says
Voyage au Maroc : le Dr Arruda s’est absenté 12 jours au début de la crise

Parus depuis :
Le Québec tarde à prévenir les personnes infectées par le coronavirus (2020-09-30)
Jusqu’à 10 jours d’attente pour un résultat de test dans la région de Québec (2020-10-06)
COVID-19 : l’immunité « diminue assez rapidement », selon une étude (2020-10-27)
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)
Ottawa a payé 924 millions pour des tests rapides sous-utilisés par les provinces (2021-07-08)
Le rêve « utopiste » de l’immunité collective contre la COVID-19 (2022-05-01)
Le cercle vicieux des vagues de COVID-19 à répétition (2022-07-18)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel