L’orchidée Coryanthes macrantha

24 mars 2016
Coryanthes macrantha ‘Jardin botanique de Montréal’ AM/AOS

Parmi les orchidées, le genre Coryanthes comprend une trentaine d’espèces. Et parmi celles-ci, la Coryanthes macrantha — originaire de l’ile de Trinité et d’Amérique du Sud — se présente sous une multitude de variantes dont l’une des plus magnifiques est celle développée par le Jardin botanique de Montréal.

Même en sachant que les orchidées peuvent adopter une grande variété de formes, on est toujours un peu surpris la première fois qu’on se trouve en présence d’une Coryanthes macrantha.

De près

Toutes les parties de la fleur sont mouchetées diversement de taches rouges. Le pétale inférieur (appelé labelle) est invaginé de manière à former un gobelet qui prend parfois l’aspect d’une tasse lorsque les deux autres pétales — repliés vers l’arrière après l’éclosion du bourgeon — prennent temporairement la forme d’une poignée avant de se dessécher.

Liquide accumulé dans le fond du labelle

C’est au creux de la fleur que s’accumule une petite quantité de liquide odorant.

Robinet double du Coryanthes macrantha

Ce liquide est sécrété goutte à goutte par un robinet (semblable au robinet double de certaines machines expresso) situé près du bord de ce gobelet. En réalité, cette sécrétion est de la sève odorante provenant de la tige de l’orchidée (qui sert de réservoir).

Cette sécrétion est précieuse. Afin de maximiser sa production, la fleur est entièrement recouverte d’une peau cireuse (appelée cuticule) qui lui confère un aspect luisant et qui a pour fonction d’éviter l’évaporation.

Mais pourquoi cette sécrétion est-elle si importante pour la plante ?

C’est que l’orchidée est pollinisée par une abeille mâle spécifique dont les pattes ont la propriété de capter cette odeur et de la stocker. On croit qu’il en a besoin pour attirer les femelles.

C’est un des très rares insectes pollinisateurs qui ne soient pas attirés par le nectar ou le pollen d’une fleur, mais plutôt par son odeur.

Drain du Coryanthes macrantha

Et pour éviter que ce parfum ne soit dilué par l’eau de pluie et perde ainsi ses propriétés attractives, ce gobelet est doté d’un drain qui n’est nul autre que les organes reproducteurs de la fleur, situés près du fond du gobelet.

Si de petits insectes se noient souvent dans le liquide au fond de la fleur, se décomposent et servent de nourriture à l’orchidée, l’abeille pollinisatrice est à la fois suffisamment grosse pour ne pas courir ce risque, et suffisamment petite pour pouvoir s’échapper par le biais de l’ouverture crée par les organes reproducteurs de la fleur… et ainsi contribuer à sa pollinisation.

On aura donc compris à quel point cette orchidée est un chef-d’œuvre d’adaptation d’une plante à son environnement.

Bourgeon du Coryanthes macrantha

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/125 sec. — F/4,0 — ISO 250 — 60 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 80 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 400 — 210 mm
4e  photo : 1/125 sec. — F/11,0 — ISO 800 — 70 mm
5e  photo : 1/400 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 87 mm
6e  photo : 1/160 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 56 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel