Corruption : la faille « Vaillancourt » doit être colmatée

Publié le 4 décembre 2010 | Temps de lecture : 3 minutes
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Le député fédéral Serge Ménard est un des politiciens les plus honnêtes que je connaisse. Précisons que je ne le connais pas personnellement : à l’époque où Me Ménard ne faisait pas encore de politique, j’ai eu l’occasion de travailler avec son épouse (que je ne nommerai pas au cas où il aurait changé de compagne depuis) et pour cette raison, j’ai suivi avec intérêt sa vie publique.

Selon le témoignage de ce député devant le comité d’éthique de la Chambre des Communes, le Code criminel fédéral interdit la tentative de corruption d’un député ou d’un fonctionnaire mais ne prévoit rien lorsque la tentative de corruption s’exerce auprès d’un candidat qui n’est pas encore élu.

D’autre part, la loi québécoise sur le financement des partis politiques interdit le versement d’argent comptant dans le cadre d’une campagne électorale. Toutefois, dans le cas d’une tentative de corruption qui échoue, cela ne constitue pas une infraction à la loi : la tentative devient illégale seulement lorsque l’argent comptant est accepté (ce que, incidemment, le Parti libéral du Québec semble avoir oublié).

Maintenant que cette lacune du Code criminel canadien est connue de tous, les représentants de la coalition implicitement au pouvoir à Ottawa — soit les députés Steven Blaney et Sylvie Boucher (du Parti Conservateur), et Denis Coderre (du Parti libéral du Canada) — ont le devoir de travailler à colmater la fissure révélée par Me Ménard. Leur défaut d’agir confirmerait le préjugé à l’effet que cet exercice parlementaire n’avait pour but que d’embarrasser Me Ménard et non de promouvoir l’amélioration des mœurs politiques au pays.

Référence :
Le témoignage de Serge Ménard, minute par minute


Post-Scriptum du 2 décembre 2016 : Le 1er décembre 2016, Gilles Vaillancourt, ex-maire de Laval, plaidait coupable à trois chefs d’accusation pour fraude, complot et abus de confiance. Selon l’entente intervenue entre la poursuite, la défense et la ville de Laval, M. Vaillancourt accepte de rembourser de 8,7 millions à la ville, incluant la remise de son luxueux condo et le renoncement à la pension de la ville. La durée de son emprisonnement sera connue au prononcé de sa sentence, le 15 décembre 2016.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Charest, parrain du Parti libéral du Québec

Publié le 20 novembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Samedi dernier, à l’ouverture du 9e congrès annuel de l’Action démocratique du Québec (ADQ), le chef Gérard Deltell a reproché au Premier ministre du Québec de se comporter comme le « parrain » de la famille libérale.

Grand promoteur des PPP, le Premier ministre serait-il devenu lui-même un exemple de PPP (Parrain d’un Parti Pourri) ?

Le mardi suivant, André Pratte (l’éditorialiste en chef de La Presse) s’indignait de voir M. Deltell « créer, sournoisement, une association entre M. Charest et le crime organisé.» Apparemment, l’éditorialiste de La Paresse vient de se réveiller ; pour lui le Président de l’ADQ est la première personne au monde à créer une telle association. De toute évidence, l’éditorialiste ne lit pas les journaux. Quel mauvais exemple.

Aujourd’hui, Gil Courtemanche (son homologue du Devoir), ironise sur le même sujet. Dans un éditorial drôle et cinglant qui mérite à lui seul l’achat de l’édition de fin de semaine, M. Courtemanche écrit : « Jean Charest s’est comporté comme un parrain idéal pour sa famille. Il a même engagé (…) Chantal Landry, qui dresse pour le parrain (…) la liste des membres méritants de la famille.»

Pour ceux qui n’ont pas suivi les travaux de la Commission Bastarache, rappelons que Mme Landry est directrice-adjointe du cabinet du premier ministre. Pour le bénéfice du Conseil des ministres, c’est elle qui vérifie l’allégeance politique et les contributions à la caisse de Parti libéral du Québec des personnes à nommer à la magistrature ou aux conseils d’administration des organismes relevant de l’État.

Références :
Charest ne mérite pas ça
Charest se comporte en «parrain», dit Deltell

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le coût de la corruption

Publié le 19 novembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Avant-propos : voici une réplique que j’ai publiée aujourd’hui sur le site de Radio-Canada en réponse à un message d’une personne dont le pseudonyme est Luc017.

Luc017 écrit :

Savez-vous pourquoi Pauline Marois tient tant à une commission d’enquête?

Madame Marois n’est qu’une parmi les millions de québécois qui réclament une commission d’enquête. Sa motivation personnelle n’a pas d’importance.

Le gouvernement Charest est le plus corrompu que le Québec ait connu depuis Duplessis. À la différence que les mentalités ont changé depuis cinquante ans.

Autrefois, on considérait normal d’offrir un présent pour rendre hommage aux puissants dont on voulait obtenir la faveur. Dans la bible chrétienne, n’est-ce pas ce que les rois mages ont fait en rendant visite à l’enfant Jésus à Bethléem ?

Mais les temps ont considérablement évolués. Aujourd’hui, on considère que nos élus sont là pour gérer le bien collectif dans l’intérêt de tous. Nous ne sommes pas devenus cyniques à l’égard des politiciens : on est devenu plus exigeant. Cela est très différent.

Quand des entrepreneurs pillent le trésor public avec la complicité des élus (moyennant une petite contribution amicale), les citoyens crient au scandale. À juste titre : c’est leur argent qu’on gaspille ainsi.

Le budget annuel du Parti libéral québécois est de quelques millions par année. Dans l’ensemble de l’économie québécoise, cette somme est insignifiante.

Mais à partir du moment où il s’agit de la contribution des invités au sac des finances publiques — en vertu de quoi, moyennant quelques milliers de dollars, on obtient le droit à l’admission à la magistrature, le droit à des contrats sans appel d’offre, le droit de dépasser les coûts des contrats qu’on a obtenus, le droit de piller nos richesses naturelles (Mont-Orford, gaz de schiste), etc.,— cela représente des sommes colossales.

Et c’est ce gaspillage de notre argent que nous sommes exaspérés de voir. Sommes-nous si déraisonnables ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En mémoire aux victimes des viaducs du Souvenir et de la Concorde

Publié le 7 octobre 2010 | Temps de lecture : 4 minutes

En juin 2000, une poutre du viaduc du Souvenir, à Laval (une municipalité située au nord de Montréal), s’effondre sur une voiture, tuant Gilbert Vinson et blessant deux autres passagers. Personne n’a été tenu responsable de la catastrophe du Souvenir. Il y a bien eu des blâmes et des reproches, mais aucune accusation. La famille de Gilbert Vinson attend toujours des excuses publiques pour pouvoir faire le deuil de sa disparition, dix ans après l’effondrement.

Six ans plus tard, plus précisément le 30 septembre 2006, un autre viaduc s’effondre (toujours à Laval) tuant cette fois cinq personnes dont une femme enceinte. Ce viaduc, appelé viaduc de la Concorde, est un cas unique dans l’histoire du génie ; c’est le seul pont en béton au monde qui se soit effondré de lui-même, sans choc extérieur.

La Commission Johnson, créée pour faire la lumière à ce sujet, a révélé que l’armature d’acier du viaduc n’avait pas été installée conformément aux plans. Plus précisément, il y avait toute une rangée de tiges d’acier qui ne faisait pas la jonction avec le reste de l’armature du viaduc, créant une ligne de fracture et rendant l’effondrement inévitable. Mais à qui la faute ?

Au cours de l’enquête, le contractuel a blâmé le sous-traitant qui lui, a blâmé le sous-sous-traitant qui à son tour, a blâmé le sous-sous-sous-traitant, etc. Bref, tout le monde s’en a lavé les mains.

À mon avis, lorsqu’une entreprise obtient un contrat, elle est responsable de son exécution. Si cette entreprise choisit de déléguer cette tâche à quelqu’un qui ne mérite pas sa confiance, ceci est une erreur. Et la faute de toute erreur incombe à celui ou celle qui la commet. Dans ce cas-ci, l’erreur a été commise par l’entreprise qui, originellement, s’est vue octroyer le contrat.

Le reste ne m’intéresse pas ; si le contractuel principal, une fois condamné, veut poursuivre ceux à qui il a délégué l’exécution du travail, c’est son affaire. Mais il demeure au premier chef responsable des travaux qu’il avait promis d’exécuter.

Le plus pathétique dans cette affaire, ce n’est pas de voir toutes ces entreprises se blâmer les unes les autres : c’est de constater que Mathieu Goyette, Véronique Binette (sa conjointe enceinte), Gilles Hamel et son frère Jean-Pierre Hamel, de même que l’épouse de ce dernier, Sylvie Beaudet, sont morts pour rien.

En s’abstenant de prendre toute poursuite criminelle contre les responsables de la catastrophe du viaduc du Souvenir et de celle, plus meutrière, du viaduc de la Concorde, quel est le message que le gouvernement du Québec a lancé aux entreprises qui obtiennent des contrats publics ? Ce message, il est clair. Après avoir obtenu un contrat de l’État, épargnez sur la qualité des matériaux ou sur la qualité du travail effectué : même si vous tuez des gens, nous vous protègerons en ne déposant aucune accusation contre vous.

L’enquête que presque tous les Québécois réclament au sujet de l’industrie de la construction, est nécessaire pour responsabiliser les entrepreneurs québécois afin d’éviter la répétition de telles tragédies et pour savoir si cette impunité a eu une contrepartie.

Références :
Le fil des événements
Soupçons de négligence criminelle
Une très longue enquête
«Un 11-Septembre routier»
Viaduc de la Concorde

Paru depuis :
Viaduc de la Concorde: «Je suis très désolé», dit Couillard (2016-09-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le lapsus de Monsieur Charest

Publié le 6 octobre 2010 | Temps de lecture : 1 minute

Le Premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, anime une chronique hebdomadaire sur les ondes radiophoniques du 98,5.

Soucieux de promouvoir le développement économique du Québec, M. Charest y annonçait récemment, en grande primeur, la création d’une nouveau secteur industriel où le Québec a pris une avance considérable sur les autres pays développés, soit l’industrie de la corruption — à moins qu’il voulait parler de l’industrie de la construction, ce qui est pareil comme tout le monde le sait.

Jugez-en par vous-même…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaz de schiste : à qui les milliards de dollars ?

Publié le 5 octobre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Je n’ai pas encore fait mon idée sur l’opportunité de l’exploitation du gaz de schiste québécois. Toutefois mon attention a été attirée par une déclaration de M. Raymond Savoie, ex-ministre libéral, devenu depuis président de Gastem, une compagnie qui a obtenu les droits d’exploration et de stockage sur 1,1 million d’acres dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, la péninsule gaspésienne et les îles de la Madeleine.

Celui-ci a déclaré qu’advenant la nationalisation de l’industrie des gaz de schiste, le gouvernement devra rembourser à cette industrie la valeur de la ressource. Voilà qui est étonnant. J’apprends donc que pour certaines des personnes à qui le gouvernement Charest a accordé des permis d’exploration, tout le gaz de schiste qu’ils n’ont pas encore trouvé mais qu’ils pourraient découvrir, est déjà leur propriété.

À mon avis, les ressources naturelles du Québec appartiennent au peuple qui occupe ce territoire. Dans le cas des ressources énergétiques de la vallée du Saint-Laurent (où sont octroyés les permis d’exploration des gaz de schiste), ces ressources appartiennent collectivement au peuple du Québec, c’est-à-dire à nous tous.

Mais voilà que les petits amis libéraux de l’industrie se voient déjà propriétaires de la ressource. Advenant la nationalisation de leurs entreprises, il ne s’agirait pas simplement de rembourser les millions de dollars qu’ils ont consentis dans la recherche des gisements, mais plutôt de leur payer les milliards de dollars que vaut cette ressource.

Je ne connais pas les modalités du texte des permis d’exploration décernés par le gouvernement Charest, mais je serais très étonné qu’il ait donné — en échange d’une contribution à sa caisse électorale — la fortune que représente la propriété des gaz de schiste du Québec.

Pour l’instant, je présume qu’il s’agit d’un lapsus du président de Gastem et j’attends donc d’en savoir d’avantage avant de me faire une opinion définitive sur ce sujet.

Références :
Gaz de schiste – L’industrie pourrait poursuivre Québec
Les liens se multiplient entre les libéraux et l’industrie

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trafic d’influence au gouvernement Charest

Publié le 25 août 2010 | Temps de lecture : 6 minutes

Les personnages :

Marc Bellemare : Nommé le 14 avril 2003 Ministre de la Justice par Jean Charest
Marc Bisson : candidat à la magistrature, nommé juge par Marc Bellemare à la suite des pressions de Franco Fava et sur ordre de Jean Charest
Jean Charest : Premier ministre actuel du Québec
Claude Chicoine : candidat à la magistrature que Marc Bellemare aurait préféré nommer plutôt que Michel Simard
Franco Fava : un collecteur de fonds influent du Parti Libéral du Québec
Charles Rondeau : collecteur de fonds du Parti libéral du Québec
Michel Simard : candidat à la magistrature, nommé juge en chef adjoint à la Cours du Québec, le 5 novembre 2003 par Marc Bellemare à la suite des pressions de Franco Fava et sur ordre de Jean Charest

Témoignagne donné hier par Marc Bellemare devant la Commission Bastarache

— La première fois que j’ai entendu parler de cette question de la nomination des juges, c’est monsieur Fava qui m’en a parlé et qui m’a dit (…) que Marc Bisson avait passé le concours (pour devenir juge). C’était son expression. Il a dit : « Marc Bisson a passé le concours. C’est le fils d’un organisateur et collecteur influent en Outaouais. Il a fait élire Norm (MacMillan). Il a fait élire plusieurs libéraux. Et il faut nommer son fils : il a passé le concours.» Alors c’était la première fois, à partir de mon élection, au-delà peut-être de ce qu’on avait pu me donner comme information théorique sur le processus — comme les règlements — où j’entendais parler de choses qui touchaient véritablement une possibilité de nomination.
(…)
Fin juillet début août 2003, monsieur Fava venait me rencontrer ou me contactait par téléphone pour me dire qu’il fallait nommer Marc Bisson. Et graduellement, au fil des rencontres, Charles Rondeau s’est joint à lui. C’était visiblement deux amis. Rondeau parlait peu. C’est surtout Franco qui parlait.
(…)
Alors au début ça été simplement de lui rappeler que c’était moi qui prenais cette décision-là que de recommander un juge à la Chambre civile comme juge-en-chef. Mais au fur et à mesure que le mois d’août progressait, monsieur Rondeau insistait. Monsieur Fava aussi, plus encore.
(…)
J’avais rencontré au mois d’août, à Montréal, Claude Chicoine. (…) C’était mon choix. Et devant l’insistance de messieurs Fava et Rondeau qui, eux, privilégiaient monsieur le juge Simard, j’ai été embarassé parce que je savais que Franco Fava est un ami proche du Premier ministre. Le Premier ministre m’en avait parlé lui-même à quelques reprises. Monsieur Fava se vantait à qui voulait l’entendre de ses liens d’amitié avec le Premier ministre, qu’il le connaissait intimement. Il disait même qu’il était avec lui le soir de l’élection (générale) le 14 avril 2003. Qu’il le connaissait personnellement. Puis qu’il connaissait tout le monde dans le parti. Puis qu’il fallait nommer notre monde. Puis que ça fait neuf ans qu’on est dans l’opposition : il faut nommer notre monde. Alors monsieur Fava était très, très, très insistant. Et monsieur Rondeau, un peu moins, mais par sa présence, il l’était aussi. Alors devant cette situation, très délicate pour moi, j’en ai parlé au Premier ministre.
(…)
Alors le 2 septembre (2003), j’ai rencontré monsieur Charest (…) à son bureau de Québec. (…) Alors cela a commencé avec la question de la nomination des juges. Je lui ai dit que je trouvais qu’il y avait beaucoup de pressions de la part de deux collecteurs du Parti.
(…)
Je lui ai dit :
— D’abord qui nomme les juges ? Est-ce que c’est moi ou si c’est Franco Fava ?
— Pourquoi tu me dis ça ?
— Bien écoute. Là, depuis le début de l’été, Franco tire prétexte des tribunaux administratifs pour m’approcher et pousser deux candidats. (…) Moi je suis très agacé par cette façon d’agir. Je t’en parles parce que t’es le Premier ministre et je sais que t’as des liens d’amitié avec surtout Franco Fava. Alors la situation est délicate : je t’en parles mais moi je trouve ça inacceptable. Je ne vis pas très bien avec ces pressions-là parce que le processus de nomination, en tout cas au niveau règlementaire, est un processus qui est confidentiel. Et le règlement prévoit bien que je reçois une liste et que je suis le seul qui a accès à cette liste-là, qui est confidentielle. Si je comprends bien le règlement, ça veut dire que je suis le seul aussi à pouvoir recommander au Conseil des ministres… un nom, pour la nomination à la Chambre criminelle à Longueuil.
— Oui, mais moi j’ai déjà eu des problèmes avec les histoires de nomination. J’ai dû démissionner du Cabinet fédéral, dans les années ’90 : j’avais appelé un juge en exercice pour faire de la pression pour un athlète…
Il me parlait de ça de manière très conviviale. Il riait quasiment au moment où il me contait ça.
— …Mais quand c’est le temps de nommer quelqu’un, là il n’y a pas de problème à ce que d’autres personnes que toi puissent dire « Moi je veux nommer Untel ou je veux nommer Unetelle.»
— Là, c’est plus que ça. C’est directif. C’est « Tu vas nommer Bisson. Il faut qu’on nomme…» Ils sont très insistants. Et c’est comme si je n’avais pas le pouvoir de nommer quelqu’un d’autre. Or j’ai rencontré Claude Chicoine, à Longueuil. C’est mon candidat. Il est plus jeune. Il est dynamique. Il est juge-coordonnateur. Il a fait ses preuves à Longueuil. Tout le monde en dit du bien. Il est de la région de Montréal, là où sévit une problématique de délais particulière. (…) En ce qui concerne le juge Bisson, on a un problème. (…) Maitre Bisson est procureur de la Couronne en Outaouais, à Hull. Nommer un procureur de la Couronne de Hull dans le District (judiciaire) de Longueil, on va s’attirer les foudres du Barreau local. Traditionnellement, un Barreau local souhaite, comme la population, qu’un membre du Barreau local soit nommé juge dans son district. Là on va chercher un avocat de Hull, et on le nomme à Longueuil pour des considérations politiques. Et ça, c’est inacceptable. (…)
— Franco, c’est un ami personnel. C’est un collecteur influent du Parti. On a besoin de ces gars-là. Il faut les écouter. C’est un professionnel du financement. S’il t’a dit de nommer Bisson et Simard, nommes-les !

C’est ça qu’il m’a dit.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Parti libéral du Québec encore dans l’eau chaude

Publié le 29 mai 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

CIMA+ est une entreprise de génie-conseil. Elle devance toutes les autres firmes d’ingénieurs pour les dons au Parti libéral du Québec. En 2008 seulement, 64 de ses employés ont donné un total de 171 795 $ à ce parti, dont 46 employés qui ont donné le maximum de 3000 $ autorisé par la loi.

CIMA+ a obtenu des dizaines de millions de dollars en contrats du gouvernement Charest, dont plusieurs millions sans appel d’offre du Ministère des transports du Québec.

La Loi québécoise sur le financement des partis politiques, adoptée par le Parti québécois, interdit la contribution des personnes morales (c’est-à-dire des compagnies et des syndicats, par exemple). Seuls les citoyens comme vous et moi peuvent y contribuer, pour une somme annuelle maximale de 3 000 $.

Toutefois, une rumeur persistante courre à l’effet que certains dirigeants de compagnies utilisent un stratagème très intéressant pour contourner — légalement croient-ils — cette loi. Voici comment on procèderait.

On donne à un collecteur de fonds d’un parti politique une somme très importante, associée à une liste de noms. « Il s’agit de l’argent d’une collecte parmi nos employés. On trouve que vous faites du bon travail. Alors voici la liste, et à côté de chaque nom, la somme qu’il ou elle verse à votre parti. Si vous n’y voyez pas d’objection, envoyez-moi les reçus d’impôt: je remettrai les reçus moi-même et vous sauverez des centaines de dollars de frais de poste. »

Les reçus sont remis comme bonus des fêtes puisqu’ils sont déductibles d’impôt. Pour l’employé, ce reçu ne lui a rien coûté et lui permet d’épargner des centaines de dollars en impôt.

Références :
Charest poursuivi par le financement libéral
Khadir attaque l’intégrité de Charest
Le financement du Parti libéral sous enquête

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La ministre chez Don Corleone

Publié le 21 avril 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Autrefois, la nomination des juges aux tribunaux de compétence provinciale était l’objet d’un démarchage intense de la part des candidats. Afin d’y mettre fin, le gouvernement du Parti québécois a instauré en 1979 la procédure suivante.

Un comité officiel de sélection formé de trois membres — représentant la magistrature, la corporation professionnelle des avocats, et le public — suggérait au ministre de la Justice une liste de candidats aptes à occuper un poste de magistrat. Parmi cette liste, le ministre ne soumettait au Conseil des ministres que le candidat méritant sa recommandation.

Le Conseil des ministre entérinait ou rejetait ce choix. Rarement, sinon jamais, n’a-t-on remis en question la recommandation du ministère de la Justice. Selon Le Devoir, même avant l’adoption de cette procédure, le premier ministre Bourassa, par exemple, évitait de mettre son nez dans le choix de la recommandation du ministre de la Justice.

La semaine dernière, Le Devoir apprend du cabinet de la ministre de la Justice que ce ministère soumettrait au Conseil des ministres, non seulement sa recommandation mais également la liste des candidats retenus par le Comité de sélection. À partir de cette information — démentie par la suite — le journaliste du Devoir publie un article fort bien documenté qui démontre qu’il s’agit d’une régression qui ouvre la porte à toutes les magouilles politiques.

Coup de théâtre, le lendemain. M. Charest déclare que l’attachée de presse de la ministre de la Justice s’est trompée. Le mécanisme est inchangée. Tout est beau. On s’affole pour rien. Selon La Presse, seul la ministre de la Justice a accès à la liste des avocats acceptables comme magistrats, et fait sa recommandation, sans débat, au Conseil des ministres. Ouf! Tout est bien qui finit bien.

Mais on apprend dans La Presse du lendemain 17 avril que la ministre de la Justice discute, au moins occasionnellement, avec M. Charest des candidats au poste de juge avant de soumettre sa recommandation au Conseil des ministres.

On imagine ce bon Don Corleone Charest, à l’abri des regards indiscrets, mettant son nez dans la liste confidentielle des candidats, y repérant un candidat ami, se faisant l’avocat du diable (si j’ose dire), ou simplement s’informant des raisons pour lesquelles le candidat Untel n’a finalement pas été choisi, et s’empressant dès le départ de la ministre de son bureau, d’aviser un membre du Conseil des ministres de faire ce qu’il faut pour qu’Untel soit plutôt nommé.

P.S.— Dans La Presse du 19 avril, on apprend qu’en 2007, la ministre de la Justice a nommé quinze juges dont treize sont des donateurs, souvent généreux, à la caisse du Parti libéral du Québec. Trois jours plus tôt, le même quotidien révélait que sous le gouvernement Charest, le représentant du public au Comité tripartite conseillant le ministre de la Justice peut être la conjointe d’un sous-ministre ou d’un ministre libéral.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Injustice au Conseil des ministres ?

Publié le 18 avril 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Le Journal de Montréal du 16 avril rappelait que Me Marc Bisson, fils d’un des principaux organisateurs libéraux dans l’Outaouais, a été nommé juge en 2003 par le gouvernement Charest. De plus, l’avocate Line Gosselin — alors épouse d’un cousin du ministre du Travail — a été nommée juge par ce même gouvernement en 2004. Hier La Presse écrivait que Me Marie-Claude Gilbert — la conjointe de l’actuel ministre de l’Emploi, de la Solidarité sociale et du Travail — a été nommée juge en mars 2009.

Je ne sais pas s’il y d’autres cas, mais quand je regarde dans ma propre famille, personne n’a été nommé juge. Personne non plus parmi mes amis. Il est vrai que nous n’avons pas non plus de ministre libéral, ce qui n’aide pas.

Je ne sais pas s’il est fréquent pour un ministre d’avoir un conjoint avocat. Si c’est fréquent et si tous ont déjà été nommés juges, c’est parfait. Toutefois, s’il en reste, je me demande pourquoi ils ne l’ont pas été. Avec une rémunération annuelle de $225 000, sans parler de la pension à vie indexée et s’élevant à jusqu’à 65 % du salaire, imagine-t-on la frustration d’un ministre quand toutes les autres épouses ont été nommées juges, mais pas la sienne ?

Avant que l’opposition attaque M. Charest et l’accuse de faire preuve de favoritisme — Y a-t-il accusation plus ridicule ? — je crois que celui-ci devrait corriger la situation et éviter dorénavant toute discrimination en nommant systématiquement tous les avocats libéraux à la magistrature.

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Écrit par Jean-Pierre Martel