Deuxième échec du Canada à se faire élire au Conseil de Sécurité de l’ONU

Publié le 18 juin 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Pendant soixante ans, le Canada a été membre du Conseil de sécurité de l’ONU, obtenant six mandats consécutifs d’une décennie chacun.

Mais ses deux dernières tentatives ont été infructueuses.

Explications.

L’aide internationale

Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, les libéraux fédéraux reprochaient au gouvernement conservateur d’avoir diminué l’aide humanitaire du Canada.

Au lieu d’y consacrer 0,7 % du revenu national brut, comme le recommande l’ONU, le Canada y consacrait 0,32 %.

Arrivé au pouvoir, les libéraux de Justin Trudeau ont diminué encore davantage cette contribution, la faisant passer à 0,27 %.

La politique étrangère

En raison de l’intégration économique des pays d’Amérique du Nord, la politique étrangère du Canada a toujours été proche de celle de nos voisins du sud.

Celle du gouvernement Harper a été du simple couper-coller.

Arrivé au pouvoir en novembre 2015, le gouvernement Trudeau n’a pas eu l’occasion de réorienter notre politique étrangère puisque treize mois plus tard, Donald Trump s’installait à la Maison-Blanche.

Depuis, le Canada en est rendu à exprimer ses blâmes à l’égard des États-Unis par de longs silences…

La politique étrangère du Canada est une catastrophe :
• Le Canada s’est brouillé avec la Chine avec l’affaire Huawei, perdant ainsi le vote de la majorité des pays africains à l’ONU.
• Il s’est immiscé dans les affaires intérieures de l’Ukraine, indisposant la Russie.
• Il s’est mis les pays arabes à dos avec un alignement aveugle en faveur de la guerre coloniale d’Israël en Palestine.
• Il a bombardé la Syrie, perdant ainsi le vote de ce pays à l’ONU, de même que celui de l’Iran, allié du gouvernement officiel de la Syrie.
• Il a indisposé l’Inde à l’occasion d’une visite officielle en affichant de manière ostentatoire ses ministres sikhs au sein de la délégation canadienne et en invitant à une réception un individu reconnu coupable de tentative de meurtre contre un ministre indien en visite au Canada en 1986.
• Justin Trudeau a froissé le roi belge, en visite au Canada pour une semaine à la tête d’une délégation de 200 personnalités issues du monde des affaires et du monde universitaire accompagnées de sept ministres parmi les plus influents du gouvernement belge. Trudeau a refusé de les rencontrer manquant ainsi gravement aux devoirs de sa charge. Le Canada a poussé l’insulte jusqu’à déployer à Ottawa le drapeau allemand à la place du drapeau belge pour accueillir le couple royal.
• Les reproches qu’adresse le Canada à certains pays au chapitre des doits de la personne sont perçus comme un paternalisme moral offensant compte tenu des politiques racistes qu’entretient le Canada à l’égard de ses peuples autochtones.

Conclusion

Depuis l’effondrement de l’URSS, nous sommes passés d’un monde bipolaire — caractérisé par la rivalité entre les blocs occidental et soviétique — à un monde unipolaire dominé par le pays le plus belliqueux de toute l’histoire de l’humanité (selon l’avis de l’ex-président Jimmy Carter), soit les États-Unis.

Élire le Canada au Conseil de sécurité de l’ONU, c’est donner une deuxième voix à la délégation américaine, en plus de son droit de véto.

L’échec du Canada à se faire élire au Conseil de sécurité est le reflet de sa perte d’influence dans le monde en raison de sa politique étrangère catastrophique.

Afin de protéger l’économie canadienne des mesures protectionnistes intempestives que pourrait adopter Donald Trump, le Canada a choisi de ne pas attirer son attention en faisant le mort.

C’est un choix qui se défend. Mais il y a un prix à tout. Et dans ce cas-ci, le prix de la soumission canadienne aux velléités internationales américaines, c’est son purgatoire hors du Conseil de sécurité de l’ONU.

Références :
Aide internationale : le Canada affirme être de retour, mais les chiffres indiquent une vérité alternative
Fin d’un voyage mouvementé de Trudeau en Inde
Gifle diplomatique pour Monsieur Harper
L’affaire Huawei : dure pour le Canada, la vie de caniche américain
Le Canada échoue à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU
Pas de rencontre entre le roi des Belges et Trudeau
Une visite du roi des Belges à la lueur des étoiles… et avec le mauvais drapeau

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gifle diplomatique pour Monsieur Harper

Publié le 13 octobre 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de quinze membres, dont cinq permanents, qui disposent chacun d’un droit de veto. En 1945, lors de la création de cette organisation, le Conseil de sécurité ne comptait que quatre membres permanents, soit États-Unis, la France, l’URSS et le Royaume-Uni. Aux lendemains de la deuxième guerre mondiale, ces pays étaient les quatre grandes puissances victorieuses de ce conflit. Depuis, la Chine est devenue le cinquième membre permanent du Conseil de sécurité.

À ce nombre s’ajoute dix membres non-permanents, élus pour deux ans par l’Assemblée générale de cette organisation. Les membres non-permanents ont droit de vote mais n’ont pas droit de veto. À six reprises depuis soixante ans, le Canada a fait application pour devenir membre du Conseil de sécurité et à chaque fois, notre pays a été élu.

Cette année, notre pays a soumis sa candidature pour la septième fois, en compétition avec l’Allemagne et le Portugal. L’Allemagne a été élue au premier tour alors qu’au second, le Portugal a obtenu 113 votes contre seulement 78 pour le Canada. Puisqu’aucun de ces deux derniers pays n’a obtenu le nombre de votes suffisant — soit les des deux tiers des pays présents à l’Assemblée générale, c’est-à-dire 127 votes — il devait y avoir un troisième tour. Plutôt que de subir une défaite cuisante, le Canada a préféré retirer sa candidature. Tous les observateurs s’entendent pour dire qu’il s’agit d’un revers extrêmement humiliant pour le gouvernement Conservateur canadien.

Dans la mesure où le Canada est perçu comme le petit caniche des États-Unis en politique étrangère, beaucoup de pays ne voient pas l’utilité de lui donner un siège au Conseil de sécurité puisque cela revient à en donner deux aux Américains. Également, le refus du Canada d’honorer ses engagements à réduire sa pollution en vertu du Protocole de Kyoto — protocole qu’il a signé — constitue un scandale diplomatique. En effet, le Droit international oblige tout pays à respecter ses engagements.

Le gouvernement Conservateur canadien, dirigé par le Premier ministre Harper, récolte donc ce qu’il a semé.

Quant à la déclaration du Premier ministre à l’effet que cette défaite ne détournera pas le Canada de ses principes, à ce que je sache, le refus d’honorer ses engagements internationaux est une absence de principe et non le contraire.

Références :
Conseil de sécurité: humiliante défaite pour le Canada
Dur revers pour le Canada aux Nations unies
Le Canada reçoit une gifle à l’ONU

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Écrit par Jean-Pierre Martel