Introduction
Le ministre Christopher Skeete est le ministre québécois des Relations internationales et de la Francophonie. Implicitement, c’est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la CAQ.
Dès son retour du sommet du G20 tenu récemment en Afrique du Sud, il a contacté le Journal de Québec pour réagir à la publication, la veille, du fascicule intitulé ‘Le Québec qui prend sa place dans le monde’, premier chapitre du Livre bleu du Parti québécois.
Chauffé à bloc par les propos alarmistes qu’il a entendus au G20, le ministre a déclaré que l’indépendance laisserait le Québec vulnérable contre la Russie.
« Le jour après un ‘Oui’, on n’est plus membre de l’Otan. Et l’Otan, c’est la seule défense qu’on aurait contre l’agression russe, notre voisin au nord.
Il faudrait demander la permission au Canada pour être membre de l’Otan et ils ont le droit de véto […] Je ne pense pas que ça va leur tenter de dire oui tout de suite.»
Québec et Russie : deux pays distants
Après l’indépendance du Québec, le Canada ainsi amputé partagera une frontière commune avec la Russie dans l’Arctique. Mais pas le Québec. Parce que le Québec ne s’étend pas autant vers le nord.

À l’aide de Google Earth, on peut mesurer la distance entre les côtes de la Russie et celles du Québec; c’est plus de quatre-mille kilomètres.
C’est presque quatre fois la distance entre Berlin et la frontière russe et le double de la distance avec Paris.
En fait, la Russie et le Québec sont aussi éloignés l’un de l’autre que le sont la Russie et le Maroc.
Attaques vs invasion
Distinguons ici entre frappes militaires et invasion militaire.
Dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale qui nous opposerait à la Russie, il existe en sol québécois des cibles que la Russie chercherait absolument à détruire.
Au premier rang desquels se trouvent nos barrages hydroélectriques. Parce que leur destruction handicaperait sérieusement la capacité des États de la Nouvelle-Angleterre (que nous alimentons) à soutenir l’effort de guerre américain.
Mais pour ce faire, la Russie n’a pas besoin d’envahir le Québec; il lui suffit d’utiliser quelques-uns de ses missiles intercontinentaux.
Envahir le Québec, cela veut dire des bottes russes foulant notre territoire. Concrètement, ce sont des milliers de soldats qui parcourraient en avion ou en bateau les quatre-mille kilomètres qui séparent la Russie du Québec.
Une fois cela fait, tout ce dont l’Armée rouge pourrait s’emparer, ce sont des iglous, des traineaux à chiens et des maisons en contreplaqué. Pour piller quelque chose de plus substantiel, cette armée devra ensuite parcourir tout le Québec du nord au sud.
Pourquoi donc la Russie se donnerait-elle cette peine ? Quand il lui suffit de s’étirer le bras vers l’ouest pour piller des palais extraordinaires, des musées où abondent des œuvres d’art, et des banques centrales européennes où sont entreposés des tonnes de lingots d’or et des milliards de dollars en devises.
La vérité, c’est que le Québec est parmi les derniers endroits au monde que la Russie envahirait dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale.
Lorsqu’on pense que depuis trois ans, la Russie peine à faire la conquête de l’Ukraine, il faut beaucoup d’imagination pour croire que l’Armée rouge sera bientôt à nos portes.
Et si une guerre éclate, ce ne seront pas les pays européens qui viendront nous ‘sauver’ puisqu’ils seront trop occupés à leur propre défense.
Le Canada ne nous protègera pas non plus
Lorsqu’on regarde le matériel militaire dont le Canada compte se doter au cours des prochaines années, il n’y a rien qui nous protège réellement.
Par exemple, pour empêcher la destruction de nos barrages par des missiles supersoniques russes, avons-nous besoin de chars d’assaut ? Avons-nous besoin de brise-glaces ? Avons-nous besoin de sous-marins nucléaires ? Avons-nous besoin de chasseurs-bombardiers F-35 ou Gripen qui, dépêchés en toute hâte, arriveront trop tard ?
Ce dont le Québec a besoin, c’est premièrement un bon système de détection. Or les États-Unis auront tout intérêt à nous prévenir immédiatement après qu’une menace se pointera le nez.
Et deuxièmement, le Québec aura besoin d’un grand nombre de missiles sol-air déployés près de nos barrages et près des cibles potentielles d’attaques russes.
Or Ottawa n’a rien prévu à ce sujet parce que l’équipement dont il veut se doter servira à guerroyer à l’Étranger.
En premier lieu, cet armement servira à protéger les pays baltes qui, comme des chihuahuas, ne cessent jamais de japper contre le bouledogue russe depuis qu’ils font partie de l’Otan.
Et deuxièmement, cet armement servira à défendre des pays d’Europe occidentale dirigés par des chefs d’État très impopulaires qui battent le tambour de la guerre dans l’espoir de rallier leur population autour d’eux.
Pour réellement nous protéger en vue d’une Troisième Guerre mondiale, nous devons compter sur nos propres moyens.
Et compter sur nos propres moyens, c’est éviter de remettre notre sort entre les mains de nos amis Canadians qui, évidemment, penseront toujours à eux avant nous.
Références :
Quelles entreprises vont profiter des 82 milliards $ pour la défense du Canada?
Un Québec indépendant serait vulnérable face à la Russie, dit le ministre Christopher Skeete
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Post-scriptum
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, Ottawa rationnait le sucre sur le marché canadien. Chaque province se voyait attribuer un quota.
Le quota pour l’Ontario dépassait largement les besoins de cette province alors que le quota du Québec, immuable, était trop bas.
En conséquence, les confiseries québécoises devaient cesser leur production à l’issue de la quantité de sucre qui leur était allouée.
À l’époque, mon grand-père Elzéar Martel avait fondé à Joliette une petite confiserie à son nom. Avant la guerre, il s’était lié d’amitié avec un collègue franco-ontarien. La guerre venue, ce dernier avait du sucre très au-delà de ses besoins.
Pour faire respecter ses quotas injustes, Ottawa postait des soldats à la frontière entre le Québec et l’Ontario afin de combattre la contrebande interprovinciale (essentiellement de l’Ontario vers le Québec).
Or son fils (c’est-à-dire mon père) avait appris que la nuit, le pont reliant Hull à Ottawa était laissé sans surveillance, particulièrement en fin de semaine.
Chaque samedi soir, mon père utilisait donc un camion non identifié afin de se rendre chez cet ami ontarien et en revenir avant la levée du jour.
Le résultat, c’est que la population de Joliette a connu diverses privations au cours de cette guerre. Mais n’a jamais été privée de friandises.
Tout cela pour dire qu’en vue d’une Troisième Guerre mondiale, sortons de ce pays de merde pendant qu’il en est encore temps.
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Écrit par Jean-Pierre Martel