Le nucléaire dans le monde

Publié le 6 décembre 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

On ne construit plus de centrale nucléaire aux États-Unis depuis Vogtle-2, mise en opération en 1989. Ses coûts de construction — originellement estimés à 660 millions$ — ont finalement atteint 8,87 milliards$, soit treize fois plus. Puisque les centrales appartiennent au secteur privé, ce désastre financier a anéanti tout nouveau projet de centrale dans ce pays.

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec. Le choix du Québec était de débourser environ quatre milliards$ pour restaurer cette centrale (qui n’a jamais été rentable) ou de la fermer. Avant cette fermeture, le Québec tirait 3% de son électricité du nucléaire (comparativement à 52% pour l’Ontario).

La France fermera la plus ancienne centrale nucléaire, vétuste et dangereuse. L’Allemagne s’abstiendra de construire de nouvelles centrales, mais maintiendra ses centrales déjà en opération.

Ailleurs dans le monde, 63 réacteurs nucléaires sont présentement en construction, dont 26 en Chine et 6 en Inde.

Le graphique ci-dessus résume la situation actuelle du nucléaire dans le monde. À droite du nom de chaque pays, le chiffre entre parenthèses est le nombre de réacteurs en activité à la fin de 2012. Le pourcentage est la proportion de l’électricité du pays tiré de ses centrales nucléaires.


Pourcentage du nucléaire dans la production nationale d’électricité
Nucleaire

 
Par comparaison, voici l’importance de l’hydroélectricité pour un certain nombre de pays.


Pourcentage de l’hydrolique dans la production nationale d’électricité

Références :
La Norvège, championne de l’hydroélectricité
Mataillet D. Le monde d’aujourd’hui. La Revue 2012; 21: 135.
Marbot O. Le nucléaire a toujours ses adeptes. La Revue 2013; 35: 28.
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance

Publié le 22 septembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec.

Alors que le cadre financier des promesses électorales du Parti Québécois prévoyait une somme de 13 millions$ consacrée au développement économique du centre du Québec afin compenser pour la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, c’est plutôt une somme de 200 millions$ que Mme Marois a décidé d’allouer à cette fin.

Considérations sanitaires

Cette semaine, le documentaire Gentilly or not to be provoquait une controverse relativement à la sécurité du nucléaire. En substance, le film prétend que la population qui habite à moins de plusieurs kilomètres d’une centrale nucléaire court un risque accru de développer des cancers.

Malgré le fait qu’il soit impossible de bloquer la radioactivité d’une centrale nucléaire, il est très douteux que la population environnante soit à risque.

Il est vrai qu’une paroi de plomb épaisse de 15 cm ne bloque que 50% des rayons gamma. Donc toute la centrale est radioactive et sa radioactivité est proportionnelle à la durée de son exploitation.

Toutefois, l’exposition à la radioactivité diminue avec le carré de la distance. En d’autres mots, lorsqu’on multiplie par 2 la distance d’exposition, on diminue de 4 fois la radioactivité. À 3 fois la distance, on a le 9e de la radioactivité. À 1 km, c’est un million de fois plus faible. À 2 km, c’est quatre millionièmes, etc.

En somme, une femme enceinte qui habite à 1 km de Gentilly-2 reçoit un million moins de radioactivité que n’importe quel employé de la centrale.

D’autre part, il n’existe pas de seuil sécuritaire. Théoriquement, toute radioactivité est néfaste. Toutefois, on doit prendre en considération le bombardement naturel que subit la Terre (d’origine cosmique) : nous sommes bombardés naturellement par une faible quantité de radioactivité. Sur mon compteur Geiger, ce dernier enregistre une dizaine de rayons gamma à la minute, ici même à Montréal.

Qu’une centrale ajoute un rayon gamma à l’heure, cela ne change pas grand-chose. Donc au-delà d’une certaine distance, la radioactivité d’une centrale devient insignifiante.

Considérations économiques

En 2009, l’électricité produite par la fission nucléaire ne constituait que 2,35% de tous les approvisionnements d’Hydro-Québec. Alors que le coût moyen de production d’Hydro-Québec s’élevait à 2,14 cents par kilowatt-heure (kwh) en 2010, un responsable de la division nucléaire d’Hydro-Québec affirmait en 2005 que le coût de production à la centrale de Gentilly-2 s’élevait à 6 cents le kwh — environ trois fois plus — soit d’avantage que le prix de vente au secteur industriel et à peine moins que le tarif résidentiel. En somme, Gentilly-2 n’est pas rentable et ne l’a jamais été.

Lorsqu’on prend en considération, non pas l’électricité de nos vieux barrages des années 1970, mais l’énergie qui sera produite par les barrages futurs d’Hydro-Québec, cette énergie reviendra à environ 10 cents du kwh. C’est davantage que le prix de ce qui est produit par Gentilly-2. Donc, sous cet angle, Gentilly-2 serait rentable (et même compétitive avec l’éolien, notamment).

Malheureusement, cela ne prend pas en considération les milliards$ que coutera la réfection de Gentilly-2, ce qui aura pour effet de faire augmenter considérablement les coûts unitaires de production du nucléaire au Québec.

On estime officiellement à 1,9 milliards$ le coût de réfection de cette centrale. Dans les faits, on s’attend à ce que la facture soit beaucoup plus élevée. Déjà, pour la seule année fiscale 2011-2012, l’État québécois (par le biais d’Hydro-Québec) a gaspillé 850 millions$ — soit presque autant que les revenus de la taxe santé — pour réparer cette centrale alors que presque rien n’a encore été fait.

Dernièrement on a rénové la centrale Point-Lepreau au Nouveau-Brunswick, une centrale CANDU en tous points semblable à Gentilly-2. Prévue à 1,4 milliards$, cette rénovation coûtera finalement au moins 2,4 milliards$, soit 1 milliard$ de plus que prévu.

Il faut savoir qu’Énergie atomique de Canada (ÉACL) a vendu tous ses réacteurs nucléaires ontariens à la firme québécoise SNC-Lavallin pour la modeste somme de 15 millions$. Dans les faits, les 1 200 membres du personnel d’ÉACL sont devenus des employés de SNC-Lavalin. Cette firme de génie-conseil a donc à son emploi à peu près tous les grands experts canadiens dans le domaine nucléaire.

Si le gouvernement Marois avait décidé de briser sa promesse électorale et décidé de rénover Gentilly-2, qui pensez-vous aurait obtenu le contrat de réfection de cette centrale ? La seule compagnie québécoise compétente dans ce domaine spécialisé, soit SNC-Lavalin.

Après avoir commencé les travaux, si cette firme devait informer l’État qu’on doit lui accorder des centaines de millions$ de plus pour effectuer d’autres travaux à la centrale nucléaire, travaux non-prévus dans l’appel d’offres, quel fonctionnaire pourra juger si ces travaux sont essentiels ou non ? Comment l’État aurait pu argumenter avec les plus grands experts du pays ?

Donc SNC-Lavalin aurait pu réclamer autant de rallonges qu’elle aurait voulu : l’État n’aurait pas eu d’autre choix que de payer ou de risquer une catastrophe nucléaire si elle avait ignoré les demandes successives de la firme de génie-conseil. Bref, la réfection de Gentilly-2 aurait été un grand bar ouvert.

Considérations politiques

Le syndicat des employés de la centrale mène depuis quelques jours une campagne contre la décision gouvernementale de fermer Gentilly-2. Les employés de cette centrale sont en bonne partie des diplômés universitaires extrêmement compétents. Ils reçoivent des salaires élevés qui sont amplement mérités. Toutefois, en travaillant pour une centrale nucléaire non-rentable, ce sont des assistés sociaux de luxe.

Il est inutile de prolonger la vie de Gentilly-2. Depuis toujours, cette centrale produit de l’électricité à un coût supérieur aux autres installations d’Hydro-Québec et cet écart s’accentuerait si on devait assumer les coûts de sa rénovation. Quant aux coûts de sa fermeture, ils seront encore plus élevés si nous attendons : plus une centrale nucléaire est en opération, plus elle est contaminée.

Les régions administratives de la Mauricie et du Centre du Québec représentent une population de près d’un demi-million de personnes. Si les élites locales veulent transformer Gentilly-2 en centrale privée, et rénover cette centrale à leurs frais — soit une dépense qui pourrait atteindre la somme de trois milliards$ — ou si SNC-Lavalin veut ajouter Gentilly-2 à sa collection actuelle de centrales nucléaires, pas de problème. Mais on pense que les contribuables vont continuer de payer pour cet éléphant blanc, on se trompe.

Conclusion

Après le Plan Nord, Gentilly-2 devait être le plus important gaspillage des fonds public du gouvernement de Jean Charest. Puisque celui-ci a été répudié, il faut féliciter le gouvernement de Mme Marois d’avoir promptement pris une décision qui non seulement rencontre le vœux de l’immense majorité des Québécois, hostiles au nucléaire, mais correspond à une saine gestion des finances publiques.

Références :
Faut-il réparer Gentilly-2 ?
Fermeture de Gentilly-2 – Le PQ défend une «sage» décision
Gentilly-2: des coûts imprévisibles
La campagne électorale au Québec : le jeudi 16 août 2012
La campagne électorale au Québec : les 23 et 24 août 2012
Le PQ veut toujours procéder au déclassement de Gentilly-2
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2
Réfection de la centrale Gentilly-2 – 275 millions bien embêtants pour le ministre Gignac

Parus depuis :
Hydro recommande de fermer Gentilly-2 (2012-09-29)
Gentilly-2 : remettre les pendules à l’heure (2012-10-11)
La fermeture de Gentilly-2 est inévitable, dit Vandal (2013-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Faut-il réparer Gentilly-2 ?

Publié le 23 avril 2011 | Temps de lecture : 4 minutes


Dix pays (en bleu) les plus dépendants de l’énergie nucléaire


 
Le Québec possède deux centrales nucléaires dont une seule en opération.

La première est Gentilly-1, mise en service en novembre 1970 en fermée dix ans plus tard. Victime d’une série de problèmes techniques, cette centrale n’a produit de l’électricité que pendant 183 jours.

La deuxième est Gentilly-2. Construite au coût de 1,5 milliard$, elle fut mise en service en 1983 et fonctionne toujours. Sa situation géographique — à proximité des centres de consommation de Montréal et de Québec — lui confère une importance particulière au sein du réseau électrique québécois, puisqu’elle permet de stabiliser la tension dans les lignes qui acheminent les grandes quantités d’énergie hydroélectrique produite dans les centrales du nord du Québec.

En 2009, l’électricité produite par la fission nucléaire ne constituait que 2,35 % de tous les approvisionnements d’Hydro-Québec. Alors que le coût moyen de production d’Hydro-Québec s’élevait à 2,14 cents par kilowatt-heure en 2010, un responsable de la division nucléaire d’Hydro-Québec affirmait en 2005 que le coût de production à la centrale de Gentilly-2 s’élevait à 6 cents le kilowatt-heure, soit d’avantage que le prix de vente au secteur industriel et à peine moins que le tarif résidentiel. En somme, Gentilly-2 n’est pas rentable.

Il est à noter que la France produit son énergie nucléaire à 0,0284 euro (3,9 cents) du kilowatt-heure. Donc ce qui est vrai pour le Québec ne l’est pas nécessairement pour ce pays.

En 2009, la dose de rejets atmosphériques de Gentilly-2 a été plus importante que par le passé. En 2010, le taux d’accidents de travail a dépassé les niveaux de 2006 à 2009. Toutefois, les évènements qualifiés de « rapportables » par Hydro-Québec sont restés stables depuis 2007.

De son côté, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a réalisé sa propre enquête et a répertorié 32 lacunes, dont quatre sont jugées majeures.

Après plusieurs années d’études, le gouvernement Charest a annoncé la réfection de la centrale de Gentilly-2 au coût de 1,9 milliard$, ce qui prolongera sa vie utile jusqu’en 2035. Cette décision est sujette à l’approbation de la CCSN, dont la décision est attendue d’ici la fin de cette année.

Encore une fois, il s’agit ici d’un grossier gaspillage des fonds publics. Gentilly-2 n’est pas rentable, ne l’a jamais été et personne ne sait quand elle le deviendra. Aux coûts de sa réfection, il faut ajouter les coûts d’enfouissement des déchets radioactifs : plus on prolonge la vie de la centrale, plus on se retrouve avec des déchets à enfouir.

Ceux qui pensent que le plomb protège de la radioactivité doivent savoir qu’une paroi de plomb, épaisse de six pouces, ne bloque que 50% des rayons gamma. Donc toute la centrale est radioactive et sa radioactivité est proportionnelle avec la durée de son exploitation ; plus on attend, plus elle sera contaminée. Lorsque viendra le temps de la fermer, il faudra détruire et enfouir la totalité de la centrale dans les profondeurs de la terre.

Pour terminer, l’exploitation de l’énergie nucléaire à perte représente un manque à gagner annuel de millions de dollars en comparaison avec un investissement comparable dans d’autres types de production d’énergie.

Le directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand, affirme que le secteur éolien a moins d’impact sur l’environnement et est devenu moins coûteux que le nucléaire.

Références :
Centrale nucléaire de Gentilly
Énergie au Québec
Est-ce la fin du nucléaire?
Hydro-Québec
Jour 1 des audiences publiques
L’énergie nucléaire au Québec
Questions sur le nucléaire : L’énergie nucléaire en France
Une coalition environnementale et politique réclame la fermeture de Gentilly-2

Parus depuis la publication de ce billet :
La CCSN renouvelle le permis de Gentilly-2 (le 29 juin 2011)
Décision de la CCSN sur Gentilly-2 après Fukushima (le 7 juillet 2011)
Cauchemar en vue (les 1er et 2 août 2012)
Gentilly or Not to Be – Pourquoi nous appuyons le Dr Notebaert (le 18 septembre 2012)

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Écrit par Jean-Pierre Martel