Au cours de la saison froide, l’épaisse couche de neige cache aux animaux sauvages les ressources alimentaires qui jonchent le sol des forêts et des sous-bois.
Voilà pourquoi, dans le cas des oiseaux qui y habitent, le Jardin botanique de Montréal installe ici et là des mangeoires chaque hiver afin d’augmenter leurs chances de survie.
Ces mangeoires sont retirées lorsque le temps s’adoucit afin que ces animaux retrouvent leur instinct sauvage et ne deviennent pas dépendants de l’intervention humaine.
Le Jardin botanique interdit aux personnes qui y viennent de nourrir ses petits pensionnaires, peu importe la saison. C’est un interdit que je respecte depuis des années, mais auquel j’ai fait exception cet hiver.
Les jours ensoleillés de mars, en me rendant ou en revenant de l’Insectarium, j’ai pris l’habitude de nourrir les animaux qui fréquentent une petite clairière située un peu à l’écart, entre le Jardin de Chine et le Jardin alpin.
À cette fin, je m’étais procuré des fragments noix de Grenoble achetés au Dollarama (1,50$ pour un sachet de 70 grammes).
Écureuil gris albinos
À la mi-mars, ce que je croyais être, au loin, un morceau de papier qui virevoltait au vent s’est avéré être un écureuil albinos, probablement le seul de tout le Jardin botanique.
Il possède aussi la caractéristique d’avoir le pelage particulièrement long.
Écureuil gris
Les yeux des écureuils gris sont situés de chaque côté de leur tête. Ce qui fait qu’ils voient mal les petits objets situés juste devant leur museau.
Lorsqu’on leur tend un fragment de noix entre nos doigts, l’écureuil doit nécessairement prendre nos doigts entre ses mains et grignoter à l’aveugle ce qu’on leur tend. Ou étirer le museau et prendre le fragment avec ses incisives pour finalement partir avec son butin.
Lorsque le fragment est offert sur la paume de notre main — ce qui implique que l’écureuil doit monter sur notre main pour obtenir sa récompense — sa mauvaise vision dans son axe central fait qu’il n’est pas rare que l’écureuil mordille le bout d’un de nos doigts pour découvrir que ce n’est pas ce qu’il veut, puis s’avance davantage jusqu’à trouver ce qu’il cherche.
À deux occasions, un écureuil m’a mordillé le bout d’un doigt sans réellement me blesser. J’ai simplement bougé légèrement ce doigt en faisant un léger son désapprobateur (tut-tut-tut) pour que l’animal comprenne le message.
Parmi mes petits amis se trouvent au moins deux écureuils roux. À peine plus gros qu’un Tamia rayé, ces rongeurs sont d’une extrême vivacité. Malheureusement, je n’ai pas encore réussi à les photographier.
Mésange à tête noire
Sittelle à poitrine blanche
Photographier des oiseaux qui nous mangent dans la main est un peu compliqué. Cela implique qu’une main leur tend des noix tandis que l’autre tient et actionne l’appareil photographique.
Pour ce faire, j’ai adopté une technique photographique particulière.
Premièrement, j’ai choisi une vitesse d’obturation d’un deux-millième de seconde.
Deuxièmement, afin de ne pas intimider les oiseaux, j’ai utilisé un objectif de petite dimension. Autre avantage : un équipement plus léger est plus facile à soutenir d’un seul bras pendant une période prolongée.
Et surtout, j’ai opté pour l’obturateur électronique de mon appareil photographique, ce qui le rend totalement silencieux.
Pour terminer, la mise au point se faisait à partir de l’écran arrière articulé tourné vers moi, alors que l’appareil proprement dit pointait vers l’oiseau.
Cardinal rouge femelle
Un couple de Cardinaux rouges fréquentent également cette clairière. Parfois, je vois le mâle. D’autres jours, c’est la femelle.
Perché sur sa branche, un peu à l’écart, je vois bien le Cardinal rouge qui observe avec envie les autres oiseaux festoyer. Pour respecter sa timidité, nous avons développé le rituel suivant.
Je prends un beau gros fragment de noix de Grenoble que je pointe vers lui tout en le regardant. Comme pour lui dire : « Celui là, c’est pour toi ».
Dès le fragment déposé sur une branche basse horizontale, je pointe du doigt le fragment tout en regardant le Cardinal rouge. Puis je recule de trois ou quatre pas. Aussitôt, l’oiseau fonce vers le fragment, le saisit de son bec et s’enfuit aussitôt.
Après avoir découvert un gout que je ne connaissais pas pour les noix de Grenoble, j’ai décidé de les garder pour moi et de me procurer la semaine dernière des graines de citrouilles décortiquées et des arachides en écailles pour mes petits amis de la clairière.
Entretemps, le Jardin botanique a retiré ses mangeoires. Ce qui fait que mon expérience de cet hiver se terminera d’ici peu puisque je suis d’accord avec la politique du Jardin botanique à ce sujet et j’entends m’y conformer dans quelques jours, dès que j’aurai écoulé ce qui me reste de noix et d’arachides.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (photos 1, 2 et 7) et Lumix 14-42 mm (les autres photos)
1re photo : 1/1250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 210 mm
2e photo : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 70 mm
3e photo : 1/2000 sec. — F/5,0 — ISO 640 — 21 mm
4e photo : 1/2000 sec. — F/5,0 — ISO 400 — 21 mm
5e photo : 1/2000 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 25 mm
6e photo : 1/2000 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 25 mm
7e photo : 1/250 sec. — F/4,5 — ISO 400 — 140 mm
Postscriptum du 14 avril 2024 : Depuis la publication de ce texte, je suis retourné à cette clairière à trois occasions. Puisque j’ai épuisé ma petite provision de noix et d’arachides à donner, c’est donc la dernière fois aujourd’hui que j’y vais pour nourrir des animaux.
Cliquez sur la photo pour l’agrandir
Entretemps, s’était ajouté un nouvel ami; un Tamia rayé, mignon et expressif.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 — 1/1600 sec. — F/4,0 — ISO 2500 — 210 mm.