Psychodrame au Bloc

28 mars 2018

La majorité des Québécois ne croient pas qu’il soit dans l’intérêt du Québec de quitter le Canada.

Conséquemment, pour le député fédéraliste à Ottawa, il y a une grande différence entre défendre les intérêts du Québec et défendre l’indépendance du Québec. Pour lui, ce sont même des choses opposées.

Mais pour le député indépendantiste à Ottawa, c’est la même chose. Le Québec paie à Ottawa environ 50 milliards$ de taxes et d’impôt en échange de quoi il ne reçoit à peu près rien sauf 9 à 12 milliards$ de péréquation pour se tenir tranquille.

On comprend donc mal ce qui explique la zizanie qui s’est emparée du Bloc Québécois depuis que la nouvelle chef a décidé que la priorité de son parti serait de faire la promotion explicite de l’indépendance du Québec plutôt que défendre les intérêts du Québec.

À mon avis, c’est bonnet blanc, blanc bonnet.

En politique, on ne sait jamais qui est franc et qui est hypocrite. Mais s’il y a une chose dont je suis absolument certain, c’est du dévouement aveugle et inconditionnel de Mme Ouellet pour le Québec.

Est-ce que son approche est la bonne ? Je ne sais pas. Qui peut en être certain ?

Mais je trouve que ce serait une perte de jeter à la poubelle de l’histoire une personne aussi brillante et aussi dévouée sans lui avoir donné sa chance de prouver si son intransigeance donne de meilleurs résultats que le statuquo.

Revenons en arrière.

Selon Camille Laurin, le père de la Loi 101, l’objectif de sa loi était le suivant : « Nous voulons faire du français la seule langue officielle du Québec. Nous voulons que le français, effectivement, devienne la langue de travail et de communication… en ce sens que nous voulons que ça soit le milieu qui devienne français. Nous voulons que tout le monde sache que le français devient la langue… nécessaire, utile, rentable et qu’en particulier, les immigrants et les groupes ethniques se rendent compte que le Québec est français et que, pour gagner leur vie, la langue de promotion, la langue des avantages professionnels est le français.»

Entre autres, cette loi instaurait l’unilinguisme français au travail par défaut. Aucun poste ne pouvait être bilingue à moins que cela soit strictement nécessaire.

Pourtant, lorsque Camille Laurin présenta sa loi, beaucoup de ses collègues trouvaient qu’il allait trop loin. Au quotidien anglophone montréalais The Gazette, les chroniqueurs se déchainèrent violemment contre Camille Laurin, visé personnellement.

Même le rédacteur en chef du Devoir — à l’époque, le pape de la raisonnabilité — critiqua sévèrement le zèle du ministre.

Au moment du vote, les députés libéraux du Québec votèrent en bloc contre.

Pourtant, cinquante ans plus tard, cette loi fait l’unanimité.

Revenons au Bloc.

D’où vient cette peur d’aller trop loin ? Est-ce que la Droite canadienne (ou québécoise ou américaine) craint d’aller trop loin ? Non, elle fonce et bouscule. Et elle corrige le tir sur de petits détails quand ses mesures provoquent un tollé.

Si l’approche de Mme Ouellet donne des résultats ‘catastrophiques’, c’est quoi la catastrophe ? Que peut faire de catastrophique un parti condamné à ne jamais prendre le pouvoir ?

L’indépendance ne sera pas faite par des politiciens incapables d’affronter l’adversité. Martine Ouellet fait la démonstration qu’elle possède l’étoffe de ceux qui peuvent guider un peuple à traverser le désert pour l’amener à la terre promise, quitte à laisser derrière elle les pissous qui ne voudront pas la suivre.

Référence :
Camille Laurin voulait que la loi 101 soit un choc

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Écrit par Jean-Pierre Martel