L’honorable banque HSBC

Publié le 10 février 2015 | Temps de lecture : 6 minutes
Édifice de la HSBC à Shanghai (1923)

Le sigle HSBC signifie Hong Kong & Shanghai Banking Corporation. Cette banque a été fondée à Hong Kong en 1865 dans le but de financer le trafic de l’opium imposé à la Chine par l’Angleterre.

Lorsque Hong Kong fut rétrocédé à la Chine en 1997, cette banque déménagea à Londres, plus précisément au 8 Place du Canada.

Avec son acquisition en 2002 de la Household Finance Corporation aux États-Unis, au coût de 15,5 milliards$, la HSBC devenait le deuxième plus important prêteur hypothécaire à risque aux États-Unis et une des principales institutions qui vendaient aux investisseurs des produits financiers toxiques sous de fausses représentations.

En 2005, Bloomberg accusait la HSBC d’être impliquée dans le blanchiment d’argent des trafiquants de drogue et dans le financement du terrorisme chiite au Proche-Orient.

En février 2007, son annonce d’importantes provisions destinées à éponger les pertes encourues lors de l’effondrement de la valeur des titres hypothécaires toxiques fut le tout premier signe de la crise financière mondiale de 2007.

En 2010, à la suite d’une fuite de renseignements, la police française a obtenu le détail de 30 000 comptes bancaires détenus secrètement dans la succursale suisse de la HSBC, représentant des actifs de 120 milliards$. Ces données ont été partagées avec le fisc de différents pays (dont le Canada) dès cette année-là.

De ces 30 000 comptes, près de 2 000 appartenaient à des citoyens canadiens.

Cette même année, Stephen Green — le PDG de la HSBC de 2006 à 2010 — était nommé ministre d’État du Commerce et de l’Investissement dans le cabinet du Premier ministre actuel du Royaume-Uni. Quelques mois plus tard, il état également nommé Lord à vie et baron de Hurstpierpoint, ce qui lui ouvrait automatiquement la porte de la Chambre des Lords. Il a quitté le cabinet conservateur en décembre 2013 mais il est toujours membre de la Chambre des Lords.

Après avoir nié les accusations de blanchiment d’argent au profit de trafiquants de drogue mexicains portées contre elle par Bloomberg en 2005, la HSBC a accepté de payer en 2012 la somme de 1,9 milliard$ au gouvernement américain en vertu d’une entente hors cour.

De plus, elle fait présentement face à des poursuites pour ses lacunes à déceler des transferts d’argent représentant 19,4 milliards$ en provenance ou à destination de l’Iran, en dépit des sanctions américaines.

Parce qu’elle a bien su refiler ses titres toxiques aux investisseurs, la HSBC a très bien traversé la Grande récession.

En 2014, ses actifs étaient de 2 671 milliards$ et des profits de 16,3 milliards$.

Cette année là, selon Forbes, la HSBC était la sixième plus grosse banque au monde, la quatorzième plus importante compagnie (toutes catégories confondues) et la plus importante entreprise du Royaume-Uni.

En septembre 2014, cette banque a accepté de payer 550 millions$ à deux sociétés hypothécaires américaines pour les avoir induites en erreur relativement à la valeur réelle des titres hypothécaires toxiques qu’elle leur vendait avant la Grande récession.

En novembre 2014, la HSBC a payé une petite amende de 12,5 millions$ pour avoir encouragé l’évasion fiscale de citoyens américains. Toutefois, à ce jour, aucun citoyen américain faisant affaire avec cette banque n’a été accusé par le fisc. Cette impunité fait présentement l’objet d’un scandale aux États-Unis.

Le gouvernement Harper a négocié secrètement le remboursement de sommes impayées par un petit nombre de fraudeurs mais n’a pas jugé bon intenter des poursuites à ce sujet.

Le résultat est que les fraudeurs canadiens ne sont pas incités à prendre l’initiative de se dénoncer; ils ont intérêt à ne rien dire et à payer les sommes dues si jamais ils se font pincer.

En vertu de la loi et de l’ordre — un thème cher au gouvernement Harper — on se demande pourquoi le citoyen surpris à voler un pain à l’épicerie devrait se retrouver avec un casier judiciaire, alors que celui qui vole des millions au fisc ne devrait que payer les sommes dues.

La France et la Belgique ont récupéré à ce jour 620 millions$ d’impôts impayés par leurs citoyens qui avaient choisi leur compte à la HSBC comme moyen d’évasion fiscale. Le Royaume-Uni n’en a récupéré que 205 millions$ (beaucoup moins que la France et la Belgique), ce qui vaut actuellement au gouvernement anglais des accusations de laxisme par son opposition officielle.

Conclusion

Le cas de la HBSC illustre parfaitement la pourriture morale qui gangrène les marchés financiers occidentaux. Ces institutions sont des putains, prêtes a se livrer au blanchiment d’argent, à l’évasion fiscale, à la tromperie de leurs clients, afin de maximiser les profits au bénéfice de leurs actionnaires.

De nos jours, une partie considérable des transactions financières ne consiste pas à créer de la richesse au bénéfice de populations entières, mais à soutenir une économie futile basée sur le gonflement artificiel de la valeur capitalisée des entreprises, créant ainsi une richesse sur papier aussi fragile qu’un château de cartes.

Références :
Crise financière mondiale débutant en 2007
150 journalistes ont été mobilisés pour décrypter le «SwissLeaks»
Crise des subprimes
Des fortunes canadiennes à l’abri de l’impôt en Suisse
En bref – HSBC: 2000 comptes canadiens en Suisse
High Court Snubs $2.7B HSBC Iran Sanctions Case
HSBC
HSBC pays $550M over risky mortgage bonds
Labour keeps up pressure over lack of HSBC prosecutions
Stephen Green, Baron Green of Hurstpierpoint
The World’s Biggest Public Companies
US government faces pressure after biggest leak in banking history
US prosecutors weigh criminal charges against HSBC as Elizabeth Warren turns up the heat

Parus depuis :
Le mythe de l’impuissance (2015-02-11)
Les fraudes d’HSBC : Pousse-au-crime (2015-02-11)
« Swissleaks » : HSBC abritait aussi des « parrains du terrorisme » (2015-02-11)

Détails techniques : Appareil Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/320 sec. — F/7,1 — ISO 100 — 14 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel