Belgique : le syndrome de l’huitre

Publié le 25 novembre 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Alertée de la probabilité d’un attentat terroriste, la Belgique a décidé de se refermer comme une huitre.

Depuis plusieurs jours, les écoles sont fermées, le métro ne fonctionne plus et l’activité économique du pays tourne au ralenti.

Peu à peu, ces mesures seront levées prochainement.

La question que tous les Belges se posent est la suivante : ces précautions, ont-elles prévenu la commission d’un attentat ou l’ont-elles reportée à plus tard ?

À défaut d’avoir identifié les personnes qui se proposent de commettre un attentat et d’avoir procédé à leur arrestation préventive, tout ce qu’on a fait, c’est de forcer les comploteurs à différer leur méfait.

Cela démontre deux choses.

Premièrement, en dépit de la masse colossale de données que les agences de renseignements accumulent à notre sujet, ils n’arrivent pas à les interpréter de manière à prévenir des attentats terroristes.

Ils sont convaincus — probablement à juste titre — qu’un attentat est imminent en Belgique. Mais où ? Comment ? Par qui ? Ils ne savent pas.

Après qu’un attentat ait été commis, les services de renseignements peuvent consulter ces données et remonter dans le temps à la recherche de complices et de lieux où les malfaiteurs se cacheraient encore. Après un attentat, ils sont très efficaces. Avant…

Deuxièmement, on réalise qu’il y a incompatibilité totale entre sécurité et liberté.

Si on désire la protection absolue contre le danger, on ne traverse plus les rues par peur d’un accident automobile, on ne sort plus de chez soi par crainte des malfaiteurs, on ne mange plus ceci ou cela à cause du contenu en cholestérol, des résidus de pesticides, des OGM, etc. Bref, on se laisse mourir de faim ou d’ennui.

Conséquemment, vivre c’est prendre des risques.

En entr’ouvrant sa coquille, la Belgique devient inévitablement vulnérable. Si effectivement un attentat se préparait et n’était qu’en attente d’être commis, beaucoup de personnes rendront les dirigeants du pays responsables de ce drame.

D’avance, ils ont tort.

Les coupables des attentats sont toujours ceux qui les commettent et ceux qui les financent.

S’il y a négligence, elle a été commise par ceux qui dirigeaient le pays dans le passé et qui ont tardé à s’attaquer à la racine du mal, soit la promotion de la haine.

Pour l’instant, craindre le pire est normal. Mais se laisser envahir par le syndrome de l’huitre, c’est céder la victoire aux terroristes.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Belgique : les mesures antiterroristes

Publié le 24 novembre 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Pressé d’agir par les circonstances, le gouvernement belge a adopté dernièrement un plan en trois volets de lutte au terrorisme.

Le premier volet comprend des mesures contre les individus dangereux :
•  l’emprisonnement pour tous les djihadistes belges de retour au pays,
•  le port d’un bracelet électronique pour toutes les personnes fichées par les services d’analyse de la menace,
•  la création immédiate d’une liste de passagers dangereux dans les transports (avions et trains à grande vitesse), sans attendre celle que les autorités européennes doivent créer d’ici peu,
•  l’adoption d’un plan d’action spécial pour le quartier bruxellois de Molenbeek, qualifié à l’étranger de ‘Belgistan’ (voir note ci-dessous),
•  la déchéance de la nationalité belge en cas de condamnation pour terrorisme d’un citoyen possédant une double citoyenneté.

Suivent les mesures destinées à renforcer la sécurité :
•  les perquisitions pourront avoir lieu n’importe quand en matière de terrorisme,
•  avant que ne soit portée une accusation devant les tribunaux, la durée maximale des gardes à vue (appelées en Amérique du Nord « mise en état d’arrestation ») passera de 24h à 72h dans les cas de terrorisme,
•  l’interdiction de l’achat anonyme de cartes de téléphones pré-payées,
•  l’élargissement de l’éventail des méthodes de recherche antiterroriste (empreintes vocales et élargissement des écoutes téléphoniques, notamment concernant le trafic d’armes),
•  le renforcent des vérifications à l’embauche pour des emplois sensibles,
•  l’accroissement du réseau de caméras de surveillance et de reconnaissance des plaques minéralogiques.

Pour terminer, on a adopté des mesures contre la radicalisation :
•  les prêcheurs extrémistes étrangers seront expulsés,
•  tous les prédicateurs belges seront ‘screenés’ (selon le mot vague de la télévision belge) en vue de les assigner à résidence si cela est jugé approprié,
•  les lieux de culte non reconnus qui diffusent le djihadisme seront fermés,
•  les sites internet qui véhiculent la haine cesseront leurs activités.

Pour l’instant, 520 militaires vont être déployés pour renforcer la sécurité du royaume belge et les contrôles seront renforcés aux frontières.

Le cout des nouvelles mesures belges contre le terrorisme est estimé à 420 millions d’euros.

Note du 19 mars 2016 : Lors de l’arrestation à Molenbeek du dernier terroriste encore vivant ayant participé aux attentats de Paris, les policiers belges qui ont mené l’assaut ont dû se protéger des projectiles lancés par des habitants du quartier.

Référence : Voici les 18 nouvelles mesures du gouvernement pour lutter contre le terrorisme

Paru depuis : Attentats de Paris – Abdeslam arrêté à Bruxelles (2016-03-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel