L’empoisonnement chronique à l’arsenic au Bangladesh

6 avril 2016
Minerai de sulfure d’arsenic

Il y a des millions d’années, lorsque le globe terrestre s’est solidifié, sa composition n’était pas homogène. Voilà pourquoi de nos jours on exploite des gisements à des endroits précis et pas ailleurs.

L’Himalaya est une chaine de montagnes qui s’étire sur 2 400 km de long. L’érosion de sa roche libère de l’arsenic qui contamine les nappes phréatiques de certaines régions de l’Inde, de la Chine, du Vietnam et du Cambodge.

C’est ainsi que vingt-millions de personnes au Bangladesh — sur les 164 millions que compte le pays — boivent quotidiennement de l’eau contaminée à des concentrations excessives d’arsenic. Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est le plus grand empoisonnement de masse de l’histoire de l’Humanité.

Les normes internationales exigent des taux d’arsenic inférieurs à dix parties par milliard (un milligramme d’arsenic dans mille litres d’eau). C’est le cas en Occident. Dans beaucoup de pays en développement — dont le Bangladesh — la norme utilisée est cinq fois plus élevée.

Environ 1,4 million de puits (le sixième de tout le pays) dépassent cette norme, déjà moins exigeante. 43 000 citoyens sont atteints de lésions cutanées typiques d’arsenicose. Ces lésions douloureuses s’infectent facilement et peuvent conduire à la gangrène.

En tant que perturbateur endocrinien, l’arsenic favorise l’apparition de cancers de la peau, des poumons, de la vésicule biliaire et des reins. Lorsqu’on décède d’un empoisonnement chronique à l’arsenic, c’est habituellement par le biais du cancer du poumon.

Au Bangladesh, beaucoup de personnes croient à tort que les lésions cutanées de l’arsenicose sont contagieuses. Par conséquent, des parents interdisent à leurs enfants de jouer avec leurs petits amis atteints. Dans ce pays, l’aspect disgracieux de ces lésions, lorsqu’elles atteignent le visage, est un handicap au mariage.

Dans ce pays à 90% musulman, l’âge minimal du mariage est très bas. Conséquemment beaucoup de fillettes sont mariées avant l’apparition des symptômes. Lorsque ceux-ci apparaissent, cela conduit à leur répudiation, les condamnant à la plus grande pauvreté.

Jusque dans les années 1980, la plupart des Bengladais tiraient leur eau potable de cours d’eau et de puits artésiens. Afin d’enrayer le choléra et la dysenterie endémique des villages, l’ONU et des ONG internationales ont encouragé les villageois à creuser des puits plus profonds (à environ 50 m) d’où on pouvait puiser une eau dépourvue de pathogènes.

Malheureusement, le roc qu’on creusait ainsi était souvent riche en arsenic.

C’est une décennie plus tard, à l’apparition des premiers cas d’empoisonnement à l’arsenic, qu’on s’est rendu compte de cette erreur.

D’un côté, on avait corrigé un problème infectieux aigu, responsable de milliers de morts annuellement. Mais de l’autre, on l’avait remplacé par un problème chronique, moins mortel, mais qui affecte des millions de personnes.

Depuis l’UNICEF et diverses ONG travaillent dans la mesure de leurs moyens à améliorer la qualité de vie des villageois.

On s’est rendu compte que dans 80,9% des villages, la contamination affecte moins de 40% des puits. D’où l’idée d’identifier les puits ‘sains’ et de condamner les autres.

Là où cela n’est pas possible, on distribue des filtres commerciaux. Cette mesure efficace a l’inconvénient de créer une dépendance perpétuelle à des produits généralement importés.

Dans un petit nombre de cas, on recueille l’eau de pluie ou on fait passer l’eau au travers d’épaisses couches de sable fin et de matériaux locaux adsorbants.

Références :
Arsenic Mitigation in Bangladesh
Millions of people in Bangladesh still drinking arsenic-laced water

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8 — 1/125 sec. — F/10,0 — ISO 1250 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel