Vaccins et dogmes religieux

Publié le 11 mars 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

Les savants qui consacrent leur vie à la recherche embryologique utilisent depuis près de cinquante ans une lignée de cellules fœtales obtenue par avortement. Comme le levain du boulanger, cette lignée de cellules rénales se multiplie continuellement depuis 1973.

Leurs découvertes ont permis de sauver des millions de vies humaines, notamment par la mise au point de vaccins, dont ceux d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson.

En raison de l’opposition de l’Église catholique à l’avortement, la Conférence des évêques catholiques du Canada demande aujourd’hui à ses fidèles d’éviter les deux vaccins dont on vient de parler.

En réalité, ces deux vaccins ne contiennent aucune cellule fœtale ni aucune molécule tirée d’un avorton. Mais il est vrai que le développement de ces vaccins a fait appel à cette lignée embryonnaire.

Le respect absolu de l’Église catholique à l’égard de la vie humaine fait partie de son dogme récent.

Un bref retour sur le passé nous fait remémorer l’inquisition espagnole au cours de laquelle on torturait à mort ceux qui ne voulaient pas se convertir au christianisme.

On se rappellera également les Croisades qui ont mis à feu et à sang le Proche-Orient. Et les guerres de religion qui ont ponctué l’histoire européenne pendant des siècles.

Par exemple, il est significatif que le signal du déclenchement du massacre de la Saint-Barthélemy à Paris ait été le tocsin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Les sites de vaccination au Québec ne sont pas des cafétérias. Qu’on soit catholique ou non, on reçoit le vaccin disponible ce jour-là. Le souhait que les fidèles puissent choisir le vaccin qu’ils préfèrent est un vœu pieux.

Pour un grand nombre de fidèles, la prise de position dogmatique des évêques catholiques crée un problème de conscience qui n’existait pas chez la majorité d’entre eux.

Le principal inconvénient de la ‘fatwa’ des évêques canadiens est de discréditer le catholicisme.

À travers le Canada, il existe des milliers de religieuses et d’hommes d’Église qui consacrent leur vie à aider les autres. À écouter avec empathie les confidences de ceux qui souffrent. À recueillir des vivres pour ceux qui ont faim. À donner des vêtements usagés à ceux qui ont froid.

Ces religieux sont une main-d’œuvre à bon marché pour une aristocratie religieuse coupée des problèmes du monde.

Une aristocratie qui n’a pas compris que l’Église de Rome porte encore, des siècles plus tard, les stigmates de l’excommunication ou des menaces d’excommunication dirigées contre les savants qui soutenaient que la terre n’était pas plate et que c’était notre planète qui tournait autour du soleil et non l’inverse.

Religion et science ne sont pas incompatibles, mais font un très mauvais ménage quand on insiste pour que le dogme religieux réduise au silence les découvertes scientifiques.

Bref, je suggère aux évêques catholiques de sauver les âmes et de laisser les médecins sauver les corps.

Références :
Le clergé demande d’éviter les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson
Massacre de la Saint-Barthélemy


Postscriptum du 12 mars : Les évêques des principaux diocèses du Québec — Montréal, Québec et Longueuil — se sont dissociés totalement de la ‘fatwa’ émise par la Conférence canadienne.

Références :
Non, les vaccins contre la COVID-19 ne contiennent pas de tissus d’embryons humains
Vaccination : des diocèses déplorent les propos de la Conférence des évêques

2 commentaires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Vatican et la vie

Publié le 28 mai 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Après avoir qualifié l’avortement de crime lors d’un discours prononcé devant un groupe opposé à l’interruption volontaire de la grossesse, le cardinal Ouellet nuance : c’est un désordre moral. En s’exprimant ainsi, le cardinal n’émet pas seulement un point de vue personnel; il parle au nom de l’Église catholique dont c’est la position officielle. De nos jours, cette dernière est un défenseur de la vie et ce, dès le moment de la conception. Toutefois, cet appui inconditionnel à la vie est relativement récent.

À l’époque où on brulait les sorcières, on ne se souciait pas de savoir si elles étaient enceintes. Si elles l’étaient, les flammes purificatrices du bûcher faisaient alors une pierre deux coups puisqu’on se débarrassait également du fruit du péché ou d’un enfant du diable puisque tout le monde sait que les sorcières s’accouplent avec Satan en personne…

Durant l’Inquisition espagnole, qui fit des milliers de morts, l’Église catholique n’était pas particulièrement obsédée par le respect de la vie, alors que ses Dominicains soumettaient les accusés à la question (c’est-à-dire à la torture) ou les condamnaient à mort. En fait, jusque vers 1600, toute conversion à une religion autre que chrétienne était passible de la peine de mort en Espagne.

Durant le massacre de la Saint-Barthélemy, en 1572, l’Église n’a pas levé le petit doigt pour calmer l’ardeur des exterminateurs catholiques contre les Huguenots français.

Au cours de la croisade contre les Cathares (des hérétiques du Sud de la France, au XIIIe siècle), Arnaud Amalric, le légat du pape, écrit à Innocent III au sujet du massacre de Béziers, en 1209 : « Les nôtres, n’épargnant ni le sang, ni le sexe, ni l’âge, ont fait périr par l’épée environ 20 000 personnes et, après un énorme massacre des ennemis, toute la cité a été pillée et brulée. La Vengeance Divine a fait merveille. »

C’est seulement après la séparation entre l’État et l’Église, que cette dernière ne pouvait plus se servir de l’appareil répressif de l’État (l’armée, la police, les tribunaux, les prisons et les bourreaux) pour lui faire faire la sale besogne. Privée de tout moyen de punir à part l’excommunication et la menace effrayante des feux de l’enfer, l’Église s’est redéfinie comme une religion d’amour et de pardon.

En conclusion, je ne reprocherai jamais à quelqu’un d’avoir des principes moraux. Toutefois, ce que je regrette, c’est cette manie de certains de vouloir imposer leurs principes à ceux qui ne les partagent pas. De plus, je me demande quel amour peut escompter le nourrisson affamé qui pleure, alors que ses cris incessants rappellent à sa mère ceux du géniteur au moment du viol qu’elle a subit.

Références :
Inquisition espagnole
Le débat sur l’avortement est rouvert et doit le rester, dit le cardinal Ouellet
Le fin mot de l’histoire: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» – Arnaud Amaury
Massacre de la Saint-Barthélemy

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Écrit par Jean-Pierre Martel