La soie d’Amérique

16 décembre 2017
Asclépiade commune (Asclepias syriaca)

Ce sont les Chinois qui, les premiers, ont eu l’idée de dérouler le long fil qui, enroulé sur lui-même, forme le cocon d’un papillon nocturne, le Bombyx du murier.

En se servant de ce fil pour tisser, on obtient un tissu blanc, doux et lustré.

La chenille du Bombyx du murier n’est pas la seule à fabriquer un cocon de soie. Tous les papillons de nuit font pareil. Même la toile des araignées est également composée de soie.

Chimiquement, la soie est formée de longs polymères d’acides aminés.

Beaucoup de plantes peuvent créer de tels polymères. Pensons au pissenlit dont chaque graine est suspendue à un petit parachute blanc appelé aigrette. Les poils des aigrettes sont formés de soie végétale.


À l’automne

L’asclépiade commune est une plante sauvage dont le fruit allongé s’ouvre à maturité pour libérer des graines dont chacune est connectée à un faisceau de minces fibres de soie végétale.

Ces fibres soyeuses, légères et lustrées, sont trop courtes pour être tissées. Mais elles ont la particularité d’être creuses et, conséquemment, de constituer un excellent isolant thermique et sonore.

Plus chaude et plus légère que le duvet, la soie de l’asclépiade est hypoallergène. Et contrairement au duvet, elle conserve ses propriétés isolantes même mouillée.

Ce qui la trempe, ce sont les huiles. Et parce qu’elle est totalement imperméable à l’eau, on peut utiliser la soie d’asclépiade pour éponger sélectivement les produits pétroliers répandus à la surface d’un cours d’eau : il suffit d’entourer les hydrocarbures de sacs de soie d’asclépiade pour faire régresser la nappe pétrolière.

Cultivée commercialement, l’asclépiade commune prend alors le nom de soyer du Québec.

Cette plante met trois ans à atteindre sa pleine maturité.

Elle pousse dans des sols pauvres, ne nécessite aucun engrais et produit son propre insecticide naturel puisque cette plante est toxique. Le sol n’a même pas besoin d’être labouré; on la laisser simplement pousser.

Seule la chenille du Monarque, indifférente à sa toxicité, se nourrit de ses feuilles.

Contrairement à la plante, le nectar et le pollen du soyer ne sont pas toxiques. Et comme le soyer est cultivé sans pesticide, les abeilles peuvent donc butiner ses fleurs sans danger.

Malheureusement, les entreprises qui se sont lancées dans la production de la soie d’Amérique (Encore 3 de Saint-Tite et Fibre Monark de Granby) ont dernièrement fait faillite.

Jusqu’ici, le gouvernement du Québec a accordé des subventions qui totalisent 1,2 million$ à ces entreprises mais n’a pas jugé bon participer à leur capital-actions.

Les producteurs de la Mauricie, regroupés en coopérative, cherchent donc de nouveaux débouchés.

Souhaitons-leur bonne chance.

Références :
Derome R. Les pionniers de la soie d’Amérique. Quatre-Temps 2016; vol.40 no 3: 8-12.
Soie

Paru depuis :
Le timide retour de l’asclépiade (2021-11-09)

Détails techniques : 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1re photo), PanLeica 8-18 mm (2e photo) et M.Zuiko 25 mm F/1,2 (3e photo)
1re photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 38 mm
2e  photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 17 mm
3e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel