Jacques Parizeau radote

Publié le 19 février 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

Dans son discours-choc le soir de la défaite référendaire de 1995, le Premier ministre de l’époque, Jacques Parizeau, déclarait : « Nous sommes battus, c’est vrai ! Mais, dans le fond, par quoi ? Par l’argent, puis les votes ethniques ».

Les personnes qui ont voté contre l’indépendance du Québec, ce 30 octobre 1995, ont eu raison de poser ce geste. Leurs opposants, soit ceux qui ont voté « Oui », ont également eu raison. Parce que dans une démocratie, le citoyen a toujours raison de donner son opinion. Et dans un référendum, c’est précisément ce qu’on lui demande de faire.

Si M. Parizeau a perdu ce référendum, c’est par sa faute. Plus précisément, c’est parce qu’il n’a pas été suffisamment convainquant auprès de ceux qui ne partageaient pas son avis.

Aux États-Unis, les Républicains viennent de perdre pour une deuxième fois consécutive, une course présidentielle. Ils l’ont perdue parce que les Latino-américains ont voté massivement pour le Président Obama. Mais plutôt que de cultiver la rancœur à l’égard de cette minorité ethnique, les Républicains ont commencé à remettre en question la partie de leur programme électoral qui a braqué les Latinos contre eux. Voilà comment s’exerce le réalisme politique.

M. Parizeau aime profondément le Québec. Et il est attaché à son peuple. Mais il n’est pas un démocrate : même lorsqu’il s’en remet au peuple, c’est parce qu’il présume que ce dernier lui donnera raison. Il partage l’opinion, courante au Québec, que les avantages que nous retirons de l’immigration sont peu de chose en comparaison avec les avantages que retirent ceux qui viennent habiter ici. Conséquemment, les néoQuébécois auraient une dette envers le Québec. Et une des manières d’acquitter cette dette, c’est de voter en faveur de l’indépendance, ce qui leur accorde aussitôt le statut de vrais Québécois…

Exprimée de la manière, cette logique semble un peu tirée par les cheveux. Mais c’est précisément ce qui explique la rancœur de M. Parizeau ce soir du 30 octobre 1995 : les néoQuébécois auraient dû voter « Oui » par obligation, à défaut de conviction.

Dans une entrevue publiée samedi dernier, Jacques Parizeau a dénoncé le souhait, exprimé par le ministre Jean-François Lisée, que davantage de préposés à la clientèle de la Société de transport de Montréal soient bilingues.

Ce n’est pas en empêchant les Anglophones de Montréal d’être servis dans leur langue qu’on va empêcher l’anglicisation de la métropole. C’est plutôt en interdisant l’école publique anglaise aux néoQuébécois et en obligeant les marchands à embaucher du personnel apte à servir en français les Francophones du Québec.

Tenter de priver la minorité anglophone du droit à des services dans sa langue, comme le souhaite M. Parizeau, c’est la braquer contre le Parti québécois.

Les dirigeants actuels de ce parti ont entamé une politique de d’ouverture et de dialogue avec les Anglos québécois qui ne peut qu’être profitable à tous, alors que le Québec est confronté à la nécessité de renforcer des politiques linguistiques non pas dirigées contre eux, mais dirigés pour nous, les Francophones.

La nuance entre les deux est mince : voilà pourquoi la politique de dialogue du ministre Lisée doit être encouragée.

Références :
Les anglophones se méfient du PQ, selon un sondage
Lisée défend son ouverture envers les anglophones
Référendum de 1995 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel