L’injustice et la peur

23 septembre 2014

Le moteur des révolutions est le sentiment d’injustice.

En Tunisie, un vendeur voit son étal de fruits confisqué arbitrairement par la police. Dans son esprit, la perte de son unique gagne-pain condamne ses enfants à mourir de faim. Il s’immole par le feu pour dénoncer cette injustice et son sacrifice déclenche le Printemps arabe.

Aux États-Unis en 1764, une taxe jugée injuste sur le thé déclenche une révolte — animée par le slogan « No taxation without representation » — qui mène à la Révolution américaine.

En 1789, la misère du peuple et le faste de la cour entrainent la France sur la voie de la Révolution française.

Après près de 1,7 million de morts au cours de la Première Guerre mondiale — causés par une aristocratie militaire incompétente — il faudra un hiver rude et des pénuries alimentaires pour déclencher des émeutes (sévèrement réprimées) menant à la Révolution russe.

Sans qu’il s’agisse d’une révolution, rappelons que l’accession au pouvoir du Parti Québécois en 1976 a été favorisée par un fait divers; la suspension, par la Canadian Air Traffic Control Association, de pilotes et contrôleurs canadiens-français pour avoir parlé entre eux en français.

À l’opposé, le meilleur moyen d’étouffer une révolte, c’est la peur. La peur de la mitraille ou la peur des conséquences d’un bouleversement politique ou économique. De manière absurde, il faut que même le pauvre se dise : « J’ai rien mais je ne veux pas tout perdre. »

Voilà pourquoi la peur a été utilisée contre les indépendantistes d’Écosse et ceux du Québec. Elle le sera contre les indépendantistes de Catalogne.

Certains s’en offusquent. Moi, je trouve cela normal. Le recours à la peur est légitime de la part de ceux qui s’opposent au changement parce qu’ultimement, c’est le seul moyen qui marche. Or, lorsqu’il s’agit de la raison d’État, la fin justifie toujours les moyens.

À méditer :
Woodstock et la liberté comme domination (2019-09-08)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le colloque destiNation

21 septembre 2014

Hier et aujourd’hui, j’ai participé au colloque indépendantiste « destiNation : Nouvelles idées » organisé par le Conseil de la souveraineté du Québec.

Ouvert à tous, ce colloque réunissait un millier de participants invités à entendre des conférenciers le matin et, en après-midi, à discuter de sujets précis en ateliers. Je me suis inscrit à celui relatif à la langue et à la culture. Le lendemain, les propositions adoptées en atelier étaient soumises pour adoption finale lors d’une plénière.

Parmi les conférenciers, quelques-uns furent plutôt bien. Mais la majorité des exposés furent exceptionnellement bons, présentés par des conférenciers brillants que j’entendais pour la première fois.

En atelier, les participants étaient invités à discuter de deux projets de propositions (susceptibles d’être amendées) et, si approprié, à soumettre de nouvelles propositions.

En plénière, les seules propositions retenues en atelier qui furent soumises à l’assemblée étaient celles qui apparaissaient originellement dans le cahier de propositions (à quelques détails près).

Globalement, il s’agissait de vœux pieux et dans certains cas, de propositions tellement ambitieuses qu’elles dépassent les capacités organisationnelles du Conseil de la souveraineté du Québec.

En effet, cet organisme est financé par les cotisations de quelques centaines de membres et par les profits réalisés lors d’événements-bénéfices (exemple : des méchouis).

Bref, n’importe quel stratège hostile à l’idéologie de cet organisme aurait très bien pu voter en faveur de certaines de ses résolutions dans l’espoir machiavélique qu’il se disperse dans tous les sens et épuise ses bénévoles à des projets mobilisateurs trop ambitieux.

Toutes les propositions ont été adoptées sauf une. Personnellement, j’ai voté contre un petit nombre d’entre elles.

Les propositions de l’atelier sur la langue et la culture

Les projets de propositions soumises à notre attention visaient quatre objectifs. Premièrement, réaffirmer l’importance de la défense du français. Deuxièmement, se prononcer en faveur du soutien de l’État aux industries culturelles. Troisièmement, inviter ces industries à réfléchir sur la manière de mieux orienter l’action du mouvement indépendantiste sur les enjeux culturels. Et dernièrement, inviter les artistes à promouvoir le mouvement indépendantiste.

Bref, rien de concret. De belles propositions charmantes et inoffensives, délicates comme de la dentelle et aussi consistantes que du Jell-O.

En lisant et relisant les résolutions de mon comité, l’image qui me venait constamment à l’esprit, c’est celle d’une famille qui se réveille alors que leur maison est en feu. Au lieu d’appeler les pompiers ou de se précipiter à l’extérieur afin d’éviter d’être brulés vifs, les membres de cette famille décidaient plutôt de se réunir autour de la table de la cuisine afin de discuter d’une proposition visant à sensibiliser les pompiers à l’importance d’éteindre les feux.

Bref, dans 500 ans, si des anthropologues devaient creuser le sol de Montréal dans le but d’essayer de comprendre comment la société québécoise s’est éteinte, il leur suffira de découvrir les résolutions dont ses élites discutaient alors que leur maison était en feu, pour comprendre pourquoi cette société a disparu.

L’erreur du Budget de l’An 1

J’ai également voté contre la proposition voulant «… que les organisations de la société civile entreprennent une réflexion sur la nécessité pour le Québec de mettre en œuvre une démarche constituante permettant aux Québécois de définir leur propre constitution ».

Ce charabia signifie que le petit nombre d’organismes qui soutiennent le Conseil s’uniraient à lui pour former une Assemblée constituante — à l’image de celle de 1789, au début de la Révolution française — qui s’attellerait à la tâche de rédiger, au nom de la nation québécoise, la constitution hypothétique d’un Québec indépendant.

J’ai voté contre parce qu’il est extrêmement prétentieux pour le Conseil, représentatif d’un minuscule pourcentage de la nation, de se donner le mandat de diriger les travaux menant à la rédaction de la constitution d’un pays à venir.

Au cours des deux référendums précédents, personne n’a demandé de voir la future Constitution du Québec avant de voter.

Pour le mouvement indépendantiste, il est donc imprudent de risquer que la stratégie de la future campagne référendaire dérape au sujet d’un obscur article d’un texte constitutionnel hypothétique et répéter ainsi l’erreur du « Budget de l’an 1 » du Parti Québécois.

D’où vient cette manie de créer des vulnérabilités inutilement ? De toute évidence, certains indépendantistes ne tirent jamais de leçon des erreurs du passé.

Les référendums-suicides

De plus, j’ai voté contre la résolution voulant qu’on tienne, dès que possible, un référendum sur l’indépendance du Québec.

La veille, un conférencier est venu expliquer que l’appui populaire à l’indépendance est en lent déclin depuis des années.

Déclin de l’appui à l’indépendance du Québec depuis une décennie

Depuis les deux référendums sur l’indépendance, battus de justesse, le Québec accueille annuellement 50 000 personnes, ce qui fait un demi-million d’immigrants par décennie.

À 60%, ceux-ci choisissent de s’angliciser. Au contraire, le Québec est francophone à 80%. Cet apport humain de néoQuébécois entraine donc un bouleversement démographique.

Au sein d’une population déchirée à se sujet, la diminution du pourcentage des Francophones qui habitent Montréal et sa périphérie entre 2006 et 2011 s’opère dans un contexte où chaque fraction de pourcentage compte.

Le seul groupe linguistique majoritairement favorable à l’indépendance, ce sont les Québécois francophones (de souche ou non). Or leur ferveur indépendantiste diminue depuis une décennie.

Il est donc impossible que la nation québécoise vote majoritairement pour l’indépendance tant et aussi longtemps que le pourcentage de Francophones à Montréal continuera de péricliter et tant qu’on n’aura pas convaincu davantage de Francophones à l’option indépendantiste.

À vouloir imposer aux gens un référendum dont ils ne veulent pas, certains Québécois en sont rendus à faire de l’urticaire simplement à entendre prononcer le mot « référendum » alors qu’il n’y a rien de plus démocratique que de donner au peuple le pouvoir de décider des enjeux importants qui le concernent.

L’aveuglement idéologique du Conseil explique à la fois sa volonté de promouvoir la tenue de référendums-suicides, et l’insignifiance des propositions qui nous ont été soumises à l’atelier sur la langue et la culture.

Conclusion

À la suite de la défaite électorale cuisante des deux principaux partis politiques indépendantistes — le Bloc Québécois sur la scène fédérale et le Parti Québécois sur la scène provinciale — les partis et mouvements indépendantistes sont plus que jamais ouverts aux idées nouvelles.

Toutefois, elles ont encore conservé les mécanismes de défense qu’elles ont mis en place depuis des décennies afin de se protéger des hurluberlus et des fanatiques.

Mais en dépit de ces réflexes défensifs, ces organisations ont perdu la suffisance qu’elles affichaient du temps de leurs heures de gloire. Même si les idées que j’ai exprimées dans l’atelier auquel je me suis inscrit n’ont pas été retenues et n’ont donc pas été présentées à l’assemblée du lendemain, ces idées — qui sont celles que j’exprime depuis quatre ans sur ce blogue — ont trouvé un autre terreau fertile et je suis convaincu qu’elles feront leur chemin.

Pour terminer, voici quelques photos prises à ce colloque.

L’animatrice Martine Desjardins et les conférenciers Pierre-Alain Cotnoir et Jean-François Nadeau
Flavie Payette-Renouf, Robert Laplante et Monique Pauzé
Danic Parenteau
Jean-Pierre Charbonneau
Jocelyn Caron
L’ex premier ministre Bernard Landry
Animateurs de mon atelier : Jean-François Payette, Simon-Pierre Savard-Tremblay, Maxime Laporte, Flavie Payette-Renouf Pierre Curzi et (hors champ) Andrée Feretti
Jason Brochu-Valcourt (vice-président) Gilbert Paquette (président) annonçant le changement de nom de « Conseil de la souveraineté du Québec » à « Organisations unies pour l’indépendance du Québec »
Clôture animée par des jeunes

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R
1re photo : 1/160 sec. — F/4,8 — ISO 1600 — 82 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 1000 — 145 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 150 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,1 — ISO 2500 — 108 mm
5e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 150 mm
6e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 1250 — 150 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 1000 — 40 mm
8e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 1250 — 150 mm
9e  photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 320 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Données linguistiques de Montréal selon le recensement de 2011

18 mai 2013

Le 9 mai dernier, le quotidien La Presse titrait en manchette que le français gagnait du terrain à Montréal. Étonnamment, cette manchette était basée sur très peu de données factuelles.

Dans une province francophone à 80% — et dans une ville qui était francophone à 65% il n’y a pas si longtemps — le français ne peut « gagner du terrain » (pour reprendre l’expression de La Presse), que si le pourcentage de néoQuébécois qui choisissent ultimement de s’assimiler à la majorité francophone est de l’ordre de 65 à 80%. Autrement, les 50 000 immigrants que le Québec accueille annuellement contribuent, au contraire, à son déclin.

J’ai donc décidé d’aller à la source et d’obtenir les données de Statistiques Canada relativement aux langues parlées à la maison.

Pour moi, une personne qui habite le Québec, née de parents francophones, mais qui, de nos jours, lit principalement des textes en anglais, qui voit des films en version anglaise, qui écoute de la musique anglaise et surtout, qui parle anglais à la maison, n’est plus un Francophone.

De la même manière, les données relatives à la première langue officielle apprise sont trompeuses. En effet, dans le cas des néoQuébécois, ces données ne tiennent pas compte des transferts linguistiques, c’est à dire des personnes qui, par exemple, ont appris un français boiteux dans leurs cours de francisation mais qui ont finalement choisi de s’assimiler à l’anglais.

Donc à mon avis, la langue maternelle — sur laquelle Statistique Canada base essentiellement ses interprétations démographiques — représente le passé : ce qui importe, c’est la langue actuellement utilisée. Or celle parlée à la maison en est le meilleur indice.


Données linguistiques pour l’ile de Montréal en 2006 et en 2011
(Note : LNO signifie Langue non officielle)

Langue parlée à la maison Nombre en 2006 % en 2006 Nombre en 2011 % en 2011
         
Français 958 650 52,6 % 936 870 50,3 %
Français + LNO 34 395 1,9 % 59 940 3,2 %
Anglais 436 260 23,9 % 435 675 23,4 %
Anglais + LNO 19 950 1,1 % 31 595 1,7 %
Français et anglais 20 340 1,1 % 27 670 1,5 %
Français + anglais + LNO 8 245 0,5 % 18 410 1,0 %
Langue non officielle 346 065 19,0 % 352 040 18,9 %
Total 1 823 905 100,0 % 1 862 200 100,0 %

Données linguistiques pour la région métropolitaine en 2006 et en 2011
(Note : LNO signifie Langue non officielle)

Langue parlée à la maison Nombre en 2006 % en 2006 Nombre en 2011 % en 2011
         
Français 2 435 650 67,9 % 2 502 410 66,1 %
Français + LNO 47 340 1,3 % 87 330 2,3 %
Anglais 592 130 16,5 % 606 910 16,0 %
Anglais + LNO 25 005 0,7 % 41 050 1,1 %
Français et anglais 35 205 1,0 % 48 610 1,3 %
Français + anglais + LNO 11 115 0,3 % 27 120 0,7 %
Langue non officielle 442 080 12,3 % 472 485 12,5 %
Total 3 588 520 100,0 % 3 785 915 100,0 %


 
Lorsqu’on combine les pourcentages des personnes qui ne parlent que français à la maison avec ceux qui parlent le français et une langue non officielle, on obtient pour Montréal 54,5% en 2006 vs 53,5% en 2011, soit un déclin d’un pour cent en cinq ans. Pour l’ensemble de la région montréalaise, c’est 69,2% en 2006 vs 68,4% en 2011, soit un déclin semblable.

C’est donc à dire que le déclin du français à Montréal n’est pas causé par une migration des Francophones montréalais vers la banlieue (comme le prétendait l’Office de la langue française pour justifier son laxisme). Au contraire, il s’agit d’un déclin généralisé.

Lorsqu’on effectue la même opération mathématique pour l’anglais, c’est 25,0% vs 25,1% à Montréal et 17,1% vs 17,1% pour la région métropolitaine. Donc, à toutes fins pratiques, l’anglais aurait maintenu son importance secondaire depuis cinq ans.

La grande inconnue concerne le 19% des foyers à Montréal (12% en banlieue) au sein desquelles ni le français, ni l’anglais n’est parlé. Il s’agit de familles dont les deux conjoints ont une langue maternelle qui n’est aucune des deux langues officielles.

Leur assimilation sera fortement dépendante des politiques linguistiques qui influencent la langue au travail des parents (donc perçue comme étant essentielle à la réussite matérielle au Québec) et la langue apprise à l’école par les enfants.

En présence du déclin du français dans la région métropolitaine, rien ne justifie un quelconque affaiblissement de la Loi 101, comme le réclament certains extrémistes anglophones et la Coalition avenir Québec.

Pour terminer, je me dois de préciser ce qui suit. Les recensements de Statistique Canada sont à l’effet que seulement le quart ou le tiers des Montréalais parlent anglais. Si je me fie à ce que j’entends quotidiennement à Montréal, l’anglais est beaucoup plus présent que ce que suggèrent les données obtenues des recensements canadiens. Donc, ou bien j’hallucine ou bien il y a quelque chose qui cloche dans ces données.

Je ne veux pas laisser entendre que les recensements de Statistique Canada soient mal faits. Bien au contraire, je suis absolument convaincu du caractère irréprochable de leur méthodologie et de l’intégrité de ceux qui les font.

Toutefois, ce ne sont que des sondages. Je me suis déjà exprimé en faveur de la création d’un Registre national de la population québécoise, destiné à donner à l’État un outil scientifique lui permettant de connaitre en tout temps la démographie linguistique du Québec.

D’ici à ce que ce registre soit créé, les données de statistiques Canada révèlent un déclin du français dans la région métropolitaine, contrairement aux manchettes trompeuses du plus grand quotidien fédéraliste du Québec.

Références :
Pour une réforme majeure de l’Office québécois de la langue française
Données du recensement de 2006 : Montréal
Données du recensement de 2006 : région métropolitaine
Données du recensement de 2011

Sur le même sujet :
La situation du français au Québec : l’étude Paillé
Le doux sommeil de l’Office de la langue française
Pour la francisation de toutes les entreprises québécoises de plus de cinq employés

Parus depuis :
Immigrants’ spouses must speak English before entering UK (2015-11-18)
Le français, non merci (2016-01-27)
L’intégration des immigrants en Grande-Bretagne (2017-01-05)
La rondelle ne roule pas pour le français dans la LHJMQ (2017-08-26)


Pour consulter l’analyse des données obtenues lors du recensement de 2016, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


À quel jeu joue la CAQ ?

2 mai 2013

L’idéologie de la CAQ se précise

Compte tenu de l’obstruction presque systématique du principal parti d’opposition, soit le Parti libéral du Québec, la Coalition Avenir Québec (CAQ) possède la balance du pouvoir à l’Assemblée Nationale; avec ses 19 députés, cette formation politique est la seule qui permet aux 54 députés du gouvernement minoritaire du Parti Québécois de former une majorité parmi les 125 députés du parlement québécois.

Par réalisme politique, tous les gouvernements minoritaires au Monde sont condamnés au compromis. En principe, pour le gouvernement Marois, cela ne devrait pas être un problème insurmontable; il n’a qu’à consulter le programme de la CAQ et de réaliser tout ce qui lui parait acceptable.

Ce qui complique les choses, c’est que la CAQ est une formation politique très jeune, née en avril 2012. Elle a réussi en quelques mois à élaborer un programme politique dont j’ai à plusieurs reprises vanté les mérites au cours de la dernière élection.

Mais aussi détaillées que se voulaient ses politiques, celles-ci comportaient de vastes zones d’ombre. C’est ainsi qu’on apprend maintenant que la CAQ défend les écoles passerelles. J’ai bien suivi la dernière campagne électorale et je ne rappelle pas que la CAQ en ait dit un seul mot.

De manière plus générale, depuis quelques temps, la CAQ multiplie les précisions à son programme qui s’inscrivent en contradiction avec les intentions gouvernementales, obligeant le gouvernement Marois à reculer. Certaines de ces précisions sont des détails : d’autres le sont moins, particulièrement sur la question linguistique.

Les exigences de la Loi 101

En matière d’enseignement, la Charte de la langue française — surnommée Loi 101 — est claire : seuls les enfants nés de parents anglophones ont droit à l’école publique anglaise. En France, l’école gratuite est française. En Italie, c’est l’école italienne. En Allemagne, c’est l’école allemande. Et au Québec, c’est l’école française. Sauf pour ce qui est de la minorité anglophone, dont les droits ancestraux à l’école publique anglaise sont respectés.

En d’autres mots, le droit à l’école publique anglaise n’existe pas au Québec. Il est accordé exceptionnellement à notre minorité anglophone en vertu d’un droit acquis.

Les parents francophones ou néoquébécois peuvent néanmoins envoyer leurs enfants dans une école privée de leur choix.

Le Québec a déjà fait l’expérience du libre choix de la langue. En effet, en 1969, le gouvernement québécois de l’Union nationale (un parti politique aujourd’hui disparu) adoptait une loi qui laissait aux parents le libre choix de la langue d’enseignement de leurs enfants.

Le résultat fut que les immigrants au Québec choisirent massivement d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Les Québécois francophones ont alors réalisé que s’ils ne voulaient disparaitre comme peuple, ils devaient cesser de financer, par le biais de l’école publique anglaise, leur propre extinction. D’où la Loi 101.

Évidemment on pourrait modifier la Loi 101 de manière laisser le choix aux Francophones tout en l’interdisant aux néoQuébécois. Mais il n’y a pas une chance sur un million qu’une telle discrimination résiste à des contestations juridiques.

Donc la seule politique linguistique qui soit conforme au droit international, c’est de faire comme tous les autres pays du Monde, c’est-à-dire de laisser les gens parler la langue qu’ils voudront mais de ne leur permettre que l’accès gratuit à l’école publique de la langue de la nation ou de la zone linguistique dans laquelle ils se sont établis.

La politique linguistique de la CAQ

La CAQ a fait savoir qu’elle s’opposait à ce qu’on retire aux militaires francophones leur privilège d’inscrire leurs enfants à l’école anglaise. Ceci est une question mineure qui ne concerne qu’une poignée de familles. N’insistons pas.

Le retrait du statut bilingue des municipalités majoritairement peuplées de Francophones est également une question sans grande importance autre que sentimentale.

Toutefois, la CAQ ne veut pas qu’on touche aux écoles passerelles. On les appelle ainsi parce qu’elles s’appuient sur des dispositions de la Constitution du Canada anglais de 1982 pour conférer le droit — après un passage aussi bref que quelques semaines dans leurs murs — à l’école publique anglaise à tout enfant qui y a séjourné et, automatiquement, à tous ses frères et sœurs, de même qu’à tous leurs descendants. La CAQ souhaite que cette anglicisation se poursuive.

Présentement, l’obligation faite aux Francophones et aux néoQuébécois d’envoyer leurs enfants à l’école publique française ne concerne que l’école primaire. Le PQ a songé à étendre cette obligation aux CÉGEPs (c’est le nom des lycées au Québec) mais ce parti hésite. Pas la CAQ : celle-ci est contre, tout comme le Parti libéral.

La Loi 101 oblige la francisation des entreprises de plus 49 employés. Le projet de loi 14 veut étendre cette obligation à celles qui comptent entre 26 et 49 employés. Or la CAQ s’inquiète des coûts que peut représenter, pour les chefs de ces entreprises, l’obligation de respecter le droit des employés francophones à travailler dans leur langue. Du bout des lèvres, la CAQ est d’accord avec le principe, mais se refuse à toute mesure coercitive, ne souhaitant que des mesures incitatives, soit celles sur lesquelles le Parti libéral a compté pendant huit ans, avec les résultats qu’on sait.

Or il est important de souligner que ces entreprises sont également celles qui embauchent le plus de néoQuébécois et conséquemment, sont potentiellement un lieu privilégié de leur francisation. Mais la CAQ hésite…

Pendant ce temps…

On apprend que des regroupements d’angloQuébécois proposent l’abolition de la Loi 101. Leurs porte-paroles comparent la situation des Anglophones québécois à celle des Noirs victimes de l’apartheid en Afrique du Sud. Les politiques linguistiques du Québec seraient inspirées du Nazisme et le Québec se comparerait au IIIe Reich. Etc., etc.

Face à la montée de l’extrémisme chez certains Anglophones — montée qui a trouvé son expression ultime jusqu’ici dans l’attentat terroriste au Métropolis — il y place à l’apaisement mais pas au compromis.

Grâce au laxisme de l’ex-gouvernement libéral, le français a périclité sur l’île de Montréal. L’ouest de l’ile de Montréal est toujours aussi anglophone. Le Plateau Mont-Royal, presqu’entièrement francophone il y a dix ans, s’est beaucoup anglicisé. Même chose pour Hochelaga-Maisonneuve. Bref, lorsqu’on lit les analyses basées sur les recensements de Statistiques Canada, on est étonné de voir le gouffre entre ces données, et la réalité concrète observable sur la rue.

Quant au mythe selon lequel le recul démographique des Francophones sur l’île de Montréal s’expliquerait par un exode vers les banlieues, il n’est basé sur aucune donnée. Si les Francophones se réfugiaient massivement dans les banlieues, leur pourcentage (déjà très élevé) augmenterait. Or cela n’est pas le cas.

Bref, la situation du français sur l’ile de Montréal est critique. À partir de quand sera-t-il trop tard ? Je l’ignore. Mais ce dont je suis certain, c’est que le temps alloué aux hésitations, aux scrupules, aux intrigues de Palais et à la politicaillerie, achève.

Conclusion

Il peut sembler amusant pour la CAQ d’humilier des membres du Conseil des ministres en les obligeant à renoncer à des projets qui leurs sont chers. Mais lorsque le sort de la langue française au Québec dépend de la réalisation de ces projets, la CAQ a le choix entre se rallier ou trahir le peuple dont elle est issue.

Déjà l’action du gouvernement québécois est handicapée par les dispositions en matière linguistique de la Constitution du Canada anglais de 1982.

Afin d’endiguer la progression de l’anglais, nos gouvernements en sont réduits à adopter une succession ininterrompue de lois linguistiques anticonstitutionnelles depuis trente ans — lois invalidées les unes après les autres par le plus haut tribunal du pays.

Si les dirigeants des différents partis politiques sont incapables de mettre de côté la partisannerie politique et de s’unir lorsque nous sommes en danger, alors nous méritons vraiment de disparaitre.

Les dirigeants de la CAQ devraient y songer sérieusement avant que l’insécurité linguistique gagne l’ensemble des Québécois et qu’une élection soit déclenchée sur ce thème : si cela devait survenir, je crains fort que l’électorat juge sévèrement les hésitations et les byzantines préoccupations de la CAQ quant aux coûts-bénéfices de défense du français au Québec.

Références :
Du plomb dans l’aile
Élection générale québécoise de 2012
La CAQ, entre opportunisme et responsabilité
Le projet de loi 14 et les militaires – Aucune torture
Office québécois de la langue anglaise
Une question de fierté

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pour une réforme majeure de l’Office québécois de la langue française

3 mars 2013

Avant-propos : On trouvera à la fin du texte, un rappel historique du contexte qui a amené le Québec à se doter d’une politique linguistique.

Mission de l’Office

Sous sa forme actuelle, l’Office québécois de la langue française est né avec la Charte de la langue française (communément appelée la Loi 101). Cet organisme gouvernemental est chargé d’assurer le respect de la Loi 101 et de surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec.

Essentiellement, la mission de l’Office est de faire en sorte que les Québécois francophones soient chez eux au Québec. Il en découle :
• qu’ils puissent y travailler dans leur langue,
• qu’ils y reçoivent tout naturellement des services en français sans avoir à l’exiger et
• que le Québec demeure peuplé majoritairement de Francophones.

Les services en français

Depuis une dizaine de jours, les médias se sont lancés dans une critique virulente — et justifiée — des inspections de l’Office. Précisons de cet organisme n’a que cinq inspecteurs à temps plein.

L’affaire débute avec un reportage de Radio-Canada concernant le Buonanotte. À la suite d’une inspection, ce restaurant s’est vu sommé de traduire plusieurs mots italiens (dont Pasta) sur son menu français.

Le deuxième cas concerne la Brasserie Holder. Dans son article, le journaliste Yves Boivert (un des meilleurs de La Presse) y décrit une inspectrice tatillonne qui s’attarde aux mots anglais sur les touches des téléphones, mais qui semble avoir perdue de vue l’essentiel de son mandat.

Le troisième exemple est relatif au Restaurant Joe Beef. Là encore, l’inspection semble avoir portée sur des détails insignifiants de la décoration de ce restaurant.

Mais Le Devoir de samedi dernier apporte des précisions sur le premier de ces cas, à l’origine du « Pastagate » qui a embrasé les médias sociaux. Le restaurant Buonanotte possède deux menus bilingues : l’un italo-français, l’autre italo-anglais.

Il y a quelques mois, un client s’est fait présenter le menu italien-anglais. Outré de n’y voir pas un seul mot de français, ce client a porté plainte à l’Office. Clairement, la plainte portait sur la présence de l’anglais sur un menu, pas de l’italien.

Après avoir pris rendez-vous, l’inspecteur de l’Office se présente à ce restaurant et demande à voir le menu : on lui montre l’autre menu, celui italo-français, sur lequel prédomine l’italien. Et c’est cette prédominance qui a attiré (à tort) l’attention de l’inspecteur de l’Office.

Pour prévenir ce genre d’incident, la solution est très simple : il suffit que la défense du français au Québec soit remise entre les mains du peuple. Plus précisément, je suggère que les clients francophones servis en anglais aient le droit de porter plainte devant la Cours des petites créances et que l’amende imposée par le tribunal soit versée au plaignant.

Finie l’époque où la promotion du français était laissée au pouvoir discrétionnaire d’un gouvernement mollement convaincu de l’opportunité de la défendre, comme ce fut le cas sous le gouvernement libéral de Jean Charest. Donnons à la population québécoise le pouvoir de défendre elle-même le français en lui confiant des pouvoirs dissuasifs. Imaginez ce que serait la défense du français si au lieu d’avoir cinq inspecteurs au Québec, il y en avait des millions…

Précisons que ce transfert de pouvoir ne concernerait pas les infractions relative aux raisons sociales, mais exclusivement quant à la langue utilisée lors de la dispensation des services. Cette limite vise à éviter la multiplication inutile des recours judiciaires concernant une seule et même offense.

La langue de travail

Ce n’est pas en surprenant quelques mots échangés entre des employés qu’un client peut juger de la langue de travail au sein d’une entreprise. De plus, peu de citoyens risqueront de perdre leur travail en portant plainte devant les tribunaux contre leur employeur.

Donc l’Office devra conserver intact son rôle dans l’application des dispositions de la Loi 101 qui vise à défendre le droit des Francophones de travailler en français au Québec.

La surveillance de l’évolution linguistique

Toutes les études commandées par l’Office auprès de chercheurs, sont principalement des analyses des données obtenues lors des recensements effectués par Statistiques Canada.

Après avoir lu la principale de ces études, soit l’étude Paillé, je ne comprenais toujours pas la dichotomie entre les résultats des recensements et ce que j’entends concrètement dans les rues de Montréal.

Je terminais mon texte à ce sujet en me proposant de lire les quatre autres études disponibles sur le site de l’Office afin d’essayer de comprendre pourquoi.

Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que je me suis tapé depuis les 132 pages de l’étude de Robert Bourbeau, Norbert Robitaille et Marilyn Amorevieta-Gentil. J’en n’ai jamais rédigé de compte-rendu tout simplement parce qu’après l’avoir lue, je n’étais pas plus avancé.

J’en arrivais toujours à la même conclusion : ça ne se peut pas. En d’autres mots, si les recensements de Statistique Canada sont à l’effet que seulement le quart (ou même le tiers) des Montréalais parlent anglais, ce n’est pas ce que j’entends lorsque je promène dans la métropole canadienne. Donc, ou bien j’hallucine ou bien il y a quelque chose qui cloche dans ces données.

Je ne veux pas laisser entendre que les recensements de Statistique Canada soient mal faits. Bien au contraire, je suis absolument convaincu du caractère irréprochable de leur méthodologie et de l’intégrité de ceux qui les font.

Toutefois, ce ne sont que des sondages. Or voyez les résultats de la dernière élection en Italie. Les partisans de Silvio Berlusconi avaient apparemment honte de révéler leur préférence aux sondeurs : mais une fois dans l’isoloir, ce fut différent.

Dans une certaine mesure, on peut également dire que plus grand monde n’osait se vanter d’être un partisan du Parti libéral du Québec au cours de la dernière campagne électorale. Or pourtant, ce parti a presque été reporté au pouvoir.

Peut-on imaginer qu’en remplissant les questionnaires de Statistique Canada, les néoQuébécois puissent être sujets à la rectitude politique et répondre ce qu’ils imaginent être ce qu’on attend d’eux ?

Or la lecture de cette deuxième étude ne fut pas vaine puisque j’ai découvert que le Québec possède les moyens de valider, du moins en partie, les recensements canadiens.

À la page 26 de cette étude, on y apprend qu’il existe un « Bulletin des naissantes vivantes ». En réalité, il s’agit d’un registre dans lequel sont colligées des données relatives à tous les bébés qui naissent de mères résidentes au Québec, que cette naissance ait lieu ici, dans n’importe quelle autre province canadienne, ou même aux États-Unis.

De plus, à la page suivante de la même étude, on apprend qu’il existe un « Fichier des décès ». Encore là, il s’agit d’un registre produit lui aussi par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

En exigeant que toute demande de carte d’assurance maladie soit faite par le requérant lui-même (ou à défaut par un mandataire qui devra justifier son intervention), le Québec pourrait se doter d’outils qui lui permettrait de savoir précisément la langue parlée et comprise par l’ensemble de la population québécoise.

Mais pour cela, les préposés gouvernementaux devront être parfaitement bilingues, afin de s’assurer que les requérants choisissent la langue dans laquelle ils sont les plus confortables.

Si la langue autrefois parlée par un décédé n’a pas d’importance, la fusion de ces trois registres en vue de la création d’un Registre national de la population québécoise donnerait à l’État un outil lui permettant de connaitre en tout temps la démographie linguistique du Québec.

De plus, les politiques destinées à assurer la survie du français au Québec cesseraient de dépendre totalement de données canadiennes colligées périodiquement par un autre gouvernement.

Références :
Buonanotte: la plainte originale ne portait pas sur l’italien
Du steak aux W.-C.
La situation du français au Québec : l’étude Paillé
Le doux sommeil de l’Office de la langue française
L’émigration de Québécois aux États-Unis de 1840 à 1930
Les composantes de la dynamique démolinguistique régionale au Québec (1996-2006)
Office québécois de la langue française
Pour en finir avec le pastagate
Pour la francisation de toutes les entreprises québécoises de plus de cinq employés
Un autre restaurant dénonce le zèle de l’Office de la langue française
Un « excès de zèle » met l’OQLF dans l’embarras


Post-scriptum : Rappel historique

Le Québec est un îlot français dans une mer anglo-saxonne. Les États-Unis sont le pays le plus puissant et le plus riche au monde.

Ce pays est le plus inventif et le plus créatif, tant au point de vue technologique que culturel. Même en excluant sa population hispanique, la population anglophone des ÉU est 40 fois plus nombreuse que la population francophone du Québec.

De 1840 à 1930, fuyant la misère, plus d’un million de Québécois ont immigré en Nouvelle-Angleterre afin d’y travailler dans des usines de coton. Parmi leurs descendants, presque plus personne ne parle français.

Au Canada, le français a survécu grâce à l’isolement des Francophones, regroupés dans des villages et petites villes peu exposés à l’anglais. Au XIXe siècle, Montréal — une ville majoritairement anglophone à l’époque — est devenue francophone grâce à l’arrivée massive de paysans chassés par la misère mais s’entassant plutôt dans les logements surpeuplés et insalubres de l’est de la métropole.

Dans les années 1920, alors que la prohibition américaine incite de nombreux millionnaires à venir faire la fête dans les clubs de jazz de Montréal, cette ville comptait le taux le plus élevé de tuberculose et un des taux les plus élevés de mortalité enfantine en Amérique du Nord.

Tout au cours du XXe siècle, les Francophones du Québec se sont heurtés à des politiques discriminatoires d’embauche.

En 1944, au moment de son étatisation, la Montreal Light, Heat and Power compte une majorité d’employés unilingues anglais. Parmi son personnel technique, on ne compte aucun ingénieur francophone.

Au début des années 1960, la Trans-Canada Airlines (devenue Air Canada en 1964) préfère embaucher des Anglophones unilingues à des Francophones bilingues.

Pour mettre fin à cette discrimination et à la frustration des Montréalais, incapables d’être servis en français dans certains grands magasins du centre-ville de Montréal, le Québec adopte la Loi 101 en 1977.

Afin de se soustraire à cette loi, lorsque la société de fiducie Sun Life déménage son siège social du Québec l’année suivante, 85% de ses employés montréalais sont toujours unilingues anglais.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’unilinguisme anglais des Messageries DHL

4 janvier 2012


 
J’ai reçu hier après-midi des DVD importés, essentiellement les deux premières saisons de la série policière « Nicolas Le Floch ».

Je ne sais pas par quel mécanisme une entreprise de livraison se voit attribué la tâche de dédouaner un colis et de l’acheminer au destinataire, mais dans ce cas-ci, c’est un livreur des messageries DHL Express qui s’est présenté à ma porte.

Malgré mes demandes répétées, ce livreur ne savait pas — ou ne voulait pas — parler français. Ce n’est pas la première fois que cette entreprise m’envoie un livreur unilingue anglais. Or porter plainte à l’Office de la langue française est une perte de temps depuis que le Parti libéral du Québec est au pouvoir.

En effet, depuis des années, l’Office ne fait plus respecter la loi 101. Celui-ci reçoit annuellement environ 400 plaintes relativement à la langue de service. Malgré le fait que 82% d’entre elles sont fondées, l’Office impose des amendes ou procède à des poursuites dans seulement 2% des infractions observées. Donc, tant que les Libéraux seront au pouvoir, Montréal continuera de s’angliciser.

Ceux parmi les Francophones qui jugent inacceptable de payer pour être servi en anglais au Québec, doivent donc prendre en main la défense du français. Lorsqu’on a affaire à une institution financière, on peut toujours retirer l’argent qu’on y a placé et le déposer ailleurs. C’est ce que j’ai fait relativement à la Banque Nationale : mes REER n’y sont plus.

Lorsqu’il s’agit d’un livreur de restaurant, je règle cela de manière très simple : je donne un pourboire dérisoire ou rien du tout.

Mais dans le cas des messageries, on n’a pas de pourboire à laisser, alors que faire ? J’ai passé la soirée à me demander ce que j’aurais dû faire et j’ai trouvé la solution.

C’est très simple : c’est de refuser d’accepter le colis. Cela oblige la messagerie à réexpédier le colis par un livreur qui parle français ou, en cas d’entêtement, à retourner le colis à l’expéditeur. C’est ce que j’aurais dû faire et ce que je ferai à l’avenir. À suivre…

Post-scriptum : À la livraison suivante par DHL, quelques semaines plus tard, celui qui m’a livré le colis parlait très bien français.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le français au Québec : l’exemple chinois

23 décembre 2011

 

Fabrique d’objets en jade à Xi’an

Lors de mon premier séjour en Chine, je faisais partie d’un groupe d’une trentaine de Québécois francophones. Parmi les nombreuses visites organisées par notre agence de voyage, nous avons eu l’occasion d’aller dans une fabrique d’objets précieux en jade.

Ce qui m’avait surpris, c’est qu’au moment de cette visite, tous les employés de cette entreprise parlaient français. Certains le parlaient un peu, d’autre bien d’avantage, mais tous pouvaient se débrouiller dans notre langue.

En fait, les coûts de la main-d’œuvre chinoise étant très bas, cette entreprise possédait plusieurs équipes de vente. Lorsqu’un groupe de touristes allemands débarquaient à l’usine, on mettait à leur disposition une équipe de vendeuses parlant leur langue. Dès leur départ, si l’autobus suivant amenait des touristes italiens, l’équipe de vendeuses germanophones était remplacée par une équipe de vendeuses parlant l’italien. Et ainsi de suite.

Toutefois, tous ces employées étaient chinoises. À l’interne, les directives, les réunions, les rapports, bref toutes les communications entre employés se faisaient en mandarin (c’est-à-dire en chinois). Mais dès qu’on devait traiter avec un client, on faisait tout pour que ce soit dans sa langue à lui.

Ici, ce devrait être pareil.

Au Québec, un employé unilingue anglais — tout comme un employé unilingue français — est une personne handicapée. Il y a tellement d’Anglophones bilingues et de Francophones bilingues au Québec qu’il est injustifiable qu’une entreprise comme la Banque nationale ou Bombardier — dont j’ai parlé dans mon billet d’avant-hier — embauche des dirigeants unilingues anglais.

Parce que le résultat d’une telle embauche, c’est que les Francophones subalternes sont alors obligés de parler en anglais pour accommoder cet officier qui ne parle pas notre langue. C’est le cas de la comptabilité et des services informatiques de la Banque nationale et de milliers de personnes au siège social de Bombardier.

Jusqu’ici, le gouvernement Charest ne s’est pas illustré par la défense du français au Québec. Ses nominations politiques à l’Office de la langue française ont eu pour effet que cet organisme a distribué les dispenses à la loi 101 comme si c’était des bonbons. Il est grand temps que cela change.

Il est anormal qu’on ne puisse pas travailler en français au Québec. Que la charge de travail d’un employé francophone prévoit qu’il doivent parler anglais à la clientèle anglophone, c’est normal. Mais qu’il lui soit interdit de communiquer en français avec un autre employé francophone et, de manière générale, qu’il doive s’exprimer en anglais à l’interne, cela est totalement inacceptable.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’anglais vient d’en haut

21 décembre 2011

Des patrons de la Caisse de dépôt incapables de comprendre leurs employés francophones

Ivanhoé Cambridge est la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec. C’est l’un des dix plus grands propriétaires immobiliers du monde, avec un actif de plus de 30 milliards de dollars comprenant la Place Ville-Marie, le Centre Eaton de Montréal, et la Place Laurier de Québec. Environ 1600 employés y travaillent dont la moitié au Québec.

Ce printemps, ses dirigeants ont choisi David Smith, un unilingue anglophone, pour occuper le poste de Vice-président principal ressources humaines et services corporatifs. Quelques mois plus tard, plus précisément en juillet 2011, c’était le tour d’un autre unilingue anglophone, Kim McInnes, d’être choisi à un poste encore plus important, soit celui de Président de l’exploitation d’Ivanhoé Cambridge.

Depuis ce temps, les réunions du comité d’investissement d’Ivanhoé Cambridge se déroulent en anglais et tous les employés francophones qui ont à s’adresser à l’un ou l’autre de ces dirigeants, ici même à Montréal, doivent le faire dans la langue de Shakespeare.

La Banque nationale hostile aux francophones

Un unilingue anglophone, John B. Cieslak, a été embauché en 2007 comme Premier vice-président des technologies de l’information de la Banque nationale. Or les services informatiques de cette banque occupent deux étages complets au siège social de Montréal et des centaines d’employés.

Dès son arrivée, M. Cieslak aurait demandé à ses subalternes francophones faire leurs présentations techniques en anglais au Conseil d’administration de la banque, de façon à ce qu’il puisse les comprendre. Cette politique de l’anglais au travail s’est étendue aux entrevues de sélection des candidats pour des postes à pourvoir, qui se déroulent entièrement en anglais. Les évaluations aussi seraient faites en anglais.

Pire encore, l’échange de courriels en français entre employés francophones est maintenant sujet à des réprimandes officielles. Conséquemment, plusieurs employés ont dû quitter cette banque pour trouver un emploi en français.

C’est aussi le cas de la vérification interne des marchés financiers et de la trésorerie. Un comptable qui a quitté cette banque dernièrement a confié que tout ce qu’il faisait était en anglais, ici même à Montréal. Tous les rapports de son service étaient en anglais et une grande partie des gens qu’il côtoyait ne parlaient pas français.

Les porte-parole de la banque font valoir qu’en tant qu’institution de compétence constitutionnelle fédérale, la Banque nationale n’est pas soumise aux dispositions de la loi 101 mais qu’elle a la bonté de s’y soumettre lorsque cela lui convient.

Pour cette raison, plus tôt ce mois-ci, j’ai transféré tous les REER que je détenais à la Banque nationale vers une autre institution financière québécoise.

Post-scriptum : Après discussions avec la direction de la Banque nationale, la Société St-Jean-Baptiste et le Mouvement Québec français ont levé, en février 2012, l’appel lancé deux mois plus tôt au boycottage de cette banque.

Progression de l’anglais chez Bombardier

L’article 144 de la loi 101 permet à une entreprise québécoise de ne pas avoir à se soumettre aux dispositions de cette loi relativement à la langue de travail. Renouvelable, cette dispense n’est bonne que pour cinq ans. Chez Bombardier, la connaissance fonctionnelle du français n’est un critère d’embauche que depuis 2010. Si bien que beaucoup d’employés sont unilingues anglophones.

Afin de compenser pour cet état de fait, Bombardier dispose d’une entente particulière avec l’Office québécois de la langue française qui lui permet d’utiliser l’anglais comme langue de fonctionnement à son siège social de Dorval. La dernière entente date de 2006 et est en voie d’être renouvelée. Celle-ci portait sur 2454 employés. La demande de renouvellement présentée cet automne englobe 4022 employés, soit une augmentation de 64%.

Références :
Caisse: David Smith préféré à deux francophones bilingues
Des patrons unilingues anglais à la Caisse de dépôt
Français au travail: la Banque Nationale réagit
Loi 101: Bombardier veut une dispense pour 4022 employés
L’appel au boycottage de la Banque Nationale est levé
La Société Saint-Jean-Baptiste appelle à boycotter la Banque nationale
Louis Vachon ne demandera pas la démission d’un vice-président unilingue
Unilinguisme anglais à la CDPQ : inacceptable, dit Jean Charest
Français à la Caisse de dépôt: 10 ans de cours for nothing

Publiés depuis :
L’ex-patron unilingue de la Caisse de dépôt s’est trouvé un emploi (2013-07-13)
La rondelle ne roule pas pour le français dans la LHJMQ (2017-08-26)
Canadien National : Les francophones écartés de la table du C.A. (2022-04-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La situation du français au Québec : l’étude Paillé

15 novembre 2011

Le premier septembre dernier, je publiais un billet très critique sur la manière avec laquelle l’Office s’acquitte de son mandat.

Entre autres, je reprochais à l’Office ses cachoteries en retardant la publication de toute étude susceptible de troubler la paix linguistique au Québec.

Huit jours plus tard, sous la direction de sa nouvelle présidente, l’Office dévoilait une série d’études démographiques sur la situation linguistique du français au Québec. On doit donc féliciter l’Office pour sa plus grande transparence.

Je m’étais promis de ne pas me contenter de lire les communiqués émis par cet organisme mais plutôt de déchiffrer ces études afin d’essayer de comprendre pourquoi ce que j’entends autour de moi est en contradiction avec les conclusions rassurantes de l’Office au sujet de la place du français sur l’île de Montréal.

Depuis quelques jours, je me suis donc attelé à la lecture des 128 pages de la première des cinq études disponibles sur le site Web de l’Office, soit celle Michel Paillé.

Voici donc ce que j’en ai retenu.

Mais avant d’aller plus loin, permettez-moi de faire une digression pour me vider le cœur. En parcourant les documents sur le site de l’Office, j’ai découvert que c’était cet organisme qui avait fait la campagne « Merci de me servir en français ».

Cette campagne anonyme — anonyme dans le sens que les affiches ne précisaient pas le nom du ministère ou de l’organisme gouvernemental qui les finançait — visait apparemment à nous convaincre d’être reconnaissants lorsqu’on nous sert en français.

Être servi dans ma langue n’importe où au Québec est mon droit et non un privilège. Comme c’est le droit de n’importe quel Anglophone d’être servi dans la sienne partout au pays, y compris au Québec. Donc je ne comprends pas comment l’Office peut s’imaginer que je devrais me sentir chanceux qu’on me serve dans ma langue. Cela donne un aperçu inquiétant de la mentalité des gens que le Parti libéral a placé à la tête de cet organisme.

Voilà, c’est fait. Abordons maintenant le vif du sujet.

Tout d’abord il faut préciser que cette étude est principalement une analyse des données obtenues lors des recensements effectués par Statistiques Canada en 1996, 2001 et 2006.

Dans le texte qui suit, le mot Francophone définira non pas la personne dont la langue maternelle ou la première langue apprise est le français mais plutôt quiconque parle principalement cette langue à la maison.

Pour moi, une personne qui habite le Québec, née de parents francophones, mais qui lit principalement des textes en anglais, qui voit des films en version anglaise, qui écoute de la musique anglaise et surtout, qui parle anglais à la maison, n’est plus un Francophone.

Les Francophones sont passés de 53,8% à 52,6% de la population de l’île de Montréal entre 1996 et 2006. Les Anglophones sont passés de 24,1% à 23,9% au cours de cette période et les Allophones, de 22,1% à 23,5% (page 24).

Dans la couronne de Montréal, il est à noter que les Francophones sont passés de 85,2% à 83,7% entre 1996 et 2006, ce qui contredit l’Office. Celui-ci expliquait le déclin démographique des Francophones sur l’île par une migration de ces derniers vers les banlieues de Montréal. S’il y avait réellement eu un exode des Francophones vers les banlieues, leur proportion aurait augmenté plutôt que diminué légèrement (page 25).

L’étude révèle également que le taux de fécondité des Francophones et des Anglophones sont presque identiques alors que celui des Allophones est plus élevé (page 66).

À leur arrivée au pays en 2009, 64,1% des immigrants connaissaient déjà le français et 55,7% (en 2008) connaissaient déjà l’anglais. Leur total fait plus de 100% car 40,6% étaient déjà bilingues français-anglais (page 84).

Toutefois cela ne nous dit pas si, une fois devenus citoyens canadiens, les néoQuébécois choisissent de s’assimiler au français ou à l’anglais. Des informations précieuses à ce sujet sont fournies par ce que l’étude appelle les « substitutions linguistiques », un euphémisme pour dire la même chose.

Pour l’ensemble du Québec, en 2006, 54 655 ex-Anglophones et 162 945 ex-Allophones — pour un total de 217 600 personnes — étaient devenus Francophones. À l’opposé, 62 760 ex-Francophones et 157 480 ex-Allophones — pour un total de 220 240 personnes (soit légèrement plus) — étaient devenus Anglophones (page 102).

En 2006, les substitutions linguistiques contribuaient pour 2,4% des effectifs francophones alors qu’elles étaient beaucoup plus importante pour la communauté anglophone du Québec puisque cela représentait 22% de ses effectifs (page 101).

Le 26 août 1977, le parlement québécois adoptait la Charte de la langue française, communément appelée Loi 101. Avant 1976, 75,5% des substitution linguistiques des immigrants habitant l’île de Montréal se faisaient au profit de l’anglais, le reste (soit 24,5%) au profit du français. Cette substitution au profit de l’anglais avait chuté à 40,6% dans les années qui suivirent l’adoption de la Loi 101, pour s’établir en 2006 à 28,2%, soit un peu plus que la proportion d’Anglophones sur l’île, soit 23,9% (page 109).

Si l’importance démographique des Anglophones de l’île ne s’est pas accrue entre 1996 et 2006, c’est que la communauté anglophone est saignée par un solde migratoire négatif de 57 320 personnes, annulant tous les effets bénéfiques de l’assimilation des néoQuébécois (page 71).

Donc, après la lecture minutieuse de cette étude, je ne suis pas plus avancé : à écouter ce qu’on entend sur la rue et dans les transports publics, il est très évident qu’il y a beaucoup plus que 23,9% des Montréalais qui parlent anglais. Il me reste donc à lire les quatre autres études disponibles sur le site de l’Office pour essayer de comprendre pourquoi.

C’est à suivre…

Référence : Étude Paillé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le doux sommeil de l’Office de la langue française

1 septembre 2011
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De 2005 à janvier 2011, France Boucher — fille d’Andrée Boucher, la défunte mairesse de Québec — occupait la fonction de présidente de l’Office de la langue française. C’est une des 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest. Son mandat cinq ans à la tête de cet organisme fut un désastre.

Parmi ses nombreuses tâches, l’Office possède la responsabilité d’effectuer des études sociologiques et démographiques qui permettent à l’État de connaitre de la situation du français au Québec. De son côté, le Comité de suivi de l’Office est formé d’experts qui jugent de la valeur scientifiques des études effectuées.

Ces études sont extrêmement importantes puisqu’elles donnent au Québec la possibilité de se prévaloir de la deuxième clause dérogatoire de la Constitution canadienne. La première est bien connue : c’est l’article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés. Elle permette de suspendre n’importe quelle disposition de cette charte sauf lorsqu’il s’agit de la langue d’enseignement.

Mais la Charte a également une clause dérogatoire officieuse : c’est l’article premier. Il donne aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire d’autoriser n’importe quelle autre dérogation — y compris sur la langue d’enseignement — « dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique. »

Une telle dérogation ne peut se justifier que pour des raisons sérieuses, idéalement appuyées par des études scientifiques. Sans elles, les avocats chargés de défendre les lois protégeant le français au Québec sont handicapés devant les tribunaux du pays.

En mars 2008, alors qu’une bonne partie des experts du Comité de suivi démissionnaient avec fracas, on apprenait que sous le mandat de Mme Boucher, l’Office retardait la publication d’études susceptibles de troubler la paix linguistique au Québec. De plus, son rapport 2002-2007 sur l’évolution de la situation linguistique, dévoilé en 2008, est basé en grande partie sur les données du recensement de 2001 de Statistique Canada (et non sur les données de 2006).

Malgré la vétusté de ces données, ils démontrent que 57,2% des allophones qui habitaient l’île de Montréal adoptaient l’anglais comme langue d’usage et qu’un immigrant sur cinq n’utilisait jamais le français au travail il y a dix ans.

Donc depuis une décennie, le Québec accueille annuellement environ 50,000 immigrants qui choisissent à 60% de devenir anglophones et qui s’établissent en grande partie dans la région montréalaise. Ça commence à faire du monde. D’autant plus que le taux de natalité des néoQuébécois est nettement plus élevé que celui des Francophones et des Anglophones de souche.

Résultat ? Il suffit de s’ouvrir les oreilles pour savoir qu’en huit ans de gouvernement libéral, Montréal est devenu majoritairement une ville anglophone. C’est ce qui explique la multiplication des occasions où des francophones reçoivent malgré eux des services en anglais.

Un autre rôle de l’Office est justement de recevoir les plaintes des citoyens relativement à la langue de service. Comment l’Office s’acquitte-t-il de cette responsabilité ? Hier, une intervention publique de la nouvelle présidente de l’Office, Mme Louise Marchand, nous permet d’en juger.

La grande majorité des francophones qui sont servis en anglais ne portent jamais plainte. L’Office reçoit environ 400 plaintes par année relativement à la langue de service dans les commerces : c’est 15% de l’ensemble des plaintes que reçoit cet organisme, sur un total de 2,500 à 3,000 plaintes.

Même si 82% d’entre elles sont fondées, l’Office impose des amendes ou procède à des poursuites dans seulement 2% des infractions observées. Depuis que les Libéraux sont au pouvoir, l’Office se laisse « enfirouaper » dans 98% des cas et ne fait absolument rien. Le résultat est ce que tous les Montréalais observent : l’anglicisation de la métropole.

Parmi les commentaires écrits en réaction à la publication de ces données, un lecteur du Devoir témoigne : « J’ai porté plainte auprès de l’Office de la langue française contre un commerce du quartier chinois au sujet de l’affichage en français, ainsi que le service et les produits vendus non traduit en français. Après deux ans, rien n’a changé et on m’a fait comme réponse que si l’Office appliquait la loi, le magasin serait en faillite.»

De plus, Denis Poitras (un autre lecteur) écrit : « J’ai déjà porté plainte pour un produit avec des instructions sans français. J’ai reçu un accusé-réception, puis plus rien ; même pas de rapport. Est-ce que ça incite à porter plainte à nouveau ?»

Comme solution au laxisme de l’Office, j’ai proposé dans un billet antérieur que la défense du français au Québec soit remise entre les mains du peuple.

En bref, j’ai suggéré que les clients francophones servis en anglais aient le droit de porter plainte devant la Cours des petites créances et que l’amende imposée par le tribunal soit versée au plaignant.

Références :
Charest change la garde à l’Office de la langue française
Charte canadienne des droits et libertés
Language czars can’t handle the job
La présidente de l’Office refuse de se mouiller
L’Office québécois de l’absurdité
Réaction aux propos de François Legault – Les amendes ne sont pas une panacée, dit l’OQLF

Publiés depuis :
La rondelle ne roule pas pour le français dans la LHJMQ (2017-08-26)
Laval s’anglicise (2018-01-16)
Et les arbitres au Centre Bell? (2018-02-24)
Le français recule dans les commerces, selon les résidents du Grand Montréal (2020-10-27)
L’enseignement en anglais a le vent dans les voiles (2020-10-30)
Incapable d’être servi en français (2020-11-13)
Être servi en anglais, «ça fait dur» (2020-11-14)
Français au Québec: «Comment pouvons-nous être stupides au point de financer notre propre disparition linguistique?» (2020-11-27)
Quand il faut parler anglais pour travailler à Montréal (2021-03-10)
Nombre record de plaintes pour la langue française (2022-04-26)
Charte de la langue française: seulement 10 entreprises punies en 2023 (2024-02-03)

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Écrit par Jean-Pierre Martel