Introduction
Hier, à son arrivée au caucus libéral fédéral, un député représentant une circonscription de Laval peuplée majoritairement de citoyens bilingues a déclaré :
Si le Québec se sépare, comme le Parti québécois veut le faire, qui va protéger le Québec s’il ne fait plus partie du Canada ?
[…]
Ça va faciliter la tâche pour que Donald Trump vienne avec son armée, avec sa gang, prendre le contrôle du Québec.
Un bouclier de carton
Depuis des décennies, les États-Unis sont le principal fournisseur du Canada en matière d’armement.
Les entreprises américaines ont toujours été libres d’effectuer du démarchage directement auprès des plus hauts gradés de l’armée canadienne. Si bien que ceux-ci sont devenus des évangélistes de l’industrie militaire américaine.
Le problème est de deux ordres.
Premièrement, les armes qu’achète le Canada auprès des États-Unis sont conçues pour être utilisées lors de conflits asymétriques, comme en Afghanistan et en Syrie, où les puissances occidentales avaient la maitrise des airs et bombardaient des cibles au sol dont l’armement était beaucoup moins sophistiqué.
À l’opposé, dans un conflit où l’ennemi du Canada acquiert rapidement la maitrise de notre espace aérien, ce dont le Canada a besoin, ce sont des missiles sol-air analogues à ceux que l’Ukraine utilise pour détruire les chasseurs-bombardiers russes et obliger la Russie à bombarder l’Ukraine à partir du territoire qu’elle contrôle.
Et contre les chars d’assaut américains, ce dont le Canada a besoin, ce sont des drones.
Ce qui nous amène à un deuxième problème.
Les armes les plus puissantes que la Canada achète aux États-Unis sont celles que le Pentagone peut inactiver à distance. C’est le cas des chasseurs-bombardiers F-35.
Et ce sont ces armes qui, pour fonctionner, nécessitent des données de géolocalisation fournies par les États-Unis. Comme c’est le cas des missiles antimissiles américains.
Bref, la protection actuelle du Canada contre l’envahissement improbable des États-Unis est un bouclier de carton.
La meilleure défense du Canada serait celle utilisée par la Russie pour lutter contre l’armée napoléonienne, c’est-à-dire une politique de terre brulée.
En clair, c’est la destruction de tous les oléoducs et de tous les champs pétroliers albertains, de même que de toutes les lignes de transmission électriques du Québec vers les États-Unis.
Dans ce dernier cas, nous n’avons pas besoin du Canada pour ce faire; un Québec indépendant peut très bien le faire lui-même. Et ce, beaucoup plus rapidement.
Parce que, face à une telle perspective, Ottawa hésitera toujours par crainte que l’Alberta déclenche son propre référendum en faveur de son indépendance.
Voilà pourquoi, un Québec libre de ses choix sera toujours plus prompt à défendre ses intérêts que s’il attend après que les mandarins de l’État canadien aient soigneusement pesé le pour et le contre de leurs décisions sur l’unité du pays.
Pour terminer, remercions le député Angelo Iacono de nous avoir donné une occasion de traiter de ce sujet… tout en l’invitant à travailler à ce que son gouvernement achète dorénavant des armes européennes plutôt que celles d’un pays qui nous menace et qui nous livre une guerre commerciale.
Références :
Indépendance du Québec : un député libéral fédéral craint une invasion américaine
Quand des soldats américains ont envahi le territoire canadien
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Écrit par Jean-Pierre Martel