Dans tous les pays du monde, certaines personnes mènent une existence plus aisée que d’autres.
Toutefois, dans certains pays, la richesse est réservée à ceux nés de « bonne famille ». Le cas extrême est l’Inde, où votre appartenance à une caste détermine toute votre existence.
Plus fréquentes sont les sociétés stratifiées en classes sociales, relativement hermétiques, contrairement à d’autres, caractérisées par des couches sociales, beaucoup plus perméables.
Là où les classes sociales prédominent, on utilise toute une variété de qualificatifs, habituellement péjoratifs, pour décrire ceux qui ont accédé à une classe sociale dite « supérieure ». On les appellera des « parvenus » ou, dédaigneusement, des « nouveaux riches », à l’accent évidemment vulgaire, aux manières frustes, dépourvus de culture, ridicules autant dans leurs propos que dans leur tenue vestimentaire clinquante.
Les scénaristes de pièces de théâtre ou de cinéma font souvent recette en se basant sur les clichés de ce pauvre, devenu riche, qui finit rejeté de tous parce qu’usurpant un statut social auquel il n’a pas droit en vertu de ses origines.
Au contraire, dans d’autres pays, on admirera le mérite de ceux qui, par leur seul labeur, ont su réussir. On en fera des sources d’inspiration.
Par exemple, on se rappellera que le multimiliardaire Paul Desmarais était le petit-fils d’un bûcheron ontarien. On soulignera comment feu Pierre Péladeau, a débuté à titre de camelot dans le monde de l’édition, pour finalement posséder l’empire Québécor. On se rappellera qu’à l’origine, Guy Laliberté, du Cirque du Soleil, n’était qu’un amuseur de rue. Que les parents de Céline Dion étaient tellement pauvres que la chanteuse, alors qu’elle était bébé, couchait non pas dans un berceau mais dans le tiroir d’une commode.
Le sujet de la mobilité sociale a dernièrement fait l’objet d’une étude scientifique. Ce qu’on y a découvert est surprenant. En deux mots, l’aptitude à réussir aux États-Unis de n’importe qui (s’il travaille suffisamment fort et s’il fait preuve de persévérance) — en somme, le Rêve américain — n’est qu’un mythe. Parmi les pays développés, il n’y a qu’en Italie et en Grande-Bretagne, où la mobilité sociale est plus sclérosée qu’aux États-Unis.
Pour un pays comme les États-Unis, où les citoyens sont majoritairement opposés au concept de l’État redistributeur de la richesse, ce mythe est capital. En effet, même les pauvres aux États-Unis s’accommodent facilement des inégalités sociales dans leur pays parce qu’ils sont convaincus que grâce à leurs efforts, un jour leurs propres enfants bénéficieront des avantages de la réussite sociale américaine.
Selon un chercheur de l’université d’Ottawa, il est plus facile de réussir dans les pays scandinaves, au Canada, au Japon, en Allemagne, en Australie, ou en France, qu’aux États-Unis.
Les facteurs qui justifient cette situation sont les suivants :
a) l’importance des inégalités sociales. Plus les inégalités sociales sont criantes, plus il est difficile de s’en affranchir,
b) les frais universitaires. Plus ils sont élevés, plus l’éducation supérieure est réservée aux enfants de familles aisées,
c) la stabilité familiale. Les divorces et les grossesses dès l’adolescence sont des obstacles à la réussite sociale des enfants et des jeunes adultes,
d) la redistribution de la richesse. En favorisant l’instruction et la bonne santé de tous, les mesures sociales augmentent les chances de réussite de l’ensemble des citoyens.
Références :
Income Inequality, Equality of Opportunity, and Intergenerational Mobility
The myth of the American Dream
Parus depuis :
Le Canada offre plus de chance de vivre le rêve américain que son voisin (2020-01-21)
The Economic Consequences of Major Tax Cuts for the Rich (2020-12-15)
L’effet de ruissellement (2020-12-19)