Michael Rousseau et le moteur de l’anglicisation du Québec

5 novembre 2021
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Le fonctionnement interne d’Air Canada

Nommé PDG d’Air Canada le 15 février 2021, Michael Rousseau est un angloQuébécois qui vit à Montréal depuis quatorze ans.

Il y a deux jours, il a été incapable de comprendre la moindre des questions qui lui furent adressées en français à la suite de la conférence qu’il a prononcée en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

En raison de son unilinguisme absolu, les réunions du Conseil d’administration d’Air Canada se déroulent exclusivement en anglais et tous les rapports qui lui sont soumis sont rédigés dans cette langue.

Son service à la clientèle est bilingue et beaucoup de ses agents de bord le sont. Mais à l’interne, la langue de travail est l’anglais. Comme c’est le cas du gouvernement fédéral à Ottawa.

L’anglicisation favorisée par Ottawa

Depuis quelque temps, des pressions s’exercent sur le gouvernement canadien pour qu’il consente à ce que les entreprises sous son autorité (comme Air Canada) soient assujetties à la Charte de la langue française.

Ottawa n’en a pas l’intention. Voilà pourquoi on parle plutôt de la nécessité de simplement moderniser la loi fédérale sur les langues officielles.

Les politiques d’Ottawa qui visent à défendre les minorités linguistiques du pays ont toujours eu pour principal objectif de promouvoir les intérêts de la ‘minorité anglaise du Québec’ alors que celle-ci est plutôt l’annexe québécoise de la majorité angloCanadienne. En somme, ses politiques servent de paravent à la colonisation anglaise du Québec.

Jusqu’à maintenant, le gouvernement canadien n’a jamais réalisé que la principale minorité linguistique du Canada, ce sont les francoQuébécois. C’est cette minorité-là qui est menacée par l’océan anglophone nord-américain.

La discrimination à l’embauche

M. Rousseau est la preuve vivante qu’on peut très bien réussir sa vie au Québec en étant unilingue anglais.

Par contre, l’Office québécois de la langue française révélait l’an dernier que dans 63 % des entreprises de la métropole, tout candidat à l’embauche est refusé s’il ne parle pas l’anglais.

Le cas typique est celui des trottinettes Lime qui ne publiaient leurs offres d’emplois qu’en anglais et dont l’immense majorité du personnel ne parlait pas français.

Une anecdote

Il y a quelques années, dans la pièce où prenaient place les candidats en attente d’une entrevue d’embauche chez Air Canada, une jeune Montréalaise avait fait connaissance avec la personne assise à côté d’elle.

Malheureusement, cette personne ne parlait pas français alors que l’offre d’emploi stipulait l’exigence du bilinguisme. Malgré cela, c’est elle qui obtint le poste.

L’explication était simple; la version française de l’offre d’emploi exigeait le bilinguisme, alors que la version anglaise n’en faisait pas mention.

Sans le dire, ce qu’Air Canada voulait réellement, c’est quelqu’un qui parle anglais.

Conclusion

La Charte de la langue française (la Loi 101) exige l’unilinguisme français au sein des entreprises du Québec. À l’embauche, il est illégal d’exiger la connaissance de l’anglais, sauf lorsque cela est strictement nécessaire (pour servir dans sa langue la clientèle anglophone, par exemple).

Tant que les règles d’embauche au Québec exigeront illégalement la connaissance de l’anglais chez les francoQuébécois, mais n’empêcheront pas un angloQuébécois unilingue de faire carrière ici, cette discrimination à l’embauche sera le moteur de l’anglicisation de Montréal.

Hier, le Parti Québécois expédiait à ses membres un courriel intitulé ‘Rester dans le Canada, c’est consentir à notre déclin’.

Je ne saurais mieux dire…

Références :
Aperçu du fonctionnement interne de l’État canadien
Doit-on interdire l’accès à la magistrature aux avocats québécois unilingues français ?
La ministre Petitpas Taylor veut lutter contre « le déclin du français »
Langues officielles: il faut aller plus loin
La responsabilité du conseil d’administration d’Air Canada
Le PCJ, annexe de la machine coloniale canadienne
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche

Parus depuis :
Canadien National : Les francophones écartés de la table du C.A. (2022-04-21)
« It’s very english » sur la voie maritime du Saint-Laurent (2023-05-19)
Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les compagnies aériennes, voyous corporatifs

23 avril 2020

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Une anecdote personnelle

Le 3 octobre 2005, alors que je m’apprêtais à prendre un vol vers Berlin avec correspondance à Paris, j’ignorais que plus de 40 000 bagages s’accumulaient depuis plusieurs jours en raison d’une grève à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Tous les bagages en transit par Paris étaient séquestrés par les grévistes.

Les employés d’Air France avaient reçu des consignes strictes de cacher la vérité, voire de mentir aux passagers, afin que personne n’annule sa réservation.

Partout à travers le monde, aux comptoirs de réclamation d’Air France, on pouvait voir de longues files de passagers déçus d’arriver à destination sans leurs bagages.

Si bien que je suis arrivé à Berlin sans les miens.

Je les ai finalement obtenus à l’issue de la grève, le 12 octobre 2005, soit huit jours après mon arrivée dans la capitale allemande.

À mon retour à Montréal, j’ai appris la vérité. Et je me suis juré de ne plus jamais voyager à bord d’Air France. Une promesse que j’entends respecter jusqu’à la fin de mes jours.

Le Covid-19 et la fermeture des frontières

La France et le Canada ont tardé à fermer leurs frontières.

Parmi les très nombreux motifs qui expliquaient cette hésitation, il y avait les représentations de compagnies aériennes. Celles-ci faisaient savoir qu’un tel interdit leur causerait d’importantes pertes financières.

En raison de ce retard, ces dizaines de milliers de passagers ont ensemencé le Covid-19 au Canada et en France puisqu’à l’époque, les voyageurs internationaux furent les uniques foyers de la propagation de la pandémie.

Le transport régional

La fermeture des frontières n’empêche pas la poursuite des vols régionaux.

Depuis des semaines, les autorités sanitaires répètent l’importance de la distanciation sociale.

On aurait pu croire que les compagnies aériennes se seraient volontairement conformées à ces directives, quitte à majorer le prix de leurs billets.

Il n’en est rien.

La semaine dernière, une journaliste rapportait que son vol Paris-Marseille s’était effectué sur un appareil d’Air France où plus aucun siège n’était disponible et où une bonne partie des passagers ne portaient pas de masque.

À la suite des pressions du secrétaire d’État français aux Transports, la compagnie aérienne a annoncé lundi qu’elle offrirait dorénavant des masques à ceux qui en ressentiraient le besoin lorsque la distanciation ne sera pas possible.

Mais elle n’a pas l’intention d’en imposer le port à tous ses passagers.

De plus, Air France n’a pas précisé si ces masques seraient offerts gratuitement ou vendus comme tout ce qu’elle offre à bord (sauf l’eau potable et l’air qu’on y respire).

Imaginez-vous enfermé dans un lieu exigu pendant 95 minutes à côté d’un inconnu qui tousse à s’époumoner et qui n’a pas senti le besoin de se procurer un masque…

D’ailleurs, même avec un masque, il y a-t-il un seul expert en santé publique qui soutienne que le masque est un substitut à la distanciation sociale ?

Air France n’est pas la seule compagnie aérienne qui rechigne à protéger ses passagers de cette pandémie mortelle.

Le grand patron de Ryanair a qualifié d’idiotes les règles de distanciation sociale. De plus, il a annoncé qu’il est hors de question que sa compagnie les respecte à moins que l’État irlandais paie pour les sièges restés vides.

Qu’en est-il au Canada ?

À 13h20 cet après-midi, je me suis rendu sur le site de réservation d’Air Canada.

Sur le premier avion qui partira demain matin de Montréal vers Toronto, il ne restait plus que six places sur 64 (celles gris pâle, sans ‘X’).

Voilà comment les compagnies aériennes respectent la distance sanitaire au pays avec la bénédiction du gouvernement fédéral.

Et pour ce qui est des passagers dont les vols ont été annulés en raison de la fermeture des frontières, on ne les rembourse pas. À la place, on leur offre un crédit sur un autre vol d’ici 24 mois.

Si ce nouveau vol coute plus cher, les passagers doivent évidemment payer la différence. Toutefois, dans le cas contraire, ils perdent la différence.

D’ici là, ces personnes financent le transporteur aérien à zéro pour cent d’intérêt.

Et si ce transporteur fait faillite, soyez assurés que le président partira avec son parachute doré de plusieurs millions de dollars. Mais les passagers, eux, n’auront pas un sou.

Tout cela est parfaitement conforme à la nouvelle Charte fédérale des voyageurs qui — soit dit en passant — est une farce.

Mais ce n’est pas tout.

Les associés sociaux corporatifs

L’Association internationale du transport aérien représente 290 compagnies responsables de plus de 80 % du trafic aérien mondial.

Auprès de divers gouvernements, l’organisme réclame un plan de sauvetage de 200 milliards de dollars pour sauver ses membres de la faillite.

Une aide qui, évidemment, sera payée par les contribuables qui auront survécu à la pandémie que ces compagnies auront propagée.

Alors récapitulons

Nous sommes en présence de compagnies qui délocalisent leurs profits dans des paradis fiscaux. Qui ne versent presque rien à leurs gouvernements respectifs. Qui accordent des salaires faramineux à leurs dirigeants. Qui insistent pour qu’on les laisse propager une pandémie partout à travers le monde. Qui, encore maintenant, manquent totalement de conscience sociale en faisant tout pour que leurs passagers deviennent des foyers d’infection… et qui supplient pour qu’on leur vienne en aide.

Quel culot !

Je vais vous dire comment l’État devrait les traiter; comme le ferait n’importe quel capitaliste digne de ce nom. Ce qui veut dire les laisser faire faillite et racheter leurs actifs pour une bouchée de pain.

Air Canada et Air France redeviendraient alors des sociétés d’État comme elles l’ont été pendant des décennies.

Puis, quand les choses reviendront à la normale, l’État les revendrait avec de juteux bénéfices.

C’est ça, le capitalisme.

Références :
Air France, voyou corporatif
Air France distribuera des masques dans les avions trop pleins
Avant de voler au secours de l’industrie du voyage
Covid-19 : les prix citron à Ottawa et à la STM
Ryanair boss says airline won’t fly with ‘idiotic’ social distancing rules

Parus depuis :
La France et les Pays-Bas au secours d’Air France-KLM (2020-04-24)
Les compagnies aériennes doivent rembourser leurs clients, vote l’Assemblée nationale (2020-05-28)
Presque 70 vols commerciaux avec des cas confirmés de COVID-19 dans les dernières semaines (2020-08-28)
Thousands of passengers on commercial flights may have been exposed to coronavirus in 2020, CDC says (2020-09-23)
Covid-19 : cinquante-neuf personnes infectées en Irlande par le coronavirus après un vol intercontinental (2020-11-06)
Two-thirds of passengers on first flight to Covid-free Kiribati diagnosed with virus (2022-01-21)

Postscriptum du 4 mai 2020 : La Compagnie Air France a annoncé qu’à partir du 11 mai 2020, le port du masque serait obligatoire dans tous ses avions pour tous ses voyageurs.

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’éthique douteuse d’Air Canada

12 août 2011
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On a tous vu ces réclames d’Air Canada, à pleine page dans certains quotidiens, qui annoncent des vols transatlantiques à des prix ridiculement bas. Toutefois, il faut lire les petits caractères au bas de la page puisque ces prix ne comprennent pas les taxes et plein d’autres frais cachés. En réalité, le prix réel d’une réservation est souvent deux à trois fois plus élevé que le prix annoncé.

Cet automne, l’Office de la protection du consommateur sommait le transporteur aérien de se conformer à la loi québécoise. Celle-ci exige que les prix affichés comprennent tous les frais applicables.

D’autres transporteurs — Porter Airlines, WestJet et Air Transat — ont signifié leur intention de se conformer à la loi québécoise mais pas Air Canada : cette dernière refuse, prétextant qu’elle n’est soumise qu’aux lois fédérales.

Selon le NPD, il existerait bien une loi fédérale à ce sujet mais le gouvernement actuel (qui était minoritaire au moment de son adoption) refuse de la mettre en application.

Air Canada devrait avoir honte. Comment une compagnie honnête peut-elle proposer publiquement de tels attrape-nigauds ? Évidemment, dès qu’on tente d’effectuer une réservation, on réalise très vite la supercherie mais tout cela est une perte de temps qui porte ombrage à l’image de respectabilité de cette entreprise.

Trop de compagnies comme Air Canada sont minées de l’intérieur par ces cadres sans scrupule, sans morale, prêts à tout (y compris la tromperie) pour parvenir à leurs fins.

Références :
Air Canada maintient une campagne publicitaire déjà jugée illégale
«Publicités trompeuses» – Le NPD veut qu’Ottawa sévisse contre Air Canada

Détails techniques de la photo : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/30 sec. — F/5,0 — ISO 320 — 23 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel