Au-dessus des voyelles a, e, et o, l’accent circonflexe modifie la prononciation.
Par exemple, les mots ‘tache’ et ‘tâche’ ne se prononcent pas de la même manière (en plus d’avoir des sens différents).
Mais ce n’est pas le cas des voyelles i et u. Par exemple, ‘cou’ et ‘coût’ se prononcent exactement pareil.
En vertu de la réforme facultative de l’orthographe de 1990, les accents circonflexes au-dessus des voyelles i et u disparaissent partout où ils sont superflus.
On les conserve seulement lorsque cet accent modifie le sens du mot. C’est le cas dans les six exceptions suivantes.
• ‘Croîs’ et ‘croît’
Au présent, l’accent circonflexe permet de distinguer entre les verbes ‘croitre’ (grandir) et ‘croire’ (considérer comme vrai). Conséquemment, ‘je croîs’, ‘tu croîs’ et ‘il croît’ s’écrivent comme avant.
Par contre, l’accent disparait au-dessus du ‘i’ des verbes ‘croitre’, accroitre’, ‘décroitre’ et ‘recroitre’. Il disparait également de ‘surcroit’.
• ‘Dû’
En français, on n’écrit jamais ‘de le’; on le remplace par ‘du’ (sans accent). Par exemple, on écrit : ‘La messe du dimanche’.
Afin de distinguer ce ‘du’ de ‘dû’ (ce qu’on doit), on place un accent circonflexe chez ce dernier (au masculin singulier seulement).
Mais il disparait des adverbes ‘assidument’, ‘dument’ et ‘indument’, de même qu’au participe passé du verbe ‘redevoir’.
• ‘Jeûne’ et ‘jeûnes’
On ne peut pas retirer l’accent du mot ‘jeûne’ (la privation de nourriture) sans créer de la confusion avec le mot ‘jeune’ (la personne peu avancée en âge). De plus, contrairement à la voyelle ‘u’, le son ‘eu’ se prononce différemment lorsqu’il est accentué.
Autrefois, ‘jeuner’ (se priver de nourriture) et ‘jeuneur’ (la personne qui jeûne) prenaient un accent circonflexe, contrairement à ‘déjeuner’. Avec la réforme orthographique de 1969, aucun d’entre eux n’en prend.
Bref, seul ‘jeûne’ (au singulier comme au pluriel) est accentué.
• ‘Mûr’ et ‘mûrs’
Au masculin, l’accent circonflexe permet de distinguer ‘mûr’ (ce qui est arrivé à maturité) de ‘mur’ (paroi verticale).
Avec la réforme orthographique, il disparait au féminin parce qu’inutile. On écrira donc ‘mure’ et ‘mures’. Il est censé disparaitre au masculin pluriel, ce qui n’est pas logique.
Cette disparition affecte également tous les mots qui débutaient par ‘mûr…’ : ‘muraie’ et ‘mureraie’ (une plantation de muriers), ‘murement’, ‘murier’, ‘muriforme’, ‘murir’, ‘murissage’, ‘murissant’, ‘murissement’, ‘murisserie’, (entrepôt de murissement) et ‘muron’ (une baie).
• ‘Sûr’ et ‘sûrs’
Tout comme avec ‘mûr’, l’accent sur l’adjectif ‘sûr’ (ce qui est certain) permet de le distinguer de l’adjectif ‘sur’ (dont le gout est aigre).
Il se décline comme ‘mûr’.
Sont également affectés par cette disparition, ‘surement’ et ‘sureté’.
• Passé simple et subjonctif
L’accent circonflexe est conservé aux formes rares de certains verbes (le passé simple et l’imparfait du subjonctif). Par exemple : ‘Il eut été plus sage qu’il eût enlevé ses bottes sales’ ou ‘Nous prîmes notre courage à deux mains…’.
Perdent donc leur accent une foule de mots courants comme ‘abime’, ‘ainé’, ‘aout’, ‘boite’, ‘boiter’, ‘bruler’, ‘buche’, ‘chaine’, ‘cloitre’, ‘connaitre’, ‘cout’, ‘croute’, ‘dime’, ‘diner’, ‘flute’, ‘fraicheur’, ‘gaité’, ‘gite’, ‘gout’, ‘huitre’, ‘ile’, ‘maitre’, ‘naitre’, ‘paitre’, ‘paraitre’, ‘piqure’, ’souler’, ‘traineau’, ‘traitre’, et ‘voute’.
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