Festival Montréal baroque 2018 : Jour 4

Publié le 25 juin 2018 | Temps de lecture : 6 minutes
Leandro Marziotte et Ariadne Lih

Au musée McCord, le festival présentait à 11h le concert Alla Guerra d’Amore, composé d’airs et de duos amoureux italiens du XVIIe siècle.

Leandro Marziotte (contreténor) et Ariadne Lih (soprano) étaient accompagnés d’Alexis Risler au téorbe et de Caroline Ritchie à la viole de gambe.

Nicolas Géradin et Élise Guay

Depuis le début, la programmation du festival prévoit des concerts gratuits. Comme ce fut le cas les années précédentes, ceux d’aujourd’hui avaient lieu à la Place Phillips.

Le premier des quatre mettait en vedette Nicolas Géradin et Élise Guay à la cornemuse, au grand plaisir de nombreux enfants et de leurs parents.

Dina König

À 14h, toujours au musée McCord, on pouvait entendre l’alto Dina König, accompagnée de Karim Nasr (hautbois et basson baroques), Esteban La Rota (téorbe et guitare baroque) et Caroline Ritchie (viole de gambe), interpréter des airs du jeune Haendel, à l’époque où il travaillait en Italie.

Je ne sais pas très bien ce qui se passe ces jours-ci au Kazakhstan mais cette ancienne république soviétique semble être devenue une pépinière de talents.

Après le ténor Dimash Kudaibergenov, révélé par son interprétation ahurissante de l’air SOS d’un terrien en détresse tiré de Starmania (en dépit d’un français approximatif), voici Dina König.

Celle-ci possède une voix blanche (sans vibrato), parfaitement juste, qui se distingue par un léger frémissement — ce que j’appellerais un grain de la voix — qui en font une interprète exceptionnelle. Sa venue à Montréal est une autre grande découverte du festival.

Karim Nasr

Ce concert comportait également de la musique instrumentale composée par Haendel à la même époque. L’aria Lascia la spina fut interprété au hautbois par Karim Nasr de manière à en faire pleurer les roches.

Le grand spectacle qui termine le Festival Montréal baroque se veut un paroxysme qui donne le gout aux festivaliers de revenir l’année suivante.

À 19h, à l’agora Hydro-Québec de l’UQUÀM, on présentait la cantate Apollo e Dafne composée à Venise par Haendel en 1709-1710. Celle-ci s’est transmise jusqu’à nous de manière incomplète puisqu’il manque l’ouverture, remplacée ici par celui de l’opéra Serse.

L’œuvre ne requiert qu’un baryton et une soprano.

C’est avec beaucoup de brio que la chorégraphe Marie-Nathalie Lacoursière a transformé cette cantate en miniopéra en dépit des moyens financiers limités du festival, grâce notamment aux talents des éclairagistes qui ont su créer le merveilleux à partir de presque rien.

À la manière d’un roman-photo, permettez-moi de vous présenter l’œuvre telle que résumée par le synopsis anonyme du programme de la soirée.

Daphné, fille du fleuve Pénée, est passionnée de chasse. Elle fuit les prétendants, au grand désespoir de son père qui la voudrait mariée.

Indépendante, elle doit faire face à l’obsession qu’Apollon nourrit pour elle (un comportement qu’on ne tolère plus, de nos jours, que dans l’Olympe).

Apollon (Dion Mazerolle) ridiculisant Cupidon (Stéphanie Brochard)

Fier de sa victoire sur le serpent Python envoyé par Héra pour tuer la mère d’Apollon, ce dernier se moque de Cupidon et de son arc.

Vexé, celui-ci se venge en tirant deux flèches; l’une en or décrochée contre Apollon (qui tombera amoureux en voyant Daphné) et l’autre, en plomb, décrochée contre Daphné, ce qui empêchera la réciproque.

Daphné épiée par Apollon

Éperdument amoureux de Daphné, Apollon la contemple, l’épie et la pourchasse. Guerrier, il veut s’unir à elle et ne comprend pas qu’elle s’éloigne et le repousse.

Daphné (Jacqueline Woodley) se confie aux dieux
L’indifférence de Daphné

Apollon lui déclare son amour, mais Daphné n’entend pas ses discours et fuit toujours plus loin.

La fuite de Daphné (Pierre Chartrand et Alexis Chartrand)

Ici, la fuite de Daphné est symbolisée par une course dont le bruit est obtenu par de la danse à claquettes.

Daphné voit les arbres s’écarter devant elle. Alors qu’Apollon est sur le point de la rattraper, elle atteint in extrémis le fleuve de son père. Penchée sur lui, elle le supplie de lui ôter la beauté qui lui porte malheur.

La métamorphose de Daphné

À peine a-t-elle achevé ce vœu que ses membres s’engourdissent, ses cheveux verdissent, ses bras s’étendent en rameaux et ses pieds s’enracinent. Elle s’est transformée en laurier afin d’échapper à la passion d’Apollon.

Stupéfait, Apollon découvre Daphné métamorphosée
Le désespoir d’Apollon

Le laurier devient ainsi l’arbre sacré d’Apollon et ses feuilles couronnent depuis le front des guerriers victorieux en mémoire du grand amour du dieu.

Les Jardins chorégraphiques

La cantate était suivie d’une chorégraphie savante de Marie-Nathalie Lacoursière.

Ronde des festivaliers

À l’issue de cela, le public était invité à exécuter une ronde sur la musique de danse de l’époque d’Haendel.

Danse en ligne
Danseurs de différentes générations

Finalement, les plus doués d’entre eux s’adonnèrent aux danses sociales de l’époque.

Mes concerts préférés cette année furent la cantate Apollo e Dafne (dont on vient de parler), l’orchestre L’Arte del mondo (en vedette les jours 2 et 3), Acis and Galatea (jour 3), le quatuor Flûte alors (jour 1), le harpiste Antoine Mallette-Chénier (jours 2 et 3), et l’alto Dina König (jour 4).

Et puisque vous, amis lecteurs, avez eu la patience de me lire jusqu’ici, je vais vous faire une confidence : les ballets de Mme Lacoursière sont pour moi, une perpétuelle source d’émerveillement.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 (2e, 5e, 7e et 13e photos) et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (les autres photos)
  1re photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
  2e  photo : 1/4000 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
  3e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 75 mm
  4e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 75 mm
  5e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
  6e  photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 75 mm
  7e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm
  8e  photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 75 mm
  9e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 75 mm
10e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 640 — 75 mm
11e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 500 — 75 mm
12e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 640 — 75 mm
13e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm

Paru depuis : Händel à l’heure de #MeToo: fort et pertinent (2018-06-26)


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Festival Montréal baroque 2018 : Jour 3

Publié le 24 juin 2018 | Temps de lecture : 3 minutes
Catherine St-Arnaud

Le programme de cette troisième journée du festival comprenait trois concerts intimes dont je n’ai vu que le troisième intitulé ‘Sorcière au bucher’, interprété par Catherine & Complices (ci-dessus).

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

À 19h, sous la direction du chef Eric Milnes, l’orchestre L’Harmonie des saisons jouait l’opéra Acis and Galatea (1718) en version concert. Il s’agit d’une des œuvres les plus charmantes d’Haendel.

Cliquez sur l’image pour démarrer

Le clip vidéo ci-dessus est un extrait de l’air Love in her eyes sits playing, interprété par le ténor québécois Philippe Gagné.

Antoine Mallette-Chénier

Entre les deux actes de l’opéra, on joua le Concerto pour harpe, cordes et basse continue en si bémol majeur op. 4 no 6 d’Haendel.

À 21h, on quittait l’agora Hydro-Québec de l’UQÀM pour l’église Saint-Jean-Baptise (celle au toit rouge) située à deux pas.

Des membres de l’orchestre allemand L’Arte del mondo interprétèrent…

Susanne Regel, Massimiliano Toni et Linda Mantcheva

…la Sonate pour hautbois et basse continue en do mineur op. 1 no 8 d’Haendel…

Andrea Keller, Massimiliano Toni et Linda Mantcheva

…le Sonate pour violon et basse continue en fa majeur op. 1 no 12 du même compositeur…

Massimiliano Toni

…la Suite pour clavecin No 2 en fa majeur, également d’Haendel…

Massimiliano Toni et Linda Mantcheva

…la Sonate pour violoncelle et basse continue en la mineur op. 2 no 5 de Giacobbe Basevi (dit Il Cervetto)…

Andrea Keller, Massimiliano Toni, Linda Mantcheva et Susanne Regel

…et finalement la Sonate en trio pour violon, hautbois et basse continue en si mineur op. 2 no 1b d’Haendel.

Bref, une journée plaisante et très intéressante.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 (1re, 2e, 4e, 5e, 8e photos) et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (3e, 6e et 7e photos)
1re photo : 1/125 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
3e  photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 5000 — 75 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
6e  photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 2000 — 75 mm
7e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1250 — 75 mm
8e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 500 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Festival Montréal baroque 2018 : Jour 2

Publié le 23 juin 2018 | Temps de lecture : 2 minutes

À 17h, cette deuxième journée comprenait une conférence gratuite donnée en anglais sur le thème Les iles de l’enchantement : plaisir, domination et transformation.

Donnée par le professeur Paul Yachnin (spécialiste de Shakespeare) et le metteur en scène Patrick Hansen, cette conférence — une des plus intéressantes données à ce jour par le festival baroque depuis sa fondation — portait sur la symbolique de l’ile enchantée dans la littérature occidentale, à partir de la mythologie grecque jusqu’à aujourd’hui, en passant par les opéras d’Haendel.

Gilles Cantagrel

Présenté par le musicologue Gilles Cantagrel…

Suzanne Regel (haubois) et l’orchestre L’Arte del mondo

…le concert débutant à 19h portait sur cinq concertos de trois compositeurs contemporains, Haendel (1685-1759), Alessandro Marcello (1684-1747) et Evaristo-Felice Dall’abaco (1675-1742).

Virtuose, l’orchestre allemand mettait en vedette (selon l’œuvre) le claveciniste Massimiliano Tomi et la flutiste Suzanne Regel.

Orchestre et solistes ont brillé dans des œuvres séduisantes, aidés par l’acoustique de l’église Saint-Jean-l’Évangéliste dont le plancher et le plafond sont entièrement de bois.

Antoine Malette-Chénier, le duo Les Voix Humaines et Charles Daniels

À 21, à l’agora du musée d’Art contemporain, le festival présentait un récital d’œuvres des meilleurs compositeurs anglais du XVIIe siècle, interprétées par le ténor Charles Daniels.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 (2e et 3e photos) et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (1re photo)
1re photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 75 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 1250 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Festival Montréal baroque 2018 : Jour 1

Publié le 22 juin 2018 | Temps de lecture : 2 minutes

Cette année, la seizième édition du Festival Montréal baroque met en vedette le compositeur anglais d’origine saxonne Georg-Friedrich Haendel.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

À la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, on présentait à 19h la moitié des pièces musicales qui composent son dernier grand oratorio, The Triumph of Time and Truth, composé deux ans avant sa mort.

La partie instrumentale a été confiée à l’orchestre allemand L’Arte del Mondo, complété de L’Ensemble Caprice de Montréal. Les parties chorales relevaient de l’Ensemble vocal Arts-Québec, tandis que quatre solistes complétaient le tout sous la direction de Matthias Maute.

Selon la mode anglaise (à l’époque comme de nos jours), le livret est très moralisateur, mais admirablement bien écrit.

Musicalement, ce n’est pas l’œuvre la plus mélodieuse du compositeur. Toutefois, j’ai bien apprécié l’air pastoral Dryads, Sylvans with fair Flora, abrégé hier soir.

Peut-être parce que j’étais assis dans les toutes premières rangées, j’avoue avoir trouvé excessive la puissance vocale des solistes et eu l’impression qu’on me criait après.

D’autant plus qu’une des deux sopranos (dont je tairai le nom) avait tendance à chanter systématiquement les aigus à gorge déployée.

Ceci étant dit, j’ai été heureux de faire connaissance avec cette œuvre que je ne connaissais pas.

Vincent Laurier, Dorothea Ventura, Marie-Laurence Primeau, Caroline Tremblay et Alexa Raine-Wright

À 21h, le quatuor Flûte alors (complété de la claveciniste Dorothea Ventura) présentait des transcriptions de la musique de Haendel.

La partie médiane du concert était consacrée à des transcriptions de sa Water Music qui n’avaient pas l’éclat de l’original orchestral.

Toutefois, la première et la troisième partie du concert étaient séduisantes, notamment les nombreuses pièces virtuoses qui m’ont littéralement enchanté.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 12 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm


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