Publié le 29 août 2021 | Temps de lecture : 2 minutes
Le ministre responsable de la Protection des renseignements personnels, l’honorable Éric Caire, est un expert autoproclamé en sécurité informatique. Lorsqu’il affirme quelque chose, c’est vrai.
Lors du dévoilement de l’application VaxiCode, il déclarait catégoriquement :
Le code QR que nous fournissons ne peut pas être falsifié, ne peut pas être modifié et ne peut pas être copié.
Moins de 24 heures plus tard, des pirates prouvaient le contraire.
La compagnie Apple estime que les pirates lui rendent service lorsqu’ils révèlent les failles sécuritaires de ses logiciels.
Le gouvernement de la CAQ a plutôt décidé de porter plainte à la police puisque dans ce cas-ci, c’est très différent; les pirates ont commis le pire des crimes, celui de lèse-majesté.
Comme dans le conte ‘Les Habits neufs de l’empereur’ d’Andersen, le ministre Caire croyait se pavaner dans ce beau costume d’expert informatique alors qu’il était nu.
Par ailleurs, notre mignon ministre pilote l’important dossier du transfert des données stratégiques de l’État sur des serveurs américains probablement situés au Québec.
Actuellement, ces données sont dispersées dans 457 sites (ou centres de traitement informatique) dispersés sur le territoire québécois. On veut réduire leur nombre à deux.
Et plutôt que de favoriser le développement d’une expertise québécoise, on donnera les contrats à des firmes américaines expertes en informatique dématérialisée (ou Cloud Computing).
Ces mêmes compagnies qui n’ont pas empêché des milliers d’ordinateurs du gouvernement américain d’être infiltrés par des pirates russes…
Publié le 2 juillet 2021 | Temps de lecture : 5 minutes
À l’épicerie, on peut acheter un pain ou un litre de lait de manière relativement anonyme. Tout au plus, le marchand pourrait lire votre nom sur votre carte de crédit.
Mais il ne cherchera pas à savoir votre adresse civique ni votre numéro de téléphone à moins que vous lui demandiez de livrer le tout à votre domicile.
Autrement, si on paie à l’aide d’une carte de crédit, dès que la transaction est acceptée, on quitte tout commerce avec ce qu’on y a acheté sans aucune autre formalité.
Et si on y retourne le lendemain, on peut pénétrer dans l’établissement sans avoir à se rappeler un mot de passe choisi la veille.
Depuis des mois, cet anonymat est poussé à un point extrême; les commerçants nous obligent à magasiner masqués comme des braqueurs de banque…
Au contraire, les entreprises qui font commerce en ligne ont la manie d’obliger leur clientèle à créer un dossier comme condition préalable à tout achat.
Évidemment, il est normal qu’un fournisseur sache les coordonnées qui lui sont nécessaires à faire livrer une marchandise.
Mais au lieu d’écrire ces données dans un fichier indépendant, les entreprises ont la manie d’enregistrer le tout (y compris le numéro de carte de crédit) dans une base de données.
Quand nous achetez votre épicerie en ligne chez Métro, vous n’avez pas à redonner votre numéro de carte de crédit après la première commande; ce numéro a été enregistré dans sa base de données.
Or il ne se passe pas un mois sans qu’on apprenne que des pirates ont volé la base de données d’une grande entreprise, compromettant ainsi la confidentialité des informations qu’elle contenait.
Même le gouvernement américain a été incapable d’empêcher des pirates russes d’avoir accès à des milliers de ses ordinateurs. Et il a mis des mois avant de s’en rendre compte.
La piraterie est devenue un problème sécuritaire majeur parce que les grands éditeurs de logiciels ont tout misé sur l’informatique dématérialisée; de nos jours, il est devenu normal que les employés d’une entreprise soient constamment connectés à ce milieu à la fois séduisant et hostile qu’est l’internet et que les données stratégiques de l’entreprise y soient entreposées.
En conséquence, la piraterie est un des rares moyens de devenir riche rapidement, facilement et sans danger dès qu’on excelle dans cette discipline et qu’on possède un compte en Bitcoin. Voilà tout ce qui est nécessaire pour devenir millionnaire du jour au lendemain.
Alors comment des dirigeants d’entreprises peuvent-ils s’imaginer être à l’abri d’un vol de données ?
En réalité, ils s’en moquent; c’est plus simple pour eux de faire comme s’ils ignoraient tout cela… quitte à faire semblant d’être surpris lorsque le méfait aura été commis.
Si nos gouvernements voulaient agir, il leur faudrait reverser la tendance à l’infonuagique, véritable talon d’Achille de l’économie occidentale. Il ne s’agit pas de combattre le commerce électronique, mais très précisément l’accessibilité des bases de données depuis l’internet.
Or qui sont les géants du stockage des données sur l’internet ? Amazon, Google et Microsoft. Avec des noms pareils, on comprendra pourquoi nos journaux n’osent jamais nous dire à partir des serveurs de qui des pirates ont volé la base de données d’une institution financière ou d’une entreprise.
Parallèlement, nos gouvernement devraient prévoir des pénalités très sévères en cas de vol de données et des peines beaucoup plus sévères lorsque l’entreprise choisit de garder le silence lorsque cela lui arrive.
Pour les citoyens de ce pays, l’usurpation d’identité est la conséquence la plus grave de la piraterie des bases de données et de leur vente en ligne au plus offrant.
Dans la vision naïve du monde qu’entretient le gouvernement fédéral, le Canada est un grand marché commun; son rôle, selon lui, c’est d’y garantir la fluidité des échanges de biens et de services.
Protéger les consommateurs de l’usurpation d’identité est le cadet de ses soucis. Voyez comment il a pris la défense des compagnies aériennes qui refusaient de rembourser les billets de vols annulés en raison de la pandémie.
Si ce gouvernement ne fait rien pour nous protéger, c’est qu’il est complice de la grande entreprise plutôt que d’être au service du peuple. Autrement cela ferait longtemps qu’il aurait agi.
Publié le 11 mai 2021 | Temps de lecture : 5 minutes
Introduction
Google songe sérieusement à implanter un centre de données au Québec. Il s’agit d’un investissement de 735 millions$ qui créera une trentaine d’emplois spécialisés.
Concrètement, qu’est-ce qu’un centre de données ? C’est un immense entrepôt climatisé abritant des centaines de super-ordinateurs fonctionnant jour et nuit à plein régime.
Échanger quatre trente sous pour une piastre
Quelles seront les retombées économiques récurrentes pour le Québec ? Presque aucune.
Les ordinateurs seront achetés à la suite d’un appel d’offres logé auprès des grands fabricants internationaux. Ces derniers achemineront les machines directement à l’entrepôt.
Standardisés d’un centre de données à l’autre, le mobilier et le système de climatisation seront eux aussi livrés directement.
Des dizaines d’ouvriers québécois seront nécessaires au cours de la phase de le construction. Une fois l’entrepôt construit, le centre de données sera complètement automatisé. Il emploiera quelques gardiens de sécurité et une trentaine d’experts pour réparer les machines.
Un centre comme celui de Google héberge les données stratégiques de gouvernements et d’entreprises. Il est impossible pour Google de sous-traiter des pans importants de son fonctionnement sans risquer sa réputation.
Tout au plus, certains fournisseurs locaux pourraient être appelés à fournir quelques pièces de rechange lors d’un bris mécanique puisqu’en pareil cas, toute réparation est urgente.
Le gros bout du bâton
L’Islande et le Québec sont deux endroits très intéressants pour y installer un centre de données; assez semblables, leurs tarifs d’électricité sont parmi les moins chers au monde. Et leur climat rigoureux en hiver permet d’épargner des frais de climatisation.
Or justement, les serveurs informatiques consomment des quantités gargantuesques d’électricité et dégagent beaucoup de chaleur. Une chaleur qui doit absolument être évacuée rapidement à défaut de quoi les puces informatiques surchauffent et finissent par griller.
Comme lieu potentiel pour l’installation d’un centre de données, le Québec jouit de nombreux atouts qui font que c’est le Québec — et non Google — qui a le gros bout du bâton dans toute négociation à ce sujet.
Évidemment, ces grandes compagnies internationales embauchent des démarcheurs qui font miroiter l’importance de l’investissement (735 millions$), le prestige pour le Québec d’accueillir un leadeur technologique, et les salaires payants qui seront versés.
Google a poussé l’audace jusqu’à réclamer que le gouvernement actuel dézone le territoire agricole de 62,4 hectares sur lequel il compte construire son centre de données, quitte à rendre impropres à l’agriculture l’équivalent de 104 terrains de football pris parmi quelques-unes des terres les plus fertiles du Québec.
Ignorant l’avis de la Commission de protection du territoire agricole du Québec, le gouvernement s’est empressé d’adopter un décret pour faire dézoner le terrain convoité par Google.
L’attrape-nigaud
Selon Wikipédia, Google appartient à Alphabet, une société immatriculée dans l’État du Delaware. Ce dernier est un paradis fiscal au sein des États-Unis.
Ce qui signifie que Google paiera au fisc québécois des miettes parmi les profits que dégagera son centre de données du Québec; l’essentiel sera détourné au Delaware puis distribué aux actionnaires à travers le monde.
En somme, les seuls avantages pour le Québec, c’est la vente d’électricité (presque au prix coutant) et l’impôt sur le revenu d’une trentaine d’employés.
Nous savons tous que le Québec possède actuellement de grands surplus d’électricité. Ce n’est pas une raison de les gaspiller en les vendant à bas prix en vertu de contrats à long terme.
Lorsque lorsque ces surplus auront fondu, on ne pourra pas annuler ces contrats et utiliser l’électricité récupérée pour attirer des investissements comportant d’importantes retombées économiques.
Bref, posséder une stratégie industrielle, c’est choisir.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que Pierre Fitzgibbon est un homme d’affaires compétent. Mais est-il un bon ministre de l’Économie ?
Il est difficile d’en juger puisque les perturbations économiques occasionnées par la pandémie actuelle l’ont empêché de livrer son plein potentiel à titre de ministre.
Le cas du centre de données de Google sera un moyen d’en juger puisque le flop du mégaprojet d’exportation de gaz naturel au Saguenay était peut-être une simple erreur de débutant à titre de ministre de l’Économie.
Si ce dernier s’aplatit devant Google, heureux de brader une partie des surplus d’électricité du Québec en contrepartie de retombées économiques insignifiantes, il risquera d’être comparé à Ésaü qui, dans la Bible, a échangé son droit d’ainesse pour un plat de lentilles…
Publié le 30 mars 2021 | Temps de lecture : 3 minutes
La première génération de la téléphonie mobile (nommée 1G à postériori) débute avec la naissance du téléphone portable.
Les autres générations sont les suivantes :
• la 2G ajoutait le pouvoir d’échanger des textos,
• la 3G donnait accès à l’internet,
• la 4G augmentait la bande passante de manière à permettre la diffusion de vidéos en continu,
• la 5G promet d’être cent fois plus rapide que la 4G.
Pour apprécier la téléphonie 5G, il ne suffit pas d’utiliser un téléphone 5G; il faut également que l’opérateur de téléphonie possède l’équipement nécessaire.
Le chef mondial de la 5G est l’équipementier Wuawei. Pour acheminer les données massives de la 5G, la technologie de Wuawei nécessite un grand nombre de tours de relai du signal téléphonique afin de l’acheminer de manière fluide.
Après des investissements de l’ordre de 17,5 milliards$US depuis 2015, le réseau téléphonique chinois possède déjà la densité nécessaire à l’acheminement de quantités massives de données.
Par kilomètre carré, il y a 1,37 tour Wifi en territoire chinois. Aux États-Unis, il y en a 0,1 tour par km², soit treize fois moins.
Toutefois, les rivaux de Wuawei soutiennent avoir découvert le moyen de faire de la 5G sans avoir besoin d’autant de tours de retransmission.
Une semaine après le lancement officiel de la 5G dans la capitale française, l’édition dominicale du quotidien Le Monde publiait une petite étude comparative entre la 4G et la 5G à Paris et dans sa banlieue.
Résultat : que ce soit sur les médias sociaux (TikTok, Facebook ou Pinterest), les fournisseurs de vidéo sur demande (Netflix, YouTube, Arte ou Disney), les logiciels de messagerie ou la consultation sous Google Earth, la 5G n’était pas plus rapide que la 4G (à deux ou trois millisecondes près).
Et dans le cas des vidéos, la qualité de l’image était identique.
Toutefois, dans le cas précis du téléchargement des jeux tridimensionnels ou celui de longs métrages, la 5G a pris cinq fois moins de temps… dans 60 % des cas. Dans 20 % des cas, la 4G fut légèrement plus rapide.
Or depuis la naissance des diffuseurs de vidéos en continu, la nécessité de télécharger des films est disparue pour de nombreux cinéphiles.
À l’intérieur des bâtiments résidentiels, le signal 5G de l’opérateur téléphonique Orange pénètre mal. Plus on s’éloigne des fenêtres, des portes et des toits, plus le signal se perd.
La compagnie tient à préciser que son réseau est en phase d’optimisation.
En conclusion, pour la 5G, l’idéal est d’attendre.
Et cela tombe bien; pour protéger l’environnement, rien de tel que de moins consommer. On évitera donc de se procurer un nouveau téléphone à moins que cela réponde à une nécessité. Ce qui est rarement le cas.
Publié le 6 juin 2020 | Temps de lecture : 8 minutes
La recherche de contacts
Les outils de recherche ou de repérage de contacts sont des logiciels pour téléphone multifonctionnel destinés à prévenir les personnes saines qu’elles ont été récemment en contact avec une personne atteinte du Covid-19.
Dès qu’un utilisateur se déclare positif au Covid-19, le logiciel recherche ses contacts dans une base de données et les avise.
Dans certains cas — par exemple l’application Care19 offerte sur Google Play — le logiciel enregistre en plus le lieu des contacts et conséquemment, sert à repérer géographiquement où ont eut lieu ces contacts.
L’exemple de StopCovid France
Offert depuis le 2 juin dernier, StopCovid fonctionne de la manière suivante.
Chaque fois que deux téléphones dotés de StopCovid se croisent à moins d’un mètre pendant plus de quinze minutes, chacun d’eux note l’identifiant StopCovid de l’autre.
Cette information est transmise à un serveur du ministère français de la Santé dès que le téléphone est connecté à l’internet.
Lorsqu’une personne est diagnostiquée positive au Covid-19, son médecin lui remet un code unique à insérer volontairement dans l’application.
Dès lors, le serveur du ministère alerte toutes les personnes qui l’ont côtoyée au cours des deux semaines précédentes : celles-ci sont informées de la possibilité qu’elles aient attrapé le virus. On leur suggère de s’isoler et de contacter leur médecin.
Un potentiel inachevé
StopCovid n’alerte pas en temps réel le propriétaire d’un téléphone lorsqu’il s’approche d’une personne contagieuse afin qu’il puisse éviter d’attraper le virus.
Il est possible qu’on ait craint de stigmatiser les personnes saines qui se promèneraient avec le téléphone emprunté d’une personne infectée. L’emprunteur verrait alors les personnes qu’il croise s’écarter de son chemin ou refuser de le servir comme s’il était pestiféré, sans comprendre pourquoi.
De plus, les applications de recherche de contacts pourraient simplifier considérablement la tâche des épidémiologistes qui tentent de remonter à l’origine d’une chaine de transmission du Covid-19.
Il suffirait de créer des outils d’analyse de la base de données du ministère de la Santé. Il est probable que de tels outils seront éventuellement créés.
Le calcul problématique de la distance
Après des décennies de découvertes informatiques, il devrait être simple de calculer la distance entre deux téléphones. Ce n’est pas le cas.
La géolocalisation par satellite (GPS) est capable d’une très grande précision.
Mais pour des raisons de sécurité nationale, une imprécision est ajoutée volontairement à toutes les applications civiles de géolocalisation. Cette imprécision va au-delà de la distance sanitaire.
Voilà pourquoi aucun outil sérieux de recherche ou de repérage n’est basé sur la fonction de GPS que possèdent tous les téléphones multifonctionnels.
Comme solution de rechange, on s’est donc rabattu sur la fonction Bluetooth, également disponible sur tous ces appareils.
Théoriquement, le Bluetooth peut avoir une précision de l’ordre du centimètre.
Dans les faits, il en est autrement puisque le corps humain absorbe quinze décibels du signal Bluetooth. Concrètement, l’application téléphonique estimera à vingt mètres la distance d’un téléphone à deux mètres s’il est placé dans la poche arrière d’un pantalon.
De mauvais départs
Un des premiers outils de recherche fut Rakning C-19, commercialisé en Islande au début d’avril.
Un mois plus tard, près de 38 % des Islandais l’avaient déjà adopté. Pourtant, au cours de cette période, une seule personne a été alertée d’avoir croisé une personne contagieuse. Ce qui a suscité des doutes quant à l’utilité d’une telle application.
L’explication la plus probable est que la pandémie est peu répandue dans ce pays. Encore aujourd’hui, le nombre cumulatif de ‘cas’ y est de 1 806 personnes (dont dix morts) sur une population de 364 134 habitants. Donc dans ce pays, on a plus de chance de rencontrer un geyser qu’une personne contagieuse…
Après le lancement de l’application Covid-safe Australia à la fin du mois d’avril, 28,5 % des Australiens de plus de 15 ans l’avaient téléchargée. Après trois semaines, le nombre de nouveaux téléchargements diminuait en raison de bogues dans l’application.
Dans l’urgence d’être utile, certains éditeurs de logiciels ne se sont pas assurés de concevoir avec soin leur outils de recherche. Ces échecs ne doivent pas jeter le discrédit sur d’autres outils dont la gestation fut plus lente et qui pourraient être de nature à inspirer la confiance du public.
Des tares plus profondes
Passons sous silence les craintes relatives à la protection des données personnelles. Il s’agit d’un débat important, mais qui m’apparait futile dans la mesure où le recours à ces outils est volontaire.
Selon les experts, pour être utile, un outil de recherche de contacts devrait être utilisé par au moins 60 % de la population. De plus, le plus grand nombre possible de personnes nouvellement diagnostiquées positives devraient se déclarer comme telles.
Les outils de recherche de contacts ont deux handicaps majeurs : les lacunes quant à l’accessibilité technologique et l’invisibilité des porteurs asymptomatiques.
• L’accessibilité technologique
En 2019, 23 % des Français ne possédaient pas de téléphone multifonctionnel.
Chez les Français dans la soixantaine, cette proportion passe à 38 %. Et à 56 % chez les plus de 70 ans. Sans compter ceux dont le téléphone multifonctionnel est trop ancien pour qu’on puisse y installer StopCovid.
Au Québec, 26 % des personnes ne possèdent pas de téléphone multifonctionnel. Cette proportion passe à 41 % chez ceux entre 55 et 64 ans. Et à 73 % chez ceux de 65 ans ou plus.
Dans mon cas, j’ai un iPhone4s que je refuse de jeter en dépit du fait que mon fournisseur m’offre gratuitement un iPhone7 parfaitement compatible avec les logiciels de recherche de contacts.
Ce refus est dicté par des préoccupations environnementales; je serais stupide de jeter un appareil qui fonctionne très bien, plein de métaux toxiques, sous le prétexte qu’un modèle plus récent serait gratuit.
En raison d’une plus grande promiscuité, les milieux défavorisés sont davantage touchés par l’épidémie. Malheureusement, parmi les Québécois qui gagnent moins de 20 000$ par année, 47 % n’ont pas de téléphone multifonctionnel.
• L’invisibilité des porteurs asymptomatiques
Jusqu’à tout récemment, il fallait être contagieux pour être autorisé à passer un test de dépistage au Covid-19. Pourtant, on sait depuis des mois qu’une bonne partie des personnes contagieuses sont asymptomatiques.
Cette semaine, le premier ministre a affirmé que bientôt, toute personne qui le souhaite pourrait passer un test de dépistage. J’aimerais y croire.
Mais avec un dépistage ‘massif’ capable de tester quotidiennement 14 000 personnes — soit 0,16 % de la population — je vois mal comment un grand nombre de personnes pourraient s’en prévaloir.
D’autant plus que les autorités sanitaires du gouvernement fédéral recommandent de tester aux deux jours tous les travailleurs de la Santé, au nombre d’environ treize-mille au Québec.
Si le Québec respecte cette sage suggestion, il restera de quoi tester quotidiennement 0,08% de la population, soit un seizième d’un pour cent.
Bref, l’application de recherche de contacts risque d’ignorer beaucoup de personnes contagieuses, réduisant d’autant son utilité…
Publié le 24 janvier 2020 | Temps de lecture : 4 minutes
À partir de 1667, du 1er novembre au 1er mars, les rues de Paris furent éclairées par des lanternes à chandelles.
Un siècle plus tard, les premiers réverbères à l’huile — inventés en 1744 par Bourgeois de Chateaublanc — remplacèrent les lanternes à chandelles.
On les appelait réverbères — du latin reverberare qui signifie ‘réfléchir des rayons’ — parce que leur intérieur était tapissé de miroirs réfléchissants destinés à diriger la lumière vers la chaussée.
C’est en 1813, sur le pont de Westminster de Londres, que furent installés les premiers réverbères au gaz. Comme leurs prédécesseurs, il fallait les allumer manuellement chaque soir.
À partir de 1816, on commença lentement à en installer à Paris.
Prenant de vitesse Paris et Londres, Bruxelles fut la première ville d’Europe réellement éclairée au gaz.
En 1879, indépendamment l’un de l’autre, Joseph Swan (en Angleterre) et Thomas Edison (aux États-Unis) inventèrent la première ampoule électrique.
Celle d’Edison possédait un filament en fil de coton traité chimiquement. Elle durait 45 heures et avait couté 45 000$ en recherche et développement.
En 1906, la première ampoule à filament de tungstène fut mise au point.
Pourquoi en tungstène ? Parce que ce métal est celui qui possède le plus haut point de fusion (3422°C)
En peu de temps, l’ampoule électrique vissée sous un disque de métal ondulé éclaira toutes les rues de la planète.
Son règne dura plusieurs décennies.
Nées simultanément au début des années 1930, les lampes au mercure et celles au sodium durent attendre la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour se généraliser.
En finançant la reconstruction de l’Europe (par le Plan Marshall), les États-Unis favorisèrent l’adoption de ces deux technologies américaines.
Ailleurs à travers le monde, on incita les villes à abandonner leurs lampadaires au tungstène en faisant valoir que ces vieilleries n’étaient pas très puissantes et que des rues mal éclairées favorisent la criminalité.
Afin de mieux protéger leurs citoyens, les villes adoptèrent l’éclairage urbain au mercure ou au sodium. Et ce d’autant plus facilement que ces lampes étaient beaucoup plus durables.
Dans les années 1960, les luminaires au mercure, avec leur intense lumière blanche, décoraient les nouveaux quartiers résidentiels de Montréal
Mais les fabricants des lampes au sodium soulignèrent bientôt les lampes au mercure représentaient une importante source de pollution.
À Montréal, on opta donc pour l’éclairage au sodium à partir des années 1990.
Arrivent les DEL une décennie plus tard.
Ceux-ci consomment beaucoup moins d’électricité. Cette économie fait en sorte qu’après huit ans, ces luminaires n’ont rien couté.
Les villes commencent donc à s’équiper de DEL à 4000°K, un peu moins dispendieuses que les DEL à 3000°K.
Alors que l’administration Coderre s’apprêtait à doter la ville de Montréal de 110 000 lampadaires au coût de 110 millions$, celle-ci changea d’idée à la suite d’une série de reportages à Radio-Canada au sujet de la dangerosité de la lumière bleue émise par les DEL.
On préféra alors payer un million$ de plus pour acheter des DEL à 3000°K (qui émettent un peu moins de lumière bleue).
Le déploiement de ces nouveaux lampadaires n’est pas encore terminé que déjà d’autres voix s’élèvent pour qu’on utilise plutôt des DEL à 1800°K, pauvres en lumière bleue.
Pendant ce temps, les fabricants s’activent à mettre au point des DEL incapables d’émettre la moindre lumière bleue.
Au lieu de créer de la lumière en mélangeant des diodes bleues et jaunes, on choisira deux autres couleurs complémentaires comme le magenta et le vert.
À coups d’améliorations technologiques successives (dont le rythme s’accélère), on incite les élus municipaux — sous la pression de l’opinion publique — à constamment renouveler leur mobilier urbain, annulant ainsi des économies qui ne devaient se matérialiser que si les luminaires étaient utilisés au-delà de huit ans.
Publié le 14 novembre 2019 | Temps de lecture : 2 minutes
Introduction
Société américaine sans but lucratif, Ascension dispense pour 1,8 milliard$ de soins de santé à des religieux catholiques et à certains nécessiteux dont ils s’occupent.
C’est la plus grande société catholique de soins de santé au monde. Elle exploite 2 600 sites de soins, dont 150 hôpitaux et 50 maisons pour personnes âgées.
Afin de faciliter le travail multidisciplinaire et de permettre à ses spécialistes d’avoir accès à ses données, Ascension a décidé d’entreposer ses données sur les serveurs infonuagiques de Google (Google Cloud).
En somme, c’est l’équivalent du DSQ (dossier de santé du Québec).
Toutefois, l’entente avec Google va beaucoup plus loin.
Lundi dernier, le Wall Street Journal révélait que l’entente donne secrètement à Google l’accès illimité aux données des millions de patients d’Ascension.
Plus de 150 employés de Google connaitront donc l’identité des patients, leurs coordonnées, les diagnostics, les résultats d’examens et les antécédents familiaux, le tout à l’insu des patients concernés.
Un rossignol indiscret
Le projet Nightingale (en français : Rossignol) vise à développer, grâce à l’intelligence artificielle, des outils permettant de suggérer aux médecins des examens complémentaires, des prestations supplémentaires ou des traitements, voire de découvrir des anomalies dans le parcours de soins.
Tout comme le moteur de recherche de Google s’accompagne de publicités ciblées, rien dans le projet Rossignol n’empêche Google de donner préséance aux tests ou aux traitements de ses partenaires d’affaires parmi ses recommandations médicales.
Google précise : « Nous cherchons à fournir des outils qu’Ascension pourrait utiliser afin d’apporter des améliorations dans la qualité clinique et la sécurité des patients.»
Toutefois, les algorithmes et les applications développés par Google afin d’aider (sic) le personnel soignant demeureront confidentiels puisqu’ils constituent des secrets commerciaux.
Publié le 18 septembre 2019 | Temps de lecture : 6 minutes
À la suite de l’effondrement de l’Empire romain, seuls les membres du clergé savaient lire. Puis, pendant des siècles, l’alphabétisation s’est répandue lentement au sein des classes aisées, notamment parmi les marchands pour qui savoir compter était essentiel.
L’explosion de créativité que fut la Renaissance n’aurait pas été possible sans l’invention de l’imprimerie puisque celle-ci a considérablement réduit le cout de la diffusion des idées.
Mais il faudra attendre le XVIIIe siècle pour les idéaux démocratiques se répandent parmi les élites d’Europe et pavent la voie à la Révolution américaine, puis à la Révolution française.
Ces deux révolutions correspondent à l’irruption des masses dans la vie politique. Fait intéressant : toutes deux ont été précédées par une hausse importante du taux d’alphabétisation.
Si la Révolution américaine a précédé la Révolution française, c’est même en raison de l’importance que les Églises protestantes attachaient à ce que les fidèles puissent lire la Bible.
Une des grandes leçons de l’Histoire, c’est que l’instruction transmet le pouvoir de la main qui tient l’épée à celle qui tient la plume.
La création de l’instruction publique s’est donc accompagnée de la démocratisation des sociétés occidentales.
Mais à la fin du XIXe siècle, on assiste au déblocage de l’éducation secondaire et universitaire.
Depuis le Moyen-Âge, les guildes professionnelles étaient des milieux fermées, accessibles toutefois à quiconque était adopté par un tuteur membre de cette guilde. Les guildes permettaient donc une certaine ascension sociale.
Avec l’avènement des études supérieures, on a réservé l’accès à certains métiers aux détenteurs d’une formation universitaire fermée à ceux qui n’en avaient pas les moyens.
Ce faisant, on a recréé une société stratifiée en castes sociales définies par le niveau éducatif et jouissant seuls du prestige social associé à leur caste.
Dans sa jeunesse, mon père n’est pas allé plus loin qu’une huitième année du primaire parce que dans ma ville natale, l’instruction publique n’allait pas au-delà.
Avant la réforme de l’éducation (par le ministre Paul-Guérin Lajoie dans les années 1960), les ouvriers du Québec se faisaient dire qu’ils parlaient mal et que leur manque d’éducation était criant dès qu’ils ouvraient la bouche.
La réforme de l’Éducation a permis l’accès aux études supérieures à l’ensemble de la population. Mais cela ne s’est pas accompagné d’un meilleur accès aux médias traditionnels, détenus par d’importants intérêts financiers.
Seuls les lignes ouvertes des radios et le courrier des lecteurs des journaux permettaient au peuple de s’exprimer sur des sujets préalablement définis.
Ce qui a permis à la fois le contrôle de l’information et, par conséquent, celui des masses populaires.
Dans un premier temps, la création de l’internet a libéré la parole des citoyens par le biais de sites web et de blogues. Du moins pour ceux qui possédaient des rudiments de code HTML.
Puis on a inventé les médias sociaux.
Tout comme les blogues et les sites web, les médias sociaux sont des modes de publication sur l’internet. Mais à la différence des premiers, ils sont spécifiquement un moyen de réseautage avec d’autres utilisateurs afin d’échanger des informations et de s’y mettre en valeur.
Or les jeunes d’aujourd’hui se caractérisent, entre autres, par leur grande compétence des rapports interpersonnels, qu’ils gèrent beaucoup mieux par la parole que leurs ainés.
Les médias sociaux permettent aux internautes d’être des participants, et non plus de simples lecteurs passifs de contenus électroniques créés par d’autres.
À regarder les gens qui marchent sur la rue ou qui sont assis dans les transports publics en textant sur l’écran de leur téléphone portable, on réalise que jamais dans toute l’histoire, les humains n’ont autant lu et écrit.
Mais bombardés d’information, une partie des internautes sont devenus inaptes en tant que citoyens parce qu’ils papillonnent d’un sujet à l’autre et n’ont plus le gout ni le temps d’approfondir les sujets qui les concernent.
Politiquement, ils sont comme des volées d’oiseaux, ballottées au gré des buzz médiatiques créés par ceux qui les manipulent.
Dans un autre ordre d’idée, les médias sociaux sont régulièrement accusés de propager des nouvelles fallacieuses et de susciter l’expression d’opinions répréhensibles.
En réalité, ils ont libéré la parole du peuple. Celle qui s’exprimait autour d’une table entre amis, sur l’oreiller du lit conjugal, et sur les murs des toilettes publiques.
Cette parole est brute et révèle les secrets de la pensée populaire.
Et les nouvelles fallacieuses qu’ils répandent correspondent à celles répandues autrefois par la rumeur publique. Bref, rien n’a changé sauf la vitesse de la diffusion de celle-ci.
Depuis toujours, il est possible d’instrumentaliser la rumeur publique.
Ce qui est nouveau, c’est que cette instrumentalisation peut s’effectuer de l’Étranger et servir à fragiliser la cohésion sociale d’un autre pays.
Voilà pourquoi l’étau se resserre autour des médias sociaux pour qu’ils cessent d’être des outils de déstabilisation des gouvernements occidentaux, tout en continuant de l’être envers les régimes politiques auxquels s’opposent les États-Unis.
Cela n’est pas la seule menace auxquels font face les médias sociaux.
Autant aux États-Unis qu’en Europe, les gouvernements s’attaquent aux pratiques monopolistiques des géants de l’internet.
Or on ne peut pas diminuer sensiblement leurs revenus colossaux et leur demander d’instaurer un contrôle social extrêmement couteux (afin de lutter contre la désinformation) sans que ceux-ci remettent en cause leur modèle d’affaires basé sur la gratuité de leurs services pour l’internaute en contrepartie de son espionnage au profit de annonceurs.
Dans un mode en perpétuel changement, on doit donc envisager la possibilité que cette gratuité ait éventuellement une fin.
Publié le 2 août 2019 | Temps de lecture : 4 minutes
Le suicide des Inuits
La partie arctique du territoire québécois porte le nom de Nunavik. C’est là que vivent les 13 000 Inuits du Québec — autrefois appelés ‘Esquimos’ — répartis dans quatorze villages.
En 2018, trente-six Inuits québécois se sont enlevé la vie. Au cours des six premiers mois de cette année, il y en a eu 19, soit légèrement plus qu’au cours de la même période l’an dernier.
Le taux de suicide chez les Inuits est neuf fois plus élevé que dans l’ensemble de la population canadienne. Chez leurs ados, c’est trente fois la moyenne du pays.
Alors on fait des réunions. On adopte des résolutions. On met sur pied des centres d’appels afin d’offrir un support psychologique.
Mais en dépit de tout, l’hécatombe continue.
L’impérialisme culturel de Greenpeace
En 2016, l’avocate Alethea Arnaquq-Baril a réalisé un documentaire de 82 minutes intitulé Inuk en colère (sic).
Ce film est une critique sévère du boycottage par Greenpeace de ce qui constituait la principale source de revenus des Inuits, soit la vente de la fourrure.
Non seulement ce boycottage a ruiné leur économie, mais fait augmenter de manière soudaine et durable le taux de suicide chez les Inuits, particulièrement chez les adolescents.
Toujours en vigueur, ce boycottage se justifie par le désir de protéger les bébés phoques d’une mort cruelle. En réalité, les Inuits n’ont jamais pratiqué la chasse aux blanchons, réservée aux populations du golfe du Saint-Laurent, à mille kilomètres de chez eux.
Accusée de participer au génocide des populations autochtones du Canada, la multinationale néerlandaise tient à préciser qu’elle ne s’oppose qu’à la chasse ‘commerciale’ de la fourrure.
En réalité, la chasse ‘commerciale’ des phoques n’existe pas en tant que telle.
Les phoques sont la seule source alimentaire des Inuits (si on exclut les onéreuses importations aériennes de nourriture).
Le documentaire montre que lorsqu’un Inuit revient de chasse, l’animal est dépecé, partagé immédiatement avec les autres membres de sa communauté et mangé cru (puisque la cuisson détruirait le peu de vitamine C que contient la chair animale).
Cette culture du partage est une caractéristique fondamentale de toutes les sociétés dont la survie est menacée.
Non comestible, la peau des phoques sert à confectionner des vêtements. Et lorsque tout le monde est vêtu chaudement, le reste des peaux constituaient autrefois une source de revenus appréciable.
Ce n’est plus le cas. Sans avenir, un certain nombre d’Inuits préfèrent s’enlever la vie que de poursuivre une existence misérable.
Huawei
Le 22 juillet dernier, la succursale canadienne de la compagnie chinoise Huawei annonçait avoir obtenu la permission d’Ottawa de déployer d’ici 2025 un réseau téléphonique 4G dans plus de soixante-dix villages nordiques canadiens, dont une cinquantaine (la part du lion) au Québec.
Le 4G est une technologie inoffensive déjà utilisée par des milliards d’êtres humains à travers le monde sans aucun problème, même lorsqu’elle repose sur du matériel téléphonique fabriqué par Huawei.
Si on ajoute les neuf villages cris et les onze communautés innus aux quatorze villages inuits, on est loin du compte de cinquante communautés québécoises qui bénéficieront de ce déploiement.
C’est donc à dire qu’un certain nombre de villages québécois peuplés principalement de non-Autochtones en bénéficieront aussi.
Mais oublions le cas de ces derniers puisque c’est hors sujet.
Ce qu’il faut retenir, c’est que d’ici quelques années, l’arrivée du 4G permettra de susciter l’esprit d’entreprise au sein des communautés inuites qui sont actuellement réduites à la misère sociale notamment par l’impérialisme culturel pavé de bonnes intentions de Greenpeace.
L’offre de Huawei, c’est un moyen concret qui aidera les Inuits à faire rayonner leur culture, à offrir des biens et des services au reste de la planète, et lentement bâtir une économie qui fera reculer les problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés.
Publié le 19 décembre 2018 | Temps de lecture : 9 minutes
Introduction
La compagnie Huawei est le deuxième fabricant mondial de téléphones multifonctionnels, derrière Samsung (mais devant Apple).
Le 1er décembre dernier, la citoyenne chinoise Meng Wanzhou a été arrêtée à l’aéroport de Vancouver à la demande du ministère de la Justice américaine (DoJ). Mme Wanzhou est directrice financière de Huawei et deuxième personne en importance dans la hiérarchie de cette compagnie.
Le premier ministre Justin Trudeau admet avoir été informé au préalable de cette arrestation, mais affirme n’y avoir joué aucun rôle. Strictement parlant, les autorités policières ont simplement obéi à une demande d’extradition émise par les États-Unis.
Depuis ce temps, trois Canadiens ont été arrêtés en Chine, en représailles, semble-t-il, à l’arrestation au Canada de Mme Wanzhou.
Les motifs de l’arrestation de Mme Wanzhou
Depuis 1977, la loi intitulée Foreign Corrupt Practices Act habilite les États-Unis, par le biais du DoJ, à poursuivre toute entreprise étrangère qui violerait une loi américaine. Et ce, même lorsque cette entreprise ne possède aucune succursale aux États-Unis et que le ‘délit’ a été commis dans un pays étranger.
Il suffit que l’entreprise effectue de l’Étranger une transaction facturée en dollars américains, qu’elle ait un site web hébergé sur un serveur américain ou qu’elle possède une adresse de courriel offerte par un service américain de messagerie.
Huawei est visé par des allégations selon lesquelles sa succursale Skycom (basée à Hong Kong) aurait tenté de vendre (ou aurait vendu) pour deux millions$US d’équipement informatique à une compagnie iranienne en 2010.
La Chine ne pouvant se procurer des ordinateurs haut de gamme, elle ne peut vendre à l’Iran que des ordinateurs bas ou milieu de gamme. De plus, on doit noter ici qu’il s’agit d’une vente (ou d’une tentative de vente) de deux-millions de dollars et non de deux-milliards.
Bref, les États-Unis cherchent des puces à Huawei.
La compagnie chinoise n’aurait violé ni une loi canadienne ni un embargo décrété par l’ONU, mais plutôt un embargo décrété unilatéralement par les États-Unis contre l’Iran.
Ne pouvant arrêter Mme Wanzhou aux États-Unis — un pays qu’elle évite soigneusement — les autorités américaines ont piégé la dirigeante chinoise à Vancouver (où Mme Wanzhou possède une résidence secondaire).
Une demande d’extradition est un processus qui peut prendre des mois ou des années avant d’aboutir, en raison des nombreuses possibilités d’appel. La décision finale reviendra au ministre fédéral de la Justice (qui ne sera pas tenu de la justifier).
Lors des attentats du 11 septembre 2001 à New York, le seul avion autorisé à quitter le sol américain ce jour-là fut celui qui ramenait vers l’Arabie saoudite des membres de la famille d’Oussama ben Laden (l’ex-chef d’Al Qaida). Ils étaient venus à Washington pour assister à un colloque d’investisseurs. Leur départ s’est fait au grand dam des autorités policières américaines qui auraient voulu les interroger.
Si Justin Trudeau avait invoqué la raison d’État pour imiter George-W. Bush, il aurait certainement provoqué la colère passagère de Donald Trump, mais il aurait évité une crise diplomatique qui ne peut se résoudre qu’en une capitulation canadienne à l’une ou l’autre des superpuissances qui s’affrontent.
En prétextant le désir de protéger les tribunaux canadiens de toute ingérence politique, M. Trudeau feint d’ignorer que la décision finale au sujet de l’extradition de Mme Wanzhou ne sera pas prise par les tribunaux, mais par son ministre de la Justice.
Le 12 décembre dernier, Donald Trump lui-même déclarait qu’il n’hésiterait pas à intervenir auprès du DoJ afin de faire retirer la demande d’extradition américaine s’il le jugeait approprié.
D’où la question : Est-il possible que toute cette affaire ne soit qu’un écran de fumée ? Plus précisément, est-il possible que les États-Unis tentent d’inféoder les pouvoirs répressifs de l’État canadien à la guerre économique qu’ils livrent à la Chine ?
Le fond de l’affaire
L’hégémonie économique des États-Unis repose en bonne partie sur leur supériorité technologique.
L’émergence rapide de la Chine à titre de géant de la téléphonie mobile a reposé longtemps sur la piraterie de brevets occidentaux.
Une piraterie facilitée par des compagnies américaines qui n’hésitaient pas à faire fabriquer des téléphones haut de gamme en Chine, donnant à ce pays l’occasion de découvrir tous les secrets de leur fabrication.
Afin de redonner aux compagnies occidentales une avance technologique, les États-Unis et leurs alliés tentent de mettre au point un nouveau standard de téléphonie (le 5G) dont le débit serait 100 fois plus rapide que de 4G.
Leur problème est que les efforts de recherche et de développement dans le domaine de la téléphonie que consacre la Chine dépassent maintenant ceux des pays occidentaux. En d’autres mots, la Chine a cessé de copier l’Occident et est devenu un leadeur technologique.
En septembre 2018, l’opérateur China Telecom a testé à Shenzhen un réseau 5G ‘lent’ (seulement dix fois plus rapide que le 4G).
L’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis interdisent à leurs opérateurs téléphoniques d’offrir des téléphones de marque Huawei qui accèderaient à de futurs réseaux 5G.
Mais le Canada a autorisé un partenariat entre Huawei et Telus. Non seulement Huawei fabrique des téléphones haut de gamme, mais c’est le plus important fabricant d’équipement pour des réseaux de téléphonie mobile. On voit donc l’intérêt d’une telle association.
En plaçant le Canada en situation conflictuelle avec la Chine au sujet de Huawei, les États-Unis rendent toxique toute association commerciale avec ce concurrent chinois de l’américaine Apple.
Cela ne sera pas suffisant pour empêcher la Chine de développer pleinement sa technologie 5G, mais cela la retardera en la privant partiellement de revenus.
Quant à la saga judiciaire canadienne, elle constitue un risque.
Si les tribunaux canadiens devaient reconnaitre le principe de l’extraterritorialité des lois américaines, le Canada s’en mordra les doigts le jour où ce sera une compagnie canadienne qui sera ciblée par les Américains parce qu’elle leur fait de l’ombre.
Concrètement, la reconnaissance de ce principe par le Canada signifie que non seulement notre pays extradera ceux qui se sont enfuis au Canada dans le but d’échapper à la justice américaine, mais également ceux n’ont jamais mis les pieds aux États-Unis — et conséquemment, qui n’y ont jamais commis de crime — mais qui ont fait dans n’importe quel pays du monde des choses interdites par les Américains.
Le véritable enjeu de l’affaire Huawei, c’est la souveraineté du Canada. Un enjeu qui est d’abord et avant tout politique. Mais un enjeu qui devient juridique lorsque les dirigeants du Canada s’en remettent aux tribunaux pour défendre l’intérêt national.
Pour régler immédiatement cette crise, le ministre de la Justice du Canada n’a qu’à déclarer que notre pays ne reconnait pas le principe de l’extraterritorialité des lois américaines et conséquemment, ne peut donner suite à des demandes d’extradition basées directement ou indirectement sur ce principe.
Autrement, le Canada consentirait implicitement à avoir un statut analogue à celui de la France libre du maréchal Pétain…
Conclusion
Depuis quelques temps, le monde est entré en régression.
L’affaire Huawei rappelle cette époque où, parfois, un petit royaume servait de champ de bataille à des puissances hégémoniques.
Dans ce cas-ci, on a un petit pays, vassal d’un plus grand, qui se trouve dans la tourmente.
Son impétueux voisin lui ordonne de participer à un rapt.
Au final, l’unique but de ce rapt, c’est de ne libérer la captive que sur paiement d’une rançon colossale payée par Huawei à l’État américain (par l’intermédiaire de son bras juridique).
Bref, l’affaire Huawei n’est qu’une triste histoire de brigands modernes.