Stade de baseball à Montréal : un projet à cout nul pour l’État ?

Publié le 10 décembre 2021 | Temps de lecture : 5 minutes
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Lorsque des fonds publics sont consacrés à un projet qui rapportera à l’État autant d’argent qu’il y a investi, cela est qualifié de ‘projet à cout nul’.

Par exemple, le PQ a mis sur pied le réseau québécois de garderies publiques (les Centres de la petite enfance ou CPE).

Cette mesure sociale a substantiellement fait augmenter le taux de participation des femmes au marché du travail. Et l’impôt sur le revenu payé par ces travailleuses, de même que celui payé par les éducatrices en CPE, a généré pour l’État québécois des revenus plus grands que les sommes investies.

La création des CPE est donc un exemple de mesure sociale à cout nul.

Depuis des mois, le millionnaire Stephen Bronfman fait pression sur le gouvernement de François Legault pour que l’État québécois lui verse entre cent et trois-cent-millions de dollars pour la construction d’un stade de baseball à Montréal.

Un des arguments du promoteur est que ce stade génèrerait de l’emploi. Et même, des emplois payants.

Effectivement. Mais des emplois payants pour qui ? Pour les Québécois qui vendront de la malbouffe au salaire minimum ou pour ces mercenaires multimillionnaires qui porteront les couleurs de Montréal ?

Un autre argument concerne l’impôt payé au fisc.

Le grand patron, Stephen Bronfman, cache son argent dans des paradis fiscaux. N’importe quel joueur de baseball peut s’incorporer (comme le font déjà de nombreux médecins québécois) et faire comme M. Bronfman.

Quant aux retombées économiques, toutes les études prouvent que le sport professionnel en génère très peu.

Finalement, promet-on, le stade paiera de l’impôt foncier et des taxes sur la vente des produits qu’achèteront les partisans.

C’est vrai.

Mais est-ce que cela en vaut la peine et surtout, est-ce que c’est le rôle de l’État d’utiliser l’argent des contribuables à soutenir des assistés sociaux corporatifs ?

Si ce projet est rentable, M. Bronfman n’aura aucun mal à réunir les capitaux qu’il lui faut pour construire son stade.

S’il quête de l’argent, c’est parce que cela ne l’est pas. Or le danger, c’est que l’État mette le doigt dans un engrenage sans fin où il doit constamment mettre plus d’argent pour ne pas tout perdre l’argent investi jusque-là.

En somme, M. Bronfman est le bienvenu à Montréal. Nous serons heureux de construire les routes et les trottoirs qui mèneront à son stade. Et puisqu’on n’est jamais trop riche, parait-il, nous lui souhaitons de le devenir davantage.

Mais ni la ville, ni le Québec, ni le Canada ne devrait verser un sou dans cette entreprise. Nos gouvernements ont des priorités plus pressantes.

À l’heure où le Québec doit réinvestir massivement dans nos établissements de santé, dans notre réseau scolaire, dans nos centres de la petite enfance, dans l’électrification du transport en commun, dans le logement social et dans une colossale réorganisation économique pour pallier les changements climatiques, est-ce bien le temps d’investir pour construire un autre stade Montréal ?

Montréal compte déjà les stades suivants :
• le CEPSUM (5 400 places),
• le complexe Claude-Robillard (13 000 places),
• le stade Concordia (6 000 places),
• le stade Uniprix (12 000 places),
• le stade Olympique (65 245 places),
• le stade Percival-Molson (25 000 places),
• le stade Saputo (20 801 places).

Peut-être M. Bronfman pourrait aménager dans l’un d’eux. Et comme le bernard-l’ermite, le quitter pour un plus grand au fur et à mesure de la croissance du marché du baseball à Montréal.

Au cours de son existence, jamais le bernard-l’ermite ne construira de coquille pour s’abriter; il utilise des abris existants, et passe de l’un à l’autre selon ses besoins. Il est le modèle du développement du futur.

Pour sauver la planète, il faut dépasser l’étape du simple recyclage et aller au-delà, c’est-à-dire passer à l’étape de la consommation minimaliste, où les seuls biens matériels qu’on consomme sont ceux qui nous sont essentiels.

Ce stade de baseball représente des centaines de milliers de tonnes de béton et des milliers de tonnes d’acier, de verre et d’autres matériaux qu’il faudra produire et assembler. Tout cela pour construire un stade vide plus de 90 % du temps.

La plus belle décision que peut prendre M. Bronfman, c’est de renoncer à ce projet écologiquement arriéré.

Références :
À coût nul, vraiment ?
Stade de baseball : est-ce que le problème, c’est Stephen Bronfman?
Une manche corsée entre Legault et Nadeau-Dubois

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Hockey et masculinité toxique

Publié le 7 juin 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 2 juin dernier, à l’occasion d’une joute de hockey disputée entre les Canadiens de Montréal et les Jets de Winnipeg, l’attaquant Mark Scheifele a brutalement mis en échec Jake Evans immédiatement après que ce dernier eut compté un but.

Fonçant sur sa victime de 25 ans à vive allure, Scheifele a provoqué la commotion cérébrale d’Evans. Au cours de sa jeune carrière, c’est la quatrième fois que ce dernier quitte la glace sur une civière.

Dans le mode du hockey — sur lequel les autorités policières choisissent de fermer les yeux — cette agression n’est punissable que d’une interdiction de jouer pendant quelques joutes.

À la boxe, l’état pitoyable des vedettes en vieillissant est la preuve que les coups à la tête (plus nombreux dans ce sport) laissent des séquelles.

Il y eut un temps où le hockey était un sport où les vedettes se distinguaient par leur intelligence, leur rapidité et leur adresse.

Dès que l’enregistrement des joutes eut permis de montrer des reprises, les commentateurs vantaient les feintes qui avaient trompé l’adversaire et permis de compter un but.

On peut se demander quelle aurait été la carrière Maurice Richard si, à l’âge d’Evans, on s’était employé à l’handicaper physiquement par une série de commotions cérébrales.

Car le hockey n’est plus ce qu’il était.

Autrefois, l’équipe des Canadiens était composée exclusivement de ‘p’tis gars de la place’, c’est-à-dire de francoQuébécois et d’angloQuébécois qui, ensemble, faisaient la preuve que lorsque les gens d’ici s’unissent, ils font naitre des champions.

Aujourd’hui, dans tout le sport professionnel, les équipes sont formées de mercenaires venus principalement d’ailleurs qu’on paie à prix d’or pour défendre les couleurs locales.

Par cupidité, les patrons des clubs de hockey ont soumis notre sport national à l’impérialisme culturel américain.

Afin de faire naitre le gout de ce sport aux États-Unis — même là où il est naturellement étranger en raison du climat — on s’est laissé convaincre de modifier les règlements pour en faire un croisement entre le hockey d’origine et le rollerblade hollywoodien.

De nos jours, on ne montre plus les plus belles feintes; on dresse plutôt le palmarès annuel des meilleures mises en échec.

Dégénéré sous l’influence barbare des Américains, ce sport est un exemple de ce qui contribue à entretenir cette masculinité toxique chez nos adolescents, influencés par la glorification médiatique des brutes qu’on y voit à l’œuvre.

Référence :
Violente mise en échec de Scheifele: «J’aurais aimé un match ou deux supplémentaires» – Stéphane Auger

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Écrit par Jean-Pierre Martel