Hostilité à l’égard des Roms, des Musulmans et des Juifs en Europe

Publié le 27 août 2015 | Temps de lecture : 4 minutes

Le Pew Research Center (PRC) est un organisme américain sans but lucratif créé en 1948 par le fondateur de la Sun Oil Company, Joseph-N. Pew, et son épouse Mary Anderson-Pew.

Du 17 mars au 9 avril 2014, le PRC a réalisé un sondage téléphonique aléatoire auprès d’environ mille adultes dans chacun des pays suivants : Allemagne, Espagne, France, Grèce, Italie, Pologne, et Royaume-Uni.

Ce sondage visait à mesurer la perception de ces peuples à l’égard des Roms, des Musulmans et des Juifs.

Les Roms

Appelés également Bohémiens, Gitans, Tziganes, ou Romanichels, les Roms sont les membres d’un peuple nomade originaire de l’Inde et qui vit principalement dans le sous-continent indo-pakistanais et en Europe. Ils forment 6 à 8% de la population hongroise et 5,3% de la population roumaine. La majorité d’entre eux sont officiellement sans emploi.

2015-08-27 Roms
 
En Espagne, le ressentiment envers les Roms a diminué de 50% à 41% depuis 1991 alors que chez les Allemands, cette proportion est passée de 60% à 42% au cours de la même période.

Interrogés quant à leur opinion favorable ou non au sujet des Roms, les Français et surtout les Italiens se montrent sensiblement moins favorables que les autres Européens.

Il existe une forte corrélation entre l’idéologie du répondant et son opinion à l’égard de cette minorité. En France, 54% des répondants qui se réclament de la Gauche ont une opinion défavorable alors que cette proportion grimpe à 76% chez ceux qui se réclament de la Droite. En Allemagne, ces proportions sont respectivement de 31% et de 51%.

Les Musulmans

2015-08-27 Musulmans
 
Dans les pays européens les plus riches — soit l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni — l’opinion publique est majoritairement favorable aux Musulmans. À l’inverse, c’est en Italie, en Grèce et en Pologne qu’on retrouve le plus de répondants qui ont une opinion défavorable à l’égard de ceux-ci. Les Espagnols sont partagés à ce sujet.

Dans le cas de la France, signalons que c’est le pays européen qui possède la plus forte proportion de citoyens de religion musulmane.

Tout comme au sujet des Roms, l’allégeance politique colore l’opinion du répondant à l’égard des Musulmans. Il y a entre 15 et 27 points d’écart entre les répondants de Gauche et de Droite dans ces pays, sauf en Pologne où la différence n’est que 6%.

De plus, il existe une relation directe entre l’opinion défavorable du répondant et son âge; dans tous ces pays, les répondants d’au moins 50 ans sont davantage portés à avoir une opinion défavorable, comparativement à ceux de moins de 30 ans qui ont majoritairement une opinion favorable.

Les Juifs

2015-08-27 Juifs
 
Comparés aux Roms et aux Musulmans, les Juifs sont perçus de manière favorable en Europe, sauf en Grèce, où l’opinion publique est partagée à leur sujet.

En Allemagne, le sentiment défavorable à l’égard des Juifs a chuté de 24% à 5% depuis 1991, probablement en raison du décès de nombreux Allemands qui sont nés avant la Deuxième Guerre mondiale.

Dans le cas de la France, ces données réfutent l’opinion généralement admise dans les pays anglo-saxons à l’effet que ce pays serait hostile aux Juifs, sentiment renforcé par les médias à chaque incident antisémite posé en France, indépendamment de sa gravité.

Dans le cas de la Grèce, il est possible que le ressentiment à l’égard des Juifs soit lié à la longue tradition européenne de rendre les Juifs responsables de tous les problèmes économiques.

Références :
Chapter 4. Views of Roma, Muslims, Jews
Roms

Paru depuis : Hate crimes against Muslims soar in London (2015-09-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le défilé de la fierté gaie à Montréal

Publié le 16 août 2015 | Temps de lecture : 4 minutes
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Participation de la banque Toronto-Dominion
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Pour la première fois de ma vie, j’ai assisté cet après-midi au défilé montréalais de la fierté gaie. Celle-ci en était à sa 31e édition, devant une foule record de 290 000 personnes.

D’un côté, l’événement fut moins extravagant que je l’anticipais, mais beaucoup plus impressionnant par le nombre des organismes et des entreprises qui y ont participé.

Le défilé dura deux heures, par un dimanche chaud et ensoleillé.

À la tête, on avait placé les personnalités publiques.

À leur suite, on pouvait voir les représentants de divers organismes sans but lucratif qui viennent en aide au milieu homosexuel, mais également d’autres qui ont une vocation plus large.

Également représentés par des chars ou, de manière plus modeste, par des voitures décapotables : des partis politiques, des entreprises, des banques, des clubs sportifs, des Églises protestantes, etc.

Voici quelques photos qui vous donneront une idée de l’événement.

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Le GRIS-Montréal — ou Groupe de recherche et d’intervention sociale — est un organisme sans but lucratif dont la mission générale est de favoriser une meilleure connaissance des réalités homosexuelles et bisexuelles.

Il s’adresse principalement aux jeunes en milieu scolaire afin de leur offrir en priorité ses services de démystification de l’homosexualité et de la bisexualité, d’où cet autobus scolaire qui ferme la marche de ses participants.

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En arabe, ce qui se prononce helem signifie rêve.

HELEM-Montréal est un organisme à but non lucratif établi au Québec en février 2004, sans affiliation religieuse ni politique. L’organisme œœuvre à combattre l’homophobie au sein de la communauté libanaise de Montréal et à soutenir les homosexuels libanais ou arabophones de la ville.

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Au milieu de gratte-ciels dont l’érection est due à de vigoureux travailleurs québécois, la compagnie Pfizer présentait son médicament le plus connu.

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Sous le regard sévère des statues qui ornent le toit de la basilique Marie-Reine-du-Monde, quelques danseurs faisaient la fête sur le char de Spin-Énergie (un centre où se pratique le conditionnement physique sur vélo).

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La cathédrale du Christ de Montréal et l’église Unie St-Jacques le Majeur étaient également représentées.

Les bénévoles de cette dernière offraient gratuitement des câlins aux personnes de l’assistance qui en sentaient le besoin.

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C’est sous une pluie de confettis que les représentants de Jeunesse Lambda ont défilé. Cette association organise des rencontres et activités sociales pour les jeunes homosexuels de 25 ans et moins.

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Mado, le plus célèbre travesti du Québec, a accepté de poser pour ce blogue. Cet artiste possède un cabaret à son nom dans le Village gai de Montréal.

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Présents au départ du défilé parmi les personnalités publiques, le chef du Nouveau Parti Démocratique et son épouse se sont ensuite déplacés sur la tribune du char du NPD.

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Le Cocktail est un bar situé dans le Village gai. Il présente des spectacles de travestis du mercredi au dimanche. Le vendredi soir est réservé uniquement aux femmes.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 40-150 mm R (les 1re et 11e photos) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
  1re photo : 1/640 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 150 mm
  2e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 22 mm
  3e  photo : 1/1600 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 27 mm
  4e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
  5e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 13 mm
  6e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 21 mm
  7e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
  8e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
  9e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
10e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
11e  photo : 1/400 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 150 mm
12e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 31 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La liberté d’expression des imams radicaux

Publié le 15 juillet 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 31 janvier dernier, le maire de Montréal avait déclaré que l’imam montréalais Hamza Chaoui était un « agent de radicalisation » et « un fomenteur de tension sociale ».

Ce qui a valu à l’imam Chaoui d’être qualifié ainsi, ce sont ses prêches qui font la promotion de la subordination des femmes à leurs époux et qui déclarent la démocratie contraire aux prescriptions du Coran (en d’autres mots, contraire à l’Islam).

Lésé par les propos du maire, l’imam Chaoui a répliqué en intentant une poursuite de 500 000$ pour libelle diffamatoire contre la ville.

Depuis la création en mai dernier de sa page Facebook, des milliers de visiteurs ont cliqué le bouton « J’aime » en signe d’appui.

On apprend aujourd’hui que M.Chaoui a également créé un site web permettant à ses partisans de financer son combat juridique grâce à un lien vers PayPal.

Cette cause s’annonce très intéressante. Sa portée dépasse très largement les frontières du pays. En effet, elle pose la question suivante : la liberté d’expression et la liberté de culte permettent-elles la promotion d’idées subversives ?

L’Islam promu par les imams radicaux n’est pas l’Islam pratiqué par l’immense majorité des Musulmans qui vivent dans nos pays.

Prétendre que la Volonté de Dieu est contraire à la Démocratie, cela est contraire aux fondements mêmes d’une société démocratique comme la nôtre.

Très précisément, l’Islam dont ces imams souhaitent la venue est un Islam qui transformerait radicalement notre société, présentement fondée par des valeurs d’égalité entre les Citoyens et sur la primauté du droit. Dans ce sens, il s’agit d’un discours subversif caché sous le couvert de la religion.

En raison de cette primauté du droit, un prédicateur ne peut inciter ses fidèles à assassiner un citoyen coupable d’apostasie ou d’insulte à l’Islam.

Mais si la Volonté de Dieu — du moins telle qu’eux la perçoivent  — a préséance sur la volonté des hommes, tout cela devient acceptable. C’est d’ailleurs le cas partout où la Charia a force de loi.

Ce que prêchent les imams qualifiés de radicaux au Québec — Chaoui et Charkaoui, entre autres — c’est très précisément le renversement de la Démocratie parlementaire et l’instauration de l’Islam politique.

Inspirées par l’idéologie de l’État islamique et le wahhabisme de l’Arabie saoudite — qui sont fondamentalement la même chose — leurs prédications font la promotion d’une dictature politique et religieuse exercée par eux et leurs semblables.

Les tribunaux seront donc invités à déterminer si la Constitution canadienne-anglaise — garantissant la liberté d’expression et la liberté de culte — va jusqu’à légaliser la promotion du renversement d’un ordre social qui asservit le discours religieux au respect des lois du pays.

Références :

L’imam Chaoui poursuit Denis Coderre et la Ville de Montréal
Une collecte pour la bataille juridique de l’imam Chaoui

Parus depuis :
Oui, l’islamisme radical existe ici (2015-09-14)
Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux » (2015-11-21)
Où sévit le terrorisme islamiste dans le monde? La réponse en carte (2016-03-24)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand les relations publiques servent de paravent au racisme

Publié le 2 juillet 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Jacky Alciné est un jeune noir américain. En voulant trier ses photos à l’aide de Google Photos, ce dernier fut choqué de voir que le module de reconnaissance faciale l’identifiait — lui et une de ses amies — comme des gorilles.

Très vite, Google a réagi en présentant ses excuses et en retirant la catégorie « gorille » parmi la multitude de catégories offertes par défaut par Google Photos.

Alors que les géants de Silicone Valley essuient des critiques de plus en plus vives relativement à la place insignifiante des Noirs au sein de leur personnel, ces compagnies ont adopté un certain nombre de mesures qui, malheureusement, se limitent au domaine des relations publiques.

Ainsi, Twitter a créé un poste de vice-président à la Diversité et à l’Inclusion. La titulaire, Janet Van Huysse, a publié l’an dernier un texte relatif aux efforts de sa compagnie pour augmenter la proportion de femmes et de membres de minorités ethniques au sein du personnel.

À la lecture de ce document, on ne peut que constater le gouffre qui sépare les propos dithyrambiques de Mme Van Huysse en faveur de Twitter, et les données factuelles qui illustrent ce texte et qui prouvent exactement le contraire.

Diversite_ethnique_Twitter
 
Ci-dessus, en jaune, la proportion de Noirs employés de Twitter (entre 2 et 4%, selon les catégories), alors que les Noirs constituent 13,6% de la population américaine.

L’exagération des propos de la vice-présidente de Twitter est à ce point grotesque que son texte en est drôle.

Mais Twitter n’est pas la seule compagnie à nier l’évidence.

Facebook est très fier d’annoncer qu’il a presque doublé le nombre de ses employés Afro-Américains au cours de la seule année de 2014. En embauchant cinq fois plus de Noirs en 2014 — comparativement aux 7 embauchés en 2013 — la compagnie a fait passer le nombre de ses employés Noirs de 45 à 81… parmi les 5 479 personnes de son personnel américain.

En raison de la croissance générale de ses effectifs, la proportion des Noirs est demeurée tout aussi insignifiante, passant de 1,1% à 1,5%.

Ce qui n’empêche pas Maxine Williams — la chef globale de la Diversité chez Facebook — d’affirmer que sa compagnie est déterminée à créer un environnement de travail qui reflète la diversité ethnique et culturelle du pays.

Quant à Google, seulement 2% de son personnel est Noir. On murmure que si davantage de ses programmeurs étaient Noirs, Google Photos saurait peut-être distinguer les Noirs des gorilles…

Références :
Building a Twitter we can be proud of
Facebook’s black employees still only 1.5% of staff despite diversity gains
Google confond le portrait d’Afro-américains avec des gorilles et s’excuse
La technologie de reconnaissance faciale est-elle raciste?
Twitter employs only 49 African Americans despite diversity pledges

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le projet de loi libéral au sujet de la neutralité de l’État (dernière partie : les quiproquos)

Publié le 15 juin 2015 | Temps de lecture : 4 minutes

Sauf pour combattre l’indécence, l’État n’a pas à dicter aux citoyens comment s’habiller.

Conséquemment, ceux-ci sont libres de manifester leur sentiment d’appartenance à un groupe par leur habillement, leur coiffure, ou par tout autre moyen.

La plupart des religions ne comportent aucune exigence vestimentaire sauf pour les membres de leur clergé.

Par contre, l’Islam exige la modestie vestimentaire de ses croyants. La très grande variabilité de ce qui est considéré comme modeste fait en sorte que certaines Musulmanes s’habillent comme n’importe quelle autre femme occidentale alors que d’autres peuvent se distinguer facilement à leur tenue vestimentaire. Les formes les plus rigoureuses de l’Islam exigent même que les Musulmanes en âge de se marier soient masquées en public.

Le port d’un masque pose des problèmes sécuritaires dans n’importe quel pays. Toutefois des pays comme l’Arabie saoudite ont choisi d’assumer ce risque en se transformant en État policier.

Dans un pays démocratique comme le nôtre, ce risque sécuritaire devrait normalement être réglementé par la loi sur la Sécurité publique. C’est ainsi qu’il y a cinq ans, je proposais sur ce blogue qu’on agisse dans ce sens.

Toutefois, en s’abstenant de le faire jusqu’ici, l’État québécois se trouve aujourd’hui à agir dans le cadre d’une loi sur la neutralité l’État. Et pour ne pas donner l’impression que les dispositions de cette loi visent certaines femmes musulmanes, les porte-paroles du gouvernement Couillard se retrouvent dans l’inconfortable position de nier l’évidence. Il aurait été plus simple d’appeler les choses par leur nom.

Voile_islamique
 
De plus, trois mois avant le dernier scrutin, alors qu’il était chef de l’opposition, M. Couillard s’était déclaré opposé au port de la burka, du niqab et du tchador dans la fonction publique.

La jurisprudence actuelle est plutôt que les femmes musulmanes qui croient que l’Islam les oblige à porter le niqab ou la burka, ont le droit constitutionnel de le porter : on ne peut les obliger à l’enlever que pour des raisons d’identification, de sécurité ou de communication.

Pour ne pas donner l’impression que le Premier ministre a fait volteface à ce sujet, les rédacteurs du projet de loi No 62 ont posé les bases d’un important quiproquo.

Le premier paragraphe de l’article 9 dit que tout membre du personnel d’un organisme doit exercer ses fonctions à visage découvert. Le deuxième paragraphe étend cette exigence au bénéficiaire d’un service gouvernemental. Toutefois le troisième paragraphe déclare qu’on peut faire exception à ce principe sauf pour des motifs sécuritaires, d’identification ou de communication.

En somme, tout fonctionnaire qui n’est pas affecté à la prestation directe de service à la clientèle possède le droit constitutionnel de porter la burka ou le niqab au travail, contrairement aux déclarations des porte-paroles du gouvernement.

On peut donc anticiper la surprise feinte de ces derniers le jour où les tribunaux reconnaitront le droit de faire ce que le gouvernement prétendait avoir interdit.

Références
Fonction publique : Couillard prône l’interdiction de la burqa, du niqab et du tchador
En marge du débat sur le voile islamique intégral
Niqab et citoyenneté — Serment voilé
Projet de loi n°62 : Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes

Parus depuis
Angela Merkel calls for burqa ban ‘wherever legally possible’ in Germany (2016-12-06)
Le Maroc interdit la fabrication et la vente de la burqa (2017-01-10)
La CEDH juge «nécessaire» l’interdiction du voile intégral dans l’espace public (2017-07-12)
Le Danemark veut interdire le voile intégral dans les lieux publics (2018-01-06)
Denmark passes law banning burqa and niqab (2018-05-31)
Nouvel échec du Québec devant la Cour (2018-06-29)
L’Algérie interdit le port du niqab sur le lieu de travail (2018-10-19)
Switzerland to ban wearing of burqa and niqab in public places (2021-03-07)
Denmark’s ban on full-face veils to be extended to schools, universities, PM says (2025-06-05)
Burqa ban bill approved by Portugal’s parliament seen as targeting Muslim women (2025-03-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le projet de loi libéral au sujet de la neutralité de l’État (3e partie : les valeurs québécoises)

Publié le 13 juin 2015 | Temps de lecture : 4 minutes

À la suite de la présentation du projet de loi libéral sur la neutralité de l’État, j’ai pris connaissance de plusieurs centaines de réactions à ce projet.

Un des arguments qui reviennent les plus souvent est celui voulant que ce projet de loi ne respecterait pas les « valeurs québécoises », notamment la laïcité de l’appareil gouvernemental.

Il y a à peine cinquante ans, le Québec était tout sauf laïc.

En 1936, le premier ministre Maurice Duplessis fit ajouter un crucifix à l’Assemblée législative dans un geste d’éclat ayant pour but de s’attirer la sympathie des électeurs. Donc, il y eu une époque où la convergence entre l’État et l’Église était jugée favorablement par la population québécoise. Il aurait été impensable de se présenter à une élection sans chercher au préalable l’appui au moins tacite des autorités ecclésiastiques.

L’importance qu’on attache aujourd’hui, au contraire, à la séparation entre ces deux pouvoirs est donc préoccupation contemporaine.

De plus, en raison d’un filet de protection sociale presque inexistant, les communautés religieuses occupaient autrefois une place prépondérante en matière d’enseignement et de soins hospitaliers. La lutte à la pauvreté était plus ou moins combattue au moyen de la charité et des bonnes oeuvres.

Lors de ce qu’on a appelé la Révolution tranquille, le gouvernement québécois a étatisé la presque totalité des services sociaux assumés jusque là par les communautés religieuses.

Conséquemment, l’évacuation de la religion de la sphère publique a coïncidé avec les progrès économiques accomplis durant cette période par la société québécoise.

Si bien que dans l’esprit de beaucoup de personnes, modernisme et progrès sont associés au déclin de la ferveur religieuse.

Au sortir des années 1960, les valeurs québécoises n’étaient déjà plus ce qu’elles étaient une décennie plus tôt. On a donc tort de considérer ces valeurs comme innées et immuables. Au contraire, elles sont intimement liées aux croyances et aux idées partagées par ceux qui composent notre peuple à un instant donné.

De plus, la population québécoise n’est plus ce qu’elle était. Plus d’un million de personnes sont décédées, d’autres sont nées et ont grandi depuis la Révolution tranquille. Ici comme ailleurs, l’immigration a accru la diversité culturelle de la Nation.

Les mentalités ont donc profondément changé lors de la Révolution tranquille et elles se modifient perpétuellement sous l’effet de l’immigration, de la natalité, et de la volatilité de l’opinion publique.

Or chez les jeunes, l’importance du mariage (par exemple), et de la foi religieuse sont en porte-à-faux avec l’appréciation qu’en font les baby-boomers.

Conséquemment, le projet de loi libéral est probablement beaucoup plus conforme aux valeurs québécoises d’aujourd’hui qu’on pourrait le penser.

Ici même à Montréal, la plupart des jeunes n’accordent pas une grande importance au voile islamique; il n’est important que pour celles qui choisissent de le porter.

Quant à sa valeur symbolique — un symbole présumé de l’oppression faite aux femmes — il ne suscite pas l’indignation des jeunes Québécoises « de souche » qui se sont liées d’amitié avec des consoeurs voilées et avec lesquelles elles partagent les mêmes idées sur presque tous les sujets.

Bref, le « féminisme de chiffon », si présent dans certains milieux, semble complètement déconnecté des préoccupations des jeunes femmes d’aujourd’hui, toutes aussi hostiles à l’exploitation des femmes, mais relativement indifférentes à l’importance de lutter contre les présumés symboles de cette oppression.

Critiquer le projet de neutralité religieuse de l’État au nom du respect des valeurs québécoises, c’est donc indirectement un appel au conformisme et au respect d’une mentalité dominante en déclin au Québec.

En misant sur la neutralité religieuse de l’État plutôt que sur la laïcité, le gouvernement Couillard fait le pari que l’évolution des mentalités au Québec lui donnera raison.

Sur le même sujet :
La laïcisation au Québec : un sujet contemporain et non un projet de société inachevé
Quand la soutane et la gandoura siégeaient au Palais Bourbon

Paru depuis :
Les mystères des crucifix de l’Assemblée nationale (2018-10-22)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le projet de loi libéral au sujet de la neutralité de l’État (1re partie)

Publié le 11 juin 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

C’est hier que le gouvernement Couillard a présenté son projet de loi relatif à la neutralité de l’État.

Contenu du projet de loi

Le document de onze pages — dont seulement sept sont consacrées aux dispositions législatives proprement dites — propose ce qui suit.

Les employés de l’État doivent faire preuve de neutralité religieuse dans l’exercice de leurs fonctions. En clair, leurs convictions religieuses ne doivent pas affecter l’accomplissement de leurs tâches.

Ils doivent également exercer leurs fonctions sans favoriser ni défavoriser quiconque en raison de son appartenance religieuse.

Font exception à ces règles, le clergé travaillant en milieu carcéral, les chargés d’enseignement religieux et ceux affectés à un service d’animation spirituelle.

L’article 6 permet à un pharmacien de refuser de vendre un contraceptif ou de prescrire la pilule du lendemain si cela est contraire à ses convictions religieuses à lui.

Actuellement, ce qui oblige un professionnel de la Santé à asservir son intérêt à celui de son patient, ce n’est pas une loi mais simplement les règles de déontologie professionnelle. Puisque toute loi a préséance sur un code de déontologie, cette loi légalise ce qui était interdit jusqu’à maintenant.

Ce matin, j’ai contacté à ce sujet l’Ordre des pharmaciens et le Conseil du statut de la femme, et je m’attends à ce que l’article 6 disparaisse du texte final de cette loi.

Pour terminer, celui qui dispense un service de l’État doit le faire à visage découvert. Celui qui reçoit ce service ne peut être obligé d’avoir le visage découvert que si cela est nécessaire à des fins d’identification, de communication ou pour des raisons de sécurité.

Les accommodements raisonnables

Le projet de loi établit les critères en vertu desquels on peut invoquer des croyances religieuses pour se soustraire à une obligation :
• cette demande doit respecter le droit à l’égalité entre les femmes et les hommes
• l’accommodement demandé ne compromet pas le principe de la neutralité religieuse de l’État
• l’accommodement ne doit imposer aucune contrainte excessive sur le bon fonctionnement de l’organisme ainsi qu’aux coûts qui s’y rattachent.

Portée de la loi

Si elle est adoptée, cette loi s’appliquerait à la fonction publique, aux commissions scolaires, aux hôpitaux publics, aux écoles publiques, aux garderies subventionnées par l’État, aux agents de la paix (policiers et gardiens de prison) et les juges de tribunaux administratifs.

Sont exclus le secteur municipal et, si j’ai bien compris, les tribunaux provinciaux autres que les tribunaux administratifs.

Sont également protégés les éléments emblématiques ou toponymiques du patrimoine culturel du Québec qui témoignent de son parcours historique. En d’autres mots, on ne peut demander qu’on change les noms des rues ou qu’on enlève les crucifix des églises.

Références :
La Charte de la laïcité : un mauvais départ
La ministre Vallée exaspère Paul Arcand en évitant de répondre 15 fois à ses 3 questions
Les libéraux disent finalement oui au tchador
Projet de loi n°62 : Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Corruption libérale : chassez le naturel…

Publié le 11 mai 2015 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Le retour des ‘extras’

En décembre dernier, le service de recherche de la Coalition avenir Québec a révélé que les ‘extras’ au ministère des Transports ont augmenté de 75% depuis le retour au pouvoir du Parti libéral.

On appelle extras les dépassements de coût autorisés. C’est le principal mécanisme par lequel s’opérait la corruption sous le gouvernement Charest. Voici comment on procède.

À la suite d’un appel d’offres gouvernemental, un entrepreneur soumet l’offre la plus basse en vue de réaliser le projet. Évidemment, il obtient le contrat.

Toutefois, en cours de réalisation, le ministère exige des modifications au devis. L’entrepreneur pourrait s’y opposer en invoquant les coûts supplémentaires que cela entraine.

Mais voilà, ces changements sont justement le prétexte qu’attendait l’entrepreneur pour faire gonfler la facture, lui qui parfois soumissionne à perte dans le but d’obtenir un contrat, confiant de pouvoir se reprendre avec les extras.

En renégociant ce contrat — qui ne peut pas être confié à quelqu’un d’autre en raison de l’avancement des travaux — le ministère, complice dès le départ de cet entrepreneur, paie à prix d’or les changements apportés au projet.

Depuis l’élection du gouvernement Couillard, le ministère des Transports a autorisé 74 millions$ d’extras, une nette augmentation avec la période correspondante sous le gouvernement péquiste.

Le pardon aux fraudeurs

La semaine dernière, on apprenait que 75 hommes d’affaires reconnus coupables de dons politiques illégaux viennent de récupérer leur droit de recevoir des contrats publics du gouvernement Couillard.

Ce pardon s’est opéré par le biais d’un habile tour de passe-passe.

Afin d’éviter que des hommes d’affaires reconnus coupables de contributions politiques illégales ne poursuivent leurs activités en créant de nouvelles entreprises, le Directeur général des élections avait constitué une liste noire qui comprenait à la fois des entreprises et des particuliers.

Essentiellement, il s’agissait de firmes d’ingénierie ou de construction, de même que certains de leurs dirigeants.

Toutefois, la liste noire du Conseil du Trésor ne contenait que des noms d’entreprises. Aucun particulier.

Sous le prétexte d’harmoniser ces deux listes, le gouvernement Couillard a imposé la liste restreinte de l’un à l’autre. Conséquemment, il a implicitement pardonné à ces 75 individus, maintenant libres de nouveau de commercer avec le gouvernement libéral.

Références :
Dons illégaux: des contrevenants peuvent de nouveau recevoir des contrats
Les extras ont augmenté depuis l’élection des libéraux

Paru depuis :
Des extras de 55 millions au MTQ (2015-12-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mères porteuses vs le fanatisme d’une sociologue

Publié le 30 avril 2014 | Temps de lecture : 7 minutes

Céline Lafontaine est une sociologue chargée d’enseignement à Montréal et à la Sorbonne de Paris. À ce titre, celle-ci faisait paraitre vendredi dernier dans Le Devoir une critique virulente de la décision de l’État québécois de rembourser les frais relatifs à la procréation assistée, notamment par l’utilisation des mères porteuses. Entre autres, l’auteur s’interroge sur le bien-fondé de consacrer des ressources médicales à cette fin alors que tant d’autres besoins lui semblent plus pressants.

La question de l’allocation des ressources médicales est vaste et complexe. Elle se pose dans tous les cas où un traitement nécessite une mobilisation importante de ressources, que ce soit la transplantation rénale (que limite sévèrement l’Angleterre pour cette raison) ou, dans ce cas-ci, le traitement de l’infertilité.

En raison de cette complexité, je ne discuterai pas de cette question qui occupe d’ailleurs une place secondaire dans l’argumentation de Mme Lafontaine, en dépit du titre de son texte (« Le remboursement des mères porteuses ? Du délire »)

Plus discutables sont les arguments moraux invoqués par cette sociologue.

Celle-ci estime que la gestation pour autrui est contraire aux droits de la personne « puisqu’elle suppose l’objectivation complète de la femme en plus de faire de l’enfant à naître l’objet d’un contrat. »

Pour ce qui est de l’odieux de faire d’un être humain l’objet d’un contrat, je ne vois pas où est le problème puisque c’est également le cas de tous les contrats d’adoption, de mariage, et d’embauche.

Ne cherchez pas objectivation dans votre dictionnaire : c’est du patois de sociologue. L’objectivation de la femme désigne l’utilisation du corps féminin comme s’il s’agissait d’un objet, d’une chose. Évidemment, il s’agit ici d’une grossière exagération; ce n’est pas parce qu’une femme accepte de devenir mère porteuse qu’elle abaisse le corps de toutes les femmes au niveau d’une vulgaire marchandise.

Un contrat d’adoption n’est pas seulement une entente de service régissant une offre et une demande, mais c’est aussi un document qui précise les droits de l’enfant à naître. Et dans le cas précis qui a suscité l’indignation de Mme Lafontaine, ce contrat ne prévoyait pas de rémunération pour la mère porteuse, amie du couple stérile. Donc, contrairement à ce qu’écrivait la sociologue, il ne s’agit pas d’un contrat marchand.

Là où la sociologue se discrédite, c’est en portant un jugement moral sur cette mère porteuse, accusée de s’abaisser à servir de machine à produire des bébés — c’est son expression — et d’accepter d’abandonner (sic) son enfant à la naissance. Dans les faits, il s’agit d’une critique de toutes les mères qui donnent leur enfant en adoption, accusées implicitement d’être de mauvaises mères et de poser un geste contre nature. Dans sa surenchère verbale, l’auteure qualifie même l’enfant d’orphelin, alors qu’en réalité, ce dernier est le sujet d’une substitution parentale.

De nos jours, porter un tel jugement moralisateur peut sembler étonnant. Cela l’est moins lorsqu’on apprend que le cas qui a suscité l’indignation de Mme Lafontaine concerne l’adoption de l’enfant d’une amie par un couple homosexuel.

En dépit du fait que Mme Lafontaine se défend bien d’être homophobe, on doit mettre en perspective son indignation soudaine d’une part, et d’autre part le fait que le remboursement par l’État québécois de la procréation assistée (aussi discutable que soit cette décision) a été annoncée par l’ex Premier ministre Jean Charest en novembre 2008. On peut donc présumer que Mme Lafontaine était retenue en Europe depuis six ans et vient donc d’apprendre la nouvelle.

Dimanche dernier, un des deux conjoints du couple en question était l’invité de l’émission Tout le monde en parle, ce qui nous a permis d’apprendre les détails de cette affaire.

Les conjoints en question vivent ensemble depuis quatre ans. Ils ont déjà un petit garçon, obtenu par adoption internationale. Ils ont voulu une fillette (en réalité, il s’agira de jumelles). Puisque les critères régissant l’adoption internationale se sont resserrés et ont rendu l’adoption extrêmement difficile pour un couple homosexuel, ceux-ci ont cherché une solution alternative. C’est alors qu’une amie du couple leur a proposé de recevoir les ovules fécondés par le sperme d’un des deux partenaires.

Cette proposition s’est faite sans contrainte, ni rémunération.

Tout cela se déroulait harmonieusement jusqu’au scandale provoqué par le texte de Mme Lafontaine. Pour celle-ci, cette décision privée « incarne de manière radicale l’individualisme triomphant de l’époque » représenté par celui des parents adoptifs. Aveuglés par leur égoïsme d’avoir une famille, ceux-ci procèdent à « l’instrumentation du corps des femmes en les transformant en machines à produire des bébés. » Condamnant la gestation d’un « enfant dans le but de l’abandonner à la naissance » et conséquemment, cette « production programmée d’orphelin », Mme Lafontaine fait de ce cas précis le symbole « de la dérive éthique de la société néolibérale québécoise. »

Selon elle, « l’industrie de la fécondation in vivo aura réussi à ouvrir toutes grandes les portes du Corps-marché en faisant de la chair humaine une matière première au service du désir des plus riches de notre société. »

Mme Lafontaine considère que ce n’est pas le rôle de l’État de vouloir pallier « aux limites biologiques des individus eux-mêmes ». De plus, les citoyens doivent « assumer la limite de toute existence humaine ».

Ce faisant, elle semble oublier que dans le cas des femmes qui font des fausses couches à répétition et celles nées sans utérus, le recours aux mères porteuses permet aux parents adoptifs de fonder une famille. De plus, de manière générale, le but de tout régime public d’assurance-maladie est précisément de permettre à chacun d’entre nous de mener une vie normale en dépit de nos limites biologiques.

De nos jours, on est très loin de la mentalité qui veut que toute tare soit une punition de Dieu qu’il nous faut assumer par le sacrifice et la pénitence.

En tant que citoyenne et de contribuable, Mme Lafontaine est libre de ses opinions. Mais l’utilisation de son titre professionnel pour donner de la crédibilité à ses préjugés arriérés et à son féminisme de pacotille m’apparait très discutable.

Le rôle de la sociologie est d’étudier et de comprendre les sociétés, et non de les juger.

Références :
Le remboursement des mères porteuses ? Du délire
Mères porteuses — En finir avec les leçons de morale
Le Québec, un havre pour la communauté gaie
Pour un débat raisonné sur la «gestation pour autrui»
Procréation assistée: Charest se rallie à l’opposition

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dompter la machine

Publié le 25 avril 2014 | Temps de lecture : 3 minutes

Nouvellement élu à la tête d’un gouvernement majoritaire, le nouveau Premier ministre du Québec est confronté à plusieurs défis. L’un des plus importants sera de dompter la machine interne de son propre parti.

Les descentes policières effectuées chez des personnalités associées au financement du Parti Libéral la journée même de l’assermentation des nouveaux élus, sont venues assombrir cette cérémonie et rappeler combien l’intégrité est associée à l’actualité politique depuis des années au Québec.

Ils ont bien tort ceux qui croient qu’à l’issue du mandant de quatre ans de M. Couillard, tout aura été oublié. Après les descentes, ce sera des accusations. Celles-ci seront suivies de procès et de condamnations, le cas échéant. Bref, le processus judiciaire est lent et le sujet sera encore d’actualité pendant des années.

Au pouvoir, tous les partis politiques sont plus ou moins des machines de collecte de fonds, associées à des mécanismes de redistribution de faveurs (contrats, nominations, etc.). Dans le passé, ce fut le cas du Parti libéral et, dans une moindre mesure, du Parti Québécois.

La décision de M. Charest d’obliger chacun de ses ministres à participer à des collectes de fonds rapportant annuellement au moins 100 000$ à la caisse du Parti Libéral a eu pour effet de les asservir à la machine de financement de sa formation politique et de les obliger de travailler de concert avec des collecteurs de fonds aux procédés douteux.

Lorsque le gouvernement Charest était nouvellement élu, le Parti Libéral s’était doté d’une façade respectable incarnée par des députés et ministres originellement vierges. Cette respectabilité s’est effritée au fil des ans, au fur et à mesure que la perversion de la « machine » sous-jacente éclaboussait l’interface politique derrière laquelle elle opérait.

Le nouveau Premier ministre peut prétendre que son parti a beaucoup changé au cours de la courte période où il fut dans l’opposition. En réalité, sa formation politique cache toujours beaucoup de squelettes dans ses placards.

Inévitablement, ceux-ci feront surface. On pourra toujours, du côté libéral, s’en surprendre mais il arrivera un temps où le nouveau gouvernement ne jouira plus du bénéfice du doute et où sa surprise, voire sa candeur, apparaitra feinte.

L’exaspération croissante de ses nouveaux députés libéraux — qu’on peut présumer majoritairement consciencieux et honnêtes — se traduira par des pressions croissantes afin d’inciter le Chef de l’État à purger son parti de certains grands argentiers gênants qui ont confondu l’accession au pouvoir de M. Couillard comme étant le retour des belles années, celles où on s’en mettait plein les poches et où on intervenait effrontément dans les décisions prises dans l’appareil de l’État au profit des donateurs à la caisse du parti.

Monsieur Couillard pourrait refuser d’accorder un deuxième prolongement à la Commission Charbonneau, mais il ne pourra pas entraver le travail policier des unités anti corruption à l’œuvre et qui ont son parti dans leur mire. S’il devait choisir d’ignorer les appels au changement, il aura manqué une occasion de contribuer à l’amélioration des mœurs politiques du Québec.

Puisse-t-il saisir cette occasion pour effectuer les changements qui s’imposent, aussi douloureux soient-ils.

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Écrit par Jean-Pierre Martel