Gloire et déclin des lits jumeaux dans les pays anglo-saxons

Publié le 22 août 2019 | Temps de lecture : 2 minutes

Selon l’historienne Michelle Perrot, le lit conjugal est latin et catholique alors que les lits jumeaux sont protestants et anglo-saxons.

Pendant près d’un siècle, plus précisément de 1850 à 1950, les médecins anglais se sont fait les champions des lits jumeaux.

Dans la société victorienne, on entretenait les plus vives inquiétudes au sujet du lit partagé à plusieurs.

On savait que les paysans et les gens d’origine modeste étaient plus sujets aux maladies. Or ceux-ci vivaient dans la promiscuité.

Alors qu’en Europe continentale, les microbiologistes apportaient la preuve que les microbes causent les infections, les médecins anglais demeuraient plus attachés qu’ailleurs à la théorie des ‘humeurs’ (dont le déséquilibre menace la santé).

Conséquemment, on préférait croire que les dormeurs affaiblis drainaient la vitalité des dormeurs forts avec, comme conséquence, que ces derniers sombraient dans la maladie des premiers.

Les lits jumeaux étaient donc recommandés aux classes bourgeoises pour des raisons hygiéniques.

Quant au sexe, il s’agissait d’un mal nécessaire à la reproduction de l’espèce, au péril de ceux qui s’y adonnaient.

Dès des années 1920, les lits jumeaux Art déco représentaient la modernité alors que le lit à deux places (surtout à baldaquin) rappelait le Moyen-Âge.

Dans les magazines grand public, les films, et les expositions commerciales, on voyait rarement des lits à deux places. Dormir dans son propre lit était devenu aussi normal que de manger dans sa propre assiette.

C’est dans les années 1950 que les lits séparés devinrent le signe d’une union conjugale chancelante. Dès la décennie suivante, la mode du lit à deux places relayait les lits jumeaux au rang de symbole du puritanisme victorien.

Références :
Le lit conjugal est latin et catholique
Microbiologie
Rolled over: why did married couples stop sleeping in twin beds?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le conflit entre Trudeau et la DPP

Publié le 20 août 2019 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Avant-propos : Dans la lutte contre la corruption, on doit distinguer les procès contre les dirigeants d’entreprises corruptrices — c’est-à-dire contre des particuliers — sanctionnés mollement par l’État québécois, des causes graves intentées par le fédéral contre les entreprises elles-mêmes.

La Direction des poursuites pénales (DPP) est l’organisme qui est responsable d’intenter toutes les poursuites criminelles au niveau fédéral.

Dans ces causes, lorsque les journalistes parlent de ‘la poursuite’ ou de ‘la Couronne’, c’est toujours la DPP qui est derrière.

C’est donc dire la puissance de cet organisme.

La DPP compte 1 040 employés en plus de faire affaire avec 170 cabinets d’avocats et d’accorder des mandats à 432 procureurs pigistes.

Opérant dans une opacité complète, cet organisme fédéral est totalement indépendant de l’interface ministérielle de l’État canadien. Toutefois, il est aveuglement soumis au législateur. En d’autres mots, le gouvernement fédéral donne des ordres au DPP par le biais des lois qu’adopte le parlement.

Dans ce cas-ci, le gouvernement Trudeau a adopté une loi expressément pour que SNC-Lavalin puisse essayer d’échapper à une condamnation criminelle — ce qui priverait cette firme de contrats gouvernementaux pendant des années — en s’engageant dans une procédure d’Accord de poursuite suspendue (APS).

Selon la version française de la loi relative aux APS, la DPP est obligée de s’engager dans cette procédure à la demande d’une compagnie poursuivie au criminel. Comme c’est le cas aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Cela ne crée pas d’obligation d’en arriver à une entente, mais une obligation de tenter d’en arriver à un accord.

En cas d’échec de la procédure, les poursuites criminelles reprennent inéluctablement devant les tribunaux.

Cette procédure a été refusée à SNC-Lavalin parce que le DPP est un des centres stratégiques du colonialisme canadian à l’égard du Québec.

En temps normal, son pouvoir discrétionnaire lui permet de poursuivre au criminel une compagnie québécoise pour corruption à l’Étranger et de s’abstenir de le faire pour n’importe quelle minière ontarienne qui fait pareil.

Jalouse de son indépendance, la DPP n’a jamais digéré la loi au sujet des APS. Par cette loi, Trudeau cherchait à faire en sorte que la DPP n’ait pas le choix.

Le refus du DPP d’obéir à cet automatisme voulu par le législateur n’est rien de moins qu’un mini coup d’État, une révolte de la machine de l’État canadien contre son interface ministérielle.

Justin Trudeau a compris trop tard pourquoi ça bloquait. Il aurait dû dire franchement ce qu’il cherchait à faire et ordonner une enquête publique au cours de laquelle la DPP aurait eu à s’expliquer.

Il n’a pas eu le courage de le faire et en paie aujourd’hui le prix.

La semaine dernière, le Commissaire à l’éthique accusait Justin Trudeau d’ingérence dans le processus judiciaire.

Saisissant la balle au bond, le chef du Parti conservateur demandait une enquête criminelle contre le chef de l’État. Ce qui ferait bien l’affaire du DPP qui en dirigerait les opérations.

Rejeté du revers de la main, ce blâme donne à Trudeau une deuxième occasion d’en finir avec la révolte du DPP en ordonnant une enquête publique à ce sujet.

Je doute qu’il commette l’imprudence de maintenir ainsi le sujet dans l’actualité, à quelques mois des élections fédérales.

Il aurait dû y penser avant.

Références :
Justin Trudeau accepte les conclusions du rapport, mais refuse de s’excuser
La façade ministérielle de l’État canadien
Scheer veut une enquête criminelle sur Trudeau
SNC-Lavalin vs la machine de l’État canadien

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le suicide des Inuits : Greenpeace vs Huawei

Publié le 2 août 2019 | Temps de lecture : 4 minutes

Le suicide des Inuits

La partie arctique du territoire québécois porte le nom de Nunavik. C’est là que vivent les 13 000 Inuits du Québec — autrefois appelés ‘Esquimos’ — répartis dans quatorze villages.

En 2018, trente-six Inuits québécois se sont enlevé la vie. Au cours des six premiers mois de cette année, il y en a eu 19, soit légèrement plus qu’au cours de la même période l’an dernier.

Le taux de suicide chez les Inuits est neuf fois plus élevé que dans l’ensemble de la population canadienne. Chez leurs ados, c’est trente fois la moyenne du pays.

Alors on fait des réunions. On adopte des résolutions. On met sur pied des centres d’appels afin d’offrir un support psychologique.

Mais en dépit de tout, l’hécatombe continue.

L’impérialisme culturel de Greenpeace

En 2016, l’avocate Alethea Arnaquq-Baril a réalisé un documentaire de 82 minutes intitulé Inuk en colère (sic).

Ce film est une critique sévère du boycottage par Greenpeace de ce qui constituait la principale source de revenus des Inuits, soit la vente de la fourrure.

Non seulement ce boycottage a ruiné leur économie, mais fait augmenter de manière soudaine et durable le taux de suicide chez les Inuits, particulièrement chez les adolescents.

Toujours en vigueur, ce boycottage se justifie par le désir de protéger les bébés phoques d’une mort cruelle. En réalité, les Inuits n’ont jamais pratiqué la chasse aux blanchons, réservée aux populations du golfe du Saint-Laurent, à mille kilomètres de chez eux.

Accusée de participer au génocide des populations autochtones du Canada, la multinationale néerlandaise tient à préciser qu’elle ne s’oppose qu’à la chasse ‘commerciale’ de la fourrure.

En réalité, la chasse ‘commerciale’ des phoques n’existe pas en tant que telle.

Les phoques sont la seule source alimentaire des Inuits (si on exclut les onéreuses importations aériennes de nourriture).

Le documentaire montre que lorsqu’un Inuit revient de chasse, l’animal est dépecé, partagé immédiatement avec les autres membres de sa communauté et mangé cru (puisque la cuisson détruirait le peu de vitamine C que contient la chair animale).

Cette culture du partage est une caractéristique fondamentale de toutes les sociétés dont la survie est menacée.

Non comestible, la peau des phoques sert à confectionner des vêtements. Et lorsque tout le monde est vêtu chaudement, le reste des peaux constituaient autrefois une source de revenus appréciable.

Ce n’est plus le cas. Sans avenir, un certain nombre d’Inuits préfèrent s’enlever la vie que de poursuivre une existence misérable.

Huawei

Le 22 juillet dernier, la succursale canadienne de la compagnie chinoise Huawei annonçait avoir obtenu la permission d’Ottawa de déployer d’ici 2025 un réseau téléphonique 4G dans plus de soixante-dix villages nordiques canadiens, dont une cinquantaine (la part du lion) au Québec.

Le 4G est une technologie inoffensive déjà utilisée par des milliards d’êtres humains à travers le monde sans aucun problème, même lorsqu’elle repose sur du matériel téléphonique fabriqué par Huawei.

Si on ajoute les neuf villages cris et les onze communautés innus aux quatorze villages inuits, on est loin du compte de cinquante communautés québécoises qui bénéficieront de ce déploiement.

C’est donc à dire qu’un certain nombre de villages québécois peuplés principalement de non-Autochtones en bénéficieront aussi.

Mais oublions le cas de ces derniers puisque c’est hors sujet.

Ce qu’il faut retenir, c’est que d’ici quelques années, l’arrivée du 4G permettra de susciter l’esprit d’entreprise au sein des communautés inuites qui sont actuellement réduites à la misère sociale notamment par l’impérialisme culturel pavé de bonnes intentions de Greenpeace.

L’offre de Huawei, c’est un moyen concret qui aidera les Inuits à faire rayonner leur culture, à offrir des biens et des services au reste de la planète, et lentement bâtir une économie qui fera reculer les problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés.

Références :
Huawei sous les projecteurs alors qu’elle déploiera le 4G dans le Grand Nord
Les limites du charme
Suicides: le Nord s’enfonce dans la crise

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| Économie, Sociologie, Technologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Traite humaine et cannabis anglais

Publié le 30 juillet 2019 | Temps de lecture : 5 minutes


 
En Angleterre, des milliers d’usines désaffectées, d’entrepôts inutilisés, et de maisons unifamiliales ‘abandonnées’ servent d’usines à cannabis.

Dans certains cas, la pègre utilise des maisons louées, mais transformées à l’insu de leurs propriétaires.

Environ 92 % des sites britanniques de production sont en Angleterre.

Chaque site est opéré par un jeune immigré.

Annuellement, des centaines d’adolescents vietnamiens sont ‘importés’ clandestinement en Angleterre pour y servir de main-d’œuvre à l’industrie illégale du cannabis.

Cette situation résulte d’un partenariat entre la pègre anglaise et la pègre vietnamienne. Cette dernière est chargée de recruter les mineurs et d’assurer le suivi en sol britannique.

Les victimes ne sont pas des enfants ordinaires. Ce sont des orphelins qui vivent dans la rue. Pour échapper à la misère, on leur offre un voyage vers l’Europe moyennant un prix qu’ils n’ont évidemment pas le moyen de payer, mais qu’ils pourront acquitter par versements.

Dans les faits, jamais ces jeunes n’arriveront à payer leur dette. Et cette dette — croissante en raison des intérêts — justifiera les menaces et les sévices dont ils seront l’objet.

Au départ d’un voyage maritime qui durera deux ou trois mois, on les entasse dans des conteneurs avec de la nourriture de base, et une quantité d’eau embouteillée qui s’avèrera rapidement insuffisante pour la traversée. Ce qui les obligera à boire leur urine ou à mourir déshydratés.

On les fait entrer clandestinement au Royaume-Uni par les ports contrôlés par la pègre.

Pour les ‘casser’, ils feront plusieurs mois de prostitution dans des bordels pour pédophiles.

Puis finalement, ils sont amenés dans l’usine à cannabis dans laquelle ils vivront.

Leur travail se résume à arroser les plants deux fois par jour. Chaque tournée prend de deux à trois heures. Le reste, c’est du temps libre.

Aux deux ou trois semaines, un locuteur vietnamien les appellera ou passera sur les lieux pour les menacer, leur réitérer de bien suivre les instructions, et pour s’informer que tout va bien.

Leur traitement variera selon le propriétaire des lieux.

Au pire, ils sont séquestrés dans des usines où jamais la lumière du jour ne pénètre, et où tout ce qu’ils ont à manger, ce sont des conserves de nourriture pour chien.

D’autres vivront leur solitude dans des lieux où, par exemple, ils disposeront d’une petite cuisine, d’un réfrigérateur plein, d’une minuscule télévision près de laquelle se trouve une pile de DVDs vietnamiens ou une console de jeux vidéos, un matelas au sol, ici un calendrier vietnamien au mur, là un autel bouddhiste, etc.

Dans bien des cas, les portes ne sont même pas verrouillées.

Alors pourquoi ne s’enfuient-ils pas ? Pourquoi n’utilisent-ils pas le téléphone pour appeler la police ?

Pour plusieurs raisons.

Premièrement, ces adolescents ne parlent pas anglais. Deuxièmement, dans leur pays d’origine, ils ont passé toute leur enfance à subir la répression d’une police corrompue qui s’acharnait sur eux en raison de leur vagabondage et des petits méfaits qu’ils commettaient pour survivre.

Mais surtout, ces enfants n’ont jamais connu autre chose que la méchanceté humaine. Or maintenant, ils ont un toit. Ils sont nourris. Ils n’ont jamais froid parce qu’il fait toujours chaud dans une usine à cannabis, même en hiver. Ils se sont fait une petite vie monotone. Même ceux qui mangent de la nourriture pour chien n’ont jamais été mieux traités de leur vie.

Quand ils sont découverts par la police, une partie d’entre eux seront accusés de complicité dans le commerce de la drogue et sont expulsés vers leur pays d’origine après avoir été abusés en prison.

Les autres seront pris en charge par les services sociaux. Beaucoup s’enfuient, persuadés que leurs créanciers les trouveront et les tueront s’ils ne retournent pas travailler pour eux afin payer leur dette.

Dans un cas, par exemple, les ravisseurs avaient entaillé superficiellement les parties génitales d’un adolescent qui avait tenté de s’enfuir en lui faisant croire qu’ils y avaient inséré un émetteur de géolocalisation qui leur permettrait de le retracer, peu importe où il se trouvait.

Références :
Enslaved on a British cannabis farm: ‘The plants were more valuable than my life’
Trafficked and enslaved: the teenagers tending UK cannabis farms

Parus depuis :
Lorry deaths: police face trust problem over appeal to Vietnamese migrants (2019-10-31)
Essex lorry deaths: two found guilty over manslaughter of 39 Vietnamese people (2020-12-21)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/25 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption généralisée des agronomes québécois

Publié le 6 juillet 2019 | Temps de lecture : 5 minutes
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Sur les 3 300 agronomes du Québec, 15 ont émis en 2018 de près de la moitié des 1 500 ordonnances d’atrazine, un herbicide cancérogène interdit en Europe depuis plus d’une décennie.

Ces quinze agronomes sont employés principalement par des fabricants ou des distributeurs de pesticides.

Selon Radio-Canada, de manière générale, la majorité des agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l’utilisation des pesticides sont des salariés des entreprises qui vendent ces produits.

Inversement, la majorité des agriculteurs qui se font prescrire ces produits reçoivent leurs ordonnances d’agronomes payés par l’industrie.

Environ 80% des entreprises qui emploient des agronomes leur versent un salaire. Mais elles leur versent également des commissions associées à la vente de pesticides ou de défoliants.

Par exemple, si l’agronome vend suffisamment de poches de graines de maïs enrobées d’un pesticide, il gagne un voyage dans le Sud, toutes dépenses payées.

Dans quelques cas, l’agronome est payé exclusivement à commission : pas de vente de pesticides, pas de salaire. Selon l’Ordre des agronomes, il ne s’agit-là que d’une apparence de conflit d’intérêts.

Accusé de laxisme, l’Ordre a répliqué en soutenant que ceux qui blâment ses membres ne font qu’essayer de se faire du capital politique sur leur dos.

Cet organisme estime que son rôle est de faire appliquer les lois. « Que le gouvernement légifère et l’Ordre va suivre », déclare son vice-président.

Mais voilà, le gouvernement a déjà légiféré.

Plutôt que de déterminer lui-même les bonnes pratiques agricoles, l’État québécois a décidé en 2018 de s’en remettre au jugement professionnel des agronomes en obligeant les cultivateurs à obtenir une ordonnance d’un agronome pour pouvoir acheter des pesticides ou des défoliants.

Or l’article 31 du Code de déontologie des agronomes interdit déjà tout avantage, ristourne ou commission relatifs à l’exercice de sa profession.

Il est inacceptable qu’en violation de leurs règles déontologiques, la majorité des agronomes aient intérêt, personnellement, à ce qu’on vende le plus possible de pesticides et de défoliants.

L’Ordre est incapable de donner le moindre exemple de mesure cœrcitive prise contre un seul de ses membres à ce sujet.

Les propositions visant à renforcer l’indépendance des agronomes ont toutes été battues en assemblée générale en raison de la mobilisation des agronomes-pushers, accourus massivement pour le vote.

Bref, la profession des agronomes est pourrie de l’intérieur à un point tel que même l’Ordre des agronomes est paralysé.

Pour étirer le temps, cet organisme professionnel a créé un comité d’experts mandatés pour faire des recommandations. Son rapport est attendu d’ici la fin de l’année 2019.

Le comble de la mauvaise foi est sa décision d’y nommer des agronomes à la solde de l’industrie des pesticides.

Gênée par cet exemple flagrant de conflit d’intérêts, la puissante Union des producteurs agricoles a refusé de faire partie de ce comité.

Ce qui n’a pas empêché le nouveau président de l’Ordre de soutenir que les agronomes provenant de l’industrie s’exprimeront en toute indépendance par rapport à leur entreprise.

« On peut vous garantir que s’il y a des représentants de l’industrie, ils ne sont pas là pour noyauter le comité » a-t-il déclaré.

Je pense que l’Ordre des agronomes nous prend vraiment pour des imbéciles.

D’où la question : ne devrait-on pas mettre cet Ordre professionnel sous tutelle en raison de sa faillite à défendre l’intérêt public comme l’y oblige la loi ?

Références :
Agriculture: l’industrie siège au comité de révision sur l’usage des pesticides
Des agronomes payés par l’industrie prescrivent davantage d’herbicide
Des incitatifs illégaux versés à des agronomes pour vendre plus de pesticides
Pesticides: «Beaucoup de monde essaie de se faire du capital politique»
Pesticides : le manque d’indépendance d’agronomes et de chercheurs continue de faire des vagues
Pesticides : le sous-ministre de l’Environnement est inquiet de ce qu’il a découvert
Québec a perdu le contrôle des pesticides
Toujours plus de pesticides

Parus depuis :
Le CEROM fait fausse route, dit Louis Robert (2019-09-20)
Louis Robert, agronome, « Pour le bien de la terre » (2021-05-04)
Un lobbyiste de l’agrochimie dirigera l’Ordre des agronomes du Québec (2024-03-25)
Fumier humain : des « apparences de conflit d’intérêts » dénoncées (2024-10-30)
Les ventes de pesticides augmentent encore (2025-04-02)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 34 mm.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Génocide autochtone et indépendantisme québécois

Publié le 10 juin 2019 | Temps de lecture : 5 minutes
Monument à sir John-A. Macdonald

Introduction

La commission canadienne créée pour faire enquête au sujet des femmes autochtones disparues et assassinées a remis son rapport la semaine dernière.

Ce document a fait scandale pour avoir soutenu que ces meurtres seraient la preuve d’un génocide dont le gouvernement canadien serait responsable.

Les opposants à ce rapport estiment que pour qu’on puisse parler de génocide, il faudrait que les morts aient été planifiées et orchestrées plutôt que d’être simplement une série de cas isolés.

D’autant plus que dans la majorité des cas, l’assassin est un autre autochtone (habituellement un conjoint). Ne devrait-on pas parler plutôt de violence conjugale ? Une violence conjugale qui ne serait qu’une conséquence des problèmes sociaux qui sévissent sur les réserves indiennes ?

Ces reproches sont justifiés mais ratent l’essentiel.

Un débat clos depuis 2013

Au Canada, les peuples autochtones sont régis par un apartheid juridique qui vise à leur extinction.

En 2013, le professeur James Daschuk de l’Université du Manitoba publiait la thèse universitaire intitulée ‘La destruction des Indiens des Plaines. Maladies, famines organisées, disparition du mode de vie autochtone’.

Cette publication de 366 pages est un accablant réquisitoire qui accuse John-A. Macdonald, le père de la confédération canadienne, d’avoir voulu exterminer par la famine les Amérindiens des Prairies.

Bref, il ne subsiste plus aucun doute que depuis la conquête anglaise, le Canada s’est édifié sur la dépossession territoriale violente des peuples autochtones.

C’est depuis la publication de ce livre que l’opinion publique canadienne-anglaise s’est retournée contre Macdonald et que ses statues sont vandalisées d’un bout à l’autre du pays.

Le caractère génocidaire des politiques canadiennes à l’égard des peuples autochtones étant reconnu implicitement par l’actuel premier ministre du Canada, le rapport au sujet des femmes autochtones ne fait que documenter les conséquences sociales de cette oppression.

Parmi la panoplie des moyens génocidaires longtemps utilisés, rappelons la stérilisation forcée des Amérindiennes, pratiquée couramment dans les provinces de l’Ouest jusque dans les années 1970. Par exemple, une Autochtone admise à l’hôpital pour une appendicite en sortait stérile sans savoir pourquoi.

Le colonialisme français au Canada

Ailleurs dans le monde, le colonialisme français ne se distingue pas des autres.

Mais en Nouvelle-France, ce colonialisme a adopté un ‘modèle d’affaires’ complètement différent en raison du fait que l’économie des peuples autochtones d’Amérique du Nord était essentiellement une économie de subsistance qui ne générait pas des trésors que des conquérants pouvaient piller.

Du point de vue économique, ce qui intéressait Paris, c’était essentiellement la traite des fourrures au Canada. Ce qui nécessitait des relations harmonieuses avec les peuples avec lesquels la France entretenait le commerce de la pelleterie.

Depuis les écrits de l’historien David Hackett-Fisher, on sait qu’à cela, il faut ajouter les motivations mystiques et utopistes des premiers responsables du peuplement de la colonie.

Pour ceux-ci, la richesse de la Nouvelle-France, ce n’est pas la présence de métaux précieux, mais son réservoir d’âmes à convertir. Non pas par la force, mais par un prosélytisme insistant, mais relativement bienveillant.

Il s’agit là d’une différence fondamentale entre le colonialisme français en Amérique du Nord et les colonialismes anglais, espagnol et portugais.

Doit-on défendre l’Honneur du Canada ?

Le Canada est un pays méprisable justement pour ses politiques racistes à l’égard des peuples autochtones.

Quelle aubaine pour ceux qui militent pour qu’on se libère de l’État pétrolier canadien afin de créer un pays infiniment mieux.

Les Indépendantistes ne doivent jamais rater une occasion d’être solidaires des peuples autochtones du Québec lorsque cela est justifié. Or c’est le cas ici.

Ce n’est pas parce que le rapport pointe un doigt accusateur contre les collabos québécois des politiques fédérales — corrompus par le pouvoir illimité de dépenser d’Ottawa — que nous devons nous sentir interpelés et défendre l’indéfendable.

En somme, le message que nous devons adresser aux peuples autochtones du Québec, c’est que nous sommes les descendants spirituels de Samuel de Champlain et non de John-A. Macdonald.

Dans l’esprit des Autochtones québécois comme dans le nôtre, il doit être évident que l’indépendance du Québec est autant notre libération que la leur.

À chercher des puces dans ce rapport, on sème le doute dans l’esprit de nos concitoyens autochtones suggérant qu’après l’indépendance, le gouvernement québécois ne serait qu’un nouvel Ottawa pour eux.

Conclusion

Dresser le peuple francoQuébécois contre les peuples autochtones du Québec, c’est faire le jeu des Fédéralistes.

Références :
Colonisation et esclavage en Nouvelle-France
La communauté médicale dénonce les stérilisations forcées
Le poids des mots
L’invention des races humaines
Nettoyer la statue de Macdonald, un gaspillage des fonds publics
Un lexique pour mieux comprendre le rapport de l’ENFFADA

Paru depuis :
Les Autochtones représentent 30 % des prisonniers fédéraux, un « sommet historique » (2020-01-22)

Compléments de lecture :
Gabriel Sagard en Huronie
Depuis quand les Autochtones peuvent-ils voter? (2025-03-26)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/400 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La cuisine de rue en vedette les premiers vendredis du mois

Publié le 9 juin 2019 | Temps de lecture : 2 minutes

Tous les premiers vendredis du mois, de juin à octobre, l’esplanade du stade olympique de Montréal est le site du plus important rassemblement de cantines mobiles au Canada.

Le premier de ces rendez-vous était donc vendredi dernier.

De 16h à 23h, une cinquantaine de cantines attendaient un public principalement composé de jeunes couples ou de jeunes familles.

À l’heure où les photos ci-dessous ont été prises — entre 20h45 et 21h10 vendredi dernier — des milliers de personnes se sustentaient encore, malgré l’heure, dans une atmosphère amicale et sans prétention.

Vue générale
Dilallo Burger
St Jacöb
Blue Homard
Poutine F.A.C.T.O.R.Y
ô sœurs volantes
Boîte à Fromages
Mr Puffs
Poutine Shack
Le Camion Belgo
Churros Montréal
Da Lillo
MASA
Le Repère des Affamés
Fire Twenty-One Smokin’ Grill Cuisine

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
 1re  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 1600 — 25 mm
 2e   photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 1600 — 25 mm
 3e   photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 1600 — 25 mm
 4e   photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
 5e   photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 1600 — 25 mm
 6e   photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 1000 — 25 mm
 7e   photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 500 — 25 mm
 8e   photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm
 9e   photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 3200 — 25 mm
10e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 2000 — 25 mm
11e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
12e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm
13e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
14e  photo : 1/200 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
15e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm

Sur le même sujet :
La cuisine de rue à Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’invention des races humaines

Publié le 6 juin 2019 | Temps de lecture : 6 minutes
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Introduction

Il y eut une époque où la pigmentation de la peau n’était qu’une parmi les nombreuses caractéristiques qui permettaient de distinguer les êtres humains.

Évidemment, il y avait les femmes et hommes, aux attributs vestimentaires et anatomiques très différents. Il y avait aussi les grands et les petits. Les gros et les maigres. Ceux aux yeux noirs, bleus ou gris. Les moustachus, les rasés et les imberbes. Les personnes aux cheveux noirs, châtains, blonds ou blancs.

Pour ce qui est de la peau, elle pouvait être ridée et basanée comme celle du travailleur aux champs ou être lisse et rose comme celle d’une religieuse cloitrée. Et les gens pouvaient avoir différentes carnations, ce qui implique différentes pigmentations cutanées.

Quand le groupe ethnique se fait race

Le mot ‘race’ a toujours été imprécis.

Selon le contexte, le mot pouvait désigner l’ensemble des membres d’une lignée (ex.: ‘Par ses manières, on devinait qu’il était de race noble’), les détenteurs d’une caractéristique physique ou morale (ex.: ‘Rendons hommage à celui qui fut de la race des grands bâtisseurs de la Patrie’), l’appartenance à un groupe ethnique (ex.: ‘Longue vie à la race britannique’), et pouvait même se transformer en insulte (ex.: ‘Race de vipère ! Voilà ce que tu es’).

Dans les trois derniers couplets de l’hymne national canadien —  ceux qu’on ne chante jamais — on fait référence deux fois à la race.

La première fois pour rappeler que le Canadien est né d’une race fière. Et la seconde fois pour en appeler à la loi pour nous guider parmi les races ‘étrangères’.

Le rationalisme du XIXe siècle

Une des grandes obsessions du XIXe siècle fut de comprendre et de chercher à mettre de l’ordre dans le chaos de l’univers.

Dimitri Mendeleïev publie en 1869 son tableau périodique des éléments. Tout le règne minéral y trouve sa place, y compris des métaux alors inconnus.

À la suite des travaux du naturaliste Carl von Linné, des botanistes et des naturalistes s’affairent à découvrir des espèces vivantes et à les hiérarchiser soigneusement en règnes, en embranchements, en classes, en ordres, en familles, en genres et en espèces.

Linné fut le premier à suggérer l’existence de variétés humaines (comme il y avait des races canines), sans suggérer que certaines variétés étaient supérieures à d’autres.

Contrairement à d’autres caractéristiques physiques — retrouvées de manière variable au sein de tous les peuples — la couleur de la peau était une caractéristique spécifique des membres d’une même population.

D’où l’idée que cette caractéristique, associée à la morphologie (largeur du nez, protubérance de l’arcade sourcilière, forme des yeux, etc.) permettait de classer les êtres humains en différentes races.

À l’époque, cette démarche scientifique était soutenue par les pouvoirs publics car elle donnait une justification morale à la domination des Européens sur les peuples des colonies, notamment en Afrique.

La renaissance du racisme

Le grand paradoxe des pays au lourd passé colonial (comme le Canada et les États-Unis), c’est que même en tentant d’échapper à un passé qu’ils jugent honteux, la population de ces pays perpétue l’importance démesurée attachée à la pigmentation de la peau.

C’est ainsi qu’on croit faire mieux en parlant, non pas de races, mais plutôt de ‘peuples racisés’. Ce néologisme signifie ‘peuples à qui une race a été attribuée…’. (sous-entendu : ‘…par ceux qui croient faussement au concept de race’).

Malheureusement, l’utilisation d’euphémismes ou de néologismes pour parler de collectivités définies selon la pigmentation de leur peau perpétue l’importance excessive accordée à cette pigmentation, un excès qui est à la base même du racisme.

Minorités visibles désigne les ‘non Blancs’ dans une société majoritairement blanche. Entre nous, a-t-on déjà vu un être humain invisible ? Il s’agit donc ici d’un pléonasme puisque toutes les minorités raciales sont visibles.

De la même manière, on parlera d’Afro-Américains — une désignation basée sur la géographie — plutôt que sur la pigmentation de la peau.

Le problème, c’est qu’en réalité, le mot ‘Afro-Américain’ signifie ‘Noir’.

Voilà pourquoi un Algérien qui émigre aux États-Unis ne sera jamais un Afro-Américain — même si l’Algérie est en Afrique — si la couleur de sa peau est seulement olivâtre.

Quant au concept d’appropriation culturelle appliquée aux arts de la scène, c’est une manière de perpétuer le racisme anglo-saxon et sa manie de créer des zones d’exclusion pour ceux dont la couleur de la peau n’est pas la bonne.

Conclusion

L’isolement géographique, l’interdiction des mariages interreligieux, et la peine de mort infligée aux coupables de relations sexuelles interraciales maintenaient autrefois la spécificité de la pigmentation cutanée comme vecteur identitaire.

Pendant la Première Guerre mondiale, des blessés américains sont morts faute de sang — malgré la présence de donneurs compatibles — parce que les médecins ne transfusaient pas du sang provenant de personnes de ‘races’ différentes.

L’abolition de la ségrégation raciale et l’immigration intercontinentale ont peu à peu brouillé les contours de la race.

S’il est facile de qualifier de ‘Métis’ ou de ‘Mulâtres’ ceux issus d’un premier croisement interethnique, ces mots perdent leur sens après une multitude de croisements qui ont considérablement ‘dilué’ les caractéristiques qui les définissaient.

À partir de quelle pigmentation cutanée cesse-t-on d’être un Blanc ? À partir de quelle ‘dilution génétique’ cesse-t-on d’être Noir ?

Depuis le séquençage du génome humain en 2004, on sait qu’un Blanc typique et un Noir ‘pure race’ ont en commun entre 99,5% et 99,9% de leurs chromosomes. Or cette proportion est la même entre deux membres d’une même ‘race’.

Références :
Carmen vs SLĀV
Histoire du racisme
Ô Canada et la laïcité
Race humaine
Y-a-t-il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ?

Un témoignage :
Pour que l’histoire ne se répète pas! (2020-06-06)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Carmen vs SLĀV

Publié le 13 mai 2019 | Temps de lecture : 5 minutes

C’est hier que se sont terminées les représentations de Carmen à l’Opéra de Montréal. Dans cette œuvre, le rôle-titre est celui d’une Bohémienne.

Strictement parlant, les Bohémiens sont les habitants de Bohème. Mais couramment, on appelle ainsi les Roms, ce peuple nomade qui serait originaire du sous-continent indien. Le personnage de Carmen est l’un d’eux.

Pour se soustraire aux accusations d’appropriation culturelle, il faut éviter de faire jouer les personnages issus des minorités opprimées par des acteurs ou des chanteurs issus de groupes dominants.

La première fois que le concept d’appropriation culturelle a été appliqué aux arts de la scène, c’est en 2016 à l’université de Bristol.

Des étudiants avaient alors provoqué l’annulation d’une production d’Aïda au motif que des ‘Blancs’ y interprétaient des personnages égyptiens et éthiopiens

Dans Carmen, les rôles de soldats français peuvent être incarnés par n’importe qui puisque le peuple français en est un dominant.

Selon l’orthodoxie de ceux qui combattent l’appropriation culturelle, les rôles de Carmen et de tous ses camarades contrebandiers — soit environ la moitié de la distribution — ne peuvent être interprétés que par des Roms.

Ce n’est même pas une question de race puisque pour une bonne partie des adversaires de l’appropriation culturelle, le concept de race est une invention du XIXe siècle destinée à justifier le colonialisme européen.

Qui donc incarnait le rôle de la belle Rom à Montréal ? Krista de Silva, une soprano ‘blanche’ anglo-canadienne. Passons sous silence l’origine des chanteurs qui se faisaient passer ‘fallacieusement’ pour des Bohémiens…

Le plus étonnant dans tout cela, ce n’est pas la distribution qui, très justement, n’a attiré l’attention de personne. L’étonnant, c’est le silence de ceux qui s’indignaient à pleins poumons contre la distribution de SLĀV.

À l’époque, j’écrivais que l’accusation d’appropriation culturelle n’était qu’un prétexte, invoqué lorsqu’il s’agit de sujets sensibles (l’apartheid autochtone, les pensionnats autochtones et l’esclavagisme noir américain, par exemple) qui correspondent aux squelettes que le colonialisme anglo-saxon cache dans ses placards.

Qu’en est-il lorsqu’on ‘invisibilise’ un peuple (comme celui des Roms) qui n’a pas souffert du colonialisme anglo-saxon ? Eh bien, il ne se passe rien.

L’été dernier, un quotidien anglophone de Montréal battait le tambour de la guerre contre l’appropriation culturelle. Mais au sujet de Carmen, le quotidien n’a pas cru bon souligner qu’aucun ‘Bohémien’ de l’opéra n’était Rom.

De plus, où sont passé tous ces jeunes anglophones qui protestaient contre SLĀV ?

Formés par un système éducatif qui fait l’apologie de l’Empire britannique et des colons prédateurs qu’il a essaimés, les protestataires anglophones tentaient de culpabiliser des créateurs francophones qui prenaient fait et cause pour une partie de ceux que cet empire a exploités.

Qu’aujourd’hui une soprano Canadienne-anglaise ‘vole’ le rôle qui devrait aller à une chanteuse Rom, who cares ?

Cette indifférence est la preuve à postériori des contradictions qui animent ceux qui veulent que le concept d’appropriation culturelle s’applique aux arts de la scène.

En réalité, derrière des justifications qui évitent soigneusement de parler de race — puisqu’il est seulement question de peuples dominés vs peuples dominants — ce dont il est question, ce n’est rien d’autre que de race.

Voilà pourquoi le conflit au sujet d’Aïda, de SLĀV et Kanata, concernait l’insuffisance de la représentation de peuples dits ‘racisés’ alors que les Roms ne sont pas du nombre parce que la couleur de leur peau n’est pas distinctive.

Or comment critiquer la représentation raciale sans parler de race ? En utilisant des euphémismes.

C’est ainsi qu’on parlera d’Afro-Américains — une désignation basée sur la géographie — plutôt que sur la pigmentation de la peau.

Le problème, c’est qu’en réalité, le mot ‘Afro-Américain’ signifie ‘Noir’.

Voilà pourquoi un Algérien qui émigre aux États-Unis ne sera jamais un Afro-Américain — même si l’Algérie est en Afrique — si la couleur de sa peau est seulement olivâtre.

En somme, appliquer le concept d’appropriation culturelle aux arts de la scène, c’est une manière de justifier le racisme anglo-saxon et sa manie de créer des zones d’exclusion pour ceux dont la couleur de la peau n’est pas la bonne.

Et dans le cas de SLĀV, c’était une manière d’étouffer la voix d’outre-tombe de personnes réduites à la servitude en enfermant cette voix dans le carcan racial de leurs descendants, seuls autorisés à l’exprimer.

Références :
La controverse au sujet de SLĀV
Dunlevy: Jazz fest cancels SLĀV, but questions remain
Dunlevy: SLĀV director Robert Lepage just doesn’t get it
Jazz fest review: SLĀV misses the mark, and precious opportunity
Jazz Fest: SLĀV isn’t cultural appropriation, singer Bonifassi says
Opinion: SLĀV: Whose songs are these to sing?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Corruption fédérale : les voyages forment la vieillesse

Publié le 11 mai 2019 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Un des grands tabous de la politique canadienne est la corruption au sein du gouvernement fédéral.

Il faut remonter aussi loin qu’en 2004, au scandale des commandites, pour rencontrer une affaire au cours de laquelle l’argent du gouvernement canadien a été partiellement détourné de ses fins pour aboutir dans la caisse d’un parti politique.

Les tribunaux ont sanctionné les agences de publicité qui ont versé illégalement des sommes à la caisse du Parti libéral du Canada. Mais aucun fonctionnaire ni aucun politicien libéral n’a été condamné pour avoir accepté cet argent.

Ce ne sont pas les tribunaux, mais l’électorat qui a puni le parti politique impliqué en le reléguant dans l’opposition pendant près d’une décennie.

Les fonctionnaires

L’ex-président de la Société des ponts fédéraux est actuellement accusé d’avoir accepté pour 1,5 million$ de pots-de-vin de la part de SNC-Lavalin.

Il est rare que des cas de corruption fédérale se retrouvent sur la place publique, peu importe les sommes impliquées.

Dans ce cas-ci, la Direction des poursuites pénales en a saisi les tribunaux afin de justifier subtilement son refus d’ouvrir une procédure de poursuite suspendue pour SNC-Lavalin. L’important ici est moins de punir le fonctionnaire corrompu que de souligner publiquement que la main corruptrice est celle de SNC-Lavalin.

D’habitude, les cas sont réglés derrière des portes closes. Si bien qu’on n’en entend jamais parler.

Il n’existe aucune donnée quant au nombre de fonctionnaires fédéraux impliqués et quant au sort qui leur est réservé.

La magistrature

La Commission Bastarache a révélé que le critère premier pour accéder à la magistrature québécoise fut, pendant des années, non pas la compétence, mais l’allégeance politique.

Concrètement, au bureau du premier ministre, une fonctionnaire avait pour tâche d’apposer un collant jaune Post-It™ sur le dossier des ‘bons’ candidats parmi ceux que le ministre de la Justice se proposait de soumettre au Conseil des ministres.

Un bon candidat était celui qui avait contribué à la caisse électorale du Parti libéral du Québec, sollicité des fonds ou effectué du bénévolat lors des campagnes électorales. Selon l’ex-ministre de la Justice du Québec, pas de Post-It™ sur un dossier, pas de nomination à la magistrature.

Cette pratique, instituée par Jean Charest en 2003, aurait cessé lorsque ce dernier a été chassé du pouvoir en 2012.

Qu’en est-il au niveau fédéral ?

Un éditorial récent du Devoir nous révélait que la nomination à la magistrature fédérale se fait après consultation d’une liste d’avocats partisans du Parti libéral du Canada.

Selon le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, cette consultation n’affecte aucunement l’issue du choix effectué par le Conseil des ministres.

On se demande pourquoi on se donne la peine de consulter la liste des avocats ‘amis’ avant de procéder à une nomination si cela est inutile…

Dans un État de droit, la séparation des pouvoirs exige que l’État s’abstienne de mettre son nez dans le processus judiciaire. Une fois nommé juge, ce dernier n’est soumis qu’à l’autodiscipline que lui impose sa profession.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’autodiscipline des juges n’a jamais fait mourir personne.

L’émission The Fifth Estate révélait en 2017 que le juge Randall Bocock et son épouse, de même que le juge Denis Pelletier, avaient participé à un cocktail financé par un cabinet d’avocats spécialisé dans la fraude fiscale destinée à tromper le fisc canadien.

À la suite de ces révélations, le juge Bocock s’est récusé dans une cause qu’il avait pourtant accepté d’entendre et dans laquelle l’accusé était justement défendu par ce cabinet d’avocats.

Les politiciens

Copiée sur le modèle québécois, la loi fédérale au sujet du financement politique limite sévèrement l’importance des sommes d’argent qu’on peut offrir aux politiciens fédéraux. Pour Ottawa, le politicien nait le jour de son élection à titre de candidat à une élection fédérale.

Avant d’être choisi représentant d’une formation politique, le candidat à l’investiture de son parti peut accepter toutes les contributions qu’on peut lui faire. C’est la faille ‘Vaillancourt’, dénoncée sur ce blogue en 2010, mais qui n’a toujours pas été colmatée.

Sénatrice depuis moins d’un an, Julie Miville-Dechêne est une nouvelle venue en politique. À son arrivée en fonction, elle a été surprise de constater qu’accepter des voyages payés par des gouvernements étrangers était parfaitement ‘normal’.

C’est ainsi que le député conservateur Pierre Poiliève et son épouse ont profité de 11 705 $ de voyages payés par le gouvernement de Taïwan. Quant à la députée NPD Ruth-Ellen Brosseau, elle a fait un voyage de 11 705 $ en Israël, gracieuseté d’intérêts israéliens.

Au total, c’est plus de 600 000 $ en voyages gratuits qui ont été payés par des gouvernements étrangers à des parlementaires fédéraux. Le tout de manière parfaitement légale parce que rien ne s’y oppose.

Le gouvernement fédéral n’y voit pas d’objection puisque ces voyages aident les parlementaires à mieux connaitre les dossiers qu’ils auront à traiter.

À l’époque où il était député et ministre fédéral, John McCallum a effectué pour 73 000 $ de voyages en Chine pour le compte de ce pays. Et ce, sans savoir qu’il serait nommé un jour ambassadeur du Canada en Chine.

Est-ce que cela a influencé son jugement ou sa loyauté envers le Canada ? Pas du tout, selon le gouvernement canadien.

Pourtant, l’ambassadeur McCallum a été destitué de ses fonctions deux ans après sa nomination en raison de propos qu’il a tenus au sujet de l’affaire Huawei (propos où il se désolidarisait avec la position canadienne à ce sujet).

Conclusion

Un demi-million$ en voyages payés par des gouvernements étrangers, c’est de la corruption légalisée.

Tant au niveau de la magistrature que des parlementaires, l’extrême laxisme qui règne au niveau fédéral au sujet des conflits d’intérêts doit changer.

En particulier, il est totalement inacceptable que des décideurs publics soient captifs de pays étrangers — et donc soumis à leur propagande — pendant toute la durée des voyages qu’on leur offre.

La prochaine fois que vous n’arriverez pas à comprendre pourquoi le gouvernement fédéral refuse obstinément de satisfaire une volonté populaire qui coïncide avec l’intérêt national, c’est que quelqu’un, quelque part, est complice d’intérêts particuliers.

Références :
Affaire KPMG : un juge se récuse
Canadian MPs and their extravagant gifts. Is this bribery?
Corruption : la faille « Vaillancourt » doit être colmatée
Juges et cocktails commandités : le Conseil de la magistrature n’y voit pas de problème
L’ex-président de la Société des ponts fédéraux accusé d’avoir été corrompu par SNC-Lavalin
L’utilité de la Commission Bastarache
Nomination des juges: les limites de la Libéraliste
Scandale des commandites
Sénat: Julie Miville-Dechêne dénonce les voyages payés par des pays tiers

Parus depuis :
Le ministre LeBlanc a pris un avion d’Irving, avec la caution du commissaire à l’éthique (2019-07-18)
L’homme de confiance de Trudeau dans l’embarras (2024-12-29)
Allegations of Indian interference rock Canada election campaign (2025-03-26)
Nomination des juges : La doctrine Jolin-Barrette (2025-04-08)
Les sénateurs s’envolent au soleil aux frais des contribuables (2025-10-21)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel