La ‘faille Vaillancourt’ et les ‘brownies’ libéraux

Publié le 25 novembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes


 
À la fin de 2010, le débuté Serge Ménard (du Bloc Québécois) avait révélé avoir été l’objet d’une tentative de corruption de la part de Gilles Vaillancourt, alors maire de Laval.

Le Code criminel fédéral interdisait la tentative de corruption d’un député ou d’un fonctionnaire. Mais la loi ne prévoit rien lorsqu’on tentait de soudoyer une personne qui n’a pas encore été choisie pour représenter son parti.

Le 4 décembre 2010, nous demandions donc que cette ‘faille’ soit corrigée.

Mais neuf ans plus tard, nous écrivions :

Copiée sur le modèle québécois, la loi fédérale au sujet du financement politique limite sévèrement l’importance des sommes d’argent qu’on peut offrir aux politiciens fédéraux. Pour Ottawa, le politicien nait le jour de son élection à titre de candidat à une élection fédérale.

Avant d’être choisi représentant d’une formation politique, le candidat à l’investiture de son parti peut accepter toutes les contributions qu’on peut lui faire. C’est la faille ‘Vaillancourt’, dénoncée sur ce blogue en 2010, mais qui n’a toujours pas été colmatée.

Depuis 2019, un ministre libéral — Bill Morneau, ministre fédéral des Finances — a démissionné dans la foulée du scandale de WE Charity.

Son patron, le premier ministre du Canada, continuait d’exiger que chaque candidat libéral rapporte des dizaines de milliers de dollars de financement politique à son parti.

Or on sait, par expérience, qu’obliger les ministres à se ‘prostituer’ pour la caisse du parti mène à de la corruption politique.

Malgré cela, le Parti libéral fédéral a continué ses petites magouilles habituelles… jusqu’au jour où tout cela éclate au visage de sa succursale québécoise

Lorsqu’un homme politique quitte son poste ministériel à Ottawa pour diriger le Parti libéral du Québec, cela est excellent pour ce parti puisque le ‘transfuge’ possède déjà une solide expérience politique.

Mais quand celui-ci amène avec lui à Québec sa garde rapprochée — c’est-à-dire des personnes qui ont développé une culture politique étrangère à la nôtre — cela est une transposition risquée (ou Rizqy).

La nouvelle selon laquelle un billet brun de cent dollars (surnommé ‘brownie’ en anglais) était versé à chaque personne qui votait pour Pablo Rodriguez lors de la course à la chefferie québécoise du Parti libéral, rend plus urgent de donner suite à notre demande d’il y a quinze ans.

Références :
Corruption fédérale : les voyages forment la vieillesse
Corruption : la faille « Vaillancourt » doit être colmatée
Corruption libérale : chassez le naturel…
L’argent comptant et la corruption du Parti libéral du Québec
L’argent de la corruption libérale
Ottawa, nid de corruption

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Corruption politique, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand l’antiracisme perpétue la notion fallacieuse des races humaines

Publié le 24 octobre 2025 | Temps de lecture : 1 minute

Cliquez pour démarrer


 
 

Un commentaire

| Racisme, Sociologie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Une solution outrageuse à l’itinérance ?

Publié le 15 octobre 2025 | Temps de lecture : 1 minute

L’approche de la réduction des méfaits consiste à réduire les conséquences négatives d’un comportement, plutôt que d’exiger l’arrêt immédiat de ce comportement.

Selon une étude commandée en 2023 par l’Union des municipalités du Québec, chaque personne qui vit dans la rue coute annuellement plus de 70 000$ à l’État en prestations de soins et en ressources diverses.

Plus tôt aujourd’hui, j’ai exprimé une suggestion peu couteuse et facile à mettre en application afin de réduire en partie les ‘nuisances’ relatives à l’itinérance.

Je n’ai pas très bien compris ce qui justifie que cette suggestion ait été censurée sur le site de Radio-Canada.

À vous d’en juger :

Référence : Chaque itinérant coûte 70 000$ à l’État

Un commentaire

| Sociologie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Augmenter le contrôle social des médias sociaux au nom de la protection de l’enfance

Publié le 24 septembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Puisque les médias sociaux sont une source colossale de revenus publicitaires, Washington fait tout pour que TikTok, le média social le plus populaire au monde, devienne de propriété américaine.

Ce matin, le site de Radio-Canada publiait un texte intitulé « TikTok a violé la vie privée d’environ 1,5 million d’enfants canadiens, selon une enquête.»

Selon Philippe Dufresne, commissaire canadien à la protection de la vie privée :

L’entreprise recueille des renseignements sensibles concernant de nombreux enfants et utilise ces renseignements à des fins de ciblage publicitaire et de recommandation de contenu.

À entendre M. Dufresne, on croirait qu’il vient de découvrir que la terre est ronde. Bien oui, TikTok fait cela. Mais n’est-ce pas le cas de tous les médias sociaux ?

Au nom de la protection de l’enfance, on propose que TikTok se dote d’une panoplie de moyens visant à déceler l’âge des jeunes fraudeurs qui se font passer pour des adultes sur sa plateforme.

La question fondamentale à se poser est la suivante : jusqu’où voulons-nous que les médias sociaux contrôlent nos vies ?

Dans ce cas-ci, il ne s’agit plus de donner aux médias sociaux le pouvoir d’espionner nos gouts et nos préférences — ce qu’ils font déjà à des fins publicitaires — mais de nous espionner encore plus afin de savoir qui nous sommes.

Et en fonction de leurs algorithmes, ceux-ci décideront si on peut accéder ou non à des pans entiers de ce qui est disponible sur l’internet.

C’est le devoir des parents d’interdire à leurs infants d’installer des médias sociaux sur leur tablette ou sur leur téléphone lorsqu’ils n’ont pas la maturité pour les consulter.

Et tout parent devrait régulièrement s’assurer que cet interdit est respecté et punir leur enfant s’il leur a désobéi.

Je ne suis pas un utilisateur de TikTok. Mais si j’en juge par Facebook, on a le choix.

Si, par curiosité, on commet l’imprudence de cliquer sur l’extrait d’un clip vidéo où un animal prédateur semble s’attaquer à une proie, non seulement verra-t-on la totalité de sa mise à mort, mais on sera harcelé, par la suite, de vidéos de cruauté animale. De la mère qui refuse la tétée à son nouveau-né en le piétinant. De l’alligator qui égorge et noie la gazelle qui venait s’abreuver dans l’étang où le prédateur se cachait. Etc.

Bref, si un enfant n’a pas la maturité pour être exposé à toute la méchanceté du monde, il est le devoir des parents de le protéger, et non à l’État.

À une époque où une partie inquiétante des adolescents (surtout les jeunes filles) ont des pensées suicidaires, nos décideurs publics devraient s’attaquer à l’exposition prématurée des jeunes à tous les médias sociaux et cesser de se contenter d’être les porte-voix de ces prédateurs qui veulent s’emparer de TikTok.

Références :
L’espionnage de l’État canadien n’a pas de limite
TikTok a violé la vie privée d’environ 1,5 million d’enfants canadiens, selon une enquête

Laissez un commentaire »

| Économie, Informatique, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Notre-Dame de la Laïcité

Publié le 2 septembre 2025 | Temps de lecture : 6 minutes
Place d’Armes

Introduction

La prière de rue est une prière collective effectuée dans l’espace public par les pratiquants d’une même religion.

En France, dans de petites municipalités, des prières de rue ont été organisées en raison du refus des autorités locales d’accorder les permis nécessaires à la construction d’une mosquée.

À Clichy-la-Garonne, pendant huit mois, des Musulmans ont organisé des prières devant la mairie afin de protester contre la fermeture d’une mosquée. Cette dernière avait été fermée entre autres parce qu’on y avait trouvé des tracts appelant à tuer des Juifs… alors qu’il s’agissait d’un coup monté puisque les tracts avaient été placés là par un militant anti-islam.

De plus, en 2020, des Catholiques avaient pris l’habitude de se réunir à l’extérieur de leurs églises afin d’y prier au grand air, contournant ainsi la rigueur des mesures sanitaires décrétées en début de pandémie.

Les prières de rue sont devenues un sujet d’actualité au Québec depuis que sont organisées hebdomadairement des manifestations pro-palestiniennes devant la basilique Notre-Dame de Montréal à l’issue desquelles une partie des protestataires procèdent à une prière musulmane.

Ce qui a provoqué (évidemment) la controverse.

Si bien que le 28 aout dernier, le premier ministre a dévoilé son intention d’adopter une loi interdisant les prières de rue.

La provocation

L’organisation d’une manifestation pro-palestinienne devant une synagogue pourrait être interprétée comme une provocation.

Mais ici, le lieu de culte concerné est catholique.

Dans la mesure où le pape Léon XIV lui-même en appelle à la fin du conflit à Gaza, les manifestations de la Place d’Armes rejoignent essentiellement la position du Vatican.

Quant à savoir si une prière musulmane dite en face d’une église catholique constitue un sacrilège, rappelons que le Vatican a organisé de nombreuses rencontres œcuméniques au cours desquelles prêtres, imams et rabbins priaient ensemble.

L’espace public n’est pas une mosquée, dit-on

D’abord et avant tout, l’espace public est un milieu de vie.

Or, de toutes les activités humaines, la prière est sans doute une des plus anodines. Prier n’a jamais tué personne.

Mais on ne compte plus les morts causées par l’intolérance à l’égard des minorités religieuses, ethniques et sexuelles.

Le meilleur conseil qu’on peut donner à ces bonnes âmes scandalisées par la prière de rue des Musulmans, c’est de prier à leur tour… de préférence en silence.

Le prosélytisme

Il ne suffit pas de voir des gens prosternés ‘à la musulmane’ pour avoir envie d’adhérer à cette religion afin de pouvoir se prosterner comme eux.

Le prosélytisme, c’est plutôt ces Témoins de Jéhovah qui distribuent des tracts pour nous annoncer la fin du monde et l’urgence de nous convertir au plus vite à leur secte.

Si leur prosélytisme n’a rien d’illégal, il devrait en être de même de la prière de rue de quelques Musulmans.

La laïcité bien relative de l’espace public québécois

L’espace public comprend les places (comme la Place d’Armes), mais également les parcs et les rues.

On trouve une rue Notre-Dame dans probablement toutes les municipalités du Québec, exception faite de celles qui n’en ont qu’une, généralement appelée ‘rue Principale’.

Sur les 1 108 municipalités du Québec, plus de la moitié portent des noms à consonance religieuse, c’est-à-dire des noms de saints ou de fêtes religieuses (comme l’Assomption).

Comme ailleurs dans le monde, l’espace public québécois est un reflet de notre histoire. Voilà pourquoi la laïcité québécoise est un compromis qui s’accommode d’un passé où la ferveur religieuse faisait partie de notre identité.

Laïcité et apostasie

La laïcité de l’État ne concerne que les institutions étatiques.

Elle interdit l’exhibition de symboles religieux amovibles dans les lieux appartenant à l’État (comme l’ex-crucifix de l’Assemblée nationale). Et elle interdit à certains employés de l’état de porter des symboles religieux ostentatoires.

Jamais la laïcité n’a eu pour but d’obliger les citoyens à renoncer à leurs convictions religieuses ni à cesser de prier, tant dans l’intimité de leur domicile que publiquement.

Les processions religieuses — à la Vierge, à sainte Anne, au Christ-Roi, à saint Jean-Baptiste — ont longtemps fait partie de la culture populaire québécoise.

Si ces manifestations ont disparu, ce n’est pas parce que Québec s’est tourné vers la laïcité. C’est parce que les églises se sont vidées dans les années 1960. Conséquemment, les recettes de la dime dominicale ne suffisaient plus à financer toutes les activités des paroisses, les obligeant à une cure d’austérité responsable de la disparition des processions religieuses.

On peut donc anticiper que le renouveau actuel de la religiosité en Occident finisse par atteindre le Québec, ravivant ainsi l’idée d’organiser de nouveau des processions religieuses.

C’est sans doute ce qui explique que Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, a publié une lettre ouverte dans laquelle il déclare : « Certaines propositions récentes visant à interdire la prière en public soulèvent de sérieuses inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales dans une société démocratique.»

On doit donc conclure qu’en voulant interdire la prière de rue, M. Legault est plus catholique que le pape.

Références :
Appel à tuer les Juifs : le curieux document du maire de Clichy
Évangélisation de rue
Gaza : Léon XIV appelle à mettre fin immédiatement à la « barbarie » de la guerre
La CAQ va légiférer pour interdire les prières de rue
Les prières de rue, pas forcément liées à un manque de lieux de culte
Les prières de rue sont-elles illégales en France ?
Les prières de rue sont-elles légales?
Les « saints lieux » au Québec
Prière de ne pas exagérer
Prière de rue
Prières en public : « Il est où, le problème? »

Parus depuis :
Le Québec est un État laïc? Vraiment? (2025-09-04)
Texas attorney general wants students to pray in school… unless they’re Muslim (2025-09-07)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 2500 — 25 mm

2 commentaires

| 2018-202X (années Legault), Politique québécoise, Sociologie | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La mode éphémère

Publié le 18 août 2025 | Temps de lecture : 3 minutes


 
En 2003, lors de mon premier voyage ‘officieux’ à Paris, une des choses qui m’avait frappé, c’est que toutes les boutiques de chaussures pour dames offraient des souliers aux bouts excessivement pointus.

En les voyant, je m’étais dit : « C’est tellement ridicule. Jamais les Montréalaises n’accepteront de porter des souliers pareils

Et l’été suivant, tous les magasins de la rue Sainte-Catherine n’offraient plus que cela.

Évidemment, deux ans plus tard, on ne voyait plus personne les porter. Et pour cause. Cela faisait tellement Paris 2003. Ou pire : Montréal 2004.

Déjà, deux ans à porter des souliers dans lesquels les orteils sont coincés dans un espace trop petit pour eux, et à acheter des pansements Scholls contre les ampoules au talon, ça suffit.

Voilà pourquoi, à mes oreilles, mode éphémère sonne comme comme un pléonasme.

Évidemment, j’entends parfois des gens parler d’un style qui a traversé le temps. La formule est jolie. Mais quand j’essaie de trouver un exemple de ‘mode qui a traversé le temps’, c’est étrange, rien ne me vient à l’esprit…

Pas mes beaux pantalons à pattes d’éléphant. Pas mes chemises psychédéliques de l’époque hippie. Pas même mes vestons à épaulettes disproportionnées des années 1980.

Portant, ils sont tous là, bien rangés, à attendre que la mode revienne…

Il y a quelques jours, je lisais un article qui visait, à juste titre, à nous conscientiser au sujet du gaspillage vestimentaire. Selon l’article — qui prenait les produits Shein comme un exemple de mode éphèmère — des millions de tonnes de vêtements sont jetés chaque année.

Malheureusement, l’article oubliait de nous préciser le pourcentage de ce gaspillage qui est causé par les boutiques Shein.

Que des boutiques chinoises permettent aux étudiants et aux travailleurs moins fortunés d’accéder à la mode sans se ruiner, cela me semble louable.

Imaginons qu’il soit préférable d’aller dans une boutique chic pour acheter un vêtement beaucoup plus original (mais un peu cher) conçu par un couturier italien et fabriqué par des mains expertes de Florence à partir d’un tissu fait pour durer.

Deux ou trois ans plus tard, lorsque la mode est passée, si on se demande ce qui nous a pris d’acheter une telle horreur, quelle est la différence ?

Un vêtement fait pour durer deux ans et qu’on jette à sa date d’expiration ou un vêtement fait pour durer des décennies mais qu’on a honte de porter deux ans plus tard, c’est la même chose du strict point de vue environnemental.

En somme, dans le pléonasme ‘mode éphémère’ ce n’est pas le qualificatif qui est le problème.

Le véritable problème, c’est notre souci inconscient de témoigner de notre appartenance à la société qui nous entoure en adoptant, notamment, ses codes vestimentaires. Même les plus éphémères.

2 commentaires

| Consommation, Environnement, Sociologie | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : comme une odeur de fin de régime

Publié le 26 juillet 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Le Bureau national anticorruption (BNAC) est un corps policier spécialisé créé par le parlement ukrainien en 2014.

Employant actuellement 700 personnes, le BNAC dispose de larges pouvoirs d’enquêtes, mais n’a pas le pouvoir d’intenter des poursuites. Dans ce sens, il correspond au Québec à l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

Lorsqu’il estime irréfutable la preuve qu’il a recueillie, le BNAC la soumet au Bureau du procureur spécialisé anticorruption. Celui-ci est placé sous l’autorité directe du Procureur général (c’est-à-dire du ministre de la Justice).

De manière analogue, lorsque l’UPAC estime que sa preuve justifie une accusation criminelle, il la soumet à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP), seul détenteur au Québec du pouvoir d’intenter des poursuites criminelles, et relevant du ministre de la Justice.


Lutte anticorruption : l’Ukraine vs le Québec

Pouvoir… Ukraine Québec
…d’enquête BNAC UPAC
…de poursuite Procureur spécialisé anticorruption DPCP
…de sanction Tribunal spécialisé Cour Supérieure

La loi No 12414

Le 21 juillet, des forces policières effectuaient une descente dans les bureaux du BNAC à la suite d’allégations de trafic d’influence à l’encontre de quinze de ses employés et d’une accusation d’espionnage au profit de la Russie à l’encontre d’un haut responsable.

Accusant le BNAC d’être infiltré par des agents russes, le parlement ukrainien adoptait dès le lendemain une loi qui assujettissait plus directement le BNAC au ministre de la Justice.

À l’origine, il s’agissait d’un projet de loi assez inoffensif, soumis au parlement il y a plusieurs mois, mais qui a été modifié à la dernière minute de manière inattendue.

Selon Radio-Canada, cette loi permet au ministre de la Justice de donner des ‘instructions’ au BNAC. Ce qui, en soi, est normal. En comparaison, le ministre de la Justice du Québec peut ordonner une enquête policière à la suite, par exemple, de révélations journalistiques.

Mais plus inquiétant est le pouvoir qui lui est accordé d’avoir accès aux détails de n’importe quelle enquête, de retirer au BNAC des dossiers (ceux politiquement sensibles, par exemple) pour les confier à des enquêteurs de son choix, et d’être dorénavant le seul habilité à poursuivre de hauts fonctionnaires pour corruption.

La Révolution des cartons

Dès l’adoption de cette loi, l’Union européenne a activé tout son réseau d’ONG en Ukraine pour qu’ils mobilisent les jeunes.

Afin de les galvaniser, le narratif européen soutient que la loi No 12414 «…viole l’héritage sacré de la révolution de Maïdan de 2014, qui avait placé la lutte contre la corruption et la séparation des pouvoirs au cœur du renouveau démocratique ukrainien.»

En réalité, la Révolution de Maïdan était un coup d’État destiné à empêcher la signature d’un traité de coopération économique très avantageux que la Russie proposait à l’Ukraine. Ce coup d’État n’a pas de rapport avec la création du BNAC.

Après le rejet de l’offre de la Russie, l’Union européenne n’avait rien de concret à offrir à l’Ukraine pour la sauver de la faillite. Plus tard cette année-là, le pays s’est donc tourné vers le Fonds monétaire international. Et c’est le FMI qui a conditionné son aide à l’adoption de mesures énergiques destinées à combattre la corruption dans le pays.

Les dessous de l’affaire

On doit savoir que lorsqu’une affaire est ‘classée’ (sous-entendu : classée… sans suite), on est habilité à en détruire la preuve. À défaut de quoi les archives policières crouleraient sous le poids des plaintes non fondées.

Or c’est un secret de Polichinelle que dans un pays aussi corrompu que l’Ukraine, la guerre russo-ukrainienne a été une occasion formidable d’enrichissement personnel pour les oligarques, la classe politique et le crime organisé.

D’autant plus que jusqu’ici, tous les bailleurs de fonds de l’Ukraine ont évité de lui demander de rendre des comptes. Mais l’heure des comptes approche.

Dès la fin de la guerre, les puissances occidentales tenteront de récupérer le maximum de tout l’argent qui ne s’est jamais rendu au front.

D’où l’importance des enquêtes du BNAC, sachant que celui-ci travaillait en étroite collaboration avec l’Union européenne et surtout, le FBI. Rappelons qu’en 2016, Joe Biden avait réclamé et obtenu la destitution du procureur spécialisé anticorruption (Viktor Chokine) qui ne lui plaisait pas.

Donner au ministre de la Justice ukrainien le pouvoir discrétionnaire de fermer les dossiers compromettants et d’en faire détruire la preuve sent la fin de régime…

Références :
La génération Z en colère contre le gouvernement
La loi anticorruption approuvée par Zelensky suscite la colère en Ukraine
L’engrenage ukrainien
Le SBU et l’UCP ont dénoncé un député ukrainien travaillant actuellement en Fédération de Russie : il avait une influence significative sur les activités du NABU (vidéo) (en ukrainien)
National Anti-Corruption Bureau of Ukraine
Nikolaï Azarov : Zelensky a détruit le NABU pour cacher les milliards d’Ermak
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Ukraine’s anti-corruption crackdown: How NABU and SAPO were targeted and what’s at stake
Ukraine : Une nouvelle loi sape l’indépendance des organismes anti-corruption

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

2 commentaires

| Corruption politique, Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La stérilisation involontaire en pays démocratique

Publié le 17 juillet 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Au Danemark

Afin d’y contrôler les naissances, jugées excessives, le gouvernement danois a financé de 1966 à 1976 un programme destiné à la stérilisation involontaire de milliers d’Inuites groenlandaises, dont certaines étaient encore mineures et vierges.

Au début du programme (en 1966), le Groenland comptait 40 500 habitants, soit 0,8 % de la population danoise.

Selon les estimations officielles, entre 4 500 et 9 000 femmes autochtones ont ainsi été empêchées d’enfanter. Ce qui signifie que la proportion de Groenlandaises qui ont bénéficié à leur insu de la stérilisation gratuite de l’État a été comprise entre une femme sur cinq et une femme sur deux.

Au Canada

Dans notre pays, des programmes similaires ont été initiés plus tôt qu’au Groenland, à l’époque où les stérilets n’avaient pas encore été inventés.

C’est donc par ligatures des trompes que s’est opérée la stérilisation involontaire des Amérindiennes du Canada.

Le modus opérandi était le suivant. Une femme est sur le point d’accoucher. Alors que des douleurs sont maximales, on lui propose la ligature des trompes sans lui préciser que cette procédure médicale la rendra stérile. Toute hésitation de sa part retarde son transfert dans la salle d’accouchement.

Un rapport sénatorial publié en 2021 démontrait que cette procédure avait encore cours en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et dans les territoires nordiques du pays. Le document recensait environ 1 150 cas au cours de la décennie qui a précédé le début des années 1970.

En Inde

Est-il vrai que les femmes dirigent leur pays de manière différente des hommes ?

En novembre 1976, l’Inde, la plus populeuse démocratie du monde, était dirigée par une femme, Indira Gandhi.

Depuis déjà les années 1970, l’Inde subissait des pressions internationales pour limiter sa population.

En 1975-1976, le gouvernement de Mme Gandhi procéda, non pas à la ligature des trompes de millions de femmes, mais à la vasectomie de 6,2 millions d’hommes. Environ deux-mille d’entre eux décèderont des suites de l’opération, menée de manière grossière.

On cibla principalement les hommes des castes inférieures et les Musulmans (dont le taux de fertilité était jugé excessif).

En seulement un an en Inde, on força à la stérilisation quinze fois plus de personnes qu’en Allemagne durant tout le régime nazi.

Cette campagne de stérilisation a été financée à hauteur de dizaines de millions de dollars par la Banque mondiale, l’Agence suédoise de développement et coopération internationale et le Fonds pour la population de l’Onu.

Bien après l’assassinait d’Indira Gandhi, le gouvernement indien jugea préférable de stériliser principalement les femmes, jugées plus dociles.

C’est ainsi qu’en 2013-2014, moins de cent-mille hommes ont été stérilisés, comparativement à quatre-millions de femmes.

Références :
« Je ne me sentais plus femme », raconte une Autochtone stérilisée malgré elle
Groenland : la stérilisation non consentie de milliers de femmes inuit
India’s dark history of sterilisation
La stérilisation forcée encore présente au Canada
Ouïgours : la résolution-boomerang
Population : Groenland

2 commentaires

| Politique internationale, Sociologie | Mots-clés : , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’ethnonationalisme ukrainien contemporain

Publié le 26 avril 2025 | Temps de lecture : 1 minute
Cliquez sur l’image pour démarrer

Historienne de formation, Marta Havrychko est une spécialiste ukrainienne de la Shoah et de la violence sexuelle utilisée au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Celle-ci donnait récemment une entrevue à la chaine The Burning Archive au sujet de l’influence extra-parlementaire des groupes néonazis en Ukraine et comment leur idéologie se répand actuellement dans la société de ce pays.

L’entrevue s’est déroulée en anglais. Toutefois, il est possible d’opter pour la piste sonore en français. Dans ce cas, on obtient une traduction approximative où, par exemple, ‘pogrome’ est traduit par ‘programme’. Mais en gros, on en a le sens.

On y apprend une foule de détails à ce sujet. J’invite les lecteurs intéressés à consulter ce document.

Laissez un commentaire »

| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne, Racisme, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le wokisme fédéral à l’université

Publié le 7 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Il y a deux ans, le chef d’orchestre Jonathan Dagenais avait postulé pour devenir professeur adjoint à la faculté de musique de McGill. Appuyée unanimement par un comité de sélection, sa candidature avait finalement été rejetée arbitrairement par doyen de la faculté.

Celui-ci craignait que sa faculté soit privée des subventions accordées par Ottawa et qui sont conditionnelles à l’embauche accrue de personnes appartenant à des minorités raciales, sexuelles et de genre.

La faculté avait donc embauché une candidate autochtone native du Manitoba, sans doute compétente pour le poste, mais moins que le professeur Dagenais.

Le 31 mars dernier, on apprenait le cas de Patanjali Kambhampati (ci-contre). Son cas est antérieur à celui du professeur Dagenais. Mais il refait surface de nos jours grâce à une chronique du Journal de Montréal.

Né en Inde, ce professeur de la faculté de chimie de McGill est une sommité mondiale au sujet du rayonnement au laser. Depuis 2003, ses recherches ont permis la mise au point d’appareils ultraperfectionnés capables de mesurer le mouvement des électrons et des atomes.

Au début de la présente décennie, le Conseil de recherches en Sciences naturelles et en Génie du Canada s’est mis à refuser ses demandes de subvention au motif d’un manque d’appui de sa part aux politiques fédérales d’Équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI).

Puisque le professeur Kambhampati ne peut être accusé d’être hostile aux personnes à la peau pigmentée, on doit conclure que les exigences fédérales concernent un manque d’engagement de sa part à former des personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles ou des minorités de genre.

Ce qui équivaut à faire pression sur lui pour qu’il s’informe de l’orientation sexuelle de ses étudiants en maitrise ou au doctorat. Contrairement aux dispositions de la Charte québécoise des droits et libertés.

Références :
Équité, diversité et inclusion : la nouvelle discrimination multiculturelle
Professor of color denied funding for cutting-edge laser research due to ‘insufficient’ equity, diversity and inclusion enthusiasm
Woke jusqu’au trognon

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne, Sociologie | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel