Le carnage du 13 novembre 2015 à Paris

Publié le 14 novembre 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

En janvier dernier, ceux qui avaient tendance à trouver des justifications à la tuerie de Charlie Hebdo doivent se rendre à l’évidence; les victimes d’attentats terroristes ne méritent jamais leur sort.

Les personnes tuées hier soir à Paris étaient des gens comme vous et moi, attablés paisiblement à des terrasses de café ou écoutant un concert rock.

L’horreur de cette barbarie nous aide à comprendre pourquoi des millions de Syriens quittent à regret leur pays natal afin de tenter de trouver refuge ailleurs; cette barbarie, ils la quittent après l’avoir vécue quotidiennement depuis des semaines, des mois et parfois, des années.

En vue de l’attentat d’hier soir, les terroristes ont été capables de la planifier soigneusement et de la coordonner sans que les forces de l’ordre aient l’ombre d’un soupçon de ce qui allait arriver.

Et ce, en dépit du fait que la France possède un des meilleurs services de renseignements au monde.

Dans une série d’articles intitulés La tuerie de Charlie Hebdo : les lacunes du renseignement, je disais en substance que les seuls attentats terroristes évités jusqu’ici l’ont été par des moyens conventionnels; à la suite d’une dénonciation, grâce à la perspicacité d’une douanière ou à cause de l’implication physique des passagers d’un train.

Dans les faits, l’utilité des forces de l’ordre est donc de forcer les terroristes à choisir des cibles plus faciles ou de faire cesser les attentats en cours.

Hier soir à Paris, les cibles n’étaient pas ces sites touristiques très bien protégés, mais plutôt les terrasses de restaurants et une salle de concert.

De tels attentats pourraient se répéter partout où on peut se procurer aisément quelques armes automatiques.

Je crois deviner qu’au Stade de France, les kamikazes se sont fait exploser à l’extérieur parce qu’il n’ont pas réussi à y pénétrer.

Tous les moyens militaires et technologiques mis en œuvre pour combattre le terrorisme (autres que l’inspection des bagages) n’ont jamais démontré leur efficacité.

Ils servent à donner l’impression que les autorités font tout pour nous protéger; dans les faits, ils n’ont pas prévenu les attentats de New York, de Madrid, de Londres, de Copenhague et maintenant de Paris.

Pour prévenir les attentats terroristes, il faut aller à la cause de ceux-ci. Or cette cause est idéologique. En d’autres mots, ce que nous devons craindre, ce ne sont pas les armes que possèdent les terroristes; c’est la haine qui les habite.

Mais de quoi se nourrit cette haine ?

Le contentieux entre Musulmans et pays occidentaux est connu depuis longtemps. Il s’articule autour de deux pôles : la guerre coloniale d’Israël en Palestine et la multiplication des guerres suscitées par les pays occidentaux dans des pays musulmans.

Il est fini le temps où les pays producteurs d’armements pouvaient semer la mort et la désolation à l’Étranger sans que cela ait des répercussions chez eux. La prévention du terrorisme passe donc par la revision de notre politique extérieure.

Plus précisément, les citoyens que nous sommes doivent réclamer la fin de la connivence de nos gouvernements avec ce qu’il est convenu d’appeler le complexe militaro-industriel. Répandre effrontément la mort à l’Étranger parce que cela crée des emplois, c’est inévitablement la voir surgir sournoisement chez nous.

Cette prévention passe également par la répression des idéologies qui diabolisent la modernité. Le combat contre le terrorisme est fondamentalement un combat idéologique.

Après l’effondrement du rideau de fer, l’Humanité a quitté un monde binaire où s’opposaient le communisme et le capitalisme, pour entrer dans un autre monde binaire où s’opposent le totalitarisme religieux et la liberté de conscience.

Ce totalitarisme religieux, ce n’est pas l’Islam. En Indonésie, au Liban, en Tunisie et en Turquie, l’Islam est compatible avec la Démocratie parlementaire. Et ce, il est vrai, avec les mêmes risques de dérive autoritaire (en Turquie, notamment) que ceux auxquels les Canadiens viennent d’échapper grâce à la répudiation du gouvernement despotique de Steven Harper.

Le totalitarisme religieux qu’il faut combattre, c’est celui de l’Arabie saoudite et des mouvements djihadistes qu’il finance au Moyen-Orient.

L’Arabie saoudite est littéralement la Mecque du terrorisme international. Grâce à Wikileaks, nous savons — de l’avis des ambassadeurs américains — que l’Arabie saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme.

Tout comme l’Autriche l’a déjà fait, il faut interdire le financement de la construction et du fonctionnement des mosquées par des intérêts étrangers (visant par là le financement par des pétromonarchies).

Quand un imam autoproclamé réussi à convaincre plusieurs de ses disciples d’aller combattre pour l’État islamique, c’est le signe que le dispositif sécuritaire mis en place a des lacunes.

Voilà pourquoi il faut rendre illégale la promotion de l’État islamique et de toute idéologie qui ressemble à la sienne, dont le wahhabisme (la religion d’État de l’Arabie saoudite).

De plus, il faut séculariser le Moyen-Orient. Ce que cette partie du monde a besoin, ce n’est pas d’abord la Démocratie parlementaire. Ce qui est prioritaire, c’est la séparation entre l’État et l’Église.

Au Moyen-Âge, les pays européens ont été le théâtre d’innombrables guerres civiles. Ils l’ont été aussi longtemps que l’appareil répressif de l’État a été au service du pouvoir religieux et, en contrepartie, tant que la foi a été utilisée pour justifier la rapacité des puissants.

Quand les pays occidentaux auront le courage de menacer d’interdire le retour chez eux de tous leurs citoyens qui effectuent le pèlerinage à la Mecque à moins que l’Arabie se sécularise, le Moyen-Orient sera le théâtre de guerres civiles financées par ses pétrodollars.

Et ces guerres incessantes propageront une misère qui se répercutera chez nous sous forme de vagues migratoires et d’attentats terroristes.

7 commentaires

| Sécurité, Terrorisme | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La rumeur meurtrière

Publié le 23 mars 2015 | Temps de lecture : 5 minutes

L’affaire Asia Bibi

De religion chrétienne, Asia Bibi est une travailleuse agricole pakistanaise d’une quarantaine d’années.

En juin 2009, en cueillant des baies de phalsa, elle suscita la colère de ses collègues musulmanes qui l’accusèrent d’avoir souillé l’eau potable qui leur était destinée, contaminée parce qu’une infidèle en aurait bu.

Ses collègues ont ensuite porté plainte à l’imam du village, accusant Mme Bibi d’avoir manqué de respect à l’égard du prophète Mahomet au cours de leur dispute (une accusation que l’accusée réfute).

Peu après, des hommes de son village se rendirent dans sa maison dans le but de la battre à mort. Elle échappa au lynchage grâce à l’intervention de la police.

Arrêtée, elle est condamnée à mort en novembre 2010. Au cours des procédures en appel, un clerc musulman a annoncé une récompense équivalente à 10 000$ pour quiconque assassinerait Asia Bibi.

L’imam du village, à l’origine de cette affaire, a déclaré que si Asia Bibi devait être ultimement innocentée ou graciée, ceux qui choisiront de rendre justice eux-mêmes auront raison.

Depuis, les deux ministres pakistanais qui lui ont témoigné de leur appui ont été assassinés respectivement en janvier 2011 et mars de cette année-là.

L’affaire est encore pendante devant les tribunaux.

L’affaire Rimsha Masih

En aout 2012, un imam pakistanais du nom de Hafiz-Mohammed Khalid-Chishti demande à un complice d’intercepter et de lui apporter un sac à ordures que transporte Rimsha Masih, une Pakistanaise chrétienne de 14 ans.

L’imam y ajoute quelques pages du Coran et la dénonce aussitôt aux autorités policières pour blasphème. Deux semaines après de début de l’enquête, un assistant du l’imam cède sous la pression et avoue le complot.

Innocentée en novembre 2012, Rimsha Masih (et sa famille) a immigré l’année suivante au Canada.

De son côté, en aout 2013, l’imam Khalid-Chishti a été libéré des accusations portées contre lui après que six des huit témoins de la poursuite aient modifié leurs versions des faits.

Le cas de Farkhunda

En Afghanistan, une Musulmane de 27 ans a été lynchée le 19 mars dernier après qu’on ait répandu à son sujet la rumeur voulant qu’elle ait brulé un exemplaire du Coran.

Récemment diplômée d’une école coranique, elle s’apprêtait à y entreprendre un poste d’enseignante.

Toutefois, en visite guidée à la mosquée du Roi des deux épées, à Kaboul, elle a déconseillé aux femmes d’y acheter des amulettes et a qualifié leurs vendeurs de parasites.

Pour se venger, ceux-ci ont répandu la rumeur selon laquelle Mme Farkhunda aurait brulé un exemplaire du Coran.

Peu de temps après, une foule presque exclusivement composée de jeunes hommes s’en est pris à elle, la hissant sur le toit incliné d’une maisonnette à un étage de laquelle elle glissa après y avoir reçu des coups. Puis, tombée au sol, elle fut violemment piétinée, rouée de coups de bâtons, lapidée, et trainée sur les berges de la rivière peu profonde qui traverse la capitale afghane où son corps fut brulé.

Le principal enquêteur dans cette affaire, le général Mohammed Zahir, a déclaré qu’il n’y avait pas l’ombre d’une preuve que la victime a détruit un exemplaire du Coran.

La télévision afghane a toutefois diffusé des images de pages brulées du Coran, trouvées à proximité de son domicile, ce qui suggère qu’on ait brulé un exemplaire du Coran afin de justifier les accusations calomnieuses portées contre elle.

Treize personnes ont été arrêtées en marge de cette affaire, dont deux vendeurs d’amulettes. Un certain nombre de policiers ont été suspendus de leurs fonctions pour s’être abstenus d’intervenir alors qu’ils étaient présents sur les lieux du crime.

Références :
Affaire Asia Bibi
Afghan protesters demand justice for woman killed by mob
Afghan woman killed by mob in Kabul was innocent, says investigator
How to commit blasphemy in Pakistan
Pakistani Christian Asia Bibi ‘has price on her head’
Rimsha Masih blasphemy case
Women break with tradition in Afghanistan to help bury ‘completely innocent’ Farkhunda who was beaten to death by Kabul mob

Parus depuis :
Afghanistan: peine de mort annulée pour les meurtriers de la jeune Farkhunda (2015-07-02)
Flawed Justice After a Mob Killed an Afghan Woman (2015-12-26)
Quashing of Asia Bibi’s blasphemy charge will not end her suffering (2018-10-31)
Man tortured and killed in Pakistan over alleged blasphemy (2021-12-03)
Local tourist killed in Pakistan’s Swat over blasphemy allegations (2024-06-21)

2 commentaires

| Fait divers, Terrorisme | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Terrorisme : le manque de jugement du premier Ministre du Québec

Publié le 14 février 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

À la fin du mois dernier, M. Couillard déclarait que l’intégrisme religieux était un choix personnel, digne de respect.

Le premier ministre a aussi plaidé en faveur des liens qui unissent le Québec aux pays qui bafouent les droits de la personne en général et ceux des femmes en particulier. « Il faut maintenir ces liens parce que la plus certaine façon de les rendre encore plus radicaux et éloignés de nos valeurs, c’est de les maintenir dans l’isolement. »

Donnons à M. Couillard le bénéfice du doute et présumons qu’il parlait des liens diplomatiques. De plus, supposons qu’il ne voulait pas vraiment dire qu’on doive éviter de critiquer les pays qui bafouent les droits des femmes, contrairement à ce que sa déclaration suggère.

Pour couronner le tout, il y a quelques jours, M. Couillard a indiqué que son gouvernement s’attaquerait non pas à l’intégrisme mais plutôt au radicalisme dont le meilleur exemple, selon lui, est l’option indépendantiste du Parti québécois.

Pauvre monsieur Couillard.

Le radicalisme politique violent

En 2012, l’attentat au Métropolis a été perpétré par un terroriste fédéraliste. Cet attentat a fait un mort et un blessé grave.

En 1984, la tuerie à l’Assemblée nationale du Québec a été perpétrée par un terroriste fédéraliste. Il a fait trois morts et treize blessés.

En 1970, des terroristes indépendantistes — le Front de libération du Québec — ont fait un mort.

Peu importe les efforts que M. Couillard tentera pour nous convaincre que ses adversaires politiques représentent un danger sécuritaire, le bilan du radicalisme politique au Québec est simple : depuis quarante ans, les terroristes fédéralistes ont tué quatre fois plus de personnes que les terroristes indépendantistes.

Cette utilisation de la peur par M. Couillard et cette déformation grossière des faits à des fins bassement partisanes sont indignes de sa fonction de chef d’État.

Coran et Charia

Ce qui distingue le Musulman « ordinaire » de l’intégriste islamique, c’est que le premier croit au Coran alors que le second respecte lui aussi le Coran, mais désire l’application intégrale de la Charia (un recueil de loi islamique datant des premiers siècles de l’Islam).

Cette distinction est fondamentale. Le Musulman « ordinaire » ne représente aucun danger sécuritaire. Contrairement aux idées reçues, le Coran ne prévoit aucune punition terrestre ni pour le blasphème ni pour l’apostasie.

C’est la Charia qui prévoit la peine de mort pour l’un et l’autre. De plus, ce sont les intégristes qui se croient investis de la Mission Divine de punir eux-mêmes les blasphémateurs et les apostats en les assassinant.

Le temps que M. Couillard et ses stratèges prennent à tenter de démoniser leurs adversaires politiques est du temps perdu. Ce temps perdu retarde le moment où son gouvernement se consacrera aux « vraies affaires », soit le radicalisme religieux saoudien, le mieux organisé et le mieux financé de tous.

Face à la montée de l’intolérance à l’égard des Musulmans d’ici, il est du devoir du premier Ministre d’affronter les préjugés en disant et en répétant à satiété que croire à la Bible juive, aux Saints Évangiles chrétiens ou au Coran, c’est pareil aux yeux de l’État; cela n’est pas identique, mais cela revient au même. Voilà ce que M. Couillard doit dire aux Québécois.

De plus, une mosquée, ce n’est rien d’autre qu’un local. Ce local n’est pas dangereux. Ce qui pourrait être dangereux, c’est ce qu’on prêche dans ce local.

Si on y prêche le Coran, pas de problème. Par contre, si on y prêche le respect scrupuleux de la Charia, on y promeut des croyances arriérées contraires aux valeurs québécoises. Voilà ce que M. Couillard doit dire.

Malheureusement, son refus de condamner l’intégrisme musulman et son refus d’utiliser ses bonnes relations personnelles avec le régime saoudien afin d’obtenir la libération inconditionnelle de Raïf Badawi, l’ont rendu suspect à beaucoup de Québécois et lui ont fait perdre l’autorité morale dont il a besoin pour calmer les esprits.

On ne peut pas maintenir la paix sociale au Québec, en laissant se répandre les préjugés, la suspicion, voire même la haine, à l’égard de citoyens respectables.

De plus, il est futile d’essayer d’empêcher des croyants de se réunir pour prier; cela est de la persécution religieuse.

L’islamophobie qui s’est emparée récemment du Québec est une honte. Et j’accuse publiquement M. Couillard d’en être partiellement responsable en s’abstenant de rassurer les Québécois.

Ce dernier n’a pas su faire preuve de leadership en défendant des citoyens au-dessus de tout soupçon accusés injustement. Ce que M. Couillard défend depuis le début, ce sont les intégristes alors qu’il laisse les Musulmans qui partagent nos valeurs en proie aux préjugés et à la suspicion.

Je ne comprends pas comment un parti politique responsable du Printemps érable et — par son immobilisme — de la montée de l’intolérance religieuse, puisse accuser ses adversaires d’aimer la chicane. Au contraire, le parti de la chicane, c’est le Parti libéral du Québec.

Depuis le début, M. Couillard fait preuve d’un grossier manque de jugement. Nous savons tous que des intérêts saoudiens sont au coeur du financement du terrorisme international. C’est peine perdue de tenter de nous convaincre que les intégristes saoudiens sont nos amis. Ils ne le sont pas.

Lorsqu’on sait que l’Arabie saoudite n’a même pas de constitution et que la Charia y fait office de code pénal, il est clair que tout dans nos valeurs s’oppose à l’obscurantisme de la dictature monarchique de ce pays.

De plus, confier implicitement la lutte à l’intégrisme aux municipalités du Québec, c’est abdiquer de ses responsabilités. C’est laisser l’esprit de clocher décider des enjeux sociaux du Québec.

M. Couillard doit se ressaisir, cesser les petites manigances idéologiques et se comporter en chef d’État.

Références :
L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida
L’intégrisme est un choix personnel, juge le premier ministre
Radicalisme: Péladeau et Drainville dénoncent les propos de Couillard
Sécurité: Couillard se fait rassurant

Paru depuis : Le Forum musulman affirme que les musulmans sont instrumentalisés (2015-02-20)

3 commentaires

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise, Terrorisme | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Charlie Hebdo, paratonnerre de l’Occident

Publié le 9 janvier 2015 | Temps de lecture : 4 minutes
« Muhammad porté par l’ange Gabriel » (partie d’une miniature musulmane de 1583, au Musée de l’Art turc et islamique d’Istanbul)

L’Islam ne possède pas de clergé hiérarchisé. Chez les Sunnites, l’imam est désigné par n’importe quelle assemblée de croyants afin de diriger la prière.

En général, dans chaque mosquée, il y a un imam permanent qui officie et qui donne les sermons du vendredi, faute de quoi un simple Musulman peut devenir imam le temps d’une prière.

On trouve donc sur l’Internet, une foule de prédicateurs qui interprètent le Coran sans compétence particulière. L’influence qu’exercent ces imams autoproclamés dépend de deux facteurs principaux.

En premier lieu, leur langue de prédication. La grande majorité des Musulmans parlent arabe. Un prédicateur turc ou iranien ne sera compris que des internautes qui comprennent le turc ou le persan. Au contraire, les prédicateurs arabes pourront être compris de centaines de millions de personnes.

En deuxième lieu, celui qui possède des talents de pédagogue attirera plus de lecteurs que celui dont les écrits sont difficiles à comprendre.

Puisque la poésie occupe une grande place dans la culture de certains pays musulmans (en Iran et en Afghanistan, notamment), je présume que la noblesse du style littéraire d’un prédicateur contribue à son prestige.

Pour un imam, une connaissance approfondie du Coran ne fait pas partie des critères essentiels pour réussir à se créer un lectorat important sur l’Internet.

Or la prédication religieuse comble le vide engendré par la disparition des idéologies.

Voilà pourquoi les jeunes occidentaux, particulièrement dans les pays où l’ouverture de nouvelles mosquées rencontre beaucoup de résistance, se tournent vers la prédication sur l’Internet. Où on trouve de tout, du meilleur comme du pire.

À titre d’exemple, il est probable que les prêches de l’imam parisien Farid Benyettou — responsable de la radicalisation des auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo — s’appuyaient sur une argumentation et des justifications trouvées sur des sites Internet radicaux.

Une des conneries véhiculées par les prédicateurs fondamentalistes, c’est qu’il est interdit de représenter le prophète Mahomet.

Au contraire, pendant des siècles, celui-ci a été représenté dans des livres musulmans, les traits respectueusement cachés par un voile blanc, rarement sans celui-ci.

Il est évident que les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo étaient irrespectueuses à l’égard de l’islam. Comme d’autres caricatures de ce journal l’étaient au sujet du catholicisme ou du judaïsme.

Même si je n’aime pas l’idée de ridiculiser les croyances religieuses des autres, je crois que quiconque a le droit de se moquer d’une religion, n’importe laquelle, si tel est son désir.

En publiant ses caricatures, Charlie Hebdo s’offrait en paratonnerre de l’Occident, cible facile du fanatisme religieux.

Les auteurs de l’attentat contre la rédaction de cet hebdomadaire, aveuglés par leurs convictions stupides probablement importées d’ailleurs, ne réalisent pas que lorsqu’on est minoritaire, on ne peut pas tuer pour punir la majorité au sein de laquelle on vit.

Les Musulmans qui vivent en Occident sont des pionniers en train d’inventer sans le vouloir un Islam moderne, compatible avec les valeurs occidentales et en opposition totale avec l’obscurantisme financé notamment par l’Arabie saoudite. Ce n’est donc pas contre eux qu’on doit tourner notre colère et notre indignation à la suite de cet attentat terroriste.

Pour que le slogan Nous sommes tous Charlie ne soit pas qu’un slogan bon chic bon genre, c’est le devoir de chacun d’entre nous d’oser braver la colère des ultras. À mon avis, un peuple qui n’est pas prêt à payer le prix de la Démocratie de son propre sang, ne la mérite pas.

Un commentaire

| Terrorisme | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Canada et le business de la torture

Publié le 23 janvier 2014 | Temps de lecture : 4 minutes

Il y a deux jours, trois anciens procureurs internationaux rendaient public un rapport de 31 pages — commandité par le Qatar, qui appuie les rebelles syriens — démontrant que le régime de Bachar el-Assar est coupable de massacres et de tortures à grande échelle. Le document se base sur 55 000 photos prises de 11 000 personnes exécutées entre mars 2011 et aout 2013.

Ces trois anciens procureurs internationaux sont Desmond de Silva (ex-président du tribunal spécial pour la Sierra Leone), Geoffrey Nice (procureur en chef lors du procès de l’ex-président yougoslave Slobodan Milosevic), et David Crane (qui a fait condamner le président libérien Charles Taylor).

En Syrie, la torture est une industrie d’État. Tout comme l’abattage des animaux de boucherie, elle se pratique de manière rigoureuse. La photographie des corps est obligatoire. Elle permet l’établissement d’un certificat de décès et donne l’assurance qu’un ordre d’exécution a bien été respecté.

Depuis des années, la Syrie offre son expertise aux gouvernements étrangers. Ceux dont l’image de marque interdit une telle pratique chez eux peuvent donc s’adresser à la Syrie pour effectuer cette sale besogne. Évidemment, ces contrats sont rémunérés; on ne voit pas pourquoi la Syrie accepterait de procéder bénévolement.

C’est ainsi qu’en septembre 2002, l’ingénieur canadien Maher Arar est arrêté à New York par les autorités américaines à partir d’informations fournies par la Gendarmerie royale du Canada. Celle-ci décrivait M. Arar comme un « extrémiste islamiste soupçonné d’avoir des liens avec le mouvement terroriste Al-Qaida ». En réalité, il n’existait aucune preuve à ce sujet; que de vagues soupçons basés sur les aveux désespérés de quelqu’un d’autre, obtenus sous la torture.

Avec le silence complice du gouvernement canadien (informé de cette arrestation), les autorités américaines ont expédié M. Arar en Syrie dans le but d’y être torturé. À l’heure actuelle, il n’est pas possible d’affirmer que les États-Unis aient agi à la demande du Canada; le procès intenté contre des membres du gouvernement libéral de l’époque a échoué en raison de l’invocation du secret d’État.

Selon une nouvelle parue le 8 février 2012, le gouvernement canadien autorise officiellement le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) à utiliser des renseignements obtenus en violation du droit international. Cela se justifie par la nécessité de protéger la sécurité des Canadiens. Le gouvernement canadien n’autorise pas la pratique de la torture au pays mais encourage celle pratiquée ailleurs.

Dans les faits, à-peu-près n’importe qui avouera préparer un attentat terroriste au Canada s’il est suffisamment torturé. Lorsqu’elle devient un business, la torture peut donc connaître une croissance illimitée. Plus on torture, plus on obtient d’aveux. Et plus on est payé pour ces aveux, plus on peut mettre en œuvre de nouveaux moyens pour en obtenir davantage.

Le Canada ne veut pas risquer l’odieux de subventionner directement des pays tortionnaires. Il est donc partenaire du gouvernement américain, dont les dirigeants n’ont jamais hésité à faire l’apologie de la torture depuis les attentats du World Trade Center.

Ces temps-ci, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Harper peut bien s’indigner des pratiques du régime de Bachar el-Assar. La vérité, c’est que les photos rendues publiques ne font que documenter le résultat des méthodes que la Canada a lui-même encouragées et qui sont maintenant appliquées aux rebelles syriens.


Post-Scriptum : Le 18 avril 2018, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a annoncé son intention d’amender le projet de loi C-59 afin d’interdire l’utilisation des informations obtenues sous la torture par les agences de renseignements canadiens.

Références :
Ahmad El-Maati
Le Canada et ses amis tortionnaires
Maher Arar
Massacres en Syrie : peut-on se fier au rapport du Qatar ?
Ottawa autorise les services secrets à utiliser des informations obtenues sous la torture
Rapport sur les événements concernant Maher Arar
Syrian regime document trove shows evidence of ‘industrial scale’ killing of detainees
Torture et sécurité publique – Une odieuse légitimation de la torture

Parus depuis :
Ottawa complice de la torture de Canadiens en Syrie (2016-09-18)
Ottawa n’acceptera plus jamais les informations obtenues sous la torture (2018-04-18)

Un commentaire

| Politique canadienne, Sécurité, Sociologie, Terrorisme | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Tunnel du mont Royal : un cadeau pour les terroristes

Publié le 4 novembre 2011 | Temps de lecture : 8 minutes

Retenez bien ceci : « Tout ce qui peut arriver, finit toujours par survenir ».

Le tunnel du mont Royal a été construit de 1912 à 1916. Il traverse le mont Royal sur une longueur de 4,8 km.

Depuis un siècle, seuls des trains électriques l’empruntent puisque ce tunnel est dépourvu de tout système de ventilation qui permettrait de dissiper les gaz de combustion. On n’y trouve qu’un seul puits vertical d’aération, fermé par des grilles.

Il n’y a aucune sortie de secours autres que ses deux extrémités, aucune source d’eau, aucune borne-fontaine, pompe ou valve. Toutefois, il est doté de douze extincteurs chimiques.

Actuellement, 48 trains électriques l’empruntent quotidiennement, transportant 30 000 passagers.

À partir du printemps prochain, de nouvelles locomotives bimodes — dotées de moteurs électriques et de moteurs à combustible — pouvant transporter 68,000 litres de diésel, seront mis en service et traverseront ce tunnel.

Aux heures de pointe, il suffira donc de placer une bombe sur un de ces trains pour provoquer la mort de plus d’un millier de Québécois, brulés vifs en quelques secondes.

Une bombe similaire tuerait des dizaines de personnes dans un train électrique : dans un train chargé d’essence, personne ne survivrait.

Le durcissement de la position canadienne à l’égard des Palestiniens et le refus de leur laisser le moindre espoir d’améliorer leur sort, augmente les risques d’attentats terroristes au pays.

Or la décision de l’Agence métropolitaine des transports (AMT) simplifie considérablement la tâche de ceux qui voudraient commettre un attentat au pays.

Comparons le cahier de charge des responsables des attentats du 11 septembre 2001. Pendant des mois, ils ont dû apprendre à piloter, puis acheter des billets d’avion, prendre par la force le contrôle des avions, les piloter jusqu’à New York et foncer sur les tours jumelles du World Trade Center.

À Montréal, il suffit d’acheter des billets, embarquer sur des trains dépourvus de mesure de sécurité, déposer — aussi près que possible des réservoirs d’essence — leurs sacs à dos chargés d’explosifs, s’assoir calmement en attendant de déclencher les détonateurs lors du passage dans le tunnel du mont Royal. Un jeu d’enfant !

Mercredi dernier, le président de l’AMT, M. Joël Gauthier — un ex-président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (1987-1988) — a déclaré que la question des locomotives bimodes était un faux débat au niveau de la sécurité et qu’elles répondaient aux plus hautes normes de sécurité.

Je pense que si M. Gauthier engageait sa responsabilité et permettait aux familles des victimes éventuelles de le poursuivre personnellement pour négligence criminelle, il y penserait deux fois avant de dire des âneries.

Il serait mieux avisé d’annoncer que chaque passager sera soumis à la fouille et que tous les bagages et sacs à dos passeront à la radiographie. Il s’agit là de mesures coûteuses (en équipement et en personnel) qui retarderont l’embarquement sur les trains. Toutefois, ces inconvénients sont une nécessité absolue qui découle de la décision stupide d’acheter des trains chargés d’essence, destinés à traverser un tunnel sur plusieurs kilomètres.

On trouvera ci-dessous des photos qui montrent les mesures de sécurité auxquelles doivent s’astreindre les passagers à toutes les stations du métro de Shanghai.

Personne n’entre dans ce métro tout électrique sans s’y soumettre. Précisons que les passagers n’y subissent pas de fouille corporelle à moins, exceptionnellement, qu’ils aient un comportement suspect.



 
Références :
Wikipédia : Tunnel du mont Royal
<a href= »https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201110/31/01-4462844-tunnel-du-mont-royal-lagence-dit-etudier-des-solutions.php >Tunnel du mont Royal: l’Agence dit étudier des solutions
Tunnel du mont Royal: les locomotives au diesel inquiètent les pompiers
Tunnel du mont Royal: les normes contre les incendies ne s’appliquent pas
Le tunnel Mont-Royal est sécuritaire, tranche l’AMT

Parus depuis :
Présumé complot terroriste : les suspects comparaissent aujourd’hui (2013-04-23)
Trains de banlieue: 90 millions pour sécuriser le tunnel du mont Royal (2015-05-14)
Le train de la Caisse : comme se servir au buffet! (2016-05-13)

Détails techniques des photos :
1re photo : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45 mm — 1/30 sec. — F/4,5 — ISO 125 — 20 mm
2e photo  : Panasonic GH1, objectif Lumix 20 mm — F/1,7 — 1/40 sec. — F/1,7 — ISO 100 — 20 mm


Premier post-scriptum (le 4 novembre 2011) : Ce matin, l’Agence métropolitaine des transports a été avisée de la publication du billet ci-dessus. Voici l’accusé de réception de cet organisme expédié le jour-même.

Madame, Monsieur,

Votre courriel a bien été reçu au Service à la clientèle.

Dans un souci d’assurer un suivi des demandes de nos clients, tous les courriels reçus sont lus et enregistrés par nos agents. Toutefois, compte tenu du nombre élevé de demandes que nous recevons, une réponse vous sera transmise dans les meilleurs délais. Soyez par contre informé que si votre message fait suite à un événement nécessitant une intervention rapide de notre part, il sera traité en priorité.

Pour planifier un déplacement, connaître l’horaire ou toute autre information générale, nous vous invitons à visiter notre site internet à l’adresse www.amt.qc.ca.

Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire, et vous prions de recevoir nos salutations distinguées.

Service à la clientèle
Agence métropolitaine de transport

 


Deuxième post-scriptum (le 25 janvier 2013) :

Suite de cette affaire

Quelques semaines après la publication du texte ci-dessus, deux premières locomotives ont été mises en exploitation à la fin du mois de novembre, en mode diesel, sur la ligne Mont-Saint-Hilaire.

Toutefois, quelques jours plus tard, plus précisément le 9 décembre 2011, un de ces deux trains a déraillé dans la Gare centrale de Montréal alors qu’il y circulait à moins de 10 km/h : une voiture a penché sur le côté et la locomotive neuve s’est inclinée contre le quai.

Ces trains appartiennent à l’AMT : toutefois, les rails appartiennent à la compagnie ferroviaire Canadien National. Dans l’attente des résultats de l’enquête au sujet du déraillement, le Canadien National a décidé d’interdire aux trains bimodes de circuler sur ses voies.

Depuis, sur la ligne Deux-Montagnes — propriété d’une autre compagnie ferroviaire, soit le Canadien Pacifique — les trains bimodes ont commencé à circuler. Puisque cette ligne est entièrement électrifiée, les locomotives bimodes y fonctionneraient en mode électrique seulement et conséquemment, leurs réservoirs de carburant diesel seraient vides.

Références :
AMT: les locomotives bimodes encore au garage
Déraillement d’un train – Le poids de la locomotive et l’état des rails en cause

Paru depuis :
Déraillement à la gare centrale: le service de train de banlieue perturbé (2019-10-24)


Troisième post-scriptum (le 1er février 2013) : N’ayant reçu qu’un accusé de réception automatique, j’ai de nouveau écrit à l’AMT le 10 janvier 2013 afin d’obtenir une réponse formelle. Voici cette réponse, reçue le 1er février 2013.

Monsieur,

La sécurité des passagers est une priorité pour l’AMT et ses partenaires, des efforts constants sont déployés afin d’assurer une application adéquate des plans de mesures d’urgence et de coordination des actions visant le maintien et l’amélioration des infrastructures liées au tunnel Mont-Royal en vue d’une hausse de l’achalandage sur ce réseau.

Selon les études poursuivies sur les infrastructures du tunnel Mont-Royal, il appert que la meilleure façon d’améliorer la sécurité dans les tunnels existants est de moderniser le matériel roulant et les mesures d’exploitation, ce à quoi l’AMT s’est déjà affairée par le programme d’acquisition de nouvelles locomotives bimodes et de voitures multiniveaux. À ce sujet, les voitures multiniveaux conçues pour le réseau de l’AMT rencontrent les prescriptions établies en matière de sécurité. Nous tenons aussi à insister sur le fait que nos nouvelles locomotives bimodes ont été conçues pour répondre à toutes les normes de sécurité.

Dans le but de renforcer la sécurité à l’intérieur du tunnel Mont-Royal, l’AMT déploie différentes mesures concrètes, dont la modernisation du matériel roulant, des procédures d’intervention d’urgence et la mise à niveau de la signalisation, de la ventilation, de la canalisation, de l’éclairage et du système de communication dans le tunnel. Soyez assuré que la protection des usagers du train de banlieue reste toujours notre priorité. Sachez aussi que le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), le Service de police de Montréal (SPVM) et le Canadien National (CN) sont des partenaires impliqués et informés dans chacune des étapes du processus d’amélioration et de suivi global.

Toutes les mesures que nous dirigeons dans ce dossier visent d’ailleurs un seul et unique but : une infrastructure sécuritaire pour la protection de nos passagers.

Veuillez agréer, Monsieur, nos meilleures salutations.

Vladimira Tcherkezova
Service à la clientèle | Communication et marketing

 
 

Un commentaire

| Sécurité, Terrorisme | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Impopularité d’Al-Qaida chez les Musulmans

Publié le 9 février 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

Lorsque je repense aux attentats du 11 septembre 2001, trois images me reviennent à l’esprit. Premièrement, le moment précis où un deuxième avion percute une tour du World Trade Center de New York et grave son profil dans l’immeuble. Deuxièmement, l’air abruti de G.W. Bush à qui on vient de souffler à l’oreille : «  Sir, America is under attack » et qui reste là, pétrifié pendant un long moment, devant cette classe d’élèves de Floride. Et la dernière image, c’est l’explosion de joie de Palestiniens des territoires occupés en apprenant la nouvelle.

À l’époque, je ne savais pas dans quelle mesure le sentiment de ces Palestiniens était partagé par l’ensemble des Arabes. Mais présentées en boucle par toutes les chaines d’information de la planète, ces images sont maintenant gravées dans la mémoire de ceux qui les ont vues et symbolisent respectivement l’attaque, l’Amérique stupéfaite et les Arabes triomphants.

On présume que ce jour-là, Oussama Bin Laden cristallisait tout le ressentiment envers les États-Unis. Mais une décennie plus tard, qu’en est-il de la popularité d’Al-Qaida dans le monde arabe ?

J’ai déjà abordé cette question dans un billet publié il y a quelques jours. Voici les chiffres.

Le Pew Research Center (PRC) est un organisme américain sans but lucratif créé en 1948 par le fondateur de la Sun Oil Company, Joseph-N. Pew, et son épouse Mary Anderson-Pew. Le Centre a effectué divers sondages qui permettent de suivre l’évolution des mentalités dans les pays musulmans.


Pourcentages d’appui aux attentats-suicides en 2002 et 2009


 
Le cas du Pakistan est intéressant puisque c’est le pays où se cache probablement Bin Laden. Le sondage de la PRC reflète surtout l’opinion des Pakistanais urbains. Tout comme les Talibans, les Pakistanais sont partisans de punitions jugées excessives en Occident.


Pakistanais, appuyez-vous les punitions suivantes ?

  Oui Non ?  
Adultères lapidés 83% 8% 9%
Voleurs fouettés ou amputés d’une main 80% 12% 9%
Peine de mort pour apostasie 71% 13% 16%


 
Malgré la similitude des mentalités, les Pakistanais sont devenus en 2009 majoritairement opposés à Al-Qaida et aux les Talibans.


Pakistanais, appuyez-vous Al-Qaida et les Talibans ?

    2008       2009  
  Oui Non ?     Oui Non ?  
Al-Qaida 25% 34% 41%   9% 61% 30%
Talibans 27% 33% 40%   10% 70% 20%


 
De manière générale, c’est en Palestine que Bin Laden est demeuré populaire. Il est à noter que le PRC n’a pas publié de données relatives à l’Afghanistan, à l’Arabie Saoudite et au Soudan (trois pays où Al-Qaida compte de très nombreux partisans).


Avez-vous confiance en Oussama Bin Laden ?

  Oui Non
Égypte 23% 68% 9%
Indonésie 24% 53% 23%
Jordanie 28% 61% 11%
Liban 2% 98% 0%
Nigéria 54% 39% 7%
Palestine 51% 47% 2%
Turquie 3% 77% 20%


 
Qu’est-ce qui explique ce déclin de la popularité d’Al-Qaida parmi les Musulmans ? Ils ont simplement réalisé que depuis des années, ce sont eux les principales des victimes d’Al-Qaida.

En effet, depuis les attentats du métro de Londres, le 7 juillet 2005, toutes les tentatives d’attentats en Occident d’Al-Qaida ont échoué, parfois à la dernière minute. Si bien qu’entretemps, ses revenus servent principalement à tuer d’autres Musulmans.

Références :
Confidence in Obama Lifts U.S. Image Around the World
Mixed Views of Hamas and Hezbollah in Largely Muslim Nations
Pakistani Public Opinion

Compléments de lecture :
Arabes vs Musulmans
La lapidation ou la barbarie participative
Les boucs-émissaires
Nourriture halal : controverses futiles

2 commentaires

| Terrorisme | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida

Publié le 10 décembre 2010 | Temps de lecture : 5 minutes
© 2010 — Google Maps

Avant le régime taliban en Afghanistan

Oussama ben Laden est l’un des 54 enfants — nés des 22 épouses —de Mohammed Ben Laden, un entrepreneur saoudien. Ce dernier est propriétaire de la Bin Laden Construction group, une des plus riches entreprises de construction au monde et détentrice de nombreux contrats d’exclusivité avec le gouvernement saoudien. Les actifs globaux du Groupe Ben Laden sont évalués à cinq milliards de dollars.

En 1979, le prince Turki Al Fayçal — chef des services secrets de l’Arabie saoudite de 1977 à 2001 — offre 200 millions de dollars à Oussama ben Laden afin qu’il organise le départ des volontaires saoudiens désirant s’impliquer en Afghanistan contre l’invasion russe de ce pays.

Oussama ben Laden se rapproche alors de Gulbuddin Hekmatyar, un chef fondamentaliste local et principal bénéficiaire des 3,3 milliards de dollars d’aide officielle des États-Unis aux rebelles afghans contre les Russes (un montant à peu près équivalent étant, dit-on, fourni par l’Arabie saoudite).

Quelques années plus tard, en 1994, la montée des Talibans coïncidera avec leur saisie de l’importante réserve d’armes de Gulbuddin Hekmatyar (dont nous venons de parler) à Kandahar. Cette prise leur permettra de prendre le contrôle de la moitié du pays.

En février 1989 les Soviétiques annoncent leur retrait d’Afghanistan. Les États-Unis et l’Arabie saoudite ayant atteint leur objectif, arrêtent le financement et le soutien logistique massif aux rebelles en 1990.

À son retour en Arabie saoudite, Oussama ben Laden est accueilli en héros. Dans les mosquées, les écoles, et à l’université, il organise des conférences au sujet de son combat contre l’armée soviétique. Il recueille alors des fonds de sympathisants servant à financer sa milice.

Lors de la Première guerre du Golfe (1990-1991), Oussama ben Laden propose au roi d’Arabie d’utiliser cette milice pour défendre le pays contre une possible invasion des troupes irakiennes. Le roi refuse et préfère ouvrir son territoire à l’armée américaine.

Furieux, Ben Laden s’indigne que des soldats non-musulmans viennent souiller le sol sacré de l’Islam (l’Arabie saoudite étant la Terre sainte selon les Musulmans). Il va jusqu’à accuser de corruption la dynastie régnante dans ce pays.

En représailles, l’Arabie saoudite le prive de sa nationalité en 1994. Il reste discrètement en relation avec certains membres du régime saoudienc: en effet, avec ses 7,000 princes, la famille royale est peu unie.

Durant le régime des Talibans (1997-2001)

Le régime des Talibans ne sera reconnu officiellement que par trois pays : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Pakistan.

En 1999, le prince saoudien Turki Al Fayçal (à titre de chef des services secrets de l’Arabie saoudite), verse 267 millions$ à un chef taliban en Afghanistan.

Tout au cours de ce régime, l’Arabie saoudite, principale puissance sunnite, inspire intellectuellement et finance les madrasas, ces écoles coraniques à la base du mouvement taliban. Par le radicalisme de leur enseignement, ces écoles s’avéreront des pépinières de terroristes.

Le 11 septembre 2001, les attentats-suicides d’Al-Qaida sont perpétrés aux États-Unis par 19 terroristes dont 15 étaient de nationalité saoudienne. Ces attaques provoquent la Guerre en Afghanistan (où sont basés les camps d’entrainement d’Al-Qaida). Entretemps, les États-Unis tentent par tous les moyens de tarir les sources de financement d’Al-Qaida (comme ils le font présentement avec WikiLeaks).

Après le renversement du régime taliban

Peu après la fin officielle de cette guerre, des milliers de Talibans non-afghans (dont beaucoup de Saoudiens) décèdent au cours du massacre à la prison de Mazar-i-Sharif. Ceux qui ne s’y trouvaient pas retournent dans leur pays d’origine. Certains d’entre eux constituent depuis des cellules dormantes d’Al-Qaida en Arabie et des sympathisants donateurs.

En 2003, les experts s’accordaient pour dire qu’une grande partie des revenus d’Al-Qaida provenaient de donateurs saoudiens. Leurs dons sont versés soit directement, soit par le biais d’organismes de charité ou d’écoles coraniques servant de paravent au financement de cette organisation terroriste.

En décembre 2006, plus d’une trentaine d’ecclésiastiques saoudiens se prononcent contre l’invasion de l’Irak et invitent tous les Sunnites à s’y opposer. En 2007, près de la moitié des insurgés étrangers en Irak sont des Saoudiens qui combattent pour Al-Qaida.

« Les donateurs privés en Arabie saoudite demeurent la principale source mondiale de financement de groupes terroristes sunnites », tels qu’Al-Qaida et les talibans afghans et pakistanais, déplorait l’ambassade américaine en Arabie dans cette note datée de 2009 et révélée par WikiLeaks cette semaine.

L’ambassade estime également qu’une partie de cette somme est collectée auprès de sympathisants à l’occasion du pèlerinage annuel à La Mecque et du Ramadan.

De plus, les hauts responsables talibans, lorsqu’ils se rendent en Arabie saoudite pour participer à des discussions sur le thème de la réconciliation, se livrent également à la collecte d’argent.

Références :
Documents Back Saudi Link to Extremists
Dasht-i-Leili massacre
Oussama ben Laden
Saudi Arabia: In al-Qaeda’s Sights
Saudi Arabia’s Dubious Denials of Involvement in International Terrorism
Saudi Arabia’s Links to Terrorism
Saudis faulted for funding terror
Taliban
US embassy cables: Hillary Clinton says Saudi Arabia ‘a critical source of terrorist funding’
WikiLeaks cables portray Saudi Arabia as a cash machine for terrorists

Parus depuis :
Des princes saoudiens auraient financé al-Qaïda (2015-02-05)
« Swissleaks » : HSBC abritait aussi des « parrains du terrorisme » (2015-02-11)

5 commentaires

| Sécurité, Terrorisme | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel