TikTok et le Bonhomme Sept Heures

Publié le 18 mai 2024 | Temps de lecture du texte : 4 minutes

« Je ne recommanderais absolument personne d’avoir TikTok sur son téléphone » prévient le directeur du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) en raison du risque d’être espionné par le gouvernement chinois.

« Les adolescents utilisant TiKTok ne se préoccupent peut-être pas de leur vie privée maintenant, mais quand ils seront adultes, sur le marché du travail, ils pourraient être ciblés par la Chine qui aura alors une foule d’informations sur eux » poursuit-il.

Ce que le directeur du SCRS oublie de dire, c’est que TikTok ne peut rien colliger de plus que ce que font déjà tous les médias sociaux américains.

De plus, depuis les révélations d’Edward Snowden, on sait que les pays à majorité anglo-saxonne (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) épient tous nos courriels, tous nos textos et toutes nos conversations téléphoniques.

Dans ce dernier cas, cela ne veut pas dire qu’un espion écoute nos conversations en temps réel, mais que cette conversation est enregistrée et conservée sur d’immenses serveurs.

Et si jamais quelqu’un commet un acte terroriste, on écoutera alors pour de vrai toutes ses conversations antérieures, celles des personnes à qui il a parlé et les conversations que ces derniers ont eues avec d’autres personnes, afin de voir si ce terroriste avait des complices et si c’est le cas, prévenir les attentats secondaires que ces derniers se préparaient à commettre.

Les médias sociaux colligent des données qui sont complémentaires à celles qu’enregistrent systématiquement les services de renseignement des pays mentionnés plus tôt.

Bref, on nous espionne tellement pour notre bien qu’on en est venu à être indifférent à ce sujet. À preuve, cela fait des années qu’aucun groupe de défense des droits civiques n’a fait les manchettes en condamnant l’étendue de l’espionnage dont nous sommes sujets.

Pour les fins de la discussion, prenons le directeur du SCRS à la lettre.

Vous êtes devenu un personnage important. Mais il y a des années, alors que vous étiez mineur, vous avez regardé un clip vidéo de chat ou un autre de bébé. En quoi ce visionnement insignifiant est-il compromettant et vous rendrait vulnérable à un chantage de la part de la Chine ?

Franchement, un peu de sérieux…

Au cours des négociations en vue de l’acquisition d’Alstrom (un fleuron de l’économie française) par General Electric, le ministère de la Justice américaine a fait pression sur Alstrom (par le biais du cadre supérieur Frédéric Pierucci qu’elle a fait emprisonner à New York) en produisant 76 000 courriels d’Alstrom jugés incriminants, obtenus par espionnage.

A-t-on un seul cas concret d’espionnage par le biais de TikTok ? Non, pas un seul.

Dans la bouche du directeur du SCRS, TikTok est devenu la version électronique du Bonhomme Sept Heures…

Rappelons-nous que sous Trump, Washington a imposé une taxe à l’importation de l’aluminium québécois parce que notre aluminium était une menace à la sécurité des États-Unis.

Le fond du problème, c’est que les Américains aimeraient pouvoir dire que toute la technologie moderne est américaine. Or TikTok, créé par des programmeurs chinois, est devenu le média social le plus populaire au monde (l’Occident inclus).

Puisque les peuples anglo-saxons sont des pillards, ils aimeraient mettre la main sur TiKTok à prix d’aubaine en obligeant sa compagnie-mère, ByteDance, à s’en départir. Alors le Canada, toujours complice des magouilles de Washington, déblatère contre TikTok.

Ceci étant dit, est-ce que la Chine épie de Canada ? Bien oui, évidemment; tous les peuples s’épient mutuellement depuis des siècles.

Et après ?

Références :
Les relations sino-canadiennes au temps des enfantillages
Les utilisateurs de TikTok risquent d’être espionnés par la Chine, avertit le SCRS

Paru depuis : Support for a U.S. TikTok ban continues to decline, and half of adults doubt it will happen (2024-09-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel