La vaccination déjà obligatoire des professionnels de la Santé

Publié le 30 août 2021 | Temps de lecture : 2 minutes

La vaccination en général

À l’Université d’Ottawa, personne ne peut entamer des stages cliniques de médecine sans fournir une preuve immunologique négative d’exposition à la tuberculose, de même qu’une preuve de vaccination contre un grand nombre d’agents infectieux :
• coqueluche
• diphtérie
• hépatite B,
• oreillons,
• polio,
• rougeole,
• rubéole,
• tétanos, et
• varicelle.

Aucune exemption n’est accordée sur une base d’ordre personnel ou philosophique (c’est-à-dire religieuse); seules les exemptions d’ordre médical seront acceptées.

À la faculté de médecine de l’Université de Montréal, de même qu’à la faculté de médecine et des sciences de la Santé de l’Université McGill, c’est pareil. Sauf que cette preuve doit être faite avant le début des cours.

À la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, les exigences vaccinales sont presque identiques à celles de la faculté de médecine.

La vaccination contre le Covid-19

Le 25 aout dernier, le recteur l’Université de Montréal faisait parvenir à tous ses étudiants un communiqué dans lequel il affirme :

En tant qu’établissement autonome, l’Université de Montréal jouit de la marge de manœuvre nécessaire pour mettre en place des mesures sanitaires qui vont au-delà de celles que le gouvernement impose.
(…)
La double vaccination sera exigée pour les locataires de nos résidences. Les membres du personnel et du corps étudiant qui travaillent dans nos cliniques universitaires de santé humaine (…) devront aussi avoir reçu leurs deux doses de vaccin, de même que le personnel de recherche en contact avec des populations vulnérables.

Concrètement, cela signifie que tous les étudiants en sciences de la Santé (dentistes, infirmières, médecins et pharmaciens) ne pourront poursuivre d’ici peu leur formation (et exercer ultérieurement leur profession) à moins d’être complètement immunisés contre le Covid-19.

Références :
Exigences d’immunisations en vue de l’admission à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa
Faculté de médecine – Immunisation
Info COVID-19 : La vaccination à l’Université de Montréal
Normes de vaccination/d’immunisation à McGill
Politique de vaccination pour les étudiants en pharmacie

Complément de lecture : Vaccination en milieu scolaire

Pou consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Précisions concernant le dépistage du variant Delta à l’école primaire

Publié le 26 août 2021 | Temps de lecture : 9 minutes
Cliquez sur l’image pour démarrer

Introduction

Radio-Canada publie ce matin la nouvelle selon laquelle on formera dans chaque école les volontaires qui souhaiteront effectuer des tests rapides, peu importe leur titre d’emploi.

Ceci est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Peu importe le test rapide, il faut moins de quelques minutes pour savoir comment l’utiliser. Donc il est facile d’être prêt pour la rentrée scolaire. C’est là la bonne nouvelle.

Toutefois, une campagne de dépistage digne de ce nom ne doit pas reposer sur le volontariat; chaque direction d’école doit mettre sur pied une brigade d’employés prêts à suspendre leurs tâches courantes pour effectuer systématiquement du dépistage pendant quelques minutes et y donner suite lorsque des cas sont décelés. Puisque le dépistage québécois reposera sur l’impondérable du volontariat, c’est là la mauvaise nouvelle.

L’article de Radio-Canada parle à la fois d’une réserve de 1,7 million de vieux tests salivaires dont les résultats s’obtiennent sur place en quelques minutes et d’autre part, d’une quantité non précisée de nouveaux tests effectués en laboratoire à partir de prélèvements par gargarisme.

Afin de savoir exactement sur quelle technologie reposera le dépistage dans les écoles du Québec, je me suis tapé l’écoute de la conférence de presse du 24 aout dernier (ci-dessus).

En voici les faits saillants.

La mise en quarantaine

A 13:16, le ministre de l’Éducation nous dit que tous les cas déclarés feront l’objet d’une enquête épidémiologique par la direction de la Santé publique régionale.

Les mesures alors décrétées dépendront de différents facteurs :
• la région concernée,
• le nombre de cas dans cette région,
• le fait qu’on porte ou non le masque à l’école dans cette région, et
• le taux de vaccination des élèves.

Concrètement, le directeur de la Santé publique précise à 35:37 que lorsqu’un élève contagieux est décelé, celui-ci doit être retiré du milieu scolaire et s’isoler à la maison durant sa période de contagiosité. Pour le reste de sa classe, cela dépendra du port du masque.

Dans les régions où le port du masque est exigé en classe, les camarades de classe poursuivront leur enseignement puisque la Santé publique estime qu’avec le masque, peu importe la durée du contact avec l’élève atteint, le risque de contagion est faible.

Toutefois, par mesure de prudence, ses camarades de classe seront testés deux fois; une première fois entre le jour 3 et le jour 5, et une seconde fois au jour 7.

Dans les classes où le port du masque n’était pas exigé, il le deviendra. Et les camarades de classe seront également testés deux fois.

Un dépistage voué à l’échec

Avec le Covid-19 ‘classique’, cette stratégie sanitaire aurait peut-être pu fonctionner. Mais avec le variant Delta, cette stratégie est vouée à l’échec. Pourquoi ?

Premièrement parce qu’elle repose sur la présomption que le cas décelé est contagieux depuis le jour où il est testé.

Malheureusement, chez la personne atteinte, le variant Delta se multiple beaucoup plus rapidement que le Covid-19 ‘classique’. Entre le moment où il a attrapé le Covid-19 et le moment où il est devenu contagieux, il s’est écoulé deux jours avec le variant Delta alors qu’il en fallait quatre avec le Covid-19 ‘classique’.

Ce qui veut dire que lorsqu’on teste le reste de la classe au jour 3, les camarades contaminés ont eu le temps de devenir contagieux et que les gens à qui ils ont transmis l’infection deviendront contagieux à leur tour dès le lendemain.

Les régions sans masque

Là où le port du masque n’était pas exigé, il est trop tard pour l’imposer. En raison de la contagiosité extrême du variant Delta (analogue à celle de la varicelle), un étudiant contamine toute sa classe en un seul jour.

De plus, une personne atteinte par le variant Delta porte une charge virale 1 260 fois supérieure à celle d’une personne atteinte par le Covid-19 ‘classique’.

Concrètement, dans une classe, on pourrait remplacer un écolier atteint du variant Delta par 1 260 écoliers atteints du Covid-19 ‘classique’ et ce serait pareil. Pour les autres élèves, les chances de ne pas être contaminés sont nulles, peu importe l’aération du local.

Les régions avec masque

Et là où le port du masque était déjà obligatoire, il faut penser que les masques portés par les écoliers du primaire bloquent les grosses gouttelettes respiratoires (les postillons), mais laissent passer le long du nez les minuscules gouttelettes respiratoires (appelées aérosols). Celles-ci ont la manie d’embuer les lunettes de ceux qui portent un masque par temps froid.

Dans quelques jours, la Santé publique révélera les détails de sa politique sanitaire, notamment quant aux repas pris à l’intérieur (alors que les écoliers auront retiré leur masque). On verra alors si les risques de contagion sont aussi faibles qu’on le dit dans les régions où le port du masque est obligatoire dans les aires communes.

L’autorisation des parents

Que serait l’enseignement si l’autorisation des parents était nécessaire chaque fois qu’un professeur veut passer à la page suivante du manuel scolaire ?

À 30:55, le directeur de la Santé publique déclare : “ …on ne fait jamais de test chez les enfants sans obtenir le consentement des parents.

Les parents qui n’ont pas les moyens financiers de se payer une gardienne ou de quitter temporairement leur emploi pour s’occuper de leur enfant en convalescence n’auront qu’à refuser de donner leur autorisation pour que jamais on n’ait la preuve que leur enfant est contagieux.

Là où le masque n’est pas obligatoire, son imposition devient la ‘punition’ de toute la classe lorsqu’on y trouve un cas. Les parents opposés à cette mesure ont donc intérêt à refuser qu’on teste leur enfant dans l’espoir d’y faire obstacle.

Le dépistage systématique du Covid-19 devrait être obligatoire et systématique deux fois par semaine. Les parents qui s’y opposent en ont le droit. Sauf que leur enfant devrait alors faire ses classes à la maison.

Impréparation et faux tests rapides

À 14:50, le ministre de l’Éducation parle au futur du déploiement dans certaines écoles de tests rapides dès le mois de septembre, et ce graduellement.

Donc, dans l’ensemble du réseau scolaire, rien n’est prêt pour la rentrée, sauf les masques. Cette pandémie se propage depuis plus d’un an et demi et le gouvernement de la CAQ en est à l’étape d’espérer être en mesure d’effectuer un dépistage scolaire graduel dans certaines régions.

Et surprise : parmi tous les tests qu’elle juge rapides, la Santé publique révèle sa préférence à 31:01 :

Ce qu’on va viser le plus possible, c’est d’avoir ce qu’on appelle ‘du gargarisme’, [ce] qui est moins invasif. Surtout s’il faut répéter les tests au jour 3 et au jour 7.

Cette technologie, développée au Québec, consiste à se gargariser avec de l’eau, la recracher dans un gobelet, avant de la transvider dans un tube. Ce dernier doit être expédié à un laboratoire pour analyse.

Avec le variant Delta, la charge virale est telle que ces tests remplacent avantageusement les tests qui nécessitent un prélèvement au fond du nez.

Mais ils ne constituent pas une solution alternative aux tests dont le prélèvement est obtenu par frottis de l’intérieur des joues (que n’importe quel enfant capable de se brosser les dents peut effectuer lui-même). Parmi ces tests, les plus nouveaux donnent des résultats remarquablement fiables en quelques minutes.

Dans le cas d’un test par gargarisme, c’est seulement le prélèvement de l’échantillon qui est rapide. Mais entre le prélèvement et la communication des résultats aux personnes concernées, le temps écoulé s’exprime en jours et non en minutes puisque l’échantillon doit être analysé dans un laboratoire accrédité.

Bref, comme à son habitude, le Dr Arruda induit le public en erreur; les tests par gargarisme ne sont pas de véritables tests rapides.

Conclusion

Face à un variant très contagieux, le socle d’une stratégie sanitaire efficace, c’est la réactivité.

Il faut donc que les directions d’école aient déjà des réserves de vrais tests salivaires rapides. Il en existe dont le taux d’efficacité est de 94 %.

De plus, elles doivent avoir toute la latitude de diriger les brigades chargées de débusquer les cas dès leur apparition et d’appliquer immédiatement les mesures de confinement destinées à limiter la propagation de l’épidémie.

Marquée au fer rouge par la contrôlite, la lourde stratégie sanitaire du Québec à l’école primaire est vouée cette année à l’échec, comme l’a été celle de l’année scolaire 2020-2021, alors qu’en fin d’année, les écoliers et le personnel scolaire représentaient 38,4 % de toutes les personnes officiellement atteintes au Québec.

Avec le variant Delta, on peut anticiper des résultats encore pires.

Références :
COVID-19 : du personnel formé pour faire des tests rapides dans les écoles
Le Covid-19 à l’école primaire : la CAQ met en péril la santé de nos enfants

Parus depuis :
Covid-19 : dans son nouvel avis, le conseil scientifique recommande d’accroître le dépistage à l’école (2021-09-18)
Québec, nous avons un problème… de dépistage (2021-10-04)
Des centaines de jeunes touchés par un dangereux syndrome (2021-11-14)
En Allemagne et en Autriche, les enfants testés deux à trois fois par semaine (2021-12-09)
« Autant d’enfants hospitalisés d’un coup, c’est préoccupant » (2022-02-04)

Complément de lecture :
Le laisser-faire sanitaire à l’école primaire québécoise

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci.

Un commentaire

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


VaxiCode

Publié le 25 août 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

C’est aujourd’hui qu’est offerte gratuitement — pour iPhone ou iPad compatible — l’application téléphonique du passeport vaccinal québécois.

Le mois prochain, un certificat de double vaccination — en version papier ou électronique — sera requis pour recevoir certains services non essentiels au Québec (accès aux restaurants, bars, salles de spectacle ou de cinéma, etc.).

On dit non essentiels dans la mesure où une personne qui ne peut aller au restaurant, par exemple, pourra toujours se faire livrer des mets à domicile (ou cuisiner elle-même).

À l’opposé, il est hors de question que ce passeport vaccinal soit requis pour recevoir des soins médicaux.

Il est paradoxal de constater que c’est au nom de la liberté que les opposants à cette mesure veulent transformer le pays en prison. En effet, il sera bientôt impossible d’aller à l’Étranger sans avoir une preuve de vaccination complète…

Mode d’emploi


 
Il y a plusieurs manières d’utiliser VaxiCode. Je vous recommande celle-ci. Elle nécessite trois choses; un ordinateur, une connexion Internet et un appareil mobile sur lequel VaxiCode est installé (ici, mon iPad).

Au cours de son utilisation, VaxiCode aura besoin de lire le code QR de la preuve de vaccination qui vous aura été décernée par le gouvernement du Québec.

Donc avant d’utiliser VaxiCode, il vous faut cette preuve.

Si vous ne l’avez pas encore, à l’aide de votre ordinateur, rendez-vous au site covid19.quebec.ca. On vous demandera de vous identifier et de donner la date où vous avez reçu votre première dose, de même que la marque du vaccin reçu.
 

 
Une fois ces étapes franchies, cliquez le bouton qui vous permet de télécharger votre preuve électronique de vaccination.

Cette preuve est un fichier PDF. Si vous double-cliquez sur ce fichier, il s’affichera à l’écran. Sinon, vous pouvez l’imprimer : cette copie pourrait vous être utile ultérieurement. Dans quelques instants, nous aurons besoin de cette preuve, imprimée ou non.


 
Maintenant, passons à VaxiCode.
 

 
En premier lieu, vous donnez votre permission pour que VaxiCovid puisse accéder à votre appareil photo (afin de lire le code QR).
 

 
Puis c’est au tour du système d’exploitation de votre appareil mobile de vous demander une confirmation.
 

 
Puis vous cliquez le bouton ‘Ajouter une preuve’.
 

 
Alors que ce code QR est encore affiché à l’écran de votre ordinateur ou que vous avez devant vous la preuve vaccinale imprimée, approchez le rectangle (ici en noir) du code QR.

VaxiCode prendra deux ou trois secondes pour faire la mise au point et reconnaitra votre code.
 

 
VaxiCode vous demandera (au bas de l’écran) d’entrer l’année de votre naissance.
 

 
Une fois cela fait, il ne vous reste plus qu’à sauvegarder cette preuve.
 

 
Et voilà !

Pour être accepté dans un établissement ou un moyen de transport où le passeport vaccinal est exigé, charger VaxiCode. Par défaut, l’application affichera ce gros rectangle bleu et vert aux coins arrondis semblable à celui ci-dessus.

Il suffit de taper une seule fois du doigt sur ce rectangle (pas ici sur ce blogue, mais dans VaxiCode) sur lequel votre nom est affiché pour que votre code QR apparaisse. Montrez-le au préposé qui l’exige. Il le scannera avec son application VaxiCode Verif et vous laissera passer.

Sous le code QR scanné, il y a un bouton destiné à afficher les détails. Vous n’avez pas à montrer ces détails à quiconque. Mais si cela vous intéresse, vous pouvez cliquer sur ce bouton. Alors que ce dernier a disparu, faites défiler l’écran vers le bas pour voir l’ensemble des détails de la preuve électronique de vaccination que vous avez téléchargé au début de cet article.

L’application VaxiCode peut contenir les preuves de vaccination de plusieurs personnes. Ce qui peut être utile dans les familles où chaque membre ne possède pas son propre téléphone multifonctionnel compatible.

Complément de lecture : Liste des lieux et des activités qui nécessiteront le passeport vaccinal

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Informatique, Santé | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Une rentrée scolaire sans dépistage (ou presque) au primaire

Publié le 24 août 2021 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

C’est décidé; le port du masque sera obligatoire en tout temps dans les écoles d’une partie du Québec, alors qu’il ne sera obligatoire que dans les aires communes ailleurs.

Mais on n’utilisera pas de scanneurs thermiques à l’entrée des écoles, contrairement à ce que le Japon faisait récemment à ses Jeux olympiques d’été.

On nous dit que la Santé publique ‘songe’ à utiliser des tests salivaires rapides. Elle y songe. Ce qui veut dire qu’elle n’a pas décidé quoi que ce soit. Elle est à l’étape de la réflexion.

S’agit-il des tests rapides à 5$US (dont le taux d’efficacité est d’environ 70 %) ou des nouveaux tests rapides à environ 15$US (dont l’efficacité s’approche de 94 %) ? Apparemment, c’est ni l’un ni l’autre.

À l’écoute attentive de la conférence de presse du Dr Arruda, on finit par comprendre que chez les enfants du primaire, plutôt que de procéder à des prélèvements intimidants par écouvillons dans le nez, on privilégierait de simples prélèvements par gargarisme, plus conviviaux, mais tout aussi lents que des tests PCR parce ces prélèvements par gargarisme ne peuvent être analysés eux aussi qu’en laboratoire.

Or ces tests par gargarisme, on ne les a pas encore en quantité suffisante pour se lancer dès la rentrée dans une campagne généralisée de dépistage.

Tant qu’on en manquera, la Santé publique les réservera là où elle jugera la situation épidémiologique plus préoccupante.

À partir de quand une situation est-elle préoccupante ?

En début de pandémie, le Dr Arruda déclarait qu’il fallait plus craindre la grippe ordinaire que le Covid-19.

Il en était tellement convaincu que quelques semaines plus tard, alors que l’iceberg du Covid s’approchait du Titanic québécois, le capitaine Arruda quittait le navire en chaloupe pour prendre ses vacances personnelles au Maroc.

Et à son retour, quand la ministre de la Santé de l’époque s’inquiétait de savoir si notre provision de masques pour les travailleurs de la Santé était suffisante, le Dr Arruda lui répondait qu’on en avait pour deux ans. Ce qui était vrai si le Covid-19 n’était qu’une gripette. En réalité, on n’en avait que pour 5 à 6 jours.

À partir de l’expérience passée, on peut présumer que la situation sera jugée préoccupante lorsqu’elle sera catastrophique. C’est alors que la Santé publique songera à utiliser des tests salivaires qu’elle dit rapides.

Du songe à la réalité

Lorsqu’elle en aura suffisamment, la Santé publique utilisera ces tests… à la condition d’avoir obtenu le consentement préalable de chaque parent.

Le dépistage systématique du Covid-19 devrait être obligatoire et systématique deux fois par semaine. Les parents qui s’y opposent en ont le droit. Sauf que leur enfant devrait alors faire ses classes à la maison.

L’hypercontagiosité du variant Delta fait qu’il ne faut qu’une journée pour qu’un enfant contagieux contamine toute sa classe.

La contrôlite

En tant que sous-ministre ou de sous-ministre adjoint, le Dr Arruda a été le bras droit de Gaétan Barrette à l’occasion de sa réforme centralisatrice des soins de santé. Et comme lui, il souffre de contrôlite.

D’où sa manie d’interdire ou de rendre impossible toute mesure sanitaire qui va au-delà de ce qu’il a décidé. Comme le fait le gouverneur Ron DeSantis en Floride.

Or, la réactivité est la pierre d’assise d’une lutte efficace contre le variant Delta.

Les écoles ne sont pas autorisées à effectuer elles-mêmes le dépistage du Covid-19; lorsqu’un directeur d’école soupçonnera une éclosion dans son établissement, il devra en aviser la Santé publique de sa région.

Mais la réponse de la Santé publique ne sera pas automatique.

Selon Radio-Canada, la Santé publique prévoit de moduler, voire d’adapter ses enquêtes en fonction de nouveaux critères soit le nombre de cas dans cette région, le fait que les élèves portent ou non le masque ou encore le taux de vaccination des adolescents dans l’établissement concerné lors d’éclosions ou de cas positifs.

Que d’empressement…

Si elle n’est pas débordée par le nombre de foyers d’éclosion qui surgiront un peu partout, celle-ci dépêchera une ou plusieurs infirmières pour évaluer la situation.

Tant qu’on ne disposera pas des tests par gargarisme, seules des infirmières dépêchées par la Santé publique effectueront les prélèvements chez les élèves du primaire.

De plus, comme on l’a vu, il est hors de question pour elles de faire passer un test de Covid-19 à un élève sans avoir obtenu l’autorisation préalable de ses parents.

À mettre des bâtons dans les roues du dépistage à l’école, le fait-on exprès pour que tous les écoliers du primaire attrapent le Covid-19 et, de retour à la maison, contaminent leurs familles respectives ?

En début de pandémie, la Santé publique soutenait qu’il fallait ‘laisser se développer l’immunité naturelle’. En d’autres mots, on devait laisser les gens attraper le Covid-19 pour qu’ils s’en immunisent à la dure. Cette capitulation à la pandémie faisait office de doctrine sanitaire.

C’est la même doctrine qu’on applique aujourd’hui à l’école primaire.

Avec le variant Delta, la charge virale chez les personnes atteintes est 1 260 fois plus élevée que chez les personnes atteintes par les souches ancestrales du Covid-19. Du coup, n’est pas nécessaire de passer l’écouvillon dans la gorge pour effectuer in prélèvement; un frottis strictement buccal suffit.

N’importe quel enfant capable de se brosser les dents peut tout autant passer un écouvillon à l’intérieur de ses joues et de le donner à son professeur. Et il ne faudra que quelques minutes à ce dernier pour savoir si l’enfant est atteint du Covid-19… s’il dispose de vrais tests rapides.

Et si cet enfant est atteint, celui-ci passe la journée dans une salle d’isolement dans l’école en attendant le retour de ses parents à la maison, plutôt que d’aller en classe contaminer tous ses camarades.

Voilà comment mener une lutte sanitaire caractérisée par la réactivité.

Jusqu’ici, la lutte sanitaire au Québec a été un fiasco; il y a eu 2,5 fois plus de morts par million d’habitants au Québec que dans les provinces anglophones du pays.

Et ça continue. On se demande pourquoi…

Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus
Legault mise sur l’«immunité naturelle» des Québécois
Le masque en classe obligatoire dans neuf régions
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
Panique à Québec : dans les coulisses de la course aux masques
Rentrée scolaire 2021 : l’OMS se réveille
Retour du masque en classe dans neuf régions du Québec
Voyage au Maroc : le Dr Arruda s’est absenté 12 jours au début de la crise

Parus depuis :
Tests rapides – « Nous avons manqué le bateau », estime un virologue (2022-01-14)
Cinq fois plus d’élèves infectés au Québec par rapport à la rentrée de janvier 2021 (2022-01-25)
« Maman, je pense que je vais mourir » (2022-01-26)
« L’école ne nous dit plus rien » (2022-01-28)
« Autant d’enfants hospitalisés d’un coup, c’est préoccupant » (2022-02-04)
Un enfant sur trois a récemment été en contact avec la COVID-19 (2022-02-23)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Un commentaire

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : l’utilité d’un vaccin d’appoint sous forme de vaporisateur nasal

Publié le 20 août 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Six semaines après l’arrivée du Covid-19 au Québec, le deuxième volet du texte Les mystères du Covid-19 répondait à la question que tous se posaient : comment et quand ce virus se propage-t-il ?

Ce texte soutenait que le Covid-19 s’attrapait en respirant les gouttelettes respiratoires de personnes contagieuses et que le nez de même que la gorge constituaient les sites d’incubation du virus.

Alors que les petites gouttelettes respiratoires (appelées aérosols) peuvent se déposer partout dans l’arbre respiratoire, les grosses gouttelettes (appelées postillons) ne vont pas au-delà du nez et de la gorge.

Or si les unes et les autres contiennent la même concentration de virus par millilitre lorsqu’ils proviennent d’une même personne contagieuse, les postillons, en raison de leur taille, en contiennent plus par gouttelette.

Cela entraine deux corollaires :
• le rôle prépondérant (mais non exclusif) des postillons dans la propagation de la pandémie, et
• l’efficacité des masques liée à leur capacité de bloquer totalement les postillons (en dépit de leur efficacité moindre à bloquer les aérosols).

Deux études récentes complètent nos connaissances au sujet de la transmission de l’épidémie.

L’étude de Cape Cod

Au début du mois, l’étude de Cape Cod révélait que la quantité de virus dans le nez et la gorge des personnes atteintes par le variant Delta était analogue, qu’on soit vacciné ou non.

Puisqu’il n’y avait pas d’analyse statistique dans cette étude, on doit éviter de prendre ses résultats à la lettre. Ce qu’il faut retenir, c’est que la vaccination n’empêche pas la colonisation rapide du nez en début de contamination.

En d’autres mots, la colonisation du variant Delta dans le nez est tellement rapide que même lorsque le système immunitaire se met en branle après avoir détecté le virus, celui-ci a eu le temps d’envahir un grand nombre de cellules épithéliales du nez et de fabriquer des millions de copies.

L’étude de Berlin

L’humain se protège contre le Covid-19 à l’aide d’une multitude de cellules immunitaires spécialisées.

Une équipe de chercheurs de Berlin et de Leipzig ont étudié en quoi les muqueuses du nez des adultes et des mineurs pouvaient se distinguer, notamment quant à leur composition en cellules immunitaires.

Pour ce qui est des récepteurs à Covid-19 (les récepteurs ACE2a), ils étaient aussi nombreux chez les adultes que chez les mineurs. Donc la plus grande vulnérabilité des adultes ne dépendait pas de leur concentration.

L’étude portait sur 86 personnes de 4 à 77 ans réparties en quatre groupes presque égaux : 18 mineurs et 23 adultes qui n’étaient pas atteints par le Covid-19, puis 24 mineurs et 21 adultes atteints légèrement ou modérément.

Chez les mineurs, qu’ils soient atteints du Covid-19 ou non, on observe, dans leur muqueuse nasale, une grande quantité des trente-trois types de cellules immunitaires mesurés par les chercheurs, particulièrement des neutrophiles (une sorte de globules blancs).

Au contraire, dans la muqueuse du nez des adultes sains, on trouve rarement des cellules immunitaires. Mais dès qu’ils étaient infectés, le nez de ces adultes recevait en renfort de grandes quantités de cellules immunitaires.

Un vaccin nasal

Contre les virus respiratoires (l’influenza, par exemple), on possède déjà des vaccins qu’on administre par vaporisation nasale.

Contre le virus du SRAS (apparenté à celui du Covid-19), on avait déjà commencé à mettre au point un vaccin par voie nasale. Effectuées chez la souris, ces recherches ont été interrompues avec la fin de la pandémie au SRAS.

Il aurait lieu de reprendre ces recherches dans le but de mettre au point un vaccin d’appoint aux vaccins actuels.

Un vaccin nasal ne remplacerait pas les vaccins intramusculaires, mais servirait exclusivement à rendre la muqueuse nasale des adultes totalement réfractaire au Covid-19. Et ce dans le but de permettre au système immunitaire d’avoir le temps de se mettre en branle en cas de contagion.

Or une des raisons qui expliquent l’extrême contagiosité du variant Delta est la rapidité de sa propagation; entre l’instant où une personne attrape le Covid-19 et le moment où elle se met à contaminer les autres, il ne s’écoule que 2,6 jours alors qu’il faut 5,7 jours avec le Covid-19 ‘classique’.

Puisque le nez est presque toujours l’incubateur du Covid-19 avant que le virus se lance à l’assaut des poumons, tout ce qui retarde sa prolifération dans le nez est capital dans la lutte contre ce virus.

D’où l’intérêt d’un vaccin en vaporisateur nasal.

Références :
Covid-19 : le secret de la contagiosité du variant Delta
Les mystères du Covid-19 (2e partie)
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
Mucosal immunization with surface-displayed severe acute respiratory syndrome coronavirus spike protein on Lactobacillus casei induces neutralizing antibodies in mice
Nasal ciliated cells are primary targets for SARS-CoV-2 replication in the early stage of COVID-19
Pre-activated antiviral innate immunity in the upper airways controls early SARS-CoV-2 infection in children
Transmission Dynamics of an Outbreak of the COVID-19 Delta Variant B.1.617.2 — Guangdong Province, China, May–June 2021
Vaccin contre la grippe : injectable ou nasal?

Parus depuis :
Les vaccins par voie nasale, une arme prometteuse pour lutter contre le Covid-19 (2021-09-15)
L’acide tannique interférerait avec le SRAS-CoV-2 (2022-03-09)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Une personne sur 159 atteinte par le variant Delta en Angleterre

Publié le 14 août 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

La semaine dernière, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) publiait la version définitive d’une étude au sujet du variant Delta réalisée à Cape Cod.

Cette étude a fait sensation parce qu’elle révélait que vacciné ou non, on est autant la cible du variant Delta. De plus, l’étude suggérait que l’immunité grégaire était impossible à atteindre avec ce variant.

Mais cette étude possède deux défauts.

Le premier est que les chercheurs n’ont pas expliqué comment ils ont trouvé les 469 cas sur lesquels l’étude est basée. Le second est qu’aucun de ses résultats n’est statistiquement significatif pour la simple et bonne raison que l’étude n’a pas fait l’objet d’une analyse statistique.

Ces lacunes sont compensées par une étude anglaise réalisée par l’Imperial College de Londres. Il est à noter, dans celle-ci, le vaccin le plus utilisé fut celui d’AstraZeneca (non homologué aux États-Unis).

Résultats de l’étude de Londres

REACT-1 (ou REal-time Assessment of Community Transmission of coronavirus) est une série d’études prospectives réalisées par l’Imperial College.

Chaque mois, 150 000 Anglais de plus de cinq ans sont invités à participer à l’étude. Ceux-ci sont choisis aléatoirement.

Chacun d’eux reçoit à domicile un nécessaire destiné à prélever un peu de salive et à retourner l’échantillon dans les plus brefs délais aux autorités sanitaires.

Entre le 24 juin et le 12 juillet 2021, 98 233 prélèvements furent retournés, dont 527 s’avérèrent positifs (au variant Delta dans tous les cas). Soit une prévalence pondérée — c’est-à-dire un taux d’infection parmi la population générale — de 0,63 %.

En d’autres mots, un Anglais sur 159 est actuellement atteint par le Covid-19.

Selon l’âge, le taux d’infection fut de :
• 1,02 % chez les 5 à 12 ans,
• 1,56 % chez les 13 à 17 ans,
• 1,56 % chez les 18 à 24 ans,
• 0,72 % chez les 25 à 34 ans,
• 0,61 % chez les 35 à 44 ans,
• 0,46 % chez les 45 à 54 ans,
• 0,31 % chez les 55 à 64 ans.
• 0,25 % chez les 65 à 74 ans, et
• 0,17 % chez les 75 ans et plus.

À part les 5 à 12 ans (pour lesquels aucun vaccin n’est homologué), cette contamination au Covid-19 est inversement proportionnelle aux taux de vaccination.

Chez les jeunes de 5 à 12 ans — en gros, l’âge des élèves du primaire — la prévalence pondérée était presque le double de la population en général, soit 1,02 %.

De tous les groupes d’âge, le taux de contamination le plus élevé fut trouvé chez les 13 à 24 ans.

La moitié des personnes infectées avaient entre 5 et 24 ans alors que ce groupe d’âge ne représente que le quart de la population anglaise.

Selon les auteurs :

« En période de rapide propagation de l’infection, toute intervention qui cible les jeunes aurait un impact [positif] disproportionné dans le ralentissement de la pandémie.»

La proportion des personnes atteintes par le Covid-19 était trois fois moins importante chez ceux qui étaient vaccinés en comparaison avec ceux qui ne l’étaient pas (0,40 % vs 1,21 %).

Cela protection du vaccin n’est pas de 100 %. Si tel était le cas, tous les prélèvements réalisés chez des vaccinés auraient été négatifs. Et au contraire, si le vaccin était inefficace, on aurait trouvé la même proportion de prélèvements positifs chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.


 
En tenant compte cela, on a calculé qu’au cours des trois semaines de l’étude anglaise, 44 % des cas concernaient des personnes complètement vaccinées. Ce qui correspond à une sous-représentation des vaccinés puisque le taux de vaccination complète dans ce pays est de 59,2 % (au 12 aout 2021).

Cette protection diffère selon la sévérité de l’infection. Heureusement, elle est de plus de 90 % contre les effets graves de la pandémie. Cette protection diminue à 59 % lorsqu’on inclut les cas légers. Et elle tombe à 49 % lorsqu’on considère tous les cas, y compris les asymptomatiques.

Discussion

Au début de la pandémie, lorsqu’on disait qu’un vaccin était efficace à moins de 100 %, mais qu’il ne causait aucun mort ni aucune hospitalisation, cela signifiait que ce vaccin, lorsqu’il échouait, ne causait que des symptômes légers ou pas de symptômes du tout.

Depuis l’apparition du variant Delta, dans certains États américains, toutes les personnes qui décèdent du Covid-19 et toutes celles qui sont aux soins intensifs sont des non-vaccinés.

Sur les milliards de doses administrées à travers le monde, on a trouvé des cas extrêmement rares de personnes complètement vaccinées qui décédèrent quand même du Covid-19.

Mais l’étude de Cape Cod, de même que celle de l’Imperial College de Londres, démontrent qu’avec le variant Delta, les vaccins actuels protègent moins contre une contamination légère ou anodine du Covid-19.

Quant à savoir si les vaccinés qui attrapent ce variant peuvent le transmettre aux autres, il est raisonnable de le présumer même si ces deux études n’en apportent pas la preuve formelle.

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
REACT-1 round 13 final report: exponential growth, high prevalence of SARS-CoV-2 and vaccine effectiveness associated with Delta variant in England during May to July 2021
Share of people vaccinated against COVID-19
The REACT 1 programme

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le variant Delta ou l’accélération de la vague

Publié le 7 août 2021 | Temps de lecture : 9 minutes

La contamination post-vaccinale

En Israël, la vaccination complète par le vaccin de Pfizer/BioNTech a diminué de 91,5 % les infections asymptomatiques, de 97,0 % les infections symptomatiques, de 97,2 % les hospitalisations (dont 97,5 % les hospitalisations sévères) et de 96,7 % les décès.

Seuls 5 % des vaccinés attrapaient le virus de nouveau. Lorsque cela arrivait, dans la presque totalité de ces cas, les personnes atteintes n’avaient aucun symptôme ou éprouvaient des symptômes légers.

En résumé, voilà ce que révélait l’expérience israélienne à l’époque où la souche virale était le variant ‘britannique’ (le B.1.1.7).

L’édition d’hier du Guardian révèle que depuis le 1er mai 2021, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ne compile plus aucune donnée sur les échecs vaccinaux sauf lorsqu’ils mènent à des hospitalisations ou à des décès.

Au début de la campagne de vaccination américaine, plus précisément du 1er janvier au 31 avril 2021, la CDC avait compilé 10 262 cas de contamination post-vaccinale. Ce qui est peu. Tellement qu’on peut présumer qu’il s’agissait d’une sous-évaluation.

De nos jours, lorsque les autorités américaines déclarent que la pandémie actuelle ne s’attaque plus qu’aux non-vaccinés, cela n’est vrai qu’en ce qui concerne les hospitalisations et les décès. Pour ce qui est des cas légers, on n’en a pas la moindre idée.

Ceci étant dit, qu’en est-il depuis que la souche virale dominante aux États-Unis est devenue le variant Delta ?

Une étude récente nous permet de répondre à cette question.

L’étude de Cape Cod

Cape Cod est une péninsule située dans l’État américain du Massachusetts.

Le 6 aout dernier, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), publiait la version définitive d’une étude réalisée dans une ville de cette péninsule. Le nom de cette ville n’a pas été précisé. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est un endroit de villégiature.

Du 3 au 17 juillet derniers, plusieurs évènements s’y sont déroulés, attirant des milliers de touristes venus d’un peu partout aux États-Unis.

À partir du 10 juillet, les autorités sanitaires du Massachusetts ont reçu différents rapports qui suggéraient une augmentation importante de la contagion au Covid-19.

Au cours des deux semaines qui ont précédé le 3 juillet, l’incidence de Covid-19 parmi les résidents de cette ville était nulle. Il faut dire que le Massachusetts est un des États américains où le taux de vaccination est le plus élevé (69 %).

Mais au 17 juillet, l’incidence au cours des deux semaines précédentes avait grimpé à 177 cas par cent-mille habitants.

C’est alors qu’on a entrepris une étude au sujet de cette éclosion.

Au 26 juillet, on avait trouvé 469 cas parmi les résidents de l’État — parmi lesquels 199 citoyens de cette ville — dont 346 (73,8 %) étaient symptomatiques.

Cent-trente-trois échantillons furent l’objet d’un séquençage génétique; on trouva le variant Delta dans 89,4 % de ces prélèvements.


Résumé des résultats de l’étude de Cape Cod

Vaccinés Non-vaccinés
Asymptomatiques 72 51
Symptomatiques 274 72
• Hospitalisations 4 1
• Décès 0 0
Total : 346 123

La première surprise de cette étude, c’est que 73,8 % des cas étaient des gens complètement vaccinés. Ce qui correspond en gros au taux de vaccination dans cet État.

Donc, qu’on soit vacciné ou non, on est autant la cible du variant Delta. Dit autrement, les vaccins actuels protègent, de manière générale, contre le Covid-19 ‘classique’. Mais ils n’empêchent pas la contamination par le variant Delta; ce qu’ils font, c’est de protéger remarquablement les vaccinés contre ses effets les plus graves. Nuance.

Paradoxalement, dans cette étude de petite taille, les symptômes furent plus fréquents chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.

Ce qui est très douteux.

À la suite de la vaccination de milliards de personnes, l’expérience prouve sans l’ombre d’un doute que les vaccins disponibles en Occident protègent contre toutes les conséquences de l’infection au Covid-19, des effets les plus graves aux plus légers.

Après la contamination post-vaccinale, l’autre surprise de cette étude fut la quantité de virus dans le nez et la gorge des personnes atteintes. C’est ce qu’on appelle la charge virale.

Deux-cent-onze prélèvements eurent pour but de mesurer cette charge virale.

À la surprise des chercheurs, elle était similaire chez personnes atteintes, qu’elles aient été vaccinées ou non.

L’immunité grégaire, un mirage ?

On a toujours cru qu’en cas de contamination post-vaccinale, les personnes vaccinées étaient moins contagieuses ou ne l’étaient pas du tout.

Si les résultats de cette étude sont confirmés par des études de plus grande envergure, cela signifie que l’immunité grégaire est impossible à atteindre.

En effet, on atteint cette immunité lorsque le pourcentage des personnes vaccinées est tel que ces derniers brisent la chaine de transmission du virus.

En d’autres mots, c’est lorsque les vaccinés servent de boucliers aux non-vaccinés.

Si ce n’est pas le cas, les non-vaccinés ne peuvent plus compter sur la vaccination des autres pour se protéger du virus.

En effet, si les vaccinés, au lieu d’être leurs protecteurs, servent eux-mêmes à propager le virus, les non-vaccinés sont faits comme des rats; il leur sera impossible d’échapper à la contamination.

Voilà pourquoi les autorités sanitaires américaines recommandent maintenant le port généralisé du masque dans les lieux publics intérieurs situés dans les régions où la pandémie fait rage.

Alors que l’imposition du port du masque a suscité préalablement la vive opposition d’une partie de la population américaine, des sondages récents montrent que la majorité des gens, de guerre lasse, sont plutôt d’accord avec cette mesure.

Une vague brutale et éphémère

Deux études chinoises récentes nous permettent de comprendre l’extrême contagiosité du variant Delta.

En premier lieu, cette contagiosité est liée à la vitesse de contamination de la personne atteinte. Au lieu d’être contagieuse quatre jours après avoir contracté le Covid-19 ‘classique’ — soit la veille de l’apparition des symptômes — la personne atteinte par le variant Delta le devient au bout de seulement deux jours, soit bien avant de devenir symptomatique.

De plus, la charge virale des personnes atteintes par ce variant est 1 260 fois plus élevée que ce qui est mesuré lorsqu’on est atteint par le Covid-19 ‘classique’.

Ce que ne contredit pas l’étude américaine puisque cette dernière comparait la charge virale provoquée par une même souche (le variant Delta) chez deux populations différentes; l’une vaccinée et l’autre qui ne l’est pas. Alors que l’étude chinoise comparait la charge virale lors des contaminations par deux souches différentes de Covid-19.

Dans un autre ordre d’idée, le mois passé, le Québec se trouvait dans l’œil de la tornade; partout autour de nous — au Canada anglais, aux États-Unis et en Europe — on assistait à une augmentation fulgurante des cas.

Cette flambée des cas s’est accompagnée de très peu de morts en raison du taux très élevé de vaccination chez les vieillards. Ce qui prouve bien l’efficacité des vaccins.

Mais dans les autres tranches d’âge, on assiste à une augmentation importante des hospitalisations, dont celles aux soins intensifs. Ces admissions concernent essentiellement de jeunes adultes et des adolescents, les uns et les autres parmi les non-vaccinés.


 
On peut anticiper que dès que le variant Delta manquera de combustible, ce feu de brousse sanitaire, aussi violent qu’éphémère, s’estompera comme ce fut le cas en Inde.

D’ici là, la contamination massive des écoles primaires — où aucune mesure sérieuse de mitigation n’est prévue au Québec — devrait faire en sorte que les jeunes écoliers serviront de chevaux de Troie pour amener la pandémie dans l’intimité même de toutes les familles insuffisamment immunisées.

Le véritable choix des non-vaccinés n’est pas entre recevoir ou non le vaccin, mais plutôt entre être immunisés par le biais d’une vaccination généralement inoffensive ou d’être immunisés ‘naturellement’ en attrapant un virus potentiellement mortel.

Références :
Le Covid-19 à l’école primaire : la CAQ met en péril la santé de nos enfants
Covid-19 : le secret de la contagiosité du variant Delta
Covid-19 : résultats des quatre premiers mois de la vaccination en Israël
Outbreak of SARS-CoV-2 Infections, Including COVID-19 Vaccine Breakthrough Infections, Associated with Large Public Gatherings — Barnstable County, Massachusetts, July 2021
Why has the CDC stopped collecting data on breakthrough Covid cases?

Parus depuis :
L’éphémère retour à la normale de Provincetown (2021-08-08)
Le rêve « utopiste » de l’immunité collective contre la COVID-19 (2022-05-01)

Postscriptum du 21 aout 2021 : Trois jours après la publication de ce texte, Andrew Pollard — directeur de l’Oxford Vaccine Group, responsable du développement du vaccin d’AstraZeneca — a déclaré au parlement britannique : « Avec ce variant [Delta], nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible à atteindre, car il infecte toujours les individus vaccinés.»

Référence : Peut-on encore espérer atteindre l’immunité collective avec le variant Delta ?

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le combat ‘existentiel’ des non-vaccinés contre le passe sanitaire

Publié le 5 août 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Selon ses opposants, le certificat de vaccination contre le Covid-19 n’est qu’un instrument destiné à marginaliser les personnes qui refusent de se faire vacciner. Pour eux, c’est un moyen détourné de les forcer à accepter une vaccination à laquelle ils sont hostiles.

Effectivement, le passe sanitaire est un document étatique qui permet à des entreprises privées d’exiger la vaccination complète pour pénétrer dans un endroit clos (un avion, un cinéma, une salle de spectacle ou un restaurant, par exemple).

Certaines grandes compagnies américaines ont annoncé leur intention d’imposer la vaccination à tous leurs employés. Puisqu’elles n’administreront pas le vaccin elles-mêmes, c’est par le biais d’un certificat de vaccination qu’elles sauront qui est vacciné et qui ne l’est pas.

Aux yeux de ceux qui s’opposent aux mesures sanitaires (et plus particulièrement aux vaccins), tout cela représente des portes qui se referment sur eux.

Comme autrefois, lorsque peu à peu les fumeurs étaient exclus des milieux de travail et des lieux clos.

Bref, pour les antivaccins, la lutte contre le passe sanitaire est un combat existentiel. Malheureusement pour eux — ou heureusement pour eux, selon le point de vue — c’est un combat perdu d’avance.

Le statut vaccinal, comme n’importe quel élément du dossier médical d’une personne, appartient à cette personne. C’est son droit d’accéder à son dossier et de partager les informations confidentielles qui s’y trouvent avec qui elle voudra.

Si je veux révéler être atteint d’hypertension — ce qui n’est pas mon cas — ce serait mon droit si tel était le cas.

Et si je veux montrer à une compagnie aérienne (ou à toute autre entreprise) que je suis complètement vacciné, cela ne regarde que moi.

La pandémie au variant Delta est essentiellement une pandémie des non-vaccinés.

Ce sont donc nous tous qui payons pour que nos médecins soignent ou tentent de sauver la vie de ceux qui choisissent d’ignorer les mesures sanitaires.

Du coup, si les non-vaccinés trouvent injuste leur marginalisation, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes.

Être adulte, c’est assumer les conséquences de ses choix.

À moins de raisons religieuses ou médicales, nous devons tous être vaccinés.

Le temps des hésitations est terminé.


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution au cours des sept premiers mois de 2021

Publié le 1 août 2021 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.

Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour du mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Aout
Pérou 1136 1239 1403 1561 1843 2077 5753 5869
Hongrie 1002 1304 1561 2177 2874 3088 3113 3117
Bosnie-Herzég. 1249 1445 1552 2044 2620 2842 2965 2973
Rép. Tchèque 1093 1529 1909 2479 2733 2808 2825 2831
Bulgarie 1099 1322 1491 1927 2382 2569 2620 2643
Macédoine du N. 1205 1376 1509 1829 2348 2603 2633 2637
Brésil 916 1055 1198 1523 1901 2175 2430 2600
Colombie 850 1060 1168 1240 1446 1738 2083 2351
Argentine 954 1062 1145 1229 1407 1728 2078 2317
Slovaquie 412 863 1331 1793 2148 2262 2290 2296
Belgique 1681 1815 1899 1979 2083 2145 2163 2168
Slovénie 1312 1694 1854 1950 2048 2105 2125 2130
Italie 1235 1471 1622 1819 2004 2090 2113 2122
Paraguay 315 380 445 590 899 1274 1786 2081
Croatie 968 1236 1354 1460 1746 1968 2012 2026
Pologne 766 984 1158 1419 1796 1953 1985 1991
Royaume-Uni 1089 1565 1805 1860 1870 1873 1878 1900
États-Unis 1074 1367 1586 1704 1776 1834 1864 1889
Mexique 971 1222 1430 1567 1668 1717 1789 1848
Chili 868 965 1075 1213 1374 1523 1690 1841
Roumanie 826 960 1065 1237 1474 1588 1772 1795
Équateur 790 837 888 946 1048 1153 1206 1764
Espagne 1087 1263 1488 1615 1672 1710 1729 1742
Uruguay 55 127 175 288 766 1246 1612 1711
France 991 1171 1328 1468 1601 1677 1698 1710
Portugal 685 1253 1607 1657 1669 1674 1682 1709
Tunisie 398 572 674 742 907 1066 1262 1661
Lithuanie 588 1046 1199 1330 1463 1591 1633 1647
Panama 935 1216 1341 1402 1426 1456 1493 1557
Arménie 953 1040 1077 1191 1391 1497 1522 1556
Moldavie 746 855 987 1242 1447 1519 1539 1555
Bolivie 780 882 989 1041 1099 1229 1417 1506
Géorgie 634 802 884 950 1037 1206 1338 1470
Suède 861 1144 1265 1330 1384 1419 1436 1438
Lettonie 343 641 866 1023 1145 1274 1351 1372
Québec 958 1157 1214 1246 1276 1311 1321 1324
Suisse 882 1087 1148 1189 1221 1243 1250 1250
Grèce 469 561 629 786 1007 1168 1224 1249
Ukraine 428 522 598 764 1021 1166 1205 1219
Afrique du Sud 484 743 836 884 908 943 1016 1201
Autriche 693 861 948 1036 1131 1172 1182 1185
Namibie 80 136 165 204 248 330 601 1180
Liban 240 462 697 924 1074 1138 1156 1164
Allemagne 410 696 845 920 996 1063 1089 1096
Russie 394 504 592 680 757 835 931 1091
Iran 655 686 710 740 849 945 992 1069
Pays-Bas 672 817 908 965 1000 1027 1033 1038
Irlande 453 667 868 945 984 991 1001 1008
Costa Rica 427 514 546 577 629 793 909 978
Jordanie 376 422 460 675 862 920 947 974
Estonie 180 324 451 684 878 948 956 958
Albanie 411 484 631 779 833 853 854 855
Serbie 373 463 512 614 733 789 810 818
Bahreïn 201 214 257 297 368 575 769 784
Honduras 315 361 415 459 526 632 696 778
Trinité-et-Tobago 91 96 99 104 122 362 610 772
Oman 286 292 300 320 383 449 598 734
Israël 365 524 626 676 692 688 689 695
Palestine 273 354 396 510 625 672 683 689
Eswatini 185 492 558 571 573 575 578 680
Botswana 18 66 150 268 323 386 483 653
Turquie 248 307 337 374 476 560 584 603
Guatemala 263 310 350 375 412 446 507 570
Koweït 218 223 252 307 365 413 460 537
RoC* 256 354 401 426 461 495 518 527
                 
Japon 27,4 45,3 62,5 72,7 81,1 103,6 117,3 120,6
Corée du Sud 17,9 27,8 31,3 33,8 35,7 38,3 39,4 40,9
Hong Kong 19,7 24,3 26,7 27,3 27,8 27,8 27,9 28,0
Taïwan 0,3 0,3 0,4 0,4 0,5 5,7 27,7 33,1
Vietnam 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,5 0,8 13,3
Singapour 4,9 4,9 4,9 5,1 5,3 6,0 6,1 6,3
Chine 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

En juillet, les augmentations les plus importantes ont été rapportées en Namibie (+579), en Équateur (+558), en Tunisie (+399) et au Paraguay (+295).

Mentionnons que la situation se dégrade légèrement (toutes proportions gardées) au Vietnam.

La vaccination a commencé au Canada à la mi-décembre 2020. Depuis le 1er janvier 2021, dans les provinces anglophones du Canada — où la vaccination respecta généralement la posologie des fabricants — il y eut 26 % moins de morts supplémentaires par million d’habitants (271 vs 366) qu’au Québec, où on a plutôt privilégié l’administration d’une première dose au plus grand nombre de gens possible.

Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Un commentaire

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Encore et toujours plus de glyphosate

Publié le 22 juillet 2021 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Jusqu’à mardi dernier, les Canadiens pouvaient se prononcer sur l’intention d’Ottawa de hausser les limites maximales de glyphosate — l’ingrédient actif du RoundUp™ de Mosanto/Bayer — dans les céréales et les légumineuses produites au Canada ou importées au pays.

La ‘norme’ du blé

Hausser la teneur en glyphosate permise dans le blé, cela se répercute sur le pain, toute la boulangerie, les pâtes alimentaires et certaines bières. Soit les fondements de notre alimentation.

Au moment où le glyphosate a été commercialisé, la ‘norme’ canadienne était de 0,1 partie par million (ppm) ou cent milligrammes de glyphosate par tonne de blé.

Au fur et à mesure qu’on utilisait le glyphosate à tort et à travers, le gouvernement canadien normalisait les abus en haussant les teneurs maximales permises.

C’est ainsi que les taux permis ont augmenté de cinquante fois pour passer de 0,1 à 5,0 ppm, notamment en raison de la maturation chimique du blé, c’est-à-dire de l’habitude d’empoisonner le blé afin de hâter sa récolte.

Au lieu de réduire les graines ainsi récoltées en farine, si on les semait, rien ne pousserait tellement ce blé est empoisonné.

Ottawa veut maintenant tripler la limite maximale permise dans le blé pour la faire passer à 15,0 ppm.

Cette limite est de 10 ppm en Europe. Cela signifie que si un agriculteur européen se trompe en mesurant son glyphosate et que son blé est interdit dans son pays, les assiettes des consommateurs canadiens lui serviront de poubelles. Au grand plaisir des importateurs canadiens qui pourront obtenir ce blé à bon prix.

Pour l’instant, les agriculteurs canadiens se réjouissent qu’Ottawa les laisse libres d’utiliser trois fois plus de glyphosate. Mais ils seront les premiers à se plaindre lorsque le blé jugé dangereux ailleurs sera l’objet de dumping sur le marché canadien.

Des normes qui ne veulent rien dire

À l’heure actuelle, les teneurs maximales permises de glyphosate varient de 0,5 ppm dans l’asperge à 200 ppm dans la luzerne.

Non pas que le glyphosate soit différent et moins dangereux dans la luzerne, mais parce que ce défoliant est inoffensif pour la luzerne génétiquement modifiée vendue au Canada. Et comme cet OGM en contient beaucoup, on en permet plus.

En réalité, les normes canadiennes n’obéissent à aucune logique. Ce sont des normes de complaisance adoptées pour rassurer les consommateurs.

Dès qu’on découvre que plus d’un pour cent des aliments dépassent les normes permises, on s’empresse de hausser ces dernières pour pouvoir dire que l’immense majorité des aliments respectent les normes.

Et plus on hausse les normes avant que l’abus soit généralisé, plus on permet à l’abus de se développer sous le couvert d’une norme plus permissive.

On ne s’étonnera donc pas que Mosanto/Bayer soit à l’origine de la demande de révision des normes. C’est ce que le quotidien La Presse révèle ce matin.

On peut présumer que cette compagnie a découvert une manière d’augmenter le rendement de la culture des céréales et des légumineuses en les empoisonnant avec encore plus de glyphosate.

Le fond du problème

Dès le départ du processus d’homologation du RoundUp™, Mosanto a fait accepter par les autorités sanitaires le principe que tout ingrédient dépourvu de propriétés défoliantes est présumé inoffensif.

Pulvérisé sur le feuillage des mauvaises herbes, le glyphosate y glisserait comme de la pluie s’il n’était pas accompagné d’additifs extrêmement chimiques qui forcent les feuilles à se laisser traverser lorsque ce poison est pulvérisé sur elles.

Car le glyphosate tue une plante après avoir été absorbé par ses feuilles et non bu par ses racines. S’il fallait compter sur le glyphosate qui mouille le sol, il en faudrait beaucoup plus. Ce qui serait contraire… aux normes actuelles.

La raison fondamentale pour laquelle celles-ci sont de plus en plus permissives, c’est que les autorités règlementaires sont convaincues depuis longtemps de l’absence de toxicité du glyphosate.

Il y a bien eu des études indépendantes qui suggèrent que le glyphosate est un cancérigène probable. Mais à l’opposé, il existe un très grand nombre d’études réalisées par le fabricant qui prouvent le contraire.

Parce qu’il a payé pour ces études, Mosanto estime qu’elles lui appartiennent. Du coup, il en interdit la publication.

Complices, les autorités règlementaires acceptent de les prendre en considération sans en révéler le contenu. Ce qui rend totalement opaque le processus d’homologation.

Malgré cela, des fuites ont révélé qu’une partie de ces études ont été rédigées par des employés de Mosanto/Bayer et signées par des médecins corrompus.

Et puisqu’une autre corruption, celle au sein du gouvernement fédéral, est un sujet tabou, il se pourrait qu’on apprenne un jour que Mosanto/Bayer distribue les faveurs à des hauts fonctionnaires qui préfèrent se plier à sa volonté plutôt qu’à celle du peuple.

D’ici là, il nous faudra accepter que de plus en plus de céréales et de légumineuses soient empoisonnées au glyphosate; c’est le prix du fédéralisme canadien.

Précisons que la maturation chimique des récoltes par ce défoliant est interdite en Italie, en Autriche, en Belgique, et en République tchèque, c’est-à-dire dans un pays où on consomme beaucoup de pâtes et dans trois autres dont l’importance démographique se compare à celle du Québec. Bref, des pays sans doute plus à l’écoute de leur population.

Références :
Glyphosate
Glyphosate – À n’y rien comprendre
Ottawa, nid de corruption
Roundup : condamnation de Monsanto confirmée en appel en Californie
Santé Canada veut autoriser plus de pesticide glyphosate sur des aliments

Parus depuis :
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)
« Tiger Team » : quand fonctionnaires et lobbyistes coopèrent dans l’ombre (2023-09-26)

Postscriptum du 5 aout 2021 : À la suite du tollé provoqué par cette annonce, le gouvernement canadien a renoncé pour l’instant à toute hausse de pesticides avant une revue complète du processus décisionnel à ce sujet.

Référence :
Ottawa suspend tous les projets de hausse des limites de pesticides dans les aliments

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Un commentaire

| Environnement, le prix du fédéralisme, Nourriture, Politique canadienne, Pollution, Santé | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel