Histoire d’un fiasco – 3e partie : la lutte québécoise contre le Covid-19 en avril 2020

Publié le 30 avril 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

Dans tous les pays occidentaux, les premiers cas de Covid-19 apparurent dans la deuxième moitié de février 2020. Officiellement, le premier cas québécois fut déclaré le 27 février 2020.

Le mois suivant fut celui des premières pertes de vie. Ce fut aussi celui de la commercialisation des premiers tests de dépistage.

Au 1er avril, le Québec comptait déjà trente-et-un décès causés par la pandémie. Cinq jours plus tard, il y en avait trois fois plus. Encore cinq jours de plus et le nombre triplait encore.

Si bien qu’entre le 1er avril et le 1er mai, le nombre cumulatif de morts était passé de 31 à 2 022 au Québec, soit une hausse de 6 522 % en un mois.

Le sommet de la première vague fut atteint au Québec au cours de la semaine du 26 avril.

Pendant ce temps, la Nouvelle-Zélande profitait de son confinement pour se lancer dans une recherche à grande échelle des foyers résiduels d’infection. Ce qui lui permit, en avril, d’éradiquer (ou presque) le Covid-19 de son territoire.

Mais ce ne fut pas le cas au Québec.

Les études ont démontré qu’au cours de la première vague, la population québécoise était celle qui, en Amérique du Nord, avait le mieux respecté les consignes sanitaires.

L’ampleur meurtrière de cette première vague est à la fois d’origine structurelle (résultant d’un sous-financement chronique de notre système de Santé) et causée par les choix des autorités sanitaires du Québec.

Voyons comment.

En raison de l’omerta instaurée par la réforme Barrette dans les établissements de Santé du Québec, l’hécatombe — qui frappait à plus de 80 % les pensionnaires de nos hospices — fut rendue publique lorsqu’il était déjà trop tard.

Les causes de cette hécatombe sont à la fois multiples et causées par le refus des responsables de la lutte sanitaire au Québec d’appliquer le principe de précaution :
• la négligence de se procurer de l’équipement de protection lorsque cela fut possible,
• l’interdiction de porter un masque pour certaines catégories d’employés,
• l’obstination à croire que seules les personnes symptomatiques sont contagieuses,
• l’obligation pour le personnel de travailler quand même dans l’attente des résultats d’un test de dépistage à la suite de l’apparition des premiers symptômes,
• les délais excessifs à obtenir les résultats d’un test,
• la difficulté d’effectuer une recherche de contacts lorsque ces délais s’allongent,
• le va et viens entre les zones très contaminées et celles qui ne l’étaient pas dans les établissements de Santé,
• le recours à des agences privés qui ont propagé la pandémie d’un établissement de Santé à l’autre.

Dès la mi-avril, la Santé publique avait perdu le contrôle, de même que l’espoir de maitriser la situation.

Voilà pourquoi les responsables de la lutte sanitaire annonçaient leur intention de laisser se développer l’immunité ‘naturelle’ au sein de la population québécoise.

En clair, cela signifie laisser les gens l’attraper. On a même poussé le zèle jusqu’à déconseiller l’adoption de mesures permettant réellement à la population de se protéger, notamment par le port du masque.

Aux yeux des autorités sanitaires, favoriser la contagion était devenu un mal nécessaire permettant de hâter le retour à la vie normale.

On s’y était résigné après un premier mois de confinement qui s’est avéré déprimant.

En effet, depuis le 13 mars, la population québécoise vivait confinée. En principe, rien n’est plus efficace qu’un confinement pour maitriser une pandémie.

Pourtant, de la semaine du 15 mars à la semaine du 12 avril, le nombre de personnes ayant attrapé le Covid-19 explosait de 558 à 19 528. Et le nombre de morts de 5 à 1 275. En quatre semaines…

Pressés d’expliquer cela, les autorités pouvait dire que la situation serait bien pire sans le confinement. Ce qui est évident.

Mais tout aussi évidente était l’insuffisance des mesures employées.

Convaincus que se battre contre cette pandémie, c’était comme vouloir arrêter le vent, les autorités sanitaires sont arrivés à la conclusion qu’il ‘faillait faire avec’.

Quand les gens qui sont payés pour nous protéger y renoncent, on a un sérieux problème.

Relayé par les experts médicaux qui œuvraient dans les médias, ‘laisser se développer l’immunité naturelle’ est aussitôt devenu une doctrine sanitaire alors qu’il s’agissait plutôt d’une capitulation.

(À suivre)

Références :
À la grâce de Dieu
Covid-19 : évaluation actuelle de l’importance des porteurs asymptomatiques
Covid-19 : Évolution en cinq jours
Covid-19 : la cigale québécoise
Covid-19 : l’art d’éviter 250 000 morts au Canada
Le cauchemar, revisité
Covid-19 : Les pays les plus touchés au 1er avril
Données COVID-19 au Québec
Legault mise sur l’«immunité naturelle» des Québécois

Parus depuis :
Réorganiser les soins de longue durée à la lumière de la pandémie (2021-04-30)
Les Québécois ont largement suivi les règles, révèle une étude (2022-02-10)
COVID longue : Des milliers de travailleurs de la santé atteints (2023-09-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : l’Inde et la démocratie

Publié le 29 avril 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Ce sont les voyageurs internationaux qui ont répandu le Covid-19 en début de pandémie.

Et parce que l’immense majorité des gens qui vivent dans des pays pauvres n’ont pas les moyens de voyager à l’Étranger, ces pays avaient dès le départ beaucoup moins de foyers d’infection.

Aussi récemment que le premier de ce mois-ci, l’Inde comptait officiellement quinze fois moins de morts par million d’habitants que les États-Unis.

Les analystes se succédaient à la télé pour expliquer le ‘miracle indien’.

Essentiellement, il tenait à trois choses, disait-on.

Premièrement, ce pays possède une population plus jeune. Donc moins susceptible d’en mourir; l’âge médian y est de 28 ans.

Deuxièmement, ne pouvant s’offrir le luxe de la climatisation, des millions de personnes vivent dans des habitations bien aérées, où portes et fenêtres sont grandes ouvertes le jour. Ce qui empêche l’accumulation de particules virales en suspension dans l’air. D’autres travaillent aux champs ou dans des marchés publics.

Et dernièrement, l’Inde fait partie des pays où, très souvent, les habitations sont multigénérationnelles. Ce qui diminue les risques associés à la concentration de retraités dans un même lieu.

Mais voilà qu’un mois plus tard, on assiste à une augmentation fulgurante du nombre des décès.

Si bien que le ‘miracle indien’ fait place à un bien triste spectacle; des hôpitaux submergés, ces gens qui meurent à l’extérieur en attendant leur tour, des patients admis mais incapables de recevoir les soins appropriés, etc.

Qu’est-ce qui explique ce renversement de situation ?

Des élections municipales ont eu lieu tout le mois d’avril, attirant des foules impressionnantes formées de partisans enthousiastes.

De plus, les célébrations de la fête des couleurs (ou Holi), les 28 et 29 mars derniers, ont provoqué une exubérance qui n’était pas propice au respect des mesures sanitaires.


 
Même si le nombre de morts par million d’habitants est encore bien moindre qu’en Occident, ce ne sera plus le cas bientôt en raison de l’augmentation exponentielle du nombre des décès.

Il est difficile de ne pas faire de comparaison entre les deux pays les plus peuplés du monde; l’Inde et la Chine.

Je suis de ceux qui croient que le communisme, lorsqu’il entretient la solidarité, est plus apte à protéger la population de certains pays contre de grands périls.

Surtout quand on se rappelle que jusqu’à tout récemment, la plus puissante démocratie au mode était dirigée par une personne inapte à la fonction de chef d’État.

Référence :
‘We are not special’: how triumphalism led India to Covid-19 disaster

Paru depuis :
Le Covid-19 a fait entre 3,2 et 3,7 millions de morts en Inde, loin des chiffres officiels (2022-02-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la vaccination des enseignants

Publié le 27 avril 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

À l’Assemblée nationale, il y a deux types de questions qui se distinguent par leur longueur.

Les questions principales peuvent durer jusqu’à 90 secondes. Chacune d’elles peut être suivie d’un maximum de deux questions complémentaires portant sur le même sujet : leur durée est limitée à 45 secondes.

L’extrait ci-dessous, survenu le 20 avril dernier, est à la fois instructif et caractéristique du dialogue de sourds qu’on peut souvent observer entre les parlementaires.

Cliquez sur l’image pour démarrer

La question principale

À sa question principale, le porte-parole de Québec Solidaire en matière de Santé expose les difficultés rencontrées par les enseignants à se faire vacciner.

Comme tous les travailleurs à plein temps, ils peinent à trouver un rendez-vous. D’où l’idée de sa formation politique d’offrir une pause-vaccin à tous les travailleurs (dont les professeurs) afin de leur permettre de se faire vacciner durant leurs heures de travail.

À juste titre, le ministre de la Santé lui répond que des pauses-vaccin ne règleraient pas le problème des professeurs puisque la pénurie d’enseignants est telle qu’ils seraient incapables de trouver un remplaçant.

Voilà pourquoi il est heureux d’annoncer que bientôt plus de plages horaires seront offertes le soir et les fins de semaine, permettant ainsi aux enseignants de trouver le temps de se faire vacciner.

La première question complémentaire

Le député profite alors du temps alloué pour sa première question complémentaire pour reprocher au gouvernement de prétexter une pénurie qu’il n’a pas su corriger pour ne pas vacciner les enseignants le plus tôt possible.

Visé par le reproche du député, le ministre de l’Éducation lui répond qu’une pénurie comme celle qui frappe depuis des années le milieu de l’éducation du Québec, cela ne se corrige pas du jour au lendemain.

La deuxième question complémentaire

C’est alors que le député de Québec Solidaire sort de sa manche un argument-choc; pourquoi le gouvernement accepte que des grandes entreprises privées vaccinent leurs employés au travail alors qu’il est incapable, en tant qu’employeur, d’offrir le même service à ses propres employés, notamment ses enseignants ?

Pris de court, le ministre de la Santé lui offre une réponse technocratique; le Comité d’immunisation du Québec (CIQ) a fixé des priorités. Les professeurs sont dans la catégorie 9. On les vaccinera lorsqu’on sera rendu là.

Commentaire

Si le ministre avait eu plus de temps pour y penser, il aurait pu répondre que si on envoyait des infirmières faire le tour des écoles, chaque infirmière pourrait vacciner tous les enseignants et le personnel de soutien en quelques heures.

Toutefois, sa productivité serait moindre puisqu’une partie de son temps serait occupée à se déplacer d’une école à l’autre. Alors que lorsqu’elle travaille dans un centre de vaccination, elle vaccine à répétition du matin au soir.

En d’autres mots, la suggestion de Québec Solidaire, excellent au premier coup d’œil, correspondrait à un ralentissement de la vaccination pour l’ensemble de la population.

Mais si le ministre avait répondu cela, on pourrait lui faire remarquer que si son ministère avait fait adopter un règlement de délégation d’actes qui autorise de simples préposés — formés rapidement mais adéquatement — à procéder à la vaccination, on n’aurait pas ce dilemme entre décider d’avoir une infirmière au centre de vaccination ou décider de l’avoir sur les lieux de travail.

On pourrait même déployer des équipes de vaccination sur l’ensemble du territoire plutôt que de les réserver aux grands centres urbains.

Je sais que le gouvernement déteste les ‘on-aurait-donc-dû’. Sauf qu’il s’agit ici d’une suggestion émise sur ce blogue voilà des mois, qui lui a été transmise, dont il a accusé réception, et qu’il a choisi d’ignorer.

Références :
Covid-19 : un plan d’éradication du virus
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale

Complément de lecture :
Hommage aux professeurs d’école primaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : où en est la vaccination au 24 avril 2021 ?

Publié le 25 avril 2021 | Temps de lecture : 1 minute

En ordre décroissant, voici les pays dont la population est la mieux protégée par la vaccination. Sous le Canada sont représentés quelques pays partiellement ou totalement francophones.

Puisque les vaccins présentement homologués sont principalement des vaccins à deux doses, on ne devrait pas s’étonner que nombre de vaccins administrés par tranche de cent personnes dépasse parfois le chiffre de cent.

Ce tableau est complété par le nombre cumulatif de morts par million d’habitants.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des populations les plus vaccinées

Pays Vaccins pour cent Morts par million
Israël 119,9 690
Émirats arabes unis 103,1 157
Chili 73,8 1 337
Bahreïn 66,4 354
États-Unis 67,5 1 762
Royaume-Uni 67,1 1 869
Hongrie 53,1 2 762
Qatar 48,4 149
Serbie 47,5 711
Uruguay 46,1 655
Singapour 37,8 5
Islande 33,2 85
Lithuanie 32,2 1 430
Canada 31,3 629
     
Belgique 29,4 2 063
France 28,2 1 571
Suisse 26,3 1 217
Maroc 24,2 241
Liban 5,5 1 047
Algérie 0,2 72


Références :
Cumulative COVID-19 vaccinations per 100 people
Covid-19 Coronavirus Pandemic

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le citron

Publié le 24 avril 2021 | Temps de lecture : 3 minutes
Mesures sanitaires recommandées au cours de la première vague

Le Dr Horacio Arruda porte deux chapeaux.

En tant que directeur de la Santé publique du Québec, son rôle en temps de pandémie est de nous protéger contre la contagion. En tant que sous-ministre, il est le gestionnaire en chef du réseau de la Santé.

Depuis des décennies, partout en Occident, ces gestionnaires sont animés par une conception néolibérale qui consiste à toujours chercher à faire plus avec moins. Pour ces gens, on ne dépense pas l’argent des contribuables pour rien.

Mais il y a un temps pour tout, y compris pour la gestion fiscalement responsable de l’État.

Plutôt que d’appliquer le principe de précaution — comme le ferait tout bon directeur de la Santé publique — il a agi comme tout bon sous-ministre, préférant attendre de voir si cette pandémie était aussi mortelle qu’on le disait avant d’engager des millions$ à l’achat d’équipement de protection.

Ignorer les indices selon lesquels cette pandémie s’attrape par des gouttelettes respiratoires, mettre en doute les premières preuves à ce sujet, exiger toujours plus d’études avant de mettre en œuvre des mesures ambitieuses destinées à protéger la population, c’est l’attitude d’un sous-ministre soucieux de ne pas engager des dépenses qui pourraient ultérieurement s’avérer être inutiles.

Ce n’est pas l’attitude d’un directeur de Santé publique soucieux du principe de précaution.

Et le résultat, c’est que la lutte québécoise contre cette pandémie a été un fiasco, haussant en octobre dernier le Québec au troisième rang mondial quant au nombre de morts par million d’habitants (mpm), soit 734 mpm au Québec (versus 135 mpm pour le reste du Canada).

C’était une grave erreur de confier cette lutte sanitaire à quelqu’un qui, dès le départ, a renoncé à la mener, convaincu qu’il faut laisser se développer l’immunité ‘naturelle’, c’est-à-dire laisser les gens l’attraper… tant que cela ne menace pas de saturation le système hospitalier.

Références :
Covid-19 : évolution en six mois
Histoire d’un fiasco

Paru depuis :
Horacio Arruda a empêché la diffusion de données sur le cancer à Rouyn-Noranda (2022-06-20)

Postscriptum du 11 janvier 2022 : Le Dr Horacio Arruda a remis hier sa démission à titre de directeur de la Santé publique du Québec.

Celui-ci a mené une lutte sanitaire caractérisée par la lourdeur administrative, la lenteur à tenir compte des découvertes scientifiques, le manque de perspicacité et la désinvolture face au principe de précaution.

Seul aspect positif de la lutte qu’il a menée, celle-ci aura augmenté le nombre de places disponibles dans les CHSLD du Québec.

Référence : Le Dr Horacio Arruda a remis sa démission

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La contagiosité accrue des variants du Covid-19 et les mesures sanitaires

Publié le 12 avril 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

La distance sanitaire

Lorsqu’on dit qu’un variant est plus contagieux, cela signifie qu’il possède la propriété de se propager plus facilement.

La première conséquence, c’est évidemment qu’une distance sanitaire de deux mètres ne suffit plus.

Depuis toujours, on sait que lorsqu’une personne est contagieuse, plus on s’en éloigne, mieux c’est.

Pour faire simple, les autorités sanitaires ont décrété qu’il suffisait de se tenir à deux mètres de distance les uns des autres pour être en sécurité.

En réalité, imaginer qu’il y aurait une distance magique en deçà de laquelle on coure un grave danger, mais au-delà de laquelle le risque est inexistant, relève de la superstition et non de la science.

Avec les variants, la règle du ‘tenez-vous loin’ est encore plus vraie. Ce qui devient invalide, c’est cette distance sanitaire fixée arbitrairement à deux mètres.

À l’heure actuelle, on ignore la distance qu’il faudrait respecter pour retrouver avec les variants le même degré de protection que procurait une distance de deux mètres avec le Covid-19 ‘classique’.

Depuis des mois, nous nous sommes habitués à respecter les marques au sol indiquant la distance sanitaire à maintenir dans les files d’attente des commerces où nous allons. Avec les variants plus contagieux, ces marques au sol nous protègent moins qu’avant.

Dans les pays qui ont choisi d’éradiquer le virus du territoire national — en Extrême-Orient et en Océanie — ce problème n’existe pas puisque plus personne (ou presque) n’est contagieux.

Dans les pays riches d’Occident, la stratégie qui consistait à aplatir la courbe est un fiasco généralisé. Avec les variants, il ne s’agit plus d’un fiasco, mais d’une catastrophe sanitaire partout où on vaccine à pas de tortue.

La nécessité du masque N95 (ou mieux)

La lutte sanitaire au Québec reposait originellement sur deux mesures; le lavage des mains (la moins efficace des mesures contre le Covid-19) et la distance sanitaire de deux mètres (qui ne veut plus dire grand-chose).

À cela, les autorités ont ajouté, des mois trop tard, l’exigence du port du masque.

Vingt-trois jours après le premier mort de Covid-19 au Québec, j’ai été parmi les toutes premières personnes à prendre position publiquement en faveur du port du masque.

À l’époque où les masques N95, les masques chirurgicaux et même les masques artisanaux étaient rares, j’ai créé et publié gratuitement un patron afin d’aider ceux qui voudraient s’en faire.

Mais les temps changent.

Un an plus tard, je ne recommande plus le port des masques artisanaux (dont le mien) ni celui des masques chirurgicaux.

Avec la contagiosité phénoménale des variants, tous devraient porter un masque N95 (ou mieux) en public, particulièrement dans les endroits clos.

Les ‘traceurs’ téléphoniques

En juin 2020, j’avais prédit l’échec des outils téléphoniques destinés à automatiser la recherche de contacts.

De nos jours, on n’en entend plus parler.

Avec ces nouveaux variants qui nécessitent qu’on s’éloigne davantage les uns des autres, toutes ces applications — basées sur une distance sanitaire de deux mètres — devront être mis à jour… en supposant que leurs programmeurs croient encore à la pertinence de ces logiciels inutiles.

Références :
Covid-19 : ‘aplatir la courbe’ ne suffit pas
Covid-19 : la nécessité du port du masque
Covid-19 : les outils de recherche de contacts
Résumé des mesures à prendre contre le Covid-19
Une publicité déplorable
Un patron de masque artisanal contre le Covid-19

Parus depuis :
Même vaccinée, une femme de 50 ans est sous oxygène à cause d’un variant (2021-04-08)
Les vaccins seuls ne pourront vaincre les variants (2021-04-14)
Taux d’utilisation famélique pour Alerte COVID (2021-04-19)
Concert test en Espagne : « Aucun signe » de contagion au coronavirus détecté un mois après (2021-04-27)
Un premier cas de variant indien au Québec (2021-04-21)
Application Alerte COVID : le Québec en queue de peloton (2021-05-06)
Covid Delta variant is ‘in the air you breathe’: what you need to know about Sydney outbreak strain (2021-06-24)
Le N95 protège mieux que le masque médical, selon une experte des aérosols (2022-01-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : pour une diplomatie des respirateurs

Publié le 7 avril 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Au début de la pandémie, les machines servant à maintenir l’oxygénation des patients gravement atteints faisaient partie des équipements essentiels pour combattre la pandémie.

On les appelle parfois ‘ventilateurs’; je préfère l’appellation de ‘respirateurs’ afin d’éviter la confusion avec les appareils domestiques dont on se sert pour faire circuler l’air par temps chaud.

Les connaissances au sujet du Covid-19 ont évolué rapidement. C’est ainsi qu’on a découvert très tôt l’utilité de la cortisone pour maitriser la tempête immunitaire qui s’abattait sur les patients gravement atteints, déclassant ainsi les respirateurs.

Sur les quarante-mille respirateurs commandés, Ottawa en a reçu 27 700, dont seulement deux pour cent ont été acceptés par les provinces (celles-ci se rendant compte qu’elles n’en avaient plus besoin).

Il en reste donc beaucoup, sans compter les douze-mille autres à recevoir.

Au parlement canadien, l’opposition accuse le gouvernement de gaspillage des fonds publics.

En agissant ainsi, les partis d’opposition envoient un très mauvais message; celui qu’ils auraient géré cette crise de manière fiscalement responsable.

Il y a un temps pour toute chose. En temps de guerre, ce n’est pas le temps de rechigner sur le prix des balles.

Si la vaccination en Europe continentale est trop lente (en comparaison avec celle en Grande-Bretagne), c’est justement parce que les fonctionnaires de Bruxelles ont tergiversé afin obtenir le meilleur prix possible pour leurs vaccins.

Si le pourcentage de citoyens complètement vaccinés est beaucoup plus grand aux États-Unis qu’au Canada, c’est entre autres parce que le chéquier de Washington était grand ouvert à tous les fabricants aptes à produire des vaccins aux États-Unis. Le Canada, lui, est pris à attendre les arrivages.

Bref, le gouvernement Trudeau a eu raison d’acheter ces respirateurs parce qu’il s’agissait de décision à prendre lorsqu’elle a été prise.

Quant à la question de savoir ce qu’on devrait faire des respirateurs excédentaires, pourquoi ne pas les donner aux pays en voie de développement ?

D’après ce que j’ai cru comprendre, ces respirateurs sont produits au Canada. Si tel est le cas, dans quelques années, lorsque ces appareils commenceront à devenir défectueux, les hôpitaux étrangers qui voudront les réparer se tourneront vers notre pays pour remplacer leurs pièces défectueuses.

N’est-ce pas une manière de se faire de nouveaux clients ?

À l’heure actuelle, la Chine et la Russie se font des amis en offrant leurs vaccins à tous les pays qui en demandent. C’est ce qu’on appelle la diplomatie des vaccins.

Au lieu de critiquer ces deux pays, imitons leurs bonnes idées; soyons utiles et créons la diplomatie des respirateurs

Référence :
Croulant sous les ventilateurs inutilisés, Ottawa essaie d’annuler les contrats restants

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les féminicides pandémiques

Publié le 4 avril 2021 | Temps de lecture : 3 minutes
Un cas de violence conjugale

En 2020, cinq Québécoises sont décédées de violence conjugale. Depuis le début de cette année, huit autres se sont ajoutées en huit semaines.

Ces décès sont la pointe de l’iceberg; combien de femmes sont violentées sans que leurs agresseurs aillent jusqu’à les tuer ?

Dans plusieurs villes du Québec, des manifestations ont été organisées. Les protestataires réclament des campagnes médiatiques contre la violence faite aux femmes et plus de fonds pour les refuges de femmes violentées, débordés à la tâche.

Le gouvernement québécois a répondu favorablement à ces demandes.

En réalité, le plus grand féminicide est celui causé par la pandémie. Depuis le 1er janvier de cette année, plus de 1 750 Québécois sont morts du Covid-19, soit un peu plus de 875 femmes.

Non seulement est-ce cent fois plus que le nombre de féminicides causés par la violence conjugale, mais même cette dernière est en bonne partie liée à la pandémie.

Lorsqu’on oblige des conjoints qui se détestent à vivre confinés, lorsque la fermeture (temporaire ou définitive) de milliers de petites entreprises fait en sorte que des couples sans souci sont soudainement confrontés à des problèmes financiers insurmontables, cela crée une situation propice à l’émergence de conflits entre les conjoints.

Dans les pays qui ont brillamment éradiqué la pandémie sur leur territoire, la violence faite aux femmes existe. Mais il n’y a pas de flambée de cas comme au Québec. Cette flambée est le résultat de la gestion néolibérale de la pandémie.

Celle-ci proclame la nécessité de laisser se développer l’immunité ‘naturelle’, c’est-à-dire laisser les gens l’attraper… quitte à décréter un confinement si la hausse des cas graves menace de saturation le système hospitalier.

Et de confinements en déconfinements prématurés, la violence faite aux femmes augmente.

Face au refus obstiné des autorités sanitaires québécoises de recourir aux moyens considérables que nécessite l’éradication du virus, la seule issue est la vaccination généralisée en peu de temps, comme en Israël.

C’est la seule manière de supprimer les féminicides pandémiques, qu’ils soient directs (causés par le virus) ou indirects (résultant des mesures de mitigation contre la pandémie).

Références :
Des manifestations contre les féminicides partout au Québec
Données COVID-19 au Québec
Néolibéralisme et crises sanitaires

Paru depuis :
Au Québec, les féminicides, effets mortels de la pandémie (2021-04-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : de bonnes nouvelles d’Israël

Publié le 3 avril 2021 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Après six mois de vaccination, 58,0 % de la population israélienne a reçu au moins une dose du vaccin de Pfizer/BioNTech et 53,1 % des gens sont complètement vaccinés.

Chez les gens de plus de soixante ans, plus des huit dixièmes sont complètement immunisés. Si bien que ce groupe d’âge — qui, le mois dernier, représentait 72 % des admissions aux soins intensifs — n’en représente plus que 29 % (pour des raisons diverses).

Dans le graphique ci-dessus, la ligne bleue représente la moyenne quotidienne établie sur sept jours (afin d’atténuer les variations d’un jour à l’autre).

Le nombre de nouveaux décès chutait d’une moyenne quotidienne de soixante-deux le 26 janvier à huit hier, soit une réduction de 87,1 %.

Quant au nombre de nouveaux cas, la diminution est encore plus importante. Au début de cette année, on atteignait plus de dix-mille nouveaux cas quotidiens de Covid-19. Hier, on n’en comptait plus que 251, soit une réduction de 97,5 %.

Ces résultats auraient été encore meilleurs si le vaccin avait été recommandé aux enfants et aux adolescents.

Déjà, le fabricant possède des données qui prouvent la très grande efficacité de son vaccin chez les jeunes de douze à quinze ans.

Dès que les autorités sanitaires auront donné le feu vert à la vaccination dans ce groupe d’âge, le pays espère devenir le premier à atteindre l’immunité grégaire.

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic in Israel
Le vaccin efficace à 100 % chez les 12-15 ans
‘We’re in a really good place’: is Israel nearing the Covid endgame?

Paru depuis :
Le rêve « utopiste » de l’immunité collective contre la COVID-19 (2022-05-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en douze mois

Publié le 1 avril 2021 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.

Dans ce tableau, l’évolution en 2020 est montrée tous les quatre mois alors que pour 2021, l’évolution est représentée mensuellement.


Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour de certains mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Avr. Aout Déc. Jan. Fév. Mars Avr.
Rép. Tchèque 4 36 63 1093 1529 1909 2479
Hongrie 2 62 516 1002 1304 1561 2177
Bosnie-Herzég. 1 100 833 1249 1445 1552 2044
Belgique 73 849 863 1681 1815 1899 1979
Slovénie 2 60 717 1312 1694 1854 1950
Bulgarie 1 56 583 1099 1322 1491 1927
Royaume-Uni 35 680 868 1089 1565 1805 1860
Macédoine du N. 6 237 860 1205 1376 1509 1829
Italie 206 581 933 1235 1471 1622 1819
Slovaquie 0 5 158 412 863 1331 1793
États-Unis 12 477 831 1074 1367 1586 1704
Portugal 18 170 449 685 1253 1607 1657
Espagne 194 608 973 1087 1263 1488 1615
Mexique 0 362 818 971 1222 1430 1567
Pérou 2 588 1087 1136 1239 1403 1561
Brésil 1 440 815 916 1055 1198 1523
France 53 464 819 991 1171 1328 1468
Croatie 1 35 455 968 1236 1354 1460
Pologne 1 46 465 766 984 1158 1419
Panama 7 335 709 935 1216 1341 1402
Lithuanie 3 30 192 588 1046 1199 1330
Suède 24 568 671 861 1144 1265 1330
Québec 4 669 834 958 1157 1214 1246
Moldavie 1 195 576 746 855 987 1242
Colombie 0 203 723 850 1060 1168 1240
Roumanie 5 124 601 826 960 1065 1237
Argentine 1 79 854 954 1062 1145 1229
Chili 1 498 804 868 965 1075 1213
Arménie 1 253 739 953 1040 1077 1191
Suisse 54 229 568 882 1087 1148 1189
Bolivie 1 255 763 780 882 989 1041
Autriche 16 80 368 693 861 948 1036
Lettonie 0 17 111 343 641 866 1023
Pays-Bas 68 359 550 672 817 908 965
Géorgie 0 4 327 634 802 884 950
Équateur 6 325 760 790 837 888 946
Irlande 15 357 417 453 667 868 945
Liban 2 10 167 240 462 697 924
Allemagne 10 110 207 410 696 845 920
Afrique du Sud 0 137 363 484 743 836 884
Grèce 5 20 242 469 561 629 786
Albanie 5 56 286 411 484 631 779
Ukraine 1 39 288 428 522 598 764
Tunisie 1 5 275 398 572 674 742
Iran 37 202 576 655 686 710 740
Estonie 4 48 93 180 324 451 684
Russie 0 96 277 394 504 592 680
Israël 3 57 313 365 524 626 676
Jordanie 1 1 273 376 422 460 675
Serbie 3 67 189 373 463 512 614
Paraguay 0 7 245 315 380 445 590
Costa Rica 0 30 339 427 514 546 577
Eswatini 0 37 104 185 492 558 571
Palestine 0 16 144 273 354 396 510
Honduras 1 135 293 315 361 415 459
RoC* 3 113 175 256 354 401 426
               
Japon 0,4 8,0 16,9 27,4 45,3 62,5 72,7
Corée du Sud 3,2 5,8 10,2 17,9 27,8 31,3 33,8
Hong Kong 0,5 4,5 14,5 19,7 24,3 26,7 27,3
Singapour 0,5 4,5 4,9 4,9 4,9 4,9 5,1
Chine 2,4 3,3 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,4 0,4
Vietnam 0,0 0,0 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

En mars, les augmentations les plus importantes ont été rapportées en Europe Centrale et dans les Balkans, où le variant britannique continue de faire des ravages : en Hongrie (+616), en République Tchèque (+570), en Bosnie-Herzégovine (+492), en Slovaquie (+462) et en Bulgarie (+436).

Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel