La volonté populaire en Europe soumise à la dictature des juges : le cas de la Roumanie

Publié le 18 mars 2025 | Temps de lecture : 10 minutes
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Introduction

Le 14 février 2025, à l’occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président des États-Unis déclarait :

En décembre dernier, la Roumanie a […] annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des vagues soupçons d’une agence de renseignement [selon lesquels] la désinformation russe avait infecté les élections roumaines.
[…]
Si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très solide au départ.

À quoi le vice-président américain faisait-il allusion ?

Călin Georgescu

En Roumanie, le parlement est composé d’une chambre basse (la Chambre des députés) et d’une chambre haute (le Sénat). Députés et sénateurs sont élus au suffrage universel pour quatre ans. Le président est également élu au suffrage universel, mais pour cinq ans.

Le 24 novembre 2024 s’est tenu le premier tour des élections présidentielles roumaines. Un deuxième tour était prévu le 8 décembre.

À ce premier tour, à la surprise générale, un candidat (Călin Georgescu) est arrivé au premier rang.

Le 4 décembre, les services secrets du pays soumettent à la Cour constitutionnelle un rapport de 28 pages qui fait état de soupçons d’ingérence politique russe sur TikTok pour expliquer la popularité surprise de Călin Georgescu.

Le 6 décembre, à deux jours du second tour, la Cour constitutionnelle invalide les résultats du premier tour, annule le second, et reporte le tout en mai prochain.

L’élection présidentielle roumaine devenait ainsi le premier scrutin démocratique majeur en Europe à voir ses résultats annulés sur la base de simples soupçons d’ingérence étrangère.

Le 16 décembre, Călin Georgescu conteste cette annulation auprès de la Cour européenne des droits de la personne.

D’autre part, le 18 décembre, le parlement européen décide de se doter d’un Bouclier européen pour la démocratie. Celui-ci sera constitué de l’ensemble des mesures législatives qui seront destinées à contrer l’ingérence malveillante dans les processus démocratiques européens, notamment la désinformation en ligne.

Le 9 janvier 2025, un mois après sa démission à titre de commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton déclarait au sujet des élections allemandes :

Attendons de voir ce qui va se passer [en Allemagne]. Gardons notre sang-froid et faisons appliquer nos lois […]. On l’a fait en Roumanie et il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne.

Le 4 février, le Service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères soumet un rapport de 14 pages au sujet de l’élection présidentielle roumaine. Ce rapport fait état des irrégularités survenues au cours de la campagne électorale.

Le 26 février, Călin Georgescu est inculpé sous six chefs d’accusation, notamment pour fausses déclarations sur les sources de financement de sa campagne électorale, incitation à des actions anticonstitutionnelles, communication de fausses informations, organisation de groupe raciste et apologie de crime de guerre. Les procureurs l’accusent d’avoir préparé un plan de déstabilisation du pays après le deuxième tour de la présidentielle.

Dans l’attente de son procès, on lui interdit d’utiliser ses comptes sur les réseaux sociaux.

En Roumanie, les citoyens ont conservé la méfiance qu’ils éprouvaient au cours de l’époque soviétique à l’égard des médias officiels. Dans ce pays, TikTok compte neuf-millions d’utilisateurs sur une population de dix-neuf-millions d’habitants. Ce qui fait que l’immense majorité de la population adulte du pays utilise TikTok comme source principale d’information au sujet de l’actualité.

En lui interdisant de faire campagne sur TikTok, la justice roumaine l’oblige donc à faire campagne par le biais des médias traditionnels, contrôlés par l’élite politico-médiatique du pays.

Le 6 mars, la Cour européenne des droits de la personne rend finalement son jugement dans l’affaire Georgescu. La Cour estime que le droit à des élections libres et démocratiques n’est pas garanti dans le cas d’une élection présidentielle. Et pourquoi donc ? Parce qu’en Roumanie (tout comme en France), la présidence ne fait pas partie du ‘corps législatif’ du pays.

Selon DeepSeek, l’expression ‘corps législatif’ désigne l’ensemble des institutions ou des organes qui ont pour fonction principale de rédiger, de discuter et de voter les lois. Concrètement, il s’agit du parlement lorsque celui-ci se transforme en législateur, c’est-à-dire lorsque les députés et sénateurs adoptent des lois.

Au Québec, seule l’Assemblée nationale fait partie du ‘corps législatif’. À Ottawa, il est constitué de la Chambre des communes et du Sénat.

Le 9 mars, la Commission électorale de Roumanie — dont le rôle est de s’assurer du bon déroulement des élections — plante le dernier clou dans le cercueil de la candidature de Călin Georgescu; il se voit carrément interdire de se porter candidat à l’élection présidentielle. Une décision confirmée deux jours plus tard par la Cour constitutionnelle.

Les principaux pouvoirs présidentiels

Incarnation de l’État roumain, le président est le garant de l’indépendance nationale, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays en vertu de l’article 80 de la Constitution.

Son rôle est de veiller au respect de la Constitution et au bon fonctionnement des autorités publiques.

Comme la Chambre des députés et le Sénat, le président peut intenter des poursuites pénales à l’encontre de ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. En pareil cas, le président possède le pouvoir de les suspendre, mais pas de les démettre.

Sur recommandation du Conseil supérieur de la Magistrature, le président nomme les juges et les procureurs du pays. À la Cour constitutionnelle, le président nomme trois juges de son choix sur les neuf que compte ce tribunal.

Avant de promulguer une loi adoptée par le parlement, le président peut demander à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur sa constitutionnalité.

Après consultation du parlement, le président peut demander au peuple d’exprimer, par référendum, sa volonté au sujet des problèmes d’intérêt national.

Au nom du pays, le président signe les traités internationaux négociés par le Conseil des ministres et les soumet au parlement pour ratification.

Il est le commandant des forces armées et remplit la fonction de président du Conseil suprême de défense du pays. À ce titre, il promeut les grades de maréchal, de général et d’amiral aux soldats qui le méritent.

En cas d’agression armée dirigée contre le pays, le président prend les mesures nécessaires pour repousser l’agression et en informe immédiatement le parlement (ou le convoque immédiatement s’il n’est pas en session).

Exceptionnellement, le président peut invoquer l’état d’urgence dans tout le pays ou sur une partie de son territoire.

L’article 100 de la Constitution accorde au président le pouvoir d’adopter des décrets qui ont force de loi.

Bref, le président de Roumanie est détenteur de pouvoirs importants.

Conclusion

Pour les fins de la discussion, supposons que Călin Georgescu est coupable de tout ce qu’on lui reproche et qu’effectivement il a bénéficié d’une campagne de soutien de la Russie.

La question fondamentale à se poser est la suivante : est-ce que les résultats du scrutin représentent la volonté du peuple roumain ?

Le reste peut avoir de l’importance. Mais c’est secondaire.

Au Québec, lorsqu’un candidat ou une formation politique enfreint la loi électorale ou la loi concernant le financement des partis politiques, le contrevenant est soumis à l’amende.

Chez nous, le scrutin serait annulé seulement s’il était l’objet d’une fraude massive. Autrement dit, si ses résultats étaient contraires à la volonté populaire. Ce qui n’est jamais arrivé.

En Roumanie, les tribunaux ont le pouvoir d’annuler un scrutin lorsqu’elles estiment que des acteurs étrangers ont eu une ‘mauvaise influence’ sur le peuple. Ce peuple si influençable…

Plus grave encore, dans l’ensemble de l’Union européenne, le droit souverain des peuples à choisir leurs dirigeants — ce qui constitue le fondement même de la Démocratie — n’est pas garanti.

En effet, la justice européenne est dotée du pouvoir absolu de nier aux peuples leur droit à des élections libres et démocratiques. Ce qu’elle n’a pas hésité à faire en Roumanie.

Références :
Algorithmic Influence on Elections: Insights from Romania’s Case Study
Călin Georgescu
Constitution de la Roumanie
Decision: Călin Georgescu against Romania
Décision du Parlement européen sur la constitution, les compétences, la composition numérique et la durée du mandat d’une commission spéciale sur le «bouclier européen de la démocratie»
Décision d’annuler le processus électoral (en roumain)
Digihumanism unveils massive astroturfing on TikTok biaising the Romanian presidential elections
Élection annulée, manifestations : le chaos politique s’intensifie en Roumanie
Élection présidentielle roumaine de 2024
From Underdog to Contender: The Rise of Călin Georgescu in the Polls
La Commission européenne ouvre une procédure formelle à l’encontre de TikTok au titre du règlement sur les services numériques en ce qui concerne les risques liés à l’intégrité des élections
Le Parlement européen approuve la création d’un comité « Bouclier européen pour la démocratie » pour lutter contre la » désinformation » en ligne
L’intégrale du discours de Vance à Munich en anglais et en français !
Manipulation d’algorithmes et instrumentalisation d’influenceurs : enseignements de l’élection présidentielle en Roumanie & risques pour la France
« On l’a fait en Roumanie…»: Thierry Breton réagit aux ingérences de Musk en Allemagne avec l’AfD
Rejet par la Cour européenne des demandes de Călin Georgescu concernant l’annulation de l’élection présidentielle
Roumanie
Roumanie : des vidéos pro-Georgescu liées à une énigmatique « agence d’influenceurs » polonaise
Roumanie : influenceurs, comptes automatisés et publicités illégales au service d’une campagne d’ingérence hors normes

Compléments de lecture :
Élections en Côte d’Ivoire : les candidatures de Gbagbo, Soro, et Blé Goudé sont menacées (2025-03-18)
Turquie : le maire d’Istanbul, principal opposant au président, arrêté (2025-03-19)
Turkey : ‘This is about injustice’. Crowds defy ban to protest over Istanbul mayor’s detention (2025-03-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En avoir soupé des taxes américaines à l’importation

Publié le 12 mars 2025 | Temps de lecture : 1 minute
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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les persécutions ethniques en Lettonie

Publié le 18 février 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Évolution démographique avant l’indépendance

Avec l’Estonie au nord et la Lituanie au sud, la Lettonie fait partie des pays baltes. On les appelle ainsi parce qu’ils sont limitrophes de la mer Baltique.

Sauf à l’occasion des deux guerres mondiales, la population lettone s’est accrue continuellement de 1863 à l’indépendance (en 1990). Depuis ce temps, elle a diminué de 29 % pour atteindre un creux de 1,9 million d’habitants en 2023.

Devenue république soviétique en 1945, la Lettonie s’est fortement industrialisée au cours des deux décennies suivantes. Ce qui a entrainé un afflux important de Russophones (de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie) qui ont modifié la composition ethnique du pays.

Notamment, l’arrivée d’ingénieurs, d’ouvriers et de paysans russes, de même que le transfert de militaires et de fonctionnaires communistes, ont provoqué une diminution de l’importance démographique des Lettophones.

Si bien que les Russophones du pays sont passés de 8,8 % en 1935 à 34 % la veille de l’indépendance.

Évolution démographique depuis l’indépendance

Depuis 1990, les élites politiques du pays ont voulu créer une nation homogène par le biais d’un accès très restrictif à la citoyenneté.

En vue des premières élections législatives, le Conseil suprême de Lettonie a adopté en 1991 une loi qui accorde la citoyenneté lettone aux seules personnes qui étaient déjà citoyens de Lettonie au moment de l’invasion russe de 1940, ainsi qu’à leurs descendants.

Toutes les personnes naturalisées depuis cinquante ans (essentiellement des Russophones) se trouvaient donc apatrides du jour au lendemain.

Aux yeux des dirigeants lettons, il s’agissait d’une politique de ‘décolonisation’ qui visait à motiver la minorité russophone à quitter le pays. Ce que très peu d’entre eux ont fait, attachés au territoire où ils sont nés ou sur lequel ils se sont installés durant leur enfance.

En vue de son intégration à l’Union européenne (survenue en 2004), la Lettonie a été obligée d’atténuer la rigueur de sa législation linguistique.

En 1994, elle adoptait une nouvelle loi qui se voulait une démarche vers l’intégration. En vertu de celle-ci, les locuteurs d’une langue minoritaire pouvaient acquérir la citoyenneté du pays s’ils réussissaient un examen visant à s’assurer qu’ils parlent couramment le letton.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la Lettonie a décidé d’interdire progressivement, à partir de 2025, l’enseignement de toutes les langues minoritaires sur son territoire. De plus, elle a durci ses règles de résidence à l’égard de sa minorité russe.

C’est ainsi que les Lettons russophones doivent désormais obtenir un permis de séjour permanent afin de pouvoir demeurer en Lettonie. À cette fin, ils doivent réussir un examen de letton. S’ils échouent, c’est l’expulsion vers la Russie.

Sur les 11 301 Russes qui ont passé cet examen avant septembre 2023, 61 % ont échoué lors de leur premier essai. Ils ont eu le droit à une seconde chance. Mais ce délai n’a pas suffi pour certains d’entre eux.

Le 20 septembre 2023, trois-mille Lettons russophones ont été informés qu’ils avaient deux mois pour réussir les tests linguistiques du pays, à défaut de quoi ils seraient expulsés.

Le couvent de la Sainte-Trinité-Saint-Serge

Le cas qui a suscité le plus d’indignation concerne les religieuses d’un couvent situé à Riga, la capitale lettone.

Il y a deux semaines, elles ont appris qu’elles disposaient de six mois pour apprendre le letton, à défaut de quoi elles seraient expulsées du pays.

Admises au couvent à l’époque soviétique, ces religieuses parlent un dialecte ancien similaire mais différent du russe moderne. En plus d’observer les règles monastiques, elles sont connues pour la soupe populaire qu’elles distribuent quotidiennement aux pauvres de la capitale depuis des années.

Cette renommée explique pourquoi Vaira-Vilke-Freigerga, présidente de la Lettonie de 1999 à 2007, s’est publiquement portée à leur défense.

En vain jusqu’ici.

Références :
Latvia (CIA World Factbook)
Les russophones entre intégration et repli identitaire
Lettonie
Loi sur la citoyenneté (1998)
Minorités. Trois mille citoyens russes âgés en instance d’expulsion de la Lettonie
Test de langue, déboulonnage des statues… Comment la Lettonie acte sa dérussification
Zakharova compared the coercion of nuns to check their knowledge of the Latvian language with the practices of the Nazis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ingérence étrangère : d’autres squelettes dans le placard ?

Publié le 9 février 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Selon le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, une des candidates à la succession de Justin Trudeau serait la cible d’une campagne de dénigrement sur l’application WeChat.

Cette application chinoise de messagerie textuelle est très populaire parmi le 1,7 million de Canadiens d’origine ou de descendance chinoise.

Selon nos médias, cette campagne serait un autre exemple d’ingérence chinoise dans les affaires intérieures du Canada.

La véritable menace étrangère

En premier lieu, mettons les choses au clair. De nos jours, tous les pays s’immiscent plus ou moins discrètement, dans les affaires internes d’autres pays.

L’ingérence politique chinoise dans les affaires intérieures du Canada est prouvée mais sa portée est insignifiante. Dans tous les cas, l’issue des élections canadiennes reflète la volonté du peuple canadien.

La menace la plus sérieuse, voire existentielle, que courre actuellement du Canada vient du Sud de nos frontières et non de l’autre côté du Pacifique.

Malheureusement, la loi C-70, adoptée par le parlement canadien, est une passoire. Selon cette loi, seules sont définies comme ‘entités étrangères’ les entités étatiques étrangères.

Cela nous protège contre l’ingérence de la Chine et de l’Inde. Mais cela ne fait rien contre l’ingérence américaine qui, elle, passe généralement par des ONG à la solde de Washington ou financées par des millionnaires libertariens.

C’est par leur biais que les Américains mettent leur nez dans les affaires intérieures d’Ukraine, de Géorgie, de Slovaquie, d’Allemagne, du Groenland, au Canada et dans la grande majorité des pays du monde.

Le cas de cette candidate libérale

Il est à noter que les médias canadiens qui ont rapporté la nouvelle de cette campagne de dénigrement n’ont pas précisé en quoi consisteraient les calomnies dont serait victime cette candidate libérale.

On comprend facilement que nos quotidiens puissent être réticents à répéter des informations fallacieuses. Toutefois, si effectivement il s’agit d’une campagne calomnieuse, on ne voit pas comment les utilisateurs de WeChat apprendraient la vérité si on refuse de les confronter à une vérification des faits.

Pour Guy Saint-Jacques, ex-ambassadeur canadien en Chine :

« [La campagne de dénigrement actuelle] démontre que les Chinois trouvent que c’est une femme forte qui n’hésite pas à dire les choses telles qu’elles sont et qui a déjà été très critique envers la Chine.»

Le diplomate a raison de souligner la force de caractère de cette candidate. Mais il a tort d’affirmer qu’elle n’hésite pas à dire les choses telles qu’elles sont. L’expérience démontre que c’est faux.

On se rappellera qu’en 2017, peu de temps après que cette candidate eut été nommée ministre des Affaires étrangères du Canada, une rumeur était apparue à son sujet.

Selon celle-ci, son grand-père maternel, d’origine ukrainienne, était un collabo du Troisième Reich.

Il aurait été simple d’avouer la faute, mais de souligner qu’on n’est jamais responsable des erreurs commises par d’autres, même lorsque ceux-ci sont des parents. En somme, la culpabilité ne se transmet pas génétiquement.

Mais Ottawa a préféré nier.

Insistant sur la coïncidence entre sa nomination et l’apparition de cette rumeur, le gouvernement fédéral avait déclaré que c’était essentiellement de la propagande russe. Et la plupart des grands journaux du pays, en bons patriotes, s’étaient tus afin de ne pas faire le ‘jeu des Communistes’.

Malheureusement, c’était vrai.

L’affaire est ressortie au pire moment: après que nos députés eurent ovationné un ex-soldat pro-nazi de la Division SS Gacicie, une milice ukrainienne responsable de quelques-uns des pires massacres (de civils polonais et slovaques, essentiellement) survenus au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Comme une bonne partie des politiciens (et des êtres humains en général), cette candidate avoue les vérités qui ne lui conviennent pas seulement lorsqu’elle est acculée au pied du mur.

Espérons que si cette personne est portée à la tête du pays, on n’apprendra pas qu’elle cachait d’autres squelettes dans son placard…

Entretemps, si le meilleur argument qu’a trouvé cette candidate pour se démarquer des autres c’est ‘Votez pour moi parce que la Chine ne m’aime pas’, c’est un peu mince.

Références :
À quoi servent les think tanks?
Chrystia Freeland attaquée en ligne : une nouvelle tentative d’ingérence étrangère?
Le grand-père de la vice-première ministre du Canada, un collabo nazi
Moscou outré par les commentaires de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly

Paru depuis :Olaf Scholz critique l’ingérence des Américains, après le discours de J. D. Vance (2025-02-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La méritocratie poutinienne

Publié le 2 janvier 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Introduction

Le pouvoir d’un dictateur consiste à obtenir l’obéissance de ses sujets, généralement par l’usage de la force ou en suscitant chez eux la peur de sa répression.

Toutefois, un pouvoir totalitaire acquiert sa légitimité aux yeux de ses sujets lorsque ces derniers consentent spontanément à leur domination parce qu’ils y trouvent leur avantage.

Depuis son accession au pouvoir en Russie en 1999, le taux d’approbation de Vladimir Poutine n’est jamais descendu en bas de 60 %. À l’inverse, son taux de désapprobation n’est jamais allé au-delà de 38 %.

De nos jours, ils sont respectivement de 86 % et de 11 %.

Or au sein de la machine de l’État russe, les cadres sont le rouage de la domination consentie par le peuple. Voilà pourquoi la formation, le recrutement, et la gestion des cadres sont à la base de l’édification du pouvoir moscovite.

Les étapes de la création de la méritocratie russe

L’Académie des Sciences sociales

C’est en 1946 que fut créée l’Académie des Sciences sociales de l’Union soviétique. Les ‘sciences sociales’ dont il s’agit ici comprennent un vaste champ de recherche et d’enseignement qui inclut l’économie et les sciences politiques, entre autres.

Relevant directement du Comité central du Parti communiste, l’Académie formait les meilleurs éléments issus des hautes écoles réparties sur l’ensemble du territoire soviétique, auxquels elle délivrait un diplôme de troisième cycle après la soutenance d’une thèse de l’aspirant.

L’Académie de l’économie nationale

À ce dispositif s’ajoute en 1977 l’Académie de l’économie nationale et de l’administration publique. Née de la réunion de quinze établissements d’enseignement supérieur autrefois responsables de la formation des cadres du régime.

Depuis 2010, l’Académie relève directement directement du Conseil des ministres de Russie. D’où son surnom d’Académie présidentielle.

Son but est d’alimenter l’État russe en économistes, en gestionnaires à la tête des conglomérats et des grands groupes industriels du pays, de même qu’en hauts fonctionnaires.

L’Académie regroupe 61 laboratoires, cinq instituts et huit centres de recherche.

Elle accueille 230 000 étudiants, dont le quart à Moscou et le reste dans l’un ou l’autre de ses cinquante antennes réparties dans l’ensemble du territoire de la Fédération de Russie.

Son rôle est également d’offrir des programmes de formation continue d’une durée de 18, 36, 72 ou 144 heures (selon la discipline) à tous les cadres de la fonction publique russe. Ceux-ci sont tenus à ce rafraichissement de leurs connaissances aux trois ans.

De plus, elle a établi des partenariats avec 450 institutions à travers le monde. Des partenariats qui, ces jours-ci, en ne faisant pas de vagues, ont plutôt bien résisté aux aléas de la géopolitique.

Exemple : le déploiement en Crimée

Moins d’une semaine après l’annexion de la Crimée, le président russe (à l’époque, Dmitri Medvedev) crée une mission de formation des fonctionnaires criméens afin qu’ils puissent s’acquitter de la tâche d’être les nouveaux relais de Moscou.

C’est ainsi que 14 000 fonctionnaires criméens ont été formés dans l’antenne de l’Académie présidentielle située à Rostov-sur-le-Don, à 500 km de la capitale de Crimée.

Conclusion

En recrutant les meilleurs professeurs du pays, l’Académie présidentielle est de lieu obligé de la formation professionnelle de toute personne qui ambitionne de faire carrière dans la fonction publique russe.

En tissant des relations, et en multipliant les gages d’allégeance et de loyauté, les étudiants y développent la cohésion attendue au sein de l’élite russe. De plus, l’Académie présidentielle façonne chez eux une identité de caste au service du pouvoir et d’érudits au service du peuple.

Ouverte à tous les étudiants doués du pays (sans égard à leurs origines), l’Académie présidentielle contribue à l’acceptation de la domination du pouvoir moscovite sur la société russe puisque rares sont les familles (au sens large) qui n’ont pas un membre qui en fait partie.

Références :
Académie russe de l’économie nationale
L’Académie russe de l’Économie nationale et de l’Administration publique

Complément de lecture : États-Unis vs Russie : la classe politique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’administration Trump-II ou la prédation américaine du Canada

Publié le 10 décembre 2024 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

À l’occasion d’une rencontre récente avec Justin Trudeau tenue à Mar-a-Lago, Donald Trump a suggéré que le Canada devienne le 51e État américain. Une simple blague, dit-on, dans l’entourage du premier ministre canadien.

À l’heure actuelle, cette idée n’est partagée que par 13 % de la population de ce côté-ci de la frontière.

Au-delà du nationalisme

À l’occasion de la campagne électorale québécoise de 2018, j’avais fait du porte-à-porte pour le Parti Québécois afin de sonder les préférences des citoyens de mon comté.

L’un d’eux m’avait dit au sujet du projet indépendantiste : « Moi, les frontières, je trouve ça tellement démodé.»

Aussitôt, la première chose qui m’était venue à l’esprit, c’était : « Pourquoi tu ne milites pas pour l’annexion du Canada aux États-Unis, mon petit génie ? » Une question que j’avais gardée pour moi.

Parce qu’effectivement, on se demande pourquoi il y a une frontière entre les provinces anglophones du pays et les États-Unis.

Nous, Québécois, avons une langue, une culture et une façon de penser qui nous est propre.

Mais nos amis angloCanadiens, eux, regardent des émissions américaines, voient des films américains, mangent de la malbouffe américaine (nous aussi, d’ailleurs), vivent comme des Américains, et pensent comme des Américains.

Sur la scène internationale, le Canada est le perroquet des États-Unis. Depuis l’ACÉUM (la nouvelle mouture de l’ALÉNA), le Canada ne peut plus signer de nouveaux accords commerciaux qu’avec le consentement de Washington. Et la Banque du Canada a écoulé tous ses lingots d’or pour ne détenir, essentiellement, que des dollars américains.

Le parlement canadien (tout comme le Congrès américain) est devenu le lieu où les banques, les compagnies aériennes, les géants de l’agroalimentaire, soumettent les lois qu’ils veulent faire adopter par le parlement.

Bref, le Canada a abandonné presque tous les attributs de la souveraineté.

Voilà pourquoi, selon Justin Trudeau, la Canada est devenu un État postnational. Selon Wikipédia, le postnationalisme est le processus selon lequel les pays perdent de leur importance par rapport à des entités supranationales et mondiales.

En somme, un pays postnational est un pays qui ne mérite pas d’exister. C’est un pays qui aspire à disparaitre au sein d’un monde global où chaque citoyen, atomisé, choisit ses affiliations et tisse ses allégeances selon ses préférences personnelles.

Le Grand jeu américain

Cette visite précipitée de Justin Trudeau à Donald Trump fait suite à l’annonce de l’intention de ce dernier d’imposer une taxe de 25 % sur tous les biens canadiens vendus aux États-Unis.

On a beaucoup dit que cette menace n’avait pour but que de forcer le Canada à faire cesser deux choses; l’immigration clandestine et l’entrée de fentanyl aux États-Unis en provenance du Canada.

À mon avis, il s’agit d’une feinte (comme au hockey) dont le but est beaucoup plus ambitieux.

En aout 2019 (donc au cours de son premier mandat présidentiel), Donald Trump avait été vexé par le refus danois de lui vendre le Groenland et, conséquemment, avait annulé la visite qu’il devait effectuer au Danemark.

Pourquoi voulait-il que les États-Unis annexent le Groenland ? Pour la richesse présumée de son sous-sol.

Au XXIe siècle, les richesses minérales auront la même importance géostratégique que le pétrole au XXe siècle et que le charbon au XIXe siècle. Trump le sait.

À défaut du Groenland, le Canada fait un excellent prix de consolation.

Les États-Unis ont déjà tenté de s’emparer du Canada en 1774-1775 et en 1812-1814. Toutefois, de nos jours, une annexion territoriale signifie qu’on s’empare de plein de choses inutiles.

Il est beaucoup plus intelligent d’obtenir sélectivement, au rabais, ce qu’on convoite.

En 2017, en imposant une taxe de 220 % sur les avions de la C Series de Bombardier, le but de Trump était accessoirement de protéger Boeing d’un concurrent commercial. Accessoirement puisque Bombardier, comparé à Boeing, n’était qu’un nain.

L’objectif véritable était de provoquer l’effondrement de la valeur capitalisée de Bombardier et de permettre ainsi à Boeing d’acheter Bombardier à bas prix. Et, ipso facto, de faire main basse sur les technologies issues du colossal effort de recherche et développement que Bombardier avait consenti pour mettre au point sa C Series.

Évidemment, dans le cas de Bombardier, les choses ne se sont pas passées comme prévu puisque l’entreprise a préféré vendre sa technologie à Airbus, l’ennemi jugé de Boeing.

De nos jours, en imposant une taxe de 25 % sur les produits canadiens, Donald Trump veut provoquer un effondrement de la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Par exemple, si le huard passe de 70 cents à 60 cents, toutes les entreprises canadiennes sont offertes à 14 % de réduction (du point de vue américain). C’est ça, l’objectif de Trump.

Parce que le 25 % ne s’applique pas aux outils de production qu’on achète — les compagnies, les sites pétroliers, les chantiers navals, les entreprises forestières, les sous-traitants de la filière aéronautique et les terres agricoles — mais seulement aux biens qu’elles produisent.

Et puisque le pays n’a pas su se doter d’experts en intelligence économique, il est à prévoir qu’on assistera, au cours du second mandat de Donald Trump, à un transfert massif des technologies de pointe du Canada vers les États-Unis sous le couvert de l’achat des compagnies qui les détiennent.

Conclusion

L’imposition massive de tarifs douaniers est une déclaration de guerre économique. Or une des conditions essentielles pour gagner une guerre, c’est de bien connaitre son adversaire.

Malheureusement, toute la classe politique canadienne sous-estime Trump. Je ne répèterai pas ici tout le mal qu’on aime en dire.

Ce que nos politiciens n’ont pas compris, c’est que le président élu est doté d’une intelligence nettement supérieure. Ce qui explique sa réussite.

Mais ce n’est pas un intellectuel. Parce que, contrairement à ce qu’on pense, les deux ne vont pas nécessairement ensemble.

Donald Trump n’est pas un intellectuel parce qu’il n’a pas de vocabulaire. Il ne lit pas; rares sont les mots de plus de quatre syllabes qu’il connait. Or il faut du vocabulaire pour exprimer toutes les nuances d’une pensée complexe.

D’un côté, cela en fait un excellent communicateur. Mais de l’autre, cela lui a valu toute sa vie le mépris d’une intelligentsia qu’il déteste en retour.

Bref, Trump est déterminé à livrer notre pays à la cupidité des spéculateurs américains, et de forcer la classe politique canadienne à lui lécher les bottes. Pour éviter le pire, dira-t-elle…

Références :
Droits compensatoires : des failles dans la plainte de Boeing
Intelligence économique
L’affaire Alstom
Le Canada, 51e État américain? Des Canadiens appuient l’idée
Le Danemark abasourdi après l’annulation d’une visite de Trump à cause du Groenland
Les conséquences géostratégiques du basculement vers les énergies vertes
L’idée de Trump d’annexer le Canada n’est pas nouvelle aux États-Unis
Postnationalisme

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption politique en Grande-Bretagne

Publié le 3 décembre 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

L’exemple québécois

Une des lois les plus importantes adoptées par le gouvernement péquiste de René Lévesque est celle qui concerne le financement politique au Québec.

Au départ, cette loi était déjà une des plus restrictives au monde. Les amendements apportés depuis en ont fait probablement la plus stricte de toutes.

Pour éviter que nos élus soient à la solde d’intérêts obscurs, cette loi fait en sorte que toute la classe politique n’est redevable qu’aux gens d’ici.

Concrètement, seuls les citoyens québécois sont autorisés à contribuer au financement des candidats et des formations politiques du Québec. Cela est interdit aux entreprises (même québécoises), aux syndicats et aux organisations non gouvernementales (ONGs).

La contribution annuelle maximale est de 100 $ par citoyen, un maximum porté à 200 $ les années électorales.

Financement politique en Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, le financement politique est de la corruption légalisée.

Dans ce pays, il n’y a aucune limite à l’argent qui peut être versé à un parti politique. Il y a seulement une obligation de déclarer ce don à la Commission électorale s’il est au-delà d’un certain montant.

Seuls doivent être déclarés, les dons versés à la caisse électorale d’un parti qui dépassent 7 500 £ et les dons supérieurs à 1 500 £ qui sont versés à une association de comté.

Les donateurs ne peuvent être que des citoyens ou des syndicats britanniques, de même que des compagnies enregistrées en Grande-Bretagne (même si elles n’y font pas véritablement affaire).

De la même manière, n’importe quelle ONG américaine peut verser des dons par l’intermédiaire de sa succursale britannique.

La Commission électorale ne vérifie pas la légalité des dons; c’est le rôle des partis politiques de s’en assurer. Malheureusement, ceux-ci n’ont pas intérêt à trouver quoi que ce soit d’irrégulier.

À partir des registres de la Commission, l’ONG Transparency International a scruté 78 735 dons versés officiellement à des politiciens britanniques entre 2002 et 2024, pour un total de 1,2 milliard de livres sterling.

Selon cette ONG, 115 millions £ (environ le dixième de tout ce financement) proviennent de sources opaques ou suspectes.

Cet argent est versé par des entreprises douteuses (parce qu’elles n’en ont pas les moyens), par des associations dont la liste des bailleurs de fonds est maintenue secrète, et par des sociétés-écrans qui servent de paravent à des associations ‘caritatives’ étrangères bannies dans certains pays, etc.

De plus, cette corruption prend aussi la forme de cadeaux valant des millions de livres sterling versés par des gouvernements étrangers.

Ces cadeaux comprennent des voyages, toutes dépenses payées, totalisant 11,6 millions de livres sterling. Ils sont offerts par le Qatar (460 000 £), l’Arabie saoudite (400 000 £), le Bahreïn (200 000 £) et l’Azerbaïdjan (140 000 £).

En 2022, le gouvernement conservateur a modifié la loi électorale de manière à retirer à la Commission électorale son pouvoir d’entamer des poursuites criminelles contre ceux qui violent la loi à ce sujet. Depuis ce temps, il est devenu inutile de dénoncer le financement illégal auprès de Commission.

De plus, les associations sans statut légal n’ont plus besoin de s’enregistrer auprès de la Commission tant et aussi longtemps que leurs contributions sont inférieures à 37 270 £ par année (soit environ 66 500 dollars canadiens).

Ce qui signifie que les données publiées par Transparency International représentent une grossière sous-estimation de la corruption britannique.

Références :
Le véritable héritage de René Lévesque
Political funding in the United Kingdom
Rules for funding for political parties
UK politics infiltrated by ‘dark money’ with 10% of donations from dubious sources

Parus depuis :
Revealed: how members of House of Lords benefit from commercial interests (2025-02-24)
House of Lords members have given £109m to political parties (2025-03-09)

Complément de lecture : La corruption au parlement européen

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Écrit par Jean-Pierre Martel


États-Unis vs Russie : la classe politique

Publié le 26 novembre 2024 | Temps de lecture : 6 minutes

Au sommet de l’État américain

Le parlement américain porte le nom de Congrès. Il est bicaméral, c’est-à-dire formé de deux chambres.

En premier lieu, il y a une chambre basse appelée Chambre des Représentants, où siègent 435 personnes élues au suffrage universel.

Puis il y a une chambre haute, appelée Sénat, où siègent cent sénateurs également élus au suffrage universel.

Aux trois quarts, les congressistes sont des hommes.

Au sujet de la pigmentation cutanée, environ 40 % des Américains se définissent comme ‘Blancs’ : les congressistes le sont à 61 %.

Mais la caractéristique la plus fondamentale des élus américains est qu’ils sont riches. Très riches. La moitié d’entre eux sont des millionnaires issus du milieu des affaires ou du milieu juridique.

Ceux qui ne le sont pas encore le deviendront au cours de leur mandat, grâce aux délits d’initiés qui permettent aux législateurs de savoir avant tout le monde quels sont les secteurs économiques qui seront avantagés par la législation encore à l’état d’ébauche.

De plus, contrairement au Québec — où le financement politique est plafonné et réservé aux citoyens du Québec — le financement politique aux États-Unis est de la corruption légalisée.

Aux États-Unis, si un politicien américain reçoit secrètement une somme importante, c’est de la corruption. Mais s’il rend publiques les nombreuses sommes importantes qui lui sont versées, cela n’est plus de la corruption, croit-on, puisque cette multitude lui confère une certaine indépendance à l’égard de chacun de ses donateurs.

En réalité, plus nombreuses sont les contributions, plus on est corrompu.

Il en est de même en Europe; tous les élus y sont corrompus à l’os, parfois même par des puissances étrangères qui opèrent sous le couvert d’ONGs (généralement américaines).

Ceci étant dit, qu’en est-il de l’exécutif, c’est-à-dire du président et de ses ministres ?

Ces jours-ci, le président Donald Trump est en train de les choisir. Ceux déjà annoncés sont tous plus incompétents les uns que les autres.

Ce sont généralement des hommes d’affaires richissimes qui ont en commun leur loyauté pour Trump et leur profonde aversion envers les politiques suivies par le département dont ils héritent.

Ce qui permet d’anticiper des affrontements entre ces nouveaux dirigeants et une fonction publique détestée. Un affrontement qui pourrait aller jusqu’au démantèlement partiel de l’État fédéral américain par le moyen de l’abandon de pans entiers des missions qui lui ont été confiées, il y a près d’un siècle, par le New Deal du président Franklin-Delano Roosevelt.

Au sommet de l’État russe

Comme dans tous les pays slaves, la chambre basse russe (appelée Douma) est formée très majoritairement de députés masculins. À la suite des élections de 2016, les femmes y occupaient 16,4 % des sièges.

Mais contrairement aux États-Unis — où un équilibre délicat de contre-pouvoirs empêche (théoriquement) l’emprise totale du chef de l’État sur le pays — l’exécutif russe (Poutine et ses ministres) possède un pouvoir déterminant sur les orientations du pays.

Par-dessus tout, la différence fondamentale entre le pouvoir politique russe et celui aux États-Unis est la place des polytechniciens et des ingénieurs dans l’entourage de Vladimir Poutine. Pour s’en convaincre, il suffit de voir qui sont les membres de son gouvernement.

Les voici :

Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie
• avocat.

Mikhaïl Michoustine, premier ministre
• diplômé de l’université d’État de technologie de Moscou
• spécialise en ingénierie des systèmes.

Les dix vice-premiers ministres russes

Denis Mantourov, premier vice-premier ministre
• diplômé en sociologie et en sciences économiques.

Dmitri Grigorenko, chef de cabinet
• diplômé en économie.

Youri Troutnev, envoyé plénipotentiaire dans le district d’Extrême-Orient
• ingénieur minier.

Dmitri Patrouchev, responsable du complexe agro-industriel et des ressources naturelles
• doctorat en sciences économiques.

Alexeï Overchuk, responsable de l’intégration eurasienne et de la coopération avec les BRICS
• doctorats en agronomie et en sciences économiques.

Alexandre Novak, responsable du complexe énergétique et de l’économie
• diplômé en métallurgie.

Marat Khusnullin, responsable de la construction et de la politique régionale
• diplômé en sciences économiques.

Tatiana Golikova, responsable des politiques sociales, du travail, de la santé et des pensions
• diplômée en économie du travail.

Dmitri Tchernychenko, responsable du tourisme, des sports, de la culture et des communications
• homme d’affaires.

Vitali Saveliev, responsable des transports
• ingénieur mécanicien et docteur en sciences économiques.

Principaux ministres russes

Andreï Belooussov, ministre de la Défense
• diplômé en économie.

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères
• diplômé en relations internationales.

Vladimir Kolokoltsev, ministre de l’Intérieur
• policier.

Konstantin Chuychenko, ministre de la Justice
• avocat et homme d’affaires.

Alexandre Kourenkov, ministre des Situations d’urgence
• instructeur en éducation physique et diplômé en sciences sociales.

Sergueï Tsivilyov, ministre de l’Énergie
• ingénieur électricien et économiste.

Oksana Lut, ministre de l’Agriculture
• économiste.

Anton Silouanov, ministre des Finances
• doctorat en sciences économiques.

Conclusion

Dans les circonstances actuelles, l’habileté de la Russie à maintenir une croissance économique supérieure à celle des pays occidentaux, et son aisance à contourner les sanctions financières et économiques adoptées contre elle, ne sont pas des coïncidences; c’est le résultat de la compétence des personnes dont Poutine s’est entouré pour diriger son pays.

Puisse son exemple être suivi par ces dirigeants qui, en Occident, se plaisent à susciter sa détestation, mais qui, avouons-le, ne lui arrivent pas à la cheville.

Références :
Violier V. Le pouvoir russe en juillet 2024. Diplomatie 2024; No 81: 19.
Élections américaines : un Congrès encore trop blanc
États-Unis : la majorité des membres du Congrès sont millionnaires
Fédération de Russie — Douma d’État – Données sur les femmes
Gouvernement Mikhaïl Michoustine (2)
Part de femmes parmi les personnes siégeant au Sénat et à la Chambre des Représentants aux États-Unis entre 1965 et 2023

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

Publié le 9 novembre 2024 | Temps de lecture : 6 minutes

Je ne sais pas qui est ce petit génie qui a décidé d’inviter un club israélien à participer cette semaine à un match de football à Amsterdam.

Si on boycotte les équipes sportives russes en Occident, je ne vois pas pourquoi on devrait inviter des équipes israéliennes, tant que durera le massacre des civils dans la bande de Gaza.

Déjà, en mars dernier, des partisans de cette équipe de foot avaient causé du grabuge à l’occasion d’une joute à Athènes.

Après que des immigrés eurent scandé ‘Free Palestine’, certains de ces partisans se sont attaqués à eux pour leur infliger une solide correction.

De plus, ils ont battu un homme d’origine égyptienne à une sortie de métro. Selon certaines sources, le jeune homme s’était drapé d’un drapeau palestinien. La victime fut hospitalisée.

Au sujet des violences survenues en marge du match disputé à Amsterdam, j’ai soigneusement analysé les clips vidéos publiés par les médias occidentaux.

Deux de ces clips documentent des attaques antisémites.

Dans le premier, un partisan des Jaunes — c’est la couleur du maillot de l’équipe israélienne lorsqu’elle joue à domicile — est assis par terre, entouré de gens hostiles qui veulent lui faire dire ‘Free Palestine’.

Dans l’autre, un passant terrorisé déclare ne pas être juif, apparemment pour éviter qu’on s’en prenne à lui. Toutefois, puisque cela ne n’a pas empêché d’être battu, on peut penser qu’il s’est trompé quant à l’identité de ses assaillants.

Mais la plupart des autres prouvent, au contraire, les méfaits commis par les partisans des Jaunes.

Dans deux clips, on les voit s’attaquer à deux propriétés privées en prenant l’initiative de déchirer les drapeaux palestiniens qui pendaient à la fenêtre de deux maisons différentes.

Ils ont brisé les fenêtres d’une troisième maison parce que le drapeau palestinien était trop haut pour qu’ils puissent le retirer.

Un autre clip montre une foule de partisans des Jaunes qui descendent un escalier mécanique. Leur chant joyeux indique qu’on les voit avant le match puisqu’ils l’ont perdu. Mais que chantent-ils donc ?

Sur l’internet, on en trouve plusieurs traductions légèrement différentes, mais qui reviennent au même. La version qui me semble la plus plausible est celle-ci :
— olé, olé. Mort aux Arabes !
— olé, olé. Nous vaincrons.
Laissons l’armée israélienne gagner. ‘Phoque’ les Arabes !

De plus, durant le match, ces partisans ont refusé de respecter la minute de silence en hommage aux victimes des inondations à Valence. Pourquoi ? Parce que l’Espagne a récemment annulé une importante vente d’armement destiné à Israël.

Que s’est-il passé après la défaite du club des Jaunes ? Apparemment, l’esprit n’était plus à la fête.

Leurs partisans ont passé leur mauvaise humeur sur les manifestants propalestiniens hostiles venus à leur rencontre. Les affrontements ont provoqué cinq hospitalisations et 62 arrestations.

Les médias occidentaux ont beaucoup fait circuler un clip vidéo qui montre, parait-il, un partisan de l’équipe des Jaunes fuyant des personnes déchainées contre lui. Puisque ce clip ne montre que des gens habillés de noir, cela est plausible.

Toutefois, lorsqu’on voit l’ensemble du clip de 33 secondes (et plus précisément son début), on voit qu’un petit nombre des agresseurs portaient du jaune.


 
Annet de Graaf, la créatrice de ce clip, a accusé ceux qui le diffusent de propager des nouvelles fallacieuses puisqu’il montre, au contraire, quelques-uns des partisans des Jaunes qui, ce soir-là, frappent des gens et des véhicules avec la boucle métallique de leur ceinture.

Finalement, dans un autre clip, on voit un homme évanoui au sol recevant des coups de pieds de personnes qui l’injurient en israélien.

Toutes les agences de presse occidentales (et conséquemment, tous les médias qui publient leurs dépêches) ont aussitôt relayé comme un fait avéré l’accusation du gouvernement israélien selon laquelle, les Pays-Bas ont été complices d’un ‘pogrome’.

Rappelons qu’un pogrome est une émeute, tolérée ou soutenue par les autorités, dirigée contre les Juifs, et accompagnée de pillage et de meurtre.

Sans remarquer qu’il y a là une très légère exagération, les plus hauts dirigeants des Pays-Bas et de l’Union européenne se sont empressés de blâmer ceux parmi leurs citoyens qui s’en sont pris à ces voyous étrangers, racistes et violents, qui sèment la bisbille partout sur leur passage.

Références :
A mob of Israeli thugs (fans of Maccabi Tel Aviv) attack a Palestinian in ATHENS (vidéo)
Avant les violences, des hooligans du Maccabi Tel-Aviv avaient semé le trouble à Amsterdam
Chaos in Athens: Maccabi fans unleash unrest at Syntagma Square
Comment la guerre au Moyen-Orient a plongé Amsterdam dans la violence (en néerlandais)
Des hooligans du Maccabi Tel Aviv agressent un chauffeur de taxi à Amsterdam (en néerlandais)
Du silence du boycott pour Valence à « la mort des Arabes »
Israeli soccer fans assault foreigner in downtown Athens
Un premier avion transportant des Israéliens évacués d’Amsterdam atterrit à Tel-Aviv
When far-right football fans take to the streets in Israel

Parus depuis :
Des témoins oculaires filment comment les supporters du Maccabi sont eux-mêmes entrés sur le sentier de la guerre après avoir perdu un match (en néerlandais) (2024-11-09)
Images du ponçage dur du Maccabi : « Ils ont donné des coups de pied à notre porte et ont essayé d’entrer dans notre maison » (en néerlandais) (2024-11-09)
Hoologans israéliens : quand un adolescent donne des leçons de journalisme aux médias dominants (vidéo) (2024-11-09)
Muslim Rights Watch dépose une plainte contre les supporters du Maccabi : « Des gens ont reçu des crachats et des coups de pied » (en néerlandais) (2024-11-11)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le conflit indo-canadien

Publié le 17 octobre 2024 | Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

Dans les années 1940, émergea en Inde un mouvement en faveur de la création du Khalistan, un pays encastré situé dans le nord du territoire indien actuel et où les personnes de confession sikhe seraient majoritaires.

Ce mouvement prit de l’ampleur à la suite de l’attaque en 1984 du Temple d’Or (un temple sacré) où s’étaient réfugiés des militants Sikhs armés. Cette attaque avait été ordonnée par Indira Gandhi, première ministre de l’Inde. À la suite de quoi, ses gardes du corps Sikhs l’ont assassinée.

Les 770 000 Canadiens de confession sikhe forment la plus importante communauté sikhe hors de l’Inde. Et c’est au sein de cette diaspora qu’on trouve les personnes les plus dévouées à la cause indépendantiste du Khalistan.

Fêter le meurtre d’Indira Gandhi

Selon le calendrier sikh, c’est en avril qu’on célèbre la fête de la Moisson qui, dans l’hémisphère sud, survient à cette période de l’année.

En 2008, à Surrey, en Colombie-Britannique, la parade de cette fête comprenant une célébration de l’assassinat d’Indira Gandhi.

À la suite des protestations du gouvernement indien à ce sujet, le Canada a répondu que la célébration de la violence politique était compatible avec la liberté d’expression garantie par la constitution du pays.

En juin 2023, un défilé sikh à Brampton (en Ontario) mettait en vedette un char allégorique où cet assassinat politique était de nouveau représenté. Cela provoqua d’autres protestations de l’Inde, également rejetées du revers de la main par le Canada.

Le 6 juin dernier, à l’occasion de manifestations sikhes devant le consulat de l’Inde à Vancouver, on célébra de nouveau cet assassinat. Nouvelles protestations de l’Inde : nouveau haussement d’épaules d’Ottawa.

L’assassinat ciblé de Hardeep Dingh Nijjar

En 2007, un attentat survenu dans une salle de cinéma de la ville indienne de Ludhiana a fait six morts et quarante-deux blessés. Selon les autorités, les suspects arrêtés ont allégué que l’attentat était financé et dirigé par le Canadien Hardeep Dingh Nijjar.

En 2016, les médias indiens révélaient que M. Nijjar était soupçonné d’avoir dirigé, à partir du Canada, un attentat terroriste au Pendjab.

Si bien qu’Interpol a émis deux mandants d’arrestation (en 2014 et en 2016) contre M. Nijjar. Deux mandats auxquels le Canada n’a pas donné suite.

Au sud-est de Vancouver, M. Nijjar organisait des camps d’entrainement des Tigres du Khalistan, où les inscrits apprenaient le maniement des armes.


Aparté : En 2018, à l’occasion du voyage de Justin Trudeau en Inde, le Haut-commissariat canadien à New Delhi a organisé un diner d’honneur où était invité Jaspal Atwal, un extrémiste Sikh qui a été condamné à vingt ans de prison en 1986 pour la tentative d’assassinat d’un ministre indien en visite au Canada.

En 2019, Sécurité publique Canada — qui regroupe depuis 2003 toutes les agences fédérales responsables de la sécurité nationale — considérait que l’extrémisme sikh figurait au cinquième rang des menaces terroristes au pays. Toutefois, les députés fédéraux sikhs obtinrent que toutes les mentions de l’extrémisme sikh soient purgées de la version officielle du rapport.

Rappelons que le pire attentat terroriste de l’histoire canadienne, survenu en 1985, est l’explosion du vol 182 d’Air India, en partance de Montréal. Au cours de cet attentat, 329 personnes ont trouvé la mort, dont le pharmacien Gaston Beauchesne, de Hull. À ce jour, cet attentat sikh est demeuré essentiellement impuni.

En 2022, l’Agence de renseignement de l’Inde a accusé M. Nijjar d’avoir dirigé la tentative d’assassinat au Pendjab du prêtre hindou Kamaldeep Sharma.

Ces allégations sont basées sur les déclarations assermentées de suspects arrêtés en Inde. Toutefois, la World Sikh Organization of Canada (WSO) rejette ces allégations qui, selon elle, auraient été obtenues sous la torture.

Il faut noter ici que pour défendre sa cause contre M. Nijjar, l’Inde a dû partager sa preuve avec le Canada alors que la WSO n’a eu qu’à prétendre que cette preuve avait été obtenue sous la torture pour être crue sur parole par Ottawa.

En juin 2024, le quotidien torontois Globe and Mail révélait avoir obtenu des enregistrements de sermons de M. Nijjar où, en 2021, il en appelait à l’utilisation de la violence armée pour créer le Khalistan.

Depuis 1987, le Canada et l’Inde sont liés par un traité d’extradition.

Toutefois, le Canada a rejeté deux demandes d’extradition contre M. Nijjar afin de ne pas indisposer l’important communauté sikhe canadienne, très politisée, au sein de laquelle M. Nijjar était une personnalité respectée.

Las de l’inertie canadienne, l’ambassade l’Inde au Canada a procédé en juin 2023 à l’assassinat ciblé d’Hardeep Dingh Nijjar. Depuis ce temps, les relations entre le Canada et l’Inde se sont détériorées.

Les assassinats ciblés

Couramment, la Russie tue à l’Étranger ses dissidents politiques, autrefois à la ricine, de nos jours au Novitchok.

Le Canadien Gerald Bull, expert en balistique, a été tué à Bruxelles par le Mossad (israélien) en 1990. De nos jours, Israël procède à des assassinats ciblés contre des dirigeants ennemis réfugiés au Qatar, en Syrie ou en Iran. Et il les tuerait ailleurs s’ils s’y trouvaient.

En octobre 2018, le dissident politique Jamal Khashoggi a été dépecé à la tronçonneuse par un commando saoudien en Turquie.

Le même commando a été intercepté quelques jours plus tard à l’aéroport d’Ottawa. Un agent a trouvé suspect que ces personnes, prétendant effectuer un voyage touristique au Canada, apportaient dans leurs valises des instruments de dissection.

Leur victime devait être Saad Aljabri, ancien numéro deux des services de renseignement saoudiens, réfugié au Canada.

Les tueurs étaient accompagnés d’un diplomate saoudien qui a poursuivi sa route et qui n’a pas été expulsé par le Canada comme il aurait dû l’être. De plus, cet incident n’a pas suscité l’indignation de Justin Trudeau.

Parmi la multitude de leurs assassinats ciblés, les États-Unis ont assassiné en 2020 le général Qassem Soleimani à Bagdad.

Bref, l’assassinat ciblé est pratiqué par tous les pays qui en sont capables.

Conclusion

Le Canada représente pour l’Inde ce que l’Afghanistan représentait pour les États-Unis au moment des attentats du 11 septembre 2001; la base arrière d’extrémistes, voire de terroristes ennemis.

Tant qu’Ottawa se montrera indifférent aux préoccupations sécuritaires de l’Inde et refusera de s’attaquer au tabou canadien de l’extrémiste sikh, l’Inde sera tentée de se faire justice.

Ce qui est d’autant plus facile que le Canada est dirigé par un gouvernement dysfonctionnel, incapable de s’acquitter de ses responsabilités.

Ceci étant dit, le monde de demain sera celui de l’Indo-Pacifique.

Or le bilan diplomatique de Justin Trudeau est un désastre; il a réussi à se mettre à dos, entre autres, la Chine et l’Inde, piliers des BRICS.

En 1970, Pierre-Elliott Trudeau avait été un des tout premiers dirigeants occidentaux à reconnaitre la Chine communiste. Son fils a gaspillé le capital de sympathie amassé par son père en participant au rapt de Meng Wanzhou (une dirigeante de Huawei). Depuis, le Canada et la Chine sont à couteaux tirés.

En 2020, le Canada s’est mêlé des affaires intérieures de l’Inde en appuyant officiellement les manifestations de fermiers (principalement Sikhs) contre trois lois agricoles du gouvernement de Narendra Modi.

Et voilà que Justin Trudeau crée une crise diplomatique majeure autour d’un banal assassinat ciblé.

Sa réaction outrée, c’est celle qu’aurait n’importe quel chef d’État si on assassinait un de ses ministres. Pas un simple citoyen. Dans ce dernier cas, une indignation feinte suffit.

Au pouvoir depuis 2015, Justin Trudeau n’a pas encore compris que la scène internationale est le théâtre de la brutalité des nations. Le jour où il l’aura compris, il sortira enfin de l’adolescence.

Références :
Air India serial bomb threats: Why is it significant amid Canada tensions?
Canada’s Assassination Claim Further Divides Its Indian Diaspora
Canada’s Justin Trudeau backs farmers’ protest; India says remarks ‘ill-informed’
Des assassins saoudiens ont été envoyés à Ottawa
Des « ateliers » sur les normes juridiques du Canada pour des fonctionnaires indiens
Droit international et géopolitique (deuxième partie)
Général iranien tué : comment Donald Trump a pris la décision
Gerald Bull
Hardeep Singh Nijjar
India angered by apparent Sikh parade float in Canada portraying assassination
India complains to Canada about controversial images at Sikh parade
Jamal Khashoggi
Khalistanis burn Indian flag, celebrate Indira Gandhi’s assassination in Canada
L’affaire Huawei : dure pour le Canada, la vie de caniche américain
Le chef du Hamas inhumé au Qatar, « jour de colère » contre Israël
Le multiculturalisme et la guerre des diasporas au Canada
Pro-Khalistan Canadians glorify Indira Gandhi assassination; wield sword, burn Indian flag in Vancouver
The Nijjar enigma
Novitchok
Trudeau en Inde: un voyage diplomatique qui tourne au fiasco
Vol Air India 182
Who was Canadian Sikh leader Hardeep Singh Nijjar?
Who was Hardeep Singh Nijjar, the Sikh activist whose killing has divided Canada and India?

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Écrit par Jean-Pierre Martel