L’espionnage d’Ottawa dans nos vies n’a pas de limite

Publié le 11 juillet 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Introduction

En légalisant l’homosexualité au Canada en 1969, le premier ministre Pierre-Elliott Trudeau déclarait :

L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation.

Depuis, les temps ont changé.

L’espionnage ‘passif’ du Canada

Depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013, on sait que les cinq pays à majorité anglo-saxonne — les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande — ont mis sur pied un système de surveillance qui épie tous les courriels, tous les textos et toutes les conversations téléphoniques au monde.

Non pas qu’un espion écoute en direct chacune de nos conversations téléphoniques, mais qu’elles sont toutes stockées sur d’immenses serveurs et qu’elles seront écoutées si les autorités jugent approprié de faire enquête sur une ou plusieurs personnes parmi nous.

Ce système est opéré par les États-Unis. Et le Canada a consenti à l’espionnage américain de ses citoyens. Mais même si le Canada avait refusé son consentement, les États-Unis le feraient pareil.

De plus, la loi américaine autorise Washington à demander secrètement l’accès à toutes les données (y compris les données biomédicales) hébergées sur un serveur situé aux États-Unis ou qui appartient à une entreprise américaine.

Encore là, même si le Canada s’y opposait, cela ne changerait rien.

L’espionnage actif du Canada

Depuis janvier 2019, la Loi sur la statistique permet à Statistique Canada de recueillir automatiquement, et sans leur consentement, les informations bancaires de 500 000 Canadiens. Ces informations comprennent l’identité, le solde bancaire et les transactions effectuées.

Une fois le système rodé, il sera étendu à l’ensemble de la population canadienne.

Puisque cette collecte vise, officiellement, à aider les entrepreneurs à étoffer leurs plans d’affaires, on peut présumer que cette collecte ne vise pas seulement à savoir le total d’une transaction commerciale, mais le détail de ce qui a été acheté.

Dans tous les cas, ces informations ne seront pas anonymisées.

D’autre part, la semaine dernière, on apprenait que le recensement de 2026 comprendra de nouvelles questions.

Plus précisément, toute personne inscrite au recensement et âgée de quinze ans ou plus sera obligée (sous peine de sanctions) de révéler à l’État son orientation sexuelle.

La personne devra choisir entre se déclarer hétérosexuelle, lesbienne ou gaie, bisexuelle ou pansexuelle, ou pourra apporter les précisions nécessaires dans un espace prévu à cet effet.

Il existe une multitude de sondages qui permettent de connaitre assez précisément le pourcentage des différentes préférences sexuelles de la population.

De plus, par nos clics sur les médias sociaux, par les textes ou les vidéos ce qu’on choisit de consulter, les services de renseignements ont une idée vague de nos préférences sexuelles. Mais ce n’est pas une preuve formelle.

Par le biais du recensement, Ottawa veut des noms et il veut des aveux. Des aveux obtenus sous la menace des sanctions prévues par la loi contre ceux qui refusent de répondre aux questions du recensement. En somme, il veut savoir qui couche avec quoi (à défaut de savoir avec qui).

On est donc aux antipodes de l’époque où on croyait que ce qui se passait dans les chambres de la nation ne regardait pas l’État.

Malheureusement, en apposant une étoile jaune au dossier étatique des bénéficiaires des politiques d’ÉDI (Équité, Diversité et Inclusion), on donne à des régimes moins bienveillants qui pourraient suivre tous les outils pour les persécuter.

De plus, contrairement à la Canadian Constitution — cette constitution adoptée par le Canada anglais sans le Québec en 1982 — la Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnait explicitement le droit à la vie privée.

Son article 5 se lit comme suit :

5. Toute personne a droit au respect de sa vie privée.

En violant ce droit, Ottawa donne aux Québécois une raison de plus de vouloir l’indépendance du Québec.

Références :
CLOUD Act
L’affaire Alstom
Bill omnibus (Trudeau)
Edward Snowden
Informations bancaires: Statistique Canada veut rassurer les citoyens
L’espionnage de l’État canadien n’a pas de limite
Recensement 2026 : de nouvelles questions pour mieux comprendre les Canadiens

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement

Publié le 4 juillet 2025 | Temps de lecture : 9 minutes


 
Introduction

Pour convaincre les Canadiens de reporter au pouvoir le Parti libéral du Canada, les stratèges de ce parti ont choisi de commercialiser Mark Carney — un technocrate respecté de la finance mondialisée — comme le rempart du Canada contre Donald Trump.

Mais voilà qu’à peine élu, ‘Capitaine Canada’ a préféré jeter les gants plutôt que de livrer son premier combat contre le président américain.

La taxe sur les services numériques

Il y a quelques jours, les géants du Web devaient effectuer le premier versement d’une taxe d’équité fiscale intitulée ‘Taxe sur les services numériques’.

Celle-ci visait toutes les entreprises qui font affaire au Canada et dont les revenus mondiaux dépassent 750 millions d’euros par année, de même que les entreprises canadiennes offrant des services numériques dont les revenus dépassent 20 millions de dollars canadiens par année.

Au lieu d’interdire l’évitement fiscal qui permet aux grandes entreprises de ne pas payer leur juste part d’impôt en délocalisant leurs profits à l’Étranger, Ottawa avait choisi de s’attaquer spécifiquement aux géants de l’informatique. C’était un premier pas, nous disait-on.

Cette taxe devait rapporter 7,2 milliards de dollars sur cinq ans au fisc canadien. Ottawa l’a abandonné parce qu’elle suscitait la colère de Donald Trump.

Pourquoi ?

Les fondements de l’économie américaine

Selon la CIA World Factbook le secteur agricole compte pour 0,9 % du PIB américain, l’industrie manufacturière pour 17,6 % et les services pour 76,4 %.

Seulement 4 à 8 % des travailleurs américains œuvrent dans le secteur manufacturier. C’est le résultat d’un demi-siècle de mondialisation. Une mondialisation qui a consisté à délocaliser vers l’Asie des millions d’emplois occidentaux qui pouvaient être occupés ailleurs par une main-d’œuvre à moindre cout.

Face aux tarifs douaniers de Trump, les mesures de représailles d’Ottawa (limitées au secteur manufacturier américain) sont de la poudre aux yeux; ce n’est pas cela qui fait mal à l’économie américaine.

Ce qui ferait réellement mal, c’est de cibler le secteur tertiaire. Notamment la location de logiciels sur une base annuelle, l’hébergement infonuagique, la publicité sur les médias sociaux, le commerce électronique, la collecte et la vente des données personnelles, de même que les services de musique et de vidéos sur demande.

Les oligarques du Web sont les piliers de l’administration Trump. Les cibler équivaut à s’attaquer au cœur du régime.

Voilà pourquoi la taxe numérique du Canada irritait au plus haut point le président américain. D’autant plus que sa réussite aurait pu faire tache d’huile et inciter d’autres pays à imiter le Canada.

Pourquoi capituler ?

Pour obtenir l’abandon de la taxe sur les services numériques, Donald Trump n’a eu qu’à froncer les sourcils, c’est-à-dire de menacer de suspendre les négociations qui ont pour but d’aboutir à une version ‘améliorée’ de l’accord de libre-échange actuellement en vigueur (l’ACÉUM).

Au moment de sa signature, cet accord a été présenté comme le plus extraordinaire traité intervenu à ce jour. Mais en aout 2020, moins de deux mois après son entrée en vigueur, Donald Trump imposait une taxe à l’importation de 10 % sur l’aluminium canadien.

À l’égard des pays avec lesquels les États-Unis n’ont pas conclu de traité de libre-échange, Washington est libre d’imposer toutes les taxes à l’importation qu’il voudra.

Mais un traité de libre-échange a précisément pour but d’abolir les frais de douane sur les produits couverts par l’entente. Voilà pourquoi cela s’appelle un traité de libre-échange.

En imposant des taxes à l’importation comme il le fait présentement, Trump ne fait pas que violer un document qui a force de loi des deux côtés de la frontière; il viole le Droit international. En effet, tout traité entre deux ou plusieurs pays fait automatiquement partie du Droit international.

D’où la question : qu’est-ce qui justifie cet empressement canadien à négocier une nouvelle entente avec un chef d’État qui ne respecte jamais sa parole ? Par expérience, on peut anticiper que Donald Trump critiquera l’entente avant même que l’encre de sa signature ne soit sèche.

Évidemment, on peut toujours se dire que Donald Trump n’est pas éternel et que ses successeurs, au moins, respecteront cette nouvelle version de l’accord. Mais qu’est-ce qu’on en sait ? A-t-on oublié qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ?

Pelleter l’espoir vers l’avant

Officiellement, Ottawa explique sa déconfiture par son désir de faire progresser les négociations commerciales avec les États-Unis.

En supposant que cette taxe nuirait à la poursuite de ces négociations, Ottawa aurait pu suspendre cette taxe au lieu de l’abolir. Ce faisant, cette suspension aurait constitué une épée de Damoclès au-dessus des négociateurs américains.

Ou le Canada aurait pu annoncer son intention de faire passer cette taxe à 4 %, à 5 %, à 10 % ou à plus. Quitte à retourner à 3 % pour donner à Donald Trump l’illusion d’une victoire.

Le fait que le Canada soit le vassal de son redoutable voisin est une réalité géopolitique indiscutable.

Mais il y a des degrés à la vassalisation.

Jusqu’ici, les dirigeants canadiens ne ménageaient pas leurs efforts pour que cette servitude ne soit pas trop évidente aux yeux de la population du pays.

Depuis l’élection de Mark Carney, notre pays ne cherche même plus à faire illusion. Ottawa veut convaincre le président américain que la plus grande ambition du gouvernement canadien est d’avoir l’honneur de ramper devant lui.

Donald Trump respecte les hommes forts qui sont capables de lui tenir tête poliment; Benyamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdoğan, Mohammed ben Salmane, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

En cédant aux désidératas de Trump sans chercher à obtenir la moindre contrepartie, Ottawa se présente au loup trumpien comme l’agneau qui aspire à son sacrifice. La suite est prévisible.

La nouvelle politique industrielle du Canada

La relation que Trump désire établir entre le Canada et les États-Unis est de nature néocoloniale.

Pour l’administration Trump, le Canada doit se limiter à être un fournisseur de matières premières et un acheteur de produits finis américains. En somme, il s’agit de transformer le Canada en pays du tiers-monde. Tout au plus peut-il produire des biens qui n’entrent pas en concurrence avec des produits américains.

Tant que le Canada vend aux États-Unis des hydrocarbures, de l’électricité, des minéraux stratégiques et du bois d’œuvre, pas de problème.

Lors de son premier mandat, Trump avait imposé à Bombardier une taxe qui triplait le prix de vente de ses avions sur le marché américain afin de lui en interdire l’accès.

Le message pour le Canada était clair; « Moi, Donald Trump, interdis au Canada de faire concurrence aux piliers de mon économie.»

Lorsque le temps fut venu de sauver Bombardier de la faillite, Ottawa prêta au constructeur des millions de dollars pour soutenir la production d’avions d’affaires en Ontario (en concurrence avec le constructeur brésilien Embraer), mais presque rien pour la construction d’avions de ligne au Québec (en concurrence avec le constructeur américain Boeing).

Avec ses tarifs douaniers actuels, la deuxième administration Trump veut obliger le Canada à réorienter son économie en abandonnant la construction automobile et en se concentrant sur la production de matières premières et de ressources énergétiques.

Encore une fois, le message a été bien entendu; aussitôt Ottawa a adopté à toute vitesse la loi C-5 au sujet des grands projets d’infrastructures.

Cette loi vise à accélérer la construction de routes, d’infrastructures portuaires, de brise-glaces, de pipelines et de gazoducs.

Cette loi ne vise pas à favoriser la recherche et le développement au pays. Elle ne cherche pas à faire du Canada un leadeur technologique, mais plutôt un simple fournisseur de matières premières afin de satisfaire la gourmandise de la puissance industrielle au sud de nos frontières.

En somme, elle sert à construire l’État pétrolier canadien, au risque de déclencher le mal hollandais.

Celui-ci est un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations des matières premières, qui, à son tour, provoque l’appréciation de la devise, ce qui finit par nuire à la compétitivité des exportations non gazières du pays.

Rester plus longtemps dans le Canada consiste donc à financer notre propre déclin industriel.

L’argument fédéraliste selon lequel, face à Trump, on est plus fort à dix qu’individuellement n’est plus valable quand le pays est dirigé par une élite politique mondialiste dont l’ambition n’est plus que d’être les intendants régionaux de l’impérialisme américain.

Références :
Accord Canada–États-Unis–Mexique
« Carney a décidé de plier »
Grands projets d’infrastructure : C-5 devient loi
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Maladie hollandaise
Que signifie la fin de la taxe sur les services numériques?
United States – The World Factbook

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement

Publié le 29 juin 2025 | Temps de lecture : 13 minutes


 
La priorité absolue à la Défense

L’opportunité d’accroitre les dépenses militaires du Canada fait consensus au sein de la classe politico-médiatique du pays. Si bien qu’aux dernières élections fédérales, les partis politiques ont unanimement promis d’accroitre le budget de la défense du Canada.

Le résultat, c’est que le parti qui forme aujourd’hui un gouvernement à Ottawa peut prétendre qu’il possède le mandat populaire d’aller de l’avant à ce sujet puisque le peuple a voté pour, n’ayant pas le choix.

Conséquemment, le premier ministre Mark Carney annonçait récemment que le Canada atteindra l’ancienne cible de 2 % recommandée par l’Otan dès cette année, et la nouvelle cible de 5 % d’ici 2035.

Au final, c’est plus de 150 milliards de dollars qui seront dépensés chaque année pour la Défense nationale. Cela représente une ponction fiscale de quinze-mille dollars dans les revenus annuels d’une famille moyenne de deux adultes et de deux enfants.

Même si Ottawa possède toute la légitimité nécessaire pour dépenser une telle somme, il suffit de consulter les forums de discussion de nos médias électroniques pour constater que cette nouvelle course aux armements est loin de faire consensus.

Exception faite de l’Alberta qui, en raison des redevances pétrolières, nage dans les surplus budgétaires, les gouvernements provinciaux peinent à s’acquitter de leurs obligations.

Si bien qu’une partie de la population s’oppose à ce que la priorité d’Ottawa soit là et pas ailleurs.

La fabrication du consentement

Pour consentir aux sacrifices qui seront nécessaires aux nouvelles dépenses militaires, Ottawa doit susciter l’adhésion de la population canadienne.

Pour y parvenir, il peut compter sur deux moyens. Premièrement, exposer exclusivement la population au discours alarmiste de l’Otan. Et deuxièmement, faire miroiter des retombées économiques intéressantes.

Le lavage des cerveaux

Depuis des années, Ottawa a transformé le Téléjournal de Radio-Canada en organe de propagande de l’Otan.

Depuis deux décennies, le grand responsable de l’information internationale y est François Brousseau, un journaliste maccartiste qui voit la menace communiste jusque dans sa soupe.

Par conséquent, tous les ‘experts’ invités au Téléjournal à s’exprimer au sujet des dépenses militaires canadiennes n’exposent que la nécessité de les augmenter.

De manière analogue, sur le site web de Radio-Canada, on ne trouve que des reproches au sujet de l’insuffisance de nos dépenses militaires, associés aux dangers de cette ‘imprudence’. Cette propagande va jusqu’à l’invraisemblance.

L’organisme Inuit Tapiriit Kanatami est une ONG bidon entièrement financée par le gouvernement fédéral et dont le siège social est situé… à Ottawa.

Radio-Canada publiait récemment un texte destiné à nous convaincre que le plus grand souci des Inuits, ce n’est pas l’épidémie de tuberculose qui frappe leurs communautés. Ce n’est pas la pauvreté ni la violence conjugale qui y sévit. Ce n’est pas la fonte rapide des banquises sur lesquelles les mamans phoques nourrissent leurs petits. Ce n’est pas les ours polaires qui, en nombre croissant, rôdent près des habitations des Inuits. Non, leur grande peur, c’est l’invasion arctique de la Russie.

Pourtant, la plus courte distance entre les côtes russes et celles du Québec dépasse 3 600 km. C’est la distance entre Montréal et Vancouver.

La Russie peut certainement envoyer des missiles qui détruiraient nos barrages hydroélectriques. Ce qui handicaperait l’économie du Québec pendant des années. Mais pour nous envahir, elle doit y envoyer des soldats, des chars d’assaut, créer des lignes d’approvisionnement, etc.

Après avoir parcouru les 3 600 km, tout ce dont l’Armée rouge pourra s’emparer, ce sont des iglous, des maisons préfabriquées et des traineaux à chiens. Si Moscou veut s’emparer de quelque chose de plus substantiel, son armée devra ensuite traverser tout le Québec du nord au sud.

En somme, le Québec est le seul endroit au monde où le risque d’une invasion (autre qu’une improbable invasion américaine) est nul. Ce risque n’est pas que faible; il est nul. N-U-L. Comme dans zéro.

Selon un sondage récent, près de la moitié des 18-34 ans seraient en faveur de l’indépendance du Québec.

Il ne fait aucun doute que l’urgence de quitter le Canada leur apparaitra encore plus évidente le jour où ils réaliseront que demeurer au sein du Canada plus longtemps revient à assumer éventuellement la dette croissante et colossale que nous leur laisserons.

L’aide sociale aux fabricants d’armement

Pour ‘vendre’ l’augmentation des dépenses militaires canadiennes, on fait miroiter la possibilité que des entreprises québécoises puissent décrocher de juteux contrats. Et ce, en plus des retombées économiques qui se répercuteront dans l’ensemble de l’économie québécoise.

Les contrats du ministère de la Défense

L’armée canadienne n’a jamais donné au Québec sa juste part des contrats militaires. Il y a quelques années, c’est le critique libéral en matière de Défense qui avait involontairement révélé le pot aux roses lors de l’étude d’un contrat mineur que le ministre de la Défense Marcel Masse devait accorder au Québec.

Pourquoi devrions-nous investir dans une province alors qu’elle pourrait bientôt faire sécession du Canada ?” avait demandé le critique libéral. Ce à quoi le ministre conservateur avait répondu : “Pour l’instant, les Québécois paient des taxes. Si nous les punissons pour une indépendance qu’ils ne font pas, ils sont aussi bien de la faire puisqu’au moins, ils en retireraient les avantages, ce qu’ils n’ont pas en restant dans le Canada.

Voilà pourquoi, par exemple, Ottawa a utilisé toute une série de prétextes pour éviter de donner des contrats maritimes au chantier Davie.

De plus, on doit se rappeler qu’après avoir versé en 2009 près de 13,7 milliards$ à GM et Chrysler pour les sauver de la faillite, lorsque c’est l’industrie aéronautique québécoise qui s’est retrouvée en difficulté, Ottawa a consenti à Bombardier un prêt remboursable de 372,5 millions$ — trois pour cent de 13,7  milliards$ — dont les deux tiers à la condition que ce constructeur aérien maintienne ses activités en Ontario (où sont construits ses avions d’affaires Global 7000).

Si Bombardier décidait de produire des avions militaires, il faudrait que l’avionneur les fabrique en Ontario pour qu’Ottawa l’aide à cette fin.

Troisième exemple. En vue d’une installation au Canada, la compagnie Oerlikon avait envisagé plusieurs sites, dont Saint-Jean-sur-Richelieu.

Lorsqu’André Bissonnette — député conservateur de la circonscription et ministre d’État affecté aux Petites entreprises — avait appris que la candidature de sa ville avait été rejetée, il s’était discrètement informé auprès de la compagnie pour connaitre la ou les raisons de ce rejet.

Or tous ces motifs de rejet étaient inexacts; au contraire, Saint-Jean-sur-Richelieu possédait tous les atouts souhaités par le constructeur. Grâce à son influence, Oerlikon finit par s’établir dans cette ville.

Furieux que le député québécois ait empêché Oerlikon de s’établir ailleurs (comme ils le lui conseillaient), les fonctionnaires fédéraux se sont vengés en déclenchant une enquête de la Gendarmerie royale contre le député sous l’accusation fallacieuse d’avoir spéculé sur les terrains achetés par le constructeur, accusation dont André Bissonnette fut complètement innocenté par les tribunaux.

À partir de ces exemples, imaginer que le Québec obtiendrait dorénavant sa juste part des contrats militaires fédéraux relève du jovialisme.

La sous-traitance de l’armée américaine

Qu’il s’agisse d’une participation canadienne à la construction d’un système antimissiles nord-américain (surnommé Dôme d’or) ou de l’achat de matériel militaire américain, le Canada ne peut pas compter sur Washington pour que des entreprises d’ici bénéficient de contrats de sous-traitance.

Pour que cela se fasse, il faudrait que Donald Trump favorise l’intégration nord-américaine de l’industrie de l’armement. En d’autres mots, que les compagnies canadiennes fabriquent des obus ou des composants, ou procèdent à l’assemblage final des systèmes antimissiles, par exemple.

Comme c’est le cas de l’industrie automobile nord-américaine où le Canada fabrique des pièces détachées, ou assemble certains modèles de voitures.

Au contraire, Donald Trump sabote l’intégration économique canado-américaine par des taxes à l’importation dont le but est de forcer les fournisseurs canadiens à délocaliser leur production aux États-Unis.

Et on veut nous faire croire qu’il ferait l’inverse dans le cas de l’industrie de l’armement ?

Envers le Canada et les autres pays de l’Otan, Donald Trump ordonne le paiement d’un tribut comme l’exigeait Rome des peuples de son Empire. Le président américain veut que la protection militaire de son pays ait un prix.

Ce qui est parfaitement légitime. Tous les citoyens paient des impôts qui servent à financer la police et l’armée. Washington veut qu’il en soit de même de la protection militaire qu’il assure à ses vassaux.

Les retombées économiques

Toute dépense de l’État occasionne des retombées économiques. Prenons un exemple.

Lorsqu’Ottawa attribue un milliard de dollars à la construction domiciliaire, cette somme est injectée intégralement dans l’économie canadienne. Mais chaque dollar sert plusieurs fois.

Les entrepreneurs en construction qui bénéficient des contrats gouvernementaux dépensent l’argent reçu du gouvernement à payer leurs ouvriers et à acheter des matériaux.

D’une part, les fabricants de ciment, de bois d’œuvre, de portes et fenêtres prennent l’argent des entrepreneurs (reçu du gouvernement) pour renflouer leurs stocks.

Et les ouvriers dépensent leurs salaires — versés par leurs employeurs à partir de l’argent des contrats gouvernementaux — pour nourrir les membres de leur famille et les loger, pour chauffer le domicile conjugal, pour acheter du matériel scolaire, du lait maternisé ou des couches pour bébé. Etc.

Et l’épicier qui leur vend des aliments utilise l’argent que ceux-ci dépensent pour rémunérer leurs propres employés et renflouer ses stocks auprès de ses fournisseurs. Et ainsi de suite.

En moyenne, chaque dollar dépensé génère près de trois dollars de retombées économiques. En d’autres mots, les retombées économiques des contrats gouvernementaux sont habituellement comprises entre 270 % à 300 %.

Selon Ottawa, l’achat des chasseurs-bombardiers F-35 par le Canada représente des retombées économiques de l’ordre de dix-milliards de dollars. Cela semble beaucoup.

Toutefois, il faut dépenser 45 milliards$ pour en retirer un bénéfice de dix-milliards$ (22 %).

L’acquisition des chasseurs-bombardiers F-35 par notre pays est le plus mauvais contrat militaire de l’histoire du Canada.

Mais il y a toujours pire. Selon toute vraisemblance, le financement canadien au ‘Dôme d’or’ américain n’occasionnera aucune retombée économique ou presque; ce projet pharaonique n’est qu’un stratagème d’extorsion totalement inutile contre les missiles supersoniques russes.

Conclusion

Alors que de partout résonne le tambour de la guerre, que faut-il au Canada pour se défendre dans l’éventualité d’une Troisième Guerre mondiale ? Voilà la première question à se poser.

La seconde concerne le cout des moyens qui nous seraient alors nécessaires.

Si on en juge par les guerres actuelles, ce dont le Canada a besoin, ce sont des drones autonomes mus par intelligence artificielle (comme ceux utilisés par Israël dans la bande de Gaza), des missiles sol-sol et sol-air (qui empêchent l’ennemi d’acquérir la suprématie aérienne), un système de géolocalisation satellitaire qui détermine précisément les cibles à atteindre, et des missiles supersoniques qui rendent toute défense inutile.

Au lieu d’être le Neville Chamberland des temps modernes et d’acheter de la camelote américaine démodée avant même d’être produite, Mark Carney devrait se tenir debout et dire que le Canada a déjà tout ce dont il a besoin pour pallier une invasion militaire qui n’arrivera pas et que la meilleure manière de prévenir la guerre est l’intégration économique avec les pays dont nous cultivons, au contraire, l’animosité.

Au Québec, les hôpitaux tombent en ruine, les écoles manquent de place, la crise du logement sévit, aucun projet de transport en commun n’a été initié par la CAQ depuis sept ans, l’adaptation aux changements climatiques est un fiasco et Montréal s’anglicise sous l’effet du déluge migratoire voulue par Ottawa.

Le danger qui guette le Canada ne vient pas de l’Étranger; il vient de l’intérieur. Quand la dette que nos gouvernements auront accumulée nécessitera à la fois une hausse importante des impôts et la privatisation des services dont on nous promettait la gratuité, il y a lieu de craindre une instabilité sociale contre laquelle les militaires canadiens, armés jusqu’aux dents, seront impuissants.

Références :
« Dôme d’or » : Carney dit être intéressé, mais…
Dépenses militaires : le Canada atteindra la cible de l’OTAN dès cette année, dit Carney
Du beurre ou des bombes: faut-il se ruiner pour l’OTAN?
L’Alberta dégage un surplus de 8,3 G$ en 2024-2025
La façade ministérielle de l’État canadien
La géopolitique de l’Arctique
L’augmentation des dépenses militaires du Canada
Le Canada s’engage à plus que doubler ses dépenses militaires d’ici à 2035
Le colonialisme économique ‘canadian’
Le Québec en position stratégique pour le réarmement de la défense canadienne
Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne
Les miettes dorées du F-35
Les miettes fédérales au chantier maritime Davie
Le TVA Nouvelles demeure numéro 1 au Québec
Les Inuit pressent Ottawa de sécuriser l’Arctique
L’OTAN doit se calmer le pompon
Trump dit que l’adhésion du Canada au « Dôme d’or » coûtera 61 milliards de dollars
Un nouvel engouement des jeunes pour la souveraineté

Paru depuis : Pour augmenter leurs dépenses militaires, les pays européens tentés de réduire l’Etat-providence (2025-09-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Rebâtir les relations indo-canadiennes

Publié le 16 juin 2025 | Temps de lecture : 1 minute

Justin Trudeau se prenait pour un grand leadeur mondial alors qu’il était le chef d’État d’une puissance moyenne. Sa manie de donner des leçons à tout le monde — y compris aux dirigeants chinois — ou de se moquer du président américain dans son dos, avait placé le Canada en froid avec une bonne partie des pays dans le monde.

J’ai eu l’occasion de traiter des relations indo-canadiennes dans un texte paru il y a huit mois.

La décision du nouveau premier ministre canadien d’inviter son homologue indien à assister à la prochaine réunion du G7 (dont le Canada est l’hôte) a suscité de nombreuses critiques.

Je ne suis pas du nombre. Pour moi, il s’agit d’un geste de réalpolitik.

Toutefois, le bref commentaire que j’ai envoyé à ce sujet sur le site de Radio-Canada vient d’être censuré :

Ce qui m’apprendra à appuyer une décision d’Ottawa…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’augmentation des dépenses militaires du Canada

Publié le 3 juin 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce que, dix ans plus tard, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de 2 % de leur produit intérieur brut (PIB).

Ce deux pour cent, ce n’est pas une exigence à laquelle il faut obéir à défaut de quoi un pays risque d’être expulsé de l’Alliance; c’est un engagement volontaire pris individuellement par certains pays, dont le Canada.

Puisque nous sommes rendus dix ans plus tard, il est clair qu’Ottawa a failli à réaliser son engagement militaire puisque nous en sommes actuellement à 1,3 % du PIB.

Pour faire face à une guerre de haute intensité comme celle qui se déroule en Ukraine, même deux pour cent du PIB est insuffisant. Voilà pourquoi le secrétaire général de l’Otan et l’administration Trump s’entendent pour dire que les pays occidentaux devraient plutôt consacrer cinq pour cent de leur PIB à leur défense.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Soulignons d’abord qu’il ne s’agit pas d’un pourcentage du budget fédéral, mais d’un pourcentage du produit intérieur brut. Or le PIB, c’est la valeur de tous les biens et services produits au pays au cours d’une année.


Couts de l’augmentation des dépenses militaires

Pourcentage Cout Cout additionnel Cout par famille
1,3 % du PIB 40,1 milliards $ (aucun) 4 010 $
2,0 % du PIB 61,7 milliards $ 21,6 milliards $ 6 170 $
3,0 % du PIB 92,5 milliards $ 52,4 milliards $ 9 250 $
4,0 % du PIB 123,4 milliards $ 83,2 milliards $ 12 340 $
5,0 % du PIB 154,3 milliards $ 114,2 milliards $ 15 430 $

Le PIB du Canada est de 3 085 milliards de dollars canadiens. Pour dépenser cinq pour cent de son PIB en dépenses militaires, le Canada devra y consacrer annuellement 154,32 milliards de dollars.

En comparaison avec ce qu’on dépense actuellement, c’est 114,2 milliards de dollars de plus, par année.

Concrètement, cela signifiera qu’une famille moyenne (deux parents et deux enfants) devra (théoriquement) payer chaque année 15 430 $ en impôts pour la défense du pays.

Évidemment, cela est théorique puisque nos politiciens se font élire sous la promesse de réduire les taxes et les impôts.

Pour augmenter de manière importante les dépenses militaires sans augmenter les impôts, une solution sera de nous endetter en refilant la facture aux générations futures.

Ou bien, il suffit au fédéral de couper dans les transferts aux provinces. Ce qui leur laissera l’odieux de sabrer dans notre filet de protection sociale.

Ce sera l’un ou l’autre.

Paru depuis : OTAN : les alliés affichent un accord pour augmenter les dépenses de défense jusqu’à 5 % de leur PIB (2025-06-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La redéfinition du Canada sous la menace américaine

Publié le 5 mai 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Après son élection à la tête du pays, une des premières décisions de Mark Carney fut d’inviter le roi Charles III à effectuer une visite officielle au Canada et, à cette occasion, à prononcer le discours d’ouverture du parlement canadien.

« Il s’agit d’un honneur historique. Cela montre la souverènité (sic) de notre pays » a déclaré le premier ministre.

Évidemment, Mark Carney ment; le fait que le roi d’Angleterre règne également sur Canada est un reliquat archaïque de notre passé de colonie britannique.

Mais menacé d’annexion par les États-Unis, le Canada cherche à se réinventer et à se montrer différent de notre puissant voisin.

La désillusion du post-nationalisme

À la suite de l’abandon des politiques migratoires canadiennes qui, pendant plus d’un siècle, favorisaient la venue presque exclusive d’immigrants de souche européenne, le multiculturalisme fut l’adaptation du pays à sa diversification ethnique.

En 1982, la notion du multiculturalisme fut même enchâssée dans l’article 27 de la Canadian Constitution, adoptée unilatéralement par l’ethnie dominante du pays en 1982.

Cela s’est concrétisé par les politiques d’ÉDI qui visaient à obliger toutes les institutions qui reçoivent du financement d’Ottawa à refléter la nouvelle composition ethnique du pays.

En vertu du multiculturalisme, le nouvel arrivant au pays peut s’adapter à la société d’accueil, mais n’en a aucune obligation. Au contraire, la suprématie des droits individuels, prescrite par la constitution, exige l’obligation de la société d’accueil de s’ajuster à lui par le biais d’accommodements, aussi couteux soient-ils.

Si bien qu’il y a une décennie, le Canada fut le premier pays à se déclarer ‘post-national’, définissant ainsi sa population comme un ensemble de citoyens atomisés vivant sur un même territoire. Des citoyens qui, chacun à sa manière, se forgent une identité selon leurs affinités (ethniques, notamment).

Ce refus de promouvoir un socle commun auquel tous les citoyens se doivent d’adhérer a fait du Canada le théâtre d’affrontements entre diverses diasporas (arabes vs juives, sikhs vs indiennes, notamment).

Une décennie après s’être déclaré ‘post-national’, voilà que le Canada effectue un virage à 180°. La cause de cette volteface tient en cinq lettres; T, R, U, M et P.

Le renouveau du nationalisme anglo-canadien

À partir de l’exemple de deux pays qui se sont fait la guerre à répétition, soit la France et l’Allemagne, on peut affirmer que l’intégration économique est le meilleur moyen de prévenir les guerres; aujourd’hui, un conflit militaire entre ces deux pays serait impossible.

À deux occasions, le Canada a repoussé des invasions américaines; en 1775 et en 1812. On peut croire que l’intégration économique canado-américaine, concrétisée par des accords de libre-échange, a mis notre pays à l’abri d’une troisième tentative de conquête militaire par notre puissant voisin.

Effectivement, au-delà des fanfaronnades et des menaces de Donald Trump, ce dernier n’ordonnera pas la troisième tentative américaine de nous conquérir pour une simple et bonne raison.

De nos jours, toute guerre est ruineuse. Or la réduction du déficit budgétaire du gouvernement américain est une des quatre préoccupations fondamentales de l’administration Trump.

Mais ses menaces répétées du contraire ont été instrumentalisées par le Parti libéral du Canada pour propulser à la tête du pays un banquier mondialiste coupé des préoccupations du Canadien moyen et dépourvu de charisme.

Comme la personne meurtrie se réfugie en position fœtale sous les couvertes de son lit, le nouveau premier ministre canadien n’a rien trouvé de mieux pour unir le pays derrière lui que lui offrir le réconfort de son glorieux passé de colonie britannique.

Évidemment, on peut anticiper les émissions spéciales de Radio-Canada consacrées à la visite royale qui viseront à faire en sorte que tous les maris adultères se reconnaitront dans ce pauvre Charles III et alors que toutes les adolescentes qui rêvent d’être princesses se pâmeront le long du parcours de la seconde épouse du monarque anglais en agitant des petits drapeaux canadiens.

Conclusion

Quand les Québécois comprendront-ils que nous n’avons rien à gagner à demeurer dans un pays dont l’élite politique n’a pas hésité à nous imposer une camisole de force constitutionnelle en 1982, et qui, aujourd’hui, n’hésite pas applaudir les descendants de nos conquérants comme le feraient des phoques de cirque…

Références :
Bientôt de passage au Canada, le roi Charles III prononcera le discours du Trône
Comment en est-on venus à prêter serment à un roi étranger ?
Déchiffrer Donald Trump
Le multiculturalisme et la guerre des diasporas au Canada
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Trump et la naissance du nationalisme ‘postnational’

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump et la naissance du nationalisme ‘postnational’

Publié le 22 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Au cours d’une entrevue au New York Times, Justin Trudeau déclarait en 2015 :

Il n’y a pas d’identité fondamentale, pas de courant dominant au Canada. Il y a des valeurs partagées : l’ouverture, le respect, la compassion, la volonté de travailler fort, d’être là les uns pour les autres, de rechercher l’égalité et la justice. Ce sont ces qualités qui font de nous le premier État postnational.

En somme, il n’existe pas de peuple canadien ni de nation canadienne, mais seulement un ensemble de personnes atomisées qui habitent un même territoire et qui partagent des valeurs universelles, c’est-à-dire des valeurs qui n’ont rien de strictement ‘canadiennes’.

Complètement détachées du territoire et de son histoire, ces personnes se regroupent sur les médias sociaux et forment des communautés virtuelles selon leurs affinités ou leurs centres d’intérêt.

La paix universelle

C’est en 1992 que le politicologue américain Francis Fukuyama publiait ‘La Fin de l’histoire et le Dernier Homme’. Dans cet essai, l’auteur prédisait que la fin de la guerre froide mènerait à la suprématie absolue et définitive de l’idéal de la démocratie libérale à travers le monde.

Au fur et à mesure que les pays créent et se soumettent à l’autorité d’institutions supranationales, celles-ci arbitrent les conflits et préviennent les guerres mieux que pourraient le faire les États eux-mêmes. D’où la redondance de ces derniers.

Deux décennies plus tard, quand Justin Trudeau proclame que le Canada est le premier pays postnational, il est parfaitement dans l’air du temps.

Le réveil des ‘ démons identitaires’


 
Dix autres années plus tard, comme les temps ont changé.

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump est illégale parce que contraire à l’esprit et à la lettre de l’ACÉUM. Pour s’en protéger, les travailleurs et les chefs d’entreprises canadiens ne peuvent pas compter sur les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce parce que leur fonctionnement est bloqué par Washington.

Ils ne peuvent compter que sur Ottawa et sur le gouvernement de leur province.

Les États-Unis ont envahi le Canada en 1775 et en 1812. Si l’imprévisible président actuel des États-Unis devait mettre en œuvre ses menaces d’annexion territoriale, il ne faudra pas compter sur l’Onu car seules les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes. Or les États-Unis y ont droit de véto.

C’est sans doute pour cela que les Canadiens ont réalisé qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Et voilà donc que les ‘démons identitaires’, si longtemps combattus par les libéraux fédéraux et leurs valets québécois, refont surface.

Au cours de la campagne électorale qui s’achève, les chefs des formations politiques fédérales ont pris l’habitude d’annoncer les bonbons qu’ils nous promettent devant un grand drapeau du Canada. Si bien qu’on ne sait plus si on doit retenir l’immensité du drapeau ou la petitesse de ceux devant…

S’il a fallu quelques semaines pour que la notion d’État postnational vole en éclats, c’est qu’elle ne reposait sur pas grand-chose.

Quant à la redécouverte du nationalisme, elle sert bien les intérêts canadiens pour l’instant. Mais il faudra peu de chose pour qu’il se transpose au niveau québécois quand viendra le temps de décider si nous voulons prendre notre avenir en main ou demeurer à la merci d’un gouvernement central majoritairement composé à Ottawa de fonctionnaires unilingues anglais.

Références :
Définition d’un État postnational selon Deepseek
How Trump’s Canada threats dampened Quebec separatist movement – for now
La Fin de l’histoire et le Dernier Homme
Trudeau’s Canada, Again

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le wokisme fédéral à l’université

Publié le 7 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Il y a deux ans, le chef d’orchestre Jonathan Dagenais avait postulé pour devenir professeur adjoint à la faculté de musique de McGill. Appuyée unanimement par un comité de sélection, sa candidature avait finalement été rejetée arbitrairement par doyen de la faculté.

Celui-ci craignait que sa faculté soit privée des subventions accordées par Ottawa et qui sont conditionnelles à l’embauche accrue de personnes appartenant à des minorités raciales, sexuelles et de genre.

La faculté avait donc embauché une candidate autochtone native du Manitoba, sans doute compétente pour le poste, mais moins que le professeur Dagenais.

Le 31 mars dernier, on apprenait le cas de Patanjali Kambhampati (ci-contre). Son cas est antérieur à celui du professeur Dagenais. Mais il refait surface de nos jours grâce à une chronique du Journal de Montréal.

Né en Inde, ce professeur de la faculté de chimie de McGill est une sommité mondiale au sujet du rayonnement au laser. Depuis 2003, ses recherches ont permis la mise au point d’appareils ultraperfectionnés capables de mesurer le mouvement des électrons et des atomes.

Au début de la présente décennie, le Conseil de recherches en Sciences naturelles et en Génie du Canada s’est mis à refuser ses demandes de subvention au motif d’un manque d’appui de sa part aux politiques fédérales d’Équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI).

Puisque le professeur Kambhampati ne peut être accusé d’être hostile aux personnes à la peau pigmentée, on doit conclure que les exigences fédérales concernent un manque d’engagement de sa part à former des personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles ou des minorités de genre.

Ce qui équivaut à faire pression sur lui pour qu’il s’informe de l’orientation sexuelle de ses étudiants en maitrise ou au doctorat. Contrairement aux dispositions de la Charte québécoise des droits et libertés.

Références :
Équité, diversité et inclusion : la nouvelle discrimination multiculturelle
Professor of color denied funding for cutting-edge laser research due to ‘insufficient’ equity, diversity and inclusion enthusiasm
Woke jusqu’au trognon

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fraude ou ingérence massive dans les élections fédérales !

Publié le 3 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes



 
Depuis hier, le premier ministre du Canada annonce sur Facebook un nouveau programme destiné à enrichir les Canadiens.

Pour un temps limité, les personnes intéressées à investir la somme minimale de 350 $ sont assurées de recevoir plusieurs milliers de dollars par mois.

Comment ? Alimenté par l’Intelligence artificielle, le programme fédéral consiste à analyser les microfluctuations de la bourse pour déceler les moindres occasions d’enrichissement.

Le tout est garanti par la Banque du Canada.

En quelques heures, la Québécoise Anna (de 31 ans) a vu la valeur de son investissement propulsée à plus de 44 500 $.

L’offre est tellement irrésistible que j’ai songé brièvement à en profiter. Sérieusement. Après tout, qu’aurais-je eu à perdre sinon 350 $ ? Et si c’était vrai ?

Puis j’ai remarqué que la vidéo n’est pas de CBC (la version anglaise de Radio-Canada), mais de CBCNNLIVE.

De plus, dans la séquence où Justin Trudeau vante le programme, ses lèvres ne suivent pas fidèlement ce qu’il dit.

Et pourquoi donc l’offre officielle du Canada est-elle publiée par Engineers KW (dans le coin supérieur gauche du premier message) ou par maple-guide.com (au bas, à gauche).

Dans la deuxième capture d’écran, le clip vidéo de CTV News est publié par Brayan Lames. C’est qui, lui ?

Sur l’internet, la CBC prévient les Canadiens de cette fraude, mais pas le site français de Radio-Canada.

Les personnes intéressées doivent être prévenues; c’est une pyramide de Ponzi.

Paru depuis : Des documents internes révèlent la manne financière que représentent les publicités frauduleuses pour Meta (2025-11-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les promesses électorales en l’air et l’indépendance du Québec

Publié le 26 mars 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Franco-espagnol, Juan Branco est un diplômé en droit qui s’est fait connaitre par sa défense de Julien Assange (de Wikileaks) et des Gilets jaunes.

Candidat probable à l’élection présidentielle française de 2027,
Juan Branco propose que la France, dotée d’une nouvelle constitution, devienne une démocratie directe où le peuple disposerait — par le biais de mandats impératifs et révocatoires — du pouvoir de démettre des dirigeants politiques sans attendre l’élection qui marque la fin de leur mandat.

L’élection fédérale canadienne de 2025

C’est dimanche dernier que s’est amorcée la campagne électorale fédérale.

Dès le départ, les chefs des deux principaux partis politiques promettent d’importantes réductions d’impôts; 5,9 milliards de dollars (promis par Mark Carney, au nom du Parti libéral du Canada) et 14 milliards de dollars (par Pierre Poilièvre, au nom du Parti Conservateur).

Ces promesses surviennent alors que le déficit d’Ottawa pour l’année fiscale 2023-2024 est déjà de 62 milliards$ (ou 2,1 % du PIB).

De plus, on promet de hausser nos dépenses militaires, les faisant passer de 1,4 % à 2,0 % du PIB, soit une hausse de 18 milliards$ par année. Et ce, malgré le fait que l’Otan répète depuis peu que 2 % du PIB, cela est insuffisant. À 3 % du PIB, il faut dépenser 48 milliards$ de plus par année.

L’un et l’autre promettent la création d’un corridor énergétique qui traversera le Canada sur plusieurs milliers de kilomètres et qui ne sera construit que grâce à de colossales subventions d’Ottawa échelonnées sur plusieurs années.

À vue d’œil, les promesses libérales et conservatrices sont des promesses en l’air, impossibles à réaliser sans creuser de manière importante le déficit que paieront nos descendants ou sans amputer les transferts fédéraux aux provinces, les obligeant à sabrer notre filet de protection sociale.

Comment faire cesser cette malhonnêteté intellectuelle ? En menaçant de destituer pacifiquement les politiciens qui disent n’importe quoi pour se faire élire.

Une démocratie digne du XXIe siècle

Théoriquement, donner au peuple le pouvoir de destituer ses dirigeants pourrait se faire par voie législative.

Mais aucun gouvernement n’adoptera une telle mesure s’il risque d’en être la première victime. Et un gouvernement qui vient d’être élu alors qu’une telle loi est déjà en vigueur n’a qu’à l’abolir pour y échapper.

Voilà pourquoi il est nécessaire que ce pouvoir populaire soit inscrit dans la constitution.

En France, le programme politique de Juan Branco prévoit le renversement de la 5e République et la naissance d’une 6e République.

Sa constitution prévoirait, entre autres, de nouveaux pouvoirs populaires, dont la possibilité d’adopter des mandats impératifs et révocatoires.

Malheureusement, au Canada, cela est impossible. En raison de la lourdeur de son processus d’amendement constitutionnel, la vieille monarchie constitutionnelle du Canada, née au XIXe siècle, est de facto figée dans le béton.

Dans ce contexte, l’indépendance du Québec est la seule manière d’échapper à cette sclérose constitutionnelle et de créer ici la première république au monde qui soit digne du XXIe siècle.

Référence : Élections fédérales : A-t-on les moyens de s’offrir des baisses d’impôts ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel