Verdir le désert californien : la fin des illusions

Publié le 24 juin 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

Hydrologie du sud de la Californie

Situé au sud-ouest des États-Unis, à la frontière mexicaine, le sud de la Californie possède un climat semi-désertique.

Si on exclut quelques hauts plateaux frais et le versant ouest des chaines côtières du Pacifique — où se condense l’humidité de l’océan — tout l’arrière-pays est aride.

C’est là qu’on trouve notamment la vallée de la Mort, l’endroit le plus sec et le plus chaud d’Amérique du Nord.


 
Dans la plupart des vallées qui s’étirent entre les chaines montagneuses côtières, la végétation ne comprend normalement que des touffes de broussailles; les arbres peu nombreux qu’on y voit de nos jours sont le fruit de l’irrigation humaine.

La guerre de l’eau

En 1850, en pleine ruée vers l’or, la Californie ne comprenait que 92 597 habitants.

La construction du chemin de fer entre 1870 et 1890 et le développement minier à la même époque feront passer la population californienne à près de 1,5 million de personnes en 1900.

Pour alimenter en eau cette population croissante, on détourna d’abord quelques rivières.

Afin d’amortir les couts importants de ces ouvrages, les dirigeants politiques augmentèrent leurs revenus fonciers en encourageant la création de vastes domaines agricoles.

Or justement, grâce à ces travaux, l’eau abondait. Quant aux terres à développer, elles s’étendaient à perte de vue,


 
Mais pendant qu’on verdissait de vastes territoires arides en les fertilisant et en les arrosant généreusement, la consommation d’eau à des fins agricoles augmentait. D’autant plus qu’en climat chaud et sec, l’arrosage des champs s’accompagne d’une forte évaporation.

Et plus secteur agricole se développait, plus il réclamait de l’eau afin de créer ou de maintenir les emplois.

Pensez que la culture des amandes — la Californie en est le plus important producteur mondial — nécessite plus d’un gallon d’eau par amande.



 
Au fil des décennies, on détourna d’autres rivières, on créa d’immenses réservoirs (parmi les plus importants au monde) et on achemina l’eau sur des distances de plus en plus longues.

De nos jours, le système hydraulique intégré de Californie distribue 49 km³ d’eau par année (ou 49 milliards de mètres cubes d’eau).

Quotidiennement, c’est l’équivalent de 3,5 m³ d’eau par personne. Exprimé autrement, ce sont les deux tiers du contenu d’une piscine hors terre de cinq mètres de diamètre chaque jour par famille de deux parents et de deux enfants.

Pourtant, comme nous le verrons plus loin, ce n’est pas la consommation personnelle qui est la principale cause de la consommation d’eau en Californie.

Cette consommation dépasse la quantité d’eau résultant de la fonte des neiges et des pluies. Si bien que les réservoirs californiens seront à sec dans quelques années si la tendance (qui dure déjà depuis presque une décennie) se maintient.

Selon Wikipédia, la consommation urbaine et industrielle d’eau n’y représente que 11 % de la consommation totale.

Ce qui fait que même si les Californiens cessaient totalement de se laver, cessaient d’utiliser de l’eau pour cuire leurs aliments, cessaient de boire, n’arrosaient plus leur pelouse et cessaient d’utiliser leur piscine — chacune de ces choses n’ayant aucune chance de se réaliser — la Californie ne pourrait pas renverser la tendance à l’assèchement de ses réservoirs.

Comme les sept plaies d’Égypte, la Californie est frappée par une suite ininterrompue de calamités; incendies incontrôlables lors de ‘la saison des feux de forêt’ (sic), agrumes atteints par la maladie, amandiers desséchés par manque d’eau, etc.

Les premières années de cette longue sècheresse, on a imposé des limites à l’utilisation de l’eau. Mais par ailleurs, on a accordé des dérogations aux secteurs industriel et agricole au nom de la protection de l’économie.

Maintenant que l’ensemble de la population risque d’être privée d’eau potable si le niveau des réservoirs continue de baisser, on révoque les passe-droits agricoles avec comme conséquence l’abandon, les unes après les autres, des cultures les plus gourmandes en eau.

Conclusion

La crise hydraulique californienne se résume en une phrase; la nature reprend ses droits.

Pendant un siècle, quelques-uns des plus brillants ingénieurs américains ont mis leur talent à vouloir dompter la nature. Ils y ont presque réussi.


 
Mais après avoir construit des ouvrages pharaoniques destinés à verdir le désert, il aura suffi d’une hausse minuscule de la température du globe pour donner raison à ces scientifiques du climat qui sonnent en vain l’alarme depuis des années.

Comme c’est toujours le cas, on donne finalement raison aux cassandres de ce monde quand il est déjà trop tard pour arrêter le cours de leurs sombres prédictions.

Références :
Aqueduc de Los Angeles
Californie
Démographie de la Californie
La Californie est à sec
Ruée vers l’or en Californie
Water in California

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (2e photo) et PanLeica 8-18 mm (les autres photos)
1re photo : 1/1600 sec. — F/3,3 — ISO 200 — 11 mm
2e  photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 21 mm
3e  photo : 1/2500 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 18 mm
4e  photo : 1/1600 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 14 mm
5e  photo : 1/2000 sec. — F/3,0 — ISO 200 — 9 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un jour à New York

Publié le 20 septembre 2011 | Temps de lecture : 5 minutes
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J’étais le seul passager à bord du mini-bus de l’hôtel qui m’amena à la gare afin d’y prendre le train de 10h05 : celui-ci fait la navette d’Albany à New York. Puisque train est à moitié vide, je prends un siège donnant sur une grande fenêtre, ce qui me donne l’occasion de prendre des photos.

Une partie du trajet longe la rivière Hudson. Celle-ci me parait polluée en raison de sa couleur brune chocolat au lait.

À une des escales, une femme dans la trentaine, vient prendre le siège resté libre à mes cotés. Aussitôt assise, elle sort un portable Macintosh sur lequel elle se met à taper du texte. Un bref regard indiscret me permet de lire la première ligne de son document : « My first assignment was… ». Avant d’éviter d’être pris en train de l’épier, je détourne le regard vers le paysage qui défile à la fenêtre.

Sans doute à cause de mon sac à dos sur lequel est écrit « Canada » — et qui révèle mon statut de touriste — elle sent alors le besoin de m’expliquer que la rivière Hudson était normalement bleue mais que son aspect actuel est causé par l’érosion des sols provoquée par les pluies diluviennes occasionnées par une tornade qui a frappé récemment le Nord-Est de la côte américaine.

Il y a vingt ans, cette rivière était effectivement très polluée mais les efforts entrepris depuis ont porté fruit. Elle m’explique qu’au début du XXe siècle, les berges légèrement escarpées de cette rivière avaient été choisies par quelques unes des plus importantes fortunes des États-Unis afin d’y construire des villas d’été. Navrés du spectacle qui s’offrait devant eux, ces millionnaires ont supporté financièrement des groupes environnementaux qui ont combattu pour la restauration réussie de ce cours d’eau.

Après donc qu’elle eue brisée la glace, je lui avoue que j’avais lu la première ligne de son texte — soit « My first assignment was… » — et, intrigué depuis cette indiscrétion, je me demandais si elle était écrivaine, ambassadrice ou espionne. Amusée, elle se présente : Kathryn Pilgrim, auteure du roman à succès The explorer’s code, et dont le prochain livre est un roman d’espionnage.

Je ne voulais pas savoir de quoi il s’agissait. C’est elle qui insiste, enthousiaste, pour me résumer l’histoire machiavélique du roman qu’elle prépare. Ayant posé une question — une seule, très précise — mais qui l’oblige à révéler le dénouement de l’histoire, elle me demande si je suis « chemist », ce qui se traduit par chimiste ou pharmacien. Perspicace, elle avait vu juste.

Elle débarque à une station avant New York.

À mon arrivée à Manhattan, je me précipite vers un magasin d’accessoires photographiques situé à deux rues du terminus.

Il s’agit d’une entreprise appartenant à des Juifs orthodoxes. Assez vaste, le magasin doit avoir un chiffre d’affaires au-delà d’un million$ par jour : il ferme ses portes le samedi, le jour du Sabah, alors que ses concurrents demeurent ouverts sept jours par semaine.

Je m’y procure un objectif micro quatre tiers nouvellement mis en marché et qui n’est pas encore disponible à Montréal.

Tout le magasin est une gigantesque usine calquée sur le modèle des chaines de montage de l’industrie automobile. Le tout est d’une efficacité étonnante.

Puis je prends un taxi pour aller au Brooklyn Academy of Music afin d’assister à l’opéra Atys, véritable but de ma visite à New York. En cliquant sur ceci on pourra lire mon appréciation de la représentation à laquelle j’ai assisté.

Durant le trajet, je prend plein de photos de la fenêtre du taxi. En ce samedi ensoleillé, beaucoup de personnes sont attablées à des terrasses de restaurant.

Vers vingt heures, à l’issue de la représentation, il fait nuit. Du taxi qui m’amène à la gare Amtrack au Madison Square, j’en profite pour tester le grand angulaire assez lumineux que je me suis procuré plus tôt.

Le train à destination d’Albany est plein sauf un wagon où un petit groupe de personnes bruyantes ont choisi de s’établir.

Arrivé à Albany vers minuit, je prends un taxi vers mon hôtel. Ce taxi est équipé d’une caméra infrarouge qui filme tout ce qui se passe, des clients agressifs aux amoureux qui se croient à l’abri des regards indiscrets.

Détails techniques : Appareil Panasonic GH1, objectifs Lumix 14-45 mm (1re et 2e photos) et M.Zuiko 12 mm F/2,0 (les deux dernières photos)
1re photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 14 mm
2e photo  : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 14 mm
3e photo  : 1/30 sec. — F/2,0 — ISO 250 — 12 mm
4e photo  : 1/30 sec. — F/2,0 — ISO 30 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une journée à Albany

Publié le 17 septembre 2011 | Temps de lecture : 4 minutes

Ce matin je me suis levé tôt : mon autobus partait à 7h45 pour Albany (la capitale de l’État de New York).

C’est le premier voyage que j’effectue aux États-Unis depuis 2002 alors que je m’étais juré de ne plus y mettre les pieds tant que ce pays occuperait l’Irak.

Mais demain dimanche, la troupe française Les Arts Florissants présente Atys (un opéra de Lully) au Brooklyn Academy of Music. On comprendra qu’il s’agit là d’un événement majeur contre lequel aucune promesse ne peut tenir.

D’ailleurs, si j’avais su, j’aurais juré de ne pas aller au États-Unis à mois que les Arts Florissants y viennent présenter un opéra.

En passant aux douanes, je m’attendais au pire. Ce ne fut pas le cas. Les douaniers furent tellement aimables que pendant un instant, j’ai pensé que je me trompais de pays.

Je ne rappelais plus à quel point le nord de l’État de New York était boisé. De plus, j’ai trouvé charmants ces petits villages aux maisons de bois revêtues de lisières d’aluminium peint alors qu’au Québec, nos maisons sont généralement des maisons de bois recouvertes de briques.

J’ai passé le reste de la journée à Albany. Après mon installation à l’hôtel Hilton Garden Inn, je me suis promené sur la rue New Scotand, le long de laquelle sont situés le plus gros hôpital de la ville, la faculté de droit et celle de pharmacie, de même que la synagogue Temple of Israel. Cette dernière organise un bingo tous les lundis soirs.

Puis je prends un autobus à destination du centre-ville.

Au coin des rues Lark et Madison, des centaines de jeunes sont réunis pour entendre le spectacle gratuit d’un groupe rock.


 
À deux pas, le parc Washington s’étend sur plusieurs hectares. Il s’agit d’un parc à l’anglaise agréable. Au milieu du parc, après quelques minutes de chahut, une trentaine d’adolescents (presque exclusivement des Blancs) en viennent aux poings. L’un d’eux saigne du nez. Au moins trois véhicules de police arrivent sur les lieux quelques minutes plus tard ce qui accélère la dispersion des protagonistes.


 
Dès que les policiers sortent de leurs véhicules, quelques filles se mettent à se battre. Elles n’auront pas le temps d’abimer leurs vêtements déjà griffés puisque les policiers les séparent aussitôt. Un autre exemple de la sagesse féminine : se faire la guerre sans trop se faire mal…

À proximité, sur la rue Delaware (piétonnes jusqu’à 18h) se tient une foire. Des dizaines de kiosques offrent des objets de pacotille qui attirent une foule immense, principalement composée de jeunes adultes et d’ados.


 
Une fois la foire terminée, la rue est jonchées de déchets principalement bio-dégradables (surtout des assiettes de carton ayant servies aux amateurs de pizza).


 
Puis je me rends à la plus grand place publique de la ville, soit l’Empire State Plaza. Des enfants (surtout Latinos) y dansent au son d’une musique joyeuse, sous l’oeil vigilant de leurs parents. Des animateurs maquillent les enfants aux couleurs des drapeaux portoricain et américain. Évidemment le clown Ronald Macdonald est présent pour signer des autographes et remettre des petits cadeaux.

Après une courte visite au quartier des affaires — avec, entre autres, l’église de l’Immaculée-Conception en grès rouge d’Écosse, le Palais de Justice Art Déco en marbre blanc et le bel édifice Néo-gothique de l’université de l’État de New York — je rentre en taxi à l’hôtel pour télécharger mes photos et rédiger ce billet.

Détails techniques : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm
1re photo : 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 14 mm
2e photo  : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 45 mm
3e photo  : 1/160 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 14 mm
4e photo  : 1/30 sec. — F/3,5 — ISO 100 — 14 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel