Introduction
La Place de la Cathédrale est située dans le quartier de la Vieille ville, plus précisément deux rues à l’ouest du Castillo de la Real Fuerza (dont nous avons parlé précédemment).
Dès que les sources naturelles qui y détrempaient le sol une bonne partie de l’année furent suffisamment taries pour permettre la construction domiciliaire, des palais et une petite église catholique (l’Oratoire St-Ignace) furent construits sur ce qu’on appelait alors la Place du Marais. Pour cette raison, ce fut la dernière place à avoir été aménagée à l’intérieur des fortifications de la ville.
Le côté nord de la place
À l’initiative des Jésuites, l’Oratoire St-Ignace céda sa place à une seconde, beaucoup plus vaste, construite de 1748 à 1777. Il s’agissait de construire un sanctuaire public, tourné vers la Place du Marais, mais qui serait derrière le Séminaire St-Charles et St-Ambroise, construit à la même époque et terminé en 1774. Le tout constituait un vaste complexe religieux, propriété des Jésuites.
Dédiée à l’Immaculée-Conception de la Vierge, l’église fut promue au rang de cathédrale en 1789, lorsque La Havane fut hissée au rang d’évêché.
En 1796, alors que la propriété de l’ile de St-Domingue passa de l’Espagne à la France, la dépouille du navigateur Christophe Colomb fut ramenée de St-Domingue — aujourd’hui en République dominicaine — où elle se trouvait depuis 1541, et déposée dans la cathédrale de Immaculée-Conception à La Havane. Pour cette raison, l’église prit alors le nom de Cathédrale de Saint Christophe. À l’indépendance cubaine, cette dépouille fut finalement transférée en Espagne (dans la Cathédrale de Séville) : la cathédrale cubaine reprit officiellement son nom d’origine. Toutefois, encore de nos jours, elle est mieux connue sous son surnom de Catedral de San Cristóbal de La Habana (soit Cathédrale St-Christophe de La Havane).
La façade de l’église, une des plus belles d’Amérique latine, est typiquement de style baroque espagnol colonial, avec la particularité suivante; la tour à gauche est plus étroite que cette de droite, afin de ne pas encombrer la rue qui y passe. Celle de droite renferme deux cloches : une petite, fabriquée à Matanzas (près de La Havane) et l’autre, plus imposante, importée d’Espagne.
Les trois portes, en cèdre et en acajou, sont d’origine.
Avant même que la décoration intérieure baroque n’ait été complétée, l’évêque Juan J. Díaz de Espada la transforma de 1802 à 1832 en style néo-classique, beaucoup plus sobre, d’où le contraste entre l’extérieur plutôt exubérant et l’intérieur relativement dépouillé.
Lorsqu’on examine de près les murs intérieurs de l’église, on a l’impression que leurs imperfections portent des traces de peinture rouge : en réalité les murs sont en calcaire coquillier — c’est-à-dire en agglomérat de coquillages et d’organismes marins — qui renferme par endroits des coraux de couleur orange.
Les planchers sont en marbre italien, rehaussé de marbre cubain (plus foncé).
Dans le transept de gauche se trouve un autel dédié à Saint Christophe, le patron de la ville. Le 16 novembre de chaque année, on commémore l’anniversaire de la fondation de La Havane. Ce jour-là, une estrade est aménagée devant l’autel de ce saint, permettant à chaque personne d’aller toucher les pieds de la statue qui lui est dédiée et de se recueillir quelques instants. Cette cérémonie est le pendant religieux du rituel païen qui se déroule simultanément au Templete de la Place d’Armes.
À la gauche du chœur, à quelques pas de l’autel de St-Christophe, se trouve une chapelle qu’on peut voir de 0:58 à 1:07 dans la vidéo.
Le lustre suspendu de la coupole (à 1:09) pèse deux tonnes et est illuminé de 244 ampoules.
L’autel central (à 1:11) est fait d’un seul bloc de marbre de Carrare incrusté d’or, d’argent et d’onyx. Les trois fresques situées en haut du chœur sont du peintre italien Giuseppe Perovani (1765 – 1835) : dans la vidéo (de 1:16 à 1:20), on voit successivement L’Ascension de Marie (au fond du chœur), Les clés (à droite), et La Dernière Cène (à gauche).
Par une sortie située du côté droit de la nef, on peut accéder au clocher de la cathédrale. En s’y rendant, on passe devant le mur extérieur où est encastré une plaque en l’honneur de Pierre Le Moyne d’Iberville, le plus grand héros québécois, né à Montréal en 1661 et inhumé dans cette église en 1706. Rappelons que ce militaire et explorateur n’a jamais perdu une seule bataille de sa vie, combattant victorieusement les Anglais de la Baie d’Hudson à la Louisiane.
Le côté Est de la place
Le côté oriental de la place est occupé par deux logis jumelés partageant une même galerie à arcades. Ils sont tellement semblables qu’on croirait qu’il s’agit d’un même édifice (à 1:57). Les portes du premier étage permettent toutefois de les distinguer assez facilement.
Celui à proximité de la cathédrale est la Maison du Comte de Lombillo. En réalité, il s’agit d’une annexe — construite au milieu du XVIIIe siècle — d’un édifice plus ancien appartenant à Don José Pedroso y Florencia, dont les descendants reçurent le titre de comte en 1871. Présentement, ce palais sert de bureau à l’historien de la ville.
Le bâtiment adjacent, construit en 1741, est le Palais du Marquis d’Arcos. Initialement, c’était la résidence du Trésorier des finances royales, Don Diego Peñalver, restaurée par son fils Ignacio Peñalver, devenu marquis en 1762. Au moment de ma visite, l’édifice était en voie de restauration.
Adossé à l’une de ses colonnes, on peut voir (à 1:59), la statue de bronze, grandeur nature, du danseur de flamenco Antonio Gades (1936 – 2004). Cette statue est l’œuvre du sculpteur José Villa Soberón.
Le côté sud de la place
Ce côté est entièrement occupé par le Palais des Comtes de Casa Bayona (à 2:01). Construit en 1720 pour le gouverneur militaire Don Louis Chacón, c’est le plus ancien bâtiment de la Place de la Cathédrale. Au XXe siècle, ce palais prit son nom actuel, en hommage à cette famille noble à laquelle il n’a jamais appartenu. Avant qu’il ne soit fermé pour restauration, il abritait le Musée de l’art colonial.
Le côté ouest de la place
Ce côté est occupé par deux bâtiments adjacents, construits au XVIIIe siècle. Celui plus au sud, sans arcade, abrite un magasin d’artisanat (à 2:06).
Celui plus au nord, qui s’avance sur la place, est l’ancien Palais de los Marqueses de Aguas Claras, construit en 1760. De nos jours, il loge le restaurant El Patio.
Conclusion
Une visite à La Havane ne serait pas complète sans passer quelques instants à la Place de la Cathédrale. À cause des restaurations en cours, l’offre culturelle de cette place se limite pour l’instant à la superbe Catedral de San Cristóbal de La Habana, à l’agréable mais dispendieux restaurant El Patio et à la boutique d’artisanat qui lui est adjacente.
Mais dès qu’on aura remis en état les trois autres palais qui bordent cette place, celle-ci rivalisera avec la Place d’Armes pour le titre du lieu touristique le plus intéressant du quartier de la Vieille ville.
Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane