Des Gravol™ pour Amira Elghawaby

Publié le 10 mars 2024 | Temps de lecture : 3 minutes


Avant-propos : Le texte qui suit décrit des scènes qui pourraient heurter la sensibilité de certains lecteurs.

À l’époque où elle n’était que militante, Amira Elghawaby avait déclaré qu’entendre dire que les francoQuébécois étaient un peuple opprimé, cette idée provoquait en elle une telle révulsion que cela lui donnait envie de vomir.

Depuis ce temps, Ottawa l’a nommée représentante spéciale du Canada dans la lutte contre l’islamophobie, un poste créé spécialement pour elle.

Au cours des dernières semaines, des dizaines de milliers de civils musulmans sont tués dans la bande de Gaza grâce à la complicité d’Ottawa.

L’Aviation royale canadienne a aidé Israël à rapatrier ses soldats de l’Étranger et le Canada lui vend des armes. Notre pays a même voulu couper les vivres à l’UNRWA, une mauvaise décision sur laquelle il est revenu récemment après le tollé que cela a provoqué.

Des dizaines de milliers de civils gazaouis (donc musulmans) sont morts. Encore plus ont été blessés.

De retour d’un hôpital où il œuvrait dans la bande de Gaza, un médecin français racontait que, dans son établissement, entre 6 et 30 césariennes sont pratiquées quotidiennement à froid.

Cela signifie que dans chacun de ces cas, le médecin ouvre l’abdomen de sa patiente et lui coupe l’utérus au bistouri, en extrait le bébé dont il coupe le cordon ombilical, puis recoud sa patiente pendant que celle-ci — si elle ne s’est pas évanouie — crie de douleur.

Puisque les Gazaouis disposent en moyenne de 1½ à 2 litres d’eau par jour, on s’en sert exclusivement pour boire et pour manger. Conséquemment, on ne se lave pas.

Voilà pourquoi beaucoup de blessures s’infectent et se gangrènent.

Jusqu’ici, plus de dix-mille enfants ont été amputés à froid.

Concrètement, cela signifie qu’on met un torchon dans la bouche de l’enfant. Et pendant que des adultes l’empêchent de bouger, le chirurgien lui scie le genou, le coude ou l’épaule afin d’empêcher l’infection de se disséminer dans tout le corps du bambin.

Dernièrement, alors que certains pays occidentaux larguaient par avion des caisses de vivres au-dessus de la bande de Gaza, l’armée israélienne en a profité pour mitrailler et tuer 118 affamés (en plus d’en blesser 760 autres) parmi ceux qui se précipitaient sur la nourriture. Un incident qu’on a appelé le Massacre de la farine.

Comme nous tous, Mme Elghawaby assiste quotidiennement au premier génocide télévisé de l’histoire de l’Humanité.

On aurait pu s’attendre à ce que Mme Elghawaby démissionne pour se dissocier des conséquences, pour les civils musulmans, de l’appui inconditionnel de son gouvernement à l’égard d’Israël ou, au moins, qu’elle exprime publiquement ma dissidence à ce sujet.

Pourtant, on ne l’entend pas.

Est-elle victime d’un bâillon imposé par Ottawa ? C’est possible.

Mais on peut également supposer que ce qui l’empêche de prendre la parole publiquement, ce sont ses vomissements répétitifs, elle si sujette aux nausées…

Paru depuis : Québec redemande la démission d’Amira Elghawaby (2024-09-13)

Complément de lecture : Le comportement des enfants de Gaza a beaucoup changé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


États-Unis : l’importance politique des sionistes chrétiens

Publié le 23 février 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

De 1948 (l’année de la création de l’État d’Israël) à 2023, les États-Unis lui ont versé environ 260 milliards$US, majoritairement sous forme d’armement. Ce qui fait de ce pays, de loin, le principal bénéficiaire de l’aide américaine.

À l’Onu, les États-Unis ont principalement utilisé leur droit de véto au Conseil de sécurité pour protéger Israël des critiques et des sanctions internationales.

De nos jours, qu’est-ce qui explique l’appui inconditionnel des États-Unis à l’égard de ce pays ?

Au début de son témoignage de la semaine dernière devant la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat français, le spécialiste Jean-Pierre Filiu souligne (de 8:34 à 21:14) l’importance capitale que joue le sionisme chrétien dans la politique des États-Unis à l’égard d’Israël.

Qu’est-ce que le sionisme et en quoi le sionisme chrétien se distingue-t-il ?

Dans la Bible hébraïque, ‘fille de Sion’ est la désignation poétique de la ville de Jérusalem et de sa population. Par extension, cela désigne l’ensemble du peuple juif.

À sa naissance en Europe au XIXe siècle, le sionisme était l’aspiration du peuple juif à posséder un pays qui lui serait propre en Palestine. Cette aspiration mènera à la formation de l’État d’Israël en 1948.

Apparu des siècles plus tôt, le sionisme chrétien est un dogme religieux créé par des théologiens protestants.

De nos jours, sans nécessairement savoir que cela porte le nom de ‘sionisme chrétien’ — puisqu’on l’appelle également ‘évangélisme’ — environ le quart de la population américaine et environ la moitié de l’électorat républicain croit en ce dogme. Que dit-il ?

Ce dogme proclame que la Terre promise par Dieu à Abraham et à sa descendance est inaliénable, c’est-à-dire qu’elle ne peut être partagée avec d’autres peuples.

De plus, cette Terre sainte s’étend de la Méditerranée au Jourdain. Ce qui signifie que les Arabes doivent en être chassés.

La reconstitution de l’Israël biblique (le Grand Israël) est la première étape d’un processus apocalyptique qui mènera bientôt au retour du Christ et à l’établissement définitif du Royaume de Dieu sur Terre.

Toutefois, pour ce faire, les Israéliens devront reconnaitre Jésus de Nazareth comme étant leur Messie. En d’autres mots, ils devront se convertir au christianisme, croient les Sionistes chrétiens.

C’est pour cette raison que les Juifs américains (qui votent majoritairement pour le parti Démocrate) se méfient des Sionistes chrétiens (qui votent massivement pour le parti Républicain).

En outre, le soutien de ces derniers en faveur de la politique coloniale d’Israël en Palestine est insensible aux considérations humanitaires puisqu’il trouve sa source dans la lecture littérale de la Bible. Pour eux, même si Dieu semble parfois cruel, ils n’ont d’autre choix que de s’incliner devant Sa Volonté.

En somme, aimer et apporter son soutien inconditionnel à Israël ne relève pas d’un choix car il s’agit d’un Ordre Divin.

En raison de leur importance démographique, les Sionistes chrétiens exercent dans le Bible Belt (ci-contre, en rouge) une influence politique considérable.

Peu importe les résolutions de l’Onu et les décisions éventuelles de la Cour pénale internationale, Washington soutiendra pendant encore longtemps la colonisation israélienne dans les territoires occupés.

Tout au plus, peut-on s’attendre à ce que le gouvernement américain condamne ses excès du bout des lèvres. À défaut de quoi, il pourrait en payer un prix politique élevé…

Références :
Bible Belt
Les chrétiens sionistes aux États-Unis
Moyen-Orient : l’embrasement (vidéo)
Pourquoi les États-Unis soutiennent-ils Israël ?
Sionisme
Sionisme chrétien

Parus depuis :
Aux sources de la ferveur des chrétiens évangéliques envers Israël (2024-03-17)
L’église vidée par Trump (2024-06-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaza, Taïwan et Ukraine : la revue d’Alain Juillet à Stéphan Bureau

Publié le 12 février 2024 | Temps de lecture : 1 minute
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Depuis quelques décennies, le journaliste Stéphan Bureau réalise des entrevues en profondeur auprès de personnalités marquantes du monde artistique, politique ou économique.

Il y a onze jours, il s’entretenait avec Alain Juillet. Pionnier de l’intelligence économique en France, ce dernier est également un spécialiste du contre-espionnage puisqu’il a été directeur du renseignement au sein de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure).

C’est actuellement un des plus brillants analystes européens en matière de géopolitique. Je vous invite à regarder cet entretien.

En moins de 90 minutes, M. Juillet présente tout ce qu’il faut retenir au sujet du conflit israélo-palestinien et, accessoirement, quant aux tensions entre l’Occident et la Russie en Ukraine, de même qu’entre les États-Unis et la Chine à Taïwan.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Droit international et géopolitique (troisième partie)

Publié le 7 février 2024 | Temps de lecture : 3 minutes


Plan :
• 1re partie : Assises et instances
• 2e partie  : Impact du droit international
• 3e partie  : L’exemple du droit à la légitime défense (ce texte-ci)
• 4e partie  : Le droit à l’indépendance – Crimée vs Taïwan
• 5e partie  : Les mandats d’arrestation de la CPI

Le droit des pays à la légitime défense est un exemple de l’instrumentalisation du droit international pour tenter de lui faire dire n’importe quoi.

L’article 51 de la Charte des Nations Unies établit “…[le] droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée.”

Aucun autre article de cette charte ne vient nuancer l’article 51. Est-ce à dire que ce droit est absolu ?

Plus précisément, peut-on invoquer la légitime défense pour massacrer tous les hommes d’un village après que l’un d’entre eux ait fait dérailler un des trains qui ravitaillent l’armée d’occupation ?

Les résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies font également partie du Droit international. Elles ont le même poids juridique que les articles de la Charte de l’Onu.

En 1960, l’Onu a adopté sans opposition la résolution 1514. Intitulée ‘Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux’, cette résolution s’adresse à tous les peuples colonisés ou subissant une occupation militaire.

Entre autres, cette résolution déclare :

Des mesures immédiates [doivent être] prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n’ont pas encore accédé à l’indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires […] conformément à leur volonté et à leurs vœux librement exprimés […] afin de leur permettre de jouir d’une indépendance et d’une liberté complètes.

Dix ans plus tard, la résolution 2021 est adoptée. Celle-ci stipule :

[L’Assemblée générale de l’Onu] réaffirme le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter, par tous les moyens nécessaires dont ils peuvent disposer, contre les puissances qui répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance.

Ce qui signifie que l’utilisation de la violence armée est légitime et conforme au Droit international lorsqu’elle sert à lutter contre l’oppression d’une puissance étrangère. Du moment que cette lutte respecte les règles humanitaires du droit de la guerre.

Du strict point de vue du Droit international, le droit de se défendre appartient aux peuples opprimés et non à leurs oppresseurs. Sinon, cela équivaudrait à interdire toute opposition à la prédation des puissances colonisatrices.

Celles-ci peuvent bien répliquer aux attaques qu’elles subissent, mais elles ne peuvent le faire en invoquant le Droit international lorsque ces attaques surviennent dans le cadre d’une guerre coloniale.

Références :
Charte des Nations Unies
Résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies
Résolution 2021 de l’Assemblée générale des Nations unies

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’aide humanitaire à Gaza : l’hypocrisie du Canada

Publié le 31 janvier 2024 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Les allégations israéliennes contre l’Onu

Vendredi dernier, les dirigeants israéliens ont accusé une agence de l’Onu (l’UNRWA) de compter des terroristes parmi son personnel.

Le jour même, onze pays occidentaux se sont empressés de suspendre leur contribution à cette agence : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche, la Roumanie, l’Italie, le Japon et l’Australie.

Pour compenser, le ministre canadien du Développement international annonce aujourd’hui que son ministère versera 40 millions$ à des organismes qui prendront, dit-il, la relève de l’UNRWA :

« Nous accordons un financement d’urgence supplémentaire pour que nos partenaires fiables et expérimentés du secteur humanitaire puissent continuer à veiller à ce que ce financement vienne en aide aux personnes plus vulnérables lorsqu’elles en ont besoin.»

L’UNRWA

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a été créée en 1949 à la suite de l’épuration ethnique à l’origine de la création d’Israël et après les déplacements de la population palestinienne occasionnés par le conflit arabo-israélien qui en a résulté.

L’agence offre ses services partout où se trouvent des réfugiés palestiniens au Proche-Orient.

Même si des organismes onusiens ont été créés pour pallier d’autres crises humanitaires, l’UNRWA est le seul qui s’occupe des réfugiés palestiniens.

Voilà pourquoi une vingtaine d’ONG — dont le Conseil norvégien pour les réfugiés, Oxfam et Save the Children — ont affirmé qu’il n’y a pas de solution de remplacement à l’UNRWA.

Le but de cette agence est de répondre aux besoins essentiels des Palestiniens en matière de santé, d’éducation, d’aide humanitaire et de services sociaux.

C’est ainsi qu’elle prend en charge la scolarité de plus de 540 000 enfants palestiniens au sein de ses écoles, tout en supervisant environ soixante camps de réfugiés (dont 19 en Cisjordanie et 8 dans la bande de Gaza).

Entre le 21 octobre 2023 et le 24 janvier 2024, l’Agence a distribué aux Gazaouis treize tonnes de farine, pour 6,2 millions$ de médicaments et de fournitures médicales, et 19 millions de litres d’eau.

Sur les 30 000 employés de l’Agence, 13 000 opèrent dans l’une ou l’autre de ses trois-cents installations situées dans la bande de Gaza. Ils y œuvrent comme enseignants, médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, travailleurs sociaux et gestionnaires.

À 99 %, ces employés-là sont des Gazaouis : personne n’est plus motivé qu’eux pour aider leur propre peuple. À preuve : ils continuent d’accomplir leurs tâches en dépit du fait que 152 d’entre eux ont été tués jusqu’ici au cours de la riposte israélienne.

En supposant que les partenaires fiables dont parle le ministre recrutent d’ici peu les milliers de personnes courageuses qui voudront, sous les bombes, prendre la relève de l’UNRWA, jamais le gouvernement de Gaza (le Hamas) n’acceptera que des ONG occidentales, truffées d’espions à la solde des États-Unis, opèrent sur son sol en pleine guerre.

La solution du ministre est d’une telle stupidité qu’on se demande sur quelle planète vit le gouvernement canadien.

Conclusion

L’affrontement actuel entre le Hamas et Israël est non seulement un conflit armé; c’est aussi une guerre de propagande.

Depuis des années, l’Onu condamne la colonisation illégale de la Palestine par Israël. Même les États-Unis sont de cet avis. Pour se venger, Israël tente de discréditer l’Onu.

Pour l’instant, les allégations d’Israël semblent être vraies puisque l’UNRWA a, sur-le-champ, congédié elle-même presque tous les employés pointés du doigt par Israël.

Toutefois, on ne doit pas oublier que ces accusations concernent un millième du personnel de l’UNRWA dans la bande de Gaza.

Il y a deux jours, en éditorial, le quotidien Le Monde concluait :

« Les actes d’une dizaine d’employés ne doivent pas être instrumentalisés contre une agence tout entière, dont l’action est aujourd’hui indispensable pour éviter une catastrophe encore plus grande.»

L’empressement du Canada à couper les vivres à l’UNRWA est indécent. Alors que l’État d’Israël est accusé par l’Onu de punir tout le peuple palestinien pour des actes commis par le Hamas, le Canada fait pareil; il coupe son financement à l’UNRWA et punit ainsi les centaines de milliers de ses bénéficiaires.

Intrinsèquement, la décision d’Ottawa est déjà gênante. Défendre cette décision en prétendant que l’aide du Canada à l’égard des Palestiniens est maintenue, mais sera simplement acheminée autrement, est typique de l’hypocrisie d’Ottawa : cela n’arrivera pas.

Références :
Gaza : l’ONU mise en cause mais indispensable
Gaza: qu’est ce que l’UNRWA, cette agence de l’One mise en cause par Israël
Le Canada versera 40 millions $ à d’autres ONG que l’UNRWA pour aider à Gaza
Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
Pourquoi l’UNRWA, l’agence d’aide humanitaire à Gaza, est au cœur d’une polémique ?
Qu’est-ce que l’UNRWA, à laquelle plusieurs pays ont suspendu leurs versements ?
What we know about Israel’s allegations against UN staffers in Gaza

Parus depuis :
Pays-Bas : un tribunal suspend la livraison de pièces de F-35 à Israël (2024-02-12)
Israël bloque au port d’Ashdod de l’aide alimentaire destinée à Gaza (2024-02-15)
Which countries are still funding UNRWA amid Israel’s war on Gaza? (2024-02-17)
Nicaragua drags Germany to ICJ for ‘facilitating Israel’s genocide’ in Gaza (2024-03-02)
Une coalition poursuit Ottawa pour faire cesser ses exportations militaires à Israël (2024-03-05)
Sept travailleurs humanitaires tués :Israël dénoncé de toutes parts (2024-04-02)
Dans les archives de l’UNRWA, le récit intime des réfugiés palestiniens, de la Nakba à aujourd’hui (2024-08-19)

Complément de lecture :
« Je vais vous parler de notre vie sous la tente, et de celle des milliers de gens qui nous entourent » (2024-06-10)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pétard mouillé du centre de commandement du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa

Publié le 11 décembre 2023 | Temps de lecture : 3 minutes

Le mois dernier, la chaine américaine CNN diffusait un reportage du journaliste Westley Clark au cours duquel le brigadier Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, procédait à une ‘visite guidée’ des tunnels construits par le Hamas sous l’hôpital Al-Shifa, le principal hôpital de la bande de Gaza.

Puisque ce reportage est maintenant disponible sur YouTube (ci-après), les lecteurs de ce blogue qui ne parlent pas anglais peuvent maintenant choisir d’afficher des sous-titres en français, ce qui n’était pas possible originellement sur CNN.

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L’armée israélienne a justifié sa destruction de l’hôpital Al-Shifa par le fait que, selon elle, celui-ci servait de façade à des opérations militaires souterraines du Hamas.

En voyant le reportage de CNN, ce qui est frappant, c’est la minceur de la preuve.

On y voit plusieurs petites salles dont une qui est présentée comme l’arsenal du Hamas puisqu’on y trouve quatre mitraillettes laissées à terre. Plus loin, une motocyclette poussiéreuse qui a servi peut-être à l’attaque du 7 octobre dernier… ou peut-être pas.

Ailleurs, une corde près d’une modeste chaise en bois prouverait que cette dernière servait à la torture de prisonniers attachés à celle-ci.

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Les journalistes Liselotte Mas et Thomas Eydoux du quotidien Le Monde ont soigneusement analysé les vidéos publiés par l’armée israélienne pour en arriver à la conclusion que les tunnels qu’on y voit ne sont pas situés sous l’hôpital.

En réalité, le Hamas a construit un important réseau de tunnels souterrains pour les mêmes raisons que fut construit le ‘Montréal souterrain’ au centre-ville; pour se protéger d’une menace.

À Montréal, il s’agit d’une menace climatique (les rigueurs de l’hiver) alors qu’à Gaza, c’est la menace de bombardements israéliens.

Le Montréal souterrain est long de 32 km alors que les tunnels de la bande de Gaza totaliseraient près de 400 km.

Autre différence majeure : les tunnels de la bande de Gaza sont étroits et interdits aux Gazaouis en général.

Ils servent au Hamas à transporter du personnel et du matériel. En cas d’attaque, ils peuvent accélérer les déplacements lorsque les rues sont envahies par des ennemis et/ou encombrées de débris.

Il semble bien que l’armée israélienne soit obsédée par ces tunnels de Gaza comme le mari contrôlant est obsédé par les secrets de l’épouse qui lui résiste.

Complément de lecture : What ‘tunnels’ and ‘hostages’ mean in Gaza

Paru depuis : Droit international : peut-on parler de génocide à Gaza ? (2023-12-14)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’appel au génocide et le Code criminel canadien

Publié le 22 novembre 2023 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Au Québec, le Code civil (d’inspiration française) est de compétence constitutionnelle québécoise tandis que le Code criminel est de compétence constitutionnelle fédérale.

Le 28 octobre dernier, s’adressant du haut de l’esplanade de la Place des Arts à des milliers de manifestants réunis à ses pieds sur la rue Saint-Urbain, l’imam Adil Charkaoui a prononcé en arabe une prière en appelant à l’extermination totale des Sionistes et des ennemis de Gaza.

Qui est Charkaoui ?

Immigré au Canada en 1995, Adil Charkaoui n’a reçu la citoyenneté canadienne qu’en 2014 en raison de l’opposition des services de renseignement canadien qui le soupçonnaient d’être un agent dormant d’Al-Qaida.

Arrêté en mai 2003 en vertu d’un certificat de sécurité — à l’époque du gouvernement libéral de Jean Chrétien — il sera libéré 21 mois plus tard sous certaines conditions.

Très tôt après son arrivée au Canada, l’enseignant Adil Charkaoui s’est dit imam. Ce qu’il est véritablement.

Chez les Musulmans sunnites, n’importe qui peut devenir imam puisque celui-ci est simplement la personne qui dirige la prière. Et tout endroit (même la rue) où des Musulmans se réunissent pour prier sous sa direction devient une mosquée.

Excédé par la lenteur du fédéral à lui accorder la citoyenneté canadienne, il s’adressera aux tribunaux. Paniqué à l’idée de révéler la preuve contre lui, le gouvernement conservateur de Stephen Harper préfèrera le naturaliser.

Brièvement, le Collège Maisonneuve lui a loué un local inoccupé afin de lui permettre d’enseigner sa doctrine religieuse. Il est établi que son matériel pédagogique contenait des hyperliens vers des sites djihadistes. Deux de ses étudiants sont partis faire le djihad en Syrie.

Le Code criminel et la haine ethnique

À la suite de son appel au génocide, le Service de police de Montréal a ouvert une enquête criminelle qui a été transférée aujourd’hui à la GRC (Gendarmerie royale du Canada).

Si cette enquête devait aboutir à des accusations criminelles, il est douteux qu’Adil Charkaoui soit reconnu coupable. Pourquoi ?

Le deuxième paragraphe de l’article 319 du Code criminel prescrit :

Quiconque, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomente volontairement la haine contre un groupe identifiable est coupable […] d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans…

C’est clair.

Malheureusement, le troisième alinéa du même article s’empresse de nuancer :

Nul ne peut être déclaré coupable d’une infraction prévue au paragraphe 2 dans les cas suivants :
[…]
il a, de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel il croit, ou a tenté d’en établir le bien-fondé par argument […]

En somme, si la doctrine de l’imam Charkaoui préconise l’extermination des ‘Sionistes et des ennemis de Gaza’, poursuivre cet imam est de la persécution religieuse.

Voilà pourquoi jamais un prêtre, un pasteur, un rabbin, un imam ou un gourou n’a été condamné au Canada pour des prédications incendiaires.

Conclusion

Grâce à la bienveillance du gouvernement fédéral, l’imam Charkaoui a obtenu la citoyenneté canadienne; il a prêté allégeance à la couronne britannique et s’est engagé à respecter les lois canadiennes (dont les articles qui autorisent la haine religieuse).

Du coup, il est libre de prêcher sa doctrine. Et il en sera ainsi tant que le Québec n’accèdera pas à son indépendance, à la suite de laquelle la République québécoise adoptera son propre Code criminel basé sur la laïcité.

Références :
Adil Charkaoui
Le certificat de sécurité émis contre Charkaoui révoqué
L’enquête sur le discours d’Adil Charkaoui transférée à la GRC

Paru depuis : Adil Charkaoui ne sera pas poursuivi pour incitation à la haine (2024-05-16)

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Écrit par Jean-Pierre Martel