Le suffixe .quebec

Publié le 12 février 2016 | Temps de lecture : 2 minutes

Proposée par Raymond Bachand — alors ministre du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation — l’Assemblée nationale du Québec adoptait le 11 juin 2008 une résolution unanime demandant que soit créé le suffixe .quebec par l’organisme responsable de l’attribution des noms de domaines sur l’internet.

Près du coin supérieur gauche du fureteur que vous utilisez pour naviguer sur l’internet, vous voyez présentement jpmartel.quebec; il s’agit-là d’un exemple des tout nouveaux noms de domaine formés à l’aide de ce suffixe. Depuis hier, ce nouveau nom remplace l’ancien utilisé par mon blogue.

Les suffixes associés à des lieux ou à des régions géographiques ont un statut spécial et sont appelés suffixes géographiques.

Dès 2006, la Catalogne avait obtenu le suffixe .cat, distinctif du suffixe .es représentant l’Espagne.

En obtenant son propre suffixe le 18 novembre 2015, le Québec devenait le premier territoire du Canada à obtenir son suffixe géographique et l’un des six dans toutes les Amériques.

Trois mois plus tard, 10 000 noms de domaine utilisant le suffixe .quebec ont été accordés.

Référence : Les adresses « .quebec&nbsp:» disponibles à partir de novembre

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Écrit par Jean-Pierre Martel


À chacun ses tabous

Publié le 20 septembre 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

Récemment, une de mes amies me confiait entretenir une relation secrète avec un supérieur hiérarchique marié.

Cette confidence nous a amenés à parler de l’évolution des mentalités à ce sujet.

Au Moyen-âge, le noble possédait un droit de cuissage. Ce droit était le pouvoir discrétionnaire de celui-ci de dépuceler la future épouse d’un de ses sujets. Lorsque le noble se prévalait de ce droit, personne n’était coupable d’une faute; c’était dans l’ordre des choses.

Pendant des siècles, au sein des familles aristocratiques d’Europe, il était normal, voire préférable, de posséder une maitresse.

Puisqu’il était imprudent de critiquer un monarque, c’est à la maitresse qu’on imputait la responsabilité de décisions royales controversées; on avait là la preuve de sa mauvaise influence sur le roi.

Après un certain temps, lorsque le roi la répudiait, celle-ci emportait avec elle la rancœur des sujets lésés par les décisions royales passées tandis que le roi, comme un Born Again Christian, retrouvait une pureté originelle. Et la nouvelle maitresse, à partir de là, devenait le bouc émissaire des malheurs du royaume.

Si l’épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette, a tellement été détestée à la fin du règne de son époux, c’est à cause de la fidélité irréprochable de ce dernier; on n’avait personne d’autre à blâmer.

Dans les familles bourgeoises, les parents mariaient leurs enfants — afin de créer des liens financiers entre familles du même rang — en contrepartie de quoi, le jeune concerné trouvait l’amour comme il le pouvait, du moment que cette relation était clandestine.

Il y a cinquante ans au Québec, lorsqu’une aventure extracongugale était révélée — peu importe le rapport entre les conjoints — la concubine avait toujours tort. La maitresse était perçue d’emblée comme une briseuse de famille.

L’animosité publique contre cette séductrice était proportionnelle à la respectabilité de l’époux, entrainé involontairement par elle dans les abimes du péché.

Sans connaître aucun détail de cette affaire, on était formel; la victime était toujours l’homme, un être par nature faible devant la chair et donc vulnérable aux attraits de la tentation.

Un nombre incalculable de scénarios de films et de romans à l’eau de rose étaient basés sur ce cliché.

Et de son côté, l’Église se faisait un devoir de nous rappeler que c’est à cause d’Ève qu’Adam a été chassé du paradis… et que nous vivons depuis dans une vallée de larmes.

De nos jours, c’est l’inverse. Lorsqu’on apprend qu’une personne en position de pouvoir — presque toujours un homme — a développé une relation (extra-conjugale ou non) avec une employée subalterne, notre premier réflexe est de penser que ce supérieur hiérarchique a abusé de son pouvoir et conséquemment, qu’il a eu tort.

Et plus la maitresse est jeune, plus il nous semble évident qu’elle soit la victime d’un prédateur sexuel.

Même si nous savons que l’amour ne se commande pas, même si nous soupçonnons qu’on puisse s’attacher à un collègue de travail en dépit de l’autorité qu’il représente, nous sommes convaincus que le devoir de tout supérieur est de résister à ses pulsions (ce qui est toujours simple pour ceux qui n’en ont pas et qui jugent les autres).

Et devant le tribunal de l’opinion publique, peu importe les preuves démontrant la pureté de la naissance de cet amour et peu importe l’âge des personnes concernées : il s’agit d’un tabou et depuis toujours, quiconque viole un tabou est maudit.

En Inde, s’il est simplement mal vu qu’un homme d’une caste supérieure puisse tomber amoureux d’une femme d’un rang inférieur, il est inacceptable qu’une femme d’une caste supérieure soit amoureuse d’un homme d’un rang inférieur.

Et dans un pareil cas, c’est ce dernier qui a tort. Et s’il s’enfuit avec elle pour vivre leur amour, il est un voleur puisque la femme est un objet familial au même titre que le mobilier.

C’est ainsi que le mois dernier, un conseil de village a condamné deux femmes — respectivement de 15 et 23 ans — à être violées. Pourquoi ? Par représailles pour un crime commis par leur frère. Et quel est ce crime ? Il s’est amouraché d’une femme d’une caste supérieure et s’est enfui avec elle.

Afin de l’obliger à restituer le bien volé, ses sœurs devaient être violées. À la suite d’une pétition d’Amnistie Internationale, la Cour suprême de l’Inde a interdit l’exécution de cette sentence.

Aux États-Unis, on devient majeur à 18 ans. Cormega Copening — un mulâtre de 17 ans habitant l’État américain de la Caroline du Nord — a été inculpé récemment pour possession de pornographie juvénile.

Les policiers ont trouvé sur son téléphone multifonctionnel deux photos illicites; une première qu’il a prise de lui-même, nu, alors que la seconde est une photo de sa compagne (mineure elle aussi) qu’elle a prise d’elle-même, également nue, dont il s’est retrouvé en possession à la suite d’un échange mutuel de photos.

Ce mineur a été condamné pour avoir réalisé de la pornographie juvénile (son égoportrait) et pour possession de pornographie juvénile (son égoportrait et celui de sa copine).

En Caroline du Nord, comme au Canada, pour être considérée comme pornographique, la photo d’un mineur doit le représenter en train d’exercer une activité sexuelle explicite ou doit représenter essentiellement ses organes génitaux.

On estime que 30% des adolescents américains s’échangent privément des photos égoérotiques.

Références :
Droit de cuissage
Deux soeurs condamnées à être violées en Inde
Teen prosecuted as adult for having naked images – of himself – on phone
Teen prosecuted as adult for having naked images – of himself – on phone

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mon vol à l’étalage (2e partie)

Publié le 31 août 2015 | Temps de lecture : 2 minutes

Bien des années après le larcin que j’avais commis et expié, je fus le témoin d’un vol à l’étalage dans un commerce qui ne m’appartenait pas, mais dont j’étais responsable.

Un adolescent, accompagné d’un groupe d’amis, m’avait transmis une liste d’objets que sa soeur plus âgée désirait se procurer et qui se trouvaient dans la partie du magasin qui n’était pas en libre service.

Pendant que je m’affairais, ces jeunes allaient et venaient de manière suspecte à proximité de notre présentoir à condoms, me surveillant du coin de l’oeil.

Après plusieurs minutes à jouer au chat et à la souris, je réalisai qu’il me serait impossible d’accomplir ma tâche si je continuais à agir comme un gardien de sécurité.

Dès que la commande fut complétée et les jeunes eurent quitté les lieux, je me précipitai dans l’entrepôt afin de voir la vidéo qui captait tout ce qui se passe dans l’établissement.

Effectivement, de manière évidente, on y voyait l’un d’eux y voler une boite de trois condoms, après que plusieurs d’entre eux eurent tenté sans succès de faire la même chose.

Mais que faire ? Devais-je appeler la police pour un vol de 1,89$ plus taxes ? Voulais-je devoir possiblement me présenter en cour afin de témoigner contre les enfants de plusieurs de nos meilleurs clients ? Devais-je sommer les parents de venir payer l’item volé ? Et s’ils refusaient, devais-je les menacer de montrer cette vidéo aux autorités policières ?

En raison de la gravité insignifiante du vol et de la possibilité qu’il s’agissait-là de leur premier méfait, je choisis une approche toute différente : celle d’inviter les parents à voir cette vidéo et de m’en remettre à eux quant à la suite des choses.

(à suivre)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les cyber-adorateurs

Publié le 14 avril 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Au 55 de la rue Savushkina, à Saint-Pétersbourg, on ne chôme jamais.

Un des quatre étages de l’édifice est occupé par l’agence de nouvelles Kharkov. Ses reportages sur la guerre civile en Ukraine sont reproduits dans plusieurs quotidiens russes. Malheureusement, l’agence n’a aucun correspondant en Ukraine. Ses « reportages » sont créés à Saint-Petersbourg.

Deux équipes de rédacteurs y alternent, totalisant plus de 250 écrivains produisant chacun une moyenne de vingt dépêches par jour.

Dans la majorité des cas, il ne s’agit que de faits divers, et de potins au sujet de vedettes pop. Mais dès qu’il s’agit de politique russe ou de la guerre civile ukrainienne, le point de vue est celui d’adorateurs de Vladimir Poutine.

Les autres étages de l’édifice sont occupés par des participants à des forums de discussion. Leur rôle est de défendre aveuglément les politiques des autorités russes et de tenter de décourager la publication d’opinions adverses par des accusations et répliques blessantes à l’égard des opposants.

Chaque participant à ces forums publie en moyenne cent commentaires par jour, à partir d’un argumentaire écrit par un petit nombre d’éditorialistes, dont le rôle est de les alimenter en idées.

Les participants sont pénalisés s’ils n’atteignent pas leur quota de messages ou s’ils se sont contentés de faire du couper-coller; ils doivent réécrire les textes et s’exprimer à leur manière.

Ceux qui parlent anglais — et qui sont payés le tiers de plus — sont embauchés afin de participer aux forums de discussion de quotidiens occidentaux.

De nos jours, alors que les médias électroniques contribuent à façonner l’opinion publique, tous les gouvernements — pas seulement les régimes totalitaires — ont intérêt à essayer de maximiser l’appui populaire à leurs politiques.

Il ne serait donc pas étonnant d’apprendre que même chez nous, certains des citoyens les plus enthousiastes à défendre des politiques controversées soient en réalité des relationnistes rémunérés.

Références :
Fake ‘Ukrainian’ News Websites Run by Russian ‘Troll Army’ Offshoots
Inside the Kremlin’s hall of mirrors
Salutin’ Putin: inside a Russian troll house
The Kremlin’s Troll Army

Parus depuis : Russian ‘troll factory’ sued for underpayment and labour violations (2015-06-24)
Undercover reporter reveals life in a Polish troll farm (2019-11-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La rumeur meurtrière

Publié le 23 mars 2015 | Temps de lecture : 5 minutes

L’affaire Asia Bibi

De religion chrétienne, Asia Bibi est une travailleuse agricole pakistanaise d’une quarantaine d’années.

En juin 2009, en cueillant des baies de phalsa, elle suscita la colère de ses collègues musulmanes qui l’accusèrent d’avoir souillé l’eau potable qui leur était destinée, contaminée parce qu’une infidèle en aurait bu.

Ses collègues ont ensuite porté plainte à l’imam du village, accusant Mme Bibi d’avoir manqué de respect à l’égard du prophète Mahomet au cours de leur dispute (une accusation que l’accusée réfute).

Peu après, des hommes de son village se rendirent dans sa maison dans le but de la battre à mort. Elle échappa au lynchage grâce à l’intervention de la police.

Arrêtée, elle est condamnée à mort en novembre 2010. Au cours des procédures en appel, un clerc musulman a annoncé une récompense équivalente à 10 000$ pour quiconque assassinerait Asia Bibi.

L’imam du village, à l’origine de cette affaire, a déclaré que si Asia Bibi devait être ultimement innocentée ou graciée, ceux qui choisiront de rendre justice eux-mêmes auront raison.

Depuis, les deux ministres pakistanais qui lui ont témoigné de leur appui ont été assassinés respectivement en janvier 2011 et mars de cette année-là.

L’affaire est encore pendante devant les tribunaux.

L’affaire Rimsha Masih

En aout 2012, un imam pakistanais du nom de Hafiz-Mohammed Khalid-Chishti demande à un complice d’intercepter et de lui apporter un sac à ordures que transporte Rimsha Masih, une Pakistanaise chrétienne de 14 ans.

L’imam y ajoute quelques pages du Coran et la dénonce aussitôt aux autorités policières pour blasphème. Deux semaines après de début de l’enquête, un assistant du l’imam cède sous la pression et avoue le complot.

Innocentée en novembre 2012, Rimsha Masih (et sa famille) a immigré l’année suivante au Canada.

De son côté, en aout 2013, l’imam Khalid-Chishti a été libéré des accusations portées contre lui après que six des huit témoins de la poursuite aient modifié leurs versions des faits.

Le cas de Farkhunda

En Afghanistan, une Musulmane de 27 ans a été lynchée le 19 mars dernier après qu’on ait répandu à son sujet la rumeur voulant qu’elle ait brulé un exemplaire du Coran.

Récemment diplômée d’une école coranique, elle s’apprêtait à y entreprendre un poste d’enseignante.

Toutefois, en visite guidée à la mosquée du Roi des deux épées, à Kaboul, elle a déconseillé aux femmes d’y acheter des amulettes et a qualifié leurs vendeurs de parasites.

Pour se venger, ceux-ci ont répandu la rumeur selon laquelle Mme Farkhunda aurait brulé un exemplaire du Coran.

Peu de temps après, une foule presque exclusivement composée de jeunes hommes s’en est pris à elle, la hissant sur le toit incliné d’une maisonnette à un étage de laquelle elle glissa après y avoir reçu des coups. Puis, tombée au sol, elle fut violemment piétinée, rouée de coups de bâtons, lapidée, et trainée sur les berges de la rivière peu profonde qui traverse la capitale afghane où son corps fut brulé.

Le principal enquêteur dans cette affaire, le général Mohammed Zahir, a déclaré qu’il n’y avait pas l’ombre d’une preuve que la victime a détruit un exemplaire du Coran.

La télévision afghane a toutefois diffusé des images de pages brulées du Coran, trouvées à proximité de son domicile, ce qui suggère qu’on ait brulé un exemplaire du Coran afin de justifier les accusations calomnieuses portées contre elle.

Treize personnes ont été arrêtées en marge de cette affaire, dont deux vendeurs d’amulettes. Un certain nombre de policiers ont été suspendus de leurs fonctions pour s’être abstenus d’intervenir alors qu’ils étaient présents sur les lieux du crime.

Références :
Affaire Asia Bibi
Afghan protesters demand justice for woman killed by mob
Afghan woman killed by mob in Kabul was innocent, says investigator
How to commit blasphemy in Pakistan
Pakistani Christian Asia Bibi ‘has price on her head’
Rimsha Masih blasphemy case
Women break with tradition in Afghanistan to help bury ‘completely innocent’ Farkhunda who was beaten to death by Kabul mob

Parus depuis :
Afghanistan: peine de mort annulée pour les meurtriers de la jeune Farkhunda (2015-07-02)
Flawed Justice After a Mob Killed an Afghan Woman (2015-12-26)
Quashing of Asia Bibi’s blasphemy charge will not end her suffering (2018-10-31)
Man tortured and killed in Pakistan over alleged blasphemy (2021-12-03)
Local tourist killed in Pakistan’s Swat over blasphemy allegations (2024-06-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Airbus A320 « Rackham »

Publié le 22 mars 2015 | Temps de lecture : 2 minutes

avion-tintin
 
C’est lundi dernier que la compagnie Brussels Airlines a dévoilé le premier avion au monde dont le fuselage est décoré aux couleurs de Tintin.

Réalisée en République tchèque par la société irlandaise Eirtech Aviation, cette décoration a nécessité 1 000 heures de travail et 360 litres de peinture appliquée par aréographie.

Ce projet unique a été rendu possible grâce à un partenariat entre Brussels Airlines et Moulinsart, la société belge qui gère les droits liés à l’oeuvre d’Hergé.

Cette décoration comporte plusieurs éléments. La queue de l’avion arbore le symbole graphique du transporteur aérien. Au-dessus des hublots, on peut lire le texte « brussels airlines — we fly you to the home of Tintin » (c’est-à-dire nous vous transportons au pays de Tintin).

La plus grande partie du fuselage représente le célèbre personnage aux commandes du sous-marin requin qu’il pilote dans l’album Le Trésor de Rackham le Rouge.

Plusieurs copies de cet album seront disponibles à bord en français, en néerlandais et en anglais, permettant aux passagers de découvrir ou redécouvrir les aventures du reporter belge et de son chien Milou.

Références :
Brussels Airlines : un Airbus A320 en livrée spéciale « Tintin »
Nous vous présentons… Rackham

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Écrit par Jean-Pierre Martel


38 imams canadiens excommunient l’État islamique

Publié le 14 mars 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

Le Conseil suprême islamique du Canada est une organisation musulmane dont le siège social est à Calgary (la principale ville de la province de l’Alberta).

Créé en 2000, le Conseil possède plusieurs objectifs; propager l’enseignement et l’observance de la religion musulmane, entretenir sa propre mosquée, et établir une école coranique, de même que l’administrer.

Cette semaine, à l’initiative du Conseil, 38 imams canadiens ont proclamé une fatwa excommuniant l’État islamique.

Qu’est-ce qu’une fatwa ?

Une fatwa est une opinion ecclésiastique.

Prenons un exemple. Supposons qu’un fidèle diabétique confie à son imam les difficultés qu’il éprouve à suivre le ramadan (le jeûne annuel des Musulmans) et lui demande une dispense. Si cet imam n’est pas certain de la réponse appropriée, il peut s’adresser à un collègue imam plus expérimenté que lui. L’opinion de ce second imam est une fatwa.

Une fatwa peut également être une condamnation publique exhortant un fidèle à rentrer dans les rangs. À titre d’exemple, Raïf Badawi a été l’objet d’une fatwa le sommant de renier ses écrits.

Dans les pays musulmans, lorsqu’une fatwa accuse quelqu’un d’apostasie — un crime est punissable de la peine de mort — cette accusation est implicitement une condamnation à mort puisque n’importe quel fidèle zélé se croit investi de la Mission Divine de tuer lui-même le coupable.

La fatwa contre l’État islamique

La fatwa canadienne reproche à l’État islamique dix violations flagrantes de la Charia, c’est-à-dire la loi musulmane :
•  la capture d’opposants civils (musulmans ou non) et leur décapitation,
•  l’exécution de Musulmans pour ce simple motif qu’ils sont en désaccord avec les actions de l’État islamique,
•  la destruction de mosquées,
•  la profanation des tombes de prophètes, de saints et de simples croyants,
•  l’expulsion de civils de leurs maisons, les transformant en réfugiés,
•  l’assassinat d’érudits opposés à l’État islamique,
•  l’encouragement de jeunes Musulmanes à joindre et combattre pour l’État islamique,
•  la mise à mort de soldats ennemis par le feu,
•  l’amputation et la mutilation sans motif juste et raisonnable,
•  la mise à mort de combattants ennemis en les précipitant dans le vide.

Conséquemment, les imams signataires excommunient tous les miliciens de l’État islamique et leurs partisans. Ils sont les premiers au monde à excommunier publiquement l’État islamique.

Cette fatwa a le mérite de l’évidence; n’importe quel Musulman sait bien qu’à l’époque où le Prophète était également chef d’État, celui-ci n’a jamais immolé par le feu ses ennemis. Pour le califat — qui prétend recréer la pureté originelle de l’Islam — cette condamnation publique a donc une importance considérable.

Références :
Des imams canadiens lancent une fatwa contre le groupe État islamique
Historic Islamic Edict (Fatwa) on Joining ISIS/ISIL
Islamic Supreme Council of Canada

Sur le même sujet : L’État islamique : un trou noir

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’amateurisme de la décapitation en Arabie saoudite

Publié le 4 février 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

Avertissement : le texte suivant s’adresse exclusivement aux adultes

En Arabie saoudite, la décapitation par sabre constitue le mode d’exécution de la peine capitale. En 2013, 78 personnes l’ont subie. En 2014, ce nombre a grimpé à 87. Pour le seul mois de janvier 2015, onze personnes y ont perdu la vie de cette manière.

Dans les pays où les tribunaux condamnent à la peine de mort, les reproches adressés aux autorités ont incité celles-ci à l’appliquer le plus humainement possible. Puisqu’il s’agit souvent d’événements publics, les exécutions disgracieuses placent l’assistance dans l’inconfort et suscitent la critique.

C’est ainsi qu’au XIXe siècle, dans l’Empire britannique, les fiascos de certaines pendaisons ont amené la mise au point de la pendaison dite « par longue chute » dont l’efficacité est identique à celle de la guillotine. Toutefois, ce mode d’exécution, même amélioré, a été abandonné au XXe siècle dans de nombreux pays dont le Canada.

Ce souci d’appliquer une mort instantanée ne s’est développé que dans les pays où règne la liberté d’expression. Là où ce n’est pas le cas — en Arabie saoudite, notamment — une telle préoccupation est inexistante. De plus, en raison de la fréquence de cette tâche, celle-ci devient rapidement une routine dont les bourreaux s’acquittent négligemment.

Cette situation est illustrée par un cas récent.

Il s’agit de Laila Bint Abdul Muttalib Basim. Celle-ci est une étrangère accusée d’avoir violé (à l’aide d’un manche à balai) et d’avoir tué une fillette de six ans que son mari a eue d’un autre mariage. La condamnée n’a cessé de clamer son innocence.

Une rumeur veut que les abus sexuels dont a été victime la fillette aient été plutôt l’oeuvre de son père qui aurait rejeté le blâme sur une de ses épouses afin de s’en débarrasser.

En Arabie saoudite, comme dans tous les pays où la Charia a force de loi, le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme.

Réalisée à l’aide d’un téléphone multifonctionnel, la vidéo de son exécution, bannie de YouTube, est encore disponible ailleurs. On y voit ce qui suit.

Nous sommes dans un espace ouvert, totalement minéral, où se trouve déjà la condamnée. Celle-ci est agenouillée, menottée, et vêtue de noir. Près d’elle, un bourreau et son assistant sont habillés de blanc. Une trentaine de militaires vont et viennent nonchalamment.

Le sol est peint de bandes blanches parallèles comme celles qui marquent les intersections de la voie publique.

La condamnée crie à répétition son innocence. On lui découvre la tête. Un militaire dégage et tire ce qui semble être une longue queue de cheveux noirs. Tout en continuant de crier, celle-ci s’incline de côté. Le militaire tente de l’en empêcher en lui tirant les cheveux. Le bourreau lui indique de laisser faire et choisit de la laisser s’étendre au sol sur le côté.

Lorsqu’une personne est agenouillée, il est possible de la décapiter instantanément d’un violent coup de sabre. Cela ne fonctionne pas toujours, mais c’est souvent le cas. Par opposition, lorsque la personne est couchée, le bourreau risque d’abimer son sabre en raison de la proximité du sol. Voilà pourquoi l’exécution de cette femme fut une boucherie.

En s’inclinant vers elle, le bourreau lui administre deux coups successifs. L’amplitude du geste est celle du boucher qui débite la carcasse d’une volaille. À cause de cela, ces deux coups ne suffisent pas à la décapiter.

Au premier de ces deux coups de sabre, surprise par l’intensité de la douleur, la condamnée prend une profonde inspiration, aussi soudaine que sonore.

Pendant que la femme est probablement évanouie, le bourreau se déplace lentement dans la direction opposée et lui administre — douze secondes après le premier coup — un troisième coup qui finalement la décapite.

Des ambulanciers approchent une civière et amènent le corps pendant que le bourreau essuie son sabre ensanglanté sur son uniforme jusque là immaculé.

En Arabie saoudite, la publication de cette vidéo a suscité de nombreux reproches à son auteur. C’est ainsi que la Société nationale pour les droits de l’Homme de ce pays — une société financée par la famille royale et qui lui sert d’alibi — a réclamé la punition de l’auteur de ce document en raison, dit-elle, du choc émotif que son visionnement pouvait causer aux parents et amis de la condamnée. Mais cet organisme s’est bien gardé de critiquer la manière avec laquelle cette mise à mort fut exécutée.

Conclusion

Le cas du blogueur Raïf Badawi illustre comment l’Arabie saoudite est un pays totalement hostile à la remise en question de la mentalité arriérée qui y prévaut.

À l’abri de la moindre remise en question, les officiers de cette dictature obscurantiste appliquent la peine capitale d’une manière qui vaudrait à n’importe quel vétérinaire québécois d’être cité à comparaitre devant le Comité de discipline de sa corporation professionnelle.

Il y a deux ans, la justice saoudienne a eu à traiter d’un autre cas d’infanticide, cette fois commis par un homme. En raison de son divorce, le père n’a pu rejeter le blâme sur son épouse puisqu’il vivait séparé d’elle. C’est donc lui qui fut accusé. On accèdera à la description de cette affaire en cliquant sur ceci.

La différence de traitement illustre la discrimination dont sont victimes les femmes en Arabie saoudite.

Références :
Man who filmed woman being publicly beheaded in Mecca reportedly arrested in Saudi Arabia
Pendaison de cinq Patriotes [Montréal, 15 février 1839]

Paru depuis : L’Arabie saoudite recrute huit bourreaux sur Internet (2015-05-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les blasphèmes de Raïf Badawi

Publié le 28 janvier 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

Raïf Badawi est ce blogueur saoudien condamné dans son pays à dix ans de prison, à mille coups de fouet, à une amende de 266 000 dollars, et à une interdiction de voyage de dix ans à l’expiration de son emprisonnement.

Les chefs d’accusation qui justifient sa condamnation sont la désobéissance à son père, le cybercrime (pour avoir mis en place un site web qui compromet la sécurité du pays par la promotion de la tolérance religieuse), et l’insulte à l’Islam (pour avoir ridiculisé le pouvoir ecclésiastique de son pays).

Afin de juger du caractère blasphématoire de M. Badawi, voici la traduction française d’extraits des écrits de M. Badawi que le quotidien The Guardian a publiés.

Les textes ont été traduits de l’arabe à l’anglais par Mona Mahmood (d’Amnistie Internationale), Ian Black, Raya Jalabi et l’Institut Gatestone.

« Dès qu’un intellectuel commence à émettre ses idées, des centaines de fatwas surgissent, l’accusant d’être un incroyant lorsqu’il a simplement eu le courage de discuter de sujets sacrés. Je crains que les intellectuels arabes aient à quitter le pays pour s’exprimer librement et échapper au sabre des autorités religieuses » (Note : ceci est une allusion au fait qu’en Arabie saoudite, la peine capitale est la décapitation par sabre).

« La laïcité de l’État respecte chaque citoyen et n’offense personne. La laïcité est le moyen par lequel des pays comme le nôtre sortiront du tiers-monde pour accéder au statut de pays développé. »

« Les États basés sur une idéologie religieuse n’ont rien à offrir à part la crainte de la Colère divine et l’incapacité à affronter le réel. Voyez ce qui est advenu des pays européens après qu’ils aient instauré la séparation de l’État et de l’Église, et relégué le pouvoir religieux à ses lieux du culte : ils ont répandu l’éveil des consciences, la créativité et la rébellion. Les théocraties (Note : l’Arabie saoudite en est une) emprisonnent leurs sujets dans le cercle vicieux de la foi et la peur. »

« …les Musulmans d’Arabie saoudite méprisent les croyances religieuses des autres; ils qualifient d’incroyants les non-Musulmans et considèrent comme hérétiques les Musulmans qui croient en un Islam différents du leur. Avec une telle mentalité, comment peut-on créer des relations harmonieuses avec d’autres peuples quand, sur les six milliards d’êtres humains, quatre milliards et demi ne sont pas Musulmans ? »

Ironisant au sujet d’un ecclésiastique qui suggérait que les astronomes soient punis si leurs découvertes sont en contradiction avec l’interprétation littérale de la Charia : « Ce vénérable prédicateur m’a fait découvrir l’astronomie religieuse. Je ne connaissais pas l’existence de cette discipline. Je conseille donc à la NASA de se départir de ses télescopes démodés, et d’étudier plutôt la Charia. En fait, il serait souhaitable que tous les chercheurs du monde abandonnent leurs laboratoires et leurs centres de recherche afin de tirer profit de l’enseignement de nos prédicateurs dans des domaines aussi divers que la médecine, l’ingénierie, la chimie, la microbiologie, la géologie, la physique nucléaire, les sciences maritimes, la pharmacologie, l’anthropologie, etc. Que Dieu bénisse notre clergé : il est devenu la référence incontournable en tout, et devant laquelle nous devons nous incliner et obéir sans discussion. »

Commentaires

N’importe quel Musulman peut se proclamer imam; en effet, devenir imam n’exige pas de compétence particulière. Aussi est-il fréquent qu’un imam confonde le Coran, les exigences de la Charia, et les coutumes préislamiques de son pays (en matière de modestie vestimentaire, notamment).

Voilà pourquoi, toute critique des coutumes arriérées d’un pays musulman est considérée comme blasphématoire au sein de ce pays.

Par exemple, critiquer l’excision là où elle se pratique (en Afrique), les crimes d’honneur et les mariages forcés, sont tous des insultes à l’Islam aux yeux des imams des pays concernés. Précisons que les mariages forcés sont fréquents dans les pays asiatiques, qu’ils soient musulmans ou non.

En Afghanistan, entre 20 et 50 jeunes femmes s’immolent par le feu chaque année pour éviter un mariage forcé. Dévoiler ce tabou est considéré — à tort évidemment — comme préjudiciable à l’Islam. Voilà pourquoi les journalistes occidentaux qui ont publié des données à ce sujet ont du fuir ce pays, menacés de mort.

L’Arabie saoudite est une théocratie (tout comme le Vatican). Remettre en question ce statut est considéré comme une hérésie. De plus, y critiquer l’absolutisme religieux — comme l’a fait Raïf Badawi — est blasphématoire.

S’il n’est pas sage de provoquer futilement la colère des Musulmans à l’étranger, on doit réaliser que toute tentative d’empêcher ici la pratique de coutumes arriérées est considérée comme une persécution religieuse aux yeux des croyants de pays où ces pratiques sont courantes.

Tout cela doit nous faire comprendre l’importance des Musulmans qui habitent nos pays. En effet, les Musulmans qui vivent en Occident sont des pionniers en train d’inventer sans le vouloir un Islam moderne, compatible avec les valeurs occidentales et en opposition totale avec l’obscurantisme financé notamment par l’Arabie saoudite.

Références :
A look at the writings of Saudi blogger Raif Badawi – sentenced to 1,000 lashes
Raif Badawi
Raif Badawi’s Blog

Parus depuis :
Comment devient-on imam? (2015-02-02)
Couillard doit expliquer ses liens avec l’Arabie saoudite, dit Khadir (2015-02-03)
Droits de l’Homme: Raif Badawi; fosses communes à Chypre; Bob Rugurika (2015-02-12)
Raif Badawi: Québec exhorte Ottawa de «changer de vitesse» (2015-06-07)
Washington demande à Riyad de renoncer à fouetter Raif Badawi (2015-06-08)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Première femme évêque en Angleterre

Publié le 26 janvier 2015 | Temps de lecture : 2 minutes

L’Église d’Angleterre est la principale dénomination religieuse au Royaume-Uni avec des fidèles représentant le cinquième de la population.

En 1531, le roi Henry VIII plaça l’église catholique d’Angleterre sous sa tutelle après que Rome eut refusé de lui accorder le divorce avec Catherine d’Aragon (afin d’épouser sa maitresse, Anne Boleyn).

De nos jours, les Églises anglicanes (dont fait partie l’Église d’Angleterre) se considèrent à des degrés divers à la fois catholiques et réformées.

Depuis 1985, l’Église d’Angleterre a ordonné un certain nombre de femmes au titre de diacre, puis de prêtre. Si bien que celles-ci représentent aujourd’hui près du tiers du clergé de cette Église.

Le 17 décembre 2014, l’Église d’Angleterre annonçait la nomination d’Elizabeth-Jane Holden-Lane au titre d’évêque. Elle était prêtre depuis 1994.

Son ordination a eu lieu officiellement ce matin dans la cathédrale de York (le plus grand édifice gothique d’Europe du Nord) et fut retransmise en direct sur les ondes de la BBC.

Depuis des siècles, les cinq plus importants évêques de l’Église d’Angleterre et les 21 plus anciens évêques de cette domination sont autorisés à siéger à la Chambre des Lords de Londres.

La législation britannique a été modifiée récemment pour permettre aux femmes évêques d’y accéder plus rapidement, sans respecter les règles d’ancienneté.

La nouvelle évêque est mariée à George Lane qui est aussi prêtre anglican : ils forment un des premiers couples mariés à être ordonné ensemble. Ils ont deux enfants.

Références :
Église d’Angleterre
‘Historic day’ for Church of England as its first female bishop is ordained in landmark ceremony at York Minster
L’Eglise d’Angleterre nomme sa première femme évêque
Libby Lane
First female Church of England bishop consecrated in York
Religion in the United Kingdom

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Écrit par Jean-Pierre Martel