Funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat de Québec

Publié le 5 février 2017 | Temps de lecture : 3 minutes

Le jeudi 2 février 2017, c’est à l’aréna Maurice-Richard que plus de cinq-mille personnes se sont réunies pour célébrer les funérailles religieuses de trois des victimes de l’attentat terroriste antimusulman de Québec.

Selon les peuples, les rites funéraires varient. Au Québec, l’exposition des dépouilles se fait plusieurs jours après le décès afin de permettre aux parents et amis venant de loin d’assister aux funérailles. Pour cette raison, les corps qui ne sont pas incinérés doivent être embaumés (ce qui consiste à retirer les viscères).

Le rituel funéraire musulman a été établi dans des pays dont le climat est désertique, à une époque où la climatisation n’existait pas.

Selon le rite musulman, les corps sont simplement lavés trois fois et enveloppés dans un linceul avant l’enterrement. Ce linceul est composé d’un nombre impair (généralement trois) pièces de tissu blanc. Quant à lui, l’enterrement doit avoir lieu dans les 24 heures qui suivent le décès.

En France, les démarches administratives font en sorte que les délais pour l’enterrement sont un peu plus longs. Conséquemment, les cercueils y sont obligatoires pour des raisons sanitaires.

Au Québec, seuls l’incinération ou l’enterrement après embaumement sont permis. Ce qui oblige les Québécois musulmans qui en ont les moyens de rapatrier les corps à l’Étranger pour que l’enterrement se fasse selon les rites de leur religion.

De plus, peu de cimetières québécois sont multiconfessionnels ou réservés aux Musulmans. Dans la Vieille capitale, il n’y en a aucun.

Dans le cas de trois des victimes, les frais de transport — environ 10 000$ — ont été assumés par les consulats de deux pays, d’où la présence de représentants diplomatiques à cette cérémonie.

Deux des trois victimes à qui on rendait hommage — Khaled Belkacemi et Abdelkrim Hassane — sont originaires du même village algérien. Le fait que tous les discours furent prononcés en français, en anglais ou en arabe, mais aucun en berbère (la langue maternelle de ces deux victimes), n’a pas échappé à l’attention de certains spectateurs.

Au bénéfice des internautes à la recherche de photos des personnalités qui y ont pris la parole, voici celles que j’en ai rapportées.

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M. Justin Trudeau, premier ministre du Canada
M. Philippe Couillard, premier ministre du Québec
M. Régis Lebeaume, maire de Québec
M. Denis Coderre, maire de Montréal
M. Saïd Fawaz, président du Conseil des imams du Québec
M. Mohamed Yangui, président du Centre culturel islamique de Québec
Mme Aziza Blili, de la Fédération des Canadiens musulmans
M. Abdelghani Cheriaf, consul général d’Algérie à Montréal
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Mme Habiba Zemmouri, consule générale du Royaume du Maroc à Montréal
M. Saramady Touré, ambassadeur de la Guinée au Canada
M. Moujib Arrahman, imam
M. Mehdi Tirkawi, imam de la mosquée Al Rawdah de Cartierville
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M. Zine Al Abidine Balafrej, imam

Références :
Des funérailles à Montréal pour trois des victimes de la tuerie de Québec
Enterrement musulman : déroulement des obsèques et rites funéraires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La fable des amours du singe et de la biche

Publié le 17 janvier 2017 | Temps de lecture : 2 minutes

 

 
La semaine dernière, la nouvelle de l’accouplement d’un macaque et d’une biche sika a fait le tour du monde.

L’incident est survenu en novembre dernier sur l’ile romantique d’Yakusshima, en pleine saison de reproduction des macaques japonais.

Publiée dans la revue scientifique Primates, l’étude à ce sujet est signée par de sérieux chercheurs de l’université de Strasbourg et de l’université japonaise de Teikyo, témoins de la scène.

Selon les chercheurs, cette liaison d’une dizaine de secondes n’assurera pas de descendance ni à l’un ni à l’autre parce que les anatomies respectives des deux animaux ne permettent pas de pénétration.

Selon Radio-Canada, il s’agirait du quatrième exemple enregistré de relations sexuelles entre deux espèces différentes; dans les années 1990, un éléphant avait été vu tentant de s’accoupler avec un rhinocéros; en 2008, un chimpanzé avec une grenouille; et en 2014, un phoque avec un manchot empereur.

S’il m’est permis de passer sous silence le rôle des poupées gonflables, on me permettra de m’attarder sur le cas des chiots qui ‘zignent’.

Depuis des millénaires, tous les propriétaires de chiens savent qu’à l’adolescence, beaucoup de chiots ‘zignent’; ils se dressent sur leurs pattes d’en arrière pour frotter leurs organes génitaux sur la jambe d’un être humain, par exemple. Cela fait partie de la découverte normale de la sexualité chez les canins.

Cela m’est déjà arrivé lors d’un souper de famille où, malheureusement, aucun chercheur universitaire n’était invité.

Si cela avait été le cas, nos rapports sexuels auraient fait la couverture du Monde et j’en serais peut-être à conseiller les scénaristes d’un film de Walt Disney intitulé Le Bel et la Bête, dont la chanson-thème serait évidemment chantée par Céline Dion…

Références :
Interspecies sexual behaviour between a male Japanese macaque and female sika deer
Quand un singe tente de s’accoupler avec une biche
Un rapport sexuel entre un singe et une biche observé au Japon

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Décès de l’archevêque terroriste

Publié le 2 janvier 2017 | Temps de lecture : 2 minutes

Quel enfant n’a pas été terrorisé à l’idée de bruler éternellement en Enfer s’il commettait de graves péchés, notamment ceux qui font le plus plaisir.

Le terrorisme de Monseigneur Capucci allait au-delà de son devoir de nous motiver à résister aux tentations du diable.

Le 18 aout 1974, alors qu’il était archevêque catholique de Jérusalem, Monseigneur Capucci a été arrêté par la police israélienne alors qu’il transportait des armes à feu.

Le prélat utilisait son statut diplomatique pour effectuer la contrebande d’armement pour le compte de l’OLP, une organisation terroriste.

Condamné à douze ans de prison, le prélat catholique revient dans l’actualité deux ans plus tard lors de la prise d’otages d’Entebbe, en Ouganda.

À cette occasion, des pirates aériens affiliés à l’OLP réclamaient sa libération (entre autres) en échange de la libération de leurs otages. Mais l’opération échouera.

Le prélat sera libéré en 1978 grâce à la Miséricorde divine… et des négociations secrètes du Vatican.

Son militantisme en faveur des Palestiniens a fait de lui un héros dans de nombreux pays arabes. Des timbres ont donc été émis à son effigie en Égypte, en Irak, au Koweït, en Libye, au Soudan et dans son pays natal, la Syrie.

C’est finalement hier qu’est décédé à Rome Hilarion Capucci, à l’âge de 94 ans.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le révolver de Paul Verlaine

Publié le 30 novembre 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

C’est plus tôt aujourd’hui qu’a été vendu aux enchères le révolver le plus célèbre de la littérature française.

L’arme doit sa renommée à un fait divers survenu le 10 juillet 1873.

Ce soir là, vers 20h, l’agent Michel de la police bruxelloise fait l’arrestation de Paul Verlaine sur la rue du Midi, près de la Place Rouppe.

Âgé de 29 ans, l’écrivain français est accusé d’avoir tenté d’assassiner le poète Arthur Rimbaud, de dix ans son cadet, avec lequel il partage depuis quelques jours un appartement situé à quelques rues de l’endroit où il est arrêté.

Paul Verlaine est un homme violent.

Sa mère a fait trois fausses couches. Elle parlait à ses fœtus, conservés précieusement dans des bocaux. Avec son front proéminent, Paul Verlaine leur ressemble. Il se trouve laid. Mal aimé, il saisit l’affection quand celle-ci passe sur son chemin; il a couru les bordels et couché avec des hommes.

En janvier 1872, il était tombé amoureux d’un adolescent, Arthur Rimbaud. De toute sa vie, ce dernier n’aura qu’une seule passion homosexuelle, celle avec Verlaine, brulante et toxique.

Après des séjours à Londres, Verlaine et Rimbaud sont dans la capitale belge en juillet 1873 au 1 rue des Brasseurs, près de la Grande Place.

En instance de séparation, Verlaine a écrit à sa femme à Paris pour lui dire que si elle ne venait pas le rejoindre à Bruxelles dans les trois jours, il se ferait sauter la cervelle.


 
À cette fin, ce matin-là, il a acheté aux Galeries St-Hubert un Lefaucheux de calibre 7mm à crosse de bois, fabriqué à Liège trois ans plus tôt.

Mais celle qu’il a violée un soir de beuverie, celle qu’il a trompée avec la bonne, ne viendra pas.

À l’appartement, Verlaine a montré son nouveau révolver à Rimbaud. Puis ils sont sortis. En raison de l’abondance des débits de boissons aux environs de la Grande Place, ils passent la matinée à boire.

De retour à l’appartement vers 14h, l’adolescent annonce à Verlaine son intention de le quitter. Fou de rage, Verlaine verrouille la porte, se retourne vers Rimbaud (à trois mètres de lui) et tire deux balles dans sa direction. L’une atteignant le jeune poète au poignet gauche et l’autre se loge au sol.

Le bruit de la détonation et la vue du sang ont calmé les belligérants. Pris de remords, Verlaine accompagne l’adolescent blessé à l’hôpital St-Jean où ce dernier sera pansé en attente d’une extraction de la balle sept jours plus tard. Mais le jeune poète en a assez; il veut partir sur-le-champ.

Ce soir-là, à mi-chemin vers la gare du Midi, plus précisément sur la Place Rouppe, Verlaine devance Rimbaud et se retourne vers lui en glissant la main dans sa poche. Rimbaud présume que c’est pour en sortir son arme.

Encore sur le choc de leur dispute, l’adolescent appelle à l’aide le premier policier qu’il voit.

Paul Verlaine est arrêté. Moins de dix jours plus tard, Rimbaud retire sa plainte imputant à l’ivresse le geste de son ami.

En dépit de cette renonciation, les pouvoirs publics accusent Verlaine de voie de fait et le condamnent à la peine maximale, soit deux ans de prison.

Le révolver, confisqué par la police, est retourné à l’armurier Montigny, du 11 Galerie de la Reine. À la fermeture de cette boutique, en 1981, l’arme a été vendue à Jacques Ruth, huissier de justice belge et amateur d’armes à feu. Celui-ci l’a conservé jusqu’à sa mise aux enchères aujourd’hui.

Achetée pour trente francs belges par Verlaine en 1873, l’arme a été vendue 434 500 euros cet après-midi.


 
Références :
L’arme avec laquelle Verlaine a tiré sur Rimbaud vendue aux enchères 435 000 euros
Le pistolet avec lequel Verlaine a tiré sur Rimbaud est mis aux enchères à Paris
Le révolver avec lequel Verlaine a failli tuer Rimbaud
Le revolver avec lequel Verlaine tenta de tuer Rimbaud aux enchères
L’incident de Bruxelles
Rimbaud et Verlaine : sodomie, alcool et revolver à six coups

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le tailleur syrien

Publié le 29 septembre 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Sur le site du très sérieux quotidien britannique The Guardian, la nouvelle la plus populaire aujourd’hui raconte l’histoire suivante qui s’est déroulée à Guelph, en Ontario, dimanche dernier.

Au moment précis où une demoiselle d’honneur zippe l’arrière de sa robe, une future mariée apprend que sa fermeture arrière vient de se briser.

Après plusieurs essais, on doit se rendre à l’évidence; c’est foutu.

Mais où trouver un tailleur ou une modiste dont la boutique serait ouverte un dimanche, à quelques heures de la cérémonie ?

Puisqu’on sait que le voisin le plus près est en train de travailler dans son garage, on mandate une fille d’honneur d’aller lui emprunter une paire de ciseaux.

Ce qu’on ignore, c’est que ce voisin héberge depuis quatre jours une famille syrienne dont le chef de famille, Ibrahim Halil Dudu, a été maitre tailleur à Alep pendant 28 ans.

Aussitôt, la porte sonne chez la future mariée. C’est ce voisin, le tailleur et son fils qui arrivent en renfort.

Père et fils ne parlent pas encore anglais. Ils communiquent avec leur hôte par l’intermédiaire de l’utilitaire de traduction de Google.

Parmi les rares souvenirs que ce réfugié a amenés avec lui, il y avait un petit nécessaire de couture.

Puisque le temps presse, la mariée n’ôte même pas sa robe. C’est donc à l’aide de sa trousse que le tailleur syrien répare à la main la fermeture à glissière pendant qu’autour de lui, la coiffeuse et son assistante s’affairent avec fébrilité à apporter les dernières retouches à la coiffure de la mariée.

Le tout ne prend que quelques minutes, à l’émerveillement des témoins de la scène et au grand soulagement de la future mariée.

Le lendemain de la cérémonie, les mariés réalisent qu’ils ont oublié de remercier M. Dudu.

Heureux de la tournure des évènements, celui-ci leur répond que lui et son épouse souhaitent que cette histoire aide à donner une image positive des réfugiés syriens et rappelle aux Canadiens que c’est leur générosité qui contribue, entre autres, à rendre leur pays si extraordinaire.

Références :
Syrian refugee comes to the rescue of Canadian bride’s wedding dress
Syrian tailor living in Canada for just 4 days saves wedding

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le signe de Rabia

Publié le 9 août 2016 | Temps de lecture : 1 minute


 
Le symbole des supporteurs d’Erdoğan est le salut fait avec les quatre doigts d’une main (le pouce étant replié vers la paume). On l’appelle signe de Rabia (ce qui signifie quatrième en arabe).

Ce signe fait allusion au massacre de la place Rabia-El-Adaouïa, en aout 2013 au Caire, où plusieurs centaines de personnes (entre 638 et 2 600) ont été tuées par l’armée égyptienne. Il s’agit du plus important massacre de l’histoire moderne d’Égypte.

Les personnes abattues manifestaient leur opposition au renversement militaire du président élu Mohamed Morsi (soutenu par les Frères musulmans).

Utilisé fréquemment par Erdoğan, ce signe symbolise l’appui à la cause des Frères musulmans, soit la promotion de l’Islam politique.

Références :
De la politisation des doigts : jeux de mains, jeux de vilains
Massacre de la place Rabia-El-Adaouïa
Signe de rabia

Capture d’Écran : © 2016 — TRT Haber
Signe de Ragia : © R4BIA.com

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les allergies alimentaires au restaurant : l’État devra agir

Publié le 7 août 2016 | Temps de lecture : 10 minutes

Le 29 mai 2016, vers 21h, Simon-Pierre Canuel est attablé au bistro Le Tapageur de Sherbrooke.

En donnant sa commande de tartare de bœuf à son serveur, il lui précise qu’il est extrêmement allergique aux fruits de mer et au saumon.

Environ quinze minutes plus tard, il reçoit son tartare. Mais à la première bouchée, il se rend compte qu’il s’agit d’un tartare de saumon et non de bœuf.

Cuit, la texture du bœuf est très différente de celle du saumon. Mais crues, leurs textures molles se ressemblent.

Alors que les papilles gustatives de la langue ne goutent que cinq saveurs de base (l’amertume, le sucré, le salé, l’acidité et l’umami), c’est après avoir avalé les sucs de la mastication ou une bouchée — lorsque les parfums remontent vers le nez — que le gout d’un mets se révèle véritablement.

Malheureusement, dès qu’on avale quoi que ce soit, il est déjà trop tard pour la personne qui est allergique.

La seringue d’Épipen® du client est demeurée dans sa voiture. En quelques instants, le gonflement interne de ses voies respiratoires (l’angiœdème) apparait : il est incapable de parler distinctement.

Le client est accompagné d’un médecin. Pendant que celui-ci se hâte d’appeler les services d’urgence, M. Canuel est incapable de respirer et s’affaisse au sol. Un autre médecin, présent lui aussi, lui fait le bouche-à-bouche.

Transporté d’urgence aux soins intensifs de l’hôpital, M. Canuel y fait un arrêt cardiaque le lendemain et tombe dans un coma qui durera deux jours. Il quitte l’hôpital moins d’une semaine plus tard.

Cette affaire a refait surface mercredi dernier, alors que le serveur de 22 ans a été arrêté et accusé de négligence criminelle.

Le procès qui s’en suivra nous dira si le serveur a bien transmis l’information aux cuisines, si le chef en a tenu compte et si le serveur a procédé à l’examen visuel du plat en cuisine avant le l’apporter en salle (où la lumière était tamisée ce soir-là).

Dans tous les cas, le restaurateur est civilement responsable de ses employés. Selon la jurisprudence canadienne, il en est exonéré seulement s’il peut prouver que ses employés l’ont fait exprès pour lui nuire.

La nouvelle de l’arrestation du serveur a suscité une controverse sur les médias sociaux.

Pour certaines personnes, le client porte une lourde responsabilité dans cette affaire pour avoir oublié sa seringue d’Épipen® dans sa voiture.

S’il est vrai qu’une personne gravement allergique devrait toujours transporter sur lui sa seringue d’Épipen®, on doit savoir que la durée d’action de l’épinéphrine est relativement courte alors que les symptômes d’allergie durent beaucoup plus longtemps.

Voilà pourquoi l’épinéphrine administrée par les ambulanciers n’a pas empêché cette personne d’avoir un arrêt cardiaque le lendemain et d’être dans le coma pendant deux jours, et ce malgré le fait qu’il se trouvait aux soins intensifs.

En réalité, s’il a frôlé la mort, c’est fondamentalement parce ce qu’on s’est trompé de tartare au restaurant. Sans cette erreur, rien ne serait arrivé.

De plus, on ne peut qu’être étonné de la réaction de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ). Celle-ci suggère à ses cinq-mille membres de refuser de servir les personnes allergiques ou, à défaut, de leur faire signer une décharge de responsabilité.

En somme, au nom de ses membres, cette association réclame le droit à l’irresponsabilité civile, ce qui signifie le droit de compromettre impunément la vie des gens.

Dans un monde idéal, les particuliers et les entreprises devraient être capables d’autodiscipline. Dans le vrai monde, il est souvent illusoire de s’y fier.

Au XIXe siècle, l’État a imposé aux minières des mesures d’échappement des gaz explosifs afin de prévenir les coups de grisou. Parce qu’elles n’ont pas su le faire de leur propre chef.

Au Québec, après une multitude d’incendies, n’importe quel établissement est maintenant obligé d’avoir sur place un extincteur chimique et des gicleurs automatiques.

À Lac-Mégantic, la confiance aveugle du fédéral à l’égard de l’autodiscipline des transporteurs ferroviaires a eu les conséquences catastrophiques qu’on sait.

Et finalement, à Sherbrooke, l’incident dont il est question a provoqué la réaction décevante de l’ARP. Conséquemment, l’État devra agir puisque les restaurateurs sont, de toute évidence, incapables de s’imposer d’eux-mêmes des normes minimales de sécurité.

Voilà pourquoi je suggère l’imposition des mesures préventives suivantes au milieu de la restauration québécoise :
• la formation obligatoire du personnel aux dangers des réactions allergiques et l’enseignement des méthodes de réanimation cardiovasculaire
• la double vérification des mets apportés aux clients allergiques
• la disponibilité d’une seringue d’Épipen® dans chacun des restaurants du Québec, et la vérification régulière de sa date d’échéance (les dates de péremption ne sont jamais très éloignées).

Défibrillateur du Musée Victor-Hugo de Paris

Au Musée Victor-Hugo de la Place des Vosges à Paris, on possède un défibrillateur. Cet appareil sert dans certains cas d’accidents vasculaires cérébraux. Chacun des musées appartenant à la ville de Paris doit en posséder un.

Dans ce musée, il est non seulement facilement accessible au personnel, mais il est placé bien à la vue du public. Comme pour rassurer les visiteurs en leur disant : « Voyez comme votre vie est importante pour nous.»

Puisse cet exemple être utile aux restaurateurs du Québec.

Références :
Allergique, il frôle la mort après une seule bouchée au resto: un serveur arrêté
Association des restaurants du Québec
Interdire de servir les clients allergiques serait illégal, selon des experts
Le pourboire au restaurant
Restauration: les allergiques bientôt persona non grata?
Umami


Post scriptum : Ce texte a paru dans l’édition du 11 aout 2016 du quotidien Le Devoir, à la suite de quoi les commentaires suivants ont été publiés dans l’édition électronique de ce quotidien.

Peut-être… par Marc Davignon

Ne pas aller au restaurant, soit faire preuve de jugement de la part des gens avec des allergies? Dans ce cas-là, l’idéologie néo-libérale s’applique : le gouvernement ne doit pas s’ingérer dans les affaires privées; il faut déréglementer les marchés!

Comme demander au gouvernement de réguler le sel qui sort de la salière quand vous avez un problème de haute pression!

D’aberration en aberration.

Pas encore des règlements !!!! par François Cossette

ENCORE, un accident où un incident ne devrait jamais être une raison pour faire suer toute une population avec de nouveaux règlements. C’est triste mais le risque zéro n’existe nulle part et pour personne.

Il y en a déjà trop des règlements et la majorité ne sont pas appliqués ou pas respectés. Les règlements ça ne fait que créer des sociétés délinquantes.

Réplique de Sylvain Auclair

S’il y a tant de règlements, c’est peut-être parce que les gens se foutent un peu trop de leurs semblables?

Je suis certain que les Méganticois auraient aimé que les sociétés de chemin de fer soient davantage règlementées…

Acouphène par Hugues Savard

Alors je vais poursuivre les travaux publics pour usage intempestif du marteau-piqueur et aussi poursuivre l’endroit où ils ont mis la musique trop fort l’autre jour: je fais de l’acouphène… Je trouverai certainement un avocat pour s’y intéresser: il y a une piastre à faire.

Utopie ? Cauchemar, oui! par Jean-François Trottier

Un seul point reçoit mon assentiment. Il devait y avoir de l’Épipen disponible dans tous les lieux publics fréquentés.

Mais dans un restaurant, surtout l’un de ceux au bout d’une route pittoresque où l’on jouit de solitude ?

Au restaurant d’y voir, pas au gouvernement. Soyez sûr que les meilleurs l’ont déjà fait, et l’affichent maintenant sur leur menu… si les lois leur permettent.

Je suis moi-même un régime de vie que je pourrais caricaturer ainsi: si c’est bon pour la santé, je n’ai pas le droit d’en manger!!

Je sais, c’est complètement idiot, mais je n’ai droit à aucune légumineuse (donc pas au tofu), ni noix, ni le moindre petit avocat!! Par contre, pas le moindre mot contre la viande rouge ou contre le sucre!!!!

Je ne demande à aucun restaurant de respecter mon régime.

L’accident dont vous vous servez est un contre-exemple parfait de ce que vous prétendez.

Si l’on part du principe, reconnu par les meilleurs nutritionnistes, que le plaisir est partie inhérente de l’assimilation de nourriture, (j’y arrive malgré tout), alors la réglementation tendra à rendre nos restaurants aussi intéressants qu’une boîte de céréale, surtout le carré « nutritionnel »… que je lis religieusement évidemment.

Les restaurants ne sont pas un service public. Je sais où je souhaite que le gouvernement dépense, et ce n’est pas là.

Tout à fait d’accord de Monique Bisson

Merci M. Martel d’exposer les faits de manière claire, précise et non-équivoque quand à une situation qu’on souhaite ne jamais vivre lorsque que nous souffrons d’allergies graves. Bien sûr, la responsabilisation se doit d’être partagée, mais la suggestion de l’Association des restaurateurs du Québec à ses cinq mille membres dépasse l’entendement et la responsabilité civile. Puissiez-vous être entendu, M. Martel, parce que vos mesures préventives ne sont que l’aboutissement logique de connaissances développées au fil des recherches scientifiques pour protéger la vie de personnes allergiques, petites ou grandes personnes.

Pas responsable de Sylvie Lapointe

Ce qu’il nous faut surtout constater maintenant, c’est que le fournisseur de biens et/ou services se veut absolument non responsable de quoi que ce soit découlant de ses biens et/ou services. C’est le client le problème, pas le fournisseur. Je ne suis pas certaine d’être d’accord avec cette théorie de non-responsabilité ou d’irresponsabilité (au choix).

Réplique de Lise Bélanger

Je suis bien d’accord avec vous. Le client a bien mentionné son allergie au serveur. Il a agit avec prudence et devait s’attendre à ce que son état soit pris en considération. Moindre des choses, il me semble. La faute est soit au serveur ou cuisinier etc. qui n’a pas respecté l’état d’allergie bien exprimé par le client.

Le restaurateur doit respecter les états de santé du client lorsque ceux-ci lui sont bien exprimés. Un point, c’est tout. Simple responsabilité civile.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le prince saoudien trafiquant de drogue

Publié le 30 juin 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

La fénétylline est une amphétamine connue sous le nom commercial de Captagon. C’est la drogue des djihadistes; ce stimulant supprime la fatigue et crée une sorte d’euphorie qui supprime la douleur tout en coupant la faim.

Jusqu’en 2011, les principaux pays producteurs étaient la Libye et le Liban. Avec le chaos qui règne en Syrie, ce pays est devenu le premier producteur en 2011.

Facile à produire, elle sert de monnaie d’échange aux milices islamistes qui combattent en Syrie. Ceux-ci l’exportent en échange d’armes.

En Arabie saoudite, cette drogue est très populaire; 55 millions de comprimés de Captagon sont saisis annuellement, ce qui donne une idée de l’importance de sa consommation.

Même si son trafic est passible de la peine de mort, les membres de la dictature saoudienne sont parfois impliqués dans sa contrebande en raison de leur impunité.

C’est ainsi que le 26 octobre 2015, on a effectué une saisie record de drogue à l’aéroport de Beyrouth (au Liban) soit deux tonnes de comprimés de Captagon et une quantité non précisée de cocaïne. Le tout d’une valeur de 327 millions$ (227 millions d’euros).

La marchandise se trouvait à bord de l’avion privé du jeune prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz al Saoud qui devait partir en direction de la capitale saoudienne. Le prince a été arrêté au moment de l’embarquement.

Le 25 février dernier, celui-ci était toujours en prison, dans l’attente de son procès.

Drogue saisie à Beyrouth

La drogue se trouvait dans une quarantaine de caisses de carton scellées par du ruban gommé transparent qui laissait bien visible le sceau de la dictature saoudienne; un palmier vert au-dessus de deux sabres croisés.

Si le prince possédait un statut diplomatique reconnu au Liban, il n’aurait pas été arrêté sans créer un incident protocolaire. Conséquemment, il est douteux que son avocat puisse invoquer l’argument que cette marchandise était du matériel diplomatique.

Toutefois en raison des généreuses subventions de l’Arabie saoudite au Liban, les observateurs s’attendent à ce qu’un prétexte soit trouvé pour justifier sa libération.

Références :
Fénétylline
Lebanon charges Saudi prince with drug smuggling
Le prince saoudien accusé de trafic de drogue au Liban restera en détention jusqu’à son procès
Un prince royal saoudien arrêté avec 2 tonnes de Captagon, la drogue des djihadistes. Silence radio!

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Au premier coup d’œil

Publié le 23 juin 2016 | Temps de lecture : 1 minute

Lasik MD Vision est une entreprise de correction au laser de la vue

En apercevant la photo d’un de ses messages publicitaires, la première chose que j’y ai vue c’est une femme qui choisit de ne s’agripper à rien alors que le conducteur du scooteur emprunte une courbe surplombant une falaise.

Je comprends qu’on veuille ainsi illustrer la joie et le sentiment de liberté qui envahissent la personne qui retrouve la vue après l’avoir perdue en partie ou en totalité.

Mais je ne peux pas m’empêcher de trouver déplorable qu’on fasse indirectement la promotion d’un comportement routier dangereux.

Est-ce qu’un professionnel de la vue est justifié d’utiliser n’importe quel moyen pour promouvoir ses services ?


Image ci-dessus : © — Publicité de Lasik MD Vision

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’empoisonnement chronique à l’arsenic au Bangladesh

Publié le 6 avril 2016 | Temps de lecture : 4 minutes
Minerai de sulfure d’arsenic

Il y a des millions d’années, lorsque le globe terrestre s’est solidifié, sa composition n’était pas homogène. Voilà pourquoi de nos jours on exploite des gisements à des endroits précis et pas ailleurs.

L’Himalaya est une chaine de montagnes qui s’étire sur 2 400 km de long. L’érosion de sa roche libère de l’arsenic qui contamine les nappes phréatiques de certaines régions de l’Inde, de la Chine, du Vietnam et du Cambodge.

C’est ainsi que vingt-millions de personnes au Bangladesh — sur les 164 millions que compte le pays — boivent quotidiennement de l’eau contaminée à des concentrations excessives d’arsenic. Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est le plus grand empoisonnement de masse de l’histoire de l’Humanité.

Les normes internationales exigent des taux d’arsenic inférieurs à dix parties par milliard (un milligramme d’arsenic dans mille litres d’eau). C’est le cas en Occident. Dans beaucoup de pays en développement — dont le Bangladesh — la norme utilisée est cinq fois plus élevée.

Environ 1,4 million de puits (le sixième de tout le pays) dépassent cette norme, déjà moins exigeante. 43 000 citoyens sont atteints de lésions cutanées typiques d’arsenicose. Ces lésions douloureuses s’infectent facilement et peuvent conduire à la gangrène.

En tant que perturbateur endocrinien, l’arsenic favorise l’apparition de cancers de la peau, des poumons, de la vésicule biliaire et des reins. Lorsqu’on décède d’un empoisonnement chronique à l’arsenic, c’est habituellement par le biais du cancer du poumon.

Au Bangladesh, beaucoup de personnes croient à tort que les lésions cutanées de l’arsenicose sont contagieuses. Par conséquent, des parents interdisent à leurs enfants de jouer avec leurs petits amis atteints. Dans ce pays, l’aspect disgracieux de ces lésions, lorsqu’elles atteignent le visage, est un handicap au mariage.

Dans ce pays à 90% musulman, l’âge minimal du mariage est très bas. Conséquemment beaucoup de fillettes sont mariées avant l’apparition des symptômes. Lorsque ceux-ci apparaissent, cela conduit à leur répudiation, les condamnant à la plus grande pauvreté.

Jusque dans les années 1980, la plupart des Bengladais tiraient leur eau potable de cours d’eau et de puits artésiens. Afin d’enrayer le choléra et la dysenterie endémique des villages, l’ONU et des ONG internationales ont encouragé les villageois à creuser des puits plus profonds (à environ 50 m) d’où on pouvait puiser une eau dépourvue de pathogènes.

Malheureusement, le roc qu’on creusait ainsi était souvent riche en arsenic.

C’est une décennie plus tard, à l’apparition des premiers cas d’empoisonnement à l’arsenic, qu’on s’est rendu compte de cette erreur.

D’un côté, on avait corrigé un problème infectieux aigu, responsable de milliers de morts annuellement. Mais de l’autre, on l’avait remplacé par un problème chronique, moins mortel, mais qui affecte des millions de personnes.

Depuis l’UNICEF et diverses ONG travaillent dans la mesure de leurs moyens à améliorer la qualité de vie des villageois.

On s’est rendu compte que dans 80,9% des villages, la contamination affecte moins de 40% des puits. D’où l’idée d’identifier les puits ‘sains’ et de condamner les autres.

Là où cela n’est pas possible, on distribue des filtres commerciaux. Cette mesure efficace a l’inconvénient de créer une dépendance perpétuelle à des produits généralement importés.

Dans un petit nombre de cas, on recueille l’eau de pluie ou on fait passer l’eau au travers d’épaisses couches de sable fin et de matériaux locaux adsorbants.

Références :
Arsenic Mitigation in Bangladesh
Millions of people in Bangladesh still drinking arsenic-laced water

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8 — 1/125 sec. — F/10,0 — ISO 1250 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel