Les trottinettes Lime : le bonnet d’âne de Projet Montréal

Publié le 16 septembre 2019 | Temps de lecture : 4 minutes

Si Lime avait voulu rire de l’administration de la mairesse Valérie Plante, cette compagnie n’aurait pas agi autrement.

En annonçant le projet-pilote de mobilité individuelle passive de Lime, la mairesse déclarait fièrement : « Nous avons adopté la règlementation la plus sévère au Monde. »

À voir les vélos laissés n’importe où, les trottineux qui empruntent des voies de circulation qui leur sont interdites et l’obligation du port du casque respecté par presque personne, on réalise que Mme Plante voulait parler de la règlementation la plus surfaite au monde, et non la plus sévère.

Plus tôt ce mois-ci, pressé par les journalistes de dévoiler le nombre de contraventions émises, le responsable de ce dossier à Projet Montréal. M. Éric-Allen Caldwell déclarait : « C’est une information que nous ne rendons pas publique

En d’autres mots; nous avons honte de dire qu’on n’en a donné aucune.

Depuis, il semble que les experts en relations publiques se sont affairés à peaufiner le message de la ville.

C’est ainsi que le 13 septembre, le responsable du dossier s’est ravisé et reconnaissait qu’aucun constat d’infraction n’a été remis. Pourquoi ? Parce que, selon M. Caldwell, l’entreprise déplaçait les véhicules en infraction à l’intérieur du délai prescrit de deux heures.

Ah oui ? Si le porte-parole de l’administration Plante s’était donné la peine d’installer l’application de Lime sur son téléphone portable et y avait jeté un coup d’œil de temps en temps, il auraient vu ces trottinettes stationnées pendant de très longues périodes (toute la soirée ou toute la nuit) dans des arrondissements où elles ne peuvent que circuler parce qu’on y trouve aucune aire de stationnement.

En effet, le ramassage des trottinettes se fait aux aires de stationnement et ne concerne pas les trottinettes en mouvement à l’heure où les ‘juicers’ passent les ramasser. Donc Lime en oublie, forcément.

De plus, M. Caldwell se fait menaçant.

À compter du 21 octobre 2019, Lime recevra une amende de 100 $ si un inspecteur de la Ville ou un policier constate la présence d’une trottinette stationnée hors des zones désignées sur la chaussée.

Jugeant les infractions trop nombreuses, M. Caldwell déclare : « On resserre la vis et, maintenant, on remettra une contravention à vue lorsqu’on verra une trottinette mal stationnée

Dans la bouche du responsable, que signifie maintenant ? Dans mon dictionnaire, cela signifie au moment présent.

Dans la bouche de M. Caldwell, maintenant signifie dans un mois. En d’autres mots, l’administration Plante donne un mois d’impunité supplémentaire à Lime pour faire — disons-le franchement — n’importe quoi.

Théoriquement, le permis de l’opérateur se termine le 15 novembre 2019. Sans résilier son permis, Lime peut toutefois cesser ses opérations pour l’hiver quand la compagnie le juge approprié.

Voudra-t-elle attendre jusqu’aux premières neiges, alors que ses trottinettes tombées au sol seront ensevelies et écrasées involontairement par des automobilistes ?

C’est douteux.

Donc, l’opérateur aura intérêt à filer à l’anglaise au plus tard le 21 octobre, un mois plus tôt que prévu.

Si tel est le cas, l’administration Plante sera, une fois de plus, le dindon de la farce.

Références :
Règlement municipal (version du 7 aout 2019)
Trottinettes en libre-service: Montréal sévira contre Lime et ses clients délinquants

Parus depuis :
110 constats en deux semaines pour les trottinettes et vélos en libre-service (2019-12-03)
Batteries lithium-ion : les incendies en forte hausse dans les grandes villes (2023-05-27)
Comparison of Injuries Associated With Electric Scooters, Motorbikes, and Bicycles in France, 2019-2022 (2023-06-30)

Sur le même sujet :
La petite fille aux trottinettes

Laissez un commentaire »

| Environnement, Transport en commun, Urbanisme | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


S’habiller pollue

Publié le 29 août 2019 | Temps de lecture : 5 minutes

Avant propos : la version originale de ce texte incluait un court documentaire vidéo que j’ai retiré le lendemain parce qu’il manquait de rigueur.

Importance de l’industrie textile

En 2014, la valeur des exportations mondiales de textile a été de 314 milliards$US.

En milliards de dollars américains, les cinq principaux pays exportateurs ont été :
• la Chine (124),
• l’Union européenne (25,5),
• l’Inde (20),
• les États-Unis (15,5) et
• la Turquie (14,4).

De 1994 à 2014, en ne considérant que les fibres textiles — ce qui exclut le cuir et la fourrure — la mode des tissus innovants, voire ‘intelligents’ a fait passer l’importance des fibres synthétiques de 51 % à 71 % de toutes les fibres produites.

Au cours de cette période, l’importance du coton déclinait de 45 % à 28 %.

Loin derrière, la production de laine passait de 4% à 1%.

Chaque année, on produit cent-millions d’articles de mode (vêtements et d’accessoires) à travers le monde, soit le double qu’il y a quinze ans.

Afin d’éviter l’apparition d’un marché gris, la maison H&M brule 60 000 tonnes d’invendus par année.

Empreinte environnementale

En raison de la croissance des ventes, l’industrie de la mode est devenue une des plus polluantes. Sa production de gaz à effet de serre est moindre que celle de l’ensemble des moyens de transport, mais dépasse spécifiquement l’impact des transports maritime et aérien réunis.

La production d’un kilo de coton exige l’utilisation de 2 700 à 5 000 litres d’eau. Au premier abord, cela parait beaucoup. Toutefois, c’est autant que pour produire un kilo de légumineuses (4 055 litres) ou de poulet (4 325 litres).

Là où le coton se distingue, c’est quant à l’utilisation des pesticides et des engrais; de toutes les productions végétales, la culture cotonnière est la plus gourmande.

La mondialisation

De plus, entre la plante et le vêtement, le coton voyage beaucoup.

Entre sa production (en Chine, principalement), son tissage (en Chine ou en Inde), sa coloration très polluante quelque part au Tiers-Monde, sa confection (au Bangladesh, au Pakistan ou au Vietnam) et son acheminement sur les marchés internationaux, le coton aura parcouru des dizaines de milliers de kilomètres.

Cette mondialisation repose sur le bas cout des hydrocarbures.

En plus, dans le cas des fibres synthétiques, celles-ci sont des produits de l’industrie pétrochimique.

Si le prix des hydrocarbures augmentait de manière dramatique, les distances parcourues diminueraient tout autant, le prix des vêtements augmenterait et les consommateurs les choisiraient judicieusement et prolongeraient leur durée de vie.

Pour maintenir bas le prix du pétrole — essentiel à cette mondialisation — nos pays doivent provoquer la guerre dans les pays producteurs d’hydrocarbures afin de les motiver à maximiser leur production pour soutenir l’effort de guerre.

Le cout humain et environnemental des conflits armés nécessaires à la mondialisation n’est jamais comptabilisé. C’est un tabou. Aucun organisme environnemental n’en tient compte.

Il est anormal qu’un litre d’essence provenant de Moyen-Orient coûte à peu près le même prix qu’un litre québécois d’eau embouteillée. Lorsque le prix de l’essence sera devenu exorbitant, on produira et consommera localement.

Ce qui réduira d’autant l’empreinte environnementale de l’industrie textile. On ne se mettra pas à produire du coton au Québec ou en France, mais on évitera de le transporter aux quatre coins du monde entre la production de la plante et la confection du vêtement.

Le recyclage insuffisant

En Europe, 80 % des vêtements en fin de vie sont jetés et exportés vers les sites d’enfouissement ou d’incinération dans les pays du Tiers-Monde. Ce qui augmente encore leur empreinte environnementale.

Entre 15,6 % et 20 % connaissent une deuxième vie. Cette seconde vie prend plusieurs aspects :
• la vente dans des boutiques de vêtements d’occasion,
• le découpage pour la fabrication de chiffon,
• la récupération des fibres pour tisser des textiles neufs,
• l’effilochage des fibres à des fins de rembourrage ou d’isolation thermique,
• la réutilisation des fibres en papeterie ou en cartonnage, et
• la combustion à des fins de chauffage dans des incinérateurs.

Quelques conseils

Afin de prolonger la durée de vie des vêtements, il est suggéré :
• de ne pas les laver trop souvent,
• d’éviter les cycles à consommation excessive d’eau,
• de laver à l’eau froide,
• d’éviter d’ajouter des quantités excessives d’eau de Javel (ce qui abime les fibres) ou de savon,
• d’éviter si possible le nettoyage à sec,
• de privilégier le séchage au vent (puisque les sécheuses électriques représentent environ 15 % de la dépense énergétique d’un ménage, exclusion faite du chauffage) et
• de choisir des assouplisseurs de tissus écologiques,

Il est également suggéré de réparer ses vêtements ou, à défaut, de les amener chez une couturière même si, bien souvent, les retouches finissent par couter aussi cher que l’achat d’un vêtement neuf. Au moins, cela fait vivre des gens de notre quartier.

Références :
Combien d’eau est utilisée pour produire les aliments?
Des services de location de vêtements pour aider l’environnement
Pourquoi s’habiller pollue la planète
Rapport de l’Union des industries textiles
Réduisons de gaspillage textile
Sécher son linge au vent, à Shanghai

Laissez un commentaire »

| Environnement | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La petite fille aux trottinettes

Publié le 16 août 2019 | Temps de lecture : 11 minutes
Le plaisir de rouler sans casque protecteur
Trottinettes Lime
Détail d’une trottinette

Tambours et trompettes

La mairesse de Montréal, Mme Valérie Plante, annonçait plus tôt cette semaine l’arrivée des 430 premières trottinettes électriques de marque Lime.

Selon la publicité tapageuse qui a précédé leur commercialisation, ces véhicules seraient les prototypes d’une micromobilité qui devrait améliorer la circulation, générer des milliards de dollars à travers le monde et paver la voie aux villes du futur.

Le ‘buzz’ médiatique

De nos jours, il n’y a pas de publicité plus économique que de créer un ‘buzz’ sur les médias sociaux.

Avant d’aborder ce ‘buzz’, précisons qu’une recherche à l’ordinateur basée sur les mots ‘danger des trottinettes électriques’ génère quatre fois moins de résultats avec Google (propriétaire de Lime) qu’avec Yahoo (qui n’est pas impliqué dans le commerce des trottinettes électriques).

Depuis longtemps, les compagnies américaines ont compris que contrôler l’information, c’est contrôler la pensée.

La micromobilité

La micromobilité est née avec l’apparition des premiers êtres unicellulaires capables de se déplacer dans les océans, il y a des millions d’années.

Améliorer la circulation

Tout comme l’automobile, la trottinette électrique est un mode de mobilité passif, c’est-à-dire sans effort physique. Toutefois, selon les experts, ce sont les piétons et non les automobilistes qui constituent principalement le marché cible des trottinettes électriques.

Dans les villes qui leur permettent de circuler dans les rues, elles s’ajoutent donc aux autos qui y circulent et aggravent la circulation et non le contraire. Ce sera le cas à Montréal.

À Paris, ce sont vingt-mille de ces engins qui y ont créé l’anarchie, causant un mort et de nombreux blessés. En colère, le maire du treizième arrondissement a fait envoyer à la fourrière toutes les trottinettes qui trainaient sur les trottoirs de son quartier.

À Montréal, les autorités municipales comptent limiter le déplacement des trottinettes aux pistes cyclables et aux rues où la vitesse maximale est de 50 km à l’heure, soit une bonne partie des voies de circulation, où elles circuleront à une vitesse maximale de 20 km/h.

La ville espère que les trottineux termineront leur course à l’une des aires de stationnement et feront le reste à pied jusqu’à leur destination finale.

Puisque tous ces engins sont équipés d’un géolocalisateur, il aurait été très facile de faire en sorte que les trottinettes refusent de s’aventurer là où elles sont interdites (puisqu’on peut les inactiver à distance).

Mais une telle exigence n’est pas venue à l’esprit des responsables municipaux.

Ces derniers se fient au le civisme des trottineux, une chose qui n’a pas été observée dans les villes où ces engins ont été permis, mais qui existe peut-être dans une lointaine galaxie.

Il aurait été plus sage d’obliger Lime à rendre impossibles les comportements fautifs. Pour une ville comme Montréal, qui aspire à devenir un centre mondial de l’intelligence artificielle, ce manque d’imagination fait dur.

La richesse, quelle richesse ?

Exemptés d’immatriculation, les trottinettes génèreront des milliards de dollars, nous dit-on, sans préciser pour qui.

Des règlements municipaux inapplicables

Non bridés, certains modèles de trottinettes électriques peuvent atteindre 85 km/h.

La limite de 20 km/h, imposée par le ville de Montréal, possède l’avantage de réduire considérablement le risque d’accidents.

Le règlement municipal exige que chaque véhicule porte un numéro d’identification unique qui soit visible, sans préciser à quelle distance.

Chaque trottinette Lime porte donc un minuscule code QR qui lui est propre, qu’on voit de très près, et qui est situé près de la poignée droite du guidon (voir photo plus bas).

En conséquence, il est impossible de connaître l’identité des trottineux qui s’enfuient après avoir infligé des dommages ou des blessures.

Le règlement municipal a beau exiger que l’opérateur détienne une police d’assurance, Lime ne pourra jamais juger du sérieux d’une plainte logée contre elle puisque le plaignant ne disposera jamais d’informations factuelles (un numéro d’immatriculation, par exemple) qui permettrait à l’opérateur de faire enquête.

On peut donc l’attendre à un refus systématique de l’opérateur d’admettre sa responsabilité afin de décourager les plaintes.

D’autre part, à Lisbonne, pour chaque appareil laissé sur le trottoir, l’opérateur (c’est-à-dire la compagnie) se verra imposer une amende de 60 à 300 euros.

Mais comment prouver la culpabilité de Lime ?

Dans le cas d’une voiture mal garée, la faute incombe toujours à celui qui l’a stationnée. Après avoir bloqué les roues à l’aide du levier de vitesses (mis à ‘Park’), il est très difficile de déplacer une voiture.

Dans le cas d’une trottinette, on peut la soulever et la déplacer très facilement.
 

 
À Marseille, des malfaiteurs se sont amusés à jeter des trottinettes électriques à la mer.

À Montréal, on peut imaginer que des activistes antiembourgeoisement ou anticapitalistes puissent être tentés de s’attaquer à ces joujoux pour jeunes bourgeois branchés en les jetant n’importe où. Comment la ville prouvera-t-elle la culpabilité de la compagnie ou de ses clients ?

De plus, la ville exige que les trottinettes soient laissées dans des aires de stationnement prévues à cet effet, au nombre maximal de quatre trottinettes par emplacement.

Que fera le policier lorsqu’il voit plus de quatre trottinettes stationnées à un même endroit ?

D’après ce que j’ai compris, la contravention sera adressée à Lime qui, à son tour, se chargera de punir l’utilisateur. C’est simple.

Imaginez maintenant que vous êtes policier alors que le marché montréalais aura cessé d’être un monopole; vous êtes en présence de cinq trottinettes provenant de trois opérateurs différents. Laquelle de ces trottinettes est excédentaire ? En d’autres mots, à qui envoyez-vous la contravention ?

Euh…

Pour ce qui est de l’obligation de stationner les trottinettes en position debout, perpendiculairement au trottoir, comment savoir si elles ne sont pas tombées comme des dominos à cause d’un gros coup de vent ou d’un enfant espiègle ? La ville doit punir qui ?

Euh…

Tant et aussi longtemps que la ville n’obligera pas l’opérateur à louer chaque trottinette accompagnée d’un casque, à peu près personne ne respectera la règlementation de la ville à ce sujet.

Bref, tout ce qui sera respecté, c’est la limite maximale de vitesse parce que les utilisateurs n’ont pas le choix.

Le filtre Ferrandez

Appliqué aux décisions municipales, le filtre Ferrandez consiste à ne permettre une nouveauté que si elle est meilleure pour l’environnement que ce qu’elle remplace.

À la place de l’automobile, la trottinette électrique est évidemment meilleure pour l’environnement. Malheureusement, le public cible des trottinettes électriques, ce sont les piétons et les cyclistes.

Or la différence fondamentale entre ces derniers et la trottinette, c’est la pile électrique.

En Europe, un constructeur automobile qui souhaite commercialiser une voiture électrique doit s’assurer qu’il existe une filière de collecte et de recyclage de ses piles sur le territoire de commercialisation.

Encore là, imposer cette exigence aux trottinettes électriques n’est pas venue à l’esprit des responsables municipaux.

Quelle est la durée de vie d’une trottinette électrique ? Que fera Lime de ses vieilles trottinettes en fin de vie ?

Pour ce qui est de la durée de vie d’une trottinette, il y a très peu de données disponibles pour l’instant; le Boston Consulting Group estime la durabilité des trottinettes électriques à environ trois mois.

Si les trottinettes électriques sont à ce point éphémères, c’est en raison de la piètre qualité de leurs matériaux qui les rend sujettes au vandalisme et aux bris lors d’un accident ou à la suite d’impacts répétés contre une chaussée en mauvais état.

Ce sont des produits de consommation de masse qui ne sont pas faits pour résister à un usage intensif; on les utilise quelques centaines de fois et on les jette. Par exemple, tout ce qui est en vert, c’est du plastique.

L’utiliser/jeter après usage

Trottinette inopérante après quatre jours d’utilisation

Imaginez. On creuse le sol pour en extraire de la bauxite. On l’exporte à l’autre bout du monde. On en fait de l’aluminium par électrolyse. On fond les lingots d’aluminium pour mouler le squelette des trottinettes. On y greffe un moteur et une pile.

Toute cette dépense d’efforts et d’énergie pourquoi ? Pour créer de la camelote qu’on jettera quelques semaines plus tard. Et on recommence. Et on continue jusqu’à ce que la mode passe.

Ces trottinettes sont l’exemple parfait de cette consommation de masse polluante et ce gaspillage des ressources motivé par la recherche du bonheur. Comme si on pouvait acheter le bonheur en se procurant des biens matériels.

Les piles

Pour ce qui est des piles en fin de vie, les dirigeants de la ville n’ont imposé aucune exigence. Tout est basé sur l’autodiscipline de la compagnie. Comme à Lac-Mégantic, où le gouvernement fédéral se fiait niaiseusement à l’autodiscipline du transporteur ferroviaire.

Les dirigeants de Lime sont des étrangers qui ne sont redevables qu’à leurs actionnaires. La protection des nappes phréatiques du Québec est le moindre de leurs soucis.

C’est à nos dirigeants politiques qu’incombe la responsabilité de protéger le territoire national.

Lorsque les vieilles trottinettes Lime seront devenues des citrons, il est plus économique de les envoyer au rebut. Laissées à l’abandon, ces piles libèreront leur contenu toxique qui migrera inévitablement dans le sol.

Lorsque cela arrivera, nos dirigeants municipaux feront semblant d’être surpris ou blâmeront leurs prédécesseurs.

Ce que ces dirigeants doivent faire, ce n’est pas de prévoir des amendes puisqu’il suffira à Google de mettre la clé dans la porte de sa succursale Lime pour éviter de les payer. En effet, Lime est une entité juridique indépendante de Google même si cette dernière en est propriétaire.

Nos dirigeants doivent exiger trois choses :
• la traçabilité des piles à trottinettes,
• l’obligation de créer une filière de recyclage à leur sujet, et
• l’imposition d’une consigne afin de motiver Lime à s’acquitter de ses responsabilités environnementales.

Conclusion

Ici comme ailleurs, la règlementation montréalaise des trottinettes électriques est teintée d’amateurisme et de précipitation.

Cédant au ‘buzz’ médiatique créé par le grand capital international, la ville a accouché d’une règlementation essentiellement inapplicable et dépourvue de la moindre considération environnementale.

Références :
Injuries Associated With Standing Electric Scooter Use
La trottinette électrique en libre-service arrive à Montréal
Le sort des piles au lithium mortes
Les «trottineux»
L’immatriculation des trottinettes électriques réclamée
Marseille: des dizaines de trottinettes jetées à la mer, les opérateurs réagissent
Nashville considers banning e-scooters as Calgary, Edmonton prepare to welcome them
Patins, planche à roulettes et trottinette : ce que dit la loi
Shared scooters don’t last long
The Promise and Pitfalls of e-Scooter Sharing
Trottinettes électriques : attention, danger !
Trottinettes électriques: ces grandes villes en guerre contre «l’anarchie»
Trottinettes en libre-service : seuls 5 opérateurs sur 12 intègrent l’assurance obligatoire
Un étudiant bruxellois aveugle dénonce le danger des trottinettes électriques sur les trottoirs

Parus depuis :
Une trottinette électrique Lime baigne dans le canal de Lachine (2019-08-22)
Encore aucune sanction pour les utilisateurs de Lime (2019-09-12)
Les trottinettes Lime : le bonnet d’âne de Projet Montréal (2019-09-16)
L’usage des trottinettes désormais encadré par le code de la route en France (2019-10-25)
Extinction Rebellion revendique le sabotage de milliers de trottinettes en France (2019-12-05)
E-scooter rider dies in Paris days before city decides on a ban (2022-11-17)
Batteries lithium-ion : les incendies en forte hausse dans les grandes villes (2023-05-27)
Comparison of Injuries Associated With Electric Scooters, Motorbikes, and Bicycles in France, 2019-2022 (2023-06-30)
Trottinettes, vélos, scooters: hausse «exponentielle» des feux de batteries (2024-04-18)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
1re photo : 1/8000 sec. — F/1,2 — ISO 100 — 25 mm
2e  photo : 1/1250 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
3e  photo : 1/800 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
4e  photo : 1/320 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

Laissez un commentaire »

| Environnement, Transport en commun, Urbanisme | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le plomb dans l’eau potable des écoles

Publié le 13 août 2019 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

En février 2019, l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ) publiait un rapport au sujet de la présence de plomb dans l’eau potable des écoles et garderies du Québec.

Ce rapport a été rendu public le mois dernier.

Puisque la nouvelle année scolaire débutera dans quelques semaines, que doit-on en penser ?

Résultat des études

Il n’existe pas de seuil en deçà duquel le plomb est inoffensif; à n’importe quelle dose, il est neurotoxique. Évidemment, il l’est moins à dose faible.

Depuis l’interdiction de l’essence au plomb, de la peinture au plomb et des canalisations en plomb, les taux de plomb dans le sang des Canadiens ont diminué de 70 % entre 1978 et 2013.

Chez les enfants, les taux moyens de plomb dans le sang sont de 0,67 µg par décilitre au Canada et 1,0 µg/dl au Québec. Cette différence résulte de l’exposition plus grande au Québec à l’ensemble des sources possibles.

Puisque ce contaminant est omniprésent dans notre environnement, les organismes sanitaires ont adopté arbitrairement des taux maximums à ne pas dépasser dans l’eau du robinet.

Au Canada, ce seuil était autrefois de 25 µg/l, réduit à 10 µg/l en 2013 et réduit de nouveau à 5 µg/l en mars 2019 (soit après la rédaction du rapport de l’INSPQ).

Cette norme est trompeuse puisque les taux sont mesurés après avoir fait couler l’eau pendant cinq minutes, ce qu’à peu près personne ne fait dans la vraie vie.

De 2013 à 2016, on a fait des prélèvements dans 436 écoles et garderies du Québec. Le dépassement de l’ancienne norme de 10 µg/l a été observé dans 3 % des établissements et dans 8,5 % des cas lorsqu’on applique la nouvelle norme plus sévère de 5 µg/l.

Le pire cas (350 µg/l) avait été observé dans une garderie. Le rapport ne précise pas s’il s’agit d’une garderie publique ou privée. On a aussi mesuré 174 µg/l dans le cas d’une école.

Qu’arrive-t-il si on mesure le plomb sans laisser couler l’eau pendant 5 minutes ?

À Québec, en 2015-2016, des prélèvements effectués dans 29 écoles ont révélé une médiane très faible dans l’eau de premier jet (moins de 2 µg/l). Toutefois, dans un cas, on a mesuré une concentration de 559 µg/l.

À Montréal, en 2017, une étude effectuée auprès de 51 écoles a mesuré une médiane de 4,5 µg/l dans l’eau de premier jet et un dépassement de la teneur de plomb de 10 µg/l dans 15,7 % des cas. Le maximum mesuré fut de 20 µg/l.

Ailleurs au pays, les taux médians sont habituellement plus faibles qu’au Québec, mais les valeurs excessives sont parfois stratosphériques (par exemple, 13 200 µg/l).

Contribution relative du plomb scolaire

Il existe de nombreuses sources de plomb dans notre environnement.

On en trouve dans l’eau potable domestique. Il y en a dans la poussière de peinture au plomb libérée lorsqu’on détruit une maison ou qu’on décape un vieux meuble.

La littérature scientifique démontre que chez les enfants âgés entre 6 mois et 7 ans, les sols et les poussières constituent la principale source d’exposition au plomb, et non l’eau potable (sauf dans le cas des teneurs très élevées).

On sait avec certitude qu’il existe une corrélation inverse entre les taux sanguins de plomb et le quotient intellectuel. On sait que le plomb dans les breuvages et la nourriture fait augmenter les taux sanguins. La grande inconnue concerne l’importance relative de l’apport alimentaire parmi toutes les sources possibles.

En somme, il faut réduire la teneur du plomb dans l’eau potable. Mais ce n’est pas parce que l’eau potable d’une école dépasse la norme fédérale actuelle (5 µg/l) qu’il faut condamner ses robinets.

Voilà pourquoi l’INSPQ estime que la réduction du plomb dans l’eau potable des écoles doit être poursuivie sans qu’il soit nécessaire d’adopter des mesures exceptionnelles et urgentes.

Plus de transparence S.V.P.

L’INSPQ a choisi de taire le nom des établissements dans lesquels des concentrations excessives de plomb ont été observées afin de ne pas provoquer de panique ou des comportements ‘irrationnels’ chez les parents concernés.

Est-ce irrationnel de vouloir éviter que son enfant boive de l’eau qui dépasse de 70 fois la teneur maximale recommandée ?

Pour un décideur public, cacher la vérité est une solution de facilité qui trahit un mépris du peuple.

Une réaction parentale irrationnelle serait, par exemple, de changer son enfant d’école ou de le retirer du système public afin de l’envoyer au privé ou de faire son éducation à domicile.

Dans les faits, il est facile de faire comprendre à ce parent qu’il suffit de donner à son enfant de l’eau embouteillée ou traitée par un système capteur de métaux lourds.

De plus, la révélation des noms des écoles et garderies fautives oblige ces institutions à agir. Une pression qu’elles n’ont pas lorsqu’on cultive le secret.

Selon la professeure Michèle Prévost de l’école Polytechnique de Montréal, dans 95% des cas, lorsqu’il y a trop de plomb dans l’eau potable, le problème se situe dans les 50 derniers centimètres de la robinetterie. Donc il n’est pas nécessaire de changer toute la tuyauterie de l’école.

De plus, on peut très bien changer un nombre limité de robinets par étage et indiquer clairement que seuls ceux-ci peuvent servir d’abreuvoirs.

On peut donc remettre à plus tard l’intention de changer les robinets qui ne servent qu’à se laver les mains ou à prélever l’eau des employés responsables de l’entretien.

Références :
Des taux inquiétants de plomb dans l’eau des écoles
Eau contaminée: Legault est préoccupé, mais pas alarmé
Nos écoles ont du plomb dans l’eau
Plomb
Présence de plomb dans l’eau des écoles et des garderies
Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada
Silences de plomb

Parus depuis :
Le Québec sous-évalue le plomb dans l’eau (2019-10-16)
Plomb dans l’eau: des milliers de garderies échappent à tout contrôle (2019-11-14)
Les services de garde éducatifs à l’enfance dans un piteux état au Québec (2024-05-23)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 500 — 25 mm

Laissez un commentaire »

| Éducation, Environnement, Pollution | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le sort des piles au lithium mortes

Publié le 9 août 2019 | Temps de lecture : 5 minutes
BMW i8 hybride

Un demi-siècle de mise au rebut

On peut recycler le papier, le verre, et la majorité des plastiques. Voilà pourquoi il est possible d’acheter du papier recyclé et des produits de consommation vendus dans des contenants de verre ou de plastique recyclé.

Qu’en est-il des piles au lithium ?

Depuis leur mise en marché en 1970, il s’est vendu des dizaines de milliards de piles au lithium.

Un demi-siècle plus tard, est-il possible d’en acheter qui soient non seulement rechargeables, mais également recyclées ? Non. Pourquoi pas ?

Il n’existe pas de barrière technologique qui empêche ces piles d’être recyclées. Malgré cela, seulement 10 % des piles au lithium mises au rebut le sont, les 90 % restantes sont incinérées ou enfouies avec les déchets domestiques.

Lors d’essais en laboratoire, on peut extraire 95 % du cobalt, du nickel et du cuivre, et s’en servir pour fabriquer des piles neuves.

Si on exclut les piles des voitures électriques — trop récentes pour avoir donné naissance à une industrie du recyclage — pourquoi recycle-t-on si peu les milliards de piles qui alimentent nos petits appareils électriques autonomes depuis 50 ans ?

C’est que leur composition est en constante évolution.

La course au progrès

Dans les laboratoires de recherche d’un fabricant de piles au lithium, si on découvre que l’ajout d’une partie par million de molybdène augmente la durée des piles, on ajoutera du molybdène à la première occasion.

Quelque temps plus tard, si on découvre qu’un peu plus de cadmium ou de manganèse augmente encore plus la durée, on en augmentera leur teneur. Et ainsi de suite.

Prendre un lot de piles mortes, en extraire le contenu et purifier parfaitement chacun de ses ingrédients chimiques, cela n’est rentable que lorsqu’il s’agit d’extraire des métaux précieux qui seront utilisés pour fabriquer des appareils électroniques dispendieux.

Mais tout séparer pour ensuite faire l’inverse, c’est-à-dire tout mélanger de nouveau, cela n’est pas rentable quand il s’agit de fabriquer des piles neuves bon marché.

Ce qui pourrait être rentable, c’est d’homogénéiser le contenu d’une grande quantité de piles, d’en faire l’analyse et d’ajouter les ingrédients qui se trouvent en quantité insuffisante.

Malheureusement, cela n’est simple qu’à la condition que tout ce qui distingue les vieilles recettes des nouvelles, ce soient des ajouts. Qu’arrive-t-il lorsque le fabricant s’est rendu compte qu’un ajout était une erreur, corrigée depuis ?

Retirer un ingrédient en trop, cela rend toute l’opération non rentable.

Voilà pourquoi personne ne vend des piles recyclées.

Les piles de voitures électriques

En Europe, un constructeur automobile qui souhaite commercialiser un véhicule électrique doit s’assurer qu’il existe une filière de collecte et de recyclage de ses piles sur le territoire de commercialisation.

En France, la Société nouvelle d’affinage des métaux (SNAM) assure la collecte, le recyclage et la traçabilité des piles au lithium en fin de vie que les fabricants lui feront parvenir.

En Amérique du Nord, il n’existe aucune exigence quant au recyclage des piles des voitures électriques.

La désinformation des médias québécois

Au Québec, le danger des piles au lithium est un sujet tabou.

Récemment, une Hyundai Kona EV non branchée a explosé dans le garage d’une résidence de l’Ile-Bizard, dans l’ouest de Montréal.

Les articles publiés par Radio-Canada à ce sujet se terminent par la phrase : « Environ 6 000 voitures à essence prennent feu en moyenne chaque année au Canada

Cela suggère que l’explosion d’une voiture est une chose normale.

En réalité, les voitures à essence peuvent exploser à la suite d’une collision, lorsqu’on y met le feu, ou lorsqu’une bombe est placée à bord. Autrement, cela n’arrive jamais.

Mettez mille voitures à essence au gros soleil dans n’importe quel stationnement du Québec et aucune d’entre elles n’explosera spontanément.

Cette infantilisation fait en sorte que toute critique à l’égard des voitures électriques est perçue comme une attitude réactionnaire face au progrès.

Autre conséquence : aucun parti politique du Québec n’a l’intention d’obliger le recyclage des piles des voitures électriques et personne n’a pensé à imposer une consigne pour motiver les propriétaires à ramener aux concessionnaires les véhicules électriques en fin de vie.

Il serait temps d’y penser…

Références :
Hyundai enquêtera sur l’explosion d’une de ses voitures électriques à Montréal
La ‘batterification’ des transports
Le défi de recycler la batterie d’une voiture électrique
Les limites pratiques du recyclage des batteries au lithium
Récupération par voie hydrométallurgique des métaux à partir des déchets de piles mélangées
Recyclage des batteries
SNAM recyclera les batteries Honda
Vers le recyclage des batteries de véhicules électriques

Parus depuis :
Une Tesla prend feu avec le conducteur à bord (2021-07-02)
Ford rappelle d’urgence 100 000 autos, susceptibles de prendre feu (2022-07-09)
Électrification des transports: la course au recyclage des batteries est lancée (2023-03-30)

Sur le même sujet :
Métaux rares: le côté sombre de la transition énergétique (2019-11-14)
Les défis de la filière des véhicules électriques (2023-05-30)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 23 mm

Postscriptum du 25 octobre 2023 : À Montréal, le nombre de feux causé par les batteries lithium-ion utilisés dans les vélos, les trottinettes ou encore les quadriporteurs, est passé de 7 en 2020 à 21 en 2022.

Référence : Montréal prolonge son opération spéciale d’inspection des vieux bâtiments

Un commentaire

| Environnement, Pollution | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Dépenses bio par personne selon les pays

Publié le 31 juillet 2019 | Temps de lecture : 0 minutes

Laissez un commentaire »

| Environnement, Nourriture | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Vitamine B12 et diète végétarienne

Publié le 9 juillet 2019 | Temps de lecture : 4 minutes
Vitamine B12 injectable

De manière générale, ni les plantes ni les animaux ne peuvent synthétiser de vitamine B12.

À part quelques exceptions, seuls des organismes unicellulaires et des organismes pluricellulaires primitifs possèdent les enzymes nécessaires à sa biosynthèse.

Les ruminants obtiennent la vitamine B12 dont ils ont besoin par fermentation prégastrique, soit au début de leur tube digestif.

Chez les herbivores autres que ruminants, la flore bactérienne de l’adulte suffit à leur procurer suffisamment de vitamine B12. Mais pas chez leurs petits.

Chez ces derniers, la vitamine B12 est fabriquée dans les derniers segments de l’intestin, trop tard pour être absorbée. Ils se reprennent en mangeant parfois leurs propres selles.

Chez les primates herbivores, l’apport alimentaire est complété par la consommation d’insectes (adultes ou à l’état de larves).

Chez les carnivores, c’est simple; ils obtiennent leur B12 en mangeant des herbivores.

Mais qu’arrive-t-il des personnes qui ne mangent ni viande ni poisson ?

Chez les humains, les besoins quotidiens en vitamine B12 sont de l’ordre de 2,5 à 6 µg.

Il y a plusieurs type de régimes végétariens. L’un d’eux est le régime ovo-lacto-végétarien.

Selon la grosseur, un œuf contient de 0,9 à 1,4 µg de B12, dont seulement 4% à 10% est absorbable. Ce qui en fait une source très pauvre de cette vitamine.

Les lactovégétariens obtiennent 1,3 µg de B12 par 100 grammes de fromage. En fait, le fromage concentre la B12; il capte de 20% à 60% de la B12 du lait qui a servi à le fabriquer.

Quant au lait lui-même, il en contient un peu moins d’un microgramme par 250 ml. Mais les personnes véganes ne boivent pas de lait.

Selon les études, chez les végétariens, l’anémie prévaut chez 62% des femmes enceintes, chez 25% à 86% des enfants, chez 21% à 41% des adolescents et chez 11% à 90% des personnes âgées.

On trouve de la B12 dans certains aliments ultratransformés auxquels cette vitamine a été ajoutée : les céréales pour petit déjeuner, les substituts du lait ou les substituts de viande.

Le soya et le lait de soya sont normalement dépourvus de B12 (à moins qu’on en ait ajouté). Toutefois le tempe — un mets d’origine indonésienne à base de soya fermenté — est une source appréciable de vitamine B12; de 0,7 à 8,0 µg par 100g.

Certains champignons — la coulemelle ou Lépiote élevée (Craterellus cornucopioides) et la girole (Cantharellus cibarius) — contiennent aussi de bonnes quantités de B12; de 1,1 à 2,6 μg par 100g de poids sec.

C’est encore plus vrai du shiitake (Lentinula edodes), dont la teneur en B12 grimpe à 5,6 μg par 100g de poids sec.

Chez les algues, deux variétés se distinguent; les entéromorpes et les porphyras (dont le nori, très utilisé). Ceux-ci peuvent contenir respectivement 63,5 µg et 32,3 µg de B12 par 100g de poids sec.

Il suffit de 4g de nori pour assurer les besoins quotidiens d’un adulte.

Contrairement à ce qu’on peut lire sur l’internet, ni la levure de boulangerie ni la spiruline ne contiennent de vitamine B12.

Le néophyte qui essaie de s’adapter au nouveau Guide alimentaire canadien, de même que celui qui veut réduire sa consommation de viande pour des raisons de santé ou parce qu’il est animé de motivations environnementales, pourraient être intimidés par toutes ces restrictions.

La solution que j’ai adoptée est très simple; j’utilise de la B12 achetée en pharmacie.

Toute la B12 pharmaceutique est obtenue à partir de synthèse bactérienne. En d’autres mots, elle est 100% végane. On la trouve en comprimés, en liquide et en injectable.

La solution la plus économique est d’acheter de la B12 injectable à concentration de 10 000 µg par 10 ml (dix-mille et non mille microgrammes par fiole de dix millilitres).

À l’aide d’une seringue (dotée d’une aiguille), il suffit de prélever aussi peu que 0,2 ml de l’injectable et d’ajouter cela à un format de deux litres de jus utilisé au petit déjeuner, pour que chaque portion de 100 ml de ce jus contienne 10 µg de B12.

Pour des gens comme vous et moi, cela est amplement suffisant. Mais ce truc facile n’est pas valable pour la personne atteinte d’un trouble métabolique relatif à cette vitamine.

Références :
L’enflure verbale de certains végans
Nori
Tempe (aliment)
Vitamine B12
Vitamin B12-Containing Plant Food Sources for Vegetarians

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 — 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 5000 — 155 mm

2 commentaires

| Environnement, Nourriture | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption généralisée des agronomes québécois

Publié le 6 juillet 2019 | Temps de lecture : 5 minutes
Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Sur les 3 300 agronomes du Québec, 15 ont émis en 2018 de près de la moitié des 1 500 ordonnances d’atrazine, un herbicide cancérogène interdit en Europe depuis plus d’une décennie.

Ces quinze agronomes sont employés principalement par des fabricants ou des distributeurs de pesticides.

Selon Radio-Canada, de manière générale, la majorité des agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l’utilisation des pesticides sont des salariés des entreprises qui vendent ces produits.

Inversement, la majorité des agriculteurs qui se font prescrire ces produits reçoivent leurs ordonnances d’agronomes payés par l’industrie.

Environ 80% des entreprises qui emploient des agronomes leur versent un salaire. Mais elles leur versent également des commissions associées à la vente de pesticides ou de défoliants.

Par exemple, si l’agronome vend suffisamment de poches de graines de maïs enrobées d’un pesticide, il gagne un voyage dans le Sud, toutes dépenses payées.

Dans quelques cas, l’agronome est payé exclusivement à commission : pas de vente de pesticides, pas de salaire. Selon l’Ordre des agronomes, il ne s’agit-là que d’une apparence de conflit d’intérêts.

Accusé de laxisme, l’Ordre a répliqué en soutenant que ceux qui blâment ses membres ne font qu’essayer de se faire du capital politique sur leur dos.

Cet organisme estime que son rôle est de faire appliquer les lois. « Que le gouvernement légifère et l’Ordre va suivre », déclare son vice-président.

Mais voilà, le gouvernement a déjà légiféré.

Plutôt que de déterminer lui-même les bonnes pratiques agricoles, l’État québécois a décidé en 2018 de s’en remettre au jugement professionnel des agronomes en obligeant les cultivateurs à obtenir une ordonnance d’un agronome pour pouvoir acheter des pesticides ou des défoliants.

Or l’article 31 du Code de déontologie des agronomes interdit déjà tout avantage, ristourne ou commission relatifs à l’exercice de sa profession.

Il est inacceptable qu’en violation de leurs règles déontologiques, la majorité des agronomes aient intérêt, personnellement, à ce qu’on vende le plus possible de pesticides et de défoliants.

L’Ordre est incapable de donner le moindre exemple de mesure cœrcitive prise contre un seul de ses membres à ce sujet.

Les propositions visant à renforcer l’indépendance des agronomes ont toutes été battues en assemblée générale en raison de la mobilisation des agronomes-pushers, accourus massivement pour le vote.

Bref, la profession des agronomes est pourrie de l’intérieur à un point tel que même l’Ordre des agronomes est paralysé.

Pour étirer le temps, cet organisme professionnel a créé un comité d’experts mandatés pour faire des recommandations. Son rapport est attendu d’ici la fin de l’année 2019.

Le comble de la mauvaise foi est sa décision d’y nommer des agronomes à la solde de l’industrie des pesticides.

Gênée par cet exemple flagrant de conflit d’intérêts, la puissante Union des producteurs agricoles a refusé de faire partie de ce comité.

Ce qui n’a pas empêché le nouveau président de l’Ordre de soutenir que les agronomes provenant de l’industrie s’exprimeront en toute indépendance par rapport à leur entreprise.

« On peut vous garantir que s’il y a des représentants de l’industrie, ils ne sont pas là pour noyauter le comité » a-t-il déclaré.

Je pense que l’Ordre des agronomes nous prend vraiment pour des imbéciles.

D’où la question : ne devrait-on pas mettre cet Ordre professionnel sous tutelle en raison de sa faillite à défendre l’intérêt public comme l’y oblige la loi ?

Références :
Agriculture: l’industrie siège au comité de révision sur l’usage des pesticides
Des agronomes payés par l’industrie prescrivent davantage d’herbicide
Des incitatifs illégaux versés à des agronomes pour vendre plus de pesticides
Pesticides: «Beaucoup de monde essaie de se faire du capital politique»
Pesticides : le manque d’indépendance d’agronomes et de chercheurs continue de faire des vagues
Pesticides : le sous-ministre de l’Environnement est inquiet de ce qu’il a découvert
Québec a perdu le contrôle des pesticides
Toujours plus de pesticides

Parus depuis :
Le CEROM fait fausse route, dit Louis Robert (2019-09-20)
Louis Robert, agronome, « Pour le bien de la terre » (2021-05-04)
Un lobbyiste de l’agrochimie dirigera l’Ordre des agronomes du Québec (2024-03-25)
Fumier humain : des « apparences de conflit d’intérêts » dénoncées (2024-10-30)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 34 mm.

4 commentaires

| 2018-202X (années Legault), Agriculture, corruption, Environnement | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le faux recyclage pollue

Publié le 25 juin 2019 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Entre 1950 et 2015, on a produit 8,3 milliards de tonnes de plastique.

Sous forme de biens durables ou de produits à usage répété, une proportion de 30% est toujours utilisée. Par ailleurs, 55% sont enfouis, 8% sont incinérés et 6% sont réellement recyclés.

De nos jours, les États-Unis produisent annuellement 34,5 millions de tonnes de plastique. Cela est suffisant pour remplir à ras bord mille fois le stade olympique de Montréal.

Il ne faut pas reculer très loin dans le temps pour se rendre compte que nous sortons à peine de la préhistoire du recyclage.

L’évolution des mentalités des citoyens se heurte maintenant aux décisions des manufacturiers qui, au contraire, ont accéléré la production du plastique au point que la moitié de tout le plastique depuis 1950 a été fabriqué au cours des treize dernières années. C’est ce qui explique que près du tiers est encore utilisé.

La récréation achève

À la fin de 2018, la Chine fermait ses frontières aux déchets importés.

Au début du mois, Le Devoir rapportait le cas de 69 conteneurs canadiens remplis de déchets non recyclables, coincés dans deux ports philippins depuis six ans et qui viennent de reprendre le chemin du retour vers le Canada.

Jusque là, la grande majorité des Canadiens croyaient que la collecte sélective servait à produire des biens recyclés.

En réalité, le fruit de nos collectes sélectives est expédié majoritairement dans des pays en voie de développement pour être enfoui là plutôt qu’ici.

C’est ainsi que 95% du papier que nous croyons recycler ne l’est pas, mais est plutôt expédié en Inde ou en Indonésie. Au Québec, c’est 145 000 tonnes de papier qu’on envoie annuellement à l’autre bout du monde sans savoir ce qu’il en advient.

Après la fermeture des frontières chinoises, la solution de facilité fut de trouver en Asie d’autres pays d’exportation.

Au début de cette crise, les autorités ont bien insisté pour dire qu’il est très important que le public conserve sa confiance pour le système de récupération des déchets au Canada.

Et c’est ce message que nos médias traditionnels se sont efforcés de relayer.

Le réveil des médias

Depuis, les journalistes se sont intéressés au sort de nos déchets. Et ce qu’ils ont appris, c’est qu’on nous ment depuis des années.

Sur les trois-millions de tonnes de déchets produits annuellement par le Canada, on évalue que 9% sont recyclés, 4% sont incinérés alors que 86% sont enfouis.

En réalité, personne ne connait précisément le sort des déchets expédiés à l’Étranger.

Il est impossible pour le Canada de se servir de la Chine comme poubelle sans que les deux pays se soient entendus à ce sujet.

Or le gouvernement canadien est incapable de dire quelle proportion de nos déchets expédiés en Chine est réellement recyclée. Tout ce qu’on sait, c’est qu’une partie est enfouie et le reste sert de combustible.

Cela signifie que le gouvernement canadien n’a jamais rien exigé de la Chine; son seul souci était de se débarrasser de ses déchets, peu importe ce que la Chine en ferait.

En somme, le but de nos collectes sélectives, c’est de prolonger la durée de vie de nos sites d’enfouissement.

La contrepartie de cela, l’acheminement de déchets par bateau nécessite des millions de tonnes de mazout. Ce qui augmente l’empreinte environnementale de nos déchets.

Le contribuable en nous a intérêt à ce que nos sites d’enfouissement durent le plus longtemps possible. À l’opposé, le citoyen responsable est frustré parce que la collecte sélective à laquelle il se livre ne sert pas à grand-chose.

Ce dilemme entre le contribuable et le citoyen est né de la négligence de nos dirigeants politiques à mettre en place une véritable industrie du recyclage de nos déchets.

L’inaction prolongée jusqu’en 2021

Le 10 juin dernier, le premier ministre canadien annonçait son intention d’interdire les plastiques à usage unique dès 2021… si son parti est réélu.

Cette promesse était déjà dans l’excellent programme environnemental du Parti libéral du Canada à l’époque de Stéphane Dion, voilà plus d’une décennie.

Justin Trudeau précise : « Nous allons prendre le temps de nous baser sur la science [et] regarder [ce qu’ont fait] d’autres juridictions comme l’Union européenne.»

Le premier ministre avoue candidement l’inaction de son gouvernement jusqu’ici. Plus grave est son aveu implicite de n’avoir aucune idée de ce qu’il devrait faire puisqu’il lui reste à regarder ce que font les autres pour s’en inspirer.

Ce n’est pas fort pour un champion auto-proclamé de l’environnement…

Pour chacun de ses citoyens, le Canada exporte annuellement 3,7 kg de déchets plastiques, soit davantage que les États-Unis (2,2 kg par citoyen).

Conclusion

Depuis des années, nos gouvernements nous mentent; la collecte sélective de nos déchets ne sert qu’à prolonger la vie de nos sites d’enfouissement puisque nos déchets sont simplement enfouis à l’Étranger plutôt qu’ici.

Or le transport maritime de ces déchets à l’autre bout du monde aggrave notre empreinte environnementale. En d’autres mots, ce faux recyclage pollue.

À mon avis, si on veut réellement sauver cette planète, il faudra nous résoudre à rien de moins qu’une révolution politique.

Références :
Déchets: la Chine ferme sa poubelle, panique dans les pays riches
How you’re recycling plastic wrong, from coffee cups to toothpaste
Humans have made 8.3bn tons of plastic since 1950. This is the illustrated story of where it’s gone
Le Canada exporte toujours des tonnes de déchets de plastique en Asie
Mes poubelles dans ma cour
Où produit-on le plus de déchets? La réponse en carte
Vers la fin du plastique à usage unique dès 2021
Where does your plastic go? Global investigation reveals America’s dirty secret

Parus depuis :
La plus grosse poubelle du Québec bientôt pleine (2019-07-06)
Le Cambodge somme à son tour le Canada de reprendre des conteneurs de déchets (2019-07-18)
Une entreprise du Cambodge condamnée pour importation de déchets nord-américains (2019-07-31)
‘Plastic recycling is a myth’: what really happens to your rubbish? (2019-08-17)
25 conteneurs de matières recyclables renvoyés au Québec (2020-02-11)
Des milliers de tonnes de recyclage aux poubelles (2022-01-17)
Les sales secrets du recyclage du papier canadien, un an après (2023-04-22)

Sur le même sujet :
La naissance de la poubelle
Pourquoi ne pas étatiser l’industrie du ‘recyclage’ ?

2 commentaires

| Environnement, Politique canadienne | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La paille et le plein

Publié le 14 juin 2019 | Temps de lecture : 1 minute


 
Chaque fois qu’on fait le plein d’essence, cette quantité de pétrole aurait pu servir à fabriquer des milliers de pailles de plastique.

Alors faire le plein et ne pas utiliser de pailles de plastique, c’est mieux que simplement faire le plein. Mais on est au niveau de l’insignifiance; c’est mieux que rien du tout.

C’est par le biais des guerres — toujours ruineuses — dans les pays producteurs de pétrole qu’on oblige ceux-ci à maximiser leur production pétrolière afin d’acheter de l’armement. Ce qui favorise l’excès de l’offre sur la demande d’hydrocarbures.

Cela maintient bas les prix de l’essence au profit des pays dont l’économie est très énergivore et qui sont aussi — Oh! Surprise — des pays producteurs d’armements…

En résumé, la lutte contre le plastique est nécessaire. Mais il faut s’enlever de l’esprit qu’on peut sauver la planète sans révolution.

Sur le même sujet :
L’augmentation du prix du pétrole : inévitable et nécessaire

Paru depuis :
Carter, Trump, Trudeau et les armes (2019-08-03)

Laissez un commentaire »

| Environnement | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel