L’église presbytérienne Saint-André, à Toronto

14 avril 2019
Façade de l’église

C’est de 1874 à 1876 que fut construite l’église Saint-André, d’après les plans de l’architecte canadien William Storm (1826-1892).

Son revêtement extérieur est en grès blond de Georgetown, rehaussé de colonnes en granite rouge de la Baie de Fundy.

Elle fut érigée dans ce qui était, à l’époque, le nouveau quartier résidentiel chic de Toronto.

De l’autre côté de la rue Simcoe, à droite de l’église, était construite la résidence officielle du Lieutenant-gouverneur ontarien. En face, mais de biais se trouvait le prestigieux Upper Canada College.

Directement de l’autre côté de la rue, il y avait une taverne. On disait alors qu’à l’intersection de King et de Simcoe, dans le sens des aiguilles d’une montre, se rencontraient le législatif, l’éducatif, la débauche et le salut.

Consacrée au saint patron d’Écosse, ce temple néo-roman se caractérise par ses trois tours d’influence écossaise.

À l’arrière, la tour la plus grosse est décorée à chaque coin de tourelles reliées entre elles par un parapet triangulaire. Les deux tours qui encadrent la façade sont chapeautées d’un imposant couronnement décoratif.

Intérieur de l’église, vers l’avant

L’intérieur est celui d’un sanctuaire-auditorium, typique des églises presbytériennes.

Intérieur de l’église, vers la sortie

Reposant sur une charpente métallique, l’église offre un intérieur dégagé où seules les fines poutres qui supportent le jubé sont susceptibles de masquer partiellement la vue des fidèles.

L’orgue est du facteur torontois S.R. Warren & Son. Il est composé de 2 736 tuyaux répartis dans 73 jeux.

Vitrail
Vitrail

Si on exclut les neuf vitraux au-dessus des portes d’entrée — réalisées en 2016 par les verriers d’EGD Glass — les vitraux de la nef ont beaucoup de similitudes avec ceux que Peter Haworth a créés pour l’ancienne église unie Erskine and American, à Montréal.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 15 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 16 mm
4e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
5e  photo : 1/40 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm

Laissez un commentaire »

| Architecture, Photos de Toronto, Photos de voyage, Photos du Canada | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’église Saint-Léon de Westmount

20 septembre 2017
Vue extérieure

Historique

Construite originellement de 1901 à 1903 d’après les plans de l’architecte Georges-Alphonse Monette, l’église Saint-Léon-de-Westmount fut la première église destinée aux Catholiques domiciliés à l’ouest de l’agglomération montréalaise.

À l’origine, l’église servait de lieu de culte à la fois aux Francophones et aux Anglophones catholiques de la paroisse. Ces derniers se doteront de leur propre église, non loin, en 1926.

Pour l’archevêché de Montréal, placer cette nouvelle église sous le patronage de Léon Ier (dit le Grand), pape de 440 à 461, était une manière de défier publiquement le culte protestant, déjà très présent dans cette partie de l’ile, qui remet en cause l’autorité papale.

En forme de croix grecque, l’église originelle s’avéra rapidement trop petite. En triplant la longueur de sa nef, l’église adopta en 1920 sa forme définitive d’une croix latine.

Les travaux d’agrandissement furent confiés au même architecte.

Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.

Extérieur

Façade de l’église

Alors que l’ancienne façade triangulaire était surmontée d’un clocheton, la nouvelle donne accès à un vestibule en saillie surmonté d’une balustrade (ce que n’avait pas l’église originelle).

À droite de ce vestibule (ou narthex), se dresse un campanile (il s’agit d’un clocher indépendant ou annexé au bâtiment principal d’une l’église).

Un motif en damier décore l’extérieur du narthex et du campanile. Ce motif est obtenu par l’alternance de pierres lisses et de pierres martelées.

Au toit du campanile, les quatre coins se prolongent de gargouilles (à peine visibles sur la première photo) qui servent, comme toute gargouille, à évacuer l’eau de pluie.

Les maitres-artisans

La décoration intérieure fut confiée en 1928 au peintre et verrier montréalais Guido Nincheri. Celui-ci était d’origine florentine. Pendant plus de trente ans, celui-ci s’affaira à cette église qui constitue son chef-d’œuvre.

Tout fut conçu par Nincheri. En plus de la conception, il peignit lui-même les fresques et son atelier montréalais réalisa les vitraux.

Le travail du bois — les stalles du chœur, la balustrade du jubé, les portes du narthex — fut confié au Montréalais d’origine florentine Alviero Marchi.

Le bronze — les portes des confessionnaux, celles de la balustrade du chœur, le chemin de croix — fut coulé à Florence à partir des moules exécutées à Montréal par Federico Sciortino.

Tout le marbre sculpté fut importé de Florence.

Le mobilier liturgique en marbre — les autels, la chaire, la balustrade du chœur et les confessionnaux — furent exécutés par L’Arte del Marmo (ou Atelier de marbre) de Florence.

Les statues en marbre furent sculptées par Pasquale Sgandurra, un confrère de Nincheri à l’Académie des Beaux-Arts de Florence.

La décoration intérieure

Intérieur de l’église

L’église est dite de style néoroman en raison de ses arches semi-circulaires et de son campanile, typique de certaines églises italiennes du VIe siècle. Elle a toutefois un ampleur que n’aurait pas une église du haut Moyen Âge.

À gauche du chœur, une porte étroite donne accès à la sacristie. Celle à droite donne accès à la chapelle des Mariages et au baptistère.

Le vaisseau central est surmonté d’une voute en berceau reposant sur les piliers qui délimitent des bas-cotés servant d’allées latérales.

Les murs sont nus alors que toute la voute est décorée de fresques peintes par Nincheri de 1933 à 1937.

Très rarement utilisé en Amérique du Nord, l’art de la fresque consiste à peindre directement sur le plâtre frais, plutôt que sur une toile qui est ensuite collée sur les parois.

Tout comme les stalles du chœur, les bancs sont en noyer du Honduras, une espèce végétale aujourd’hui disparue.

Les allées sont revêtues de marbre polychrome. Sous les bancs, le sol est en terrazzo.

Nef près de la rencontre avec le transept

Commandés en 1925, l’autel et la chaire furent les premiers éléments du nouveau décor. Ils furent installés en 1927.

L’autel est entouré de stalles que le Florentin Alviero Marchi, immigré à Montréal en 1935, s’affaira à sculpter pendant une décennie.

Située à gauche, dans le chœur, la chaire est le seul élément important qui brise la rigoureuse symétrie intérieure de l’église.

Installée en 1939, la balustrade du chœur (ou table de communion) est également en marbre. Elle est fermée par des portes en bronze.

Bras gauche du transept
Chapelle dans le bras gauche du transept

Les bras du transept sont peu profonds. Cela donne une idée de la faible capacité de l’église avant son agrandissement.

Au fond des bras du transept, au-dessus des vitraux, sont représentés des groupes d’anges. Juste en dessous des vitraux s’alignent les plaques en bronze du chemin de croix.

Le bas des murs est décoré depuis 1933 de lambris en mosaïque de Florence.

Dans les coins du transept, on trouve deux chapelles (du côté du chœur) et deux confessionnaux (du côté de l’entrée) en marbre blanc. Tous ces éléments sont surmontés de statues.

Les sculptures des chapelles représentent la Vierge (bras gauche du transept) et saint Joseph portant l’Enfant Jésus endormi (bras droit du transept).

Les sculptures au-dessus des confessionnaux représentent sainte Anne et saint Jean Baptiste. Chacune des portes en bronze qui clôt l’endroit où prend place le confesseur pèse 136 kg.

Voute de la croisée du transept

La fresque qui orne la croisée du transept représente Dieu, entouré des symboles des quatre évangélistes, de personnages religieux et d’anges.

De chaque côté, au centre du bandeau jaunâtre qui décore le début de chaque bras du transept, on remarquera les quatre chevaliers de l’Apocalypse, représentés deux par deux, et caractérisés par la couleur de leur monture.

Arrière de l’église

Quatre orgues se sont succédé à cette église. D’abord celui dont l’église s’était doté dès l’ouverture. Puis un Casavant de 16 jeux (de 1909 à 1942). Puis un autre, d’une quarantaine de jeux, de la maison Odilon Jacques, rapidement jugé insatisfaisant mais conservé quand même de 1942 à 1995. Finalement, un orgue de 32 jeux du facteur Guilbault-Thérien, de Mascouche.

En peuplier peint, le buffet de l’orgue a été dessiné par Alain Fournier.

Sorties

La balustrade du jubé est ornée de musiciens et de choristes.

Bénitiers

Arrivées en 1958, les bénitiers furent les derniers de la décoration de l’église.

Détail des portes du narthex

Le narthex est séparé de la nef par des portes de bois.

Les portes latérales représentent les vices et les vertus (ci-dessus). Les portes centrales représentent saint Georges et trois archanges (Gabriel, Michel et Raphaël).

Vitraux du bras droit du transept (Le péché originel)
Détail des vitraux du bras droit du transept
La Nativité
La Présentation de Jésus au temple
L’Enfance du Christ
Le Dimanche des Rameaux
Vitraux du bras gauche du transept (La Passion et la Résurrection)

Guido Nincheri créera les vitraux de l’église de 1930 jusqu’au milieu des années 1950. Ils sont parmi les plus remarquables vitraux au monde.

Conclusion

Véritable œuvre d’Art, l’église Saint-Léon-de-Westmount est une des plus belles églises de Montréal.

Ouverte à longueur d’année, cette église est située quelques rues à l’ouest de la station de métro Atwater.

Réputée pour son acoustique, cette église mérite le déplacement.

Références :
Église Saint-Léon de Westmount
Genèse de l’église Saint-Léon de Westmount

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, hypergone 8 mm F/1,8 (3e, 4e et 7e photos), objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (5e photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1re, 2e et 8e photos), M.Zuiko 25 mm F/1,2 (6e, 9e, 10e et 11e, 12e et 18e photos) et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (13e, 14e, 15e, 16e et 17e photos)
  1re photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
  2e  photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
  3e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 8 mm
  4e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 8 mm
  5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 7 mm
  6e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm
  7e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 8 mm
  8e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
  9e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 1250 — 25
10e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 500 — 25 mm
11e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 1600 — 25 mm
12e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm
13e  photo : 1/320 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
14e  photo : 1/320 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
15e  photo : 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
16e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 400 — 75 mm
17e  photo : 1/640 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
18e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

2 commentaires

| Architecture, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada | Mots-clés : , , , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus

23 août 2017

Tout comme la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus honore un attribut divin.

En effet, la basilique Sainte-Sophie (aujourd’hui désacralisée) n’honorait pas une des saintes portant ce prénom, mais plutôt la Sagesse de Dieu; en grec, sagesse se prononce sofía.

De la même manière, l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus n’honore pas Jésus de Nazareth mais le Nom qu’il porte.

Au début du XXe siècle, la ville de Maisonneuve — qui sera annexée à Montréal en 1918 — connait un boum économique lié au fait que cette municipalité était un paradis fiscal pour les industries manufacturières.

Sa forte croissance démographique incite le clergé catholique à y construire une église en croix latine de la taille d’une cathédrale.

C’est à Charles-Aimé Reeves et Albert Mesnard — associés dans la même firme d’architectes située à quelques rues de là — qu’est confiée la tâche de dresser les plans de l’édifice qui sera construit de 1903 à 1906.

Façade de l’église

L’église occupe une superficie de cinq-mille mètres carrés et sa façade est haute de soixante mètres.

Elle est souvent décrite comme étant de style romano-byzantin. De nos jours, cela n’est pas très évident.

L’extrême sobriété extérieure de l’édifice fait en sorte que la caractérisation du style ne repose sur pas grand-chose.

La plupart des ouvertures (portes et fenêtres) se terminent en demi-lune. C’est probablement ce qui lui vaut d’être dite d’inspiration romane.

Quant à l’influence byzantine, elle reposait sur le fait que tout l’intérieur est peint (comme dans les églises orthodoxes) et surtout sur l’aspect originel des clochers, épousant la forme des mitres des popes orthodoxes.

Depuis, ils ont été remplacés par des clochers pointus.

Nef

La nef se compose d’un large vaisseau central bordé d’étroits bas-côtés qui servent d’allées. Le long de ces allées, les colonnes en bois peintes en faux-marbre sont couronnées de chapiteaux corinthiens plaqués en or 24 carats (comme toute la dorure de l’église).


Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.

Nef à la rencontre du transept

Chaque bras du transept est décoré de trois vitraux verticaux surmontés d’une rosace.

Quelques années après l’inauguration, on entreprit un ambitieux programme ornemental confié à Toussaint-Xénophon Renaud qui l’exécuta de 1914 à 1918.

Ce peintre-décorateur avait été formé à l’École des Arts et Métiers de Montréal, formation qu’il avait complétée par des stages en France, en Belgique et en Italie. Élève de l’architecte Napoléon Bourassa, il avait travaillé à la décoration de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes.

Chœur

Dans le chœur, le programme d’embellissement reposait principalement sur deux transformations majeures : l’ajout d’un orgue et de son buffet sur colonnes enchâssant le maitre-autel, de même que des stalles ajoutées de part et d’autre du chœur. À l’époque, les bancs de la nef étaient de la même couleur foncée que les stalles du chœur.

Inauguré à Pâques 1915, l’orgue Casavant était le plus important à Montréal et le sixième en importance en Amérique du Nord.

Il est en deux parties; un orgue de chœur de 21 jeux situé à droite du maitre-autel (les tuyaux à gauche n’ont qu’une valeur décorative) et un orgue de tribune de 69 jeux situé à l’arrière de l’église. Au total, ces 90 jeux mettent en œuvre 6 500 tuyaux.

Cette disposition particulière permet des jeux d’écho et de réponse stéréophonique qui offrent un large éventail de moyens expressifs.

Dans le chœur, le buffet d’orgue a été dessiné par l’architecte Joseph-H. Caron et réalisé par les menuisiers de Louis Caron & Fils (de Nicolet). Le tout a été peint sur place sous la direction de Toussaint-Xénophon Renaud.

La Pentecôte, au-dessus du maitre-autel

La toile au-dessus du maitre-autel serait du peintre montréalais Georges Delfosse.

La Resurrection de T.X. Renaud, dans le bras droit du transept
Fresque à la croisée du transept

À la croisée du transept, la fresque Le Père éternel fut restaurée en 2015 par l’artiste Gina Garcia.

Exemples des vitraux

Les vitraux de la nef et du transept représentent les douze apôtres. Ils ont été créés par Gaston Vennat et Cie de Limoges.

Afin de s’assurer de la qualité du travail, le verrier français offrit un contrat clé en main en vertu duquel les vitraux étaient expédiés assemblés, prêts à être insérés dans l’ouverture des fenêtres.

Mais voilà, le contrat fut signé avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Or dès l’entrée en guerre de la France, tout le plomb du pays était réquisitionné pour faire des balles. Malgré l’interdit, les vitraux furent fabriqués et expédiés en secret.

À leur arrivée au port de Montréal en 1915, lors du dévoilement des vitraux, ce détail n’échappa pas à la presse. Ce qui fit scandale.

Notre-Dame-du-Rosaire, rosace du bras gauche du transept
Jésus et saint Jean-Baptiste, rosace du bras droit du transept

L’église compte trois rosaces mesurant six mètres de diamètre.

Au jubé, celle au centre de l’orgue représente sainte Cécile de Rome (patronne des musiciens) entourée de quatre anges musiciens.

À chaque extrémité du transept, l’image centrale de la rosace est entourée d’évêques et de docteurs de l’Église.

À l’extérieur, chaque rosace est protégée par une fenêtre en verre transparent dont le châssis de bois mime la structure de la rosace (en blanc sur la première photo). Cela crée une ombre portée qui ajoute de la profondeur à ces rosaces, particulièrement à celle de gauche, éclairée en après-midi.

Station du Chemin de Croix
Orgue à l’arrière
Statue en plâtre peint, près de la sortie

Les fondations de l’édifice reposent sur un sol instable. Déclaré dangereux, l’édifice sera fermé au culte de 2009 à 2014.

En fait, l’église devait être démolie. Mais s’il était possible de prélever les vitraux et les toiles marouflées de Toussaint-Xénophon Renaud, l’orgue devait absolument trouver preneur puisqu’il s’agit d’un chef-d’œuvre de Casavant.

Même offert gratuitement, la Place des Arts le refusa pour garnir sa salle symphonique. La technologie a évolué depuis un siècle; les orgues contemporains sont complètement informatisés, ce qui n’est pas le cas de l’orgue de l’église.

Devant l’impossibilité de s’en départir, le diocèse de Montréal (aidé financièrement par le gouvernement québécois) a résolu de restaurer l’église.

En dépit du fait que les travaux ne sont pas encore terminés, ils sont suffisamment avancés pour permettre la réouverture de l’église depuis la veille de Noël 2014.

Aux intéressés, la messe dominicale y débute à 9h30.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, hypergone 8 mm F/1,8 et objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8, M.Zuiko 25 mm F/1,2 et Lumix Leica 42,5 mm F/1,2.

Laissez un commentaire »

| Architecture, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La résidence de Charles-Aimé Reeves (1906)

14 août 2017

Né à Pointe-aux-Trembles en 1872, l’architecte Charles-Aimé Reeves fut très actif. Sa réalisation la plus connue est sans doute le marché Jean-Talon.

L’astrophysicien Hubert Reeves est son petit-fils.

Façade sur le boulevard Pie-IX

Après avoir acheté un lot vacant sur le boulevard Pie-IX en 1905, l’architecte y fit construire l’année suivante une résidence selon ses plans.

Il en occupa le rez-de-chaussée jusqu’à sa mort en 1948. De nos jours, cet appartement porte les numéros civiques 1891-A et 1891-B puisqu’il a été scindé en deux depuis.

De gauche à droite, la façade se divise en trois parties séparées par des murs mitoyens. À gauche, les deux premières sont l’image inversée l’une de l’autre. À droite, la troisième est semblable à la première (sauf qu’elle est la moitié moins profonde, comme nous le verrons plus loin).

Le rez-de-chaussée est rayé horizontalement de pierres de taille chamois qui alternent avec d’autres, grises.

Aux deux étages supérieurs, la façade en briques rouges est percée d’ouvertures rehaussées d’un pourtour en pierre chamois (peinte récemment en gris pâle).

Haut de la façade

La fausse mansarde est recouverte d’ardoise en écailles de poisson.

Au-dessus des fenêtres du dernier étage, elle fait place à un couronnement en forme de cloche qui, à l’origine, était surmontée d’une pointe de la même hauteur que les fenêtres et qui contribuait à la majesté de l’ensemble.

De biais

À l’avant, l’édifice abrite neuf logements. Chacun d’eux est traversé par un couloir qui donne accès successivement au salon double, à deux chambres fermées, puis à la cuisine à l’arrière.

Celle-ci s’ouvre sur un balcon situé sur le côté de l’immeuble (sur la photo ci-dessus, caché par des arbres). Ces balcons sont partagés avec des logements situés à l’arrière de l’édifice.

Avant l’invention des sécheuses électriques, la cuisine — la pièce la plus chaude de la maison — servait souvent à faire sécher le linge l’hiver. Et l’été, c’est à partir de cette pièce qu’on allait étendre le linge dans la cour arrière.

De nos jours, condamner les locataires à ne faire sécher leur linge qu’à l’intérieur est acceptable dans de nombreuses capitales européennes. Mais cela était contraire aux coutumes québécoises de l’époque.

En décidant de construire des logements à l’arrière, à la place d’une cour, l’architecte maximisait ses revenus locatifs. Toutefois, cela le forçait à fournir à ses locataires une solution alternative permettant le séchage du linge au vent. D’où les balcons latéraux.

Côté gauche de l’immeuble

On accède aux logements à l’arrière par la ruelle située à gauche de l’immeuble. Leurs portes d’entrée semblent être d’origine, contrairement à toutes les autres portes et fenêtres de la maison qui ont été modernisées depuis la construction.

Et puisque du côté opposé, l’immeuble ne longe pas une ruelle, l’existence de balcons de ce côté n’a été possible qu’en raison du fait que le dernier tiers de l’immeuble est moins profond. Voilà pourquoi il y a neuf logements à l’avant et seulement six à l’arrière.

Murale à l’arrière de l’immeuble

L’arrière de l’immeuble est décoré d’une murale de Gwan (en partie saccagée par des tagueurs).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (5e photo) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
2e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 22 mm
3e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm
4e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm

Laissez un commentaire »

| Architecture, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’église Saint-Joseph-des-Carmes

3 avril 2016

Préambule

En 1607, Marguerite de Valois, épouse répudiée d’Henri IV, fait débuter à Paris la construction d’un palais auquel une chapelle hexagonale fut ajoutée l’année suivante. Celle-ci était surmontée d’un dôme à lanterne.

Après la destruction de ce palais, survenue quelques années plus tard, il ne subsista que ce lieu de prière, appelé chapelle des Louanges.

En 1617, on l’incorpora à l’église du couvent des Petits-Augustins qu’on construisait de manière contigüe. Si bien que celle-ci devint une chapelle latérale faisant partie de la nouvelle église, dont elle était une structure en saillie.

Abandonnée depuis, l’église de ce couvent fait partie aujourd’hui des bâtiments de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts.

Pour certains, cette chapelle palatiale est le premier lieu de prière surmonté d’un dôme à Paris.

Cela est exact. Mais cela ne fait pas de l’ancienne l’église du couvent des Petits-Augustins, la première église à dôme tel qu’on l’entend aujourd’hui; ce mérite revient à l’église Saint-Joseph-des-Carmes.

Construction de Saint-Joseph-des-Carmes

Dôme à lanterne de l’église, vu de la Tour Montparnasse

Le 7 juillet 1613, le jour de la Saint-Élie, Marie de Médicis — deuxième épouse d’Henri IV et régente du royaume depuis l’assassinat de celui-ci en 1610 — pose la première pierre de l’église Saint-Joseph-des-Carmes. Il s’agissait d’un édifice en forme de croix latine surmontée d’un dôme.

Les Carmes dont il est question sont des religieux dont l’Ordre fut fondé à la fin du XIIe siècle par des ermites sur le mont Carmel, en Palestine. Officiellement, leur patron est le prophète Élie. Mais ils vouent un culte particulier à saint Joseph.

Au XVIe siècle, cet Ordre contemplatif donnera naissance à une communauté encore plus rigoureuse appelée Ordre des Carmes déchaux (ou déchaussés, c’est-à-dire sans chaussettes), dont les membres marchaient donc pieds nus dans leurs sandales.

La première messe de leur nouvelle église fut célébrée en 1620, le jour de la fête de la Saint-Joseph. C’était la première église parisienne qui lui était dédiée, et la seconde en France.

L’obéissance des religieux leur fit accepter le contraste saisissant entre la vie de pauvreté voulue par la règle du Carmel et la magnificence de l’église que la régente leur offrit.

Présentation de l’église

Façade de l’église

La façade de style baroque romain est relativement austère. À l’origine, les murs extérieurs du bâtiment étaient enduits de plusieurs couches de chaux de Senlis. Poli à la brosse, ce revêtement brillant portait le nom de Blanc des Carmes.

Les niches de la façade hébergent quatre statues. Tout en haut, la Vierge et l’enfant. En bas, juste au-dessus de l’entrée, saint Joseph (auquel l’église est consacrée). Entre les deux, à gauche, sainte Thérèse d’Avila (réformatrice de l’Ordre du Carmel) et à droite, un évêque barbu dont de je n’ai pas trouvé l’identité.


Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.

 

Nef de l’église

La nef est composée d’un vaisseau central dépourvu de bas-côtés. Avant le transept, les murs latéraux de la nef sont percés de quatre grandes ouvertures qui donnent accès à autant de chapelles latérales richement décorées.

Chœur de l’église

La partie inférieure du maitre autel est ornée d’un bas-relief en marbre attribué à Évrard d’Orléans (mort en 1357). Il représente la Cène, en marbre blanc (sauf le calice du Christ, les mains et les visages des personnages, qui sont bruns). Ce bas-relief provient de l’église abbatiale cistercienne de Maubuisson (dans le département de Val-d’Oise).

La porte du tabernacle est décorée d’un agneau couché. Ce tabernacle est surmonté d’un crucifix placé à l’entrée d’un arc de triomphe supportant un dôme à la surface duquel alternent des gerbes de blé et des grappes de raisins (une allusion aux saintes espèces).

Devant l’autel baroque se trouve un autel de messe moderne dessiné par Philippe Kaeppelin.

En 1624, Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, offrit le tableau La Présentation de Jésus au temple de Quentin Varin (vers 1570-1634) que l’on peut voir au-dessus de l’autel. Ce peintre maniériste fut le maitre de Nicolas Poussin.

Originellement, cette toile était encadrée très simplement. Mais dès la réception de ce don, Pierre Séguier, protecteur des carmes (et qui deviendra chancelier de France l’année suivante) passe une commande au sculpteur Simon Guillain (1581-1658) en vue de la création d’un retable — en forme de frontispice comportant quatre colonnes corinthiennes en marbre noir — destiné à servir d’écrin à la toile de Quentin Varin.

Confisqué à la Révolution, puis récupéré au XIXe siècle, c’est un des rares retables du XVIIe siècle encore à son emplacement d’origine.

Tambour de la coupole et deux pendentifs

Située à la croisée du transept, la coupole a été peinte en 1663 par le Liégois Walthère Damery (1614-1678). Elle représente le monde céleste au moment de l’enlèvement du prophète Élie dans un char de feu. C’est un des premiers exemples de coupole en trompe-l’œil conservée à Paris.

Représenté également en trompe-l’œil sur le tambour qui supporte cette coupole, le monde terrestre observe la scène avec stupéfaction. Élisée, disciple du prophète, attrape au vol le manteau blanc qu’Élie aurait laissé tomber au cours de son ascension. Ce serait à l’exemple du prophète que les carmes portent depuis une cape blanche à capuchon.

Coupole, tambour et les quatre pendentifs

Également de Walthère Damery, les quatre pendentifs que l’on peut voir sur la photo ci-dessus représentent successivement Saint Jean de la Croix (à 1h, fondateur de l’Ordre des Carmes déchaux), Sainte Thérèse touchée par l’Amour Divin (à 4h, il s’agit de la réformatrice de l’Ordre), Saint Simon Stock recevant le scapulaire par la Vierge (à 7h, c’est un des premiers généraux de l’Ordre) et La Vision de sainte Thérèse (à 11h).

Chapelle du bras gauche du transept

Logée dans le bras gauche du transept, la chapelle de la Vierge fut aménagée en 1663. Ses éléments — dont la superbe Vierge et l’Enfant-Jésus en marbre blanc — ont été sculptés par Antonio Raggi (1624-1686), un élève du Bernin, d’après (dit-on) les dessins de son maitre.

Cette photo nous laisse également entrevoir le riche pavement de l’église, refait en marbre polychrome en 1711.

Vitrail du transept de gauche

Le vitrail situé dans le haut du bras gauche du transept date de 1863. Il a été créé par Claudius Vavergne (1815-1887). Il s’intitule La Vierge donnant le Rosaire à saint Dominique.

Chapelle Saint-Jacques

Une des deux chapelles latérales à gauche est la chapelle Saint-Jacques. Elle rend hommage à saint Jacques le Majeur, à saint Louis et à saint Dominique.

Restaurée en 2013, cette chapelle fut commanditée en 1635 par Jacques d’Estampes, seigneur de Valençay, qui la dédia à son saint patron, à celui de sa femme Louise de Joigny et à celui de son fils Dominique.

Elle fut décorée par l’Anversois Abraham Van Diepenbeeck (1596-1675), un élève de Rubens.

Quelques années plus tôt, Rubens, aidé d’une multitude de ses élèves, avait créé le vaste Cycle de Marie de Médicis, aujourd’hui au Louvre, mais qui décoraient originellement deux ailes du Palais du Luxembourg.

Ces toiles avaient été peintes en Flandre, dans l’atelier de Rubens.

La décoration ici de la chapelle Saint-Jacques a été créée sur place et constitue donc le plus grand ensemble mural réalisé en France par un Flamand.

Chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes

En face se trouve la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes.

À l’origine, cette chapelle célébrait le couronnement de la Vierge. De sa décoration baroque initiale, seule la voute subsiste. Elle fut créée vers 1640 par le peintre lorrain Claude Déruet (~1588-1660).

Cette chapelle rend maintenant hommage aux 115 carmes déchaux qui furent massacrés le 2 septembre 1792 dans le jardin adjacent à l’église. Créé au premier tiers du XXe siècle, le reste de la décoration (assez sobre en raison du sujet) est constitué de marbre polychrome et de lambris en bois de couleur taupe, rehaussés de dorure.

La toile au-dessus de l’autel est intitulée La Vierge apparait aux religieux massacrés en septembre 1792, peinte vers 1926-1929 par l’abbé Paul Buffet dans le style pictural nabi.

Orgue

Au-dessus de la sortie, l’orgue repose sur une tribune relativement sobre. L’instrument a été créé en 1902 par le facteur Didier, puis fut profondément modifié en 1971 par la manufacture Beuchet-Debierre. Une deuxième restauration en 1992 fut effectuée par le facteur vosgien Bernard Dargassies.

Cet orgue bloque la lumière qui pénétrait originellement par la façade, orientée vers le sud. Cette orientation était responsable de l’éblouissement de la nef par temps ensoleillé.

Cette clarté intérieure répondait alors à la brillance du revêtement de Blanc des Carmes de la façade, et à la blancheur de la cape des carmes déchaux.

Méconnue de nombreux visiteurs et même de citoyens de Paris, l’église Saint-Joseph-des-Carmes est un lieu de culte de dimension modeste mais qui mérite d’être visité en raison de sa décoration superbe. Au cours de mon voyage à Paris en 2015, j’y ai assisté à la messe en semaine, et cette expérience m’a beaucoup plu.

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (9e et 10e photos) et objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (2e, 7e et 11e photos), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (3e et 6e photos), PanLeica 25 mm F/1,4 (4e et 5e photos), et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (1re et 8e photos)
  1re photo : 1/4000 sec. — F/1,8 — ISO 100 — 75 mm
  2e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 7 mm
  3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 12 mm
  4e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2000 — 25 mm
  5e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 400 — 25 mm
  6e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm
  7e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 13 mm
  8e  photo : 1/400 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 75 mm
  9e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
10e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 8 mm
11e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 14 mm

Laissez un commentaire »

| Architecture, Photos de France, Photos de Paris, Photos de voyage | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les parties d’une église en forme de croix latine

2 janvier 2016

La grande majorité des églises chrétiennes sont principalement ou exclusivement constituées d’une grande salle rectangulaire se terminant par un hémicycle.

Vue du dessus, cette salle rappelle la forme d’un navire et conséquemment, est appelée nef. En dépit de son orthographe, ce mot est féminin.

Autrefois, les églises étaient construites par tranches qu’on appelle travées. Le nombre de travées varie d’une église à l’autre.

Une de ces travées possède un nom particulier. Le narthex est le portique interne aménagé à l’entrée de l’église.


 
Devant lui, l’axe central de la nef est appelé vaisseau central.

Les colonnes porteuses ou piliers séparent le vaisseau central, plus haut, des parties latérales généralement plus basses de la nef. Celles-ci portent le nom de bas-côtés.

C’est souvent au-dessus de ces parties basses qu’on trouve, à l’extérieur, les arcs-boutants qui servent à solidifier l’édifice.

Il arrive qu’on trouve, de chaque côté du vaisseau central, deux rangées de colonnes au lieu d’une : bas-coté désigne alors la partie de la nef le long des murs, tandis que collatéral distingue l’espace entre le bas-côté et le vaisseau central.

Vers l’avant, lorsqu’une partie transversale de l’édifice coupe à angle droit la nef, cette travée plus large porte le nom de transept : l’église adopte alors la forme d’une croix latine.

L’intersection du vaisseau central et du transept s’appelle la croisée du transept.

Lorsque le toit d’une église est couronné d’un dôme, ce dernier repose sur des piliers (généralement plus gros) aux quatre coins de la croisée. Et comme ces piliers s’élargissent pour recevoir ce dôme, la surface triangulaire ainsi formée s’appelle pendentif (puisqu’elle semble suspendue du bord de la coupole).

Les bras du transept situés de chaque côté de la croisée sont les croisillons (laissés en blanc dans l’illustration ci-dessus). À titre d’exemple, s’il est d’usage courant de parler de la chapelle du bras gauche du transept, il est plus juste de parler de la chapelle du croisillon gauche.

De l’autre côté du transept, la nef se prolonge avec le chœur et son abside. Lorsqu’une galerie est aménagée afin de permettre aux visiteurs de déambuler autour du chœur et de l’abside, cette galerie porte le nom de déambulatoire.

Laissez un commentaire »

| Architecture | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’église Saint-Paul-Saint-Louis (1627-1641)

29 décembre 2015

Préambule

L’église Saint-Paul-Saint-Louis fut la première église française que j’ai visitée. C’était en octobre 2003, au début de mon premier voyage en Europe.

Je m’étais acheté des marrons grillés — servis dans un cornet de papier journal — auprès d’un vendeur ambulant, au sortir d’un grand magasin de la rue de Rivoli.

Tout préoccupé à éviter que les morceaux d’écorce ne tombent par terre, j’avais effectué une longue marche, sans m’en rendre compte, jusqu’à la rue Saint-Antoine (un prolongement vers l’Est de la rue de Rivoli).

L’église Saint-Paul-Saint-Louis s’y trouvait, les portes grandes ouvertes.

Il suffisait de lever les yeux pour admirer la richesse de sa façade. Et il suffisait de les baisser pour voir des mendiants assis sur ses marches ou étendus sur son parvis.

Même si j’ai vu depuis à Paris et à Prague des églises encore plus belles, celle-ci demeurera toujours la première qui m’ait émerveillé.

Histoire

Fondée 1534 par un gentilhomme espagnol venu à Paris pour y étudier, la Compagnie de Jésus migre à Rome en 1537 afin d’y obtenir la reconnaissance papale.

Une fois celle-ci obtenue, les prêtres jésuites se tournent principalement vers l’enseignement et s’établiront dans différents pays. Ils ne retourneront à Paris qu’en 1561.

Le 27 décembre 1594, un ex-élève des Jésuites tente d’assassiner Henri IV. Par amalgame, les Jésuites sont accusés d’avoir inspiré son acte. L’ordre est banni de France de 1594 à 1603.

Mais en 1603, Henri IV choisit un prêtre jésuite, Pierre Coton, comme prédicateur. Ce dernier deviendra son confesseur en 1608.

Dès 1603, il convainc le roi de révoquer l’expulsion des Jésuites de France.

Résultat : deux décennies plus tard, la chapelle Saint-Louis, adjacente au siège social de la communauté à Paris, est devenue trop petite.

Son remplacement par une nouvelle église est une occasion de marquer la réussite sociale de l’ordre religieux. Et puisque de nombreux nobles ont élu domicile dans le quartier, on décide d’en faire un lieu de culte dont la décoration ostentatoire est susceptible de les éblouir.

C’est Louis XIII lui-même qui pose la première pierre, le 7 mars 1627. Une fois complétée, la première messe de l’église fut dite par le cardinal de Richelieu en présence de la famille royale.

Architecture

Au moment de son inauguration en 1641, l’église Saint-Louis-des-Jésuites devenait le troisième lieu de culte à dôme de Paris, après l’église Saint-Joseph-des-Carmes (1613-1620) et l’église du couvent des filles de la Visitation (1632-1634). Cette dernière est située à 450m, sur la même rue.

L’église Saint-Louis-des-Jésuites fut réalisée par trois architectes jésuites : Étienne Martellange (qui crée les plans et conduit les travaux jusqu’en 1629), François Derand (qui lui succède et s’occupe principalement de la façade et de la coupole), alors que Charles Turmel s’occupe de la décoration intérieure.

Façade de l’église

La façade actuelle est presque identique à ce qu’elle était originellement.

Seuls quelques petits détails décoratifs ont disparu à la Révolution. Au milieu de la façade, le sceau de la Compagnie de Jésus a été remplacé par une horloge dont les aiguilles sont en attente de dorure. Et les trois statues actuelles datent du XIXe siècle.

Détail de la façade

Au dernier niveau, on trouve une statue de Saint Louis, œuvre d’Eugène-Louis Lequesne (1815-1887), en remplacement de celle d’origine. Il est à noter que l’église porte les noms de Saint-Paul-Saint-Louis depuis la destruction en 1799 de l’église Saint-Paul-des-Champs, située à proximité (voir la gravure au début du texte).

Les deux statues du premier étage représentent Sainte Catherine — à gauche, d’Auguste Préault (1809-1879) — et Sainte Aure, à droite, d’Antoine Étex (1808-1888).


Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.

Aperçu de l’intérieur de l’église

L’intérieur est relativement lumineux, éclairé par des fenêtres translucides plutôt que par des vitraux.

Chaire

En empruntant l’allée principale vers le chœur, on rencontre la chaire, adossée au pilier situé juste avant le transept. La chaire d’origine, disparue à la Révolution, a été remplacée par celle-ci en 1806.

Tambour, coupole et lanterneau

La croisée du transept est surmontée d’un dôme. Les pendentifs qui supportent le tambour et la coupole représentent les quatre évangélistes (aux quatre coins de la photo ci-dessus).

Grisaille représentant Saint Louis

La coupole repose sur un tambour percé de fenêtres et décoré de grisailles peintes en 1873 par Paul-Joseph Blanc. Ce sont quatre représentants de dynasties françaises; Clovis (roi mérovingien), Charlemagne (roi carolingien), et Robert II le Pieux (roi robertien), et Saint Louis (roi capétien).

À la différence de nombreuses églises, ce n’est pas la coupole qui est peinte, mais plutôt son lanterneau.

À la croisée du transept

Sous la coupole, le maitre-autel moderne est décoré d’un bronze doré de François Anguier (1604-1669) intitulé Les Pèlerins d’Emmaüs.

Derrière le chœur, l’abside est décorée de toiles représentant les quatre évangélistes, peintes par Henri de Caisne (1799-1852).

Selon le Grand Dictionnaire géographique historique et critique d’Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière (publié en 1732), le chœur de l’église était dominé originellement par un retable monumental à trois étages qui rappelait la façade de l’église.

Décoré de colonnes de marbre noir dont les chapiteaux corinthiens étaient en bronze doré, ce retable de marbre blanc était surmonté d’un crucifix qui montait presque jusqu’à la voûte. Au centre de chacun de ses étages se trouvait une toile qui était remplacée alternativement par d’autres, selon les périodes de l’année.

Sous les arcades donnant accès aux chapelles situées de chaque côté du chœur — appelées chapelles absidiales — deux anges d’argent drapés de vermeil étaient suspendus, présentant à Dieu les cœurs embaumés de Louis XIII (arcade de gauche) et de son fils Louis XIV (arcade de droite).

L’église ayant été saccagée à la Révolution, puis pillée en 1831 et en 1871, tout ce décor a disparu. Le maitre-autel actuel date de 1836.

Bas-côté de gauche

Surmontés d’une tribune, les bas-côtés sont des galeries qui franchissent quatre portes (ou ‘passages’) tapissées de boiseries qui traversent autant de piliers.

Chapelle du Sacré-Cœur

En empruntant le bas-côté gauche, après la troisième de ces portes, on atteint la chapelle du Sacré-Cœur, aménagée dans le bras gauche du transept. La statue du Sacré-Cœur fut sculptée par Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892).

Entrée de la sacristie et chapelle absidiale de gauche

Après la quatrième porte, nous voici devant l’entrée de la sacristie et devant la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dont l’autel est surmonté de la statue intitulée La Vierge des douleurs de Germain Pilon (1528-1590), un des plus importants sculpteurs de la Renaissance française.

Chapelle de la Vierge

En empruntant le bas-côté droit, on atteint au transept la chapelle de la Vierge (1828).

À gauche et à droite de son autel, se trouvent les sculptures allégoriques en plâtre La Religion instruisant un jeune Américain (1745) de Nicolas-Sébastien Adam (1705-1778) et L’Ange de la Religion fouettant l’idolâtrie (1745) de Jean-Joseph Vinache (1697-1754).

Chapelle absidiale de droite

Au fond du bas-côté droit est situé un autel sobre, surmonté d’un crucifix.

Orgue

En nous dirigeant vers la sortie de l’église, on admirera l’orgue. Il date de 1871. Les tourelles de son buffet sont surmontées de Saint Paul, entouré de deux anges musiciens.

Arrière de la nef

De chaque côté de la sortie principale, on peut voir les statues de Saint Paul (à gauche sur la photo) et de Saint Pierre (à droite), au-dessus des bénitiers en coquillage offerts par Victor Hugo.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (7e, 10e et 12e photos), objectifs PanLeica 25 mm F/1,4 (4e et 13e photos) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
 1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
 2e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 22 mm
 3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 600 — 12 mm
 4e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
 5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 18 mm
 6e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 40 mm
 7e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 320 — 8 mm
 8e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 12 mm
 9e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 12 mm
10e photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 400 — 8 mm
11e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 15 mm
12e photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 8 mm
13e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
14e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 12 mm

2 commentaires

| Architecture, Photos de France, Photos de Paris, Photos de voyage | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Temple du Marais (1632-1634)

6 décembre 2015

L’Ordre de la Visitation Sainte-Marie a été fondé en 1610 à Annecy, une ville française située près de la frontière suisse.

À l’origine, les religieuses de cette communauté avaient comme tâche principale de visiter les malades et les pauvres afin de les réconforter.

Trois d’entre elles arrivent à Paris en 1619. Après plusieurs déménagements nécessités par l’accroissement de leurs effectifs, elles acquièrent en 1629 un hôtel particulier situé près de la Bastille.

Grâce à la générosité de leurs mécènes, elles y construisent d’abord un monastère puis, de 1632 à 1634, une église.

L’architecte de celle-ci était François Mansart (1598-1666), membre d’une prolifique famille d’architectes dont le plus connu est son petit-neveu, Jules Hardouin-Mansart.

Temple du Marais
Détail de la façade du temple du Marais

Après l’église Saint-Joseph-des-Carmes (1613-1620), l’église du couvent des filles de la Visitation (qu’on appelle de nos jours Temple du Marais), fut la seconde église à dôme de Paris.

Mais contrairement à la première — qui est une église en croix dont la croisée du transept est surmontée d’un dôme — l’architecte de cette église-ci fit preuve d’une plus grande audace.

À l’examen des plans, on peut voir qu’il s’agit d’une rotonde — c’est à dire d’un espace circulaire surmonté d’un dôme — autour de laquelle d’articulent un vestibule rectangulaire au nord, un autel elliptique du côté opposé, et deux chapelles latérales arrondies, peu profondes, respectivement en est et en ouest.

Entre ces espaces, disposés en ‘X’ autour de la rotonde et séparés d’elle par des portes ou des grilles se trouvent trois autres chapelles et une sacristie (en plus d’une autre sacristie, plus à l’arrière, complètement séparée de la rotonde).

Intérieur du temple du Marais

De la rotonde, on accède à l’autel en montant six marches aux coins arrondis. Cet autel est surmonté d’une coupole elliptique assez basse, dont on entrevoit le pourtour richement décoré sur la photo ci-dessus.

Coupole du temple du Marais

Pour ce qui de la coupole de la rotonde, celle-ci mesure treize mètres de diamètre.

Alors que ses fenêtres sont surmontées d’un chérubin, le pourtour du lanterneau est décoré de huit cartouches sur lesquels sont gravés (en latin) : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté ».

Selon les sources, à la Révolution, l’église fut transformée en club révolutionnaire ou en entrepôt de livres. Toute la décoration intérieure (autre que sculptée) fut détruite.

En 1803, l’ancienne église de la Visitation Sainte-Marie, devenue propriété de l’État depuis la Révolution, redevint un lieu de culte. Celui-ci fut attribué à l’Église réformée sous le nom de « Temple Sainte-Marie », renommé « Temple du Marais » en 1992.

Au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, une barricade fut dressée à deux pas du temple. Pour cette raison, son extérieur fut sérieusement endommagé. Mais l’intérieur ne fut pas atteint.

La restauration entreprise quelques années plus tard permit de redonner au temple son lustre d’autrefois.

Détails techniques des photos en couleur : Olympus OM-D e-m5, hypergone 8 mm F/1,8 (3e photo), objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (2e photo) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1re et 2e photos)
1re photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/1600 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 250 — 8 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 10 mm

Un commentaire

| Architecture, Photos de France, Photos de Paris, Photos de voyage | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Arithmétique et géométrie médiévales

7 juin 2014

 

Cliquez sur l’image pour démarrer

Je remercie monsieur Pierre Pinsonnault de m’avoir fait connaître cette vidéo intéressante que je m’empresse de partager avec vous.

Entre autres, on y apprend le sens originel du verbe multiplier (ou multi-plier)…

4 commentaires

| Architecture, Histoire | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel