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Le popotillo est une technique pratiquée au Mexique qui consiste à utiliser des segments de tiges de graminées (principalement du millet) pour créer des œuvres d’Art.
Les tiges sont d’abord teintes. De nos jours, les artisans disposent d’un grand nombre de colorants synthétiques. Mais ceux qui perpétuent les techniques traditionnelles n’utilisent que des colorants naturels (extraits de plantes ou d’insectes) : parce que biologiques, ceux-ci sont sujets à la décoloration avec le temps.
Puis le support de l’œuvre est enduit de cire d’abeille. Les tiges sont taillées selon le besoin à l’aide d’une lame pointue (au bistouri ou à l’Exacto), puis appliquées sur ce support. Le tout est recouvert d’une laque qui sert de fixatif.
Un âge d’or du popotillo se situe dans la première moitié du XXe siècle. C’est à cette époque que la famille Olay a tenu boutique dans la capitale mexicaine, proposant des œuvres figuratives remarquables tant par la composition de l’image et l’originalité des sujets, que par leur perfection technique.
On peut voir ci-dessus une œuvre de Feo Ariza (dont un détail ci-dessous). Cet artisan s’est illustré à l’époque où il a travaillé pour la famille Olay, entre 1946 et 1950.
Détail de l’œuvre
Référence : Straw painting
Bonjour, j’ai une œuvre (popotillo] de Feo Ariza. Est-il possible d’en savoir plus sur cet artisan. Merci!
Je vous remercie pour votre question.
Il ne semble pas que les historiens de l’art populaire mexicain se soient intéressés spécifiquement à Feo Ariza puisque je n’ai rien trouvé à son sujet sur l’internet.
Toutefois, votre question me donne l’occasion d’apporter quelques précisions, extrêmement difficiles à trouver en français au sujet du popotillo.
Même si la légende — répétée par de nombreux artisans actuels du popotillo — font remonter les origines de cet art à l’époque précolombienne, il ne semble pas exister d’exemples de popotillo plus anciens que le milieu du XIXe siècle.
C’est dans le quartier de Coyocán, à Mexico, que serait né le popotillo au milieu du XIXe siècle. C’est là qu’habitait Gabriel Olay. Ce dernier aurait eu l’idée d’utiliser une ressource locale abondante, la paille de millet, pour créer à peu de frais des scènes typiquement mexicaines.
Pendant cinq générations, la famille Olay fit rayonner cette forme d’expression dont la popularité croissante — qui culmina dans les années 1940 et 1950 — fit la renommée du quartier et attira d’autres créateurs qui s’associèrent à la bonne fortune des Olay, dont Feo Ariza.
Typiquement, les artisans du popotillo représentèrent des paysages, des églises, des lieux célèbres, des images saintes, des fêtes populaires et des portraits de Mexicains revêtus de costumes traditionnels.
À son âge d’or, le popotillo avait atteint une perfection technique inouïe dans la représentation de ses sujets. Mais la minutie de ses artisans réduisait d’autant l’accessibilité économique de ces œuvres aux Mexicains eux-mêmes.
Peu à peu, le popotillo se cantonna dans la reproduction de scènes pittoresques susceptibles d’intéresser les touristes.
Ce qui provoqua son déclin artistique dans la seconde moitié du XXe siècle.
De nos jours, Guillermo Olay, dans la ville de Tiapujahua, serait dernier représentant de l’art figuratif du popotillo haut de gamme de la dynastie Olay. Ses créations sont des œuvres d’art à l’égal de ce que faisaient ses prédécesseurs les plus talentueux.
Ceci étant dit, le popotillo connait un regain d’intérêt auprès d’une nouvelle génération d’artisans.
Un gros merci pour votre réponse. Cela est extrêmement apprécié ! Michel