Le Canada souhaite un changement de régime en Russie
Le 26 mars 2022, à l’occasion d’un discours en Pologne, le président américain a déclaré que Vladimir Poutine ne pouvait pas moralement demeurer au pouvoir en Russie.
Aussitôt, le secrétaire d’État américain s’est empressé de rectifier le tir et de préciser que le président américain ne voulait pas réellement dire qu’il souhaitait le renversement du régime de Poutine.
Ce qui n’a pas empêché le sénateur républicain Lindsey Graham, sur les ondes de Fox News d’en appeler à l’assassinat du président russe. Une opinion partagée par plusieurs de ses collègues au Congrès.
Ceci étant dit, cela n’est pas la position ni officielle ni officieuse de Washington. La raison est très simple; personne ne possède la certitude que le successeur de Vladimir Poutine serait plus ‘acceptable’ du point de vue américain.
Or un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
Indépendamment de tout le mal qu’on en dit en Occident, Vladimir Poutine est un chef d’État froid et calculateur, totalement dépourvu d’impulsivité. Ceux qui le croient imprévisible ne connaissent rien au personnage.
Il y a quelques jours, la ministre des Affaires étrangères du Canada s’est réjouie publiquement à l’idée que les sanctions économiques occidentales contre la Russie puissent entrainer un changement de régime dans ce pays.
Ce qui a soulevé une vive réaction à Moscou.
L’indignation face à l’ingérence étrangère dans les affaires internes du Canada
À juste titre, notre pays condamne l’ingérence étrangère dans ses affaires internes.
Évidemment, on n’ose pas condamner le financement du Convoi de la liberté par la Droite américaine.
Mais on s’objecte aux tentatives de manipulation de l’opinion publique canadienne par des cyber-usines de trolls installées en Russie.
De la même manière, la Gendarmerie royale canadienne soupçonne le Service à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud d’être des antennes chinoises qui inciteraient des Sino-Canadiens à voter conformément à des directives émises par Beijing.
Dernièrement, la chaine de nouvelles Global News accusait la Chine d’avoir favorisé en 2019 l’élection du député libéral Han Dong (né à Shanghai).
Conformément au néoMaccarthysme hystérique qui s’est emparé de l’Occident depuis l’invasion russe en Ukraine, Global News accuse même le député d’avoir incité la Chine à prolonger l’emprisonnement de deux citoyens canadiens dans ce pays.
Comment peut-on croire sérieusement qu’un simple député canadien ait quelque influence que ce soit sur Xi Jinping ?
Conclusion
La Chine se mêle de politique intérieure canadienne par des moyens parfaitement légaux en vertu du Droit international et qui sont couramment utilisés par d’autres pays, dont les États-Unis et la Turquie.
Évidemment, les États-Unis ne menacent pas leurs propres ressortissants à l’Étranger, mais la Turquie le fait.
La condamnation par le Canada d’irritants qui sont inhérants à la démocratie — et qui, concrètement, ont eu peu d’effets sur l’issue du scrutin — est bien hypocrite puisque notre pays souhaite par ailleurs un changement de régime en Russie en aggravant une guerre que le Canada a rendu inévitable en soutenant l’expansionnisme toxique de l’Otan.
Si le Canada veut qu’on évite de se mêler de ses affaires internes, il doit donner l’exemple.
Références :
Allégations d’ingérence chinoise : le député Han Dong quitte le caucus libéral
Barack Obama invite les Canadiens à appuyer Justin Trudeau
Le « convoi de la liberté » avait réussi à recueillir 24 millions
Les cyber-adorateurs
Les «postes de police» chinois se sont ingérés dans des campagnes électorales
Les «postes de police» chinois se sont ingérés dans des campagnes électorales
Le terrorisme judiciaire d’Erdoğan
L’expansionnisme toxique de l’Otan
Maccarthysme
Millions in foreign funds spent in 2015 federal election to defeat Harper government, report alleges
Moscou outré par les commentaires de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly
Québec coupe les vivres à un présumé poste de police chinois
Regime Change in Russia?
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Why Regime Change in Russia Might Not Be a Good Idea