La guerre russo-ukrainienne : La Presse contre le côté obscur de la Force

Publié le 9 août 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Je me serais abonné à La Presse depuis longtemps si ce n’était de ses éditorialistes.

Ce quotidien emploie des journalistes dont les excellents reportages me servent souvent d’inspiration sur ce blogue. Et le chroniqueur Patrick Lagacé possède un jugement et une aptitude à s’indigner face aux injustices qui suscitent mon admiration.

Mais il y a ses éditorialistes…

Ce matin, La Presse s’en prend à un rapport d’Amnistie internationale selon lequel les tactiques de l’armée ukrainienne mettraient en danger les populations civiles.

Dans l’ensemble des nouvelles que nous rapportent nos médias depuis cinq mois au sujet de la guerre russo-ukrainienne, ce rapport est comme cette mouche sur la chevelure immaculée du vice-président Mike Pence lors d’un débat télévisé.

On me permettra de ne pas répliquer point par point à cet éditorial, mais de discuter plus spécifiquement du concept de ‘crime de guerre’ puisqu’il lui sert de trame de fond.

‘Crime de guerre’ est un pléonasme. Une guerre où personne n’est tué et au cours de laquelle rien n’est détruit n’est pas une guerre; c’est un jeu vidéo.

Ceux qui ne sont pas de cet avis font la distinction entre ‘crimes de guerre’ et ‘dommages collatéraux’.

Le premier se définit par la destruction délibérée d’une population civile. Alors que le second est l’homicide involontaire de civils à l’occasion de frappes visant des cibles militaires.

Mais le flou persiste quant à savoir si on parle de ‘dommages collatéraux’ seulement lorsqu’on ne prévoyait pas que des civils seraient tués ou si cela s’applique aussi lorsqu’on le savait, mais qu’on a décidé de procéder quand même.

Si en plus de tuer le dirigeant d’une organisation terroriste à l’occasion d’un mariage, on ne fait qu’abimer le gâteau de noces, c’est simple. Mais si on tue aussi deux-cents invités (dont des enfants), dans quelle catégorie doit-on mettre cette frappe ?

Dans ce cas, on recourt à une nouvelle explication; c’est juste une bavure. Ah bien oui, une bavure. Il fallait y penser.

Et si le terroriste n’avait pas été invité et qu’on a tué deux-cents personnes pour rien ? Alors là, c’est une lacune du renseignement.

Bref, toutes ces belles catégories font en sorte que les États-Unis ne commettent jamais de crimes de guerre. Vladimir Poutine, à l’instar de Darth Vader, ne fait que ça. Mais pas les Américains.

Les bombes atomiques larguées par ces derniers sur Hiroshima et Nagasaki avaient pour unique but de tuer un grand nombre de civils afin que le peuple japonais réalise que son Empereur n’était pas un demi-dieu.

Sept décennies plus tard, on se demande toujours quelle catégorie on devrait inventer pour ne pas dire que c’était un ‘crime de guerre’.

En réalité, dans toutes les guerres prolongées, chacune des parties impliquées commet des ‘crimes de guerre’. Parce qu’effectivement ‘crime de guerre’ est un pléonasme. Et le belligérant qui commet les plus graves est toujours celui qui dispose des moyens les plus destructeurs.

Fondamentalement, ce que La Presse reproche à Amnistie internationale, c’est de refuser de brosser de la guerre russo-ukrainienne un tableau simpliste où les bons sont tous du côté de l’Ukraine et que les méchants portent tous l’uniforme russe.

En croisade contre le Mal, La Presse estime donc qu’Amnésie Internationale travaille pour le côté obscur de la Force.

Références :
Amnistie internationale s’égare
Ukrainian Fighting Tactics Endanger Civilians

Paru depuis : Moscou pointe Washington du doigt après une frappe meurtrière en Crimée (2024-06-23)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Un commentaire à La guerre russo-ukrainienne : La Presse contre le côté obscur de la Force

  1. André dit :

    Bien d’accord pour ce qui regarde les éditorialistes de La Presse. Même le frère Untel me tombait sur les nerfs plus souvent qu’autrement. Et que dire de Marcel Adam et de deux femmes des années 70-80 qui me tombaient sur les rognons.

    Mais, aujourd’hui Isabelle Hachey est chroniqueuse et non pas éditorialiste.

    J’ai aimé d’ailleurs sa chronique comme j’aime celles de Lagacé et aimé celles de Foglia que j’adorais.

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