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Toutes les entreprises possédant des titres financiers inscrits en bourse utilisent les marchés boursiers comme source de financement. Celui-ci survient au moment de l’émission d’actions ou d’obligations.
Par la suite, lorsqu’un titre est convoité, sa valeur en bourse augmente. Si, au contraire, une compagnie annonce des pertes importantes, la valeur de la compagnie diminue et conséquemment, ses actions en font autant. Mais une fois que ces titres ont trouvé preneurs, au départ, toute croissance ultérieure de la valeur en bourse — à l’occasion de changements de propriété de ces titres — ne donnent pas un sou de plus à la compagnie.
Beaucoup de petits investisseurs parient sur la valeur anticipée de titres financiers. Ces spéculateurs sont des parasites économiques. Lorsqu’ils font des gains, cet enrichissement n’apporte rien à la collectivité puisqu’il s’est fait exclusivement au dépend d’autres investisseurs. Cela ne crée pas d’emploi, cela ne stimule pas l’économie, cela ne fait rien d’autre que d’échanger de la richesse d’une personne à une autre.
Au cours des dernières décennies, les bourses se sont démocratisées. À l’époque où les taux d’intérêts favorisaient l’épargne, les bourses étaient réservées dans les faits aux détenteurs de cette épargne (banques, sociétés de fiducie, etc.) : de nos jours, la clientèle des bourses comprend des millions de particuliers. Ceux-ci réagissent au moindre signal annonciateur de la hausse ou du déclin de la valeur d’un titre, ce qui amplifie les variations des indices boursiers (par exemple le Dow Jones Index).
Lorsque la valeur d’un titre financier augmente lentement, les perspectives de gain (ou de pertes) sont beaucoup moindre que lorsque la valeur d’un titre subit de grandes variations. D’où la tentation de déstabiliser un titre (par de fausses rumeurs) afin de créer des occasions d’affaires. Dans une bonne mesure, l’assaut contre la monnaie européenne est essentiellement spéculatif alors que plus spécifiquement, le discrédit des bons du trésor de la Grèce ne l’est pas.
Normalement, la valeur d’un titre boursier est liée à la valeur d’une entreprise. Si une compagnie vaut un million de dollars et si cette compagnie a émis un million d’actions, chacune de ces actions devrait valoir un dollar, majoré de la perspective de profit au cours des prochaines années.
Pour le spéculateur, cela n’a pas d’importance. Il peut très bien acheter du vent s’il a la conviction de trouver un imbécile assez fou pour acheter ce vent plus cher qu’il ne l’a payé. Et cet imbécile est peut-être moins fou qu’on pense s’il peut trouver, lui, quelqu’un d’autre prêt à payer encore plus cher pour cette marchandise. En somme, l’important, c’est de ne pas se retrouver avec ce titre sans valeur réelle lorsque plus personne n’en voudra.
C’est ce qui explique le succès phénoménal du « papier commercial » et le krach boursier qui en était la conséquence inéluctable. De manière analogue, ce n’est qu’une question de temps pour que le prix de l’or chute de son prix actuel (plus de 1 300$ l’once) à son prix réel (environ 350$ à 400$ l’once).
Mais comment savoir lorsque la valeur d’un titre boursier est purement spéculative ? C’est simple. Lorsque la valeur totale des actions et obligations d’une compagnie équivaut à plusieurs fois la valeur réelle de l’entreprise, c’est que ses titres boursiers sont du vent.
De manière analogue, on peut prévoir un krach boursier quand la croissance des indices boursiers est bien au-delà de celle de l’économie mondiale.
D’août 1921 à septembre 1929, l’indice Dow Jones a gagné 468%. Si les années ’20 sont qualifiées d’années folles, elles l’ont été seulement pour une minorité de privilégiés. A titre d’exemple, c’est à cette époque que Montréal comptait un des taux les plus élevés de tuberculose en Amérique du nord alors des fermiers dans la misère quittaient la campagne pour s’installer dans des logis insalubres de l’est de la ville dans l’espoir d’une vie meilleure.
De septembre 1929 à juin 1932, l’indice Dow Jones perd 89% de sa valeur.
Tout comme ce qui s’est passé dans les années ’20, le Dow Jones a connu une croissance phénoménale durant les années ’90. Le 17 avril 1991, cet indice clôture pour la première fois au-dessus des 3 000 points. Le 3 mai 1999, il franchit des 11 000 points. Au cours de cette période, les pays ont construit des infrastructures (routes, hôpitaux, écoles, systèmes d’aqueduc, etc.), les particuliers ont accumulé des biens durables (maison, automobile, appareils électro-ménagers, etc.). Bref, les pays occidentaux se sont enrichis. Mais se sont-ils enrichis de 3,6 fois au cours de cette décennie comme l’a fait le Dow Jones ?
Le krach de 2008 était donc inévitable. Ce qui est étonnant, c’est que cette correction ait pris tant de temps à survenir. On peut présumer que les taux d’intérêts anormalement bas durant cette période ont découragé l’épargne et favorisé l’achat aveugle de titres boursiers. Si bien que la valeur de l’ensemble des titres, gonflée par la spéculation, s’est maintenue artificiellement pendant cette période.
Il a fallu la pourriture générale du système financier américain — à la faveur de la dérégulation néo-libérale — pour placer l’économie mondiale au bord du gouffre et la faillite colossale de la banque d’investissement Lehman Brothers pour réveiller les investisseurs.
Référence :
Il était une fois le Dow Jones…
Complément de lecture :
La dictature des actionnaires coûte cher
Paru depuis :
Wall Street vit le plus long cycle de hausse de son histoire (2018-08-23)
Il faut remettre les choses à leur place. Des hypothèses semblent à priori crédibles, et ce, au fur et à mesure qu’on le répète dans les journaux télévisés. Cela conforte notre jugement sur ce qu’on croit être vrai, sans pourtant essayer de confronter la théorie à la réalité.
Reprenons au début. Comment s’est développé la demande de biens immobiliers ? Par le crédit. Comment s’est développé l’achat d’actifs boursiers ? Par le crédit. Pendant ce temps, que faisait les ménages et les entreprises ? Ils finançaient tous deux leurs dépenses par le crédit.
Est-ce à dire que les banques ont des poches sans fonds ? Une telle quantité de crédits aurait dû faire monter les taux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Alors pourquoi donc les taux d’intérêts ont pu se maintenir à des niveaux dérisoires pendant plus de 5 ans ? La réponse tient en trois lettres, et elle commence par F.
En premier lieu, permettez-moi de vous remercier pour votre intérêt pour mon blogue.
Essentiellement, ce que dit « La bourse et le vent », c’est que lorsque la valeur totale des titres boursiers des entreprises (ou valeur de marché) cesse d’être en relation avec la valeur réelle de ces entreprises (ou valeur comptable) — comme ce fut le cas à la fin des années ’70 — les investisseurs achètent alors du vent. Qu’en pensez-vous ?
Oui, je connais bien la définition de la « bulle ». Mais ses causes ne sont pas correctement identifiées.
Comme je l’ai dit dans mon commentaire précédent, il est impossible qu’une bulle, gonflée par le crédit, d’un côté par les prêts hypothécaires, d’un côté par la spéculation boursière sans que le taux d’intérêt augmente, pour refléter une pénurie de fonds prêtables. Or, il s’avère aussi que les crédits aux ménages et les crédits aux entreprises ont augmenté durant le même laps de temps. Partout, le crédit a augmenté. Partout !
Encore une fois, comment cela est-il seulement possible ? Tout simplement parce que les banques ont des fonds illimités. Grâce à la Fed (NDLR : c’est-à-dire la Banque centrale américaine).
À ma connaissance, toutes les bulles historiques ont gonflé grâce aux fonds illimités des banques, grâce au crédit infini (la bulle des tulipes, au XVIIe siècle, n’était pas une bulle : il y a eu seulement quelques dizaines de marchands qui ont fait faillite, et malgré tout, il y avait là aussi un accroissement tout simplement phénoménale de la masse monétaire). La faute ne peut pas être imputée aux spéculateurs. Ni même aux banques. Car ces fonds illimités doivent bien provenir de quelque part : de la Fed.
Pour le bénéfice de nos lecteurs, rappelons que la République des Provinces-Unies, indépendante de l’Espagne depuis 1580, passa de pays pauvre au statut de puissance maritime et économique au cours du XVIIe siècle.
Au cours de ce « Siècle d’or néerlandais », il y avait davantage de richesse dans les entrepôts d’Amsterdam que dans ceux de tout le reste de l’Europe.
Cette prospérité, les Pays-Bas la doive à la mise au point de la cogue, un bateau plus gros — cargaison dix fois plus importante — et plus stable en mer, qui permettait aux marchands néerlandais un retour sur leur investissement considérablement plus élevé que celui des marchands d’autres puissances maritimes. De plus, pendant ce temps, la première puissance européenne, la France, était déchirée par des guerres de religion.
Peu après l’indépendance, la première bourse au monde fut créée à Amsterdam en 1611. Les règles modernes qui régissent les transactions boursières n’avaient pas encore été très bien définies quand survint, en 1637, la première bulle spéculative de l’histoire : elle concernait les tubercules de tulipe, une plante découverte quelques décennies plus tôt en Turquie.
Après cette longue mise en situation, abordons le sujet de la discussion.
En 1636-7, la grande majorité des tubercules étaient vendus en vertu de promesses de vente signées plusieurs mois avant la floraison. Lorsque les prix se sont effondrés, les transactions finales n’ont tout simplement pas été effectuées, aucune autorité de l’époque ne forçant les spéculateurs à acheter au prix promis. De plus, un décret du parlement des Provinces-Unies transforma les contrats à terme sur les tubercules en simples options d’achat, c’est-à-dire en transactions sans risque, en retirant la clause d’obligation d’achat du contrat et enlevant tout recours légal aux vendeurs.
On n’a donc pas besoin d’imaginer le rôle qu’aurait pu jouer un accroissement de la masse monétaire sur cette bulle spéculative. Cette dernière s’explique très bien par la seule richesse phénoménale des marchands hollandais, alors que la République Provinces-Unies (la seule république de l’époque) était probablement le pays le plus prospère d’Europe ; un simple engouement de riches marchands suffit à expliquer cette spéculation outrancière.
Pour illustrer cette richesse, il suffit de se rappeler qu’aux Provinces-Unies, les clients de Rembrandt (et de tous les peintres néerlandais) étaient de riches marchands et des guildes alors que le marché de l’Art dans le reste de l’Europe était essentiellement réservé à ceux qui drainaient la richesse nationale, soit l’aristocratie et le clergé.
L’engouement seul ne suffit pas. Ensuite, vous évitez délicatement de répondre à ma question.
Il faut de l’argent pour acheter des actifs de plus en plus chers. Au fur et à mesure que la bulle gonfle, les taux vont… monter. Pourquoi les bulles gonflent aujourd’hui ? Parce qu’au lieu d’augmenter, les taux diminuent.
Et d’ailleurs, qui vous dit que la tulipomanie n’était rien de plus qu’une légende ?
Références :
La Tulipomanie hollandaise au 17ème siècle : la légende et la réalité
The Truth About Tulipmania