Selon la sagesse populaire, il est imprudent de se découvrir trop lorsqu’arrivent les beaux jours.
Ce proverbe est d’autant plus charmant qu’il rime.
Mais, au fait, rime-t-il tant que cela ? Cela dépend…
On prononce toujours le L final des mots d’une seule syllabe qui se terminent en ‘il’.
C’est le cas de cil, de gril, du nombre mil, et évidemment du fil qui termine ce proverbe.
Si on ne prononçait pas la dernière consonne, il serait facile de confondre gril avec gris, mil avec mie. Etc.
Mais qu’en est-il des mots de plus d’une syllabe ?
C’est là que les choses se corsent.
Au Québec, à première vue, c’est simple.
La plupart des Québécois ne prononcent pas la consonne finale des mots de plus d’une syllabe qui se terminent par ‘il’ comme baril, fusil (prononcé fuzi), gentil (prononcé jentsi), nombril, outil, persil, sourcil, etc.
Mais nous faisons exception pour avril. Comme pour conserver la rime du proverbe.
Mais cela n’est pas la seule exception. À bien y penser, au Québec, on prononcera le ‘L’ de chenil, de grésil, de péril, et de quelques mots moins utilisés.
Si cela n’est pas parfaitement cohérent, au moins cette incohérence est généralisée dans tout le Québec.
Ailleurs dans la francophonie, on doit tenir compte de différences régionales au sein d’un même pays.
C’est ainsi qu’on prononce ‘persi’ dans une large bande du territoire français qui s’étend de la frontière suisse à la Normandie. Mais ‘persil’ domine dans le reste de l’Hexagone.
Autrement, les différences sont nationales.
Par exemple, chez la majorité des Français et des Suisses, on prononce la consonne finale de sourcil. Mais les Belges, tout comme nous, ne la prononcent pas.
Et, pour avril, qu’en est-il ?
Le proverbe a de la chance. La prononciation ‘âvri’ (notez l’accent circonflexe) pour avril est encore utilisée, mais de moins en moins.
Référence :
Ces mots qui ne se prononcent pas de la même façon d’un bout à l’autre de la France
En Avril, ne te découvres pas d’un fil : je l’ai dit, hier matin, à la Boulangère, en achetant du pain.
Parce que la température reste fraîche en ce mois d’Avril… il a neigé jusqu’en plaine, la semaine dernière.
De temps en temps, au village d’à côté, je prends du pain avec de la croûte… mais je ne retiens pas son nom. Je dis : « un Montagnard » au lieu d’un Campagnard ! C’est parce que je tiens, certainement, à mes montagnes…
Parlons aussi de différences régionales : pour le persil, on dit persi… Persil, c’est aussi une marque de lessive.
Et, dans le Jura, on prononce toutes les lettres dans « vingt euros » même si pour cent euros, on ne prononce pas le T !
Mais, on ne va pas non plus se creuser le nombril qu’on prononce jusqu’à la fin !