La surtaxe américaine sur l’aluminium québécois : une opportunité

Publié le 7 mars 2018 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Invoquant une disposition obscure d’une loi de 1962, le président américain a annoncé son intention d’imposer une surtaxe de 10% sur l’aluminium importé aux États-Unis.

Seule la fonderie américaine Century Aluminium Co. est capable de produire de l’aluminium de la pureté qui est nécessaire à la fabrication de certains chasseurs-bombardiers.

En invoquant la sécurité nationale, Donald Trump impose donc une taxe sur l’aluminium importé, permettant ainsi à cette fonderie américaine de hausser ses prix, augmentant sa profitabilité et ses chances de demeurer en service.

Toutefois, selon Harbor Intelligence, il suffit d’un investissement de 25 millions$ pour que n’importe quelle autre fonderie américaine puisse se doter de la capacité de purifier l’aluminium et d’en produire de qualité militaire.

Importance de l’aluminium au Québec

Le Québec possède huit des neuf alumineries canadiennes.

Nos alumineries produisent 2,9 millions de tonnes d’aluminium. Cela représente 60% de la capacité nord-américaine. Des milliers d’emplois en dépendent.

Les trois principales alumineries d’ici sont Alcoa, Rio Tinto et Alouette.

Le Québec est le principal exportateur d’aluminium aux États-Unis où il est livré sous forme de gros cylindres d’aluminium relativement pur.

Conséquences de la surtaxe américaine

François-Philippe Champagne, ministre fédéral du Commerce international, a qualifié la surtaxe américaine d’inacceptable.

Toutefois, si on en juge par son sabotage récent de la vente d’hélicoptères québécois à l’armée des Philippines, on ne doit rien attendre de ce pauvre type. Mou comme l’est l’ensemble du cabinet de Justin Trudeau.

La défense de l’industrie de l’aluminium doit venir du Québec.

Il faut cesser de voir les mesures protectionnistes de Trump comme des calamités, mais plutôt comme des opportunités.

La conséquence de la surtaxe américaine sur l’aluminium sera que les usines qui utilisent de grandes quantités de ce métal auront avantage à être situées au Québec puisque leurs couts d’approvisionnement seront 10% moindres.

Or les usines américaines qui transforment de l’aluminium en produits finis embauchent trente fois plus de personnes que les alumineries américaines.

En effet, pour l’ensemble des produits de l’acier et de l’aluminium, les fonderies états-uniennes embauchent 200 000 personnes alors que les usines de transformation de ce pays embauchent 6,5 millions de personnes.

Le gouvernement du Québec doit donc inciter les transformateurs à délocaliser partiellement ou totalement leur production chez nous.

Il suffit d’obtenir des alumineries québécoises la liste de leurs principaux clients américains pour être en mesure de cibler très précisément les entreprises à qui on offrira des subventions pour les inciter à délocaliser chez nous leur production.

Le premier ministre Couillard a donné l’exemple des canettes d’aluminium. Le Québec produit l’aluminium. Les Américains en font des canettes que nos brasseries achètent.

C’est un exemple simple et facile à comprendre. Mais ce n’est pas là où le Québec doit axer sa stratégie.

Les canettes de bière représentent environ trois centimes du produit fini. Il est peu probable qu’une brasserie américaine achètera des canettes québécoises qui couteront 0,3 cent de moins (dix pour cent de trois cents) en contrepartie de frais d’expédition plus élevés, parce qu’importées de l’Étranger.

En dépit de cela, si les fabricants de canettes d’aluminium sont intéressés à s’installer au Québec, tant mieux. Mais ce n’est pas à des fabricants de produits bas de gamme que doivent s’adresser nos subventions.

Ce que le Québec doit attirer, ce sont des industries à forte valeur ajoutée.

Le Québec leur offrira des couts énergétiques avantageux, une main-d’œuvre compétente et la moins chère au Canada (appauvrie par quinze ans de gouvernements libéraux), et une matière première (l’aluminium) moins chère qu’aux États-Unis.

Si le Québec était indépendant, il pourrait même bluffer en annonçant son intention de taxer dans quelques mois les exportations vers les États-Unis, de manière à forcer la main des entreprises qui hésitent à faire le saut chez nous.

Se limiter à exporter des lingots d’aluminium, c’est une stratégie industrielle digne d’un pays du Tiers-Monde. C’est pourtant ce que nous faisons.

Le Québec doit favoriser l’intégration verticale de l’aluminium, de la transformation de la bauxite au produit industriel fini.

À cette fin, il doit offrir des conditions avantageuses aux entreprises intéressées. Jusqu’à ce que toute la production québécoise soit transformée ici.

Voilà comment retourner une calamité à notre avantage.

Références :
«Encore une mauvaise décision» déplore Couillard
Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne
Portrait de l’industrie canadienne de l’aluminium
Trump Is Wrong About Aluminum Imports

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