Parc olympique de Beijing, le 7 octobre 2009 à 11h04
Quel choc ! Je savais que Beijing était pollué mais rien jusqu’ici dans ma vie ne m’avait préparé à ce que j’allais voir dans la capitale chinoise : un smog inodore, laiteux, qui laisse un film de poussière sur les voitures, sur la végétation et sur toute surface plate, qui permet de regarder le soleil de face pendant plusieurs secondes sans empreinte sur la rétine, et qui prive presque les gens de leur ombre.
À titre d’exemple, la photo ci-dessus n’a pas été prise peu après la levée du jour (alors que le soleil n’aurait pas eu le temps de dissiper les brumes de l’aurore), mais plutôt à 11h05 du matin.
À mon retour, si on m’avait prêté une Bible, j’aurais juré avoir connu trois jours de smog continu à Beijing. Lorsque je regarde mes photos et mes vidéos, elles me contredisent : il semble que le soleil a percé ça et là mais je n’en ai conservé aucun souvenir. En fait, l’air n’est véritablement devenu propre qu’au sixième jour de mon voyage, le matin du départ de Xi’an : cette nuit-là, un vent de Sibérie a fait chuter les températures et a nettoyé l’air.
Aux actualités, lorsqu’on nous montre des Chinois portant un masque, nous pensons qu’ils sont atteints de la grippe ou, au contraire, qu’ils souhaitent s’en protéger. Il ne nous vient pas à l’esprit que ce puisse être dans le but de se protéger de la pollution. Mais lorsqu’on est sur les lieux, la raison paraît évidente. Ceci étant dit, moins de 5% des Pékinois portent un masque.
Notre guide de Chongqing nous a déclaré que certains citoyens de cette ville n’ont jamais vu de ciel bleu de leur vie.
Au sujet de la pollution spectaculaire de Beijing, ce qui me rassure, c’est que les dirigeants chinois et leurs familles la respirent. Je ne vois pas de meilleure motivation que l’état de santé de leurs enfants pour les inciter à travailler à améliorer la qualité de l’air de leur ville.
La montée des eaux du Yangzi, causée par le Barrage des Trois gorges, a englouti des centaines de villages riverains. Des millions de tonnes de matière organique sont en suspension dans l’eau de ce fleuve et de ses affluents. Dans quelques années, toutes ces particules se seront déposées au fond du fleuve, mais pour l’instant l’eau du Yangzi est vert laiteux.
Par contre, des parties de la Chine m’ont apparues comme des paradis inviolés. Lors d’une croisière sur la rivière Li, on pouvait voir des bateliers faire la récolte d’algues. Non pas ces algues laineuses brunes verdâtres comme celles des rivières polluées du Québec, mais des algues lustrées filiformes qu’on nous sert au restaurant. Je vous invite à voir la vidéo Chine16 — La rivière Li qui montre la pureté exceptionnelle des eaux de ce cours d’eau.
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Détails techniques de la photo : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 16 mm
La journaliste d’enquête Chai Jing a réalisé un film de 1h40 au sujet des causes et des solutions à la pollution chinoise.
Si j’éprouve des réserves quant à son plaidoyer — vers la fin du film — en faveur des hydrocarbures comme solution alternative au charbon, l’ensemble du film mérite d’être vu par quiconque désire approfondir ce sujet.