Le maire Gérald « 3% » Tremblay doit démissionner

Publié le 2 octobre 2012 | Temps de lecture : 2 minutes
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Dans un billet publié le 18 février 2011, soit il y a un an et demi, j’écrivais : « En cautionnant l’espionnage du vérificateur général de la ville (dont il a transmis le dossier à la Sécurité du Québec, reconnait-t-il), le maire Tremblay fait la démonstration évidente que ce qui l’intéresse, ce n’est pas de s’attaquer à la corruption mais plutôt aux accusations de corruption. L’important pour son administration, ce n’est pas d’être honnête mais simplement de sembler l’être. Bref, de la pure hypocrisie.»

On apprenait hier à la Commission Charbonneau, qu’un système généralisé de corruption à l’hôtel de ville de Montréal fait en sorte que les entrepreneurs doivent verser une redevance de 3% au parti municipal de Gérald Tremblay — en plus du 2,5% versé à la mafia — pour les contrats qu’ils obtiennent de la ville de Montréal.

Confronté à ces révélations, le maire de Montréal déclare avoir la conscience tranquille.

Si Gérald Tremblay veut éviter qu’on se rappelle de lui comme le maire qui a quitté l’hôtel de ville les menottes aux mains, il aurait intérêt à démissionner maintenant plutôt que de s’acharner à nier l’évidence.

Lorsqu’un élu ne voit rien de répréhensible à être financé comme la pègre, c’est qu’il est temps qu’il quitte ses fonctions afin de protéger la respectabilité du poste qu’il occupe.

Références :
Allégations de corruption : Tremblay a « la conscience en paix »
La mafia finançait-elle le parti de Tremblay?
Le parti du maire Tremblay récupérait 3 % de la valeur des contrats accordés, selon Zambito

Paru depuis :
Et la corruption?

Détails techniques de la photo : Canon Powershot G6 — 1/25 sec. — F/2,0 — ISO 400 — 7,2 mm


Post-Scriptum : Monsieur Gérald Tremblay a finalement remis sa démission comme maire de Montréal le 5 novembre 2012, soit un mois après la publication du texte ci-dessus.

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3 commentaires à Le maire Gérald « 3% » Tremblay doit démissionner

  1. Pierre Pinsonnault dit :

    J’éprouve depuis quelque temps beaucoup de difficultés à juger quelle attitude ces administrateurs (Charest, Tremblay, etc.) devraient adopter face à ces allégations de corruption.

    Mon expérience de légiste m’amène à toujours exiger des preuves. Il n’y a donc pas « d’évidence », pour moi dans mon salon, comme vous le suggérez mais seulement quant à lui personnellement. Mais cette même expérience m’a prouvé que ces fameuses preuves disparaissent souvent ou, s’il en reste, deviendront inutiles devant les tribunaux suite aux dissimulations, parjures et autres inconduites visant à blanchir les gens concernés (comme cela se passe bien des fois).

    Dans le cas de Tremblay cependant, les faits rapportés d’une façon qui me paraît très précise par Mme Louise Harel, quant aux multiples incidents survenus au cours des années auxquels s’ajoute la cerise sur le gâteau servie à la Commission Charbonneau, tendent à me faire croire que Tremblay pourrait, comme vous le dites, démissionner et ce, sans perdre la face.

    C’est souvent ce qui arrive n’est-ce pas lorsque des gens jugent qu’ils doivent se retirer le temps d’une enquête. D’un autre côté j’aimerais le voir se défendre alors qu’il est toujours en poste (je crois que c’est ce qu’il souhaite d’ailleurs) et, donc, en ayant en mains tout ce dont il a besoin pour faire face à la musique.

    J’imagine que la Commission a déjà en main tout ce qu’il faut pour établir des faits contre lui personnellement s’il en est. Il n’aurait donc pas d’excuse facile pour se dérober face à telle ou telle allégation. Et un tas de gens très intelligents dans les médias et à la Commission, aux intérêts ou points de vue divergents ou non, seraient en mesure de tout nous analyser cela.

    Bref, je suis vraiment partagé. Je trouve M. Tremblay sympathique mais suite au cas de l’ex-premier ministre Charest, j’en suis rendu à me méfier de mes sympathies. En tous les cas, merci de nous avoir rappelé un morceau important du passé.

    • Quelle faute doit commettre un élu pour être acculé à la démission ?

      Le ministre conservateur Maxime Bernier a démissionné en 2008 pour avoir oublié des documents hautement confidentiels chez une « gidoune » associée au crime organisé avec laquelle il entretenait une liaison connue de tous. Pourtant M. Bernier n’a jamais été reconnu coupable d’aucun crime et aucun témoin n’est en mesure de prouver que les documents oubliés ont été lus par une personne non-autorisée.

      Yoshio Hachiro, le ministre japonais du commerce, a démissionné en 2011 à la suite d’une série de propos déplacés au sujet de la radioactivité de la centrale nucléaire de Fukushima.

      Ces deux exemples démontrent que tout comportement qui est de nature à compromettre gravement la respectabilité d’une fonction, suffit à justifier la démission de son titulaire.

      En effet, le respect qu’on porte aux institutions dépend, entre autres, de la noblesse et de la respectabilité de ceux qui occupent des postes d’autorité au sein de ces institutions.

      Parce que plusieurs de ses principaux collaborateurs faisaient face à des accusations de fraude ou d’abus de confiance, Gérald Tremblay a fait campagne en 2009 sur l’engagement formel — répété aux 30 minutes à la radio syntonisée chez un de mes employeurs — de prendre les mesures qui s’imposaient pour nettoyer sa ville de la corruption.

      Au lieu de réaliser cette promesse, dès qu’il fut réélu, il s’empressa de mettre au point un système d’espionnage dirigé contre le Vérificateur général de la ville afin de découvrir ses sources d’information. On se rappellera que c’est le Vérificateur général de la ville qui avait fait éclater le scandale des compteurs d’eau.

      C’est seulement après que la Ville de Montréal fut mise sous enquête policière, le 13 avril 2011, que les choses se sont mises à bouger; deux ingénieurs véreux prirent leur retraite et le coût des contrats à la ville chutèrent d’environ 15%.

      La semaine dernière, le maire s’indignait que la Gendarmerie royale du Canada lui ait « caché » des preuves accablantes envers de proches collaborateurs. Comme si la police qui enquêtait sur la mafia italienne avait l’habitude de remettre son rapport à Frank Cotroni. En d’autres mots, que ce soit à Montréal ou à Mascouche, la police ne préviendra jamais le maire tant qu’elle ne sait pas jusqu’où remonte le système de corruption.

      Au début de cette semaine, le maire de Montréal avait retrouvé sa sérénité : comme Néron qui regarde Rome brûler en jouant de la lyre, il déclare qu’il a la conscience en paix.

      Je rappelle au maire Tremblay qu’il a été réélu en promettant de purger ville de la corruption. Malheureusement, de toute évidence, il a lamentablement échoué. Or il est imputable devant le peuple de ce qui s’y passe. Et justement, ce qui s’y passe suffit amplement à justifier sa démission.

  2. Pierre Pinsonnault dit :

    Bien dit, Monsieur Martel.

    Je constate que je suis vraiment moins au courant que vous (et Mme Harel par exemple) de ce qui se passe à Montréal depuis des années.

    Finalement, c’est comme vous l’avez écrit, mon réflexe était de s’attaquer aux accusations de corruption plutôt qu’à la corruption elle-même.

    Je dois admettre que, en bon gestionnaire, ce n’est pas très efficace d’envisager de régler des problèmes de nature administrative en partant du principe qu’il faut des preuves hors de tout doute raisonnable. C’est comme chercher la cause d’un incendie pendant que l’édifice brule en omettant d’arroser en même temps. Le temps de trouver la réponse et il n’y a plus d’édifice.

    Oui, le maire devrait démissionner: il n’a qu’à « ne pas prendre ça personnel ». Il y a des limites à autant aimer sa job. Qu’il laisse à d’autres le soin de faire un bon ménage.

    Bonne journée.

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