L’aide médicale à mourir, est-elle parfois une solution à la maltraitance ?

Publié le 17 novembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

J’aimerais revenir aujourd’hui sur un fait divers survenu il y a un an et demi et qui me hante depuis.

En bref, un tétraplégique atteint d’obésité morbide a passé quatre jours immobile sur une civière à l’urgence d’un hôpital. En raison de cette immobilité, il a développé une plaie de lit qui s’est avérée incontrôlable dans les semaines qui ont suivi sa sortie de l’hôpital.

Dévoré vivant par ses propres bactéries cutanées, celles-ci ont creusé cette plaie jusqu’à l’os. Si bien que le patient a fini par réclamer et obtenir l’aide médicale à mourir.

La prise en charge de l’obésité morbide chez le paraplégique

Au cours de la nuit, chacun d’entre nous change de position sans nous en rendre compte.

Peu importe notre position à l’endormissement, ce changement de position est nécessaire puisqu’être alité toujours dans la même position fait en sorte que certaines parties de notre peau — coincées entre notre masse corporelle et le lit — sont privées de sang et d’anticorps. Conséquemment, elles ne peuvent pas lutter contre leur envahissement par les bactéries qui peuplent normalement notre peau.

Voilà pourquoi, dans les établissements de santé qui prennent en charge des patients paraplégiques, ces derniers doivent être tournés aux deux heures.

Malheureusement, selon les données du ministère de la Santé, plus de 3 700 personnes se retrouvent annuellement avec une plaie de lit dans les établissements de Santé du Québec.

L’optimisation des soins auquel tous les hôpitaux sont astreints depuis des années signifie qu’un établissement de santé ne doit posséder que les ressources qui lui sont nécessaires en temps normal.

Voilà pourquoi, chaque saison grippale, depuis des décennies, les urgences de tous les hôpitaux du Québec fonctionnent au-delà de leur capacité maximale.

Le patient en question s’est présenté à l’urgence en janvier, c’est-à-dire quand tout le personnel de l’urgence ne savait plus où donner de la tête.

Son changement fréquent de position est très certainement devenu une nécessité impossible de satisfaire sans compromettre les soins, voire la vie, des autres patients qui se présentaient à l’urgence.

Des questions

Je ne conteste pas le principe de l’aide médicale à mourir. À mon avis, son encadrement a fait consensus parmi toutes les parties concernées et constitue un modèle de concertation au sein de la société québécoise.

Toutefois, plusieurs questions me troublent.

Depuis l’accident qui l’a rendu paraplégique deux ans plus tôt, a-t-on proposé à ce patient une opération bariatrique destinée à réduire son poids de manière draconienne ?

La condition médicale de ce patient lui permettait-elle de recevoir ces nouveaux médicaments qui semblent provoquer une perte de poids relativement facilement ou a-t-on hésité en raison de leurs prix exorbitants ?

En somme, l’obésité morbide est-elle une condamnation à mort inévitable pour tout patient paraplégique qui se présente à l’urgence au ‘mauvais moment’ ?

De plus, à force de sous-financement chronique, en sommes-nous rendus là ?

Référence : Une plaie de lit fatale pour un tétraplégique

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Écrit par Jean-Pierre Martel